16/11/2018
Souffrez que j'importune un moment Votre Excellence dans ses grandes occupations
... pourrait dire Raphaël Glücksmann en s'opposant à Emmanuel Macron par la création de son mouvement Place publique . Un mouvement d'opposition de plus, pourquoi pas, à la fête des fous, il y a plus d'un roi , avec les résultats que l'on sait .
https://www.liberation.fr/france/2018/11/16/place-publiqu...
« Au comte Wenzel Anton von Kaunitz-Rietberg 1
Ministre d’État etc.
à Vienne
A Ferney par Genève
25 novembre 1763 2
Monseigneur,
Souffrez que j'importune un moment Votre Excellence dans ses grandes occupations .
L'édition de Corneille est bientôt achevée . La famille de Corneille se met aux pieds de Leurs Majestés Impériales, dont elle vous doit les bienfaits et elle vous remercie des vôtres .
Les éditeurs attendent vos ordres, soit que Votre Excellence demande les deux cents exemplaires pour lesquels Leurs Majestés Impériales ont daigné souscrire, soit qu'elle veuille avoir quelques exemplaires reliés . Les éditeurs se conformeront à leurs volontés et aux vôtres .
Chaque exemplaire contient douze volumes avec les estampes, et ne coûte que deux louis en feuilles . Tous les souscripteurs ont payé un louis à l’avance pour chaque exemplaire, mais on se conformera entièrement à ce que Votre Excellence voudra déterminer . Je n'entre dans cette affaire qu'en qualité de souscripteur moi-même, et comme chargé de la part des éditeurs de demander les ordres de Votre Excellence . Je suis surtout chargé des remerciements de la famille d'un grand homme qui est pénétrée de vos bontés d'un plus grand homme, révéré dans un genre plus respectable .
Permettez que j'ose ajouter à la reconnaissance de cette famille, les sentiments d'admiration et de respect avec lesquels je suis
Monseigneur
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
2 Le manuscrit se trouve, ou se trouvait dans les archives Kaunitz, à Jaromierice, près de Budejovice .
09:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
c'est le temps de s'égayer, car la nature est bien triste
... C'est du moins ce qu'affirment les "gilets jaunes" pour justifier leurs manifestations en ces jours brumeux à l'excès , quelques "boutons d'or semés sur le bitume" pour les poètes en mal d'inspiration .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI
De Sibérie le 25è novembre 1763 1
Nous sommes enterrés sous la neige, c'est le temps de s'égayer, car la nature est bien triste . Je tâche de m'amuser et d’amuser mes divins anges . Je baise le bout de leurs ailes avec la plus grande dévotion . »
1 L'édition de Kehl annexe cette lettre à celle du 6 décembre 1763 : http://monsieurdevoltaire.com.over-blog.com/2014/07/correspondance-annee-1763-partie-36.html
08:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
15/11/2018
Gardez-vous bien , ..., d'envoyer aucune lettre du quakre, avant que j'aie revu la seconde épreuve
... Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, c'est aussi ce que demandent au gouvernement les "gilets jaunes" qui vont semer le souk sur les routes ce week end, ou "Comment augmenter le désordre pour les Nuls", grenouilles qui veulent se faire aussi grosses que le boeuf .
Comment voulez-vous qu'on paye encore des amendes pour stationnement génant alors que des milliers de zozos vont, eux, impunément bloquer des routes ?
« A Gabriel Cramer
[vers le 20 novembre 1763]
Mon cher Caro, je me félicite de ce que vous avez votre liberté encore pour un an . Nous jouirons de vous quand nous n'aurons plus de neige . Dieu nous en a donné à Ferney la valeur de trois bons pieds .
Je vous envoie une addition que je vous prie de mettre à la fin de la vie de Pierre . Gardez-vous bien , je vous prie , d'envoyer aucune lettre du quakre, avant que j'aie revu la seconde épreuve, et que j'aie corrigé trois ou quatre mots qui sont essentiels .
Mandez- moi qui est auditeur à votre place 1. Faites bien nos compliments à toute votre famille . Je suis malade et aveugle . Adieu . »
1 Voir lettre du 15 novembre 1763 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/07/prenez-garde-d-avoir-contre-vous-les-trois-cent-cinquante-tr-6103064.html
.
Jacques Bonnet et Léonard Revilliod sont nommés auditeurs le 20 novembre ; voir Archives de Genève, CCLXIII, 422 .Voir : https://books.google.fr/books?id=Esh-ZhEPKfoC&pg=PA259&lpg=PA259&dq=Jacques+Bonnet+gen%C3%A8ve+auditeur+1763&source=bl&ots=A2Ptt16lYn&sig=mJnqmM2viz6YCM6klDH0VOz5Kk0&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjf-6SF8NXeAhVObBoKHeHlCj0Q6AEwAHoECAkQAQ#v=onepage&q=Jacques%20Bonnet%20gen%C3%A8ve%20auditeur%201763&f=false
et : https://gw.geneanet.org/rossellat?lang=en&n=revilliod&oc=3&p=leonard
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14/11/2018
Il faut bien, sans doute, que la tolérance soit bonne à quelque chose, puisque la persécution n’a rempli la terre que d’hypocrisie, d’horreur et de carnage
...
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha
Au château de Ferney, 20 novembre 1763
Madame, un vieux solitaire, presque réduit au sort de Tirésie et d’Homère, et presque entièrement aveugle comme eux, sans avoir vu ni chanté comme eux les secrets des dieux, met aux pieds de Votre Altesse Sérénissime ce petit ouvrage, qui n’est point encore public. On doit des prémices à un esprit aussi juste, aussi éclairé et aussi naturel que le vôtre. On les doit, surtout, à la protectrice des infortunés Calas et à celle qui aime la tolérance et la vérité. Votre suffrage, madame, sera la plus belle récompense de ce travail.
Que Votre Altesse Sérénissime daigne agréer mes souhaits pour votre prospérité et pour celle de toute votre auguste famille. Que la grande maîtresse des cœurs veuille bien ne pas oublier 1. J’ose me flatter que cet essai sur la tolérance ne déplaira pas à sa belle âme. Il faut bien, sans doute, que la tolérance soit bonne à quelque chose, puisque la persécution n’a rempli la terre que d’hypocrisie, d’horreur et de carnage.
Je suis avec un profond respect
madame
de Votre Altesse Sérénissime
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1V* veut sans doute dire m'oublier .
00:51 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/11/2018
on ne sait plus à quel saint se vouer
...
https://www.youtube.com/watch?v=OvdutJhElnk
« A Etienne-Noël Damilaville
19è novembre [1763]
Mon cher frère saura que voilà tout ce qu'on a pu trouver pour le présent ; qu'on lui a depuis plus de quinze jours adressé un gros paquet par les anges ; qu'on lui enverra sans faute tout ce qu’on pourra découvrir ; qu'on craint toujours quelque anicroche pour les paquets ; qu'on lui adressa pendant le voyage de Fontainebleau , sous l'enveloppe de mes anges un paquet dans lequel il y avait une lettre pour M. Mariette ; qu'on craint fort que cette lettre ne soit pas parvenue ; qu'il a dû recevoir aussi d'autres paquets par différentes voies ; qu'on ne sait plus à quel saint se vouer ; qu'on se recommande à mon cher frère et aux prières de tous les frères .
Écr l'inf . »
00:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
12/11/2018
Ce neveu-là a une belle vocation pour écrire l'histoire des catins ; il se prépare de l'occupation pour toute sa vie
... Je doute que Stéphane Bern soit un neveu de mon académicien préféré et que Christine Bravo soit une nièce cachée du patriarche, mais tous deux s'intéressent à ce qui a fait l'histoire en passant sous la ceinture et les jupons féminins qui sont un instrument de tourment ou de pouvoir . Toujours est-il que Voltaire ne se trompe pas en supposant un travail et un gagne pain infini en révélant les Dessous de l'histoire et Sous les jupons de l'histoire .
« A Charles-Augustin Ferriol comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
19è novembre 1763
Mes divins anges, mon neveu du Grand Conseil me mande que vous avez la bonté de me faire parvenir une Histoire de Jeanne 1. Ce neveu-là a une belle vocation pour écrire l'histoire des catins ; il se prépare de l'occupation pour toute sa vie .
Comme je ne peux pas la payer en même monnaie, je lui envoie les Remarques sur l’Histoire générale, et le Traité sur la tolérance, qui est, comme vous savez , d'un brave théologien, que je ne connais pas . Je prends la liberté de m'adresser à vous pour lui faire tenir cette petite cargaison, accompagnée d'une lettre qui est dans le paquet . J'abuse de vos bontés, mais vous m'avez accoutumé à l’excès de votre indulgence . Nous vous prions, Mme Denis et moi, d'être plus que jamais les anges de Ferney . Nous n’avons pas un moment à perdre pour rappeler notre affaire au Conseil du roi, c’est le seul moyen de nous tirer d'embarras . Nous vous supplions de nous mander les intentions de M. le duc de Praslin . Cette affaire est pour nous de la dernière importance ; toute la douceur de notre vie en dépend ; nous remettons notre destinée entre vos mains .
On parle d’une tragédie nouvelle qui a beaucoup de succès 2 , et vous ne nous en dites rien . Vous croyez donc que nous ne nous intéressons pas au tripot ? Un coquin de janséniste vient d’imprimer un gros volume contre le théâtre . Les jésuites, du moins, ne se seraient pas rendus coupables de ce fanatisme . On nous a défaits des renards et on nous a mis sous la dent des loups . Moi je me mets toujours à l'ombre de vos ailes . »
1 Histoire de Jeanne première, reine de Naples, comtesse de Piémont, de Provence et de Forcalquier, 1764, de l'abbé Vincent Mignot . Voir : https://books.google.fr/books/about/Histoire_de_Jeanne_premi%C3%A8re_reine_de_Na.html?id=ozkH5K1-vsQC&redir_esc=y
2 Le comte de Warwick, première pièce de La Harpe, jouée avec succès le 7 novembre 1763 et qui aura 15 représentations pour la première série .
15:23 | Lien permanent | Commentaires (0)
11/11/2018
vous devez avoir reçu plusieurs paquets de moi, et vous en recevrez encore
... Paquets de bits et octets en pagaille, petits éclairs électroniques sensés apporter un semblant d'information, à prendre au vol et à oublier de même pour ne pas devenir un big data sur pattes dénué de logiciel de tri , un âne de Buridan .

« A Etienne-Noël Damilaville
17è novembre 1763
Mon cher frère, vous devez avoir reçu plusieurs paquets de moi, et vous en recevrez encore. Votre petit billet du 12 vient de m’être rendu. Vous me dites que la nymphe Clairon a reçu une brochure ; c’est sans doute un Cramer qui la lui a envoyée , mais vous devez en avoir beaucoup par M. d’Argental et par d’autres voies. Je vous supplie de me mander si tout cela est parvenu entre vos mains. Il y a surtout une lettre pour M. Mariette, qui m’inquiète beaucoup : c’est au sujet de mon affaire des dîmes ; je vous l’adressai il y a environ quinze jours , l’affaire presse beaucoup, et il serait bien triste que cette lettre fût perdue.
Quant au digne frère de l’auteur des chansons hébraïques 1, on nous fait espérer une instruction 2 très pastorale, qui sera plus approfondie et meilleure que celle de l’évêque d’Alétopolis . Sitôt qu’elle pourra me parvenir, je ne manquerai pas de vous en faire part . Mais, au nom de Dieu, mandez-moi si vous avez reçu des nouvelles de Lyon, de Besançon et de M. d’Argental, depuis un mois. Je vous suis attaché plus que jamais.
Ecr. l’inf. »
1 Pompignan , évêque du Puy ; voir lettre du 17 septembre 1759 à Mme du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/09/je-suis-a-peu-pres-reduit-a-l-etat-d-abelard-mais-malheureus-5464788.html
2 La première Lettre d'un quakre .
01:08 | Lien permanent | Commentaires (0)

