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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Tout ce qu’on doit faire, à mon avis, c’est de remontrer fortement qu’il est de son intérêt et de son honneur d’employer

... On croirait entendre Manuel Valls qui, faute d'un vrai métier tient à vivre de la politique, et fait ses manoeuvres d'approche auprès de notre  président . "Utile quinze ans " : laissez-moi rire, quinze mois semblent suffisants pour faire le compte . Combien sont-ils ceux qui font leur cour au mouvement En Marche pour se re/caser ?

 Pas de passe-droits en tout cas !

 Résultat de recherche d'images pour "obtenir un poste avantageux manuel valls humour"

On n'est pas loin de la réalité ...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

Le 25 juin [1762]

Les frères des Délices ont reçu les lettres du 19 Juin de leur cher frère. Ils cherchent le  Contrat social . Ce petit livre a été brûlé à Genève dans le même bûcher que le fade roman d’Émile ; et J.-J. a été décrété de prise de corps comme à Paris. Ce Contrat social ou insocial n’est remarquable que par quelques injures dites grossièrement aux rois, par le citoyen du bourg de Genève, et par quatre pages insipides contre la religion chrétienne. Ces quatre pages ne sont que des centons 1 de Bayle. Ce n’était pas la peine d’être plagiaire. L’orgueilleux Jean-Jacques est à Amsterdam 2, où l’on fait plus de cas d’une cargaison de poivre que de ses paradoxes.

L’affaire de mon frère 3 m’intéresse bien davantage . Mais si monsieur le contrôleur-général a promis à un ancien ami, personne ne pourra s’y opposer, ni être bien reçu à le solliciter. Tout ce qu’on doit faire, à mon avis, c’est de remontrer fortement qu’il est de son intérêt et de son honneur d’employer utilement un homme qui a été quinze ans utile ; et je suis persuadé que par cette voie on pourra obtenir un poste avantageux.

Je suis toujours en peine d’un Meslier envoyé à mon frère pour le marquis d’Argence, en son château de Dirac, près d’Angoulême . Je prie mon frère de m’en donner des nouvelles. Je répète que le Despotisme oriental 4 pourrait bien avoir été pincé, pour avoir été indiscrètement envoyé en forme de livre.

La Mort de Socrate 5 est un beau sujet dans une république où l’on peut mettre sur le théâtre l’injustice, l’ignorance, la sottise, et la cruauté des juges. Je souhaite que ce sujet réussisse en France.

Voulez-vous des Meslier et autres drogues ? j’en pourrai découvrir dans les greniers du pays. »

2 Faux bruit, il est à Yverdon .

3 L'avancement de Damilaville .

5 Tragédie de Sauvigny, jouée l'année suivante .

 

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11/05/2017 | Lien permanent

Il est si juste, monsieur, de pendre un homme pour avoir mangé du mouton le vendredi , que je vous prie instamment de me

... Plus méchants encore que les végans, les intégristes religieux !

Poisson haram! - Brisons le mythe

Poisson haram , espèce rare et protégée : pas hallal du tout , pas kasher non plus,  dommage amis juifs et musulmans ! "Sont interdits pour vous les animaux qui meurent d'eux-mêmes, le sang, la viande de porc et les animaux dédiés à d'autres qu'Allah."

http://brisonslemythe.canalblog.com/archives/2018/04/01/3...

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin [Christin fils], Avocat 1

à Saint-Claude

2è décembre 1765.

Il est si juste, monsieur, de pendre un homme pour avoir mangé du mouton le vendredi 2, que je vous prie instamment de me chercher des exemples de cette pieuse pratique dans votre province. La perte de la liberté et des biens pour avoir fourni de la viande aux hérétiques en carême n’est qu’une bagatelle. Je voudrais bien savoir de quelle date est la défense de traduire la Bible en langue vulgaire 3. Cette défense d’ailleurs était très raisonnable de la part de gens qui sentaient leur cas véreux.

Quand vous feuilletterez vos archives d’horreur et de démence, voulez-vous bien vous donner la peine de choisir tout ce que vous trouverez de plus curieux et de plus propre à rendre la superstition exécrable ?

On ne peut être plus touché que je le suis, monsieur, de votre façon de penser et de votre amitié ; vous êtes véritablement chéri dans notre maison. »

1 Christin (Charles-Gabriel-Frédéric), que l’on dit né à Saint-Claude, en 1744, a péri dans l’incendie de cette ville, en juin 1799. La publication de mémoires en faveur des mainmortables de Saint-Claude ne pouvait manquer d’être agréable à Voltaire qui, dès 1705, était en correspondance avec lui. (Beuchot.).

Voir : https://data.bnf.fr/fr/13491677/charles_gabriel_frederic_christin/

et : https://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/11829

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Gabriel-Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Christin

2 C'est parait-il ce qui est arrivé à Claude Guillon le 21 juillet 1629 ; mais dans son Commentaire sur le livre des délits et des peines, XIII, V* donne une autre version, c'est du cheval et non du mouton qu'aurait mangé Guillon .

Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Commentaire_sur_Des_D%C3%A9lits_et_des_Peines/%C3%89dition_Garnier/13#559

3 Depuis longtemps la lecture de la Bible dans sa version intégrale n'est autorisée que par permission spéciale . On peut comprendre les raisons de cette interdiction quand on voit ce que V* lui-même saura faire de la critique biblique, notamment dans son Dictionnaire philosophique et les Questions sur l'Encyclopédie .

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01/04/2021 | Lien permanent

on reconnaitra assez le petit vilain dont il est question

... Afficher l’image source

N'en déplaise à toi Nabilla Vergara (oui, allo etc., "La" Nabilla ) qui tweette : "Franchement ça sert à quoi de faire ça ?"

Si tu ne le sais pas, il est inutile de t'expliquer, visiblement, ça te dépasse .

Faire rire, et c'est beaucoup; beaucoup plus intéressant que ton avis .

Et qu'as-tu dit quand Poussah Ier-dit-Erdogan a déclaré Emmanuel Macron bon pour Ste-Anne ? Rien ! Alors que n'as-tu dit au calife turc :"A quoi ça sert de dire ça ?

 

 

« A Gabriel Cramer

Si caro Gabriele s'y est mépris d'autres sans doute s'y méprendraient . Ce n'est point du tout Lefranc qu'on avait en vue ; on a dû substituer quelque chose de plus général, mais on reconnaitra assez le petit vilain dont il est question . »

 

« Si la première feuille où est le titre est tirée, je prie monsieur Cramer de me l'envoyer .

Si elle ne l'est pas je crois qu'il est essentiel de mettre avec approbation et permission .

Je crois aussi nécessaire de faire les petits changements indiqués à la feuille B.

Je voudrais bien avoir C aujourd'hui .

Mille compliments à toute la famille . »

 

« Tout malade que l'on est, on a travaillé pour vous tout le jour et la nuit . Ce qui vous reste à faire sur tous les volumes renvoyés est fort peu de chose . Il serait très triste de perdre son travail, et que les choses même que vous avez demandées fussent inutiles .

Le vieux malade compte absolument sur vos promesses et sur votre amitié .

Si un des deux volumes qu'on vous renvoie devenait trop gros, il n'y aurait qu'à retrancher les variantes du Temple du goût, lesquelles sont très inutiles . »

 

« Vingt-quatre ou 36 pour votre serviteur et pour les amis qui ne le laisseront point aller aux typographes .

Ensuite un petit recueil de toutes les pièces que vous vendez comme des petits pâtés, tout chaud, c'est mon avis . »

 

« Voici bien autre chose . Pour prévenir de gros murmures, et en même temps pour être plus véridique, voici un carton à faire . »

 

« Voici une feuille . Je vous prie de la relire mon cher ami . Il n'y aura pas moyen de fourrer Salomon dans tout ceci . Il faut que ce soit affaire secrète .

Je vous embrasse vous et les vôtres . »

 

« Voici mon cher Caro le dernier chapitre . Quoiqu’il soit griffonné de mon écriture avec une très mauvaise plume, cependant l'imprimeur pourra en tirer parti .

Il ne faudra que deux mots d'avertissement après le titre . »

 

« Voici une lettre qu'on m'envoie pour mon cher Gabriel .

Je le prie instamment de vouloir bien m'envoyer ce qu'il m'a promis et ce que je désire avec l'impatience furieuse qu'il me connait . »

 

« Voilà donc comme votre gros compositeur me traite . Je n'ai eu qu'une feuille cette semaine . Cela n'est-il pas désespérant pour un pauvre vieillard qui compte les heures ? Venez à mon secours, Caro, et donnez quelques coups d’aiguillon au plus lent des imprimeurs . »

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06/11/2020 | Lien permanent

Il ne vous reste qu'à vous repentir.

... On le dira très bientôt quand le bordel demandé par le malfaisant Mélenchon et l'hypocrite Marine, les syndicalistes débordés, bloquera en vain l'activité du pays, juste pour la gloire d'avoir râlé, tout ça sans aucune marche arrière sur la loi adoptée .

S'il était besoin d'une preuve sur la nullité des Français en mathématiques, en élémentaire arithmétique, il n'est qu'à constater la vacuité des motifs d'opposition à la loi sur les retraites , oubliant totalement les problèmes de financement ; par quel miracle pourra-t-on multiplier les parts de gâteau sans multiplier les produits de base ?

 

 

« A François-Marie Coger

27 juillet 1767

Vous êtes bien à plaindre, monsieur, de vous acharner à calomnier des citoyens et des académiciens que vous ne pouvez connaître 1.

Vous m'imputez, dans votre critique de Bélisaire, à la gloire duquel vous travaillez, vous m'imputez, dis-je, un poème sur la religion naturelle. Je n'ai jamais fait de poème sous ce titre. J'en ai fait un, il y a environ trente ans, sur la loi naturelle 2, ce qui est très différent.

Vous m'imputez un Dictionnaire philosophique, ouvrage d'une société de gens de lettres, imprimé sous ce titre, pour la sixième fois, à Amsterdam, qui est une collection de plus de vingt auteurs, et auquel je n'ai pas la plus légère part 3.

Vous osez profaner le nom sacré du roi ( page 96 4 ), en disant que Sa Majesté en a marqué la plus vive indignation à M. le président Hénault et à M. Capperonnier. J'ai en main la lettre de M. le président Hénault qui m'assure que ce bruit odieux est faux. Quant à M. Capperonnier, j'atteste sa véracité sur votre imposture 5. Vous avez voulu outrager et perdre un vieillard de soixante et quatorze ans, qui ne fait que du bien dans sa retraite . Il ne vous reste qu'à vous repentir.

Signé Voltaire. »

1 Allusion à une « nouvelle édition » de l'Examen du Bélisaire de M. Marmontel, de Coger, édité vers le milieu de juillet . Voir : https://books.google.fr/books?id=PpZZAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

3 On peut aussi entendre par là « auquel la part que j'ai prise n'est pas la plus légère », donc essentielle .

4 Référence ajoutée par Wagnière ne bas de page .

5 On ne connaît pas cette lettre de Hénault, ni de celle de Capperonnier à laquelle V* semble se référer par avance . Cependant, dans une lettre du 4 août suivant, d’Alembert écrira à V* : « […] à votre place je me serais contenté d'avoir le désaveu du président Hénault […], de Capperonnier et de Le Bault, et j'aurais ensuite donné publiquement à Coger un démenti bien formel, supposé encore que la chose en veille la peine […]. »

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24/02/2023 | Lien permanent

toutes mes affaires sont dans une règle parfaite, et de la plus grande netteté . On me doit beaucoup, et je ne dois rien

...  Signé Stéphane Bern ? Voir : https://www.missionbern.fr/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phane_Bern

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« A Guillaume-Claude de Laleu 1

25è avril 1768 à Ferney

Je vous envoie, monsieur, le certificat du peu de vie qui me reste ; et ce n'est pas sans être extrêmement sensible à toutes les bontés que vous avez eues pour moi . J'ai envoyé à ma famille un mémoire pour lequel je réclame ces mêmes bontés, et que je soumets à votre décision . Il s'agit de donner tant que je vivrai vingt mille francs par an à Mme Denis, trois mille six cents livres à MM. L'abbé Mignot et d'Hornoy, c'est-à-dire huit cents livres à chacun, ce qui est bien peu de chose et dont je suis très honteux ; environ, je crois deux mille sept cents livres à Mme de Florian ; environ treize cents livres à Mlle Corneille qui est aujourd'hui Mme Dupuits, sans compter les quatre cents livres qui doivent appartenir au sieur Wagnière . Il me restera très peu de chose attendu que M. le duc de Virtemberg sur lequel j’ai des rentes considérables, ne me paie que dans deux ans les arrérages échus, et ne commence à me payer le courant qu'au mois de septembre prochain ; et Mme Denis m'a laissé quinze mille livres de dettes criardes à acquitter .

Voilà ma situation . Mes parents partageront la reconnaissance que je vous dois, et arrangeront tout convenablement . Je compte faire aller ma maison jusqu'au mois de septembre avec les trois mille livres que M. de Laborde, banquier du roi veut bien me faire toucher tous les mois . Ces trois mille livres serviront tant à l'acquittement des dettes qu'aux dépenses journalières . La générosité de M. de Laborde consiste à me faire toucher ces trois mille livres sans aucun frais ni de change ni de commission, quoiqu’ils soient exorbitants à Genève ; ainsi vous êtes tous deux les hommes de Paris à qui j'ai le plus d'obligations.

D'ailleurs , toutes mes affaires sont dans une règle parfaite, et de la plus grande netteté . On me doit beaucoup, et je ne dois rien à personne . Il est vrai que j'ai dépensé prodigieusement en bâtiments ; mais enfin il fallait bien loger commodément Mme Denis et moi dans la terre de Ferney . Ce n'est pas un grand présent que je lui ai fait ; elle est d'un revenu peu considérable , j'aurais voulu faire mieux pour elle .

J'aime à vous rendre compte de ma conduite,et j'espère ne manquer à aucun de mes devoirs . J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de reconnaissance, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

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27/12/2023 | Lien permanent

Il n'y a que les Genevois qui aient de l'argent dans ce pays-ci

... A savoir  le pays de Gex . Vérité du temps de Voltaire, vérité encore du temps de François 1er .

Par Genevois comprenez aussi ceux qui travaillent "sur Suisse" ou "en bas" comme on dit ici . La terre gessienne est remarquablement internationale et plus de cent drapeaux peuvent y flotter . Les salaires suisses sont plus attirants que les propositions de l'ANPE, sans conteste et depuis bien longtemps , et encore longtemps, je le crois . Grand bien fasse à ceux qui en profitent, et que ceux qui travaillent encore sur France perdent tout espoir de devenir un jour propriétaires gessiens, circulez ! pas d'argent, pas de terre !

 

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« A Jean-François Joly de Fleury 1

Aux Délices près de Genève

19 janvier 1759

Vous m'avez écrit, monsieur, que les intendants ne peuvent que le mal . Je sais que vous êtes du petit nombre qui font le contraire de ce qu'ils disent, et voici une occasion de faire du bien, et un bien dont toute ma famille aura pour vous une éternelle reconnaissance . Il est certain que la terre de Ferney ne pourrait jamais être vendue après mort 2, si elle perdait ses droits . Il n'y a que les Genevois qui aient de l'argent dans ce pays-ci . Aucun ne voudra d'une terre dégradée dans ses privilèges . Vous savez d'ailleurs que ces privilèges sont très peu de chose, presque rien, mais ce rien ôté, la terre entrerait dans le néant, elle ne rapporterait pas 1500 livres entre les mains d'un fermier, jamais ma nièce ne pourrait la vendre . Mgr le comte de La Marche y perdrait de beaux droits de mutation . J'avais d'abord imaginé d'implorer sa protection, celle de Mme de Pompadour et de M. le duc de Choiseul auprès de vous . Je trouve bien mieux d'implorer la vôtre auprès d'eux . Voici à peu près comme j'ai conçu que le brevet du roi pourrait être dressé pour épargner aux commis des affaires étrangères la peine d'en faire un 3. Si vous l'approuvez, je l'enverrai à M. le duc de Choiseul, et je me flatte qu'il ne fera nulle difficulté de le signer . Mais c'est à vous seul , monsieur, que je veux avoir l'obligation du succès, puisque vous seul êtes en état de certifier la justice de la demande . Cette grâce fera le bien de la terre et du pays, et de ma famille, elle sera même utile au roi, puisque le village enrichi dans quelques années sera en état de payer de plus fortes tailles . Si j'obtiens votre approbation et votre bienveillance dans cette affaire, j'enverrai une requête à M. le duc de Choiseul qui vous la renverra pour l’examiner ; et sur cette requête appuyée de votre avis, on dressera le brevet .

J’attends vos bontés et vos ordres, et je serai toute ma vie, monsieur, avec la reconnaissance la plus vive et la plus pleine de respect

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire »

1 Le destinataire non spécifié sur le manuscrit est trouvé par déduction , le texte ne laissant pas de doute .

2 V* a sans doute omis ici ma .

3 On voit tous les documents relatifs à cette affaire dans Appendice D177 (avril-mai 1759) de Besterman . Le projet auquel fait précisément allusion V* dans ce passage est la pièce VIII . Le brevet lui-même qui suit ce projet de très près est la pièce IX.

 

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09/02/2014 | Lien permanent

vous avez tout examiné avec votre sagesse ordinaire ; mais l'évènement trompe souvent la sagesse

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

 

Colmar, 6 octobre [ 1754]

 

Mon cher ange, j’ai assez de justice, et, dans cette occasion-ci, assez d'amour propre pour croire que vous jugez bien mieux que moi . C'est déjà beaucoup, c'est tout pour moi, que vous, et Mme d'Argental, et vos amis, vous soyez contents ; mais , en vérité, les personnes que vous savez ne le seront point du tout . Les partisans éclairés de Crébillon ne manqueront pas de crier que je veux attaquer impudemment, avec mes trois bataillons étrangers 1, les cinq gros corps d'armée romaine 2. Vous croyez bien qu'ils ne manqueront pas de dire que c'est une bravade faite à sa protectrice 3; et Dieu sait si alors on ne lui fera pas entendre que c'est non seulement une bravade, mais une offense et une espèce de satire . Comme vous jugez mieux que moi, vous voyez encore mieux que moi tout le danger ; vous sentez si ma situation me permet de courir de pareils hasards . Vous m'avouerez que, pour se montrer dans de telles circonstances, il faudrait être sûr de la protection de la personne à qui je dois craindre de déplaire . Si malheureusement les allusions, les interprétations malignes, faisaient l'effet que je redoute, on en saurait aussi mauvais gré à vos amis, et surtout à vous, qu'à moi . Je suis persuadé que vous avez tout examiné avec votre sagesse ordinaire ; mais l'évènement trompe souvent la sagesse . Vous ne voyez point les allusions, parce que vous êtes juste ; le grand nombre les verra très clairement, parce qu'il est très injuste . En un mot , ce qui peut en résulter d'agrément est bien peu de chose . Le danger est très grand, les dégoûts seraient affreux, et les suites bien cruelles . Peut-être faudrait-il attendre que le grand succès du Triumvirat fût passé ; alors on aurait le temps de mettre quelques fleurs à notre étoffe de Pékin ; on pourrait même en faire sa cour à la personne qu'on craint 4, et on préviendrait ainsi toutes les mauvaises impressions qu'on pourrait lui donner . Vous me direz que je vois tout en noir, parce que je suis malade ; Mme Denis, qui se porte bien, pense tout comme moi . Si vous croyez être absolument sûr que la pièce réussira auprès de tout le monde, et ne déplaira à personne, mes raisons, mes représentations ne valent rien ; mais vous n'avez aucune sureté, et le danger est évident . Vous seriez au désespoir d'avoir fait mon malheur, et de vous être compromis en ne cherchant qu'à me donner de nouvelles marques de vos bontés et de votre amitié . Songez donc à tout cela , mon cher et respectable ami . Je veux bien du mal à ma maudite Histoire générale, qui ne m'a pas encore fourni un sujet de cinq actes . Je n'en ai trouvé que trois à la Chine, il en faudra chercher cinq au Japon . Je crois y être , en étant à Colmar ; mais je suis avec une personne qui vous est aussi attachée que moi . Nous parlons tous les jours de vous ; c'est le seul plaisir qui me reste . Adieu ; mille tendres respects à toute la hiérarchie des anges . »

 

 

 

1 L'Orphelin de la Chine , d'abord écrit en trois actes .

2 Le Triumvirat, de Crébillon, en cinq actes .

3 Mme de Pompadour .

4 Toujours Mme de Pompadour .

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27/09/2011 | Lien permanent

J’ai mes raisons pour renoncer au système de l'optimisme

..."Je pars du principe que tous les hommes sont des salauds et que parfois il en est qui ne le sont pas "  Je cite (aussi bien que je m'en souvienne) ce cher Kouchner, Médecin du monde , fort décrié ( à juste titre ? oui ! je crois, mais bon, la balance du bien fait par rapport à ses couillonneries mesquines reste à l'équilibre ) .

 

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« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

Aux Délices 9 décembre 1758

J'ai bien reçu l'honneur de votre lettre d'Auxbourg ma très gracieuse dame, comme disent les Allemands . Vous êtes une femme charmante, comme disent les Français . Les Lorrains sont enchantés de vous . Le roi Stanislas compte sur votre souvenir et le jésuite Menoux sur votre conversion . Mais vous allez tout oublier auprès de Marie-Thérèse la divine, et auprès du laborieux, du ferme, du généreux ministre qui ne veut pas absolument qu'il y ait deux Césars en Allemagne, et que le margrave de Brandenbourg soit un des deux Césars . Il y aura encore bien des faubourgs de brûlés, bien des femmes grosses écrasées, et des princesses évanouies, et des familles réduites à la mendicité, et des héros à cinq sous par jour massacrés, avant que les choses soient comme elles doivent être . Le meilleur des mondes possibles de Joseph Leibnitz , est un petit enfer, et tout paraît assez mal sur ce petit globe ou globule 1, dans lequel Pope prétend que tout est bien . J’ai mes raisons pour renoncer au système de l'optimisme, mais si vous êtes heureuse je pardonnerai un peu au diable qui se mêle des affaires de ce monde . Mme Denis la martyre de Francfort, et l'ermite des Délices, fait toujours comme moi mille vœux pour vous, et pour le héros de la maison du triangle et pour Mme la duchesse de Carinthie 2 à qui vous êtes si attachée .

Il n'y a guère dans cette Histoire générale dont vous me parlez, d'évènement plus frappant et plus singulier que ce qui se passe aujourd'hui en Europe . Si les jeunes gens que vous protégez veulent lire l'Histoire que vous protégez aussi, j'aurai l'honneur de la leur envoyer . Il ne me manque que leur adresse . Peut-être en tireront-ils quelque profit, s'ils aiment mieux la peinture des mœurs qu'un fatras de dates et de généalogies . Si Dieu prolonge encore ma vie de quelques années, je prolongerai de mon côté l'histoire des malheurs du genre humain jusqu'au moment qui finira cette horrible guerre .

J'attends paisiblement dans ma retraite suisse la conclusion de tant d'horreurs et de tant de vicissitudes . Je sens bien que ce pays que j'ai choisi n'est pas fait pour vous . J'ai beau bâtir à Ferney une maison plus agréable que Coppet, vous ne l'honorerez pas de votre présence . Il vous faut des cours et même des cours auliques . Gagnez tous vos procès, et que le héros du triangle gagne le sien . Vous connaissez les sentiments de mon cœur et quelle franchise vous m'inspirez . Je suis encore fort poli avec certaines gens, mais avec vous je ne suis que vrai, et rien n'est plus vrai assurément que je vous suis attaché pour la vie avec le plus tendre respect .

V. »

2 Respectivement Kaunitz ( voir lettre du 9 septembre 1758 à la comtesse Bentinck : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/10/22/tout-le-monde-avoue-qu-il-faut-etre-philosophe-qu-il-faut-et.html )

et Marie-Thérèse d'Autriche .

 

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22/12/2013 | Lien permanent

j'étais fourré dans la querelle du philosophe bienfaisant, et du petit singe ingrat

http://www.deezer.com/listen-2898793

http://www.deezer.com/listen-3118079

http://www.deezer.com/listen-2280052 : why not ?

http://www.deezer.com/listen-2719470

http://www.deezer.com/listen-5867968 : déjanté ! Toute ressemblance ... etc. etc.

 

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« A Etienne-Noël Damilaville

 

28 octobre 1766

 

On aurait bien dû m'avertir, mon cher ami, que j'étais fourré dans la querelle du philosophe bienfaisant, et du petit singe ingrat [i]. Vous savez que je vous ai toujours dis que je ne connaissais pas cette lettre qu'on prétend que j'avais écrite à Jean-Jacques [ii]. Si vous la retrouvez faites-moi le plaisir de me l'envoyer, je veux voir si cette lettre est aussi plaisante que je le souhaite. Renvoyez-moi donc les trois lettres de ce Huron [iii] écrites à M. du Theil [iv].

 

Le projet de ce pauvre Boursier [v] ne reste sans exécution que parce que vous ne lui fournissez pas les secours nécessaires. S'il avait seulement deux personnes de votre caractère, il se flatterait bien de réussir. Ces deux personnes d'ailleurs ne risqueraient rien de faire le voyage. Est-il possible que personne ne veuille entreprendre une chose si importante et si aisée, lorsqu'on est sûr de la plus grande protection ![vi]

 

Point de nouvelles de Meyrin . Êtes-vous bien sûr que le paquet [vii] a été mis à a diligence ? Mes maladies augmentent tous les jours. Je m'imagine que l'élixir de Boursier pourrait seul me faire du bien, mais il faudrait que ce fût vous qui le préparât.

 

Je vous prie, mon cher ami, de faire mettre une enveloppe à la lettre de M. d'Alembert [viii], et d'envoyer l'autre à son adresse.

 

Comme je vous embrasse ! »

 

i Il s'agit de Hume et de JJ Rousseau ; cf. lettre du 14 juillet. Dans la lettre suivante :

http://www.voltaire-integral.com/Html/26/03_Hume.html : « Je me trouve impliqué dans cette affaire . Le sieur Rousseau m'accuse de lui avoir écrit en Angleterre une lettre dans laquelle je me moque de lui . Il a accusé M. d'Alembert du même crime. »

 

iii JJ Rousseau, bien sûr ! V* écrit L'Ingénu, conte qui paraitra dans l'été 1767, et dont le héros est un Huron.

http://www.audiocite.net/livres-audio-gratuits-romans/vol...

 

iv Lettres écrites par JJ Rousseau pendant son séjour à Venise, et qui, selon V* montrent qu'il était « domestique » de M. de Montaigu et non pas secrétaire d'ambassade comme il le prétendait ; cf. lettres du 17 septembre 1765 aux d'Argental et celle du 6 novembre 1766. JJ Rousseau était premier secrétaire de Montaigu.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/16/p...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/11/07/a...

Lettre 15 et lettre 97 : http://classiques.uqac.ca/classiques/Rousseau_jj/lettres_...

 

v= V* lui-même ! Il s'agit de son projet de « colonie » philosophique à Clèves; cf. lettres du 23 juillet à Diderot et d'Alembert et du 4 août à Damilaville.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/07/23/s...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/02/d...

 

vi Celle de Frédéric II.

 

vii La réponse de Diderot .

 

viii Celle qu'il a écrite à Beaumont, avocat des Sirven, et qui porte une adresse.

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28/10/2010 | Lien permanent

il ne convenait guère à un insecte d'attaquer un lézard

...

 

 

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul-Stainville

[vers le 5 juin 1760]

[Conseille à Choiseul de ne pas trop insister sur les termes de la paix, tels qu'il les a suggérés pour la réponse de V* à Frédéric II ; lui reproche d'autre part trop de complaisance pour Fréron]1

1 Les indications données sur cette lettre sont déduites de la réponse de Choiseul qui est importante pour comprendre la suite des relations entre V* et le ministre : « A Versailles ce 16 juin [1760]

Vous êtes plus sage que moi et vous avez raison ; car , si c'est bien fait de n'être pas sage, il ne sied pas mal quelquefois de l'être . Tout bien considéré, il vaut mieux ne pas répondre aux injures ; je crois que c'est la guerre des gens de lettres et des philosophes qui avait échauffé ma tête sur les grossièretés de Luc . Restons-en là et contentons-nous, chacun pour notre rade, de ne le point craindre quand il pourfendait tous les Autrichiens, et de le mépriser quand il se battra sans esprit et sans talent avec des injures .

J'ai vu un poème de vous qui s'appelle Le Pauvre Diable, que ni vous ni d'Argental ne m'avez envoyé ; vous en êtes sûrement l'auteur, comme vous l'êtes de L’Écossaise . Quoique vous disiez que je protège Fréron (qui m'intéresse autant que Palissot qui ne m'intéresse point du tout ) avec lequel j'ai été au collège sans nulle privauté ( il était cependant jésuite et moi écolier sans avoir eu la petite vérole ), je vous assure que ce que vous dites de lui me fait rire quand il est plaisant et m'est indifférent quand il ne me fait pas rire ; j'avais conseillé à Fréron de ne point parler de vous dans ses feuilles ; je lui avais même insinué qu'il ne convenait guère à un insecte d'attaquer un lézard ; il a depuis critiqué mal à propos La Femme qui a raison ; cette critique vous a fâché ; vous le maltraitez ; à la bonne heure, je vous le livre ; j'en fais de même de Palissot qui, quoi qu'on en dise , fait fort bien des vers, et sa pièce des Philosophes, que j'ai hautement désapprouvée et qui est certainement une mauvaise comédie, a des scènes très dialoguées et très bien écrites . Je ne me pique pas d'être un juge compétent, mais par exception je soutiendrai même à Diderot qu'il écrit aussi mal en prose que Palissot écrit fort bien des vers et a de la facilité et du talent . Après cela l'on dira que sa morale est indigne, qu'il est fripon, etc . Je l'abandonne à la malédiction de la philosophie et des philosophes et même aux coups de bâton qu'il pourra mériter . Si une pauvre femme qui se meurt et à qui un philosophe l'a appris galamment dans une préface était morte, je ne voudrais entendre parler de ma vie de ce Palissot, ni de tout ce train d'auteur qui ne m'est bon que pour faire diversion dans la tête des badauds de Paris à la guerre véritable . Je n'en ai jamais tant dit que je vous en écris sur cette matière ; c'est pour vous détromper sur un intérêt tendre que vous me supposez pour Fréron . Adieu, cher solitaire ; je vous embrasse de tout mon cœur et vous prie de m'envoyer ce chant de La Pucelle que vous m’avez promis . »

 

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05/06/2015 | Lien permanent

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