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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

un principe aussi vrai que triste : c'est qu'il n'y a rien à gagner pour nous, d'aucune façon, dans ce gouffre où tout l

... Mais dans le même temps, je me dois de souligner que l'entreprise de démolition/démotivation d'Eric Zemmour m'agace au plus haut point ; s'il parle de "suicide" que ne donne-t-il l'exemple en s'empoisonnant avec sa plume ! 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d''ARGENTAL.
A vous seul. [vers le 15 novembre 1759] 1
Mon divin ange, vous êtes un ange de paix. Permettez que je vous parle votre langue, après avoir parlé celle de notre tripot des Délices. Vous êtes né, de toutes façons, pour mon bonheur, dans mes plaisirs, dans mes affaires. Je vous dois tout ; vous êtes en tout temps constitué mon ange gardien ; écoutez donc ma dévote prière.
1° Je voudrais savoir, en général, si M. le duc de Choiseul est content de moi ; et vous pouvez aisément vous en enquérir un mardi. Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'ai grande envie de lui plaire, et comme son obligé, et comme citoyen.
2° S'il entrait avec vous dans quelque détail, comme il y est entré avec M. de Chauvelin, ne pourriez-vous pas lui dire, quelque autre mardi, la substance des choses ci-dessous?
V. est dans une correspondance suivie avec Luc; mais, quelque ulcéré qu'il puisse être et qu'il doive être contre Luc, puisqu'il est capable d'avoir étouffé son ressentiment au point de soutenir ce commerce, il l'étouffera bien mieux quand il s'agira de servir. Il est bien avec l'électeur palatin, avec le duc de Wurtemberg, avec la maison de Gotha, ayant eu des affaires d'intérêt avec ces trois maisons, qui sont contentes de lui, et qui lui écrivent avec confiance. Il a été le confident du prince de Hesse l'apostat 2. Il a des amis en Angleterre. Toutes ces liaisons le mettent en droit de voyager partout, sans causer le moindre soupçon, et de rendre service sans conséquence.
Il a été envoyé secrètement, en 1743, auprès de Luc. Il eut le bonheur de déterrer que Luc alors se joindrait à la France; il le promit; le traité fut conclu depuis, et signé par M. le cardinal de Tencin. Il pourrait rendre aujourd'hui quelque service non moins nécessaire 3.
Mon cher ange, il faut la paix à présent, ou des victoires complètes sur mer et sur terre. Ces victoires complètes ne sont pas certaines, et la paix vaut mieux qu'une guerre si ruineuse. On ne se dissimule pas sans doute l'état funeste où est la France état pire pour les finances et pour le commerce qu'il ne l'était à la paix d'Utrecht. Quelquefois, quand on veut, sans compromettre la dignité de la couronne, parvenir à un but désiré, on se sert d'un capucin, d'un abbé Gautier 4, ou même d'un homme obscur comme moi, comme on envoie un piqueur détourner un cerf, avant qu'on aille au rendez-vous de chasse. Je ne dis pas que j'ose me proposer, que je me fasse de fête, que je prévienne les vues du ministère, que je me croie même digne de les exécuter; je dis seulement que vous pourriez hasarder ces idées, et les échauffer dans le cœur de M. le duc de Choiseul. Je lui répondrais sur ma tête qu'il ne serait jamais compromis ; que je ne ferais jamais un pas ni en deçà ni en delà de ce qu'il me prescrirait. Je pense qu'il ne lui convient pas absolument de demander la paix, mais qu'il lui convient fort d'en faire naître le désir à plus d'une puissance, ou plutôt de faire mettre ces puissances à portée de marquer des intentions sur lesquelles on puisse ensuite se conduire avec honneur.
Il part sans doute d'un principe aussi vrai que triste : c'est qu'il n'y a rien à gagner pour nous, d'aucune façon, dans ce gouffre où tout l'argent de la France a été englouti. J'ai pris la liberté de lui prédire la prise de Québec et celle de Pondichéry ; l'une est arrivée, et je tremble pour l'autre 5. Il y a des citoyens de Genève qui ont des correspondances par tout l'univers habitable. Il y a autour de moi des gens de toute nation, des ministres anglais, des Allemands, des Autrichiens, des Prussiens, et jusqu'à d'anciens ministres russes. On voit les choses d'un œil plus éclairé qu'on ne les voit à Paris; on croit que, si la descente projetée dans une des provinces anglaises s'effectue 6, il ne reviendra pas un seul Français. Le passé, le présent, et l'avenir, font frémir. Je sais que le ministère a du courage, et qu'il a, cette année, des ressources ; mais ces ressources sont peut-être les dernières, et on touche au temps de vérifier ce qui a été dit, qu'il y avait une puissance qui donnerait la paix, et que cette puissance était la misère.
J'ai peur qu'on ne soit résolu encore à faire des tentatives ruineuses, après lesquelles il faudra demander humblement une paix désavantageuse, qu'on pourrait faire aujourd'hui utile, sans être déshonorante.
Enfin, mon cher ange, vous êtes accoutumé à corriger mes plans ; si celui-ci ne vous plaît pas, jetez-le au feu, et je vous enverrai simplement la Chevalerie.
Vous pouvez au moins savoir si M. le duc de Choiseul est content de moi. Ce n'est pas que je doive craindre qu'il en soit mécontent, mais il est doux d'apprendre de votre bouche à quel point il agrée ma reconnaissance. Comptez d'ailleurs que je ne suis pas empressé, et que je me trouve très-bien comme je suis, à votre absence près. Adieu ; je baise le bout de vos ailes. »

 

1 Le mois et l'année figurent sur le manuscrit, de la main de d'Argental . Cette lettre est donc entre celle du 5 novembre 1759 ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/11/13/que-de-chateaux-en-espagne-nous-avons-batis-il-est-vrai-que-ce-n-est-pas-ac.html ) et celle du 24 novembre (voir page 241 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f253.texte.r=mon%20divin%20ange )

D'autre part le 15 novembre 1759 Jean-François Sellon écrit de Paris au Magnifique Conseil de Genève : « M. le duc de Choiseul en me parlant de M. de Voltaire m'a prié de témoigner au M.C. Qu'il verrait avec plaisir qu'il jouît à Genève de la considération que peut lui valoir sa recommandation . Dans la conversation j'ai pu comprendre par l »'ouvrage auquel il travaille pour une cour étrangère que l'on est dans le cas d'obliger peut avoir [ ?] quelque part à cette démarche [...] » ; on peut lire dans le s registres, la minute rayée par la suite : « Sur lequel article de la dite lettre étant délibéré, l'avis a été de charger nob[le] Tronchin cons[ei]l[er] de dire audit au sieur de Voltaire que M. le duc de Choiseul l'a recommandé à messeigneurs lesquels auront toute l'attention qu'ils doivent à une pareille recommandation . »

2 Frédéric, prince de Hesse, avait été élevé dans le calvinisme; mais vers 1754 il s'était fait catholique. Il devint landgrave de Hesse à la fin de janvier 1760. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_II_de_Hesse-Cassel

5 Les Anglais prirent Pondichéry le 16 janvier 1761.

 

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25/11/2014 | Lien permanent

l'inimitable auteur qui fait la plus grande gloire de la France

...  Pour moi, c'est Voltaire, suivi de Zola et Hugo . Point .

 

 

« A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore

A Ferney le 6 décembre 1767

Je vois, monsieur, que les éditeurs des commentaires de Racine 1 ont envoyé depuis longtemps leur livre aux auteurs du Journal encyclopédique ; j'espère qu'on me fera bientôt la même faveur . M. Damilaville, mon ami, qui demeure au Bureau Vingtième, quai Saint-Bernard, paiera le complément de la souscription . Comme c'est entre vos mains que j'ai souscrit 2 , je m'adresse à vous, monsieur, pour vous prier me faire tenir mon exemplaire ; il n'y a qu'à le mettre à la diligence de Lyon, à M. de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, par Lyon à Gex . Je vous aurai une très grande obligation de me procurer la lecture d'un commentaire que je crois digne de l'inimitable auteur qui fait la plus grande gloire de la France .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

2 Blin de Sainmore a noté sur le manuscrit : « Voltaire s'est trompé . Ce n'est point entre mes mains qu'il avait souscrit . Je l'ai seulement engagé, ainsi que le cardinal de Bernis et plusieurs autres personnes, de se mettre au nombre des souscripteurs . Si j'avais été le maître de l'édition et de la distribution, je n'aurais point proposé à Voltaire de souscrire : j'aurais été empressé de lui en offrir le premier exemplaire. »

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24/06/2023 | Lien permanent

le malin public n'aime pas à voir toujours la même personne sur le trottoir . Je suis un vieux routier, et je sais comme

... Paroles de Juppé ? ça aurait pu l'être . Il va falloir faire avec les zozos qui restent en lice . Dur ! dur !

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Aux Délices 18 janvier 1762 1

Mes anges sont terriblement importunés de leur créature . Leur créature considère qu'il faut toujours plus de six semaines pour rapetasser ce qu'on a fait en six jours (comme on l'a déjà confessé ).

En toute tragédie comme en toute affaire, il y a un point principal, d'où dépend le succès, et auquel on doit être subordonné . Ce point principal, dans l'affaire de Cassandre, est qu'il ne soit pas odieux au public, et qu'il le soit horriblement à Statira . Il faut que son amour intéresse, et pour qu'il intéresse, il ne faut pas qu'on ait le plus léger soupçon que ce soit un lâche qui ait empoisonné Alexandre . Quelque soin que j'aie pris d'écarter cette idée, je vois qu'elle se loge dans beaucoup de têtes . Mes anges verront le soin que j'ai pris pour prévenir cette fausse opinion, par les deux scènes ci-jointes . Il me semble que ces deux scènes écartent toutes les objections qu'on pourrait faire au rôle de Cassandre . Il n'y a plus de reproches à faire qu'à Antipatre son père , c'est lui qui fit périr son maître, c'est lui qui emmena Olympie en esclavage, et Cassandre a élevé avec des soins paternels la prisonnière de son père . Rien ne peut plus s'opposer à l'intérêt qu'on doit prendre à lui . Il a tout réparé, il a tout fait pour mériter Olympie, et c'est à mon sens un coup de l'art singulier, que l'empoisonneur du père d’Olympie et le meurtrier de sa mère mérite d'être aimé de la fille .

Je supplie mes anges de faire coudre les deux scènes nouvelles à la nouvelle copie qu'ils ont reçue, et de vouloir bien m’en dire leur avis . Lekain m'a envoyé ses réflexions, je les reçus hier ; c'est un bonhomme ; il n'a point de débit, mais il a encore moins d'intelligence du théâtre, il m' a proposé tout ce qu'on peut imaginer de plus plat, et de plus insipide . C'est à Mme Denis qu'il s'est adressé 2; elle lui mandera qu'elle n' a pas osé me communiquer ses rêveries .

Je demande en grâce à mes anges qu'ils empêchent qu'on imprime Zulime . Ce serait un très mince bénéfice pour Clairon et Lekain ; il faut attendre quelque temps ; on me ferait une très grande peine si on la donnait comme aujourd'hui .

On parle de jouer à présent Le Droit du seigneur 3, mais si on fait des coupures dans les premiers actes, comme on le dit, si on substitue des choses insipides à des plaisanteries assez naïves et assez bonnes, tout est perdu . Si on sait qu'elle est de moi, tout est perdu encore, car le malin public n'aime pas à voir toujours la même personne sur le trottoir . Je suis un vieux routier, et je sais comme le monde est fait .

Oserais-je supplier mes anges de me faire avoir un exemplaire de la façon dont on jouera Le Droit du seigneur ? ce serait une grande grâce qu'ils feraient à leur créature .

Voici une autre affaire, bien importante et bien délicate . Lekain se plaint amèrement de ce qu'un nommé Brisard veut appeler Marc Tulle Cicéron ; Lekain prétend que c'est lui qui doit être Cicéron mais il ne lui ressemble point du tout . Ce Cicéron avait un grand cou, un grand nez, des yeux perçants, une voix sonore, pleine, harmonieuse, toutes ses phrases avaient quatre parties, dont la dernière était la plus longue ; il se faisait entendre du haut de la tribune, jusque dans les derniers rangs des marmitons romains ; ce n'est point là du tout le caractère de mon ami Lekain ; mais où sont les gens qui se rendent justice ? Ce singe de La Noue ne me déclara-t-il pas une haine mortelle, parce que je lui avais dit que Du Fresne avait une face plus propre que la sienne à représenter Orosmane !

Je ne puis donc flatter Lekain dans son goût cicéronien ; je m'en remets à la décision de mes anges ; c'est aux premiers gentilshommes de la chambre à donner les rôles ; un pauvre auteur ne doit jamais se mêler de rien que d'être sifflé .

Autre requête à mes anges, concernant Le Droit du seigneur . On dit qu’on a tout mutilé, tout bouleversé . La pièce sera huée . Je vous en avertis . J'écris à frère Damilaville, je le prie de m'envoyer la pièce telle qu'on la doit jouer . Ce qu'il y a encore de très important, c'est qu'il faut jurer toujours qu'on ne connait point l'auteur . Le public cherche à me deviner pour se moquer de moi ; je vois cela de cent lieues .

Autre affaire . Un M. Cromelin doit solliciter mes anges pour faire obtenir qu'on reconnaisse en France une noblesse suisse ; je veux bien que M. Cromelin sache que j'en ai parlé à mes anges, mais je veux que mes anges sachent que je ne les fatigue pas . Si ces messieurs sont nobles, ils n'ont besoin de personne, s'ils ne le sont pas, pourquoi veulent-ils l'être ? Mes anges feront ce qu'ils voudront . Je voudrais bien que Mme de Fontaine la critique ne vit Cassandre qu'avec les deux ajoutoirs 4. Mille respects bien tendres . »

1 L'édition de Kehl fond des fragments de cette lettre et de la lettre du 20 janvier 1762 : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-2-122782110.html

2 Lettre probablement en réponse à la lettre que lui avait écrite Mme Denis le 30 décembre 1761 où elle disait notamment : « Je sais que vous avez lu Cassandre, il me semble que c'est un sujet superbe rendu d'une façon sublime . N'êtes-vous pas bien content du rôle de Cassandre ? Encore a-t-il été bien embelli depuis que vous ne l'avez vu . […] M. le marquis de Ximènes m'a dit , que vous comptiez venir nous voir ce printemps . J'en meurs d'envie, mandez moi sans perdre de temps combien vous pourrez nous donner, si vous ne comptez pas chemin faisant jouer quelque part , à qui il faudra s'adresser pour demander un congé . […] Mon dessein est de vous prier de jouer Cassandre, Gengis, Tancrède, et Ninias, dans Sémiramis, je saurai tous mes rôles à votre arrivée et les quatre pièces seront prêtes . J'ai grand besoin de vos conseils, imaginez qu'il y a près de huit ans que je n'ai vu de bons modèles, et quel plaisir j'aurai de vous entendre et de prendre de vos leçons . […] On parle d'une comédie intitulée Le Droit du seigneur qu'on dit être très agréable . Comme voilà Zulime et Cassandre qu'on jouera cet hiver, on devrait jouer Le Droit du seigneur immédiatement après Pâques, cela vous donnerait la facilité de rester quelque temps avec nous . »

3 C'est ce même 18 janvier 1762 que fut représentée la pièce sous le titre L’Écueil du sage ; elle eut huit représentations .

4 Ajoutoir, comme ajoutage, est un terme d' « arts mécaniques » curieusement employé ici par V* .

 

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14/01/2017 | Lien permanent

Il est bon de prendre des précautions contre ce dépucelage cruel qui ne peut manquer d'arriver tôt ou tard

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

Colmar 15 octobre [1754]

 

Mon cher ange, votre lettre du 11 a fait un miracle, elle a guéri un mourant. Ce n'est pas un miracle du premier ordre ; mais je vous assure que c'est beaucoup de suspendre comme vous faites toutes mes souffrances. Je ne suis pas sorti de ma chambre depuis que je vous ai quitté [i]. Je crois qu'enfin je sortirai, et que je pourrai même aller jusqu'à Dijon voir M. de Richelieu sur son passage avec ma garde-malade [ii]. Je serai bien aise de retrouver enfin M. de La Marche [iii]; et quand le président de Ruffey devrait encore m'assassiner de ses vers [iv] je risquerai le voyage . Vous me mettez du baume dans le sang en m'assurant que les allusions ne sont point à craindre dans mes magots de chinois [v], et vous m'en versez aussi quelques gouttes en remettant à d'autres temps Rome sauvée et la Chine. Il me semble qu'il faut laisser passer Le Triumvirat [vi] et ne me point mettre au nombre des proscrits. Je ne le suis que trop avec l'opéra de Royer [vii]. Je ne sais pas s'il sait faire des croches, mais je sais bien qu'il ne sait pas lire. M. de Sireuil est un digne porte-manteau du roi, mais il aurait mieux fait de garder les manteaux que de défigurer Pandore. Un des grands maux qui soient sortis de sa boîte est à coup sûr cet opéra. On doit trouver au fond de cette boîte fatale plus de sifflets que d'espérance. Je fais ce que je peux pour n'avoir au moins que le tiers des sifflets [viii]. Les deux tiers pour le moins appartiennent à Sireuil et à Royer. Je vous prie au nom de tous les maux que Pandore a apportés dans ce monde d'engager Lambert à donner une petite édition de mon véritable ouvrage, quelques jours avant que le chaos de Sireuil et de Royer soit représenté. Je me flatte que vous et vos amis feront au moins retentir partout le nom de Sireuil. Il est juste qu'il ait sa part de la vergogne. Chacun pille mon bien comme s'il était confisqué et le dénature pour le vendre. L'un mutile l'Histoire universelle [ix], l'autre estropie Pandore. Et pour comble d'horreur il y a grande apparence que La Pucelle va paraître. Un je ne sais quel Chevrier se vante d'avoir eu ses faveurs, de l'avoir tenue dans ses vilaines mains, et prétend qu'elle sera bientôt prostituée au public. Il en est parlé dans les malsemaines de ce coquin de Fréron [x]. Il est bon de prendre des précautions contre ce dépucelage cruel qui ne peut manquer d'arriver tôt ou tard. Mon cher ange, cela est horrible, c'est un piège que j'ai tendu, et où je serai pris dans ma vieillesse. Oh! maudite Jeanne ! ah ! M. St Denis ayez pitié de moi. Comment songer à Idamé, à Gengis [xi], quand on a une pucelle en tête ? Le monde est bien méchant. Vous me parlez des deux premiers tomes de l'Histoire universelle, ou plutôt de l'Essai sur les sottises de ce globe. J'en fera un gros des miennes. Mais je me console en parcourant les butorderies de cet univers. Vraiment j'en ai cinq à six volumes tout prêts. Les trois premiers sont entièrement différents. Cela est plein de recherches curieuses [xii]. Vous ne vous doutez pas du plaisir que cela vous ferait. J'ai pris les deux hémisphères en ridicule. C'est un coup sûr.

 

Adieu tous les anges, battez des ailes, puisque vous ne pouvez battre des mains aux trois magots.

 

 

V. »

 

i Depuis qu'il a quitté Plombières.

ii Mme Denis.

iii Fyot de La Marche qu'il a connu au collège Louis le Grand ; cf lettre du 7 août 1711.

iv Référence aux vers que Ruffey a composés et récités à Plombières et à son Histoire lyrique des eaux de Plombières pour l'année 1754.

Page 161 de http://books.google.fr/books?id=C39bAAAAQAAJ&pg=PA164...

 

v Il s'agit des allusions à Mme de Pompadour que des esprits malveillants pourraient trouver dans l'Orphelin de la Chine ; cf. lettre du 6 octobre.

vi Tragédie de Crébillon, protégé de Mme de Pompadour.

vii Royer s'est permis de faire remanier Pandore par Sireuil ; cf. lettre du 6 octobre.

viii En faisant, entre autres, indiquer dans le titre que le texte a été remanié sans l'accord de l'auteur. Cf. lettre du 6 octobre.

ix Néaulme ; voir lettres depuis décembre 1753.

x Chevrier est cité par Fréron dans l'Année littéraire du 12 septembre 1754 en disant qu'il parle de La Pucelle dans ses Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres de Lorraine.

Fréron http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Ann%C3%A9e_litt%C3%A9raire

Chevrier : Page 322  http://books.google.fr/books?id=32heu4rYeo0C&printsec...

Chevrier : Page 195 http://books.google.fr/books?id=wL45AAAAcAAJ&pg=PA195...

 

xi Personnages de l'Orphelin de la Chine.

xii Grâce particulièrement au séjour à l'abbaye de Senones ; cf. lettre à Richelieu du 6 août.

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15/10/2010 | Lien permanent

On pourrait même dans ce programme, donner quelque échantillon, comme, par exemple, l'article « Femme » , afin d'amorcer

"Cela dépend entièrement de toi, elle sera comme tu la vois, si tu penses que c'est une belle femme, elle sera une belle femme, si dans ton coeur tu nourris des pensées pernicieuses, tu ne verras qu'un monstre."

Gao Xingjian, (Prix Nobel de littérature)"La montagne de l'âme" Ed. L'aube poche

 

vieille_jeune_femme.jpg

 

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Et je vous recommande particulièrement ceci :http://www.deezer.com/listen-4122806 , et autres cris du coeur de cette chanteuse engagée, Mannick .

 

Comme vous pouvez le constater, l'homme du XVIIIè siècle n'est au fond pas fait autrement que celui du XXIè ...

... Sauf quelques imbéciles qui se croient bénis de Dieu quand ils infligent des règles scélérates aux femmes ; ils iront en paradis quand on pourra faire passer un chameau par le chas d'une aiguille -comme il est dit dans les Ecritures -. Pierre Perret, je vous salue : http://www.deezer.com/listen-7604656

Volti aurait fait un redoutable publicitaire si j'en crois les conseils qu'il donne à un éditeur ; certes il ne propose pas d'affiche en 4x5 m avec une dame-oiselle dénudée pour vendre un presse-purée, mais quand même, il est assez réaliste pour dire qu'un article "Femme" est une bonne accroche pour l'acheteur de prose philosophique.

Et ce qui me fait encore bondir de joie, c'est son aveu frais et ingénu de "jeune homme" de 76 ans qui est heureux (comme je le suis moi-même ! ) de la beauté de certaines femmes : "mes compliments à madame votre femme dont j'ai toujours l'idée dans la tête depuis que je l'ai vue à Ferney" . Il ne manque pas de franchise, ni d'audace ce Volti. Cet "aveugle" est assez sélectif dans ce qui est capable d'imprimer ses rétines !

Qu'il me soit permis de le paraphraser et de dire "mes tendres compliments à Mam'zelle Wagnière dont j'ai chaque jour l'idée en tête et au coeur depuis qu'elle est venue à Ferney".

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« A Charles-Joseph Panckoucke

 

6 de décembre [1769]

 

Vous savez, Monsieur, que je vous regarde comme un homme de lettres i et comme un ami ; c'est à ces titres que je vous écris.

 

On a besoin sans doute d'un supplément à l'Encyclopédie ; on me l'a proposé ii; j'y ai travaillé avec ardeur ; j'ai fait servir tous les articles que j'avais déjà insérés dans le grand dictionnaire ; je les ai étendus et fortifiés autant qu'il était en moi ; j'ai actuellement plus de cent articles de prêts. Je les crois sages ; mais s'ils paraissent un peu hardis, sans être téméraires, on pourrait trouver des censeurs qui feraient de mauvaises difficultés, et qui ôteraient tout le piquant pour y mettre de l'insipide. Je vous réponds bien que tous ceux qui sont à la tête de la librairie ne mettront aucun obstacle à l'introduction de cet ouvrage en France, et je vous réponds d'ailleurs qu'il sera vendu dans l'Europe, parce que, tout sage qu'il est, il pourra amuser les oisifs de Moscou, aussi bien que les oisifs de Berlin. Puisque vous avez été assez hardi pour vous charger de mes sottises in-4°, il faut que cette sottise-ci soit de la même parure.

 

Il ne serait pas mal à mon avis de faire un petit programme par lequel on avertirait Paris, Moscou, Madrid, Lisbonne et Quimper-Corentin, qu'une société de gens de lettres, tous Parisiens, et point Suisses, va , pour prévenir les jaloux, donner un Supplément, etc. On pourrait même dans ce programme, donner quelque échantillon, comme, par exemple, l'article « Femme » iii, afin d'amorcer vos chalands.

 

Au reste, je pense qu'il faut se presser, parce qu'il se pourrait bien faire qu'étant âgé de soixante et seize ans, je fusse placé incessamment dans un cimetière, à côté de mon ivrogne de curé iv qui prétendait m'enterrer, et qui a été tout étonné que je l'enterrasse.

 

Encore un mot, Monsieur, ; avant que vous vous fussiez lancé dans les grandes entreprises, vous aviez, ce me semble, ouvert une souscription pour les malsemaines de Martin Fréron v. Je me suis aperçu, à mon article « Critique vi» que je dois dévouer à l'horreur de la postérité les gueux qui pour de l'argent, ont voulu décrier l'Encyclopédie et tous les bons ouvrages de ce siècle, et que c'est une chose aussi amusante qu'utile de rassembler les principales impertinences de tous ces polissons. Envoyez-moi tout ce que vous avez , jusqu'à ce jour, des imbéciles méchancetés de Martin, afin que je le fasse pendre avec les cordes qu'il a filées.

 

Je vous embrasse de tout mon cœur, sans cérémonie, et je vous prie de vouloir bien faire mes compliments à madame votre femme, dont j'ai toujours l'idée dans la tête depuis que je l'ai vue à Ferney. »

 

i Il avait en particulier traduit Lucrèce et publié De l'homme et de la reproduction... 1761. http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Joseph_Panckoucke

Page 575 : http://books.google.be/books?id=egkJAAAAQAAJ&pg=PA575...

 

ii Cf lettre à d'Alembert du 28 octobre.

 

iii Qui paraitra dans les Questions sur l'Encyclopédie . V* avait beaucoup critiqué l'article « femme » de Desmahis paru dans l'Encyclopédie ; cf. lettre à d'Alembert du 13 novembre 1766.

http://www.monsieurdevoltaire.com/article-36117250.html

 

iv Le curé Pierre Gros. Quelques rapports plus ou moins houleux avec ce curé en 1769 : pages 72-73 : http://books.google.be/books?id=KS0HAAAAQAAJ&pg=PA73&...

 

v A savoir pour L'Année littéraire de « l'âne » Fréron.

 

vi Qui paraitra dans les Questions sur l'Encyclopédie ; un article « critique » a déjà paru dans le Dictionnaire philosophique.

http://www.voltaire-integral.com/Html/18/critique.htm

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06/12/2010 | Lien permanent

Je voudrais que quelque bonne âme pût dire au roi , Sire, voyez à quel point vous devez aimer ce parlement

... Monsieur le président jusqu'à quel point pourrez-vous aimer ce parlement ?

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

7 auguste 1762

Mes divins anges, mon cœur est bien gros. Je suis atterré de la piété du bailli de Froulai 1, et j’aime cent fois mieux le bailli du Droit du Seigneur. Est-il possible qu’il se soit déclaré contre les comédiens et contre ce bon curé de Saint-Jean de Latran ? Il n’aurait jamais fait pareille infamie du temps de mademoiselle Lecouvreur et du chevalier d’Aydie.

Mon second tourment est l’inquiétude que j’ai pour dame Catherine 2 ; j’ai bien peur que ce vieux héros de comte de Munich n’ait pris le parti de l’ivrogne Pierre Ulric 3. Il est généralissime. Il aime peu les dames depuis qu’une d’elles l’a envoyé en Sibérie ; il est un peu Prussien : tout cela me donne beaucoup d’embarras.

Ma troisième douleur est l’affaire des Calas. Je crains toujours que M. le chancelier ne prenne le prétexte d’un défaut de formalités, pour ne pas choquer le parlement de Toulouse. Je voudrais que quelque bonne âme pût dire au roi , Sire, voyez à quel point vous devez aimer ce parlement , ce fut lui qui, le premier, remercia Dieu de l’assassinat de Henri III, et ordonna une procession annuelle pour célébrer la mémoire de Saint-Jacques Clément, en ajoutant la clause qu’on pendrait, sans forme de procès, quiconque parlerait jamais de reconnaître pour roi, votre aïeul Henri IV.

Henri IV gagna enfin son procès ; mais je ne sais si les Calas seront aussi heureux ; je n’ai d’espoir que dans mes chers anges, et dans le cri public. Je crois qu’il faut que MM. de Beaumont et Mallart fassent brailler en notre faveur tout l’ordre des avocats, et que, de bouche en bouche, on fasse tinter les oreilles du chancelier, qu’on ne lui donne ni repos ni trêve, qu’on lui crie toujours, Calas ! Calas !

Ma quatrième inquiétude vient de la famille d’Alexandre 4. Je l’ai envoyée à l’Électeur palatin, en lui disant qu’il ne fallait point la faire jouer, et sur-le-champ il a distribué les rôles. Je vais lui écrire pour le prier de ne la point imprimer, et il l’imprimera 5. Je crois que, pour me dépiquer, je serai obligé d’en faire autant. Je suis presque aussi content de Cassandre qu’un Palatin ; mais il se pourrait faire que mon extrême dévotion dans cet ouvrage, ma confession, ma communion, ma Statira mourant de mort subite, mon bûcher, etc., donnassent quelque prise à mes bons amis les Fréron et consorts. J’ai écrit la pièce de mon mieux ; mais je crois qu’il faut accoutumer le public, par la voie de l’impression à toutes ces singularités théâtrales ; c’est, à mon sens, le meilleur parti, d’autant plus qu’étant dans le goût des commentaires, j’en ai fait un sur cette pièce qui est extrêmement profond et merveilleux ; maître Joly de Fleury pourrait en être tout ébouriffé.

Je vous enverrai Hérode et Mariamne incessamment ; vous y verrez une espèce de janséniste 6, essénien de son métier, que j’ai substitué à Varus, comme je crois vous l’avoir déjà dit. Ce Varus m’avait paru prodigieusement fade. Je baise toujours du meilleur de mon cœur le bout de vos ailes, et présente mes respects et remerciements à madame d’Argental.

V.»

 

 

1 Froulai était ambassadeur de Malte à Paris . L'église de Saint-Jean de Latran où s'était célébré le service pour Crébillon avait le titre de commanderie de Malte .Voir page 324 : https://books.google.fr/books?id=uoS4r5_J2ZcC&pg=PA324&lpg=PA324&dq=froulai+1762+ambassadeur+de+malte&source=bl&ots=pnACDtB9kI&sig=Fj_aEWjDZtoqQL0SmGF3gk9i1pQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjqwqelqOnUAhWBSBQKHVFSC50Q6AEINTAD#v=onepage&q=froulai%201762%20ambassadeur%20de%20malte&f=false

2 Catherine II, la révolution de palais avait eu lieu le 9 juillet 1762 ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_II

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_III_(empereur_de_Rus...)

3 L'impératrice Anne avait déclaré son petit-neveu Ivan (né en 1740) son successeur . Quand Élisabeth monta sur le trône, il n'avait que deux ans : elle le fit emprisonner . Quand à son tour Catherine s'empara du pouvoir, elle ordonna qu'il fût immédiatement mis à mort si quelque tentative était faite pour le libérer . Il fut effectivement tué dans la nuit du 5 au 6 juillet 1764 . Quant au comte de Munich il avait été exilé lors de l'accession au trône d’Élisabeth . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lisabeth_Ire_(imp%C3%...)

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_(imp%C3%A9ratrice_de_R...)

4 La tragédie d'Olympie .

5 Collini effectivement publia la pièce d'Olympie en 1763 . l’Électeur palatin remerciait V* le 28 juillet 1762 pour sa « famille d'Alexandre » ajoutant : « La pièce, telle qu'elle est, me paraît de toute beauté et ressemble à vos autres productions . »

6 Sohême, dans la version primitive d'Hérode et Mariamne, 1725, qui était déjà une version remaniée de Mariamne, représentée en 1724 . Varus y représente le gouverneur romain amoureux de Mariamne .

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02/07/2017 | Lien permanent

Je suis dans mon lit depuis un mois, fort peu instruit de ce qui se passe dans ce monde-ci et dans l'autre

 A Volti, moi, j'accorde le bon Dieu sans confession . Mais qu'il se méfie des anges blonds/blondes fatales  !

Le-Bon-Dieu-sans-confession-1953-1.jpg

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

 

21è janvier 1765 à Ferney

 

Mon héros, si vous prenez goût à l'empereur Julien i j'aurai l'honneur de vous envoyer quelque infamie de cette espèce pour éprouver votre foi, et pour l'affermir .

 

Je suis dans mon lit depuis un mois, fort peu instruit de ce qui se passe dans ce monde-ci et dans l'autre . La faiblesse du corps diminue toutes les passions de l'âme . Je ne me sens aucun zèle pour le tripot de la Comédie-Française . Je sens que si j'étais jeune j'aurais beaucoup de goût pour celui de l'Opéra-Comique . On y danse, on y chante, on y dit des ordures ; tous les contes de La Fontaine y sont mis sur la scène, et on m'assure qu'on y jouera incessamment Le Portier des Chartreux ii mis en vers par l'abbé Grizel .

 

Vous croyez bien , Monsieur le Maréchal, que je ne serai pas assez imbécile pour disputer contre vous sur la tracasserie concernant les indignités de la troupe du faubourg Saint Germain iii. Si j'étais un malavisé et un opiniâtre, je vous dirais que votre lettre du 17è septembre iv qui me donnait toute permission, était une réponse à mes requêtes . Je vous dirais que ces requêtes étaient fondées sur des représentations du tripot même, et je vous jurerais que Parme et Plaisance v n'y avaient aucune part . Mais Dieu me garde d'oser disputer avec vous ! Vous auriez trop d'avantage, non seulement comme mon héros et comme mon premier gentilhomme de la chambre, mais comme un homme sain, frais, gaillard et dispos, vis-à-vis d'un vieux Quinze-Vingt malade qui radote dans son lit au pied des Alpes .

 

Le chevalier de Boufflers est une des singulières créatures qui soient au monde ; il peint en pastel fort joliment ; tantôt il monte à cheval tout seul à cinq heures du matin, et s'en va peindre des femmes à Lausanne vi, il exploite ses modèles vii; de là il court en faire autant à Genève, et de là il revient chez moi se reposer des fatigues qu'il a essuyées avec des huguenotes .

 

J'aurai l'honneur de vous dire que je suis si dégoûté des tripots que je me suis défait du mien . J'ai démoli mon théâtre, j'en fais des chambres à coucher et à repasser le linge viii. Je me suis trouvé si vieux que je renonce aux vanités du monde . Il ne me manque plus que de me faire dévot pour mourir avec toutes les bienséances possibles . J'ai chez moi, comme vous savez je pense, un jésuite ix, à qui on a ôté ses pouvoirs dès qu'on a su qu'il était dans mon profane taudis . Son évêque savoyard est un homme bien malavisé, car il risque de me faire mourir sans confession, malheur dont je ne me consolerai jamais . En attendant, je me prosterne devant vous . »

 

 

 

 

i Le 19 décembre 1764, V* lui promettait de lui envoyer la Défense du paganisme par l'empereur Julien en grec et en français avec des dissertations et des notes... par M. le marquis d'Argens, 1764 . Voir page 120 : lettre à Richelieu : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f125.image.r...

et : http://books.google.fr/books?id=k-QPAAAAQAAJ&pg=PA75&...

V* publiera lui-même une nouvelle édition de cet ouvrage intitulée Discours de l'empereur Julien contre les chrétiens ... avec de nouvelles notes, 1769 .Voir : http://fr.wikisource.org/wiki/Discours_de_l%E2%80%99empereur_Julien/%C3%89dition_Garnier

ii Histoire de dom N ... portier des Chartreux, œuvre pornographique de J.-C. Gervaise de Latouche, publiée vers 1745 .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Charles_Gervaise_de_Lat...

iiiConcernant la répartition des rôles à la Comédie-Française . Voir la lettre du 19 décembre sur ce différend avec « le tyran »  Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/22/l...

iv Est-ce une erreur pour « I septembre » par duplication du 7, la date étant ici notée « 17 7bre » et V* évoque dans sa lettre du 19 décembre une lettre de Richelieu du 1 septembre ?

v A savoir, d'Argental, ambassadeur du duc de Parme, et sa femme . V* soupçonnera « un fou de Bordeaux » nommé Treyssac de Vergy - qui avait parlé en mal de d'Argental dans ses Lettres à Mgr le duc de Choiseul, 1764-, de lui avoir fait du tort auprès du maréchal . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Henri_de_Treyssac_de_...

vi C'est à peu près ce qu'écrit le chevalier à sa mère vers le 30 décembre 1764 . Il avait fait entre autres « un petit dessin » de V* « pendant qu'il perd une partie aux échecs ».

Voir pages 269-274 : http://books.google.fr/books?id=2_AFAAAAQAAJ&pg=PA269...

vii Réminiscence de J.-B. Rousseau : Épigramme XL (Remède contre la chair) : voir page 396 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209398x/f399.image

viii Et il entreprend la construction de deux ailes supplémentaires au château de Ferney .

ix Le père Adam .

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21/01/2011 | Lien permanent

Ce que vous me dites de l'intolérance m'afflige, et ne m'étonne point ; je m'y attendais .... Ô pauvre raison ! Que vous

... Notre peuple français semble bien être toujours aussi irraisonnable siècle après siècle, et pourtant toujours là . Les trouillards et les va-en-guerre n'ont qu'à aller se rhabiller .

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

7è mai 1764 aux Délices

Je reçois dans ce moment votre lettre du 2 mai . Ce que vous me dites de l'intolérance m'afflige, et ne m'étonne point ; je m'y attendais, et c'est par cette raison que je vous ai supplié de dire à M. de Sartines que je ne répondais , ni ne pouvait répondre de tout ce qu'on s'avise d'imprimer sous mon nom . Bien entendu que vous n'auriez la bonté de faire cette démarche que quand vous la jugeriez nécessaire . Il y a des gens qui prétendent que la plaisanterie des Welches est trop forte . En ce cas, il faudrait des cartons . J'en avais déjà fait un, mais on n'a pas daigné imprimer . On ne prend pas de si grandes peines quand on croit pouvoir s'en passer . Cramer s’était chargé de donner des exemplaires du Corneille à Lekain, à Mlle Dumesnil, et à Mlle Clairon . Pour moi je n'en ai qu'un seul exemplaire, encore est-il sans figures. Je vous supplie de le dire à M. d'ArgentaI . Je ne me suis mêlé de rien, sinon de perdre les yeux avec une malheureuse petite édition de Corneille 1, en caractère presque inlisible 2, édition curieuse et rare, sur laquelle j'ai fait la mienne . J'ai été le seul correcteur d’épreuves ; je me suis donné des peines assez grandes pendant deux années entières ; elle sont servi du moins à marier deux filles ; mais je ne me suis mêlé en aucune manière des autres détails .

Mon cher frère, si jamais M. de Montmorency fait des vers, dites-lui qu'il en fasse moins 3, par la raison même qu'il en fait quelquefois de fort beaux, mais multiplicasti gentem, non multiplicasti laetitiam 4. Le moins de vers qu'on peut faire c'est toujours le mieux .

Vous avez envoyé un livre sur l'inoculation 5, cela me fait croire qu'elle sera bientôt défendue . Ô pauvre raison ! Que vous êtes étrangère chez les Welches ! »

3 Voltaire, poème en vers libres, 1764, est la seule publication de cet auteur à cette époque, mais on peut présumer qu'il faisait parvenir à V* de nombreux vers en manuscrit . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65165379.texteImage

5 Angelo Gatti : Réflexions sur les préjugés qui s'opposent aux progrès et à la perfection de l'inoculation, 1764 . Ce livre a été écrit par Morellet à partir de notes en italien de Gatti ; il sera suivi des Nouvelles réflexions sur la pratique de l'inoculation, 1767 . Voir : https://books.google.fr/books/about/Reflexions_sur_les_prejuges_qui_s_oppose.html?id=HkNcAAAAcAAJ&printsec=frontcover&source=kp_read_button&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

et : https://books.google.fr/books?id=sTyQpr-cWXQC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

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08/06/2019 | Lien permanent

Peu de paroles aux personnes occupées

... Aussi, je ne vous retarde pas plus dans votre lecture de la correspondance de Voltaire . Vale .

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« A François de Bussy

de Voltaire et Marie-Louise Denis

[vers le 25 avril 1760]1

Peu de paroles aux personnes occupées .

L'oncle et la nièce, monsieur, vous supplient , monsieur, de vouloir bien faire renvoyer le mémoire ci-joint 2 apostillé à M. de Montpéroux . Nous lui remettrons les pièces probantes . Mgr le duc de Choiseul ne souffrira pas que les Genevois jugent les causes qui n'appartiennent qu'aux juges du roi . Nous sommes avec la plus vive reconnaissance et tous les sentiments que vous méritez, mon cher monsieur

vos très humbles et obéissants serviteurs

l'oncle V.

la nièce Denis. »

1 Mentions portées sur le manuscrit : « A M. de Bussy » et « M. de Volt[air]e et Mme Denis . R[épon]du le 10 mai 1760 »

2 « La dame Denis a acheté d'un Genevois nommé Choudens un bien de campagne situé au pays de Gex territoire de France, contrat passé en France, dans mon château de Ferney . Le Genevois a fait un stellionat * à la dame Denis, et lui a vendu ce qui ne lui appartenait point .

Le Genevois ose assigner une sujette du roi, veuve d'un officier du roi, par-devant les juges de Genève, parce que si ce Genevois stellionnaire était traduit devant les juges de France il serait puni et qu'il se flatte d'être ménagé à Genève attendu qu'étant maître horloger et bourgeois il est au nombre des quinze cents souverains seigneurs égaux au roi .

Il prend prétexte sur ce que le notaire de Gex a eu la sottise en dressant le contrat, de mettre que la dame Denis demeure au territoire de Genève, mais la dame Denis a protesté contre cette inadvertance .

Les fonds ressortissent à la juridiction dans laquelle ils sont situés; le fonds vendu par le stellionnaire est en France . La dame Denis ne peut reconnaître que les juges royaux .

La chambre de Genève qui juge en première instance a jugé que la compétence lui appartient .

C'est manquer au roi, c’est violer le traité de 1579 par lequel il est dit qu'en cas pareil les sujets du roi doivent être jugés en France . La dame Denis qui n'est point du tout domiciliée à Genève, qui a transigé en France, qui ne reconnaît que les juges de France, implore la protection du ministère de France contre la violation des traités que nos rois ont daigné faire avec Genève . »

*Ce mot désigne une fraude consistant à présenter comme libres des biens hypothéqués pour les vendre ou les hypothéquer .

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26/04/2015 | Lien permanent

Liron , loir, paresseux, négligent qui ne songez à rien

 ... Voila ce qu'en termes choisis ont pu dire à leurs ados recalés au Bac les parents qui vouvoient ou voussoient leur progéniture .

... Voila ce que j'adresse à ce président déchu , non pas Morsi mais Nicolas Sarkozy , qui en bon membre de l'UMP a triché et ose demander à sa base, et même à tous, de combler un manque à gagner . Ce mec là n'a aucune vergogne . Copé et consorts non plus . UMP et tricheur = pléonasme !

 

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« A Nicolas-Claude Thieriot

chez Mme la comtesse de Montmorency

rue Vivienne à Paris

Lausanne 7 mars [1758]

Liron 1, loir, paresseux, négligent qui ne songez à rien, Mme de Graffigny me mande que vous m'envoyez un histrion qu'elle me recommande . M. Marin prétend que vous m'avez envoyé le grand Saladin ou Sala heddin 2. Rien de tout cela . Je n'ai entendu parler ni de cet envoi ni de ce comédien . Si vous vous perfectionnez dans ce bon talent que Dieu vous a donné de n'avoir cure de rien vous deviendrez l'homme d’Ésope 3. Mon cher et ancien ami, un peu des offices de Cicéron 4, s'il vous plait, un peu d'attention dans la société . Parce que vous êtes auprès de la première baronne chrétienne5, et d'une dame pleine de grâces et d'esprit, vous vous croyez en droit d'abandonner net un pauvre Suisse . Cela n'est pas d'un bon cœur, et vous trouverez que tant de négligence est expressément condamnée dans le livre De amicitia 6.

Que deviennent les encyclopédistes ? continuent-ils ? ou sont-ils assez unis, assez fermes pour ne rien faire que quand on leur rendra justice ? pourquoi le philosophe Duclos est-il brouillé avec le philosophe d'Alembert ? comment a-t-on reçu M. le maréchal de Richelieu ? M. de Paulmy va-t-il voir son oncle ? qui sera archevêque de Lyon 7? qui aura le chapeau rouge de ce bon prélat ? qui montre à lire à Mgr le duc de Bourgogne 8? qui est le secrétaire d’État de la guerre sous M. de Belle -Isle 9? comment vous portez vous ? Je vais jouer un beau rôle de vieillard dans Fanime , c'est la quatrième représentation . J'ai le plus beau bonnet de la terre . Mme Denis joue mieux que Mlle Clairon et moi infiniment mieux que Sarrazin afin que vous le sachiez . Nous avons appris à vingt lieues à la ronde à avoir du plaisir . Nous avons fait d'une partie de la Suisse la vallée de Tempé 10. Interim vale .

V. »

1 Loir ou marmotte, désigné aussi par lérot .

2 De François-Louis-Claude Marin : Histoire de Saladin, sultan d’Égypte et de Syrie, dont Thieriot dira à V* le 30mars qu'il l'a « trouvée bien longue mais écrite avec esprit et quelque goût de bonne critique. » ; voir lettre du 18 mars 1758 à Thieriot : page 425 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f428.image

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Louis_Claude_Marin

3 Dans Vie d’Ésope le Phrygien de La Fontaine : « Et trouve moi, dit Xanthus, un homme qui ne se mette en peine de rien . » Planude, dans la Vie d’Ésope, le montre réussissant à trouver cet homme libre de tout souci .

4 Le traité De officia a pour objet les devoirs indispensables à la vie sociale .

Voir : http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Ciceron/officiis1a.htm

5 La famille de Montmorency fait remonter son arbre généalogique au X siècle .

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_de_Montmorency

6 Référence encore à Cicéron De l'amitié, chapitres lxxxv-lxxxvi .

http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/cicero_amitie/lecture/default.htm

7 C'est Antoine de Malvin de Montazet qui succéda à Tencin .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_de_Malvin_de_Montazet

8 Thieriot écrivait à V* le 27 décembre 1757 : « On s'attend que M. le duc de Nivernais, M. le marquis de Mirabeau, et l’évêque d'Autun [Antoine de Malvin de Montazet] vont être nommés pour l'éducation de M. le duc de Bourgogne . Si monsieur le dauphin y a quelque crédit de serait M. de La Vauguyon et l'évêque de Verdun, Nicolaï ... »

9 Belle-Isle avait succédé à Paulmy comme secrétaire d’État de la guerre le 3 mars 1758 . Thieriot répondra le 30 mars : « M. de Crémille [le lieutenant-général Louis-Hyacinthe Boyer de Crémilles ] est arrivé et travaille avec le maréchal de Belle-Isle, on ne sait encore sous quelle dénomination et en quelle qualité . »

 

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05/07/2013 | Lien permanent

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