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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

c'est aux seuls gens de lettres qu'on doit actuellement la réputation de la France

...Vrai au XVIIIè siècle . Au XVIIIè seulement . Et ce n'est pas Les Leçons du pouvoir qui va donner de l'aura à notre pays . Notre Fanfoué , "homme de lettres" , va peut-être faire une tournée de promotion, il a du temps à perdre, donner des conférences ( quand je dis donner, c'est au sens figuré, car je suppose que comme ses prédécesseurs ex-présidents, il va monnayer ses prestations ) et réfléchir à ce que son successeur doit faire et que lui-même a été incapable d'accomplir .

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Qu'y a-t-il sous cette toge/jupette ?

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

25 [avril 1763]

Mes chers anges, je vous envoie Olympie que j'ai fait imprimer pour deux raisons assez fortes . La première, à cause des remarques que je crois très intéressantes et très utiles i, si utiles même qu'on ne les aurait jamais imprimées à Paris, où les véritables gens de lettres sont persécutés, et où l'insolent et ridicule Omer de Fleury ose prescrire la Religion naturelle ainsi que le Bon sens.ii

La seconde raison c'est que ni Lekain , ni Mlle Clairon ne mutileront mon ouvrage iii. Je vous avoue que dans l’état où sont les choses, j'aime mieux les suffrages de l'Europe iv que ceux de la ville de Paris . Vous m'avouerez, mes chers anges, que c'est aux seuls gens de lettres qu'on doit actuellement la réputation de la France . L'impératrice de Russie veut faire imprimer chez elle l'Encyclopédie v, tandis qu'Omer de Fleury veut qu'on vole à Paris les souscripteurs vi. On représente à Moscou et à Rome ce même Mahomet qu'Omer de Fleury voulait anéantir à Paris vii, etc. etc. etc.

J'avoue qu'on a protégé dans votre ville une comédie, dont tout le mérite consistait à dire que Diderot et d’Alembert étaient des fripons viii. J'avoue qu'on élève un mausolée à un assez mauvais poète boursouflé, qui n'a presque jamais parlé français ix; mais ces petites faveurs si bien appliquées ne me font pas changer de sentiment .

Je vous demande en grâce, mes chers anges, de ne pas souffrir qu'on me joue le tour de représenter Adélaïde du Guesclin . Si le public se déclara contre cette pièce à sa naissance, il ne souffrirait pas à sa résurrection . Il est si ridicule et si indécent de supposer à un prince du sang connu, un crime abominable qu'il n'a point commis, que moi-même, si j’étais à Paris, je sifflerais l'ouvrage avec indignation x.

Je crois que Mlle Clairon est la plus grand actrice que vous ayez eue, mais permettez-moi de ne m'en rapporter en aucune manière à aucun de ses jugements .

Permettez-moi aussi de vous dire que vous me faites une vraie peine de céder à ceux qui ont assez peu de goût pour vouloir retrancher ces vers que dit Antigone au 1er acte :

Nous verrons ... mais on ouvre, et ce temple sacré

Nous découvre un autel de guirlandes paré.

Je vois des deux côtés les prêtresses paraître ;

Au fond du sanctuaire est assis le grand prêtre .

Olympie et Cassandre arrivent à l'autel !xi

Chaque mot que dit Antigone est la peinture d'un spectacle qui lui sera funeste, et lui-même en prononçant ces paroles ajoute beaucoup à la solennité du spectacle . Rien n'est si pauvre, si mesquin, si opposé à la vérité de la véritable tragédie, que de vouloir tout étriquer, tout tronquer, d'ôter aux mouvements et aux sentiments l'étendue qui leur est nécessaire . Si on resserrait, par exemple, la catastrophe de la fin, il n'y aurait plus rien de pathétique ; j'aimerais autant entendre des chanoines dépêcher leurs complies pour gagner plus vite leur argent .

En un mot, mes chers anges, je n'ai nullement envie que l'on joue à présent Olympie, et puisqu'on n'a pas voulu reprendre Le Droit du Seigneur, et qu'on a violé toutes les règles, pour me faire cet outrage xii, je ne me soucie point du tout de me risquer au hasard de la représentation, au caprice du parterre, et aux fureurs d la cabale . J'avais peut-être quelque talent, et je me faisais un plaisir de le consacrer aux amusements de mes anges, mais eux-mêmes ne me conseilleraient pas dans les circonstances présentes d'essuyer de nouvelles humiliations .

Je suis bien étonné qu'on me reproche d'avoir dit dans l'Histoire de Pierre le Grand, ce que j'avais déjà dit dans celle de Louis XIV . Vous me direz que j'ai eu tort dans l'une et dans l'autre . Malheureusement ce tort est irréparable, tous les exemplaires étant partis de Genève il y a plus de trois mois, à ce que disent les Cramer, et ces torts consistent à avoir dit des vérités dont tout le monde convient, et qui ne nuisent à personne . Au reste , si vous avez trouvé quelque petite odeur de philosophie morale et d'amour de la vérité dans l'Histoire de Pierre le Grand, je me tiens très récompensé de mon travail, car c'est à des lecteurs tels que vous que je cherche à plaire xiii.

Vous aurez incessamment la lettre de Jean-Jacques à Christophe xiv. Il n'a point fait de cartons, comme on le croyait xv, il persiste toujours à dire qu'il fallait lui élever des statues au lieu de le brûler xvi; il assure que si on trouve quelques traits voluptueux dans son Héloïse, il y en a davantage dans l'Aloïsia xvii que tous les prêtres ont à Paris dans leurs bibliothèques . Il proteste à Christophe qu'il est chrétien, et en même temps il couvre la religion chrétienne d'opprobres et de ridicules ; il y a une douzaine de pages sublimes contre cette sainte religion . Peut-être ce qu'il dit est-il trop fort, car après tout le christianisme n'a fait périr qu'environ cinquante millions de personnes, de tout âge et de tout sexe, depuis environ quatorze cents ans pour des querelles théologiques . J'oubliais de vous dire que Jean-Jacques, dans son épître, prouve à Omer qu'il est un sot, en quoi je suis entièrement de son avis .

Mes divins anges, la plus grande consolation de ma vie est votre amitié ; il est vrai que je ne vous verrai plus, mais je songerai toujours que vous daignez m'aimer . Mme Denis est infiniment sensible à toutes vos bontés ; Tronchin prétend qu'elle sera guérie après qu'elle aura pris quatre ou cinq mille pilules ; j'aimerais mieux faire un voyage aux eaux, pourvu que vous y fussiez .

Mes divins anges, il faut encore que je vous dise que j'exige absolument des Cramer d'ôter mon misérable nom des frontispices de leur recueil xviii. Vous savez que rien n'est plus aisé que de brûler un livre . Un Chaumeix, un Gauchat n'ont qu'à recueillir, falsifier, empoisonner quelques phrases, et donner un extrait calomnieux à un Omer, Omer fera son réquisitoire et des hommes extrêmement ignorants condamneront au brasier un livre qu'ils n'auront pas lu xix. A la bonne heure, les Cramer n'en seront pas fâchés, mais moi si mon nom est à la tête d'une histoire sage et instructive, je suis décrété en personne ; et mes biens confisqués si je ne comparais pas devant Messieurs . Or c'est ce qui est absolument inutile ; je veux bien qu'on décrète un quidam qui pouvait prouver que le parlement n'a aucun droit de faire des remontrances que par la pure concession des rois, et qui ne l'a pas dit, qui pouvait prouver que les enregistrements ne viennent que des regesta des compilations qu'on s'avisa de faire sous Philippe le Bel, des olim, de l’habitude enfin qu'on prit de tenir registre (habitude qui succéda au trésor des chartes), qui pouvait éclaircir cette matière et qui ne l'a point fait . On peut brûler une histoire dans laquelle la conduite du parlement est toujours ménagée, on peut brûler ce livre par arrêt du parlement, cela est dans l'ordre, mais je ne veux pas être brûlé en effigie . N'êtes-vous pas de mon avis ?

Mes anges, un petit mot d'Olympie, et je finis .

Un homme qui a été à moi xx, qui a été volé à Francfort avec moi, l'a imprimée à ses dépens . C'est un plaisir que je lui devais . Serait-il juste d'empêcher une édition d'entrer en France, et de le priver du fruit de ses avances ? Je m'en rapporte à vos cœurs angéliques .

Vous m'avez, j'en suis sûr, trouvé sombre, chagrin dans mon épître . Je ne sais pourquoi je suis triste, car votre humeur est toujours égale, et je voudrais vous imiter . Je crois que c'est parce que le vent du nord souffle . Mais je suis à vous à tout vent, ô anges . Respect et tendresse .

 

V. »

i Sur le sens d'Olympie, voir lettre du 22 février 1762 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/02/22/voila-bien-du-bruit.html

ii Le Poème sur la loi naturelle fut interdit et condamné les 23 janvier et 6 février 1759 en même temps que La Philosophie du bon sens, que le livre d'Helvétius De l'esprit et en même temps que l'Encyclopédie était suspendue .

iii V* s'est beaucoup plaint de la mutilation du Droit du seigneur et de Zulime en particulier ; voir lettres aux d'Argental du 26 janvier 1762 et 28 septembre 1762 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/09/index.html

iv Sur la représentation à Mannheim, voir lettre à Collini du 30 août 1762 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/index.html

v De la part de Catherine II, Shouvalov avait proposé à Diderot et d’Alembert de faire imprimer l'Encyclopédie « en Russie, soit à Riga, soit dans quelqu'autre ville » et avait chargé V* par une lettre du 20 août d'insister auprès d'eux ; voir lettre aux d'Argental du 28 septembre 1762 .

vi En la faisant interdire d'édition .

vii En août 1742, V* avait été obligé de retirer sa pièce à la troisième représentation à la demande du procureur général, père d'Omer Joly de Fleury.

ix Crébillon . Le frère de Mme de Pompadour , intendant des bâtiments du roi, avait entrepris d'élever un mausolée en l'honneur de cet auteur tragique que sa sœur avait protégé .

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15/04/2018 | Lien permanent

Nous touchons au temps où les hommes vont commencer à devenir raisonnables : quand je dis les hommes, je ne dis pas la p

... Il est grand temps de compter ces "hommes" capables .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

15 de décembre [1763] 1

Mon très aimable et très grand philosophe, ne faites point de reproches à votre pauvre ami presque aveugle . Il n'a pas eu un moment à lui . Ce bon quakre qui a voulu absolument écrire un mot d'amitié à Jean-Georges, ce rêveur qui a envoyé une ambassade de César à la Chine, et qui a fait venir en France un bramine du pays des Gangarides, cet autre fou qui trouve mauvais que les hommes se détestent, s'emprisonnent pour des paragraphes, quelques autres insensés de cette espèce, ont pris tout notre temps .

Vous ne savez pas d'ailleurs combien il est difficile de faire parvenir de gros paquets par la poste . Trouvez-moi un contresigneur 2 qui puisse vous servir de couverture, et vous serez inondé de rogatons .

Je hasarde, par cet ordinaire, une Tolérance que j'envoie pour vous à M. Damilaville qui a ses ports francs, mais dont on saisit quelquefois les paquets, quand ils sont d'une grosseur un peu suspecte . Les pauvres philosophes sont obligés de faire mille tours de passe-passe pour faire parvenir à leurs frères leurs épitres canoniques .

Que ces petites épreuves, mon cher frère, ne nous découragent point ; n'en soyons que plus fermes dans la foi, et plus zélés pour la bonne cause . Dieu bénira tôt ou tard nos bonnes intentions ; mais vous serez très coupable d'avoir enfoui votre talent 3, si vous ne faites pas à Jean-Georges une correction fraternelle à laquelle tous nos frères répandus dans différentes Églises se sont attendus .

Les deux frères Simon Lefranc et Jean-Georges , sont des victimes dévouées au ridicule, et c'est à vous de les immoler .

Je ne suis pas étonné qu'à votre retour de Berlin on vous ait fait tenir des discours dans lesquels vous vous moquez de Paris ; cela prouve que les frondeurs veulent s'appuyer de votre nom, que les frondés le craignent . On ambitionne votre suffrage, et il me semble que vous jouez un assez beau rôle .

Vous êtes comme les anciens enchanteurs qui faisaient la destinée des hommes avec des paroles .

Je ne crois pas que Moustapha s'avise de faire rebâtir le temple des Juifs ; mais quand vous voudrez , vous détruirez le temple de l'erreur à moins de frais . On m'a envoyé l'ouvrage de Du Marsais, attribué à Saint-Evremond ; c'est un excellent ouvrage très mal imprimé . Je vous exhorte, mon très cher frère, à déterminer quelqu’un de vos amés et féaux 4 à faire réimprimer ce petit livre, qui peut faire un bien infini . Nous touchons au temps où les hommes vont commencer à devenir raisonnables : quand je dis les hommes, je ne dis pas la populace, la grand-chambre et l'assemblée du clergé, je dis les hommes qui gouvernent ou qui sont nés pour gouverner, je dis les gens de lettres dignes de ce nom . Despréaux, Racine et La Fontaine étaient de grands hommes dans leur genre ; mais en fait de raison, ils étaient au-dessous de Mme Dacier .

Je suis enchanté que M. Marmontel soit notre confrère, c'est une bien bonne recrue ; j'espère qu'il fera du bien à la bonne cause . Dieu bénisse M. le prince Louis de Rohan ! J'envoie une Tolérance à M. le prince de Soubise, le ministre d’État, qui la communiquera à monsieur le coadjuteur . J'en ai très peu d'exemplaires ; l'éditeur a pris, pour envoyer à Paris ses ballots, une route si détournée et si longue, qu'ils n'arriveront pas à Paris cette année : c'est un contretemps dont Dieu nous afflige, résignons-nous . Conservez-moi votre amitié ; défendez la bonne cause, pugnis, unguibus et rostro 5, animez les frères, continuez à larder de bons mots les sots et les fripons .

P.-S . – Vous remarquerez que , si vous n'avez pas de Tolérance, c'est la faute de votre ami Bourgelat qui, dans son hippomanie 6, a rué contre les Cramer . Ces Cramer, éditeurs de l'ouvrage du saint prêtre auteur de la Tolérance , n'ont pu obtenir de lui qu'il laissât passer les ballots par Lyon . Vous pensez bien que dans ces ballots il y a quelques exemplaires pour vous . Les pauvres Cramer ont été obligés de faire faire à leurs paquets le tour de l'Europe pour arriver à Paris 7. Le grand écuyer Bourgelat s'est en cela conduit comme un fiacre 8. S'il est un de nos frères, vous devez lui laver la tête, et l'exhorter à résipiscence . Sur ce , je vous donne ma bénédiction, et vous demande la vôtre . »

1 V* répond à une lettre du 8 décembre où d'Alembert dit notamment : « J'ai entendu parler d'un Traité sur la tolérance […] ; je demande cet ouvrage à tout ce que je vois, comme Iphigénie demande à Achille, et je ne puis parvenir à l'avoir ; et j'apprends que votre ami l'a envoyé à des gens qu'il ne devrait pas tant aimer que moi […] . voilà donc enfin Marmontel de l'Académie […] M. le prince Louis de Rohan, tout coadjuteur qu'il est de l'évêché de Strasbourg, a bien voulu en cette occasion être le coadjuteur de la philosophie, et lui a rendu, sans manquer à son état, tous les services imaginables . C'est par lui que vous avez aujourd’hui dans l'Académie Française un partisan et un admirateur de plus […] Il faut mon cher maître, que chacun de nous serve à la bonne cause suivant ses petits moyens . Vous la servez de votre plume, et moi à qui on n'en laisserait pas une sur le dos si j'en faisais autant, je tâche de lui gagner des partisans dans le pays ennemi ; […] on m'a fait d'indignes et odieuses tracasseries au sujet de mon voyage de Prusse . On m'a prêté des discours que je n'ai jamais tenus, et que je n'aurais rien gagné à tenir . J'en ai appelé au témoignage du roi de Prusse lui-même, et ce prince vient de m’écrire une lettre qui confondrait mes ennemis s'ils méritaient que je la leur fasse lire . Vous savez apparemment qu'il y a actuellement à Berlin un fort honnête circoncis, qui en attendant le paradis de Mahomet, est venu voir votre ancien disciple de la part du sultan Mustapha [El Hajj Resmï Ahmed Effendi] . J’écrivais l'autre jour en ce pays-là que si le roi voulait seulement dire un mot, ce serait une belle occasion pour engager le sultan à faire rebâtir le temple de Jérusalem […] . »

5 Des poings, des ongles et du bec .

7 D'après Hume, un « très petit nombre d'exemplaires dérobés » avaient atteint Paris vers le 20 mars 1764 .

8 Moquerie, car les fiacres prenaient souvent le plus long chemin pour se rendre à destination [ce qui n'est pas sans rappeler la technique de certains de nos chauffeurs de taxis modernes !].

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10/12/2018 | Lien permanent

il faut qu'il mette du vin dans son eau

... ceci étant , un voleur a , selon ses goûts , préféré y mettre du whisky en belle quantité et excellente qualité, ne voulant pas faire comme ceux qui , revenant d'outre-tombe, ont choisi trois cents bouteilles de grands crus de vin . Ils sont pour le vol sans modération , auront-ils la gueule de bois avant de finir en taule ? S'ils ont volé, c'est qu'ils ont des acheteurs, et je ne serais pas surpris si ces derniers sont de pays où l'alcool est prohibé . On tient le pari ?

http://www.20minutes.fr/paris/2168787-20171114-paris-vole...

http://www.20minutes.fr/paris/2123355-20170829-paris-voleurs-passent-catacombes-derobent-250000-euros-bouteilles-vin

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Ah ! c'est le pied !

C'est au pied du mur qu'on trouve le maçon et c'est au pied du verre qu'on trouve le pochtron !

 

 

«A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

A Ferney, 5 janvier 1763 1

O mes anges ,

Ce n’est pas ma faute, si on m'a mandé que l'auteur d'Eponine 2 aimait le bon vin . Je lui fais réparation d'honneur, et je crois que vous l'avez mis à l'eau d'Hippocrène . Mais il faut qu'il mette du vin dans son eau .

Ce n'est pas non plus ma faute si nous avons cru, madame Denis et moi, que vous vous intéressiez au demi-philosophe qui est arrivé sous vos auspices, qui nous a dit venir de votre part, et qu’il fallait conclure subito, allegro, presto, qu’il n’attendait qu’une lettre de son père, et que cette lettre viendrait dans trois jours . Le père est l’homme du monde qui dépense le moins en papier et en encre . Il y a un an qu’il n’a écrit à monsieur son fils. Il lui faisait une pension de mille livres avant d’avoir payé sa compagnie, et, depuis ce temps, il lui retranche sa pension. Ce fils n’a donc que sa compagnie qu’on va réformer, trois chevaux que nous nourrissons, et des dettes. La philosophie est quelque chose, je l’avoue . Mais cette philosophie est celle de M. de Valbelle 3 et de Mlle Clairon, qui ont imaginé d’envoyer le capitaine faire main-basse sur la recette des souscriptions, recette qui n’est pas prête, comme je l’ai mandé à mes anges. Je ne crois donc pas que je puisse lui dire : Mettez-vous là, mon gendre, et dînez avec moi 4. Tout cela ne laisse pas d’être triste, parce qu’on sait tout, et que cette aventure peut aisément être tournée en ridicule par les malins, dont le nombre est grand.

Je vous ai répondu sur les souscriptions, et je vous ai exposé notre état .

Nous prendrons en attendant une petite somme pour envoyer au père et à la mère .

J'ai répondu sur tous les articles concernant mon tripot . J'ajoute que je crois avoir prié M. de Chauvelin de vous envoyer Le Droit su seigneur et que je crois encore qu'il y a des changements assez considérables .

Vous croyez donc que je vais aux Délices, et que je suis assidu auprès de M. le duc de Villars ? Je suis assiégé par quatre pieds de neiges à perte de vue, et je la fais ranger pour transporter des pierres. Je me console d’ailleurs de mes quatre pieds autour de moi, en considérant les délices de la Suisse, qui consistent, comme vous savez, en quarante lieues de montagnes de glace qui forment mon horizon hyperboréen. Le duc de Villars a quitté les Délices . Tout auprès de son juge il s’est venu loger,5 dans une maison assez convenable à un valet de chambre retiré du monde. Il vient quelquefois dîner à Ferney ; mais, tant que j’aurai mes neiges, je n’irai point chez lui. Je suis d’ailleurs très malingre, et assurément plus que lui, malgré ses convulsions de Saint-Médard . Et observez qu’il n’a que soixante ans, et que j’en ai bientôt septante 6, quoi qu’on die 7.

O mes anges ! tant que mon vieux sang circulera dans mes vieilles veines, mon cœur sera à vous. Mais, à présent, comment renvoyer notre jeune soudard au milieu des glaces et des neiges ? Savez-vous bien que cela est embarrassant ? Tout ce qui m’arrive est comique ; Dieu soit béni ! Je remercie M. Deparcieux 8, et je n’ai que faire de lui pour savoir que la vie est courte.

Pour ce nigaud de Laugeois, neveu de Laugeois, vous pouvez avoir la bonté de m’envoyer son rabâchage davidique 9, en deux envois, contre-signés duc de Praslin. Je mettrai sa prose à côté des chansons hébraïques 10 de Lefranc de Pompignan. Voulez-vous bien présenter mes respects et souhaiter de bonnes fêtes à M. le duc de Praslin ? Comment peut-il travailler avec sa mauvaise santé ? Est-elle meilleure ? Pour Dieu favorisez moi du mémoire incendié du président au mortier  11! Portez-vous bien, mes anges ; c’est le grand point.

Respect et tendresse.

V.»



1 L'édition de Kehl et suivantes selon la copie Beaumarchais omettent des passages : voir http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/05/correspondance-annee-1763-partie-1.html

2 Chabanon, dont la pièce jouée au Théâtre-Français le 6 décembre 1762 n'a eu que deux représentations .

3 Joseph-Alphonse-Omer , comte de Valbelle, amant de Mlle Clairon .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph-Alphonse-Omer_de_Valbelle

4 Mots prononcés par Mme Jourdain dans Le Bourgeois gentilhomme, III, 12 .

5 Réminiscence Plaideurs, de Racine, I, 5 ; le « juge » est ici le docteur Tronchin .

6 Septante est encore utilisé et répandu dans la région lyonnaise comme en Suisse et en Belgique .

7 Réminiscence des Femmes savantes, III, 2 .

8 Antoine Deparcieux avait sans doute envoyé à V* son Mémoire lu à l'assemblée publique de l'Académie royale des sciences, le samedi 13 novembre 1762, édité en 1763, concernant les moyens de fournir de l'eau à Paris, ainsi que son Addition à l'Essai sur les probabilités de la durée de la vie humaine, 1760, dont V* se souviendra dans L'Homme aux quarante écus . L'Essai original a été publié en 1746 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Deparcieux_(1703-1768)

et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6208520n/f5.image

et : https://books.google.fr/books?id=2xIH7EgOWc8C&pg=PA23&lpg=PA23&dq=Antoine+Deparcieux+Addition+%C3%A0+l%27Essai+sur+les+probabilit%C3%A9s+de+la+dur%C3%A9e+de+la+vie+humaine,+1760&source=bl&ots=wMZ7ZRWcaP&sig=VaPiM9t0PV13-JIGkH7Ns0ZVb1Q&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwizruaBsb_XAhVBmBoKHeNqBrIQ6AEIPDAD#v=onepage&q=Antoine%20Deparcieux%20Addition%20%C3%A0%20l%27Essai%20sur%20les%20probabilit%C3%A9s%20de%20la%20dur%C3%A9e%20de%20la%20vie%20humaine%2C%201760&f=false

9 Laugeois de Chastellier avait publié une nouvelle édition (anonyme) de sa Traduction nouvelle des psaumes de David, 1762, dont V* possédait déjà l'édition originale de 1757 ; voir : page 611 : https://books.google.fr/books?id=-jvRqkIM2dcC&pg=PA611&lpg=PA611&dq=Laugeois+de+Chastellier&source=bl&ots=lDXBrVz_1m&sig=NCh6lF_n-_1IgOtxwsPrWGBOEyk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjFhuaAtL_XAhWIAxoKHdYYC6oQ6AEISTAJ#v=onepage&q=Laugeois%20de%20Chastellier&f=false

10 Ces « chansons » de Lefranc de Pompignan ont paru sous le titre Poésies sacrées de M. L*** F***, 1751 . Voir : https://books.google.fr/books?id=yHq9yoHsrC4C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

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15/11/2017 | Lien permanent

J'aurais un château, et il ne me resterait pas de quoi le meubler ; je ressemblerais à Chapelle, qui avait un surplis et

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Admirez la parfaite position des mains pour le plongeon dans le bénitier, et la brasse coulée ! Amen !

 

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Ceci n'est pas un bénitier ! ...comme aurait dit Magritte .

 

«  A Jacques-Abram-Elie Clavel de Brenles

 

 

 

Colmar, le 6 octobre [1754]

 

 

 

Ce que vous me dites de votre santé, mon cher monsieur, ne contribue pas à me rendre la mienne . Vous m'affligez sensiblement . Mme Goll m'a consolé en m'apprenant que vous aviez fait à Mme de Brenles un petit philosophe qui a quatre mois ou environ ; mais un excellent ouvrier peut tomber malade après avoir fait un bon ouvrage, et c'est l'ouvrier qu'il faut conserver . Songez que c'est vous, monsieur, qui m'avez inspiré le dessein de chercher une retraite philosophique dans votre voisinage . C'est pour vous que je veux acheter la terre d'Allaman 1. J'ai besoin d'un tombeau agréable ; il faut mourir entre les bras des êtres pensants . Le séjour des villes ne convient guère à un homme que son état réduit à ne point rendre de visites . Je n'achèterai Allaman qu'à condition que vous et Mme de Brenles vous daignerez regarder ce château comme le vôtre, et, dans une espérance si consolante pour moi, je ferai un effort pour mettre tout ce que j'ai de bien libre à cette acquisition ; mais commencez par me rassurer sur votre santé, et vivez, si vous voulez que je sois votre voisin .

 

 

 

Je vous avouerai, monsieur, qu’il me serait assez difficile de payer 225 000 livres . J'aurais un château, et il ne me resterait pas de quoi le meubler ; je ressemblerais à Chapelle, qui avait un surplis et point de chemise, un bénitier et point de pot de chambre . Voici comment je m'arrangerais : je donnerais sur le champ 150 000 livres, et le reste en billets sur la meilleure maison de Cadix,2 payables à divers termes . Moyennant cet arrangement, je pourrais profiter incessamment de vos bontés . Je ne doute pas que vous n'ayez prévu toutes les difficultés ; vous savez que je n 'ai pas l'honneur d'être de la religion de Zwingle et de Calvin ; ma nièce et moi, nous sommes papistes . C'est sans doute une des prérogatives et un des avantages de votre gouvernement qu'un homme puisse jouir chez vous des droits de citoyen, sans être de votre paroisse . Je me figure qu'un papiste peut posséder et hériter dans le territoire de Lausanne ; et aurais-je fait à vos lois un honneur qu'elles ne méritent pas ? Je crois que je puis être seigneur d'Allaman, puisque vous me proposez cette terre .

 

 

 

J'attends sur cela vos derniers ordres, en vous demandant toujours le secret . Il ne faudrait pas acheter d'abord la terre sous mon nom : le moindre bruit nuirait à mon marché, et m'empêcherait peut-être de jouir du plaisir de voir mon acquisition . Je remets le tout à votre bonté et à votre prudence . Ma nièce, qui est toujours ma garde-malade à Colmar, se joint à moi pour vous présenter ses remerciements , c'est une amie sur laquelle Mme de Brenles et vous , monsieur, pouvez déjà compter . Voyez si vous pouvez acquérir à Lausanne toute une famille de Paris, et si vous pouvez faire du château d'Allaman un temple dédié à la philosophie, dont vous serez le grand-prêtre .

 

 

 

Si on veut vendre Allaman plus de 225 000 livres, je ne peux l'acheter ; mais en ce cas, n'y-a-t il pas d'autres terres moins chères ? Tout me sera bon , pourvu que je puisse finir mes jours dans un air doux, dans un pays libre, avec des livres, et un homme comme vous . Adieu, monsieur ; conservez votre santé, le premier des biens, celui sans lequel tout n'est rien . Vivez avec votre aimable épouse, et procurez moi le plaisir d'être témoin de votre bonheur . Permettez moi de vous embrasser sans cérémonie . 

 

 

 

Voltaire »

 

1 Vieux château sur la route de Prangins à Lausanne, au bord du lac Léman, entre Rolle et Morges .

 

2 Voir lettre du 12 mars 1754  à propos des revenus de V* : V* a noté sur le manuscrit original « Je ne sais à qui elle est adressée » :lettre 2713, page 188 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f191.image.r=.langFR

Il avait placé 600 000 livres sur la compagnie de Cadix qui lui rapportaient 32 à 33% ; il essuiera quelques grosses pertes, dont 80 000 livres sur Cadix, mais en diversifiant ses investissements, il réussira à avoir environ 75 000 livres de rentes et revenus dans les années 50 .

 

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25/09/2011 | Lien permanent

De tout ce que j’ai vu depuis dix ans sur toutes ces pauvretés qui ont agité tant d’énergumènes, je ne connais de raison

... Ami Voltaire, tu parles d'or, nous sommes dans un pays, un monde même, de pintades affolées (et ceux qui connaissent un peu ces bestioles savent comment elles se comportent ) .

Il semble bien que le temps de la réflexion n'ait pas plus droit de cité que dans un jeu vidéo ou un tweet de Donald Trump . La parole se transmet à la vitesse de la lumière, pour ne rien dire , se taire un peu serait bénéfique . Qu' on arrête de nous gaver de pets tournés de travers, ça nous reposerait .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

1er février 1764 1

Mon cher frère, je n’ai point été trompé dans mes espérances . Le réquisitoire de maître Omer 2 est un des plus plats ouvrages que j’aie jamais lus. Il n’y a pas quatre lignes qui soient écrites en français, et son style pédantesque est digne de lui. Je suppose, par les citations, que le mandement de maître de Beaumont est aussi ennuyeux que le discours de maître Omer . De tout ce que j’ai vu depuis dix ans sur toutes ces pauvretés qui ont agité tant d’énergumènes, je ne connais de raisonnable que la déclaration qui impose silence à tous les partis ; le roi me paraît très sage, mais il me paraît le roi des petites-maisons. Qu’on se donne un peu la peine de se retracer dans l’esprit un tableau fidèle de tout ce qui s’est fait de plus fou en France depuis les billets de confession jusqu’à l’arrêt du parlement de Toulouse, qui défend qu’on reconnaisse le commandant du roi pour commandant 3, qu’on aille ensuite chez le directeur des petites-maisons prendre un relevé de tout ce qui s’y est fait et dit depuis dix ans, et ce n’est pas pour les petites-maisons que je parierai.

Heureux, encore une fois, ceux qui cultivent en paix et en liberté les belles-lettres loin de tant de fous, et qui préfèrent Cicéron et Démosthène à Beaumont et Omer ! J’ai bonne opinion du contrôleur-général 4, parce qu’on n’entend point parler de lui. Le plus sage ministre est toujours celui qui donne le moins d’édits. Je n’aimerais pas un médecin qui voudrait guérir tout d’un coup une maladie invétérée.

Je crois, mon cher frère, que M. le duc de Praslin rapportera bientôt au conseil mon affaire des dîmes. J’espère que je me moquerai alors du concile de Latran, qui excommunie les particuliers possesseurs de dîmes inféodées . J’ai plusieurs causes assez agréables de damnation par devers moi. Il est vrai que j’ai un peu les yeux d’un excommunié, et je ne peux ni lire ni écrire ; mais on dit que je serai guéri avant le mois de juin. En attendant, je vous demande toujours votre protection pour avoir les livres que j’ai demandés .

Le bon prêtre, auteur de La Tolérance, qu'on m'impute, vous prie toujours instamment d'empêcher qu'on ne débite son ouvrage scandaleux, mais si vous pouviez en prendre pour vous une douzaine d'exemplaires , et les faire circuler avec votre prudence ordinaire, entre des mains sûres et fidèles , vous rendriez par là un grand service aux honnêtes gens, sans alarmer la délicatesse de ceux qui craignent que cet ouvrage ne soit trop répandu . Ce n’est pas encore, je crois, le temps des contes ; mais on enverra, le plus tôt qu’on pourra, à mon cher frère, quelque bagatelle sur laquelle on lui demandera son avis.

J’ai peur que l’exploit signifié par M. de Créquy 5 à son curé ne soit une plaisanterie. Les Français ne sont pas encore dignes que la chose soit vraie.

Nous avons un bien mauvais temps . Ma santé est encore plus mauvaise. Adieu , mon très cher frère . Ecr l’inf »

1 L'édition de Kehl fait un amalgame avec la lettre du 22 janvier et celle du 27 janvier 1764 à Damilaville . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-5.html

2 Contre l'Instruction pastorale de Christophe de Beaumont .

5 Voir dans le Dictionnaire philosophique l'article Prières ; et voir lettre du 27 janvier 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/02/03/les-francais-ont-actuellement-l-estomac-surcharge-de-mandements-de-remontra.html

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12/02/2019 | Lien permanent

il faut défendre les vivants et les morts contre les gens d’Église

31 mai (joli anagramme : mai, ami) 1778 ,11h du soir : mort de Voltaire.

François-Marie va rejoindre des prédécesseurs illustres, de fieffés imbéciles , des génies, des malfaisants et des bienfaiteurs, etc...

Avant moi, il a la réponse à la question qui  angoisse tant certains qu'ils se mettent entre les mains de charlatans, de gourous, de meneurs d'âmes à la petite semaine qui ne prêchent que pour leur intérêt et celui de leurs séides.

Volti est resté un homme libre de penser qu'il y a  un dieu,(assurément pour lui ;-peut-être-; le peut-être me concerne ) et que ce dieu n'est ni vengeur ni bienfaiteur absolu. Cet homme a assumé son état et s'est délié de toute croyance religieuse dont il a montré  les exagérations et les sources de malheur.

Voltaire, en ce jour un peu particulier, je te dis encore merci....

 

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J'ai aussi une raison très personnelle de le remercier ; ce jeudi il m' a permis de faire la connaissance d'une charmante dame et de vivre une aventure peu commune . Je ne vous préciserai ceci que lorsque les évènements le permettront : les pronostics sont ouverts !... Oubliez vos pensées canailles, je suis prêt à parier ma paye (qui est fort maigre au demeurant !, avis au gouvernement ...) que vous ne trouverez pas avant que je vous l'indique ... A suivre.

De toute façon, Voltaire est toujours vivant, peu écouté certes ( la recherche de la vérité et sa défense fachent trop de gens), mais terriblement vivant .

Les visiteurs du château qu'il a fait bâtir à Ferney, où il a vécu 18 ans, viennent du monde entier . Rois du Top 50, qui se souviendra de vous dans 231 ans, et même sans aller jusque là, dans 30 ans ?

 

 

 

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville et à Nicolas-Claude Thiriot

 

 

 

                        Mes philosophes me donnent grande envie de voir cet ouvrage de M. Dardelle [La Conversation de M. l’intendant des menus en exercice avec M. l’abbé Grizel, 20 mai 1761,  est signée de Georges Avenger Dardelle, écrite par V* pour répondre au discours de Le Dains du 15 mai]. Je ne connais que l’eau d’ardelle, et je ne sais si elle est bonne pour la brûlure [allusion au fait qu’on pourrait brûler cette brochure comme celle de Huerne qui a été condamnée]. Au reste c’est à M. Dardelle à répondre de tout.

 

                        Pourrait-on déterrer dans Paris quelque pauvre diable d’avocat, non pas dans le goût de Le Dains, mais un de ces gens qui étant gradués et mourant de faim, pourraient être juges de village ? Si je pouvais rencontrer un animal de cette espèce, je le ferais juge de mes petites terres de Tournay et Ferney. Il serait chauffé, rasé, alimenté, porté, payé. [rappel de Le Joueur, de Regnard]

 

                        J’ai un besoin pressant du malheureux Droit ecclésiastique [ La pratique de la juridiction  ecclésiastique, volontaire, gracieuse, et contentieuse, fondée sur le droit commun et sur le droit particulier du royaume, de François Ducasse, édition 1718 qui se trouvera dans la bibliothèque de V*] qui ne devrait pas être un droit. J’ai un procès pour un cimetière [des os sont mis à jour lors du début de la démolition de l’ancienne église de Ferney que V* veut rebâtir : « des côtelettes de mouton » selon V* ; arrêt des travaux sur ordre de l’évêque d’Annecy] : il faut défendre les vivants et les morts contre les gens d’Église. Mille pardons de mes inopportunités, mes chers philosophes.

 

                        Mes compliments de condoléances à frère Berthier et à frère Lavalette [le père jésuite Lavalette, procureur général de l’Ordre de la Martinique, fondateur d’un établissement de commerce, fait faillite en 1760, suite à la prise de plusieurs navires par les Anglais ; les commerçants marseillais lésés portent plainte contre la Compagnie de Jésus qui exclut Lavalette et refuse de payer ; la Compagnie perdit son procès en 1761 ] , mille louanges à maître Le Dains qui traite Corneille d’infâme ; mais il ne faut montrer la Conversation de l’abbé Grizel et de l’intendant des menus qu’au petit nombre des élus dont la conversation vaut mieux que celle de maître Le Dains . On supplie les philosophes de ne montrer le cher Grizel qu’aux gens dignes d’eux, c’est-à-dire peu de personnes.

 

                        Je souhaite que M. Lemierre soit bien damné, bien excommunié, et que sa pièce réussisse beaucoup, car on dit que c’est un homme de mérite, et qui est du bon parti. Je prie les frères de vouloir bien m’envoyer des nouvelles de Terée.[tragédie de Le Mierre,  jouée le 25 mai 1761]

 

                        Courez tous sus à l’infâme habilement : ce qui m’intéresse c’est la propagation de la foi, de la vérité, le progrès de la philosophie et l’avilissement de l’Inf.

 

                        Je vous donne ma bénédiction du fond de mon cabinet et de mon cœur.

 

 

                        Voltaire

                        31 mai 1761. »

Il lui reste 17 ans de vie terrestre, les années les plus fécondes pour lui et pour nous, heureux héritiers .

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La gloire, après tout, est l’unique récompense des belles actions ; tous les autres avantages passent, ou même sont mêlé

... Benjamin Netanyahou sera ignoré de la gloire tant son action est détestable dans son obstination guerrière; et son adversaire, le Hamas, lui, sera rejeté par ses coreligionnaires palestiniens pris entre deux feux . Il n'y aura pas de vainqueur respectable, la vengeance est inévitable .  On croirait revivre l'action des USA et leur escalade armée au Vietnam ; on sait comment ça a fini . Tant de morts, de blessés , de territoires dévastés, en vain pour les capitalistes de la soi-disant "plus grande nation du monde", et pour une victoire ensanglantée pour les dictateurs communistes .

Bandes de fous furieux !

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

26è septembre 1768 à Ferney

Je prends le parti, monseigneur, de vous envoyer quelques feuilles de la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, avant qu’elle soit achevée. Non-seulement je vous dois des prémices, mais je dois vous faire voir la manière dont j’ai parlé de vous 1 et de M. le duc d’Aiguillon 2. Vous me reprochâtes de n’avoir point fait mention de l’affaire de Saint-Cast . Il ne s’agissait alors que du règne de Louis XIV, et les principaux événements qui ont suivi ce beau siècle n’étaient traités que sommairement. Je ne pouvais entrer dans aucun détail, et mon principal but étant de peindre l’esprit et les mœurs de la nation, je n’avais point traité les opérations militaires . Mais, donnant dans cette édition nouvelle un Précis du Siècle de Louis XV, je me fais un plaisir, un devoir et un honneur, de vous obéir.

Peut-être l’importance des derniers événements fera passer à la postérité cet ouvrage, qui ne mériterait pas ses regards par son style trop simple et trop négligé. Du moins les nations étrangères le demandent avec empressement, et les libraires leur ont déjà vendu toute leur édition par avance. Ce sera une grande consolation pour moi, si la justice que je vous ai rendue, et la circonspection 3 avec laquelle j’ai parlé sur d’autres objets, sans blesser la vérité, peuvent trouver grâce devant vous et devant le public. La gloire, après tout, est l’unique récompense des belles actions ; tous les autres avantages passent, ou même sont mêlés d’amertume : la gloire reste, quand elle est pure.

J’ai beaucoup envié le bonheur qu’a eu Mme Denis de vous renouveler ses hommages à Paris. J’ai cru que dans la résolution que j’ai prise de vivre avec moi-même, et de n’être plus l’aubergiste de tous les voyageurs de l’Europe, une Parisienne eût trop souffert en partageant ma solitude.

Je me suis dépouillé d’une partie de mon bien, pour la rendre heureuse à Paris. J ai pensé qu’à l’âge de près de soixante-quinze ans, assujetti par mes maladies à un régime qui ne convient qu’à moi, et condamné par la nature à la retraite, je ne devais pas faire souffrir les autres de mon état.

Les médecins m’avaient conseillé les eaux de Baréges 4, je ne sais pas trop bien pourquoi. Je n’ai point les maladies de Lekain 5, qui y est allé par leur ordre. Je n’espère point guérir, puisqu’il faudrait changer en moi la nature ; mais j’aurais fait volontiers le voyage pour être à portée de vous faire ma cour. J’aurais été consolé du moins en vous présentant encore, avant de mourir, mon tendre et respectueux attachement . C’est un avantage dont j’ai été malheureusement privé. Il ne me reste qu’à vous souhaiter une vie aussi heureuse et aussi longue qu’elle a été brillante. Je me flatte que vous daignerez toujours me conserver des bontés auxquelles vous m’avez accoutumé pendant plus de quarante années.

Notre sous-doyen 6 de l’Académie française va mourir, s’il n’est déjà mort. J’espère que le nouveau doyen sera plus alerte que lui, quand il aura quatre-vingt-cinq ans comme le sous-doyen .

Agréez, monseigneur, mon respect, mon dévouement inviolable, et mes souhaits ardents pour votre conservation comme pour vos plaisirs. 

V.»

3  Circonspection relative et souvent à double face . Ainsi en faisant l’éloge du duc d'Aiguillon, V* se met en état de dire que celui-ci souffrit « une persécution publique et acharnée, presque semblable à celle de Lally, qui prouve que ceux-là seuls ont raison qui se dérobent à la cour et au public . » Du reste, faire l'éloge du duc d'Aiguillon à propos de l'affaire de Saint-Cast est pure flagornerie . Car si celui-ci avait bien le commandement nominal des troupes, il prit soin de se tenir à l'écart de l’action quand celle-ci s’engagea véritablement .

4 Les eaux de Barèges-Hautes-Pyrénées- sont sulfureuses et guérissent notamment les maladies de la peau .

5 Lekain a des maladies de la peau secondaires à une autre maladie dont il a été déjà question ; voir Jean-Jacques Olivier, Henri – Louis Le Kain, 1907, p. 183-193 : https://play.google.com/store/books/details?id=7sA3AQAAMAAJ&rdid=book-7sA3AQAAMAAJ&rdot=1

Voir : https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/le-kain#

6 Voltaire veut parler de d’Olivet ; mais cet abbé n’était pas le doyen de l’Académie. Ce titre appartenait à Richelieu. Voir la lettre du 22 août 1757 à d'Olivet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/11/c-est-peu-de-chose-d-exister-en-peinture.html

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09/04/2024 | Lien permanent

je doute que vos grandes occupations vous laissent le temps de lire mon fatras, et que votre goût vous en laisse la pati

... Aussi serai-je bref ! Point de fatras .

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Place à Voltaire ...

 

« A Jean-Philippe Fyot de La Marche

Monsieur, je doute que vos grandes occupations vous laissent le temps de lire mon fatras, et que votre goût vous en laisse la patience ; mais pour moi je relirai souvent la lettre charmante dont vous m'avez honoré : elle respire une sensibilité, une bonté de cœur, et une finesse de goût qu'on a rarement dans la place que vous occupez . Le fardeau et le détail des affaires n'ôtent rien aux agréments de votre esprit ; c'est vous, monsieur, qui me faites véritablement bourguignon . M. le président de Ruffey m'honore d'une place dans votre Académie ; M. Le Bault me procure du vin de Bourgogne ; mes terres écrasées de tous côtés par le mont Jura me soumettent à votre parlement ; mais ce sont vos bontés qui me font le cœur bourguignon , et qui me donnent mes lettres de naturalité ; elles sont signées aussi La Marche, Ruffey et Le Bault . Tout m'engage à venir présenter mes tendres remerciements dans votre capitale . Ma malheureuse santé est le seul obstacle . Je suis condamné à des assujétissements continuels qui rendraient la vie odieuse, si la philosophie ne la rendait supportable . C'est cet état qui me réduit à vous écrire d’une main étrangère . Je vous prie de me le pardonner, et de n'envisager que le respect, et tous les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

Au château de Ferney en Bourgogne,

ce 29è mars 1761 . »

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16/03/2016 | Lien permanent

Voici le temps de copier les rôles et de les apprendre

... Et nous irons sans doute plus souvent à la soupe à la grimace qu'à la franche entente : et c'est parti pour cinq ans !  Bla bla bla : https://www.20minutes.fr/politique/3313111-20220622-legis... 

Rétropédalage (inévitable avec un tel bonhomme prêt à tout ) : https://www.bfmtv.com/politique/elections/legislatives/proposition-de-groupe-unique-melenchon-concede-avoir-peut-etre-ete-un-peu-trop-rapide_AN-202206210462.html

https://cdn-s-www.leprogres.fr/images/339456AA-D7CC-4BFC-82C1-973D475618FB/MF_contenu/le-dessin-du-jour-1651250703.jpg

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

[10-11 février 1767] 1

Je reçus hier la lettre du 3 février de mon cher ange, après avoir fait partir ma réponse à la lettre du 2è. Je suppose toujours que les deux exemplaires adressés à M. le duc de Praslin lui sont parvenus.

Les dernières additions que j’ai envoyées à mon ange et à M. de Thibouville peuvent servir aisément à rendre les deux exemplaires complets et corrects . Mais, pour abondance de précautions, voici encore un exemplaire nouveau, bien exactement revu, lequel pourra servir de modèle pour les autres ; il part à l’adresse de M. le duc de Praslin.

Je ne saurais être de l’avis de mon ange sur ce vers d’Obéide, dans la scène avec son père, au cinquième acte :

Elle m’a plus coûté que vous ne pouvez croire.


Cela ne veut dire autre chose pour ce père, sinon qu’il en a coûté beaucoup d’efforts à une jeune personne, élevée à la cour, pour venir s’ensevelir dans des déserts ; mais, pour le spectateur, cela veut dire qu’elle aime Athamare. Si j’avais le malheur de céder à cette critique, j’ôterais tout le piquant et tout l’intérêt de cette scène. J’ai fait humainement ce que j’ai pu. Il ne faut pas demander à un artiste plus qu’il ne peut faire ; il y à un terme à tout ; personne ne peut travailler que suivant ses forces.

Voici le temps de copier les rôles et de les apprendre ; il n’y a plus ni à reculer ni à travailler. Je demande seulement qu’on joue La Jeune Indienne 2 avec Les Scythes. Je serai bien aise de donner cette marque d’attention à M. de Chamfort, qui est, dit-on, très aimable, et qui me témoigne beaucoup d’amitié. Si ces deux pièces sont bien jouées, elles vaudront de l’argent au tripot ; elles donneront du plaisir à mes anges, mais, pour moi, je suis incapable de plaisir : je ne le suis que de consolation, et ma plus grande est l’amitié dont mes anges m’honorent.

N. B. – Dans le tracas horrible qui m’a accablé pendant un mois, je ne me suis jamais aperçu d’une faute d’impression au cinquième acte, page 64 :

Sozame a-t-il appris que sa fille qu’il aime.


Il y avait dans le manuscrit :

Sozame a-t-il appris à sa fille qui m’aime.


Il y a encore quelques petits changements fort légers dans la copie ci-jointe.

N. B. Comment pouvez-vous m’outrager au point de me soutenir que ce vers :

Elle m’a plus coûté que vous ne pouvez croire,


signifie :

Mon père, j’adore Athamare, et je ne le tuerai point, puisque le moment d’après elle dit :

Après ce coup terrible et qu’il me faut porter ?


Ce mot
qu’il me faut porter ne rejette-t-il pas très-loin tous les soupçons que pourrait concevoir le père ? D’ailleurs, quels soupçons pourrait-il avoir après les serments de sa fille ? Vous tueriez ma pièce si vous ôtiez Elle m’a plus coûté que vous ne pouvez croire. Je sais bien qu’il y aura quelques mouvements au cinquième acte parmi les malintentionnés du parterre ; mais je vous réponds que le receveur de la Comédie sera très-content de la pièce. Laissons dire Fréron et l’avocat Coquelet 3, son approbateur, et les soldats de Corbulon[3] 4, s’il y en a encore, et qu’on sonne 5 le bouteselle.

Mille tendres respects. Je ne sais point la demeure de M. le chevalier de Chastellux . Je prends la liberté de vous adresser la lettre 6.

V."

1 L'édition de Kehl est limitée à quelques lignes amalgamées à la lettre du 11 ; Cayrol la date du 8 février 1767, ce qu'on corrige en voyant la lettre du 11 .

2 La Jeune Indienne , de Chamfort, ne fut jamais représentée avec Les Scythes malgré la parenté des sujets . Voir : http://theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/CHAMFORT_LAJEUNEINDIENNE.xml

 

3 Ou plutôt Coqueley ; voir la lettre à Damilaville du 10 avril 1767: http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/05/correspondance-annee-1767-partie-26.html

L'approbateur de la pièce est bien Coqueley, et non Coquelet, comme l'écrit Wagnière .

4 On appelle ainsi les partisans de Crébillon ; par allusion aux vers de Rhadamiste et Zénobie, ac. III, sc. 2 :

De quels front osez-vous, soldats de Corbulon,

M’apporter dans ma cour les ordres de Néron ?

Voir la note 2 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome37.djvu/416

5 Et non qu'on some, comme le porte l'édition Besterman . Il s'agit d'une sonnerie de la cavalerie ordonnant la montée en selle .

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22/06/2022 | Lien permanent

Le faux prend la couleur de la vérité à laquelle il est mêlé . La calomnie se perpétue dans l'Europe si on ne prend soin

... Ce serait presque satisfaisant si ça se limitait effectivement à l'Europe . Mais, diable, le monde entier est touché, le Net est son terreau .

 

 

« A Jacques Lacombe, Libraire

Quai de Conti

à Paris

7è auguste 1767 à Ferney 1

Je vous suis très obligé, monsieur, des livres que vous m'envoyez . Ils sont pour l'usage du jeune homme dont je vous avais parlé .

Il serait sans doute bien flatteur pour moi qu'un homme de lettres tel que vous, qui a bien voulu se donner à la typographie, entreprit la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV que j'ai consacré principalement à la gloire des belles-lettres et des beaux-arts. J'ai augmenté le catalogue raisonné des gens de lettres d'un grand tiers ; et j'ai tâché de détruire plus d'un préjugé et plus d'une fable qui déshonoreraient un peu l'histoire littéraire de ce beau siècle . J'en ai usé ainsi, dans la liste des souverains contemporains, des princes de sang, des généraux et des ministres . D’anciens recueils que j'avais faits pour mon usage, et que j'ai retrouvés, m'ont beaucoup servi . J'ai reçu de toutes parts depuis des années des instructions que je fais entrer dans le corps de l’ouvrage . J'ose enfin le regarder comme un monument élevé à l'honneur de la France . Il est très triste pour moi que cette édition ne se fasse pas en France ; mais vous savez que je suis plus près de Genève et de Lausanne que de Paris . L'édition est commencée . Ma méthode dont je n'ai jamais pu me départir est de faire imprimer sous mes yeux, et de corriger à chaque feuille ce que je trouve de défectueux dans le style . J'en use ainsi en vers et en prose . On voit mieux ses fautes quand elles sont imprimées .

Au reste , cette édition est principalement destinée aux pays étrangers . Vous ne sauriez croire quels progrès a fait notre langue depuis dix ans dans le Nord . On y recherche nos livres avec plus d’avidité qu'en France . Nos gens de lettres instruisent vingt nations tandis qu'ils sont persécutés à Paris , même par ceux qui osent se dire leurs confrères .

Quant au mémoire qui regarde les calomnies absurdes du sieur La Beaumelle, il était encore plus nécessaire pour les étrangers que pour les Français . On sait bien à Paris que Louis XIV n'a point empoisonné le marquis de Louvois ; que le Dauphin , père du roi, ne s'est point entendu avec les ennemis pour faire prendre Lille ; que Monsieur le duc, père de M. le prince de Condé d'aujourd'hui, n'a point fait assassiner M. Vergier . Mais à Vienne, à Bude, à Berlin, à Stokholm, à Petersbourg, on peut aisément se laisser séduire par le ton audacieux dont La Beaumelle débite ces abominables impostures . Ces mensonges imprimés sont d'autant plus dangereux qu'ils se trouvent aussi à la suite des lettres de Mme de Maintenon qui sont pour la plupart authentiques . Le faux prend la couleur de la vérité à laquelle il est mêlé . La calomnie se perpétue dans l'Europe si on ne prend soin de la détruire . Il est de mon devoir de venger l'honneur de tant de personnes de tout rang outragées, surtout dans des notes infâmes dont ce malheureux a défiguré mon propre ouvrage. J'étais historiographe de France lorsque je commençai Le Siècle de Louis XIV . Je dois finir ce que j'ai commencé , je dois laver ce monument de la fange dont on l'a souillé . Enfin , je dois me presser, ayant peu de temps à vivre .

Recevez, monsieur, les assurances de mon estime et de mon attachement .

V.

N. B. – Il me semble que vous pourriez mettre cette lettre dans votre Avant-Coureur en commençant à ces mots il serait sans doute .

M. Daquin dont je ne connaissais pas le livre ne m'a pas rendu justice en bien des choses, et surtout dans l'idée où il est que mes ouvrages ont fait ma fortune . Il se trompe beaucoup . »

1 Original, la fin autographe à partir de la formule, mention de service « de Genève » . Édition l'Avant-Coureur du 17 août 1767 ; Édition de Kehl ; l'une et l’autre incomplètes du premier paragraphe et de toutes la fin autographe, mais grossies d'une version abrégée de la lettre du 4 septembre 1767 .

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16/03/2023 | Lien permanent

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