29/10/2018
J’ai bien plus à cœur les progrès de la raison humaine
... et je doute que les progrès dans les jeux vidéo soient un bien pour l'humanité, sauf peut-être de fournir le gagne-pain de quelques milliers de petites mains de scénaristes, dessinateurs, etc., etc. En tout cas je suis assez satisfait d'être en minorité dans ce monde des fidèles du virtuel castagne et sorcellerie .
Aura-t-on un jour l'occasion de vendre la vidéothèque d'un ancien président comme on vend une part de la bibliothèque de François Mitterrand ce jour ? Why not ? Quelles surprises nous réserverait-elle ? Je pense qu'Emmanuel Macron n'a pas dépassé le stade Game Boy , Pong et Démineur .
https://www.lemonde.fr/pixels/live/2018/10/28/suivez-en-d...
« A Etienne-Noël Damilaville
6è novembre 1763
Mon cher frère, je vous prie de me mander si vous avez reçu quelques paquets depuis deux mois. Il me semble que vous avez dû en recevoir deux. On me parle toujours d’une réponse d’un évêque à l’évêque du Puy. Je ne sais pas ce que c’est ; mais si elle me tombe entre les mains, je ne manquerai pas de vous l’envoyer.
Permettez qu’en attendant je vous adresse ce paquet qui regarde le temporel . Je vous demande en grâce de l’envoyer à M. Mariette après l’avoir lu.
J’ai bien plus à cœur les progrès de la raison humaine ; je me flatte qu’on a fait rendre à madame de Boufflers, à madame de Chaulnes 1, et même à mademoiselle Clairon, certains petits ouvrages . Il faut cultiver tout doucement la vigne du Seigneur.
J’embrasse mon frère et mes frères.
Ecr. l’inf . »
1 Anne-Josephe de Bonnier La Mosson, femme de Marie-Joseph d'Albert d'Ailly, duc de Chaulnes, qui passait pour dévote . Voir note ** : https://books.google.fr/books?id=RsNIAQAAMAAJ&pg=PA162&lpg=PA162&dq=Anne-Josephe+de+Bonnier+La+Mosson+voltaire&source=bl&ots=NK71wzi_cC&sig=czCFRyCnPjQzWEpK3m9uGf3UjfY&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiAg8y4k6veAhVqxYUKHTLpC3oQ6AEwCHoECAIQAQ#v=onepage&q=Anne-Josephe%20de%20Bonnier%20La%20Mosson%20voltaire&f=false
11:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
28/10/2018
Vous aurez l'errata pour chaque volume, sitôt que j'aurai le 12è
... déclare le Donald Trump , -modèle unique fort heureusement,- après la fusillade de Pittsburgh qui actuellement compte onze morts . Cet imbécile patenté ose encore affirmer que la présence d'un garde armé aurait empêché la tuerie ; jusqu'à quand ce va-t-en-guerre-bas-de-plafond va-t-il défendre le libre port d'armes ? Le sort de J.-F. K., tout entouré de gardes-du corps qu'il fut, devrait rendre le premier-guignol- permanenté plus modeste, mais là je crois que je demande l'impossible , la mauvaise foi et l'esbrouffe étant son mode de vie .
https://www.rtbf.be/info/monde/detail_donald-trump-sur-la...
https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/dona...
« A Gabriel Cramer
[vers le 5 novembre 1763]
La pastorale de Jean-Georges est si insolente qu'elle mérite la petite addition ci-jointe1 ; je la recommande, mon cher Caro, à votre zèle philosophique .
Je ne vous rends point la vie de Pierre Corneille, parce que votre homme ne m'en a envoyé que la dernière partie, sans m'avoir fait tenir la première . Il m'envoie la feuille Y du tome 12è et je n'ai point reçu la feuille X . Vous aurez l'errata pour chaque volume, sitôt que j'aurai le 12è . »
1 L’Instruction pastorale de l'humble évêque d'Alétopolis à l'occasion de l'instruction pastorale de Jean-Georges, humble évêque du Puy . Cette facétie fut certainement publiée sous la forme d'une brochure séparée , mais on n'en connait pas d'exemplaire sous cette forme. Voir : https://books.google.fr/books?id=wsY4AQAAMAAJ&pg=PA152&lpg=PA152&dq=L%E2%80%99Instruction+pastorale+de+l%27humble+%C3%A9v%C3%AAque+d%27Al%C3%A9topolis+%C3%A0+l%27occasion+de+l%27instruction+pastorale+de+Jean-Georges,+humble+%C3%A9v%C3%AAque+du+Puy&source=bl&ots=4npd2Z5qGj&sig=xZ9llvjaXWHVBKhs4XjJrVs-PlY&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiL89Xhy6jeAhWRzYUKHR2mBUoQ6AEwAXoECAkQAQ#v=onepage&q=L%E2%80%99Instruction%20pastorale%20de%20l'humble%20%C3%A9v%C3%AAque%20d'Al%C3%A9topolis%20%C3%A0%20l'occasion%20de%20l'instruction%20pastorale%20de%20Jean-Georges%2C%20humble%20%C3%A9v%C3%AAque%20du%20Puy&f=false
08:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/10/2018
La terre de Ferney étant toujours de l'ancien dénombrement elle tombera nécessairement quelque jour, entre les mains d'un citoyen de Genève, et il est important qu'elle conserve ses droits
... Mon cher Voltaire , tu as vu juste, notre pays de Gex est mité, émietté par nos voisins Genevois (entre autres ) qui ne trouvant plus de terre dans la parvulissime République deviennent propriétaires de maisons, appartements, terres que nos Gessiens sont heureux de céder à ces clients aisés , les plus offrants . On n'entend plus alors , chez les notaires, ces "Sales Suisses" et "Sales frouzes" qui claquaient sous la bise et le joran il y a peu encore . On peut trouver encore des partisans de la fusion pays de Gex -Genève , tant du côté suisse que du côté français ; sottise dont le but n'est que parfaitement financier, sans aucun sentiment amical, je vous assure . On verra ça le jour où on aura réalisé la traversée de la rade de Genève, en projet depuis dix lustres, et les poules auront des dents plus tôt je crois .
https://www.lepoint.fr/villes/des-terres-tres-convoitees-...
« A Jacob Favre
5è novembre 17636 à Ferney 1
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous adresser la lettre que je reçois de M. le premier président de Bourgogne , et de la soumettre à la prudence et à la discrétion du magnifique Conseil .
Je dois en même temps l'avertir que les curés de Gex prétendent toujours revenir contre toutes les aliénations des dîmes , et que la lettre de M. le duc de Praslin, quoique écrite au nom du roi, ne sera pas reçue par le parlement de Dijon, comme un ordre auquel il doive obéir . Les parlements du royaume ont des formalités dont ils ne se départent jamais . Vous voyez les deux ouvertures que donne M. le premier président de La Marche . C'est au magnifique Conseil de peser si le parti de demander que les traités soient enregistrés au parlement de Dijon n'est pas le plus convenable . En ce cas, je crois que M. Crommelin obtiendra aisément du ministre cette démarche qui paraît nécessaire, et qui est peut-être la seule qui puisse assurer à Genève, et aux seigneurs du pays de Gex la possession des droits et des dîmes dont ils jouissent . Je n'ai, monsieur, de volonté dans cette affaire, que celle du Conseil de Genève ; je me réglerai par ses ordres et par ses lumières .
La terre de Ferney étant toujours de l'ancien dénombrement elle tombera nécessairement quelque jour, entre les mains d'un citoyen de Genève, et il est important qu'elle conserve ses droits .
Je suis trop heureux et trop flatté que mes intérêts dépendent de ceux de votre République .
J'ai l'honneur d'être avec bien du respect,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 La lettre fut lue au conseil le 7, « dont opiné l'avis a été de renvoyer, d'en délibérer après les fériés, et cependant d'envoyer copie de ces deux lettres au sieur Crommelin. »
00:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/10/2018
Mon cher frère et mes chers frères, vous avez bien raison de dire que les peuples du Nord l’emportent aujourd’hui sur ceux du Midi ; ils nous battent et ils nous instruisent
... Et il s'agit ici de choses plus importantes que le sacro-saint foot, religion quasi sectaire de nos jours et qui n'est qu'une pompe à fric pour quelques élus . Ô les beaux champions du monde que nous sommes, à l'heure où l'on apprend que le chômage vient encore d'augmenter sous nos cieux, augmenter peu, certes, mais c'est toujours trop .
https://www.touteleurope.eu/actualite/le-taux-de-chomage-...
« A Etienne-Noël Damilaville ; Premier commis des
bureaux du vingtième
Quai Saint-Bernard
à Paris
4è novembre 1763
Mon cher frère et mes chers frères, vous avez bien raison de dire que les peuples du Nord l’emportent aujourd’hui sur ceux du Midi ; ils nous battent et ils nous instruisent. M. d’Alembert se trouve dans une position qui me paraît embarrassante . Le voilà entre l’impératrice de Russie et le roi de Prusse, et je le défie de me dire qui a le plus d’esprit des deux. Jean-Jacques, dans je ne sais lequel de ses ouvrages 1, avait dit que la Russie redeviendrait esclave, malheureuse, et barbare. L’impératrice l’a su ; elle me fait l’honneur de me mander que tant qu’elle vivra elle donnera très impoliment un démenti à Jean-Jacques 2. Ne trouvez-vous pas comme moi cet impoliment fort joli ? Sa lettre est charmante ; je ne doute pas qu’on n’en écrive à M. d’Alembert de plus spirituelles encore, attendu qu’elle sait très bien se proportionner.
Gardez-vous bien, je vous en supplie, de solliciter mademoiselle Clairon pour faire jouer Olympie . C’est assez qu’on la joue dans toute l’Europe, et qu’on la traduise dans plusieurs langues . On vient de la représenter à Amsterdam et à La Haye avec un succès semblable à celui de Mérope . On va la jouer à Pétersbourg. Laissez aux Parisiens l’opéra-comique et les réquisitoires. La France est au comble de la gloire, il faut lui laisser ses lauriers : le mandement du digne frère de Pompignan m’a paru un ouvrage digne du siècle. On m’a montré pourtant une petite réponse 3 d’un évêque son confrère ; il me paraît que ce confrère n’entre pas assez dans les détails ; apparemment qu’il les a respectés, et que l’évêque du Puy s’étant retiré dans le sanctuaire, on n’a pas voulu l’y souffleter.
Mes chers frères,
écr. l’inf .»
1 Le Contrat social, II, chap. 8 : https://fr.wikisource.org/wiki/Du_contrat_social/%C3%89dition_1762/Livre_II/Chapitre_8
2 A la suite des avances de V* (voir lettre du 4 juillet 1763 à Pictet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/06/23/j-ai-peut-etre-mieux-rencontre-quand-j-ai-dit-que-si-jamais-6061660.html ) , Catherine lui a envoyé la première lettre de leur correspondance dont voici le texte d'après le manuscrit original ; noter que les lettres de Catherine ont été publiées pour la première fois dans l'édition de Kehl : « J'ai mis sous les vers du portrait de Pierre le Grand que monsieur de Voltaire a envoyé par M. de Balk, Que Dieu le veuille . J'ai commis un péché mortel en recevant la lettre adressée au géant , j'ai quitté un tas de suppliques, j'ai retardé la fortune de plusieurs personnes, tant j'étais avide de la lire, je n'en ai pas même eu de repentir, il n'y a point de casuiste dans mes vastes États , je n'en étais pas bien fâchée jusqu'ici, mais voyant le besoin d'être ramenée à mon devoir, je trouvai qu'il n'y avait pas de meilleur moyen que de céder au tourbillon qui m'emportait à prendre la plume pour prier monsieur de V[oltaire] très sérieusement de ne plus me louer avant que je l'aie mérité . Sa réputation et la mienne y sont intéressées . Il dira qu'il ne tient qu'à moi de m'en rendre digne, mais en vérité, dans l'immensité de la Russie, un an n'est qu'un jour, comme mille ans le sont devant le Seigneur . Voilà mon excuse de n'avoir pas fait encore tout le bien que j'aurai dû . Je répondrai à la prophétie de Jean-Jacques Rousseau en lui donnant j'espère aussi longtemps que je vivrai fort impoliment un démenti . Voilà mon intention, reste à voir les effets ; j'aurai envie de dire Priez Dieu pour moi après cela . J'ai reçu aussi avec beaucoup de reconnaissance le second tome de Pierre le Grand . Si dans le temps qu'elle [sic] fut commencée j'avais été ce que je suis, j’aurais fourni bien d'autres mémoires . Il est vrai qu'on ne peut assez s’étonner du génie de ce grand homme ; je m'en vais faire imprimer ses lettres originales que j'ai ordonné de ramasser de toutes parts . Il s'y peint . Ce qu'il avait de plus beau dans son caractère, c'est que, quelque colérique qu'il fût, la vérité avait toujours sur lui un ascendant infaillible, et pour cela seul il mériterait que je pense une statue . Comme ceci ne sera point admiré, ni publié par conséquent, j'ajouterai fort naturellement que le papier pomponné m'a fait un plaisir sensibles ; c'est la première fois de ma vie que je regrette de ne point faire des vers, pour répondre à ceux-là . Je me réduirai donc à dire en prose que j'ai les plus grandes obligations à l'auteur . Depuis que je disposai de mon temps jusqu'en 1746 je ne lisais que des romans . Par hasard me tombèrent en mains ses ouvrages, je ne pouvais cesser de les lire, et je ne voulais plus d'aucun livre qui ne fût aussi bien écrit, et où il y eût autant à profiter . Mais où les trouver ? Je recommençais donc de nouveau, et je tâchai de trouver des livres au moins qui m’instruisissent de tout ce que ses ouvrages m'avaient donné la plus vive envie de savoir . Cependant je retournai toujours à ce premier moteur de mon goût et de mon plus cher amusement, et assurément si j'ai quelques connaissances, c’est là lu seul que je les dois . Mais puisqu'il défend par respect de me dire qu'il baise mon billet , il faut par bienséance lui laisser ignorer que j'ai de l'enthousiasme pour ses ouvrages . Je lis à présent l'Histoire générale . Je voudrais savoir presque chaque page par cœur, en attendant les œuvres du grand Corneille pour lesquelles j'espère que la lettre de change est expédiée. » Cette lettre est datée approximativement de septembre 1763 ; voir aussi la lettre du 14 novembre 1763 à F.-P. Pictet .
3 Instruction pastorale de l'humble évêque d'Alétopolis : https://fr.wikisource.org/wiki/Instruction_pastorale/%C3%...
07:26 | Lien permanent | Commentaires (0)
25/10/2018
écrire un petit mot, de ces mots qui ne coûtent rien, et qui n’engagent à rien, mais qui font grand honneur et grand plaisir
... Pourquoi s'en priver ?
« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille
Gentilhomme de S.A.S [Mg]r1 le Prince de
Condé
3è novembre 1763 au château de Ferney
Puis-je, monsieur, m'adresser à vous pour obtenir une grâce de Son Altesse Sérénissime Mgr le prince de Condé ? Nous avons de petits états dans notre petit pays de Gex, et nous députons à ceux de Bourgogne . Le maire de la ville de Gex, M. Fabry, mon ami, est député du tiers-état ; il n'a aucune recommandation auprès de M. le comte de La Guiche 2; je n'en connais point de meilleure que celle de Mgr le prince de Condé . M. Fabry est un homme très intelligent, et très estimable, facile et diligent en affaires . Si Son Altesse Sérénissime voulait avoir la bonté d’écrire un petit mot, de ces mots qui ne coûtent rien, et qui n’engagent à rien, mais qui font grand honneur et grand plaisir, je vous supplierais de m'envoyer la lettre à cachet volant, par notre ami M. de Chennevières . Je vous aurai une extrême 3 et je serai toute ma vie avec la plus vive reconnaissance, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Le papier du manuscrit est légèrement endommagé .
2 Jean, comte de La Guiche, appelé comte de Sévignon, a épousé en 1740 Henriette de Bourbon ( Mlle de Verneuil ) fille légitimée de Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé ; les La Guiche étaient une famille bourguignonne, et Jean avait été nommé commandant en chef de la province le 24 janvier 1763 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_de_La_Guiche
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_IV_Henri_de_Bourbon-Cond%C3%A9
3 Wagnière a oublié un mot tel obligation .
09:23 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il est bien triste pour moi de voir si peu une famille à laquelle je suis tendrement attaché
... Sorry .
May be .
« A monsieur le colonel Davis-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches
à Lausanne
3è novembre 1763 à Ferney
Le vieux agriculteur malingre, répond bien tard à la lettre du plus aimable colonel qu'ait la Hollande, et voudrait bien pouvoir dire, du plus aimable qu'ait la France . J'ai reçu M. Sinner 1 et son compagnon de voyage, de mon mieux, pour un malade ; je ne sors plus, je n'ai pu même aller à Tournay faire ma cour à Mme la marquise de Gentil 2. Il est bien triste pour moi de voir si peu une famille à laquelle je suis tendrement attaché . Je lui présente mes très humbles respects, et j'aimerai toujours mon cher colonel .
V. »
1 Sinner de Ballaigues, que Constant a recommandé peu de temps auparavant à V*, ainsi que nous l'apprend un billet de Constant à Ballaigues : « Vous ne devez point douter que vous ne soyez reçu avec distinction par Voltaire, et que je vous présente à lui d'une manière qui le flattera . » Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Rodolphe_Sinner_de_Ballaigues
2 Angélique Constant de Rebecque, épouse de Philippe de Gentils, marquis de Langallerie ; voir : https://lumieres.unil.ch/fiches/bio/733/
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24/10/2018
C’est à de vieux laboureurs comme moi qu’il faudrait des enfants ; un ambassadeur n’en a pas tant besoin . Ne pouvant en avoir par moi-même, j’en fais faire par d’autres
... Emmanuel Macron en dira-t-il de même sur ses vieux jours ?
https://www.youtube.com/watch?v=9nWs_5988DQ
« A Bernard-Louis Chauvelin
A Ferney , 3è novembre 1763
J’avais donc bien deviné, et vos deux Excellences doivent être fort contentes. Je me réjouis d’un bonheur que je ne connais qu’en idée 1. C’est à de vieux laboureurs comme moi qu’il faudrait des enfants ; un ambassadeur n’en a pas tant besoin. Ne pouvant en avoir par moi-même, j’en fais faire par d’autres ; Mlle Corneille, que j’ai mariée, va me rendre ce petit service, et me fera grand-père dans quelques mois.
Je voudrais bien, monsieur, avoir quelque chose de prêt pour amuser madame l’ambassadrice, lorsqu’elle sera quitte de toutes les suites de couche, et surtout de visites, de compliments. Je ne vous ai envoyé que de l’histoire. Un Anglais, qui doit passer par Turin, vous aura sans doute remis un petit paquet . On fit partir il y a six semaines, par les muletiers, quelques volumes ; mais comme vous ne m’en avez jamais accusé la réception, je commence à douter que les muletiers aient été fidèles. On dit même qu’il y a dans Turin des gens plus infidèles que les muletiers qui saisissent tous les livres, sans respecter l’adresse . Mais je suis bien éloigné de croire qu’on ose ainsi violer le droit des gens. A tout hasard, ma ressource est dans les Anglais. Il y en a un qui part dans quinze jours, et qui vous apportera encore de la prose.
Toujours de la prose ! me direz-vous . Oui sans doute, car nous ne sommes pas en 1764. Et pourquoi attendre l’année 1764 ? C’est que les vers ne se font pas si aisément qu’on pense ; c’est qu’il faut du temps pour les corriger ; c’est qu’on pense ; c’est qu’il faut du temps pour les corriger ; c’est qu’on ambitionne extrêmement de vous plaire, et que, pour y réussir, on lime autant qu’on le peut son ouvrage. Pardonnez la lenteur aux vieillards, c’est leur apanage. Ne croyez point qu’on fasse des vers comme vous faites des enfants. Vous avez choisi pour vos ouvrages le plus beau sujet du monde. Il n’en est pas de même de moi ; je lutte contre les difficultés ; j’ai plus tôt planté mille arbres que je n’ai fait mille vers. Voilà mon papier fini, mes yeux refusent le service.
Mille tendres respects. »
1 Voir lettre du 18 octobre 1763 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/10/16/si-je-meurs-avant-ce-temps-la-vous-serez-couche-sur-mon-test-6097356.html
09:05 | Lien permanent | Commentaires (0)