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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

C'est avec regret que j'ai pris ce parti , mais je serai consolé par l'espérance que vous me conserverez les sentiments

... dit le juge , mi-figue, mi-raisin, à Mark Zuckerberg :

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/04/25/facebook-l-amende-record-de-cinq-milliards-de-dollars-validee-par-un-juge_6037778_4408996.html

Ô les USA ! pays des records ! Amendes, morts du Covid-19, président gourou-médicastre ( plus dangereux encore que ce président africain qui ne prescrit que la prière pour lutter contre le virus ), oui, Uncle Sam tu bats effectivement bien les plus mauvais records . Maintenant shut up !

Amérique du Nord: Vie privée: Facebook dans le viseur au Canada ...

 Un Like supplémentaire  ?  du juge ?

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

3è février 1765 à Ferney 1

Monsieur,

Mme Denis ma nièce m'a dit la substance de la lettre qu'elle a eu l'honneur de vous écrire 2. Elle était un peu en colère contre M. Labat . Vous lui pardonnez sans doute un petit dépit qui lui a paru juste . Il s'agit de son bien et elle a été piquée que M. Labat n'ait pas voulu s'en tenir à la décision d'un ingénieur architecte du roi 3 qu'il avait pris pour arbitre . Vos décisions monsieur seront l'arbitrage le plus convenable . Mme Denis vous a envoyé un mémoire très exact avec la clause de la convention sur laquelle on n'est pas d'accord et le sentiment de l'arbitre qui a conféré avec M. Labat . C'est à vous à juger . Vous êtes bien persuadé que Mme Denis et moi avons pour objet principal celui de vous plaire et de mériter votre estime et votre amitié .

Je suis chargé d'une si grosse maison que je me suis vu dans la triste nécessité de renoncer aux Délices . La terre de Ferney demande tous nos soins . Mon âge et mes maladies ne me permettent plus ces fréquents voyages que je faisais d'une maison à l'autre . C'est avec regret que j'ai pris ce parti , mais je serai consolé par l'espérance que vous me conserverez les sentiments que vous avez toujours bien voulu me témoigner .

Je vous serai attaché jusqu'au dernier moment de ma vie . Agréez l'amitié respectueuse avec laquelle j'ai l'honneur d'être

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

1Tronchin a noté sur le manuscrit « 11è février ».

2 La veille 2 février 1765 , Best ., D 12372 .

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26/04/2020 | Lien permanent

tant vaut l’homme, tant vaut son Église

...

 

« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

27 juin [1764] aux Délices

Monseigneur,

Il faut que vous permettiez encore cette petite importunité. Je sais respecter vos occupations. Mais il y a une bagatelle très importante pour moi, pour laquelle je vous implore . Elle n’est ni sacerdotale ni épiscopale, elle est académique. On va jouer une tragédie où Votre Éminence n’ira pas, et où je voudrais qu’elle pût aller. C’est ce Triumvirat, cet assemblage d’assassins et de coquins illustres, sur quoi je vous consultai l’année passée quand vous aviez du loisir. J’ai oublié de vous demander le secret, et je vous le demande aujourd’hui très instamment. On va donner la pièce sous le nom d’un petit ex-jésuite. Prêtez-vous à cette niche, si on vous en parle. Je vous prends pour mon confesseur . Vous ne me donnerez peut-être pas l’absolution ; cependant je vous jure que j’ai suivi vos bons avis autant que j’ai pu. Si la pièce est sifflée, ce n’est pas votre faute, c’est la mienne. Comme vous voilà établi mon confesseur, je vous avouerai, toute réflexion faite, que, malgré mon extrême envie de vous voir uniquement à la tête des lettres, vivant en philosophe, cependant je vous pardonne d’être archevêque.

Je ne trouve qu’une bonne chose dans le testament attribué au cardinal de Richelieu 1: c’est qu’il faut qu’un évêque soit homme d’État plutôt que théologien. Le métier est bien triste pour qui s’en tient aux fonctions épiscopales . Mais un grand seigneur archevêque peut, dans les occasions, tenir lieu de gouverneur, d’intendant, de juge, et tant vaut l’homme, tant vaut son Église. Si vous aviez siégé à Toulouse, l’horrible affaire de Calas ne serait pas arrivée.

Je suis obligé de parler ici à Votre Éminence d’un archevêque de votre voisinage qui a fait un étrange mandement. Il m’y a fourré très indécemment . C’est monsieur d’Auch. Il prenait bien son temps, tandis que je faisais mille plaisirs à son neveu, qui est un gentilhomme de mon voisinage. On dit que c’est un Patouillet, jésuite, qui est l’auteur de ce mandement brûlé à Toulouse. Il faut que ce Patouillet soit un fanatique bien mal instruit. Il ne savait pas que j’avais recueilli deux jésuites, dont l’un est mon aumônier, et l’autre demeure dans un de mes petits domaines. Le temps où nous vivons, monseigneur, demande des hommes de votre caractère et de votre esprit à la tête des grands diocèses. Comme je ne suis qu’un profane, je n’en dirai pas davantage, et je vous demande votre bénédiction.

Je voudrais bien que vous pussiez lire la Tolérance . Je crois que vous y trouveriez quelques-uns de vos principes. L’ouvrage est un peu rabbinique, mais il vous amuserait.

J’aurai l’honneur d’écrire à Votre Éminence quand elle sera tranquille au pays des Albigeois et débarrassée de la grosse besogne. Je la supplie de me conserver ses bontés et d’agréer mon très tendre respect.

V. »

1 A propos duquel V* se trompe , voir : http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?article871

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10/08/2019 | Lien permanent

je tâche de montrer les choses les plus absurdes avec le plus profond respect, de ne point donner prise

...

 

« A Paul-Claude Moultou, Ministre

à Genève

Le sacrement de mariage dont je suis occupé, monsieur, a un peu nui à la sacrée tolérance dont je voudrais m'occuper souvent avec vous .

J'ai l'honneur de vous renvoyer les livres que vous avez bien voulu me prêter, je voudrais bien que le petit livret que je prépare, n'eût pas leur sort . Sûrement, ces livres-là quelque bons qu'ils puissent être, n'ont pas été lus à Versailles ; et la première loi dans une affaire comme celle-là, est de se faire lire par ses juges . Ce n'est pas encore assez, il faut avoir des gens qui parlent, et j'espère que nous en aurons . Vous endoctrinerez Mme la duchesse d'Anville mieux que moi . Je vous prie, monsieur, de vouloir bien lui présenter mes profonds respects, quand vous lui écrirez .

J'ai changé tout l'ouvrage, et je l'ai un peu augmenté pour le rendre plus curieux ; mais je ne sais si j'y aurai réussi . Je tâche d'y mettre des notes instructives, pour éclaircir quelques passages de l'Antiquité que je crains bien d'embrouiller, à la façon des commentateurs . J'aurais voulu faire tout cela dans votre chambre, et vous consulter à chaque ligne, car je ne suis pas le premier théologien de ce monde , et votre éloquence m'aurait encore pus aidé que votre théologie . J'ai envoyé à votre ami l'arien 1 un petit chapitre tout à fait édifiant, qu'il aura sans doute montré, car il ne me l'a point rendu . Ce n'est pas dans l’arianisme que je crains de tomber, c'est dans quelque chose en isme 2, qui est pire qu'une hérésie ; mais si les malins y trouvent quelques traces de cet abominable isme, j'ai tant de confrères, et de grandissimes confrères, que j'espère être soutenu dans mon infamie .

Sérieusement parlant, je m'examine avec le plus grand scrupule ; je tâche de montrer les choses les plus absurdes avec le plus profond respect, de ne point donner prise, de présenter sans cesse aux hommes l'adoration d'un Dieu et l'amour du prochain .

Ayez la bonté, je vous en supplie, de donner au porteur la petite esquisse, et le tome de Corneille où est Héraclius . Permettez-moi de vous embrasser sans cérémonie, avec autant d'empressement que j'en ai d'avoir l'honneur de vous revoir .

Mardi matin [8 février 1763] 3»

1 Jacob Vernes .

2 Faut-il comprendre une allusion à l'athéisme, comme le suggère Besterman, ou simplement théisme ?

3 L'édition Taillandier donne une version incomplète et sans date .

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07/01/2018 | Lien permanent

en qualité de girouettes, nous ne sommes fixés que quand nous sommes rouillées





« A Marie-Louise Denis

A Colmar 7 mai [1754]



En lisant votre lettre du premier mai, j’ai presque dit : le premier jour du mois de mai fut le plus beau jour de ma vie, mais je compte que les premiers jours de juin seront plus beaux [il pense la retrouver à Plombières]. Je ne peux me déterminer à rien avant de vous avoir parlé. Il est vrai que j’ai une grande passion pour le soleil mais j’en ai une bien plus forte pour une grande bibliothèque. J’ai bien peur qu’il ne faille donner la préférence aux bons livres sur les beaux jours. Mais vous l’emporterez sur tout cela. On m’a écrit des lettres fort pressantes d’auprès de Lyon,[Genève et Lausanne; le 3 il a écrit à Walther : « Plusieurs personnes m’ont écrit pour me prier d’aller passer quelque temps à Lausanne . On m’a écrit de Genève dans le même esprit ; et les sieurs Bousquet (de Lausanne ) et Philibert  (de Genève) … se sont offerts pour faire une édition de mes œuvres. » Les 10 et 12 février, il avait presque dit oui à Polier de Bottens et de Brenles ; Polier renouvela son invitation en mars ; V* correspond avec le pasteur genevois Jacob Vernet qui lui a déjà parlé de l’imprimeur Cramer qui ira le voir à Colmar] mais je ne trouverais pas là tout à fait mon compte.[le 19 mars, à Polier : il caint «que ceux qui l’ont persécuté à Berlin ne le poursuivent dans le canton de Berne » dont fait encore partie Lausanne. Il dit à d’Argental le 2 mai ne ne pas se moquer des « délices de la Suisse »] .  Le roi de Prusse a mandé à Mme la margrave qu’il serait fort aise que je fusse à Bareith. On m’offre une belle campagne auprès de Dresde. Mme la duchesse de Gotha regarderait comme une grande infidélité que je choisisse mon séjour ailleurs que chez elle. La cour de l’Electeur palatin est bien selon mon goût, mais il ne me faut point de cour. Il ne me faudrait que vous, des livres et de la liberté. Comment accorder ces trois belles choses ensemble ? Pourrez-vous quitter Paris pour un solitaire qui s’enferme dans sa chambre les trois quarts du jour ? n’avez-vous point, ma chère enfant, plus de courage et de bontés que de forces ? C’est se jeter en couvent. L’ennui et le repentir marchent souvent à la suite de résolutions généreuses. L’âme fait un effort, elle se lasse, elle retombe. On croit d’abord pouvoir répondre de soi, et on voit qu’on a mal compté avec soi. Lorsque nous autres mortels nous n’avons pas une occupation journalière qui nous fixe, nous ne sommes que des girouettes, et en qualité de girouettes, nous ne sommes fixés que quand nous sommes rouillées. L’âge, l’expérience des injustices, la mauvaise santé me font aimer la solitude. Vous n’avez pas les mêmes raisons, vous ne feriez que par vertu ce que je fais à présent par instinct, et l’instinct est bien plus sûr que la vertu.

Enfin, ma chère enfant, nous raisonnerons à tête reposée ou à tête échauffée, et tête-à-tête de notre destinée à Plombières.

Que dites-vous du roi de Prusse qui a fait un canevas d’opéra de ma tragédie de Sémiramis et qui l’a fait exécuter à Berlin ? [la comtesse Bentinck lui parlera sans passion de cette représentation le 27 avril] On me mande que la musique en est admirable. Vous pensez bien que je n’aime pas assez la musique italienne pour l’aller l’entendre.

Bordier [Du Bordier , physicien] ; cf. lettre du 5 février] notre ami n’a donc pas voulu que je cultivasse la physique expérimentale. C’est un avertissement qu’il faudra que je me donne tout entier à l’histoire. On vendra comme on pourra les instruments qu’il n’a pas volés et comme on pourra le reste. Il y a des occasions où l’on doit prendre un parti décisif. Les affaires de Cadix ne vont pas trop bien, mais je n’irai pas sur les lieux pour y remédier. Tout ce que j’ai à faire c’est de tâcher d’être débarrassé pour jamais d’Ericard [Louis XV] et de Cernin [Frédéric]. Je vous ferai voir papiers sur table qu’Ericard et compagnie sont gens auxquels il ne faut point du tout se fier.

Encore une fois attendons Plombières. Mais, ma chère enfant, n’ayez plus la fièvre. Vous l’avez eue parce que vous avez soupé indiscrètement. Les obstructions sont des chimères. Qu’est-ce qu’une obstruction ? où est-elle ? Ce sont des mots inventés par les médecins des dames. La sobriété est le seul médecin de la nature, j’entends quand la nature n’est pas affaiblie et appauvrie comme chez moi. Adieu, j’ai peur d’être de bien mauvaise compagnie à Plombières. Je vous amènerai mes enfants [tragédie Zulime, les Œuvres mêlées, La Pucelle, l’Histoire , pour en « raisonner » avec elle et d’Argental] qui peut-être vous amuseront. Je vous embrasse. Je souffre, je travaille, j’ai vingt lettres à écrire. Je vous aime de tout mon cœur.

V. »

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07/05/2010 | Lien permanent

il ne faut pas qu'une femme paraisse dans le monde sans être mise à son avantage

... Comme ceci  ?

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Un tue l'amour !

Ou comme cela ?

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Entre les deux mon coeur balance, et au fond ça me ficherait la trouille de coucher avec Batman !

 

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

13 juin [1759]

Comme je suis en Russie jusqu'au cou 1, je n'ai que le temps ma chère nièce de vous dire que je suis confondu de ne recevoir aucune nouvelle de mes anges d'Argental ; les affaires de Parme sont considérables je l'avoue et doivent avoir la préférence , mais l'ancienne chevalerie 2 est quelque chose , et mériterait un petit mot . M. le duc de Choiseul a toutes les affaires de l'Europe sur les bras, et cependant m'a écrit trois fois pendant que l'envoyé de Parme ne m'écrit point du tout ; non seulement il était chargé de l'ancienne chevalerie, mais il l'était encore de quelque argent comptant qu'il avait eu la bonté de vouloir bien faire remettre de ma part au conseil de Mgr le comte de La Marche 3. Il peut avoir trouvé la chevalerie injouable, mais encore faut-il le dire et donner quelque signe de vie .

A-t-il ma pièce ? ne l'a-t-il point ? est-il content ? en est-il fâché ? est-il paresseux ? est-il malade ?

J'ai envie de mettre le jurisconsulte d'Hornoy aux prises avec le conseil de la maison de Conti 4 pour le former aux affaires . N'imitez point les envoyés de Parme ,ma chère nièce . Écrivez-moi et ne disons pas un mot de la fille du vieux chevalier jusqu'à ce que j'aie mis quelques pompons à ses habits et quelques diamants à sa coiffure ; il ne faut pas qu'une femme paraisse dans le monde sans être mise à son avantage ; je la coifferai dès que j'aurai gagné la bataille de Pultawa 5 que mon ami Jean-Louis Wagnière et moi allons donner incessamment . Votre sœur et moi nous vous embrassons bien tendrement . »

1 Rédaction de l'histoire de la Russie sous Pierre le Grand .

 

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31/07/2014 | Lien permanent

Mais tandis que la raison parle, le fanatisme hurle

... Et puis la raison se tait et fait parler les armes : https://www.la-croix.com/Monde/Larmee-israelienne-frappe-...

Et les morts font hurler, et la loi du talion reste maître ! Insensés !

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin

2è mars 1767

Mon cher philosophe, vous avez dû recevoir dix exemplaires de notre commentaire 1. M. de Servan, avocat général de Grenoble a fait un discours très pathétique sur le même sujet ; il est imprimé, et vous l'avez peut-être vu . La raison et l'humanité commencent à percer de tous côtés . L'impératrice de Russie m'écrit ces propres mots : « Malheur aux persécuteurs, ils méritent d'être mis au rang des furies 2. » Mais tandis que la raison parle, le fanatisme hurle 3. On poursuit Fantet, on en poursuit bien d'autres . M. le Riche se signale en faveur de Fantet ; j'espère qu'il viendra à bout de mettre un frein à la persécution ; après ces petits préliminaires il faut que je vous consulte sur la manière dont on peut se tirer d'affaire dans le cas que je vais vous exposer .

J'ai fait un contrat sous seing privé avec un paysan pour un échange, à condition que le contrat serait rédigé par devant notaire à la première sommation de l'une des parties . Un de ses enfants a consenti au contrat ; ni le père, ni le fils de pouvaient signer, ils ont fait leurs marques en présence de témoins . Je leur a payé cent écus de plus-value .

Lorsque nous étions prêts de faire le contrat par-devant notaire, le paysan est mort . Son fils, qui avait fait sa marque au bas de l'acte, et son frère, tous deux très majeurs, ont joui pendant six ans du champ qui leur a été cédé en échange et de l'argent qui leur a été délivré . Un chicaneur leur a conseillé depuis peu de revenir contre cet acte ; ils me menacent de me faire assigner ; que dois-je faire, mon maître ?

Mme Denis vous fait bien ses compliments ; je vous embrasse de tous mon cœur ; écrasez l'infâme .

Brillon est venu demander au greffe de Porami la déclaration que fit il y a longtemps entre vos mains Ravanas, de ce qu'il devait aux hoirs Brochet pour le loyer de la maison qu'il tient de ces hoirs, laquelle rente Brillon a fait saisir entre les mains dudit Ravanas . Nous n'avons point pu retrouver cette déclaration . Si vous l'aviez encore, voudriez-vous l’envoyer, on vous serait infiniment obligé . »

 

1 Voir lettre du 13 septembre 1766 à d'Argental : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6497

3 Le mot est écrit heurle ; Furetière donne encore les deux formes, hurler et heurler .

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07/08/2022 | Lien permanent

Nos mœurs changent, Brutus il faut changer nos lois.

... Dans la mesure du raisonnable, comme pour le mariage pour tous qui met enfin à égalité les humains homosexuels  désireux de s'allier officiellement et leurs compatriotes hétéro. Pour une fois une loi qui autorise et non qui interdit, ce n'est pas si fréquent , l'option répressive ayant trop d'adeptes à mes yeux .

 Brigitte Bardot et Frigide Barjo peuvent faire gonfler leurs rancoeurs, en pure perte, elles ne laisseront pas de traces dans l'Histoire .

 http://celeblog.over-blog.com/

nos-moeurs-inconsequentes.jpg


« On est libre de choisir de quelle manière on va devenir esclave. » Jean-Rémi Girard 

 

« A Jean le Rond d'ALEMBERT.

Aux Délices, 2 septembre 1758

Vous vouliez, mon cher philosophe, aller voir le saint-père, et vous restez à Paris. Je ne voulais point aller en Allemagne, et j'en reviens. Je trouve, en arrivant, votre Dynamique.1 Je lis le Discours préliminaire 2; je vous admire toujours, et je vous remercie de tout mon cœur.

Comment va l'Encyclopédie . Est-il vrai que Jean-Jacques écrit contre vous, et qu'il renouvelle la querelle de l'article de Genève 3 ? On dit bien plus, on dit qu'il pousse le sacrilège jusqu'à s'élever contre la comédie, qui devient le troisième sacrement 4 de Genève. On est fou du spectacle dans le pays de Calvin.

Nos mœurs changent, Brutus il faut changer nos lois.5

On a donné trois pièces nouvelles faites à Genève même, en trois mois de temps, et de ces pièces je n'en ai fait qu'une.

Voilà l'autel du dieu inconnu à qui cette nouvelle Athènes sacrifie. Rousseau en est le Diogène, et, du fond de son tonneau, il s'avise d'aboyer contre nous. Il y a en lui double ingratitude. Il attaque un art qu'il a exercé lui-même, et il écrit contre vous, qui l'avez accablé d'éloges. En vérité, magis magnos clericos non sunt magis magnos sapientes 6.

N'êtes-vous pas à Paris dans la consternation ? Le roi de Prusse est dans l'embarras, Marie-Thérèse est aux expédients, tout le monde est ruiné. Rousseau n'est pas le plus grave fou de ce monde. Ah quel siècle ! quel pauvre siècle ! Répondez à mes questions, et aimez un solitaire qui regrette peu d'hommes et peu de choses, mais qui vous regrettera toujours, qui vous admire et qui vous aime. »

2 De l'Encyclopédie .

3 La chronologie de la Lettre sur les spectacles de JJ Rousseau est importante ; elle fut commencée en octobre 1757 et achevée le 9 mars 1758 ; Rousseau l'envoya à l'éditeur le 15 mai et informa d'Alembert de son existence le 25 juin ; d'Alembert chargé de l'examiner, l'approuva le 22 juillet ; le 11 août l'éditeur en fit parvenir de nombreux exemplaires d'Amsterdam à Paris ; le livre fut largement connu à la mi septembre . Voir Histoire de l'impression et de la publication de la Lettre à d'Alembert de J-J. Rousseau .

4 Calvin ne reconnaissait que deux sacrements : le baptême et la communion .

5 La Mort de César, de Voltaire acte III, scène iv.

 

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13/10/2013 | Lien permanent

je ne me suis pas rebuté; et, tout vieux et infirme que je suis, je planterai aujourd'hui, sûr de mourir demain. Les aut

... Y a-t-il encore au moins  un Voltaire dans le parti de ceux qui se disent écologistes ? Le doute est permis quand on voit leurs manoeuvres politicardes et leurs projets, basés sur des angoisses vraiment existencielles telle celle-ci : Pour des jouets sans stéréotypes de genre   !

Père/Mère/Truc-Machin Noël, fait gaffe EELV te tiens dans le colimateur , et donne la préférence au Père Fouettard,  la preuve : 

"Nous appelons  le gouvernement à imposer aux entreprises de développer et d’appliquer des engagements forts notamment contre la diffusion de stéréotypes, afin de s’attaquer aux représentations sexistes et lutter pour une société émancipatrice. 

Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles EELV
La commission Féminisme d’EELV "

 Bravo à ces deux ravies de la crêche !

 

 

 

« A François-Thomas Moreau, seigneur de La Rochette 1

Au château de Ferney, par Genève, 1er juin.

Vous voulez, monsieur, que j'aie l'honneur de vous répondre sous l'enveloppe de monsieur le contrôleur général, et je vous obéis.

Il est vrai que j'avais fort applaudi à l'idée de rendre les enfants trouvés et ceux des pauvres utiles à l'État et à eux-mêmes 2. J'avais dessein d'en faire venir quelques-uns chez moi pour les élever. J'habite malheureusement un coin de terre dont le sol est aussi ingrat que l'aspect en est riant. Je n'y trouvai d'abord que des écrouelles et de la misère. J'ai eu le bonheur de rendre le pays plus sain en desséchant les marais. J'ai fait venir des habitants, j'ai augmenté le nombre des charrues et des maisons, mais je n'ai pu vaincre la rigueur du climat. Monsieur le contrôleur général invitait à cultiver la garance : je l'ai essayé ; rien n'a réussi. J'ai fait planter plus de vingt mille pieds d'arbres que j'avais tirés de Savoie; presque tous sont morts. J'ai bordé quatre fois le grand chemin de noyers et de châtaigniers les trois quarts ont péri, ou ont été arrachés par les paysans ; cependant je ne me suis pas rebuté; et, tout vieux et infirme que je suis, je planterai aujourd'hui, sûr de mourir demain. Les autres en jouiront.

Nous n'avons point de pépinières dans le désert que j'habite. Je vois que vous êtes à la tête des pépinières du royaume, et que vous avez formé des enfants à ce genre de culture avec succès. Puis-je prendre la liberté de m'adresser à vous pour avoir deux cents ormeaux qu'on arracherait à la fin de l'automne prochain, qu'on m'enverrait pendant l'hiver par les rouliers, et que je planterais au printemps ? Je les payerai au prix que vous ordonnerez. Je voudrais qu'on leur laissât à tous un peu de tête. Il y a une espèce de cormier qui rapporte des grappes rouges, et que nous appelons timier 3 ; ils réussissent assez bien dans notre climat. Si vos ordres pouvaient m'en procurer une centaine, je vous aurais, monsieur, beaucoup d'obligation. J'ai été très touché de votre amour pour le bien public celui qui fait croître deux brins d'herbe où il n'en croissait qu'un 4 rend service à l'État.

J'ai l'honneur d'être avec l'estime la plus respectueuse, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire. »

 

1 Copie Beaumarchais-Kehl peu correcte ; édition de Kehl aussi inexacte place la lettre à la fin de l'année 1765 . La lettre a été ensuite publiée par Nicolas-Louis François de Neufchâteau, « Correspondance de Voltaire avec feu M. Moreau de La Rochette, inspecteur général des pépinières de France », Mémoires d'agriculture […] publiées par la Société d’agriculture du département de la Seine (Paris, An X -1801-1802) ; c'est le texte qui a été suivi .

Voir pages 58 et suiv. : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5533755b/texteBrut

François-Thomas Moreau de La Rochette, né en 1720, inspecteur général des pépinières royales de France, mort le 20 juillet 179!. Voir : https://gillesdubois.blogspot.com/2010/03/moreau-de-la-rochette.html

et voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Thomas_Moreau_de_la_Rochette

3 Selon une note de François de Neufchâteau, il s'agit du « sorbier des oiseaux » , nommé timier dans la région de Genève (et non de Gênes comme l’écrit Littré ).

4 Mot de Swift dans Les Voyages de Gulliver : Brobdingnag, chap. VII : https://www.cosmovisions.com/Swift-Gulliver-Brobdingnag-7.htm

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21/12/2022 | Lien permanent

Par quelle fatalité se peut-il que tant de fanatiques imbéciles aient fondé des sectes de fous, et que tant d’esprits su

... Triste constat .  On ne peut mieux dire , mais il faut mieux faire .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

26 de juin 1766 1

Mon digne et aimable philosophe, je l’ai vu, ce brave Mords-les 2, qui les a si bien mordus ; il est du naturel des vrais braves, qui ont autant de douceur que de courage ; il est visiblement appelé à l’apostolat. Par quelle fatalité se peut-il que tant de fanatiques imbéciles aient fondé des sectes de fous, et que tant d’esprits supérieurs puissent à peine venir à bout de fonder une petite école de raison ? C’est peut-être parce qu’ils sont sages ; il leur manque l’enthousiasme, l’activité. Tous les philosophes sont trop tièdes ; ils se contentent de rire des erreurs des hommes au lieu de les écraser. Les missionnaires courent la terre et les mers ; il faut au moins que les philosophes courent les rues ; il faut qu’ils aillent semer le bon grain de maisons en maisons. On réussit encore plus par la prédication que par les écrits des pères. Acquittez-vous de ces deux grands devoirs, mon cher frère ; prêchez et écrivez, combattez, convertissez, rendez les fanatiques si odieux et si méprisables que le gouvernement soit honteux de les soutenir.

Il faudra bien à la fin que ceux à qui une secte fanatique et persécutrice a valu des honneurs et des richesses se contentent de leurs avantages, qu’ils se bornent à jouir en paix, et qu’ils se défassent de l’idée de rendre leurs erreurs respectables. Ils diront aux philosophes : « Laissez-nous jouir, et nous vous laisserons raisonner ». On pensera un jour en France comme en Angleterre, où la religion n’est regardée par le Parlement que comme une affaire de politique ; mais pour en venir là, mon cher frère, il faut du travail et du temps.

L’église de la sagesse commence à s’étendre dans nos quartiers, où régnait, il y a douze ans, le plus sombre fanatisme. Les provinces s’éclairent, les jeunes magistrats pensent hautement : il y a des avocats généraux qui font des anti-Omer . Le livre attribué à Fréret, et qui est peut-être de Fréret, fait un bien prodigieux. Il y a beaucoup de confesseurs, et j’espère qu’il n’y aura point de martyrs 3. Il y a beaucoup de tracasseries politiques à Genève ; mais je ne connais pas de ville où il y ait moins de calvinistes que dans cette ville de Calvin. On est étonné des progrès que la raison humaine a faits en si peu d’années. Ce petit professeur de bêtises, nommé Vernet, est l’objet du mépris public. Son livre contre vous et contre les philosophes est le plus inconnu des livres, malgré la prétendue troisième édition 4 . Vous sentez bien que la Lettre curieuse de Robert Covelle, que je vous ai envoyée, n’est calculée que pour le méridien de Genève, et pour mortifier ce pédant . Il y a un frère qui possède une métairie dans ma terre de Tournay, il y vient quelquefois ; je compte avoir le plaisir de le faire mettre au pilori dès que j’aurai un peu de santé ; c’est une plaisanterie que les philosophes peuvent se permettre avec de tels prêtres, sans être persécuteurs comme eux.

Il me semble que tous ceux qui ont écrit contre les philosophes sont punis dans ce monde . Les jésuites ont été chassés ; Abraham Chaumeix s’est enfui à Moscou ; Berthier est mort d’un poison froid 5; Fréron a été honni sur tous les théâtres, et Vernet sera pilorié infailliblement.

Vous devriez, en vérité, punir tous ces marauds-là par quelqu’un de ces livres moitié sérieux, moitié plaisants, que vous savez si bien faire. Le ridicule vient à bout de tout ; c’est la plus forte des armes, et personne ne la manie mieux que vous. C’est un grand plaisir de rire en se vengeant. Si vous n’écrasez pas l’infâme, vous avez manqué votre vocation. Je ne peux plus rien faire. J’ai peu de temps à vivre , je mourrai, si je puis, en riant, mais, à coup sûr, en vous aimant. »

2 Morellet, bien entendu .

3 V* ne s'attendait pas à la condamnation à mort et l'exécution de La Barre ( le 1er juillet 1766). .

4 Les Lettres de Vernet ont eu réellement trois éditions.

5 Selon la version de V*, car Berthier mourra après V*, en 1782 ; voir lettre du 5 décembre 1759 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/12/13/on-n-est-pas-toujours-sur-pegase-on-est-ballotte-dans-le-mem-5509651.html

et : http://baillement.com/lettres/voltaire.html

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19/09/2021 | Lien permanent

j'avais la rage de prouver que j'avais été trompé . Je l'ai prouvé

J'avais la rage ...

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« A Frédéric II de Prusse

 

Ce samedi [27 février 1751]

 

Sire,

 

Toutes choses mûrement considérées, j'ai fait une lourde faute d'avoir un procès contre un Juif i. Et j'en demande bien pardon à Votre Majesté, à votre philosophie et à votre bonté . J'étais piqué, j'avais la rage de prouver que j'avais été trompé . Je l'ai prouvé, et après avoir gagné ce malheureux procès, j'ai donné à ce maudit Hébreu plus que je ne lui avais offert d'abord, pour reprendre ses maudits diamants ii qui ne conviennent point à un homme de lettres . Tout cela n'empêche pas que je vous aie consacré ma vie . Faites de moi tout ce qu'il vous plaira . J'avais mandé à Son altesse Royale Mme la margrave de Bareith que frère Voltaire était en pénitence iii. Ayez pitié de frère Voltaire . Il n'attend que le moment de s'aller fourrer dans la cellule du Marquisat iv. Comptez , Sire, que frère Voltaire est un bon homme, qu'il n'est mal avec personne v, et surtout qu'il prend la liberté d'aimer Votre Majesté de tout son cœur . Et à qui montrerez-vous les fruits de votre beau génie si ce n'est à votre ancien admirateur ? Il n'a plus de talent mais il a du goût, il sent vivement, et votre imagination est faite pour son âme . Il est tout pétri de faiblesse; mais assurément sa plus grande est pour vous . Il n'est point intéressé comme on vous l'a dit et il ne cherche dans Votre Majesté que vous-même. Il est bien malade, mais vos bontés lui rendront peut-être la santé . En un mot sa vie est entre vos mains .

 

V.

 

J'apprends que Votre Majesté me permet de m'établir pour ce printemps au Marquisat . Je lui en rends les plus humbles grâces . Elle fait la consolation de ma vie . »

 

i Sur le procès avec le juif Hirschel, cf. lettre du 5 février à Cocceji :  http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/27/s...

 et suivantes : pages 272 et suivantes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800327/f277.image.r...

ii Il vient d'écrire au roi qu'il a offert à Hirschell « de reprendre pour deux mille écus les diamants qu'il m'a vendus trois mille » ; voir lettre MDCXCVI page 281 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800327/f286.image.r...

iv Voir lettre à Darget de mi-février : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/14/c...

Il recevra la permission le lendemain (note du post-scriptum).

v Le 28, Frédéric lui écrit qu'il ne souhaite pas que de semblables querelles se renouvellent ; et que les talents de l'écrivain ne pourraient couvrir « les taches que cette conduite imprimerait à la longue à sa réputation. »

Lettre MDCCII page 285 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800327/f290.image.r...

 

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27/02/2011 | Lien permanent

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