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21/10/2017

la commission qui jugera, est composée de juges éclairés et intègres, qui ne craignent point du tout de déplaire aux parlements, et qui rendront la justice la plus exacte, telle que le public la désire

... Terriblement d'actualité tant notre quotidien est rempli d'affaires criminelles , souhaitons que les juges du XXIè siècle seront à l'égal ou au mieux de ceux du XVIIIè de Voltaire .

 

« A Philippe Debrus

Au château de Ferney 10è décembre [1762]

Il serait à souhaiter que M. le duc de Bedfort , qui a cinq cent milles livres de rente, protégeât notre pauvre veuve, autrement que par des paroles . Il est toujours bon qu'il joigne sa voix à celle du public, mais on doit être très sûr que son suffrage n'influera en rien sur les juges . Croyez-moi, tout dépend du rapporteur . J'ose être sûr de lui, voilà l’essentiel ; la commission qui jugera, est composée de juges éclairés et intègres, qui ne craignent point du tout de déplaire aux parlements, et qui rendront la justice la plus exacte, telle que le public la désire . Ce point une fois gagné, j'ose espérer une réparation authentique, et les grâces de la cour pour cette famille infortunée .

Je répèterai cent fois, qu'il faut que Mme Calas ait l'esprit tranquille . Il est très indifférent qu'on mette , ou qu'on ne mette pas des cartons au mémoire de M. de Beaumont ; les bagatelles qu'il s'agit de réformer, ne touchent presque en rien le fond du procès . Il est pourtant bon que ces mémoires n’arrivent à Toulouse qu'avec des cartons uniquement pour ne point donner prise à des chicanes .
Je suis affligé de ne plus entendre parler du voyage de M. de Lassalle 1; c'est là ce qui ferait un terrible effet . Dieu veuille le maintenir dans ses bonnes intentions !

La bonne servante viendra-t-elle ? Je brûle d'envie de l'interroger dans le patois de Goudouli 2.

Je me console fort des délais que nous essuyons, les juges en seront mieux instruits, et on aura plus de temps pour éclairer leur justice, et pour exciter leur zèle . Il faut principalement s'adresser aux gens de robe dans cette affaire . Les femmes et les ambassadeurs serviront auprès du public, et les gens de robe seuls serviront auprès des juges .

J'embrasse tendrement monsieur Debrus et ses amis . »

2 Goudouli ou plus précisément Pierre Goudelin, était un poète languedocien dont les œuvres en gascon avaient été souvent imprimées à Toulouse (1646-) ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A8ire_Godolin ; il a, entre autres, écrit des Stances sur la mort de Henri IV ; voir aussi : https://lengas.revues.org/1253

Je n'ose parler de l’accident de mon cher Gabriel , c'est l'affaire des dames

... Et je leur conseille fort de n'y point apporter remède de sitôt .

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Gabriel ! Gabriel ! va te faire soigner !

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 10 décembre 1762]

Je renverrai demain l'épreuve K . Je n'ose parler de l’accident de mon cher Gabriel 1, c'est l'affaire des dames, c'est à elles de gémir . Cependant je m'y intéresse très fort .

Voici un paquet pour le voyageur qui ne reviendra pas sitôt . »

20/10/2017

Comment vont vos parties affligées ?

...Cette question, - si ce n'est dans les termes, au moins dans l'esprit -,  à Marine Le Pen sur France 2 n'a pas eu de réponse de l'intéressée, l'importance de ses revenus et leur augmentation étant fort loin de l'affliger; Philippot est un has been, l'euro une monnaie négative, Laurence Parisot déconnectée de la réalité , et on ne doit pas se faire vacciner car tous les ministres de la santé ont été "payés par le passé par des laboratoires". Avec ça, mettez votre mouchoir par dessus, et circulez, il n'y a plus rien à voir !

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"Je vais m'en mettre jusque là !"

 

 

« A Gabriel Cramer

Mon cher Gabriel je vins vous voir avant-hier et dire adieu à Philibert . Mais ou vous étiez sortis l'un et l'autre ou vous étiez invisibles . Comment vont vos parties affligées ?1 N'avez-vous pas besoin de quelque rabâchage de Pierre intitulé tragédie ? Allez, telles pièces, telles estampes, mais je soutiens que celle de La Toison d'or est un chef-d’œuvre . Au reste vous ferez comme il vous plaira, mais je persiste dans mon indifférence pour les dernières pièces de Pierre, et pour les tailles douces .

V.

D'ailleurs faites tout comme il vous plaira . Vous êtes le maître absolu .

10 décembre [1762] . »

19/10/2017

Quelle honte ! quelle guerre ! les ministères de Philippe III et de Philippe IV ne se conduisirent pas plus misérablement que les Espagnols d’aujourd’hui

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Angela et Emmanuel en choeur " Hey Theresa ! les Catalans sont aussi cinglés que les Anglais . Brexit et Catalexit, vous êtes faits pour vous entendre , isn't it ?" 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

10 décembre 1762

Mes divins anges, vous avez beau faire, on ne commande point au diable . Les sorciers seuls ont ce privilège, et c’est le diable qui me commande. Il s’empara de moi il y a bientôt dix-huit mois, et me fit faire en six jours la sottise que vous savez 1. J’étais ivre de mon ouvrage au septième ; mais l’âge m’a rendu un peu défiant, et surtout je me défie de moi-même. Mes chers anges, je vous parlais d’attendre au carême ; à présent je vous supplie de remettre à Pâques. Plus on attend, plus valent les tragédies. Vous ne chômerez point cet hiver. Vous avez Eponine, dont on dit beaucoup de bien. Il y a force tragédies, force comédies ; vous aurez le plaisir de voir des succès et des chutes. Souffrez que, cet hiver, je me donne tout entier à mon paradis de Ferney, au csar Pierre, à Corneille, à l’Histoire générale . Quand j’aurai fait tout cela, et que ma tête sera libre, alors vous aurez tant de vers qu’il vous plaira.

Sachez de plus, ô anges ! qu’il y a sur le métier un ouvrage à l’occasion des Calas 2 qui pourrait être de quelque utilité, à ce que disent les bons cœurs, et pour lequel on vous demandera votre suffrage et votre protection.

Je vous remercie historiquement de m’avoir confirmé la cession de la Floride. Quelle honte ! quelle guerre ! les ministères de Philippe III et de Philippe IV 3 ne se conduisirent pas plus misérablement que les Espagnols d’aujourd’hui 4.

Oh ! que votre aimable duc de Praslin a bien fait de finir tant de pauvretés ! Il a rendu service au genre humain, et surtout aux Français. Je me soucie très peu du Canada . Je ne l’ai jamais aimé , mais la paix nous devenait nécessaire comme le manger et le dormir. Je l’en remercie encore, et je suis enchanté que ce soit votre ami qui ait fait une si bonne œuvre.

Vous me dites toujours que je ne réponds point aux chefs d’accusation que je me tais sur Zulime, sur Mariamne. Je reverrai Mariamne et Zulime quand je r'aurai 5 ma tête, j’entends ma tête poétique. A présent je suis tout prose ; me voilà cunctateur. Attendons : Zulime, Mariamne, Olympie, tout cela viendra si je vis.

Savez-vous que je suis bien vieux ? Le duc de Villars, quoique plus jeune, est plus vieux que moi . Il a des convulsions de Saint-Médard à le faire canoniser par les jansénistes. Il souffre héroïquement ; il a dans les maux plus de courage que son père. Il y a bien des sortes de courage.

Eh bien vienne l'épouseur de Marie Corneille . Nous les marierons pour peu qu'il en ait l'envie .

Mais que dites-vous de Luc et de son compliment 6 au roi d'Angleterre ? »



1 Olympie .

2 Traité sur la tolérance .

4 Les cinq derniers mots ont été rajoutés sur le manuscrit entre les lignes .

5 L'édition de Kehl remplace ce verbe par retrouverai .

6 On ne sait à quel compliment V* fait ici allusion, la dernière lettre de Frédéric II à George II remontait au 30 août 1757 .

J'espère, monsieur, que les arrangements dont nous convenons ne vous déplairons pas . J'aurais souhaité qu'ils eussent été faits plus tôt

... Et moi aussi !

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« A Jean-Jacques Mallet Négociant

à Marseille

Au château de Ferney 9è décembre 1762 1

J'espère, monsieur, que les arrangements dont nous convenons ne vous déplairons pas . J'aurais souhaité qu'ils eussent été faits plus tôt . L'argent qu'il en a coûté pour bâtir et démolir ensuite une muraille assez longue, et pour faire un chemin devenu inutile, aurait été employé à des embellissements qui auraient rendu votre séjour et le mien plus agréables . Vous serez le maître du pré que vous désirez . Le nouveau chemin que je fais vous sera beaucoup plus commode étant presque vis-à-vis de votre maison . Vos possessions seront plus arrondies . Vous aurez de grandes promenades à droite et à gauche . Les arbres que j’ai déjà plantés feront des berceaux assez bas qui ne pourront nuire ni à votre vue , ni à la mienne 2.
Il sera aisé, d'ailleurs, de faire , si vous le voulez, une porte de communication . Mme Denis en profitera et cultivera plus commodément la société de madame Mallet dont elle sent tout le prix . Nous lui présentons nos très humbles obéissances .

J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Original signé avec cachet « Genève » et mention « Ferney 9è décembre 1762 . M. de Voltaire rép[ondu] le 28.1763. Sur Ferney . »

Le même jour le consistoire de Genève inscrivit : « A comparu Jean-Pierre fils de feu Jean Calas de Toulouse, sur la permission qui lui en a été accordée par monsieur le modérateur, né de parents protestants, mais baptisé dans l’Église romaine, auquel monsieur le modérateur a représenté la faute qu'il avait faite de promettre d'embrasser la religion catholique romaine ; sur quoi ledit Calas a témoigné son regret et c'était l'horrible circonstance où il s'est rencontré dans le mois de novembre 1761 qui l'avait engagé à faire cette promesse […] Après quoi il a té interrogé sur divers points qui nous séparent d'avec l’Église romaine, et ayant paru instruit et renoncé aux erreurs du papisme, et il a été reçu membre de notre communion . »Registres du consistoire, R87, p. 142.

2 Par la suite, et la mésentente, ces arbres donneront le Cache-Mallet, vis à vis de ce que Mallet fit pousser : le Cache-Voltaire . Voir page 150 : http://www.persee.fr/doc/globe_0398-3412_2003_num_143_1_1478

18/10/2017

Il s’agit de venger l’humanité, et non de disputer un peu de renommée.

... Et il s'agit de venger les femmes et non d'excuser le trop célèbre Mr Weinstein, "malade" dit-on (parole d'avocats qui vont gagner le pactole avec ce client exceptionnel )  , mais qui, en ayant les moyens de se faire soigner, s'est bien gardé de le faire .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

6 décembre [1762]

Mes frères, les Pensées tirées des objections diverses, etc. 1, sont un excellent ouvrage. Il faut en tirer quelques exemplaires pour les sages ; mais je crois que rien ne fera jamais plus d’impression que le livret de Meslier. Songez de quel poids est le témoignage d’un mourant et d’un prêtre homme de bien. On dit qu’il paraîtra quelque chose 2 à l’occasion des Calas et des pénitents blancs, mais qu’on attendra que la révision ait été jugée .

Le docteur Tronchin m’a enfin mandé qu’il n’y avait point de guérison pour le petit enfant 3 à qui mon frère s’intéresse ; je souhaite que le docteur se trompe.

Qu’est-ce donc que ce drôle de fou qui traite le public comme Ajax traitait ses moutons 4, et qui tombe sur lui en furieux ? Il a donc fait une tragédie d’Ajax ? l’a-t-on mis aux petites-maisons ? comment se nomme-t-il ?

Est-il vrai qu’Élie de Beaumont est très courroucé de voir la faucille Loyseau dans sa moisson 5? Mon cher frère, s’il est vrai, calmez ses douleurs ; représentez-lui que dans une affaire telle que celle des Calas, il est bon que plusieurs voix s’élèvent ; c’est un concert d’âmes vertueuses. Il s’agit de venger l’humanité, et non de disputer un peu de renommée. Il y aura place pour Beaumont et pour Loyseau dans le temple de la gloire et de la vertu, et aucun d’eux n’entrera dans la caverne de l’envie.

J’embrasse mon frère et mes frères.

P.S. – Il y a un enfant qui se dit petit-neveu de Corneille. Il demeure chez M. Noël, maître de pension, faubourg Saint-Marceau ; son nom est Vannier. Il demande un exemplaire de Corneille ; cela est assurément bien juste. Je prie très instamment mon frère de lui faire passer ce petit billet 6. »

1Les Éclaircissements historiques à l'occasion d'un libelle calomnieux sur l'Essai de l'histoire générale , dont on reparlera ; voir lettre du 13 décembre 1762 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/13/l-opera-comique-soutient-il-toujours-la-gloire-de-la-france.html

2 Le Traité sur la tolérance que V* ne publie qu'en novembre 1763 quand tout danger est écarté pour la famille Calas . Sur une version ancienne d'une partie de ce texte, dont le reste est passé dans le Pot pourri, voir l'édition des Romans et contes .

3 En l'absence des lettres de Damilaville, on ne sait de qui il est question ici ; ce ne peut être Daumart, comme Beuchot et Moland l'ont estimé, puisqu'il s'agit de quelqu'un vivant à Paris ou près de Paris . On pourrait songer à un « jeune homme » mentionné dans une lettre du 12 décembre 1762 du duc de La Vallière, remerciant V* de l'intérêt qu'il a pris à sa mort .

4 L'Ajax de Poinsinet de Sivry fut représenté pour la première fois le 30 août 1762 et retiré après la première représentation ; sur quoi l'auteur publia, anonymement, l'Appel au petit nombre ou le Procès de la multitude, avec l'épigraphe « Ajax ayant été mal jugé entra en fureur, et prit un fouet pour châtier ses juges » (référence à Ajax qui avait pris pour l'ennemi un troupeau de moutons) .Puis Poinsinet se répondit à lui-même par une Lettre à l'auteur de la tragédie d'Ajax ou Réponse à l'appel au petit nombre ; 1763 .

5 L'avocat Loyseau a aussi publié un mémoire en faveur des Calas .

6 On n'a pas ce billet .

17/10/2017

S'il va à Paris il sera fêté, amoureux, aimé , paresseux et restera là

... Ainsi disait Nostradamus, ou Madame Soleil, à propos de Fanfoué Hollande, et cette prédiction se révèlera juste . Damned ! le président actuel pense sans doute encore à lui quand il évoque le "bordel' et les "fainéants" .

proverbe chinois.png

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 5 décembre 1762]

Caro, ce serait bien dommage 1 mais per quaee quis peccat per haec et punietur 2.

Bon voyage à Philibert mais je me flatte que je l'embrasserai avant son départ . S'il va à Paris il sera fêté, amoureux, aimé , paresseux et restera là 3.

Voici de la copie .

Qu'importe que des estampes inutiles soient bonnes ou mauvaises ? »

1 Il avait un kyste mal placé ; voir lettre du 10 décembre 1762 : « Comment vont vos parties affligées ? » et lettre du même jour : «  Je n'ose parler de l'accident de mon cher Gabriel, c'est l'affaire des dames, c'est à elles de gémir . »

2 Par où quelqu'un pèche, par là il sera puni . Adaptation du Livre de la sagesse

3 Il restera à Paris trois mois .