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14/10/2022

si vous y perdez, je suis prêt à vous dédommager ; vous n'avez qu'à parler

... On croirait entendre un PDG du pétrole s'adressant aux actionnaires , sachant bien que pas un sou ne manquera dans sa propre poche dans le temps qu'il donnera quelques primes et modestes pourcentages aux grévistes . Lesquels grévistes, en suivant des syndicats qui devraient tout faire pour la solidarité ouvrière, foulent cette dernière aux pieds, chaque catégorie jouant sa partie de "nous d'abord !" et en se gargarisant de yakas . N'oublions pas  dans cette cacophonie les élucubrations de la mouche du coche du  progrès social et de la pensée : Mélenchon "l'historien" , abrutissant abruti, menteur patenté, nouveau lèche-cul de la CGT, vivant fort confortablement , lui, sans angoisse en fin de mois .

https://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/melen...

 

 

 

« A Jacques Lacombe

[vers avril 1767] 1

Si vous aviez pu répondre plus tôt, monsieur, je vous aurais envoyé tous les changements que j'ai faits à mesure pour mon petit théâtre de Ferney, et votre nouvelle édition des Scythes aurait été complète . Je vous les envoie à tout hasard par M. Marin .

Je suppose que la pièce a quelque succès : si vous y perdez, je suis prêt à vous dédommager ; vous n'avez qu'à parler .

Je voudrais vous avoir donné un meilleur ouvrage ; mais à mon âge, on ne fait ce que l'on veut en aucun genre ; on boit tristement la lie de son vin .

Mandez-moi, le plus tôt que vous pourrez, quel est l'auteur du Supplément à la Philosophie de l'Histoire de feu M. l'abbé Bazin,2 mon cher oncle . C'est un digne homme, qui mérite de recevoir incessamment de mes nouvelles ; mais vous me ferez plus de plaisir de me donner des vôtres . »

1 Le manuscrit et l'édition incluent des fragments de la lettre du 16 mars 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/28/s... . Ce qui reste consiste en fragments de deux ou plusieurs lettres qui ne peuvent être identifiées avec certitude .

13/10/2022

moi j'écris pour agir

... Voltaire dixit . Voltaire fecit .

 

« A Jacob Vernes

[vers le 15 avril 1767]1

Oui sans doute vous aurez Les Scythes, car les Scythes sont des représentants qui gagnent leurs procès . Vous êtes un peu scythe vous et moi, mais il me faut un peu de temps pour que je vous ajuste un exemplaire . Comptez, mon cher huguenot, que les Sirven seront justifiés comme les Calas ; voici, en attendant Les Scythes, un petit imprimé 2 qui vous mettra au fait de leurs affaires ; je suis un peu opiniâtre de mon naturel . Jean-Jacques n'écrit que pour écrire, et moi j'écris pour agir .

Il paraît chez Philibert quatre Homélies 3 qu'on dit faites par un ami de Petitpierre 4. Cela sent le brave socinien, l'impudent unitaire à pleine bouche . Ce prédicant paraît aimer Dieu par Christ, mais il se moque furieusement de tout le reste ; le reste est pourtant fort bon, car il vaut cent mille livres à l’abbé de Saint-Gal, je vous en souhaite autant . »

1 L'édition Charles Dardier, « Esaïe Gasc », 1876, mêle quelques lignes de cette lettre à celle du 25 avril 1767, d'après la copie Beaumarchais et comme toutes les éditions .

2 Probablement la lettre ostensible citée à propos de la lettre du 21 mars 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/09/07/il-est-dangereux-il-detruirait-absolument-le-pouvoir-des-ecclesiastiques-av.html

3 Voir lettre du 5 avril 1767 à Rieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/09/23/nous-ajusterons-le-tout-tres-proprement-6402600.html .

Une prétendue « seconde édition » parut sous le titre Les Quatre Homélies, c'était au moins la troisième .

4 Sur ce Petitpierre, voir lettre du 26 décembre 1761 à Hermenches : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/12/26/il-faut-de-l-enfer-a-la-canaille-5737491.html

12/10/2022

Ces honneurs, cet éclat par le meurtre achetés

... Combien de chefs d'Etats sont des justiciables impardonnables, du même tonneau que Poutine, Bolsonaro, Erdogan, Bachar El -hassad, Kim Jong-un, Biya, Afeworki, Orban, ...  : https://www.geo.fr/geopolitique/70-de-la-population-mondi...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

15è Avril 1767.

Mon divin ange, battez des ailes plus que jamais, et ne laissez pas à l’infâme cabale un prétexte de dire qu’on n’ose plus rejouer Les Scythes. Je suis persuadé que si on annonce cette pièce avec des vers nouveaux répandus dans l’ouvrage, elle attirera un très grand concours. Les acteurs, rassurés par le succès des deux dernières représentations, rempliront mieux leurs personnages.

Mlle Durancy, plus pénétrée de son rôle, versera enfin des larmes et en fera répandre.

On pourrait faire précéder la représentation d’un petit compliment, dans lequel on dirait que l’éloignement des lieux n’a pas permis que les acteurs reçussent avant Pâques les changements qu’on avait envoyés. On pourrait faire entendre qu’il est triste qu’un homme qui travaille depuis cinquante ans pour les plaisirs de Paris vive et meure dans un désert éloigné de Paris.

Voyez s’il serait convenable qu’au premier acte, dans la scène des deux vieillards, Sozame dît : 

.  .  . Ah ! crois-moi, ces lauriers sont affreux ;

Ce grand art d’opprimer, trop indigne du brave,

D’être esclave d’un roi, pour faire un peuple esclave ;

Ces honneurs, cet éclat par le meurtre achetés,

Dans le fond de mon cœur je les ai détestés.

Enfin Cyrus sur moi répandant ses largesses, etc.1

Je vous supplie de vouloir bien faire parvenir mes réponses 2 à Mlle Durancy et à Mlle de Saint-Val.

Dites bien quelque mardi à M. le duc de Choiseul combien je suis outré contre lui ; il ne sait pas quel tort il me fait. Je suis vexé dans les lieux que j’ai défrichés, embellis et enrichis ; cela n’est pas juste : je suis entré dans toutes ses vues, et il ne daigne écouter aucune de mes prières.

Joignez-y le fardeau insupportable de plus de cinquante lettres par semaine, auxquelles je suis obligé de répondre ; la régie d’une terre, vingt ouvrages qui viennent à la traverse, et jugez si j’ai du temps de reste pour limer une tragédie. Plaignez-moi et faites jouer les Scythes.

Mlle de Saint-Val veut s’essayer dans Olympie . Pourquoi non ? »

1 Les Scythes, Ac. I, sc. 3 .

2 Ces deux lettres ne sont pas connues .

11/10/2022

Fouler aux pieds le faible et corrompre le brave

... C'est du Poutine mâtiné Erdogan grand cru .

 

 

« A Henri Rieu

[vers le 15 avril 1767]

Mon cher duc de Bellegarde est supplié de m'envoyer la première épreuve de Pellet . Il y a quatre vers à ajouter à la seconde scène, ce qui demandera un petit remaniement . Nous n'avons point de temps à perdre ; il est à craindre que cet ouvrage ne soit imprimé à Paris sur quelque mauvaise copie .

Si M. le duc sait quelque nouvelle du captif, il me fera plaisir de me l'apprendre . Toute la maison de Mme la comtesse de Givry lui fait bien des compliments . »

 

 

« A Henri Rieu

[vers le 15 avril 1767]

Mon cher corsaire, je vous répète qu'il faut se hâter, sans quoi vous serez prévenu . Je travaille continuellement à rendre votre édition plus curieuse . Voici un petit changement pour le premier acte qui n'est pas indifférent . C'est à la troisième scène entre les deux vieillards :

Hermodan

Il est bien malheureux .

Il fut libre !

 

Sozame

Ah ! Crois-moi, ces lauriers sont affreux .

Fouler aux pieds le faible et corrompre le brave,

Être esclave à la cour et rendre un peuple esclave,

Ramper pour s'élever, c'est le destin des grands .

Cette erreur orgueilleuse a trompé mes beaux ans .

Enfin, Cyrus sur moi répandant ses largesses, etc .

 

Envoyez-moi, je vous prie, les épreuves, et probablement à chaque épreuve je vous donnerai du nouveau . »

 

 

 

10/10/2022

Croyez-moi, ne perdez point de temps

... Des actes plutôt que la tchatche : https://www.lepoint.fr/politique/budget-bataille-rangee-a...

 

 

« A Henri Rieu

[vers le 13 avril 1767]

Mon cher corsaire, je vous remercie de votre Guillaume Tell . Vraiment ce brave homme et tous ses compagnons parlent très bien la langue de leur pays . Cet ouvrage doit être conservé comme un modèle de barbarie .

J'ai l'honneur d'être confrère du Suisse … en qualité de Scythe . Croyez-moi, ne perdez point de temps . J’ai encore bien des changements à vous envoyer pour le troisième acte . Cette édition aura au moins le mérite de la nouveauté et de l'exactitude .

Il faut mettre au frontispice :

EDITION NOUVELLE

plus correcte et plus ample que toutes les autres .

J'en achèterai beaucoup d'exemplaires .

Votre fidèle

V. »

09/10/2022

Vous me dites que la foudre va tomber

...

 

« A Jacques Lacombe

Je reçois, monsieur, par la poste votre paquet et votre lettre mais pour le ballot qui est à Lyon je ne le recevrai probablement de six mois . Je vous renvoie trois ou quatre pages de votre exemplaire en vous suppliant très instamment de faire les cartons nécessaires indiqués dans ces pages . Ces cartons sont indispensables si on veut représenter la pièce après Pâques . Il n'est pas juste qu'en vous donnant tant de peine il vous en coûte encore six cents livres pour le présent que je voulais faire  à M. Lekain . Je me charge de lui faire donner cent écus par mon banquier, et je vous prie de l'en prévenir en lui donnant les cent autres écus . C'est un arrangement auquel je vous prie de tout mon cœur de vous prêter . Si vous faites un profit honnête sur votre édition vous me ferez plaisir de donner pour environ deux cents francs de livres classiques à un jeune homme dont je prends soin .

Si vous faites une seconde édition je vous fournirai cinq ou six fois plus de changements que je ne vous en envoie aujourd'hui .

À l'égard de M. Coqueley, s'il a approuvé les infamies de Fréon au sujet des Calas, il est très coupable et je ne lui pardonnerai de ma vie , fût-il le frère du chancelier . Il m'importe peu qu'il soit parent du procureur général . Ce magistrat a dû lui dire qu'un avocat se déshonore en étant le receleur de Cartouche . Si M. Coqueley n'est pas coupable, j'ai tort et je lui demande pardon, et je fais un transport légal de cet opprobre au misérable, quel qu'il puisse être, qui se déshonore assez pour être l'approbation d'un Fréron .

Vous me dites que la foudre va tomber . C'est apparemment sur Fréron . M. le comte d'Argental m'a fait plaisir en m’apprenant combien vous méprisez ce coquin 1. Je ne savais pas que vous le connussiez .

Je compte sur votre amitié et vous pouvez être bien sûr de la mienne .

V.

13 avril [1767]. »

08/10/2022

Il y a des cas où l’on doit plus faire entendre qu’on en dit

...

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont , Avocat au

Parlement rue pavée Saint-André-des-Arts

à Paris.

13 Avril 1767  1

Je reçois, mon cher Cicéron, votre lettre non datée, avec le procès-verbal de la célèbre servante 2. Je vais répondre à tous vos articles.

Je ne crois pas qu’il m’appartienne de parler dans ma lettre 3 de la conduite du parlement de Toulouse. J’ai voulu et j’ai su me borner aux faits dont je suis témoin. C’est à vous qu’il sied bien de faire voir l’outrage que le parlement de Toulouse a fait au Conseil, en refusant d’exécuter son arrêt. Ce que vous en dites est d’autant plus fort, que vous l’avez dit avec le ménagement convenable. Le Conseil a senti tout ce que vous n’avez pas exprimé. Il y a des cas où l’on doit plus faire entendre qu’on en dit, et c’est un des grands mérites de votre mémoire . C’est ce qui pourra surtout ramener M. Daguesseau, qui n’aime pas l’éloquence violente.

J’ai eu mes raisons dans tout ce que je vous ai écrit. Si j’ai le bonheur de vous tenir à Ferney, vous apprendrez à connaître mes voisins. La grandeur d’âme est dans le pays conquis autrefois par Gengis-kan 4.

Je ne peux faire signer votre mémoire par les Sirven que quand il me sera parvenu. Je vous ai déjà mandé 5 que toute communication était interrompue entre Lyon et mon malheureux pays.

Si vous trouvez que ma lettre puisse être bien reçue du public, telle que je l’ai envoyée en dernier lieu à M. Damilaville, ôtez les mots consigné entre vos mains ; et mettez : l’argent qu’on leur offrait pour leurs honoraires . Mettez : le conseil de Berne, au lieu de Berne ; le conseil de Genève, au lieu de Genève ; et tout sera dans la plus grande exactitude. Il faut rendre à chacun selon ses œuvres, et Mme la duchesse d’Anville et Mme de Geoffrin ne doivent pas être frustrées des éloges dus à leur générosité.

Quant à M. Coquelet, il est très sûr qu’il a eu le malheur d’être l’approbateur de Fréron ; c’est être le recéleur de Cartouche. Mais on dit qu’il a abdiqué depuis longtemps un emploi si odieux et si indigne d’un avocat. On m’assure que c’est un nommé d’Albaret qui lui a succédé et qui a été réformé ; si cela est, je transporte authentiquement à d’Albaret, et par devant notaire s’il le faut, l’horreur et le mépris qu’un approbateur de Fréron mérite . Mais je ne transporterai jamais mon estime et ma tendre amitié pour vous à qui que ce soit dans le monde. Je vous garde ces deux sentiments pour jamais. »

1 L'édition de Kehl date de 1765 d'après la copie Beaumarchais ; Beuchot rectifie en ajoutant en post scriptum la lettre du 13 août 1765 ; voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/12/04/j-apprends-la-justice-qu-on-a-rendue-a-celui-qui-eclaire-la-justice-et-qui.html

3 Voir la lettre ostensible donnée à propos de la lettre du 21 mars 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/09/07/il-est-dangereux-il-detruirait-absolument-le-pouvoir-des-ecclesiastiques-av.html

4 Il s'agit de la Russie, et non la Chine , comme le disent les éditeurs antérieurs à Besterman .