18/04/2010
un sermon de carême qui m’a paru n’être pas indigne d’entrer dans le sottisier de Monseigneur
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
Mon héros m’a reproché quelquefois de trop respecter ses plaisirs et ses occupations, et de ne lui envoyer jamais les petits ouvrages de province qui pouvaient me tomber sous la main. Voici un sermon de carême [La Bégueule, conte moral (1772)] qui m’a paru n’être pas indigne d’entrer dans le sottisier de Monseigneur. J’ai pensé même qu’il pourrait vers la Quasimodo engager M. l’abbé de Voisenon, ci-devant grand vicaire de Boulogne, à faire de ce sermon un opéra-comique [le 20 avril, V* écrit à Voisenon pour lui faire cette proposition ; en fait, Favart s’en inspirera dans La Belle Arsène], afin que la morale soit annoncée dans toutes les assemblées de la nation. C’est à mon héros à dire s’il y a jamais eu de bégueule dans le goût de celle dont il est ici question. S’il en a trouvé, il les a bien vite corrigées sans être charbonnier [comme le personnage du conte]. Je me mets aux pieds de mon héros, du fond des antres des Alpes où j’achève ma vie en le respectant autant que je l’aime.
V.
18è avril 1771, à Ferney. »
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17/04/2010
Je veux que vous soyez heureuse quand j’ai renoncé à l’être
Un Toutou vaporeux qui est là pour sucer la poussière du volcan islandais !
Combien pour ce chien qui s'illumine ? aurait pu chanter Line Renaud .
Thierry Le Luron en a fait des tonnes pour se moquer gentiment de Line l'Inoxydable ! http://www.youtube.com/watch?v=mrFoi10LlKw&feature=re...
Certes il ne dit pas comme Volti : "Mais vous êtes encore à un âge à goûter tous les plaisirs de la société " , mais le rire qu'il déclenche est élixir de longue vie .
« A Marie-Louise Denis
17è avril 1769
Je reçois, ma chère nièce, votre lettre du 7 avril. Je suis bien aise que M. de Lézeau vous ait tenu parole pour le passé. Mais il vous doit, je crois actuellement deux années, ou une au moins, en son propre et privé nom ; c’est ce que vous pourrez aisément vérifier. J’espère que vous ne serez pas moins contente de M. de Richelieu. Je veux que vous soyez heureuse quand j’ai renoncé à l’être. J’ai encore une petite fièvre toutes les nuits, qui est peut-être plus dangereuse que les onze ou douze accès violents que j’ai essuyés. Je n’ai fait aucune difficulté de communier dans mon lit lorsque j’étais en danger. Il y a une très grande différence entre nos philosophes se portant bien qui dédaignent dans Paris une cérémonie inutile et un vieillard malade qui est malheureusement célèbre, qui doit ne pas révolter les barbares dont il est environné, qui est forcé d’imposer silence à un évêque ultramontain, fanatique et persécuteur [Jean-Pierre Biord avec qui il eut une querelle à propos de cette communion et qui ne fut pas accompagnée de la profession de foi attendue], qui doit surtout éviter un scandale désagréable pour sa famille, et pour l’Académie française dont il est membre. J’ai donné même un exemple que tout bon citoyen suivra peut-être. J’ai déclaré que je voulais mourir et que j’avais toujours vécu dans la religion de mon roi et de ma patrie, laquelle fait partie des lois de l’Etat. C’est la déclaration d’un honnête homme ; elle fait taire le fanatisme, et ne peut irriter la philosophie. Je trouve Boindin très ridicule de n’avoir point voulu soumettre aux lois de son pays. Qu’a-t-il gagné par cette opiniâtreté ? Il a fait de la peine à sa famille, et il a été jeté à la voirie [Nicolas Boindin (1676-1751), athée, ne s’étant pas rétracté n’a pas eu de sépulture religieuse].
Je présume que je pourrai vivre encore jusqu’à l’hiver prochain. Vous trouverez alors le Châtelard bien bâti [construction de granges au Châtelard ancienne ferme qui fait partie du domaine] et la terre dans le meilleur état possible.
Ma maladie m’a mis absolument hors d’état de travailler. Je me fais lire [lectures pendant le repas, préférables dit-il aux conversations oiseuses !]; je vois mes ouvriers quand le temps le permet ; je me couche à dix heures précises, je ménage ainsi le peu de force qui me restent.
On ne sait pas ce qu’est devenu Perrachon [Etienne Perrachon, marchand à Ferney, parti à Paris]. Votre lettre est probablement perdue.Vous pourriez aisément me mander ce qu’elle contenait, et me l’envoyer par M. Lefevre.
J’avoue que ç’aurait été une consolation pour moi, et en même temps un grand amusement, si vous aviez pu faire réussir l’affaire de La Touche cette année [il attribue maintenant sa tragédie Les Guèbres à La Touche]. Peut-être en viendrez-vous à bout ; personne n’en est plus capable que vous.
J’ignore le projet dont vous me parliez dans votre dernière lettre. Je suis tout dérouté quand vous me dîtes que vous n’aimez pas Paris [le 26 (30) mars elle écrit : « … je vous déclare que je ne resterai pas à Paris. Si je vous y étais utile, je ne balancerai pas. Mais comme je ne suis bonne à rien qu’à vous dépenser de l’argent, je vous supplie de me permettre de quitter un séjour qui ne convient plus ni à mon âge, ni à ma santé et qui vous serait fort à charge à la longue. Quand vous voudrez savoir mon projet, je vous le dirai. »]. Vous avançâtes votre voyage de trois jours pour revoir vos parents, vos amis, les spectacles, et pour jouir de tout ce que la capitale peut avoir d’agréments [elle répond le 23 avril : « Je ne sais ce que vous entendez en me disant que j’ai avancé mon voyage … Vous savez que vous m’avez obligée et forcée de sortir de chez vous, que … je vous ai supplié de me permettre de me retirer à Lyon, que vous n’avez jamais voulu y consentir, qu’il m’a fallu aller de force à Paris, que vous me demandiez tous les jours si mes paquets étaient faits… »], tandis que j’ai vécu dans une espèce de prison pendant une année entière. La solitude de la campagne est faite pour moi, pour ma situation, et pour ma mauvaise santé qui exige la retraite. Mais vous êtes encore à un âge à goûter tous les plaisirs de la société [57 ans]. La vie que je mène serait un supplice pour vous. Enfin, je ne puis concevoir le dégoût que Paris semble vous inspirer. Je ne puis la regarder que comme un dégoût passager qui s’évanouira bientôt. Ouvrez-moi votre cœur, parlez-moi avec confiance ; soyez très sûre que je partage vos plaisirs et vos peines. J’imagine que vous pourrez louer l’appartement qu’occupait chez vous Mme Dupuits à quelque homme de lettres, dont la société serait pour vous un agrément de plus. C’est peut-être ce que vous aurez de mieux à faire.
J’ignore toutes les nouvelles. La gazette de Berne prétend que M. de La Borde est exilé [le banquier Jean-Joseph de La Borde], et je n’en crois rien. C’est un homme trop sage pour s’être attiré cette disgrâce. Mais je crains beaucoup pour ses actions de la caisse d’escompte. Je crois vous avoir dit que j’ai entre ses mains presque le seul bien libre qui me restait. S’il lui arrivait un malheur j’en serai la première victime, et je serais bien embarrassé pour assurer quelque chose à votre neveu d’Hornoy par son contrat de mariage. Nos affaires avec le duc de Virtemberg [règlement des arrérages, nouveau prêt et signature de papiers juridiquement inattaquables] sont dans la plus grande sécurité ; mais tout ne sera arrangé que dans trois mois. Il me semble que je vous en ai aussi informée.
L’autre La Borde, premier valet de chambre du roi m’inquiète un peu. Vous ne m’accusez point la réception d’un paquet que je lui ai envoyé pour vous il y a trois semaines. Je ne reçois de lui aucune nouvelle. Il parait ne plus songer à Pandore, c’était pourtant une belle fête à donner à la dauphine [achever la musique de la Pandore de V* pour la présenter devant Marie-Antoinette qui va épouser le dauphin].
On fait trois nouvelles éditions du Siècle de Louis XIV, à Leipsick, à Lausanne, et dans la ville d’Avignon. Celui qui a frappé ma médaille s’appelle Wachter [médaille à 30 livres pièce en argent, 6 livres 432 en bronze], il est sujet de l’Electeur palatin.
J’ai répondu à tous les articles de votre [lettre]. Il est inutile à présent que M. d’Hornoy passe chez la veuve Duchesne, elle a entièrement réparé sa faute [le 3 avril V* écrit à Mme Denis que d’Hornoy doit « passer sur le champ chez la veuve Duchesne, et exiger … incontinent l’impression du carton dont on [V*] lui a envoyé le modèle ». Dans la France littéraire qu’elle venait d’imprimer, on attribuait à V* Le Catéchumène et le Tableau philosophique de l’Esprit humain, qui ne sont pas de lui et « quantité d’autres brochures infâmes » qui, elles , sont de lui ! La libraire s’est exécutée et V* l’en remercie le 10 avril ]. Renvoyez-moi, je vous prie, le petit billet pour Laleu afin que tout soit en règle [Mme Denis dit le 26 (30) avril, que n’ayant plus que six louis en poche, elle demande à prendre chez le notaire Laleu mille écus, qu’elle promet de rendre]. Je mets un ordre très exact dans toutes mes affaires. Mon âge et ma mauvaise santé l’exigent. Je vous embrasse avec la plus tendre amitié.
V. »
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16/04/2010
que mon goût ne soit jamais émoussé par l’étude
Sol y sombra !
http://www.youtube.com/watch?v=DJILLGS264k
Dédicace :
"C’est toujours l’amour ou l’amitié qui vous inspire."
C'est ce que je pense de LoveVoltaire qui va son petit bonhomme de chemin et, jour après jour, fait connaitre les écrits et la pensée de Volti. Longue et heureuse vie à vous LoveV.
« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville
Ce [16 avril 1735]
Vraiment, mon cher ami, je ne vous ai point encore remercié de cet aimable recueil que vous m’avez donné [Cideville a envoyé ses écrits avec une Epître en vers le 28 mars]. Je viens de le relire avec un nouveau plaisir. Que j’aime la naïveté de vos peintures ! que votre imagination est riante et féconde ! et ce qui répand sur tout cela un charme inexprimable, c’est que tout est conduit par le cœur. C’est toujours l’amour ou l’amitié qui vous inspire. C’est une espèce de profanation à moi de ne vous écrire que de la prose après les beaux exemples que vous me donnez. Mais, mon cher ami, carmina secessum scribentis et otia quarunt[= Les vers requièrent pour le poète la retraite et les loisirs]. Je n’ai point de recueillement dans l’esprit. Je vis de dissipation depuis que je suis à Paris, tendunt extorquere poemata,[= on est en train de m’arracher la composition poétique] mes idées poétiques s’enfuient de moi. Les affaires et les devoirs m’ont appesanti l’imagination. Il faudra que je fasse un tour à Rouen pour me ranimer. Les vers ne sont plus guère à la mode à Paris. Tout le monde commence à faire le géomètre et le physicien. On se mêle de raisonner. Le sentiment, l’imagination et les grâces sont bannis. Un homme qui aurait vécu sous Louis XIV et qui reviendrait au monde ne reconnaitrait plus les Français. Il croirait que les Allemands ont conquis ce pays-ci. Les belles-lettres périssent à vue d’œil. Ce n’est pas que je sois fâché que la philosophie soit cultivée, mais je ne voudrais pas qu’elle devint un tyran qui exclût tout le reste. Elle n’est en France qu’une mode qui succède à d’autres et qui passera à son tour, mais aucun art, aucune science ne doit être de mode. Il faut qu’ils se tiennent tous par la main, il faut qu’on les cultive en tout temps. Je ne veux point payer de tribut à la mode, je veux passer d’une expérience physique à un opéra ou à une comédie, et que mon goût ne soit jamais émoussé par l’étude. C’est votre goût, mon cher Cideville, qui soutiendra toujours le mien, mais il faudrait vous voir, il faudrait passer avec vous quelques mois, et notre destinée nous sépare quand tout devrait nous réunir.
J’ai vu Jore à votre semonce [le 12 avril : « Je sais que Jore est à Paris … Il faudrait engager sa famille à lui mander de venir me trouver. Peut-être qu’un quart d’heure de conversation avec lui pourrait servir à éclaircir M. le garde des Sceaux, me raccommoder entièrement avec lui, et rendre à Jore sa maîtrise… »]. C’est un grand écervelé. Il a causé tout le mal pour s’être conduit ridiculement.[à propos de la diffusion des Lettres philosophiques en avril 1734]
Il n’y a rien à faire pour Linant ni auprès de la présidente [Cideville , le 12 avril : « La présidente (Mme de Bernières) m’a paru aussi peu disposée à recevoir sa personne que les comédiens le seraient à recevoir sa pièce.], ni au théâtre. Il faut qu’il songe à être précepteur [le 12 avril à Cideville : « La seule ressource de Linant, c’est de se faire précepteur, ce qui est encore assez difficile, attendu son bégaiement et sa vue basse, et même le peu d’usage qu’il a de la langue latine. J’espère cependant le mettre auprès du fils de Mme du Châtelet. » Linant sera « mis » mais renvoyé (surtout à cause de sa sœur)]. Je lui fais apprendre à écrire, après quoi il faudra qu’il apprenne le latin, s’il veut le montrer. Ne le gâtez point si vous l’aimez.
Vale.
V. »
Volti recommande Linant !
Un mien cousin, trompettiste, me conseille d'écouter et voir ceci (bien qu'il soit fan de Maurice André !):
http://www.youtube.com/watch?v=ASB6hFUat4g&feature=re...
Faible femme ?!
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15/04/2010
Il serait plaisant que ce rhinocéros eût du succès à la reprise
http://www.youtube.com/watch?v=d93Yvmz4vuQ

« A Henri Lambert d’Herbigny, marquis de Thibouville
A Potsdam 15 avril [1752]
Le duc de Foix vous fait mille compliments aussi bien que M. son frère [personnages d’Amélie, nouvelle version de Adélaïde du Guesclin ; le 3 juin il dira aux d’Argental qu’il a adressé à Mme Denis « non pas Adélaïde, non pas Le Duc d’Alençon, mais Amélie », « avec des maires du palais au lieu de Charles VII, et des Maures au lieu d’Anglais »], ils voudraient bien que je vinsse à Paris vous les présenter, mais ils partent incessamment pour aller trouver Mme Denis dans la malle du premier courrier du nord. Vous les trouverez à peu près tels que vous les vouliez. Mais on s’apercevra toujours un peu qu’ils sont les enfants d’un vieillard. Si vous voulez les prendre sous votre protection tels qu’ils sont, empêchez surtout qu’on ne connaisse jamais leur père. Il faut absolument les traiter en aventuriers. Si on se doute de leur famille, les pauvres gens sont perdus sans retour. Mais en passant pour les enfants de quelque jeune homme qui donne des espérances, ils feront fortune. Ce sera à vous et à Mme Denis à vous charger entièrement de leur conduite, et Mlle Clairon elle-même ne doit pas être de la confidence. On me mande que l’on va redonner au théâtre le Catilina de Crébillon.[le 30 mars, dans le Journal de la Librairie, on lit « Le S. Crébillon a engagé les Comédiens Français de jouer Catilina à la rentrée, mais comme ils ne sont point dans ces sentiments, il les a menacés de leur faire faire par autorité ce qu’ils ne feront pas autrement. » ; pièce créée en 1748, reprise en 1756, sans succès]. Il serait plaisant que ce rhinocéros eût du succès à la reprise. Ce serait la preuve la plus complète que les Français sont retombés dans la barbarie. Nos sybarites deviennent tous les jours Goths et Vandales. Je laisse reposer Rome, et j’abandonne volontiers le champ de bataille aux soldats de Corbulon [= partisans de Crébillon]. Je m’occupe dans mes moments de loisir de rendre le style de Rome aussi pur que celui de Catilina est barbare et je ne me borne pas au style. Puisque me voilà en train de faire ma confession générale, vous saurez que Louis XIV partage mon temps avec les Romains et le duc de Foix. Je ne regarde que comme un essai l’édition qu’on a faite à Berlin du Siècle de Louis XIV. Elle ne me sert qu’à me procurer de tous les côtés des remarques et des instructions ; je ne les aurais jamais eues si je n’avais publié le livre [de la part de La Condamine, du maréchal de Richelieu, du maréchal de Noailles, des d’Argental ; il recevra même « des manuscrits de la main de Louis XIV »]. Je profite de tout, ainsi je passe ma vie à me corriger en vers et en prose. Mon loisir me permet tous ces travaux. Je n’ai rien à faire absolument auprès du roi de Prusse. Mes journées sont occupées par une étude agréable finissant par des soupers qui le sont davantage, et qui me rendent des forces pour le lendemain, et ma santé se rétablit par le régime. Nos repas sont de la plus grande frugalité, nos entretiens de la plus grande liberté, et avec tout cela je regrette tous les jours Mme Denis et mes amis, et je compte bien les revoir avant la fin de l’année. J’ai écrit à M. de Malesherbes [10 avril 1752] que je suppliais très instamment d’empêcher que l’édition du Siècle de Louis XIV n’entrât dans Paris, parce que je ne trouve point cet ouvrage encore digne du monarque ni de la nation qui en est l’objet. J’ai prié ma nièce de joindre ses sollicitations aux miennes pour obtenir le contraire de tout ce que les auteurs désirent, la suppression de mon ouvrage. Vous me rendrez, mon cher Monsieur, le plus grand service du monde en publiant autant que vous le pourrez mes sentiments. Je n’ai pas le temps d’écrire aujourd’hui à ma nièce, la poste va partir. Ayez la bonté d’y suppléer en lui montrant ma lettre. S’il y a quelque chose de nouveau, je vous prie de vouloir bien m’en faire part Soyez persuadé de la tendre amitié et de la reconnaissance qui m’attachent à vous pour jamais.
V. »
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14/04/2010
Soyez toujours victorieuse, toutes les nations alors vous célèbreront.

« A Catherine II, impératrice de Russie
A Ferney, 14 avril 1770
Madame,
Que Votre majesté Impériale pardonne mon importunité. Il faut que je lui dise (ce qu’elle voit bien sans moi) qu’elle tourne toutes les têtes des bords de la mer Baltique aux montagnes des Alpes.
Elle a du recevoir une lettre d’un illuminé qui a trouvé dans l’Ancien testament, et dans l’Apocalypse, que Moustapha sera détrôné cette année. Cet homme nommé Cheseaux voit dans les prophètes ce que je vois dans vos soldats [Charles-Louis-Loys de Cheseaux qui en 1774 publiera : Harmonie des prophéties avec quelques évènements du temps passé et plusieurs du temps présent].
Un autre enthousiaste [Voltaire !] a écrit le petit poème dont j’ajoute la traduction à Votre Majesté [Traduction du poème de Jean Plokof, conseiller de Holstein, sur les affaires présentes ].
D’autres enthousiastes [toujours V* ! le 10 avril, V* a beaucoup insisté pour faire utiliser par Catherine les chars qu’il avait imaginés et déjà proposés pendant la Guerre de 7 ans ; ils sont « d’une fabrique toute différente de ceux de l’Antiquité »] insistent toujours sur les chars, supposé qu’on se batte en bataille rangée dans les plaines d’Adrianople [ville embellie par Hadrien = Andrinople]. C’est à votre raison supérieure à juger les imaginations que vous échauffez.
Soyez toujours victorieuse, toutes les nations alors vous célèbreront. Mais quand vous éprouveriez un revers (ce que je ne crois pas), l’ermite de Ferney sera invariable dans son admiration pour l’esprit et le courage de Votre Majesté Impériale, dans son profond respect, dans ses vœux pour votre personne, dans sa reconnaissance, et dans sa haine cordiale contre Moustapha.
Le très humble et très obéissant ermite de Ferney, enthousiaste de Sa Majesté Impériale Catherine seconde, la première de toutes les femmes, et qui fait honte à tant d’hommes. »
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13/04/2010
bien faire connaître ma façon de penser, qui n’est ni d’un superstitieux, ni d’un athée
http://www.youtube.com/watch?v=JnjTpzNdeoo
Des Enfoirés qui se bougent le cul : je dis respect ! et merci !
Volti les aurait encouragés, faute de chanter avec eux.
Volti a été de cette trempe des véritables philanthropes qui ont aidé sur le terrain les démunis : je dis bravo et merci Volti !
Par delà le temps, il reste un exemple !
« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville
Aux Délices près de Genève
12 avril 1756
J’ai tant fait de vers, mon cher et ancien ami, que je suis réduit à vous écrire en prose [Cideville le 11 mars lui a envoyé une épître en vers et demandé des vers à V*]. J’ai différé à vous donner de mes nouvelles comptant vous envoyer à la fois le poème sur le désastre de Lisbonne, sur le tout est bien, sur la loi naturelle : ouvrages dont on a donné à Paris des éditions toutes défigurées [Cf. lettres du 22 mars à la duchesse de Saxe-Gotha et d’Argental]. Obligé de faire imprimer moi-même ces deux poèmes, j’ai été dans la nécessité de les corriger [une édition spéciale de ceux-ci parait à Genève ; vite épuisée, on réédite en mai, conforme à la première ; entre-temps, ils paraitront en Supplément aux Mélanges dans les Œuvres Complètes par Cramer et imprimés aussi à Paris]. Il a fallu dire ce que je pense et le dire d’une manière qui ne révoltât ni les esprits trop philosophes, ni les esprits trop crédules. J’ai vu la nécessité de bien faire connaître ma façon de penser, qui n’est ni d’un superstitieux, ni d’un athée. Et j’ose croire que tous les honnêtes gens seront de mon avis.
Genève n’est plus le Genève de Calvin, il s’en faut beaucoup. C’est un pays rempli de vrais philosophes. Le christianisme raisonnable de Locke est la religion de presque tous les ministres, et l’adoration d’un Etre suprême jointe à la morale est la religion de presque tous les magistrats. Vous voyez par l’exemple de Tronchin que les Genevois peuvent apporter en France quelque chose d’utile [Théodore Tronchin , médecin genevois, est allé à Paris et pratique l’inoculation, en particulier sur le duc de Chartres. Ce 12 avril, V* écrit à la comtesse de Lutzelbourg les noms des grands qui vont être inoculés : les enfants de La Rochefoucauld et du maréchal de Belle-Isle, Mme de Villeroy]. Vous avez eu cette année des bords de notre lac l’insertion de la petite vérole, Idamé [personnage de L’Orphelin de la Chine], et La Religion naturelle.
Mes libraires se sont donné le plaisir d’assembler dans leurs villes les chefs du Conseil et de l’Eglise et de leur lire mes deux poèmes. Ils ont été universellement approuvés dans tous les points. Je ne sais si la Sorbonne en ferait autant. Comme je ne suis pas en tout de l’avis de Pope, malgré l’amitié que j’ai eue pour sa personne et l’estime sincère que je conserverai toute ma vie pour ses ouvrages, j’ai cru devoir lui rendre justice dans ma préface aussi bien qu'a notre illustre ami M. l’abbé du Resnel [qui n’est pas nommément cité par V* ; il dit que l’ouvrage a été « traduit par des hommes dignes de le traduire. »] qui lui a fait l’honneur de le traduire, et souvent lui a rendu le service d’adoucir les duretés de ses sentiments. Il a fallu encore des notes. J’ai tâché de fortifier toutes les avenues par lesquelles l’ennemi pouvait pénétrer. Tout ce travail a demandé du temps. Jugez, mon cher et ancien ami, si un malade chargé de cette besogne, et encore d’une Histoire universelle qu’on imprime, et qui plante, et qui fait bâtir, et qui établit une espèce de petite colonie, a le temps d’écrire à ses amis. Pardonnez-moi donc si je parais si paresseux dans le temps que je suis le plus occupé. Mandez-moi comment je peux vous adresser mon tout n’est pas bien, et ma Religion naturelle. J’ignore si vous êtes encore à Paris ; je ne sais où est M. l’abbé du Resnel. Je vous écris presque au hasard sans savoir si vous recevrez ma lettre. Mme Denis vous fait mille compliments.
V.
Il y a longtemps que je n’ai vu les paperasses dont les Cramer ont farci leur édition. Ils ont jugé une petite lettre en vers [du 13 mars 1741,de Bruxelles,et qui commence par « Devers Pâques on doit pardonner/ Aux chrétiens qui font pénitence !/ Je la fais ;… »] qui vous est adressée digne d’être imprimée. Ils se sont trompés, mais le plaisir de voir un petit monument de notre amitié m’a empêché de m’opposer à l’impression.
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