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09/06/2019

Il n’est pas bon qu’une nation s’avise de penser ; c’est un vice dangereux qu’il faut abandonner aux Anglais

... Theresa May en est, elle aussi, intimement persuadée, et le regrette infiniment .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

Aux Délices, 8 de mai [1764]

Les uns me disent, mon cher philosophe, qu’il y aura un lit de justice, les autres qu’il n’y en aura point, et cela m’est fort égal. Quelques-uns ajoutent qu’on fera passer en loi fondamentale du royaume l’expulsion des jésuites, et cela est fort plaisant. On parle d’emprunts publics et je ne prêterai pas un sou ; mais je vous parlerai de vous et de Corneille. On me trouve un peu insolent, et je pense que vous me trouvez bien discret ; car, entre nous, je n’ai pas relevé la cinquième partie des fautes : il ne faut pas découvrir la turpitude de son père 1. Je crois en avoir dit assez pour être utile ; si j’en avais dit davantage, j’aurais passé pour un méchant homme. Quoi qu’il en soit, j’ai marié deux filles 2 pour avoir critiqué des vers ; Scaliger et Saumaise n’en ont pas tant fait.

Avez-vous regretté madame de Pompadour ? oui, sans doute, car dans le fond de son cœur elle était des nôtres ; elle protégeait les lettres autant qu’elle le pouvait : voilà un beau rêve de fini. On dit qu’elle est morte avec une fermeté digne de vos éloges. Toutes les paysannes meurent ainsi ; mais à la cour la chose est plus rare, on y regrette plus la vie, et je ne sais pas trop bien pourquoi.

On me mande qu’on établit une inquisition sur la littérature ; on s’est aperçu que les ailes commençaient à venir aux Français, et on les leur coupe. Il n’est pas bon qu’une nation s’avise de penser ; c’est un vice dangereux qu’il faut abandonner aux Anglais. J’ai peur que certains hommes d’État ne fassent comme madame de Bouillon 3, qui disait : « Comment  édifierons-nous le public le vendredi saint ? Faisons jeûner nos gens. » Il diront : « Quel bien ferons-nous à l’État ? persécutons les philosophes. » Comptez que madame de Pompadour n’aurait jamais persécuté personne. Je suis très affligé de sa mort.

S’il y a quelque chose de nouveau, je vous demande en grâce de m’en informer. Vos lettres m’instruisent, me consolent et m’amusent, vous le savez bien ; je ne peux vous le rendre, car que peut-on dire du pied des Alpes et du mont Jura ?

Rencontrez-vous quelquefois frère Thieriot ? Je voudrais bien savoir pourquoi je ne peux pas tirer un mot de ce paresseux-là.

On m’a dit que vous travaillez à un grand ouvrage 4 ; si vous y mettez votre nom, vous n’oserez pas dire la vérité : je voudrais que vous fussiez un peu fripon. Tâchez, si vous pouvez, d’affaiblir votre style nerveux et concis, écrivez platement, personne assurément ne vous devinera ; on peut dire pesamment de très bonnes choses ; vous aurez le plaisir d’éclairer le monde sans vous compromettre ; ce serait là une belle action, ce serait se faire à tout 5 pour la bonne cause, et vous seriez apôtre sans être martyr. Ah ! mon Dieu ! si trois ou quatre personnes comme vous avaient voulu se donner le mot, le monde serait sage, et je mourrai peut-être avec la douleur de le laisser aussi imbécile que je l’ai trouvé.

Avez-vous toujours le projet d’aller en Italie ? Plût à Dieu ! je me flatte qu’alors je vous verrais en chemin et je bénirais le Seigneur. Je vous embrasse de trop loin, et j’en suis bien fâché. »

2 Marie-Françoise Corneille et Mlle Dupuits sœur de son mari .

4 Sur la destruction des jésuites , par un auteur désintéressé : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15201238.image

5 Rappel de la 1ère épître aux Corinthiens, IX, 22 : https://bible.catholique.org/1ere-epitre-de-saint-paul-apotre-aux/3369-chapitre-9

08/06/2019

Ce que vous me dites de l'intolérance m'afflige, et ne m'étonne point ; je m'y attendais .... Ô pauvre raison ! Que vous êtes étrangère chez les Welches !

... Notre peuple français semble bien être toujours aussi irraisonnable siècle après siècle, et pourtant toujours là . Les trouillards et les va-en-guerre n'ont qu'à aller se rhabiller .

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

7è mai 1764 aux Délices

Je reçois dans ce moment votre lettre du 2 mai . Ce que vous me dites de l'intolérance m'afflige, et ne m'étonne point ; je m'y attendais, et c'est par cette raison que je vous ai supplié de dire à M. de Sartines que je ne répondais , ni ne pouvait répondre de tout ce qu'on s'avise d'imprimer sous mon nom . Bien entendu que vous n'auriez la bonté de faire cette démarche que quand vous la jugeriez nécessaire . Il y a des gens qui prétendent que la plaisanterie des Welches est trop forte . En ce cas, il faudrait des cartons . J'en avais déjà fait un, mais on n'a pas daigné imprimer . On ne prend pas de si grandes peines quand on croit pouvoir s'en passer . Cramer s’était chargé de donner des exemplaires du Corneille à Lekain, à Mlle Dumesnil, et à Mlle Clairon . Pour moi je n'en ai qu'un seul exemplaire, encore est-il sans figures. Je vous supplie de le dire à M. d'ArgentaI . Je ne me suis mêlé de rien, sinon de perdre les yeux avec une malheureuse petite édition de Corneille 1, en caractère presque inlisible 2, édition curieuse et rare, sur laquelle j'ai fait la mienne . J'ai été le seul correcteur d’épreuves ; je me suis donné des peines assez grandes pendant deux années entières ; elle sont servi du moins à marier deux filles ; mais je ne me suis mêlé en aucune manière des autres détails .

Mon cher frère, si jamais M. de Montmorency fait des vers, dites-lui qu'il en fasse moins 3, par la raison même qu'il en fait quelquefois de fort beaux, mais multiplicasti gentem, non multiplicasti laetitiam 4. Le moins de vers qu'on peut faire c'est toujours le mieux .

Vous avez envoyé un livre sur l'inoculation 5, cela me fait croire qu'elle sera bientôt défendue . Ô pauvre raison ! Que vous êtes étrangère chez les Welches ! »

3 Voltaire, poème en vers libres, 1764, est la seule publication de cet auteur à cette époque, mais on peut présumer qu'il faisait parvenir à V* de nombreux vers en manuscrit . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65165379.texteImage

5 Angelo Gatti : Réflexions sur les préjugés qui s'opposent aux progrès et à la perfection de l'inoculation, 1764 . Ce livre a été écrit par Morellet à partir de notes en italien de Gatti ; il sera suivi des Nouvelles réflexions sur la pratique de l'inoculation, 1767 . Voir : https://books.google.fr/books/about/Reflexions_sur_les_prejuges_qui_s_oppose.html?id=HkNcAAAAcAAJ&printsec=frontcover&source=kp_read_button&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

et : https://books.google.fr/books?id=sTyQpr-cWXQC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

07/06/2019

Nous manquons d'hommes presque en tous les genres . Si nous n'avons point de talents tâchons au moins d'avoir de la raison

...

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« A Etienne -Noël Damilaville

Aux Délices 7è mai 1764 1

Je suis encore obligé, mon cher frère, de vous écrire au sujet des anciennes craintes que j'avais eues de voir mon nom à la tête des œuvres posthumes de mon ami Guillaume Vadé . Renvoyez-moi, je vous prie, la lettre que je vous ai déjà redemandée 2 ; ma crainte était fort juste puisque j'avais entre les mains un exemplaire à la tête duquel mon nom se trouvait . M. Crommelin, qui est un ministre de paix, ne sèmera pas sans doute la zizanie , et je crois avoir fait assez de bien aux Cramer pour être en droit de compter sur leur reconnaissance . Je ne veux avoir pour ennemis que les fanatiques et les Fréron ; je veux ignorer l'auteur de la tracasserie qui a mandé à Gabriel Cramer que je me plaignais de lui dans les termes les plus violents . Il m'a communiqué copie de plusieurs lettres reçues de Paris, dans lesquelles il paraît un dessein formé de le détacher de moi, après que j’ai travaillé pour lui dix années entières, et que je lui ai fait présent de tous mes ouvrages . Le Corneille ne lui a pas été inutile . Je ne me repentirai jamais d'avoir contribué un peu à sa fortune, et à celle de sa famille, mais ils ne doivent point trouver mauvais que j'aie eu quelques alarmes de me trouver responsable en mon propre et privé nom des fadaises d’Antoine et de Guillaume Vadé . Non seulement je ne veux point répondre de ces fadaises, mais pour peu qu’elles indisposent le public, mon avis est qu'on les supprime entièrement ; et c'est sur quoi je demanderai vos bons offices .

Quant à l'édition qu'on veut faire des commentaires du Corneille détachés du texte 3, je crois que les libraires de Paris doivent me savoir quelque gré des mesures que je leur propose, uniquement pour leur faire plaisir . Je ne veux que le bien de la chose ; je donne tout gratis aux comédiens et aux libraires ; je fais quelquefois des ingrats, ce n'est pas la seule tribulation attachée à la littérature .

J'écrirai incessamment à M. le maréchal de Richelieu au sujet de ce comte d'Oliban . Je ne conçois pas cette rage de vouloir paraître en public quand on déplait au public . Ce n'est pas l'amour qu'il fallait peindre aveugle, c'est l'amour-propre .

Je ne sais aucune nouvelle du théâtre de Paris . On dit que Lekain est le seul homme qu'on puisse entendre . Nous manquons d'hommes presque en tous les genres . Si nous n'avons point de talents tâchons au moins d'avoir de la raison, et sur ce, mon cher frère, écr l'inf. »

1 L'édition de Kehl, à la suite de la copie Beaumarchais donne une version abrégée et déformée amalgamée avec des extraits de la lettre du 16 mai 1764, le tout étant placé sous la date du 11 mai 1764 ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-16.html

3 Un Commentaire sur le théâtre de Pierre Corneille a été publié sous le format in-12, pour faire l'assortiment aux nombreuses éditions de Corneille dans ce format ; voir une lettre de Cramer à Panckoucke, sur ce sujet, du 17 décembre 1772 .

06/06/2019

Je voudrais que vous eussiez une fortune égale à votre mérite

... Ce souhait ne s'adresse pas à un Carlos Gohsn, non plus qu'à la famille de notre  Johnny national, mais à Mam'zelle Wagnière dont je n'ai plus de nouvelles depuis le 15 mars . Où êtes-vous, que faites-vous LoveVoltaire ?

 

 

« A Élie Bertrand, Premier pasteur de l’Église

française, membre de plusieurs académies etc.

à Berne.

7è mai , aux Délices

Je me flatte, mon cher philosophe, que vous avez reçu, ou que vous recevrez bientôt, un petit présent de l’Électeur palatin au-dessus du prix du cabinet d’histoire naturelle 1; ce sera le pot-de-vin du marché. Je voudrais que vous eussiez une fortune égale à votre mérite. Je crois qu’on est à présent un peu occupé à Berne de la situation des affaires de Lucerne 2. Non-seulement les Bernois rendent leurs sujets heureux, mais ils veulent aussi le bonheur de leurs voisins. Ce sont là de ces occasions où M. Defreüdenrich ne s’épargne pas. Je vous prie de lui présenter mes respects, aussi bien qu’à madame. Conservez-moi votre amitié, et comptez sur les sentiments qui m’attachent à vous pour jamais. 

V.»

2 La ville de Lucerne est fameuse pour la corruption de son administration ; deux membres de la famille Schumacher viennent d'être démis de leurs fonctions . Voir : https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/007382/2018-02-07/

05/06/2019

ils décideront si ce mémoire doit être communiqué aux libraires de Paris ou non

... Ce mémoire étant le discours d'Emmanuel Macron remettant la légion d'honneur aux footeux bleus , il ne sera pas publié dans la Pleiade , j'en suis certain . Quoique ...

https://www.20minutes.fr/sport/2533079-20190604-video-ca-veut-dire-quoi-sais-pogba-rami-marrent-lors-remise-legion-honneur

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Aux Délices 6è mai 1764

J’envoie à mes divins anges, comme je l’ai promis, les corrections qui me paraissent indispensables pour les Roués. Il y avait au deuxième acte une contradiction manifeste. Octave disait dans le premier vers de la première scène qu’il voulait marcher soudain contre Pompée, et à la fin de la même scène Antoine disait : Partons demain pour Rome.

D’ailleurs, la nouvelle leçon me paraît avoir plus de précision et de force.

Je soumets aussi à mes anges la copie d’un petit mémoire que j’envoie à M. Damilaville ; ils décideront si ce mémoire doit être communiqué aux libraires de Paris ou non.

Je prends aussi la liberté de mettre dans ce paquet une lettre pour M. Afforti. Ce n’est pas que je connaisse M. Afforti ; je ne sais qui il est ; mais on m’a dit qu’il est chargé par M. le duc de Praslin de rédiger le rapport de l’affaire des dîmes. Mes anges voudront-ils bien avoir la bonté de lui faire passer cette lettre de Mme Denis ?1 C’est à elle d’écrire, puisque les dîmes lui appartiennent et que je lui ai donné la terre de Ferney, et que c’est à elle à captiver la bienveillance dudit M. Afforti . Je vais écrire à M. le maréchal de Richelieu, à Bordeaux, au sujet de l’inimitable acteur Bellecour 2. Je me flatte qu’étant loin du tripot, il sera moins acharné contre le public et contre moi. J’enverrai ensuite au tripot une belle déclaration de ma façon, dans laquelle j’insisterai sur le droit de Grandval, et j’implorerai le bras séculier de M. le duc de Duras . Si mes anges ont quelque autre chose à me commander, je suis à leurs ordres, et je me mets à l’ombre de leurs ailes avec respect et tendresse. »

1 Lettre inconnue .

04/06/2019

Je sais à quel excès pourrait se porter une cabale dangereuse de fanatiques qui n’ont que trop de crédit

... Oui , méfions-nous, car même un crédit légitime issu des urnes n'est pas une garantie de qualité, comme nous l'a montré récemment le parti national-socialiste (nazi) et son chef Adolf de triste mémoire . Extrêmes, qu'ils soient de droite ou de gauche, religieux ou agnostiques sont des plaies pour la santé du monde , espérons que leurs divisions perdurent et les rendent inefficaces .

Pour info :

http://www.histoiredelafolie.fr/psychiatrie-neurologie/fanatisme-article-du-dictionnaire-philosophique-par-voltaire-1838

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Comprenez-vous ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

Aux Délices 5è mai 1764 1

Je reçois, mon cher frère, votre lettre du 28 d’avril . J'espère que frère Cramer vous fera tenir bientôt les 24 autres exemplaires qu'il m'a promis de vous envoyer . Il m’assure qu’il a ôté mon nom qu’il avait mis malheureusement à la tête des Contes de Guillaume Vadé, et qu’il n’en paraîtra pas un seul exemplaire avec ce malheureux titre . Je vous demande en grâce de me renvoyer la lettre que je vous écrivis à ce sujet (c'est celle du 18è avril)2 . Ceux à qui vous l'avez montrée l'ont empoisonnée . On lui a écrit que je m'étais plaint à vous de la manière la plus dure et la plus humiliante pour lui . Vous savez qu'il n'en est rien ; rendez-moi , je vous prie, le service de lui mander combien vous êtes indigné contre ceux qui troublent la société par ces infâmes calomnies . Je ne vous ai certainement jamais parlé de lui qu'avec estime et amitié, c'est un de nos frères ; rendez-moi justice auprès de lui, je vous le demande instamment . Cette aventure me fait une peine extrême . Renvoyez-moi ma lettre, et écrivez-lui-en une qui mette du baume sur sa plaie . Au reste, je ne prends nul intérêt à Guillaume Vadé, ni à son recueil, ni aux autres pièces qu’on a pu y insérer ; et pour peu que l’on trouve dans ce recueil des choses trop hardies, qui me seraient sans doute imputées, je vous demande en grâce de dire à M. de Sartine que non seulement je n’ai nulle part à ces pièces, mais que j’en demande moi-même la suppression, supposé qu’on me les attribue. Je sais à quel excès pourrait se porter une cabale dangereuse de fanatiques qui n’ont que trop de crédit. J’avais, dans Mme de Pompadour, une protectrice assurée ; je ne l’ai plus. Je suis dans ma 71è année, et je veux finir mes jours en paix . Je suis une victime échappée au couteau des prêtres 3; il faut que je paisse en repos dans les pâturages où je me suis retiré. Que nos lettres, mon cher frère, ne soient que pour nous et pour les adeptes . Je vous embrasse tendrement, écr l'inf tant que vous pourrez . »



3 Amusante exagération, bien dans le ton des lettres à Damilaville .

03/06/2019

rien n’est plus triste que de donner des sujets de plainte à ceux à qui on a rendu service

... Subtile et adorable affirmation de Voltaire .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

5è mai 1764 aux Délices

Mes divins anges verront par la lettre ci-jointe dans quel embarras je me trouve . Je me flatte que la bonté de monsieur d'ArgentaI m'en tirera , et qu'il m'épargnera une violente tracasserie que j'essuie pour des contes dont je ne me soucie guère . J'avais très grand sujet de me plaindre que mon nom se trouvât à la tête des fadaises de Guillaume Vadé, d’autant plus que parmi ces fadaises il y a des choses qu'on trouvera trop hardies, et je consens de tout mon cœur qu'on les supprime entièrement ; mais je ne me suis point servi des paroles choquantes rapportées par M. Crommelin .

D'ailleurs , Cramer m'a juré qu'il avait supprimé toutes les feuilles du titre dont j'avais lieu de me plaindre . Je vous demande en grâce de m'écrire [un mot]1 par lequel vous me renvoyez la lettre que je vous écrivis au mois d'avril pour cette petite affaire 2; j'en ai gardé copie, je la montrerai au plaignant, et tout sera apaisé . Je vous aurai la plus grande obligation du monde, car rien n’est plus triste que de donner des sujets de plainte à ceux à qui on a rendu service .

Je vous supplie de ne point donner encore à Lekain la nouvelle copie des Roués ; vous recevrez par la première poste des changements nouveaux, qui m'ont paru d'une nécessité absolue . Je vous demanderais pardon de toutes les peines que je vous donne, s'il ne s'agissait pas d'une conspiration dont vous êtes le premier mobile . Plus je m'efforce de rendre la pièce tolérable, et plus j'ai droit à votre indulgence . »

1 Le manuscrit porte une tache d'encre .