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05/07/2016

Notre marché est de recevoir sans frais

... Disent les British .

Pour nous de même, disent les pays de l'UE .

Soit ! point de frais ni d'un côté ni de l'autre, et que le meilleur gagne !

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« A Jacob Bouthillier de Beaumont 1

1403 livres 2. 6argent courant à 70 1/4 le change font 2388 livres sous argent de France . Il me revient 2500 livres argent de France pour quinze mois .

Donc on m'a payé 112 livres de moins qu'il ne me faut .

Je prie monsieur Beaumont de vouloir bien réformer cette petite erreur ou de me faire expliquer s'il y a 112 livres de frais pour chaque intéressé de 20000 livres .

Je lui présente mes obéissan[ces].

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi

Au château de Ferney 3 august 1761.2

Notre marché est de recevoir sans frais . »

2 Sur le manuscrit, le destinataire a mentionné « Ferney 1761 . François- Marie Arouet de Voltaire . Datée du 3è oaût . Rép[ondu] le 4è dit ».

 

04/07/2016

Le fait est qu’il est mort, et que je le regrette parce qu’il n’était ni fanatique ni fripon.

... Ce Michel Rocard, que j'ai détesté parfois, et apprécié toujours pour son honnêteté  .  Il va malheureusement avoir droit à une foule de discours et épitaphes à la noix de coco de la part de toute la classe politique . Heureusement, pas plus que lui, je ne les écouterai ni ne les lirai, la vie est trop courte .

 http://www.liberation.fr/france/2016/07/03/michel-rocard-...

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En tout cas je n'aurais pas eu honte de l'avoir dans ma famille .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

2 august [1761] 1

Votre grand-chambrier d’Héricourt 2 vient de mourir, mon cher ange, après s’être lavé les jambes dans notre lac, pour son plaisir. Tronchin dit que c’est pour s’être lavé les jambes. Le fait est qu’il est mort, et que je le regrette parce qu’il n’était ni fanatique ni fripon.

Enfin donc ce que j’ai prédit depuis deux ans est arrivé ; je criais toujours, Pondichéri ou Pontichéri et, dans toutes mes lettres, je disais : Prenez garde à Pontichéri ! Ceux qui avaient partie de leur fortune sur la compagnie des Indes n’ont qu’à se recommander aux directeurs de l’hôpital. On a bien raison d’appeler son bien fortune, car un moment le donne, un moment l’ôte. Vous devez avoir eu une semaine brillante à Paris ; il me semble qu’en huit jours vous avez eu un lit de justice 3, la nouvelle d’une bataille perdue 4, la nouvelle de Pondichéri 5, celle des Iles Sous le Vent 6, celle de la flotte anglaise arrivée devant Oléron, et une comédie de Saint-Foy 7.

Il n’y a pas de quoi rire à tout cela. J’ai le cœur navré. Nous ne pouvons avoir de ressource que dans la paix la plus honteuse et la plus prompte. Je m’imagine toujours, quand il arrive quelque grand désastre, que les Français seront sérieux pendant six semaines. Je n’ai pu encore me corriger de cette idée. Je crois voir tout le monde morne et sans argent, et de là j’infère qu’il ne faut pas précipiter les représentations de la pièce du petit Hurtaud, que, par parenthèse, les comédiens attribuent à Saurin et à Diderot. Préville, qui a le nez plus fin, soutient qu’elle est de votre marmotte des Alpes. Dieu veuille lui ôter de la tête cette opinion ! Mademoiselle Dangeville est fâchée que son rôle de Colette ne soit pas le premier rôle . On aura de la peine à l’apaiser.

M. le duc de Choiseul a bien voulu me mander 8 que les souscriptions cornéliennes vont à merveille. Il y a donc quelque chose qui va bien à Paris. On parle, dans nos rochers, de certaines petites brouilleries 9 qui ont retenti jusqu’aux Alpes. Je crains que M. le duc de Choiseul ne se dégoûte, et qu’il ne quitte un poste fatigant, comme un médecin, appelé trop tard, abandonne son malade . J’en serais inconsolable.

Aimons le théâtre ; c’est la seule gloire qui nous reste. J’en suis à Héraclius . Je commence à l’entendre. En vérité, il n’y a de beau dans cette pièce que quatre vers traduits de l’espagnol. Quand on examine de près les pièces et les hommes, on rabat un peu de l’estime. Il n’y a que mes anges qui gagnent à être vus tous les jours. Mais comment vont les yeux ?

Voici un gros paquet pour notre Académie. Jugez, mes anges . J’ai autant de foi, pour le moins, à vous qu’à elle.»

 

1 Pour la manière dont V* écrit le mois d'août, voir lettre du 3 août 1760 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1760-partie-25-120558769.html

2 Le 3 juillet 1761, le premier syndic rapporte au Conseil qu'il a reçu la visite du chevalier Bénigne-Jérôme Du Trousset d'Héricourt, de son frère cadet François-Bénigne, et de l'abbé Quesnel (Archives , Genève CCLXI ).Voir : http://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=benigne+jerome&n=du+trousset+d+hericourt

et : http://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=francois+benigne&n=du+trousset+d+hericourt

4 La bataille de Kirch-Dinker, gagnée, le 16 Juillet, par le prince Ferdinand.

5 Pris le 15 Janvier 1761.

6 En particulier, La Dominique prise le 6 juin 1761.

7 Le Financier, joué comme « petite pièce » le 20 Juillet 1761.

9 Les relations entre le duc de Choiseul et Mme de Pompadour avaient connu une phase difficile .

 

03/07/2016

Vous savez combien il serait flatteur pour moi d'avoir votre nom

... disent tous les candidats à la primaire en vue de l'élection présidentielle aux soutiens qu'ils doivent amadouer pour passer ce cap . Le rôle de courtisan est toujours d'actualité, la course au pouvoir et à tous ses bénéfices n'est pas près de s'arrêter . Ô combien de lèche-culs ( NDLR : de la même famille que les suspects ) entourent assidument les gagnants potentiels ! bon appétit messieurs !

Monsieur de La Fontaine comme vous avez raison : Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute !

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« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

A Ferney en Bourgogne par Genève

1er août 1761 1

Je suis affligé monseigneur de n'avoir point reçu de réponse de vous dans une occasion qui intéresse notre Académie . Je serais fâché aussi que ma lettre eût été perdue . Votre Éminence se joindra sans doute aux autres académiciens . Le roi notre protecteur a permis que son nom fût à la tête des souscripteurs pour deux cents exemplaires . Mgr le comte de Clermont me fait l'honneur de me mander qu'il souscrira pour un assez grand nombre . Vous savez combien il serait flatteur pour moi d'avoir votre nom . Si le cardinal de Richelieu persécuta Le Cid, M. le cardinal de Bernis protègera Polyeucte . J'aurais voulu faire sous vos yeux l'ouvrage que j'entreprends . Je ne peux être consolé qu’en sachant qu'au moins vous approuvez mon projet . Je vous demande en grâce de m'apprendre vos volontés et d'agréer les respects de votre vieux et attaché serviteur

Voltaire. »

1 Le même jour, Michault écrivait à Ruffey de Montrouge : « Ne souscrivez-vous pas , monsieur, pour la belle édition des œuvres de Pierre Corneille in-4° que Voltaire va publier au profit de Mlle Marie Corneille, son élève (nous dirons peut-être un jour sa femme) ? Pour moi je me contenterai, si je puis voir à Dijon cette édition, d’en tirer quelques anecdotes, quelques fragments du commentaire, car Voltaire ne veut rien changer au texte, il respecte trop ce grand homme pour y toucher ; je ne sais s'il porte cette respectueuse délicatesse jusqu'à la virginité de Marie-Corneille ».

 

02/07/2016

Soyez le bien revenu du pays des puces

... Peut-on dire encore de nos jours, comme au Siècle des Lumières, à toute personne venant de Paris . Au XVIIIè on se faisait piquer la couenne, au XXIè, on se fait piquer son portefeuille . 

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« A Gabriel Cramer

à Genève.

[juillet-août 1761 ?]

Mon cher ami je n'en puis plus . Vous aurez cependant demain le trois et ensuite le quatre . J'avais un peu travaillé sur Corneille . Soyez le bien revenu du pays des puces . »

 

A mesure qu'on lira l'ouvrage quand on aura un moment de loisir

... Plutôt que de regarder des gugusses bien payés pour courir après un ballon rond, on aura plus de plaisir durable avec l'ami Voltaire .

Au passage , quelques images de la 15è Fête à Voltaire : http://www.ledauphine.com/ain/2016/06/27/euro-2016-quand-...

 Photo Le DL

Les chevaux du haras royal de Voltaire n'ont pas pris une ride !

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève.

[juillet-août 1761 ?]

Monsieur Cramer a prié qu'on lui indiquât les fautes qu'on trouverait dans l'histoire des mœurs et de l'esprit des nations .

Page 103, tome 1er Michel Ange et Bradamante 1. Celui qui s'est mêlé de revoir les feuilles connaissait apparemment l''Arioste plus que l'Architecture . Le Bramante était un excellent architecte 2.

Page 105 . Clément d'Alexandrie dans ses Stromates livre 5 3. Il faut mettre livre 1er .

A mesure qu'on lira l'ouvrage quand on aura un moment de loisir on avertira monsieur Cramer des fautes qu'on aura trouvées . »

 

A quoi tout ce fracas aboutira-t-il ? Les choses resteront dans le continent à peu près comme elles étaient

... Jusqu'à ce jour, les prévisions de Voltaire concernant le Brexit sont justes . Puissent-elles se vérifier dans le bon sens .

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Comme dans Star Wars, on  a une étoile noire ! mais la Manche n'est pas la Voie lactée .

 

 

 

«A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Au château de Ferney en Bourgogne

par Genève 31è juillet 1761

Madame, j’ai deux ressemblances avec la grande maîtresse des cœurs : celles des yeux et de l’âme. Mes yeux ne voient presque plus ; mais mon âme voit toujours, madame, et je suis en idée aux pieds de Votre Altesse sérénissime. Elle daigne donc s’intéresser à la race de notre grand Corneille ! Je n’en suis pas surpris, puisque ses ouvrages respirent la grandeur et la vertu, et que sa race est malheureuse.

Il me semble que ce Corneille n’a jamais peint des désastres plus grands que ceux qu’on éprouve depuis Cassel jusqu’au fond de la Silésie. Cela finira quand il plaira à Dieu, et non pas quand il plaira aux hommes. On dit que le philosophe Pangloss va partir de Turquie, et qu’il fera un tour à Genève. Je l’interrogerai sur les causes secondes et sur la cause première. Mais surtout, madame, je voudrais l’amener à Gotha : c’est alors qu’il verrait le meilleur des châteaux possibles, et certainement la meilleure des princesses possibles ; mais je ne voudrais point passer au milieu de ces belles armées, qui ne sont point du tout de mon goût. Je n’aime les héros que dans l’histoire et dans la tragédie.

Je n’ai point encore achevé l’histoire de ce héros russe nommé Pierre-le-Grand, attendu que la cour de Pétersbourg me traite à peu près comme Pharaon traitait les Juifs : il leur demandait de la brique et ne leur donnait point de paille 1. On me demande une histoire, et l’on ne me donne point de matériaux.

Il me semble que monseigneur le prince de Brunswick tiendra son coin dans l’histoire ; il s’est couvert de gloire dans toutes ses campagnes. A quoi tout ce fracas aboutira-t-il ? Les choses resteront dans le continent à peu près comme elles étaient. La guerre de César et de Pompée coûta beaucoup moins de sang, mais il en résulta l’empire du monde. C’est peut-être une perfection de l’art militaire de ne faire presque rien avec les plus grandes armées, les forces étant toujours balancées . Il n’en résulte que la misère des peuples . Il y a seulement de part et d’autre, cinq ou six cents personnes qui font des fortunes immenses à fournir le nécessaire et le superflu aux meurtriers enrégimentés.

Je suis fâché, madame, de n’avoir plus de papier  il faut quitter les réflexions pour présenter mon profond respect et mon inviolable attachement à Votre Altesse sérénissime.

Le vieux Suisse V. »

 

01/07/2016

On cabale à la cour, à l’église, à l’armée ; Au Parnasse on se bat pour un peu de fumée, Pour un nom, pour du vent

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 Et tous les moyens sont permis ...

 

 

«A Charles-Godefroy de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon 1

Au château de Ferney en Bourgogne

par Genève le 31 juillet 1761 2

Vous voilà, monseigneur, comme le marquis de La Fare 3, qui commença à sentir son talent pour la poésie à peu près à votre âge, quand certains talents plus précieux étaient sur le point de baisser un peu, et de l’avertir qu’il y avait encore d’autres plaisirs.

Ses premiers vers furent pour l’amour, les seconds pour l’abbé de Chaulieu. Vos premiers sont pour moi, cela n’est pas juste ; mais je vous en dois plus de reconnaissance. Vous me dites que j’ai triomphé de mes ennemis ; c’est vous qui faites mon triomphe.  

Au pied de mes rochers, au creux de mes vallons

Pourrai-je regretter les rives de la Seine ?

La fille de Corneille écoute mes leçons ;

Je suis chanté par un Turenne :

J’ai pour moi deux grandes maisons,

Chez Bellone et chez Melpomène.

A l’abri de ces deux beaux noms,

On peut mépriser les frelons ;

Et contempler gaiement leur sottise et leur haine.

C’est quelque chose d’être heureux :

Mais c’est un grand plaisir de le dire à l’envie,

De l’abattre à nos pieds, et d’en rire à ses yeux !

Qu’un souper est délicieux,

Quand on brave, en mangeant, les griffes des harpies !

Que des frères Berthier les cris injurieux

Sont une plaisante cérémonie !

Que c’est pour un amant un passe-temps bien doux

D’embrasser la beauté qui subjugue son âme,

Et d’affubler encor du sel d'une épigramme

Un rival fâcheux et jaloux !

Cela n’est pas chrétien, j’en conviens avec vous ;

Mais ces gens le sont-ils ? Ce monde est une guerre ;

On a des ennemis en tout genre, en tous lieux :

Tout mortel combat sur la terre ;

Le diable avec Michel combattit dans les cieux ,

On cabale à la cour, à l’église, à l’armée ;

Au Parnasse on se bat pour un peu de fumée,

Pour un nom, pour du vent : et je conclus au bout

Qu’il faut jouir en paix, et se moquer de tout. 4

Cependant, monseigneur, tout en riant, on peut faire du bien. Votre Altesse en veut faire à Mlle Corneille ; vous voulez que je vous taxe pour le nombre des exemplaires . Si je ne consultais que votre cœur, je vous traiterais comme le roi ; vous en seriez pour la valeur de deux cents. Mais comme je sais que vous allez partout semant votre argent, et que souvent il ne vous en reste guère, je me réduis à six, et j’augmenterai le nombre si j’apprends que vous êtes devenu économe. Je supplie Votre Altesse d’agréer mon profond respect, et de me conserver vos bontés au Suisse

Voltaire. »

2 Copie contemporaine datée à tort de 1762 ; copie corrrigée par V* , incomplète ainsi que six autres copies . Le nom de Turenne au quatorzième vers est supprimé dans tous les textes autres que la manuscrit 1 .

3 Charles-Auguste, marquis de La Fare . Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Auguste_de_La_Fare