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04/11/2018

Pour moi qui combats sous vos étendards, j'ose me flatter d'un heureux succès

... Ainsi peut penser Emmanuel Macron lors de son périple mémoriel à la gloire des poilus , lui qui, comme bien des hommes politiques, n'a pas même fait son service militaire . Des discours, encore des discours ! qui les retiendra ?

 

 

« A Jacob Favre

11è novembre 1763 à Ferney 1

Monsieur,

Comme il n'est nullement vraisemblable que Sa Majesté fasse enregistrer au parlement de Dijon d'anciens traités, ni même de nouveaux, et qu'on me mande de Paris que l'intention de M. le duc de Praslin n'est pas de prendre ce parti, je m'en remets à la prudence du magnifique Conseil, qui surement prendra la voie la plus convenable pour assurer ses droits . Ils souffriraient peut-être un jour quelques difficultés, si les traités ayant été enregistrés, toutes les affaires concernant les dîmes étaient portées au parlement de Dijon . Ces enregistrements pourraient bien ne pas empêcher le parlement d'adjuger les dîmes aux curés, suivant le droit commun qui est sa seule règle . Toutes les affaires de cette nature ont été jusqu'à présent décidées au conseil du roi, qui a maintenu, et qui maintiendra vos prérogatives . Ce n'est que par un manque de formalité, que le procès de MM. de Budé, concernant la dîme, a été tiré du Conseil pour être renvoyé au parlement de Dijon . Le curé de Ferney, contre lequel MM. de Budé plaidaient au Conseil du roi, n'a obtenu son renvoi au parlement de Dijon que par défaut, et parce que MM. de Budé, ayant perdu de vue cette affaire, n'avaient pas répondu aux sommations du curé .

Il paraît aisé de revenir contre cet arrêt, et je dois croire que Sa Majesté, persistera dans l'intention qu'il a témoignée au parlement de Dijon, de maintenir les prérogatives de la République de Genève et celles des seigneurs qui en dérivent .

Au reste, M. Crommelin pourra facilement connaître les intentions de M. le duc de Praslin sur ce sujet . Quelque parti qu'il prenne, il est sûr qu'il vous sera avantageux ; et qu'ayant une fois sa parole, comme celle du roi, vos possessions ne souffriront pas de difficultés à la cour . Pour moi qui combats sous vos étendards, j'ose me flatter d'un heureux succès .

Je prends la liberté de présenter mon respect au Conseil . Agréez celui avec lequel j’ai l'honneur d'être

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 La manuscrit original se trouve aux Archives d’État de Genève ; la lettre fut lue au conseil le 14 .

03/11/2018

ce sont des bagatelles qui échappent, qui font l'amusement de la société pendant quelques jours et dont on ne se souvient plus

... Qu'il me soit permis de vous montrer/faire écouter Geek bagatelles qui vous prend à rebrousse-poils, c'est le moins que je puisse dire . Fans de Beethoven, vous allez  dire que ce n'est qu'Halloween qui joue les prolongations, et allez vite en consultation chez votre O.R.L. Smartphone et harmonie sont bien décidément inconciliables .

 https://www.youtube.com/watch?v=Qmm_tVa-vm0

Aussi, je vous donne volontiers et recommande un antidote de qualité en compagnie de cet homme exemplaire, Camille Gauthier, merrandier,  modèle de  simplicité qui réconcilie avec le vrai bon travail et la vie : https://www.youtube.com/watch?v=jsei4x9uXH4

 

Cet homme fait plus de bien à l'humanité que ces vedettes people qui grouillent aujourd'hui .

 

 

« A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore

Au château de Ferney par Genève

11 novembre 1763 1

Les vieillards malades et presque aveugles sont, monsieur, de mauvais correspondants . Je n'ai conservé aucune de ces pièces fugitives dont vous me parlez ; ce sont des bagatelles qui échappent, qui font l'amusement de la société pendant quelques jours et dont on ne se souvient plus . On recueillait autrefois ces petits ouvrages du temps de Voiture et de Sarrazin quand ils étaient rares ; mais à présent on en est inondé . Si j'en retrouve quelques-uns, je me ferai un plaisir de vous les communiquer, quelques indignes qu'ils en soient 2.

J'ai l'honneur d'être bien véritablement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 L'original signé est passé à la vente Alfred C. Meyer à New York en décembre 1943 . L'édition William C. Holbrook , « Voltaire and Blin de Sainmore : an unpublished Voltaire letter », 1934, date de 1768 d'après une lecture fautive . La lettre à laquelle V* répond n'est pas connue .

2 Blin de Sainmore avait dû solliciter le concours de V* pour la composition de son Élite des poésies fugitives, 1764-1770 (voir par ex . : https://reader.digitale-sammlungen.de/de/fs1/object/display/bsb10090873_00009.html

). Lorsque Blin de Sainmore et son collaborateur Luneau de Boisgermain publièrent les deux derniers volumes, 1769-1770, ils contiennent près de quatre vingts poésies de V*.

Voir : http://data.bnf.fr/12207208/adrien-michel-hyacinthe_blin_de_sainmore/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Adrien-Michel-Hyacinthe_Blin_de_Sainmore

et : https://www.idref.fr/030710839

Voir : http://data.bnf.fr/fr/12207206/pierre-joseph-francois_luneau_de_boisjermain/

et : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/533-pierre-luneau-de-boisjermain

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Joseph_Luneau_de_Boisjermain

02/11/2018

Il me vient quelquefois des Italiens fort aimables

... Et Pierre Moscovici serait heureux d'en rencontrer au moins quelques uns au parlement européen . Le malotru qui a essuyé sa chaussure sur les écrits de notre commissaire européen est un balourd de la pire espèce et qui ne se rend pas même compte qu'il enfonce son pays avec des projets irréalistes .

D'autre part on a retrouvé des ossements au Vatican : Rantanplan fait son enquête 

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Mio prosciutto per me !

 

« A Carlo Goldoni

9è novembre 1763 à Ferney 1

Aimable peintre de la nature, vous avez, la France et vous, tant de charmes l’un pour l’autre, que je serai mort avant que vous puissiez revenir en Italie, et passer par mes petites retraites.

Je ne vous ai point encore envoyé les rêveries qu’on a imprimées sous mon nom, et qui courent le monde. La raison en est que je lis vos ouvrages, et que plus je les lis, moins j’aime les miens ; mais aussi je vous en aime davantage . Cependant j’aurai soin de vous payer mon tribut, tout indigne qu’il est de vous.

J’ai eu l’honneur de voir vos ambassadeurs vénitiens 2; sont venus sur ma Brenta 3. Je les ai reçus de mon mieux. Il me vient quelquefois des Italiens fort aimables, et ils ne servent qu’à vous faire désirer davantage. Je reçois quelquefois des nouvelles de votre ami le sénateur de Boulogne 4, qui est aussi le sénateur de Melpomène et de Thalie. Je vois qu’il est constant dans son goût pour le théâtre, et que par conséquent Dieu le bénira toujours.

Vivez heureux où vous êtes , et quand vous repasserez les Alpes, souvenez-vous qu’entre elles et le mont Jura il y a un bassin d’environ quarante lieues, où demeure le plus constant de vos admirateurs, qui demande place au rang de vos amis.

V. »

1 V* répond ici à un mot du 3 octobre 1763 .

2 Ces ambassadeurs vénitiens ont été annoncés par Goldoni le 9 juillet 1763 ; il s'agit de Querini (Andrea, mécène et protecteur de Goldoni ) et de Morosini di San Canciano e di Santo Stefano ( voir : https://archive.org/stream/carlogoldonieven00gala/carlogo... ).

Wagnière a oublié un mot, ils ou qui .

3 La Brenta se jette dans le golfe de Venise .

4 Sic, pour Bologne . Il s'agit d'Albergati Capacelli .

01/11/2018

vivons unis

...

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C'est simple ! non ?

 

« A Etienne-Noël Damilaville

9è novembre 1763

Voici ce qu'on a donné à un frère pour amuser les frères . Ne citons jamais aucun frère ; vivons unis en Platon, en Bayle, en Epictète, en Marc-Antonin, et surtout écr l'inf . »

l’Europe me suffit, je ne me soucie guère du tripot de Paris, attendu que ce tripot est souvent conduit par l’envie, par la cabale, par le mauvais goût et par mille petits intérêts qui s’opposent toujours à l’intérêt commun

... dit , fort justement, Emmanuel Macron, à qui l'opposition reproche de prendre un repos dont ils jouissent , eux , à temps plein . L'opposition, c'est vraiment elle la véritable planque, et il est vrai que la connerie ne prend jamais de vacances .

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Pour information à tous, tant ceux qui sont tentés par une vie de dirigeant que tous  autres :

https://www.canal-u.tv/video/universite_paris_1_pantheon_...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

9è novembre 1763 1

Mes anges, en attendant la tragédie, voici la farce ; il faut toujours s’amuser, rien n’est si sain. Votre lettre du 3è octobre, qui veut dire 3è novembre, parle d’une méprise dont je suis étonné et fâché. Le billet qui était pour vous avec le paquet pour mon frère Damilaville, ne devait pas être dans ce paquet, mais avec ce paquet  et même ce paquet pour frère Damilaville ne devait point être cacheté. C’est apparemment cette méprise qui a fait croire que je voulais solliciter la représentation d’Olympie ; c’est de quoi je suis très éloigné ; et je vous dirai très modestement , l’Europe me suffit, je ne me soucie guère du tripot de Paris, attendu que ce tripot est souvent conduit par l’envie, par la cabale, par le mauvais goût  et par mille petits intérêts qui s’opposent toujours à l’intérêt commun.

Conduisez toujours, mes chers anges, votre conjuration 2 avec votre prudence ordinaire ; ce ne sera pas moi qui vous trahirai, il faut être aussi ferme que je le suis, pour avoir résisté si constamment à M. de Chauvelin l’ambassadeur. Puisque j’ai eu cette force avec lui, je ne mollirai avec personne. Soyez les maîtres absolus, et puisse cette facétieuse conjuration vous donner quelque plaisir !

J'enverrai incessamment les Remarques sur l'Histoire générale à ce M. Hume 3, cousin de cet autre Hume, charmant auteur de L’Écossaise . Ce Hume me plait d'autant plus , qu'il a été qualifié d'athée dans le Journal encyclopédique . Je sens bien, mes anges, qu'il faut qu'un Français fasse les avances avec les Anglais ; ces messieurs doivent être fiers . Je ne fonde pas leur orgueil sur ce qu'ils nous ont pris le Canada, la Guadeloupe, Pondicheri, la Gorée 4, et qu’avec environ dix mille hommes ils ont rendu les efforts des maisons d'Autriche et de Bourbon impuissants, mais sur ce qu'ils disent ce qu'ils pensent, et qu'ils l’impriment . Il est vrai que j'agis à peu près avec la même liberté qu'un Anglais, mais je ne fais qu’usurper le droit qu'ils ont, et partant, je leur dois toute sorte de respect .

Permettez mes anges que je fourre ici pour frère Damilaville un paquet dans lequel il n'y a point de méprise . Je me mets plus que jamais à l'ombre de vos ailes .

N.B. – Il est bien vrai qu'on critiqua autrefois, Et mes derniers regards ont vu fuir les Romains 5, mais il est encore plus vrai que ce vers est admirable . »

1L'édition de Kehl est limitée à la seconde moitié de cette lettre ; celle de Cayrol est limitée à la première moitié ; Moland imprime encore les deux parties comme deux lettres .

2 La représentation du Triumvirat .

4 Gorée, île du Sénégal, prise par les Anglais en 1763 ; les Français en reprendront possession en 1817 .

31/10/2018

j'admire son établissement mais je n'ai pas osé lui demander d'en être

... Être de l'Académie ? Académie française ? Oui, dans une autre vie, peut-être . Fréquenter quotidiennement Voltaire, ex-occupant du fauteuil 33, suffit à mon plaisir qui ne dépend de personne , et je m'y tiens .

Quant à l'Académie française du Chocolat et de la Confiserie, mes talents de confiturier, réels, et ceux de chocolatier, absents, m'autorisent encore moins d'y postuler . Je me contente donc d'être client de ces  aimables académiciens flatteurs de papilles .

180221 quadriLogoAcadémie avecencadrement

http://urbain.alain.free.fr/AcademieChocolat/index.html

 Qu'il me soit permis, au passage, de faire savoir que Patrick Roger, chocolatier passionnant et sculpteur passionné-génial, recrute ; jeunes gens, gentes dames je pense que ça vaut le coup : https://www.patrickroger.com/fr/recrutement

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Admirable !

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire intime

et historiographe de S.A. E.

à Manheim

7è novembre 1763 à Ferney

Mon cher ami, je suis actuellement très affligé des yeux . On n'a pas soixante et dix ans impunément dans un pays de montagnes . L’honneur dont vous me dites que Son Altesse pourrait me gratifier 1, serait une grande consolation pour moi dans ma chétive vieillesse ; je serais plus flatté du titre de votre confrère que d'aucun autre . Je vous supplie de présenter mon profond respect et ma reconnaissance à Mgr l’Électeur . Je lui ai écrit pour lui dire combien j'admire son établissement mais je n'ai pas osé lui demander d'en être .

L'édition de Pierre Corneille, dont j'ai été obligé de corriger toutes les épreuves pendant deux années, m'a retenu indispensablement à Ferney et aux Délices . Ce travail assidu, qui n'a pas été le seul, n'a pas peu contribué à la fluxion horrible que j'ai sur les yeux . Mon cher ami, quoi qu'en dise Cicéron De senectute 2, la fin de la vie est toujours un peu triste . Je vous embrasse de tout mon cœur .

V. »

2 Le traité ainsi nommé, De la vieillesse : http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Ciceron/senectute.htm

30/10/2018

Il ne s’agit pas tous les jours, mes divins anges, de conspirations et d’assassinats

... Il y en a aussi de gibbons ni mauvais, et même heureux : https://www.rtl.fr/actu/insolite/en-images-un-bebe-gorill...

Naissance d'un bébé gorille octobre 2018, capture facebook

Salut petit cousin !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

7è novembre 1763

Il ne s’agit pas tous les jours, mes divins anges, de conspirations et d’assassinats. Je mets pour cette fois à l’écart les Grecs et les Romains, et je ne songe qu’aux dîmes.

Voici une lettre de M. le premier président du parlement de Bourgogne 1, qui sans doute est conforme à celle qu’il a écrite à M. le duc de Praslin. J’ignore s’il est convenable que le roi fasse enregistrer aujourd’hui au parlement de Bourgogne les traités de Henri IV. Tout ce que je sais, c’est que je demande la protection de M. le duc de Praslin, et qu’il est nécessaire que notre cause soit remise par devant le Conseil, qui ci-devant l’avait évoquée à lui. Les enregistrements n’empêcheraient pas probablement le parlement de juger selon le droit commun. Il pourrait dire : Nous avons déjà jugé cette affaire il y a plus de cent ans ; le Conseil s’en est emparé depuis ; nous nous en tenons à notre premier arrêt, antérieur d’un siècle à l’enregistrement que nous faisons aujourd’hui, et cet enregistrement ne peut préjudicier au droit commun qui décide en faveur des curés contre les seigneurs.

Vous m’avouerez qu’alors ma cause, qui est très importante, serait très hasardée. Il est plus simple, plus court, plus naturel, que le Conseil d’État retienne à lui l’affaire qui était entre ses mains, et qui n’en est sortie que par un arrêt par défaut, subrepticement obtenu.

C’est sur quoi, mes anges, je vous demande votre protection auprès de M. le duc de Praslin, et j’écris en conformité à M. Mariette, mon avocat au Conseil.

Vous m'avouerez que voilà un vrai style de dépêches, et que je suis un étrange homme : voilà trois parlements du royaume que j’ai un peu saboulés, Paris, Toulouse, et Dijon ; cependant aucun n’a donné encore de décret de prise de corps contre moi, comme contre le beau M. Du Mesnil 2.

Cette aventure de M. Du Mesnil n’est-elle pas bien singulière ? et ne sommes-nous pas dans le siècle du ridicule, après avoir été, dans le temps de Louis XIV, dans le siècle de la gloire ? De grâce, donnez-moi un petit mot de consolation, en me parlant de vos roués et de vos assassinats. Mes anges, vivez heureux.

Respect et tendresse. 

V.»

2 Charles-Louis-Joachim de Chastellier, marquis Du Mesnil, lieutenant général du Dauphiné, a été contraint de prendre dans ses fonctions des édits impopulaires, qui firent de lui la cible de nombreuses plaisanteries ; voir notamment les Mémoires secrets de Bachaumont, I, 291, 303-304 ; II, 4-5 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2066578/f3.image.texteImage

et voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Louis_Joachim_de_Chastellier-Dumesnil