22/06/2019
Je vous souhaite, madame, les jours et l'estomac de Fontenelle, vous avez tout le reste
... Avec tout le respect que je vous dois Mme Brigitte Macron qui portez un prénom qui m'est particulièrement cher.
« A Marie-Thérèse Geoffrin 1
21è mai 1764 aux Délices
M. le comte de Creutz 2, madame, était bien digne de vous connaître ; il mérite tout ce que vous m’avez fait l'honneur de me dire de lui . S'il y avait un empereur Julien au monde c’était chez lui qu'il devrait aller en ambassade, et non chez les gens qui font des autodafés et qui baisent la manche des moines . Il faut que la tête ait tourné au Sénat de Suède pour ne pas laisser un tel homme en France . Il y aurait fait du bien, et il est impossible d'en faire en Espagne .
Je vous souhaite, madame, les jours et l'estomac de Fontenelle, vous avez tout le reste . Agréez le respect du vieux de la montagne .
V.
Permettez la liberté que je prends de vous adresser l'incluse 3.»
1 Voir : https://data.bnf.fr/fr/12517719/marie-therese_geoffrin/
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Th%C3%A9r%C3%A8se_Rodet_Geoffrin
2 Voir lettre du même jour à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/06/20/d-pourquoi-dieu-vous-a-t-il-cree-et-mis-au-monde-r-pour-le-servir-et-pour-e.html
3 Lettre à Marmontel qui fréquente assidûment le salon de Mme Geoffrin .
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21/06/2019
D. – Pourquoi Dieu vous a-t-il créé et mis au monde ? R. – Pour le servir et pour être libre. D. – Qu’est-ce que la liberté ? R. – C’est de n’obéir qu’aux lois.
... Et dire qu'il fut un temps où j'appris ces âneries et affirmations péremptoires du même tonneau , sacré nom de Zeus ! Je les ai heureusement oubliées, par Bacchus !
« A Etienne-Noël Damilaville
21è mai 1764 aux Délices 1
Vos dernières lettres, mon cher frère, m’ont fait un plaisir bien sensible. Tout ce que vous me dites m’a touché. J’ai écrit sur-le-champ à Mlle Catherine Vadé . Elle m’a envoyé le papier ci-joint 2, et elle m’a dit que c’est tout ce qu’elle peut faire pour les Welches. Les véritables Welches, mon cher frère, sont les Omer, les Chaumeix, les Fréron, les persécuteurs, et les calomniateurs . Les philosophes, la bonne compagnie, les artistes, les gens aimables, sont les Français, et c’est à eux à se moquer des Welches.
Il est fort plaisant qu'on dise que Jérôme carré a proposé la paix à maître Aliboron . En vérité, c'est comme si on prétendait que Moran en disséquant Cartouche lui fit proposer un accommodement .
Je me doutais bien que quelque libraire de Paris ferait bientôt une sottise à l'égard des Commentaires sur Corneille et qu'on imprimerait à part 3 ce qui de doit l'être qu'avec le texte, et c’était pour prévenir cet abus welche que j'avais imaginé de faire les propositions les plus honnêtes aux libraires qui ont le privilège ; cela conciliait ; et Pierre, neveu de Pierre, aurait eu le temps de se défaire de sa cargaison, par les mesures que je voulais prendre ; mais tout se vend avec le temps, excepté la belle édition du galimatias de Crébillon, faite au Louvre. Frère Cramer m'a dit qu'il ferait tenir un exemplaire cornélien à M. Héron . Il doit l'avoir déjà reçu . Il ne sera pas mal pour l'édification des frères, et pour la confusion des méchants, que la Tolérance se débite sans éclat . Ne m'avez-vous pas dit qu'on en avait fait une petite édition à Rouen ?4 Celle de Cramer trouvera des débouchés ailleurs .
Je ne suis point fâché que Mlle Clairon n’ait pas repris Olympie ; il faut la laisser désirer un peu au public. Cette pièce forme un spectacle si singulier qu’on la reverra toujours avec plaisir, à peu près comme on va voir la rareté, la curiosité 5 ; elle ne doit pas être prodiguée.
Est-il vrai que frère Helvétius est en Angleterre ? On dit que la France a fait l’échange d’Helvétius contre Hume 6. Je viens de passer une journée entière avec le comte de Creutz 7, ambassadeur de Suède à Madrid. Plût à Dieu qu’il le fût en France ! c’est un des plus dignes frères que nous ayons. Il m’a dit que le nouveau Catéchisme, imprimé à Stockholm, commençait ainsi :
D. – Pourquoi Dieu vous a-t-il créé et mis au monde ?
R. – Pour le servir et pour être libre.
D. – Qu’est-ce que la liberté ?
R. – C’est de n’obéir qu’aux lois.
etc.
Ce n’est pas là le catéchisme des Welches. Bonsoir ; j’ai trente lettres à dicter ; mon imagination se refroidit, mais mon cœur est toujours bien chaud pour vous.
Ecr. l’inf. »
1 L'édition de Kehl donne une version altérée, augmentée de fragments d'autres lettres et sous une autre date ; voir lettre du 7 mai 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/06/07/nous-manquons-d-hommes-presque-en-tous-les-genres-si-nous-n-avons-point-de.html
2La Jeune Indienne, comédie de Chamfort jouée le 30 avril 1764 .
3 Allusion à des entreprises du libraire Duchesne à qui V* fit écrire, sous le nom et la main de Wagnière deux lettres qu'il dicta certainement ; voici le texte de la première ( on trouvera le texte de la seconde à propos de la lettre du 6 juin 1764 aux d'Argental .
A Monsieur Guy Duchesne/ Libraire/ rue Saint-Jacques, / au Temple du goût/ à Paris.
« Aux Délices 21è mai 1764
« M. de Voltaire, monsieur, ne se porte pas assez bien pour vous répondre lui-même ; il me charge de vous dire qu'il est très sensible au soin que vous prenez d'imprimer ses ouvrages ; mais il sait que vous avez eu de très infidèles copies de la tragédie de Zulime, et de la comédie du Droit du Seigneur ; il vous sera très aisé de substituer les deux véritables pièces aux fausses, dont vous vous êtes malheureusement chargé . Il entrera avec plaisir dans les frais que vous coûtera cette petite entreprise .
« Vous vous êtes trop pressé aussi d'imprimer les remarques sur Corneille, parce qu’étant détachées du texte, elles ne répondent pas aux dernières éditions des libraires de Paris, elle exigent une infinité de renvois, sans lesquels le lecteur en peut savoir à quoi ces notes se rapportent . Si vous n’avez pas pris ces précautions, il est à craindre que l’édition ne vous demeure .
« au reste, M. de Voltaire vous rendra tous les services qui dépendront de lui . J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre tr_=s humble et très obéissant serviteur./Wagnière »
4 On a déjà mentionné cette édition dans la lettre du 15 avril 1764 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/05/13/nous-retombons-dans-la-barbarie-du-douzieme-et-treizieme-siecle.html
5 Sur cette expression , refrain d'une chanson, voir lettre du 16 décembre 1760 à Lekain : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1760-partie-48-121093171.html
6 Ces voyages de Hume et Helvétius se sont bien déroulés .
7 Le comte Gustaf Filip Creutz devint plus tard ambassadeur de Suède à Paris ; voir une lettre de lui à David Hume du 4 février 1765 ; voir page 3 : http://excerpts.numilog.com/books/9782876231573.pdf
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gustaf_Philip_Creutz
et : https://data.bnf.fr/fr/12088774/gustav_philip_creutz/
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20/06/2019
ces sentiments étranglés, tronqués, mutilés, que le public, lassé de tout, semble exiger aujourd’hui, ce goût me paraît welche
... Que dirais-tu mon ami Voltaire si tu voyais ce qu'on passe à la télé ?

« A Charles Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
21 Mai 1764 aux Délices
Que le nom d’anges vous convient bien, et que vous êtes un couple adorable ! Que les libraires sont Welches, et qu’il y a encore de Welches dans le monde ! Tout ira bien, mes divins anges, grâce à vos bontés. Vous avez raison, dans votre lettre du 14 de mai, d’un bout à l’autre. Je conçois bien qu’il y a quelques Welches affligés, mais il faut aussi vous dire qu’il y avait une page qui raccommodait tout, que cette page ayant été envoyée à l’imprimerie un jour trop tard n’a point été imprimée ; que cet inconvénient m’est arrivé très souvent, et que c’est ce qui redoublait ma colère de Ragotin 1 contre les libraires.
J’ai eu une longue conversation avec mademoiselle Catherine Vadé, qui s’est avisée de faire imprimer les fadaises de sa famille. Elle a retrouvé dans ses papiers ce petit chiffon que je vous présente pour consoler les Welches 2.
J’ai eu l’honneur aussi de parler aux roués. Il est très vrai qu’il ne faut pas dire si souvent à Auguste qu’il est un poltron ; mais quand on veut corriger un vers, vous savez que souvent il en faut réformer une douzaine. Voyez si vous êtes contents du petit changement. En voilà quelques-uns depuis la dernière édition ; vous pourriez, pour vous épargner la peine de coudre tous ces lambeaux, me renvoyer la pièce, et je mettrais tout en ordre.
Je corrige tant que je peux avant la représentation, afin de n’avoir plus rien à corriger après.
A l’égard des coupures, et de ces extraits de tragédie, et de ces sentiments étranglés, tronqués, mutilés, que le public, lassé de tout, semble exiger aujourd’hui, ce goût me paraît welche. C’est ainsi que dans Mérope on a mutilé, au 5ème acte, la scène du récit, en le faisant faire par un homme, ce qui est doublement welche. Il fallait laisser la chose comme elle était ; il fallait que Mlle Dubois fît le récit, qui ne convient qu’à une femme, et qui est ridicule dans la bouche d’un homme. Ces irrégularités serraient le cœur du pauvre Antoine Vadé.
Serez-vous assez adorables pour dire à M. le premier président de Dijon combien nous lui sommes redevables, maman et moi, combien nous lui sommes attachés ? Le ciel se déclare en notre faveur ; car ce M. Le Bault , qui préside actuellement le parlement de Bourgogne, est celui qui nous fournit de bon vin 3, et il n’en fournit point aux curés.
No[ta] – Ce n’est point un ex-jésuite qui a fait les Roués, c’est un jeune novice qui demanda son congé dès qu’il sut la banqueroute du Père Lavalette 4, et qu’il apprit que nos seigneurs du parlement avaient un malin vouloir 5 contre saint Ignace de Loyola. Le public, sans doute, protégera ce pauvre diable ; mais le bon de l’affaire, c’est qu’elle amusera mes anges ; je crois déjà les voir rire sous cape à la première représentation.
Je ne pourrai me dispenser de mettre incessamment M. de Chauvelin de la confidence. Comme c’est une affaire d’État ; il sera fidèle. S’il était à Paris, il serait un de vos meilleurs conjurés ; mais vous n’avez besoin de personne. Je viens de relire la pièce ; elle n’est pas fort attendrissante. Les Welches ne sont pas romains ; cependant il y a je ne sais quel intérêt d’horreur et de tragique qui peut occuper pendant cinq actes.
Je mets le tout sous votre protection. Respect et tendresse.
V. »
1C'est-à-dire une colère vaine , par allusion au personnage de Scarron dans le Roman comique ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Roman_comique
2 Le Supplément du discours aux Welches, en manuscrit ; toutes les allusions aux Vadé n'ont aucune réalité ; elles ne s'expliquent que par l'artifice de présentation des Contes de Guillaume Vadé .
3 Il est propriétaire du climat de Corton .
4 Sur la banqueroute du jésuite La Valette, dans laquelle est aussi impliqué le frère Sacy, voir lettre du 25 novembre 1759 à Chennevières : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/12/03/j-ai-ete-effraye-de-la-liste-des-impots-apparemment-qu-on-de-5502991.html
5 Intention maligne, intention d enuire .
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19/06/2019
moins de nouvelles, moins de sottises
... C'est bien vrai ça !
Par contre aucune nouvelle de Mam'zelle Wagnière est angoissant . Comment allez-vous ? Ou êtes-vous ? que faites-vous ?
Rose de Noël = délivrez- moi de mon angoisse !

Perce-neige = espoir !
« A Etienne-Noël Damilaville
19è mai 1764 aux Délices 1
Je vous remercie bien, mon cher frère, de votre lettre du 11 de mai. Je me souviens que Catherine Vadé pensait comme vous, et disait à Antoine Vadé, frère de Guillaume , mon cousin, pourquoi faites-vous tant de reproches à ces pauvres Welches 2 ? Eh ! ne voyez-vous pas, ma cousine, répondit-il, que ces reproches ne s’adressent qu’aux pédants qui ont voulu mettre sur la tête des Welches un joug ridicule ? Les uns ont envoyé l’argent des Welches à Rome, les autres ont donné des arrêts contre l’émétique et le quinquina ; d’autres ont fait brûler des sorciers, d’autres ont fait brûler des hérétiques et quelquefois des philosophes. J’aime fort les Welches, ma cousine ; mais vous savez que quelquefois ils ont été assez mal conduits. J’aime d’ailleurs à les piquer d’honneur et à gronder ma maîtresse.
Voilà ce que disait ce pauvre Antoine, dont Dieu veuille avoir l’âme ! et il ajoutait que tant que les Welches appelleraient un angiportus, cul-de-sac 3, il ne leur pardonnerait jamais.
J'enverrai demain la partie de votre lettre qui regarde la personne intéressée ; je suis bien aise qu'elle voie combien elle a tort . Je vous demanderai la permission de ne point envoyer la lettre à cachet volant, parce que venant de ma part elle paraîtrait mendiée ; et ce que vous me mandez étant beaucoup plus fort, fera un bien meilleur effet . Cette tracasserie était des plus étranges . Je ne puis assez, encore une fois, vous remercier de l'avoir finie .
Je vous demande en grâce d’écrire en droiture à frère Cramer pour avoir vos exemplaires de Pierre qui doivent être en route . Il y en a un qu'il faudra donner à M. Héron en cas qu'il n'en reçoive pas un de la part de frère Cramer en droiture . Je ne crois pas qu'à présent il en reste un seul à Genève, et moi-même je n'en ai qu'un seul exemplaire imparfait , sans figures, et sans la liste des souscripteurs . Je crois que les Cramer font une nouvelle édition qui paraîtra bientôt .
A l’égard du dessein où sont les libraires de Paris d’imprimer les Remarques à part, ce dessein ne pourrait être exécuté que longtemps après que M. Pierre Corneille, le petit-neveu, se serait défait de sa pacotille ; et si je ne puis empêcher cette édition, il faut mieux qu’elle soit bien faite et correcte qu’autrement. Ainsi, quand vous verrez mes anges, je vous prie d’examiner avec eux s’il n’est pas convenable de faire dire aux libraires de ma part, que je les aiderai de tout mon cœur dans leur projet ; cette espérance qu’ils auront les empêchera de se hâter, et ils pourront faire un petit présent à M. Pierre : voilà qu’elle est mon idée.
Dans ma dernière lettre, partie le 17, il y en avait une pour Briasson, qui ne regarde en aucune manière l’édition de Corneille. Je lui demande seulement la Démonstration évangélique de Huet 4, dont j’ai besoin. Je sais que cette Démonstration n’est pas géométrique 5; mais on se sert quelquefois en français du mot de démonstrations pour signifier fausses apparences.
Pardon mon cher frère de tout ce verbiage . Je suis bien aise qu'il n'y ait point de nouvelles de Paris . Je dis toujours comme dans L’Écossaise, moins de nouvelles, moins de sottises . Je vous embrasse bien tendrement .
Écrasez l'infâme .
Je dois des réponses à frère Grimm et à frère Thieriot ; mais je n'ai pas un moment à moi . »
1 L'édition de Kehl est amputée de près de la moitié et mêlée à un fragment de la lettre du 21 mai 1764 ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-17.html
2 Voir Discours aux Welches .
3 Voir : https://en.wiktionary.org/wiki/angiportus et : https://mediterranees.net/civilisation/Rich/Articles/Rues/Angiportus.html
4 Demonstratio evangelica, 1679, de Pierre-Daniel Huet ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Daniel_Huet
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18/06/2019
C'est l'attrait du plaisir qui doit nous conduire en tout
.. Et non la peur du châtiment /gendarme !
Plaisir des yeux . A voir , à revoir
« A Claude-germain Le Clerc de Montmercy
16 mai 1764 aux Délices
Il y a des traits charmants, monsieur, dans tous les ouvrages que vous faites, des vers heureux et pleins de génie 1. Souffrez seulement que je vous dise qu'il ne faut pas prodiguer l'or et les diamants . Quand vous voudrez vous amuser à faire des vers, gardez-vous de trop d'abondance . Vous savez mieux que moi que quatre bons vers valent mieux que quatre cents médiocres . Quand vous en ferez peu, vous les ferez tous excellents. Vous sentez qu'il faut que je vous estime beaucoup pour oser vous parler ainsi .
Si vous n'avez rien à faire, et que vous vouliez quelquefois m'écrire des nouvelles de littérature, ou même des nouvelles publiques à vos heures de loisir, vous me ferez beaucoup de plaisir, mais surtout ne vous gênez pas ; on ne doit faire ni vers ni prose, ni même écrire un billet que quand on se sent en verve . C'est l'attrait du plaisir qui doit nous conduire en tout ; malheur à celui qui écrit parce qu'il croit devoir écrire ! Vous êtes philosophe, et par conséquent un être très libre . Ma philosophie est la très humble servante de la vôtre 2 et l'amitié que vous m'avez inspirée me fait espérer que vous en aurez un peu pour moi . Que cette amitié commence par bannir les cérémonies .
V. »
1 Voir lettre du 7 mai 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/06/07/nous-manquons-d-hommes-presque-en-tous-les-genres-si-nous-n-avons-point-de.html
2 Allusion issue du Médecin malgré lui, II, 4, de Molière .
09:51 | Lien permanent | Commentaires (0)
17/06/2019
on dit que pour consoler les Welches de tous leurs malheurs, on leur a donné une comédie fort bonne qui a un très grand succès ; mais j'aimerais encore mieux quelque bon livre de philosophie qui écrasât pour jamais le fanatisme
... A mes yeux , grand guignol ! En ce jour, première épreuve du BAC : philosophie ! Enorme comédie mettant en scène des lycéens sous la direction d'enseignants de toute façon irresponsables . Que deviendrons ces ados attardés qui ont plus d'exemples de gréves et manifestations que de travail constructif ?
https://etudiant.lefigaro.fr/article/bac-2019-decouvrez-t...
Pour preuve ? https://www.lepoint.fr/education/bac-les-plus-belles-perl...

« A Etienne-Noël Damilaville
16è mai 1764 aux Délices 1
Mon cher frère, on dit que pour consoler les Welches de tous leurs malheurs, on leur a donné une comédie fort bonne qui a un très grand succès 2; mais j'aimerais encore mieux quelque bon livre de philosophie qui écrasât pour jamais le fanatisme, et qui rendît les lettres respectables . Je mets toutes mes espérances dans l'Encyclopédie .
Avez-vous reçu, mon cher frère, le second ballot que M. Gabriel Cramer vous avait destiné ? J'ai toujours sur le cœur la tracasserie qu'on m'a voulu faire avec lui . N'est-il pas bien singulier qu'un homme s'avise d’écrire de Paris à Genève , que je jette feu et flammes contre les Cramer, que je parle d'eux dans toutes mes lettres avec dureté et avec mépris ; que je veux faire saisir leur livre par les ordres de M. de Sartines ! Et pourquoi s'il vous plait tout ce fracas ? Parce que je n'ai pas voulu que mon nom figurât avec la famille Vadé , et que je me suis cru indigne de cet honneur . Quand j'ai vu mon nom j'ai dit que je ne voulait pas qu'il parût . Quand on l'a ôté j'ai été content , et voilà tout . Vous me feriez grand plaisir d'écrire à Gabriel qu'on l'a très mal informé ; que celui qui lui a mandé ces sottises n'est qu'un semeur de zizanie . Les Cramer m'ont assurément quelque obligation ; et celui qui voudrait leur persuader d'être ingrats ferait une action bien condamnable . Je crois avoir contribué un peu à leur fortune, je ne m'en repens point ; ils sont mes frères, ils sont philosophes, et les philosophes doivent être reconnaissants . C'est vous qui êtes le véritable frère , c'est avec vous que je voudrais célébrer les mystères sacrés de la raison, c'est dans votre sein que je dépose ma douleur de la dispersion des fidèles .
Adieu, soyons toujours unis en Platon, Cicéron, Marc-Antoine, Epictète, Julien Bayle, Shaffsterbury, Bolingbroke, etc . Etc.
Ecr l'inf. »
1 Voir lettre du 7 mai 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/06/07/nous-manquons-d-hommes-presque-en-tous-les-genres-si-nous-n-avons-point-de.html
et du 21 mai 1764 au même .
2 La Jeune Indienne, de Chamfort ; voir lettre de mars 1764 à Chamfort : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/04/19/notre-nation-n-a-de-gout-que-par-accident-6145031.html
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16/06/2019
Puissent tous vos confrères et tous les juges vous ressembler
... 
« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont 1
[mai 1764]
Un homme de la famille Vadé doit depuis longtemps une lettre au Cicéron qui prend toujours en main la cause des malheureux et de l'humanité . Mais ce Vadé a été bien malade . Il profite monsieur d'un petit rayon de santé pour vous dire combien il estime votre manière de penser et d'écrire, et combien il respecte votre personne . Je ne vous appelle pas Cicéron sans de très bonnes raisons . Puissent tous vos confrères et tous les juges vous ressembler . Il n'y aurait plus de Welches . Daignez mettre je vous prie au rang de vos amis votre très humble et très obéissant serviteur .
V. »
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