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30/09/2009

La discorde et l’envie sont faites pour la médiocrité

Il n'y a pas d'heure pour les braves. En suis-je ? J'ose l'espèrer , en tout cas je fais tout pour .

Le coeur passe avant l'esprit, ce qui explique ma mise en page tardive.

Une tendre amie méritait la priorité sinon je n'aurais même pas mérité la corde pour me pendre, et pour tout vous dire , bande de curieux avides de Secret Story, elle est trop belle pour vous ! Elle me bouleverse et j'en suis heureux.

Saurai-je lui rendre la pareille ? Suis-je encore capable de cet élan ? Dites "oui", lecteurs, ou je ne vous parle plus !!

Qui a dit :"enfin" ?

Ne vous réjouissez pas trop, un seul oui suffira pour que je continue ma coupable occupation , vous faire connaître un homme du XVIIIème siècle que je vois comme un frère des hommes du XXIème ; son esprit n'a pas une ride et son rire me met en joie .

Il m'accompagnera jusqu'à ce que mes neurones me lachent .

Qui a crié :"ça commence déjà ! ".

"La locomotive de vos sarcasmes patine sur les rails de mon indifférence !!": Hugh ! j'ai dit .

 

loco vapeur.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"La discorde et l'envie sont faites pour la médiocrité" : de ce fait je ne vous parlerai plus (-je ne vous citerai plus-) des activités, ou plutôt des inactivités d'un agent, dit d'Etat, qui franchement ne mérite pas un mot autre que ... Oui, je crois que vous avez trouvé sans mon aide !

Adieu M. H.... (comme la bombe, aussi nocif ! ).

 

 

 

 

 

 

 

 

Poursuivons ...

 

 

http://www.dailymotion.com/video/x2qwj0_jacques-brel-au-s...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«  A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Je ne comprends, mon cher ange, ni votre lettre ni vous. J’ai suivi de point en point la distribution que Lekain m’avait indiquée, comme par exemple de donner Alzire à Mlle Durancy, et Zaïre à Mlle Dubois, etc.

 

Comme je ne connais point les talents ni de l’une ni de l’autre, je m’en suis tenu uniquement à la décision de Lekain, que j’ai confirmée deux fois.

 

Mlle Dubois m’a écrit en dernier lieu une lettre lamentable à laquelle j’ai répondu par une lettre polie. Je lui ai marqué que j’avais partagé les rôles de mes médiocres ouvrages entre elle et Mlle Durancy ; que si elles n’étaient pas contentes, il ne tiendrait qu’à elles de s’arranger ensemble  comme elles voudraient. Voilà le précis de ma lettre ; vous ne l’avez pas vue sans doute. Si vous l’avez vue, vous ne me feriez  pas les reproches que vous me faites.[à Damilaville le 12 octobre : « Soyez très persuadé que je n’ai nulle part à la retraite de Mlle Durancy ; M. d’Argental a été très mal informé. »]

 

                            M. de Richelieu m’en fait de son côté de beaucoup plus vifs s’il est possible [V* répondait à Richelieu le 9 septembre : « La petite Durancy avait joué chez moi, aux Délices, à l’âge de quatorze ans. Je ne lui ai donné quelques rôles que sur la réputation qu’elle  s’est faite depuis. J’ai fait un partage assez égal entre elle et Mlle Dubois. Il me paraît que ce partage entretient une émulation nécessaire. Si Mlle Durancy  ne réussit pas, les rôles reviendront naturellement aux actrices  qui sont plus au goût du public et vos ordres décideront de tout. »].Il est de fort mauvaise humeur. Voilà entre nous, la seule récompense d’avoir soutenu le théâtre pendant près de cinquante années, et d’avoir fait des largesses de mes ouvrages depuis environ quinze ans.

 

                            Je ne me plains pas qu’on m’ôte une pension que j’avais, dans le temps qu’on en donne une à Arlequin [l’acteur Carlin de la Comédie Italienne]. Je ne me plains pas du peu d’égard que M. de Richelieu me témoigne sur des choses plus essentielles. Je ne me plains pas d’avoir sur les bras un régiment [la veille , il écrivait à S. Dupont : « Les dissensions de Genève m’ont attiré un régiment entier en garnison dans mes terres. ». Sur la manière dont il a traité ce régiment et sur la reconnaissance qu’on lui en témoigne, voir la lettre écrite à Choiseul le 16 mars 1768, en simulant une lettre à lui adressée par le ministre.] sans qu’on me sache le moindre gré de ce que j’ai fait pour lui. Je ne me plains que de vous, mon cher ange, parce que plus on aime, plus on est blessé.

                           

Il est plaisant que presque dans le même temps je reçoive des plaintes de M. de Richelieu et de vous [On sait que d’Argental et Richelieu n’étaient pas en bons temes ; le 9 septembre V* avait écrit au duc que « le pauvre M. d’Argental a été bien loin de se mêler dans ces tracasseries. »] Il y a sûrement une étoile sur ceux qui cultivent les lettres, et cette étoile n’est pas bénigne. Les tracasseries viennent me chercher dans mes déserts. Que serait-ce si j’étais à Paris ? Heureusement notre théâtre de Ferney n’éprouve point de ces orages. Plus les talents de nos acteurs sont admirables, plus l’union règne parmi eux. La discorde et l’envie sont faites pour la médiocrité. Je dois me renfermer dans les plaisirs purs et tranquilles que mes maladies cruelles me laissent encore  goûter quelquefois. Je me flatte que celui qui a le plus contribué à ces consolations ne les mêlera pas d’amertume  et qu’une tracasserie entre deux comédiennes ne troublera pas le repos d’un homme de votre considération et de votre âge, et n’empoisonnera pas les derniers jours qui me restent à vivre.

 

                   Vous ne m’ayez  point parlé de Mme de Grolée [la riche tante de Lyon, sœur du cardinal de Tencin, dont d’Argental pourrait hériter .], vous croyez qu’il n’y a que  les spectacles qui me touchent. Vous ne savez pas qu’ils sont mon plus léger souci, qu’ils ne servent qu’à remplir le vide de mes moments inutiles, et que je préfère infiniment votre amitié à la vaine et ridicule gloire des belles-lettres qui périssent dans ce malheureux siècle.

 

                            Voltaire

                                  30 septembre 1767. »

29/09/2009

Quel est le père qui voulût qu’on coupât les pieds de son fils ?

-Et si je pétais un peu les plombs ?

-Non, pas ce soir, pas devant tout le monde quand même !

-OK ! alors braillez avec moi : http://www.youtube.com/watch?v=HesqzeopgEg&feature=re... et vous verrez que ça va mieux après (et même pendant ). Il n y a pas de raison que je sois le seul à avoir cette chanson qui trotte (ou plutôt galope ) dans la tête .

Et comme je suis encore un adepte de la galette de vinyl , en voici quelques uns qui m'en ont mis plein les yeux : http://www.koreus.com/video/vinyle-freestyle.html

 

 

 

 

 

crash-of-the-titans.jpg

 

 

 

 

Tout ça n 'a rien à voir avec Volti me dites-vous !

Exactement ! fichtrement exact, mais je ne suis qu'un homme ... qui rêve d'une femme ...

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et

 à Jeanne -Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

 

         Je réponds, ô mes anges gardiens, à votre bénéfique lettre dont Roscius [Lekain] a été le scribe, et je vous envoie la façon dont nous jouons toujours Zulime. Je peux vous répondre que cette fin est déchirante et que si on suit notre leçon on ne s’en trouvera pas mal.[Zulime sera reprise le 2 octobre à la Comédie française ; la dernière scène avait été écourtée lors des représentations de décembre 1761- janvier 1762 à la Comédie française ; on avait entre autres supprimé le : « J’en suis indigne. » dont V* était très fier.]

 

Ce n’est pas que j’aie jamais regardé Zulime comme une tragédie de premier ordre. Vous savez combien j’ai résisté à ceux qui avaient le malheur de la préférer à Tancrède qui est à mon gré un  ouvrage très théâtral, un véritable spectacle, et qui a en plus le mérite de l’invention et de la singularité, mérite que n’a point Zulime.[V* signale que Zulime ressemble à d’autres pièces : à Bajazet en particulier, à l’Ariane de Thomas Corneille , à l’Ines de Houdar de La motte, à la Callirhoé  de Pierre-Charles Roy ( et dans la version de 1739-1740, au Cid)].

 

Je vous supplie très instamment de vous opposer à cette fureur d’écourter toutes les fins de pièces. Il vaut bien mieux ne les point jouer. Quel est le père qui voulût qu’on coupât les pieds de son fils ?

 

Lekain m’a envoyé la façon dont il dit qu’on joue Zaïre ! [reprise le 6 février 1762] Cela est abominable. Pourquoi estropier ma pièce au bout de vingt ans ? Il me semble qu’il se prépare un siècle d’un goût bien dépravé. Je n’ai pas mal fait de renoncer au monde. Je ne regrette que vous dans Paris.

 

Je n’aurai M. le maréchal de Richelieu que dans quelques jours.[le 1er octobre]. Notre tripot ne laisse pas de nous donner de la peine. Ce n’est pas toujours une chose aisée de rassembler une quinzaine d’acteurs au pied du mont Jura, et il est encore plus difficile de conserver ses yeux et ses oreilles à soixante et huit ans passés avec un corps des plus minces et des plus frêles.

 

Je vous ai écrit sur les Calas. Je vous ai adressé mon petit compliment à M. le comte de Choiseul [le 6 septembre V* avait félicité Choiseul de vouloir faire la paix : « les voix de beaucoup d’étrangers … disent qu’on doit vous bénir si vous faites la paix à quelque prix que ce soit. Permettez-moi donc … de vous faire mon compliment. Je suis comme le public, j’aime beaucoup mieux la paix que le Canada, et je crois que la France peut être heureuse  sans Québec. Vous nous donnez précisément ce dont nous avons besoin. ». Des préliminaires de paix franco-anglo-espagnols vont être signés en octobre. La paix en Allemagne ne se fera qu’en février 1763.]. Vous ne m’avez point dit s’il en est bien mécontent.

 

Je vous ai adressé un petit mémoire très politique qui ne me regarde pas.[le 23 septembre V* fait proposer par les d’Argental au comte de Choiseul l’entremise d’un membre de la famille Tronchin (dont il répond), beau-frère du secrétaire de l’ambassade anglaise qui « est … l’âme unique de cette négociation » qui « peut avoir quelques épines ».]

 

Je suis un peu en peine de mon impératrice Catherine. Vous savez qu’elle m’a engagé à obtenir des encyclopédistes persécutés par cet Omer de venir  imprimer leur dictionnaire chez elle [à Diderot le 25 septembre , il écrit : « M. de Shouvalov me charge d’obtenir de vous que la Russie soit honorée de l’impression de votre Encyclopédie… Je doute que vos engagements pris à Paris vous permettent de faire à Riga la faveur qu’on demande ; mais goûtez la consolation et l’honneur d’être recherché par une héroïne tandis que des Chaumeix, de Berthier et des Omer osent vous persécuter. »]. Ce soufflet donné aux sots et aux fripons du fond de la Scythie était pour moi une grande consolation, et devait vous plaire. Mais je crains bien qu’Ivan ne détrône notre bienfaitrice [Ivan, petit neveu de l’impératrice Anne qui l’avait déclaré son successeur ; il fut emprisonné par Elisabeth, et à nouveau par Catherine.], et que ce jeune Russe élevé en russe, chez des moines russes, ne soit point du tout philosophe.

 

Je vous conjure, mes divins anges, de me dire ce que vous savez de ma Catherine.

 

Je baise le bout de vos ailes plus que jamais.

 

 

V.

28 septembre 1762. »

http://www.youtube.com/watch?v=OGWfLiEoG98&NR=1

Qui ne l'a jamais chanté ?

28/09/2009

L'abbé Desfontaines et JJ Rousseau : "sont des araignées qu’on ne trouve point dans les maisons bien tenues."

Pour bien vous montrer que je ne suis pas contre tout,( mais parfois tout contre ), je vous fais profiter d'un digne descendant de Volti : Pierre Desproges ; qui ne l'a entendu ou lu ne sait pas ce que c'est que l'humour , le bel humour !

 

http://www.youtube.com/watch?v=7BR4gXOe36k&feature=re...

 

 

 

 

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 Ce matou a sans aucun doute été inspiré par  le buste de "Voltaire en prière" qui a figuré à l'exposition de "Voltaire en têtes" cette saison au chateau de Volti.

Prie pour moi pour que je retombe toujours sur mes pattes !!

 

 

 

«  A Madame de Champbonin

 

 

                            Ma chère amie, Paris est un gouffre, où se perdent le repos et le recueillement de l’âme, sans qui la vie n’est qu’un tumulte importun. Je ne vis point. Je suis porté, entrainé loin de moi dans les tourbillons. Je vais, je viens, je soupe au bout de la ville, pour souper le lendemain à l’autre. D’une société de trois ou quatre intimes amis, il faut voler à l’Opéra, à la Comédie , voir des curiosités comme un étranger, embrasser cent personnes en un jour, faire et recevoir cent protestations, pas un instant à soi , pas le temps d’écrire, de penser, ni dormir. Je suis comme cet ancien qui mourut accablé sous les fleurs qu’on lui jetait. De cette tempête continuelle, de ce roulis de visites, de ce chaos éclatant, j’allais encore à Richelieu avec Mme du Châtelet, je partais  en poste ou à peu près, et nous revenions de même pour aller enterrer à Bruxelles toute cette dissipation. Mme la duchesse de Richelieu s’avise de faire une fausse couche, et voilà un grand voyage de moins. Nous partons probablement au commencement d’octobre, pour aller plaider tristement, [procès que fait Mme du Châtelet pour hériter du marquis de Trichâteau] après avoir été ballottés ici assez gaiement, mais pas trop fort. C’est avoir la goutte après avoir sauté. Voilà notre vie, mon cher gros chat ; et vous, tranquille dans votre gouttière, vous vous moquez de nos écarts ; et moi, je regrette ces moments pleins de douceur où l’on jouissait à Cirey de ses amis, et de soi-même. Qu’est-ce donc que ce ballot de livres arrivés à Cirey ? Est-ce un paquet d’ouvrages contre moi ? Je vous dirai en passant qu’il n’est pas plus question ici des horreurs de l’abbé Desfontaines [La Voltairomanie] , que s’il n’avait jamais existé. Ce malheureux ne peut pas plus se fourrer dans une bonne compagnie à Paris, que Rousseau à Bruxelles. Ce sont des araignées qu’on ne trouve point dans les maisons bien tenues. Mon cher gros chat, je baise mille fois vos pattes de velours.

 

 

                            Voltaire

                            De Paris 28 septembre 1739. »

 

 

 

 

 

Ne partez pas sans biscuit : la nuit ,ou le jour qui vous attend risque d'être long ; dans les deux cas attaquez par une pinte de rire et continuez sans modération à volonté : http://www.youtube.com/watch?v=j0sMzvvHwRs&feature=re... 

Oh ! esprits lucides, vous voyez bien qu'un tel président est fort capable, en tout manque de modestie, de pondre un roman à l'eau de rose .

Je dis "eau de rose" , c'est pour aérer, parfumer le sujet, car ce crâne d'oeuf romance comme un godillot de 14-18.

Je n'ose pas ! si , j'ose le dire car c'est une loi de la nature contre laquelle on ne peut rien , la ponte se fait bien par le trou du cul, sauf erreur de ma part . Grosse douleur vu la taille de l'oeuf ! Le pondeur se porte bien. Gloire à l'Académie ...

 

 

 

 

 

27/09/2009

vous m’empêchez de dormir, et je n’en peux plus

J'ai encore pu vérifier les lois de l'attraction universelle, comme Newton, en constatant que toute pomme va de l'arbre à la cagette, de la cagette au lavage, du lavage au tri, du tri au rapage et de là, rapidement au pressoir . Mon esprit aimant les cliquetis de la mécanique horlogère a retrouvé les clics de la vis du pressoir et le travail d'équipe : l'union fait la force et l'huile de coude fait du bon jus de pommes.

 

Ce jour, j'ai été mis au coing ! pour indiscipline ? non, par gourmandise .

Je connais un coin où il y a de beaux coings, des petits coings à l'odeur attirante ( et évité les petits coins tels qu'ils étaient au XVIIIème siècle !  ). Si le saint patron des gourmands -St Jelly- est avec moi, je compte régaler quelques ami(e)s . A suivre ...

 

cyclamen.jpg

La Charmille est encore bordée des jolis cyclamen de Naples, blancs et rose-mauve qui ont vu passer une belle fleur cette semaine ... doucement, sans les meutrir ...

http://www.youtube.com/watch?v=T2NEU6Xf7lM&feature=re...

 

 

 

 

 

Allez, Volti défend tes droits . Et vous , rondelette Mme Denis prenez la plume sans embarras ...

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

et à

Jeanne –Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’ Argental

 

 

                            Je reçus hier les ordres de mes anges, concernant la conspiration des roués [Octave ou Le Triumvirat], et j’envoie sur le champ tous les changements qu’ils demandent pour les assassins et les assassines. Il faut assurément que M. le duc de Praslin ait une âme bien noire pour vouloir qu’une femme égorge son mari dans son lit ; mais puisque mes anges ont eu cette horrible idée, il faut la pardonner à un ministre d’État. Mettez le feu aux poudres de la façon qu’il vous plaira, faites comme vous l’entendez ; mais ne me demandez plus de vers, car vous m’empêchez de dormir, et je n’en peux plus ; laissez-moi je vous prie, ce vers :

 

L’ardeur de me venger ne m’en fait point accroire.

 

                            Il ne faut pas toujours que Melpomène marche sur des échasses ; les vers les plus simples sont très bien reçus, surtout quand ils se trouvent dans une tirade où il y en a d’assez forts. Racine est plein à tout moment de ces vers que vous réprouvez. Une tragédie n’aurait point du tout l’air naturel, s’il n’y avait pas beaucoup de ces expressions simples, qui n’ont rien de bas ni de trop familier.

 

 

                            Divertissez-vous mes anges, de la niche que vous allez faire. Je ne sais s’il faut intituler la pièce Le Triumvirat ; le titre me ferait soupçonner, et on dirait que je suis le savetier qui raccommode toujours les vieux cothurnes de Crébillon. [Crébillon a fait représenter en 1754 Le Triumvirat ou La Mort de Cicéron].Cependant, il est difficile de donner un autre titre à l’ouvrage. Tirez-vous de là comme vous pourrez. Tout ce que je puis vous dire, c’est que cette pièce ne sera pas du nombre de celles qui font répandre des larmes ; je la crois très attachante, mais non attendrissante. Je crois toujours qu’Olympie ferait un bien plus grand effet, elle est plus majestueuse, plus auguste, plus théâtrale, plus singulière ; elle fait verser des pleurs toutes les fois qu’on la joue ; et les comédiens de Paris me paraissent aussi malavisés qu’ingrats de la pas représenter.

 

 

                            Permettez que je mette dans ce paquet des affaires temporelles avec les spirituelles : voici un petit mémoire pour M. le duc de Praslin, en cas que mon affaire sacerdotale ne soit pas encore rapportée [affaire des dîmes de Ferney, que V* veut faire juger par le Conseil du roi]. Nous lui devons bien des remerciements, Mme Denis et moi, de la bonté qu’il a eue de se charger de ce petit procès, qui était d’abord dévolu à M. de Saint-Florentin [le comte de Saint Florentin avait « le département de l’Eglise », le duc de Praslin « les affaires étrangères »]. Il est vrai que cette affaire, toute petite qu’elle est, étant fondée sur les traités de nos rois, [dans une lettre adressée au roi, Mme Denis et les anciens propriétaires se réfèrent entre autres  au traité d’Arau  conclut en juin 1658 entre le roi et les cantons et qui stipule que « tous les abergements et aliénations faites par la ville et canton de Berne, des biens ecclésiastiques et autres dans le pays de Gex subsisteraient … » et à des lettres du roi au Conseil de Genève des 17 juin 1642 et 30 mai 1643 portant «  que Sa Majesté ne souffrira pas que les causes concernant les dîmes du Pays de Gex soient portées ailleurs que devant Elle en son conseil ».] appartient de droit aux Affaires étrangères ; mais j’aime encore mieux attribuer la peine qu’il daigne prendre, à l’amitié qu’il a pour vous, et aux bontés dont il honore Mme Denis et moi.

 

 

                            Comme je prends la liberté de lui adresser votre paquet, je suppose qu’il se saisira du mémoire qui est pour lui ; il est court, net et clair, point de verbiage.

 

 

                            Pour un esprit de sa trempe

N’allongeons point en cent mots superflus

                             Ce qu’on dirait en quatre tout au plus.[d’après L’Enfant prodigue]

 

                            Qu’est-ce que la Défaite des Bernardins ?[ à Damilaville le 4 octobre : « A-t-on imprimé le plaidoyer contre les Bernardins ? ».  Citeaux leur appartenait .] Cela est-il plaisant ?

 

                            Respect et tendresse.

 

 

                            Voltaire

27è septembre 1763 aux Délices. »

24/09/2009

ce que des malavisés m’ont imputé si injustement.

You know what ? I 'm happy !

L'auteur du beau blog :

http://www.monsieurdevoltaire.com/

est venu au château de Volti . J'en suis encore ému et il me semble que je le suis plus encore après deux jours .

Je recommande à cet auteur de méditer ceci : (NDLR : au lieu de quatre heures, peut-on transiger pour quatre heures et demi ? ; )) :

relations-administration.jpg

 

 

 

Merci à Volti qui est un homme maître "es relations" et qui est même est capable d'en favoriser encore alors que ses cendres reposent au Panthéon.

 

Revenons à mon menteur préféré jouant au chat et à la souris avec la censure .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

 

                            Vous savez, je crois, mon cher frère, ce que c’est que ce Dictionnaire philosophique que des malavisés m’ont imputé si injustement. C’est un ouvrage qui me parait bien fort. Je l’ai fait acheter à Genève, il n’y en avait alors que deux exemplaires. Le consistoire des prêtres pédants sociniens l’a déféré aux magistrats. Alors les libraires en ont fait venir beaucoup. Les magistrats l’ont lu avec édification, et les prêtres ont été tout étonnés de voir que ce qui eût été brûlé il y a trente ans est aujourd’hui très bien reçu de tout le monde [Montpéroux, résident de France à Genève écrira au duc de Praslin le 26 septembre : « … la bourgeoisie a marqué (ici) tant d’indignation contre cet ouvrage que le Conseil n’a pu se dispenser de le condamner hier comme … un impie…, destructif de la révélation, avec très expresse défense à tous libraires … d’en imprimer, vendre ou distribuer à peine d’être poursuivis extraordinairement… En conséquence de ce jugement, le Dictionnaire fut lacéré et brûlé par l’exécuteur de la haute justice devant la porte de l’Hôtel de ville. » . V* écrira à ce propos à d’Argental le 5 novembre : «  La sottise qu’on a faite à Genève n’a été qu’un sacrifice au parti de Jean-Jacques qui a toujours crié qu’il fallait brûler l’Évangile puisqu’on avait brûlé Émile. »]. Il me parait qu’on est beaucoup plus avancé à Genève qu’à Paris. Votre parlement n’est pas encore philosophe. Je voudrais bien avoir les factums des capucins [Il y avait conflit au couvent des capucins de Paris entre les frères définiteurs et les frères quêteurs ; ceux-ci avaient fait paraitre un mémoire plein de détails scandaleux.]. Mais pourquoi faut-il qu’il y ait des capucins ? Courage, le royaume de Dieu n’et pas loin ; les esprits s’éclairent d’un bout de l’Europe à l’autre. Quel dommage encore une fois que ceux qui pensent de la même manière ne soient pas tous frères ! que ne suis-je à Paris ! que ne puis-je mourir dans les bras de véritables frères !  Intérim écr[asez] l’Inf[âme].

 

 

                            Voltaire

                            24è septembre 1764. »

 

J'ai suffisamment le coeur en fête pour ne plus m'intéresser à la vie politique, juste un peu à la vie sociale et même plus à la météo ( ce qui est un exploit pour un bon frenchy comme moi ! )....

http://www.youtube.com/watch?v=__gl5UC_21I&NR=1

Yes I need !!

 

21/09/2009

moi qui suis à mon corps défendant un exemple de sagesse

Dimanche, 18h20, je raccompagne « ma » dernière visiteuse des journées du patrimoine 2009. Elle a le sourire, c’est pour moi le meilleur merci .

Je retrouve dans notre petite boutique du château de Volti les membres de l’équipe qui ont accueilli ce jour 999 visiteurs ( oui, je sais, ce chiffre donne un peu un côté Télé Achat, mais il est réel ; total sur deux jours : 1375 ! pas mal !! ).

J’ai les pieds usés jusqu’aux genoux et la gorge comme celle d’une grenouille qui a trop croassé .

Les vaillantes Charilla, Eilise, Babeth et l’accueillant et aimable Wahid connaissent aussi une saine (depuis quand une fatigue est-elle saine ? et jusqu’à quand ? ) grosse fatigue : rêves de bain, douches, dodo sous la couette .

Un repas en commun est envisagé : « là, tout de suite ? » ; non , remis à une date proche ; récupérer d’abord.

 

Moi, ce jour, j’ai l’arme absolue contre le blues du château vide : l’offrir à une amie (le chateau, pas le blues ! quoique ... ).

 Dans quelques heures elle sera là . Yes !!

Welcome Mamzelle Wagnière !!

http://www.youtube.com/watch?v=oUCRqZbQRI0&feature=player_embedded

 

 

 

«  A Charles –Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Mon cher et respectable ami, vous m’écrivez des lettres qui percent l’âme et qui l’éclairent. Vous dites tout ce qu’un sage peut dire sur les rois, mais je maintiens mon roi une espèce de sage. Il n’est pas un d’Argental, mais après vous, il est tout ce que j’ai de plus aimable. Pourquoi donc, me dira-t-on quittez-vous M. d’Argental pour lui ? Ah ! mon cher ami, ce n’est pas vous que je quitte, ce sont les petites cabales, et les grandes haines, les calomnies, les injustices, tout ce qui persécute un homme de lettres dans sa patrie. Je la regrette sans doute cette patrie, et je la reverrai bientôt. Vous me la ferez toujours aimer, et d’ailleurs je me regarderai toujours comme le sujet et comme le domestique du roi. Si j’étais bon Français à Paris à plus forte raison le suis-je dans les pays étrangers. Comptez que j’ai bien prévenu vos conseils, et que jamais je n’ai mieux mérité votre amitié, mais je suis un peu comme Chiampot la perruque. Vous ne savez peut-être pas son histoire. C’était un homme qui quitta Paris parce que les petits garçons couraient après lui. Il alla à Lyon par la diligence, et en descendant, il fut salué d’une huée de polissons. Voilà à peu près mon cas : d’Arnaud fait ici des chansons pour les filles, et on imprime dans les gazettes : Chansons de l’illustre  Voltaire pour l’auguste princesse Amélie.[ce poème qui commence par « Je viens abjurer mon erreur / Aux pieds de l’Amour même. » lui fut attribué par la Spernesche Zeitung de Berlin le 15 septembre]. Un chambellan de la princesse de Bayreuth, bon catholique, ayant la fièvre, et le transport au cerveau, croit demander un lavement, on lui apporte le viatique et l’extrême-onction, il prend le prêtre pour un apothicaire, tourne le cul, et de rire. Une façon de secrétaire que j’ai amené avec moi, espèce de rimailleur, fait des vers de cette aventure, et on imprime : Vers de l’illustre Voltaire sur le cul d’un chambellan de Bayreuth et sur son extrême-onction.[ sont-ils de Tinois ? publiés en septembre, selon Droysen ]  . Ainsi je porte glorieusement les péchés de d’Arnaud et de Tinois, mais malheureusement j’ai peur que les mauvais vers de Tinois portés par la beauté du sujet ne parviennent à Paris, et ne causent du scandale. J’ai grondé vivement le poète et je vous prie, si cette sottise parvient dans le pays natal de ces fadaises, de détruire la calomnie, car quoique les vers aient l’air à peu près faits par un laquais, il y a d’honnêtes gens qui pourraient bien me les imputer, et cela n’est pas juste. Il faut que chacun jouisse de son bien. Franchement il y aurait de la cruauté à m’imputer ces vers scandaleux, à moi qui suis à mon corps défendant un exemple de sagesse dans ce pays ci. Protestez-donc je vous en prie dans le grand livre de Mme Doublet [les Nouvelles à la main, élaborées dans le salon de Mme Doublet, avec Bachaumont comme habitué ] contre les impertinents qui m’attribueraient cette impertinence.

 

 

                            Je vous écris un peu moins sérieusement qu’à mon ordinaire, c’est que je suis plus gai. Je vous reverrai bientôt, et je compte passer ma vie entre Frédéric, le modèle des rois, et vous, le modèle des hommes. On est à Paris en trois semaines, et on travaille chemin faisant, on ne perd point son temps. Qu’est-ce que trois semaines dans une année ? Rien n’est plus sain que d’aller. Vous m’allez dire que c’est une chimère. Non, croyez tout d’un homme qui vous a sacrifié le pape [en venant en France plutôt qu’en Italie comme il l’envisageait souvent ].

 

                            Nous jouâmes avant-hier Rome sauvée. Le roi était encore en Silésie. Nous avions une compagnie choisie Nous jouâmes pour nous réjouir. Il y a ici un ambassadeur anglais [sir Charles Hanbury Williams ] qui sait par cœur les Catilinaires. Ce n’est pas mylord Tirconel [envoyé de France, d’origine irlandaise], c’est l’envoyé d’Angleterre. Il m’a fait de très beaux vers anglais sur Rome sauvée. Il dit que c’est mon meilleur ouvrage. C’est une vraie pièce pour des ministres. Mme la chancelière en est fort contente [femme de Cocceji]. Nos Daguessau aiment ici la comédie, en réformant les lois. Adieu, je suis un bavard, je vous aime de tout mon cœur.

 

 

                            Voltaire

                            A Berlin ce 21 septembre 1750. »

 

 

Adieu, je suis un bavard : à voir et vérifier, pour celà : Rendez-vous : http://www.youtube.com/watch?v=i7zwp_-CAA4&feature=re...

À pied, à cheval ou en voiture , j’y serai ... Ne retenez que : Aux marches du palais...

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17/09/2009

ces misérable bienséances françaises et de ces petitesses d’un peuple qui est assez ignorant et assez fou pour vouloir qu’on pense à Pékin comme à Paris

Colchiques dans les prés .....

Rétro ? oui-da !

Kitch ? oui derechef !

Mais en tout cas c’est de saison : http://www.youtube.com/watch?v=hdZb6wO8LrA

Un peu sopo ?

Ah ! alors là, plus personne ne réagit ! Nous sommes dans un autre monde, la quatrième dimension de la chanson , le rêve !!

Je vous donne maintenant une version qui me plait davantage et je vous le dis : "N'oubliez pas Dorothée, elle a ravi bien des enfants (dont les miens) et mérite qu'on se souvienne d'elle affectueusement ." En tout cas elle me convient agréablement : http://www.youtube.com/watch?v=DMHuVEqmYJw&NR=1

 colchique.jpg

 

 

 

 

«  A Charles –Augustin  Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Je fais passer par vos mains, cher et respectable ami, ma réponse à monsieur le comte de Choiseul, ne sachant pas son adresse. Collini vient d’arriver, et je reçois trop tard vos avis et ceux des anges. On vend déjà dans Paris en manuscrit L’Orphelin comme La Pucelle, et tout aussi défiguré. L’état cruel où les nouvelles infidélités touchant l’Histoire de la guerre dernière, et les dangers où me mettaient les copies abominables de La Pucelle avaient réduit ma santé  ne me permettait pas de travailler. Il s’en fallait de beaucoup. Tout ce que j’ai pu faire a été de prévenir par une prompte édition [de l’Orphelin de la Chine] le mal que m’allait faire une édition subreptice dont j’étais menacé tous les jours. Tout le mal vient de donner des tragédies à Paris quand on est au pied des Alpes. Cela n’est arrivé qu’à moi. Je ne crois pas avoir mérité qu’on me forçât à fuir ma patrie ; je m’aperçois seulement qu’il faut être auprès de vous pour faire quelque chose de passable, et que si l’on veut tirer parti des talents il ne faut pas les persécuter.

 

 

                            Je compte sur quelque souvenir de la part de madame de Pompadour et de monsieur d’Argenson. Mais je perdrais absolument leurs bonnes grâces, si on avait publié cette Guerre de 1741 et que l’un et l’autre m’avaient recommandé de ne pas donner au public, et le roi  m’en aurait su très mauvais gré malgré les justes louanges que je lui donne. Je risquais d’être écrasé par le monument même que j’érigeais à sa gloire.

 

 

                            Jugez du chagrin que m’a causé la conduite de M. de Malesherbes, [qui a permis l’édition par Prieur du manuscrit volé à V* par le marquis de Ximenes] et son ressentiment injuste contre mes très justes démarches.

                           

                            Enfin, voila la pièce imprimée avec tous ses défauts qui sont très grands. Il n’y a autre chose à faire qu’à la supprimer au théâtre, et à attendre un temps favorable pour en redonner deux ou trois représentations [il faudra attendre octobre 1757]. Comptez que je suis très affligé de ne m’être pas livré  à tout ce qu’un tel sujet pouvait me fournir. C’était une occasion de dompter l’esprit de préjugé qui rend parmi nous l’art dramatique encore bien faible. Nos mœurs sont trop molles. J’aurais dû peindre avec des traits plus caractérisés la fierté sauvage des Tartares et le morale des Chinois : il fallait que la scène fût dans une salle de Confucius, que Zamti fût un descendant de ce législateur ; qu’il parlât comme Confucius même ; que tout fût neuf et hardi, que rien ne se ressentît de ces misérable bienséances françaises et de ces petitesses d’un peuple qui est assez ignorant et assez fou pour vouloir qu’on pense à Pékin comme à Paris. J’aurais accoutumé peut-être la nation à voir sans s’étonner des mœurs plus fortes que les siennes, j’aurais préparé les esprits à un ouvrage plus fort que je médite [sans doute L’Essai sur les mœurs], et que je ne pourrai probablement exécuter. Il faudra me réduire à planter des marronniers et des pêchers. Cela est plus aisé, et n’est pas  sujet aux revers que les talents attirent. Il faut enfin vivre pour soi, et mourir pour soi, puisque je ne peux vivre pour vous et avec vous. Je vous embrasse bien tendrement, mon cher ange.

 

 

                            V.

                            17 septembre 1755. »