17/02/2018
La plus petite de toutes les méprises imprimées, et la moins importante, est l'honneur qu'on me fait
... Je doute fort qu'un jour un de nos -présidents, ministres, cardinaux, députés, sénateurs, PDG, juges et avocats de renom, footeux, artistes récemment décédés-, soit assez lucide et modeste pour en dire autant .
« A Pierre Rousseau
La plus petite de toutes les méprises imprimées, et la moins importante, est l'honneur qu'on me fait , dans le Journal encyclopédique du mois de mars 1763, d'avoir reçu de madame l'archiduchesse des bouts-rimés à remplir . Je n'ai, Dieu merci, ni reçu cet ordre, ni fait ces bouts-rimés . Cependant, comme il faut obéir aux princesses, quelque vieux qu'on soit, je déclare que je ferai de mauvais bouts-rimés quand Leurs Altesses Impériales l’ordonneront positivement .
Voltaire .
Aux Délices 8 mai [mars] 1763 .1 »
1 Voir l'édition « Éclaircissement au sujet des bouts-rimés attribués à M. de Voltaire », Journal encyclopédique du 1er avril 1763 . La lettre est précédée de l’avis suivant : « Sur la foi d'un homme très estimable et très connu dans la république des lettres, nous avons donné dans le Journal pénultième [1er mars 1763] des bouts-rimés sous le nom de M. de Voltaire ; nous nous sommes empressés de les publier, parce que nous avons appris par une expérience constante combien nos lecteurs sont avides de tout ce qui sort de la plume de ce grand homme, ne fut-ce même que des bouts-rimés . La personne qui nous a envoyé ceux dont il est question, est une de ces admirateurs zélés, et certainement M. de Voltaire n'est point dans le cas de lui dire, vous voudriez bien que je les eusse faits . Par respect et par devoir nous insèrerons ici l'apostille d’une lettre dont il a bien voulu nous honorer . Nous serions très fâchés que sur la foi de notre Journal ces vers donnassent la moindre prise à ses ennemis, car enfin qui n'a pas d'ennemis à commencer par M. de Voltaire jusqu'au chevalier de [...]. » Cette lettre est encore suivie de ceci : « A peine ces bouts-rimés ont-ils paru dans notre Journal, que nous les avons trouvés imprimés dans une feuille périodique qui paraît à Lyon chez le sieur de La Roche . Ainsi nous ne sommes pas les seuls qui ayons été dans cette erreur, et peut-être sont-ils déjà imprimés dans d'autres journaux . » La matière fut encore reprise dans une article signé Porier qui parut dans le Journal encyclopédique du 15 mai 1763 .
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16/02/2018
Votre maudit climat me tue . Je le hais
...
« A Gabriel Cramer
[vers le 7 mars 1763]
J'ai envoyé chercher Mariamne à Ferney .
Je restitue la feuille L de la Tolérance qui fut oubliée hier .
Je demande la feuille M .
Je suis malingre .
Je n'en travaille pas moins à Sophonisbe .
Votre maudit climat me tue .
Je le hais, mais je vous aime . »
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La décision n'est pas douteuse
... Selon Laura Smet : https://www.20minutes.fr/people/2222063-20180216-heritage...
NDLR . - James , en réalité, se fiche du tiers comme du quart du sort des pauvres (sic) héritiers du défunt Johnny . A que c'est vrai !
« A Paul-Claude Moultou
[7 mars 1763] 1
J'envoie à mon cher frère en un seul Dieu les deux petits chapitres que je viens de faire copier pour lui .
C'est aujourd'hui que tout le conseil d’État décide entre les Calas et les huit juges toulousains . La décision n'est pas douteuse .
Mille tendres respects .
Je n'ai pas reçu la lettre à frère Le Tellier 2. »
1 L'édition Taillandier est incomplète et date de février ; l'édition Lettres inédites qui se réfère à l'original place la lettre en janvier-février, mais la séance du Conseil d'Etat à laquelle se réfère V* est celle du 7 mars 1763 .
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15/02/2018
nous serons plus flattés du bienfait que de la somme
... peuvent dire certains candidats à la présidentielle, du moins ceux qui ont le moins triché :
http://www.lepoint.fr/presidentielle/comptes-de-campagne-...
Ce sont quand même des sommes qui font dresser les cheveux quand on pense que ce sont nos impôts qui les payent et qu'on est au SMIC .
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha
Aux Délices par Genève, 7è mars 1763 1
Madame, je suis bientôt près de quitter ce monde dont vous faites l’ornement. Je ne m’intéresse guère à lui qu’en cas qu’il y ait encore quelques âmes comme la vôtre. Le roi de Prusse y joue un grand rôle, et je crois que Votre Altesse Sérénissime n’a pas été fâchée qu’il ait résisté à la maison 2 qui vous a fait perdre votre électorat . Il a acquis une gloire immortelle. Je connais une nation qui ne pourra pas dire autant d’elle ; mais on dit, que nous avons à Paris un opéra-comique, qui est fort bon, et cela suffit. Si nous n’avons pas vaincu tous nos ennemis, nous avons du moins chassé les jésuites ; c’est un assez beau commencement de raison ; nous finirons peut-être par nous en tenir à Jésus-Christ ; mais je serai mort avant que ce bienheureux jour arrive.
Les Calas, dont Votre Altesse Sérénissime a vu les mémoires, obtiennent enfin justice ; et le conseil du Roi ordonne qu’on revoie leur procès. C’est une chose très rare en France que des particuliers puissent parvenir à faire casser l’arrêt d’un parlement, et il est presque incroyable qu’une famille de protestants, sans crédit, sans argent, dont le père a été roué à un bout du royaume, ait pu parvenir à obtenir justice.
Nous sommes obligés de faire une collecte en faveur de ces infortunés . Les frais de justice sont immenses. Si Votre Altesse Sérénissime veut se mettre au rang des bienfaiteurs des Calas, elle sera au premier rang, et nous serons plus flattés du bienfait que de la somme, qui ne doit pas être considérable.
J’apprends que pendant que tout le monde est en paix, votre maison est en guerre pour la principauté de Meiningen 3; je me flatte que votre guerre ne sera pas longue, et que vous la finirez comme le roi de Prusse, en jouissant de tous vos droits. J’ai eu l’honneur de voir autrefois feu M. le prince de Meiningen 4 ; je vous assure que sa cour n’était pas si brillante que celle de Gotha.
Je ne sais point, madame, où demeure madame la comtesse de Bassevitz, qui vous est si attachée ; il faut absolument que je lui écrive, et je ne sais comment faire sans avoir recours à Votre Altesse Sérénissime. Je la supplie de permettre que je prenne la liberté de mettre la lettre dans ce paquet. On nous a fait espérer, madame, que nous aurions après la paix, messieurs les princes vos enfants, dans notre voisinage . J’aurai du moins la consolation de faire ma cour à la mère dans la personne de ses enfants.
Je me mets aux pieds de toute votre auguste famille, et je suis avec le plus profond respect, et l'attachement le plus inviolable ,
madame
de Votre Altesse Sérénissime
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
En qualité d’aveugle, je demande à la grande maitresse des cœurs, des nouvelles de ses yeux .
1 Le post scriptum manque dans les éditions . La duchesse a annoncé la paix à V* le 19 février 1763 : « … vous entendrez avec plaisir monsieur la bonne nouvelle de la paix entre l'impératrice, la Saxe et le roi de Prusse. Les articles définitifs ont été signés et publiés le 15 du courant à Hubertsbourg . […] Je ne me souviens pas d'un événement qui m'aie transportée et remuée à ce point […] Le roi recouvre par ce traité toutes les provinces qu'il possédait avant cette funeste guerre et la base de ce traité sont ceux de Breslau et de Dresden tous favorables à ce monarque […] le roi de Prusse […] se tire d'affaire le plus glorieusement du monde sans perdre un pouce de terre […] Mais il fallait aussi une tête comme la sienne, un génie et un héroïsme au dessus de tout […] . »
2 La maison d'Autriche .
3 Ici et deux ligne plus loin, le mot est écrit par Wagnière Memungen, transcrivant une note de V* .
4 Antoine-Ulrich, qui est mort quelques semaines plus tôt .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Ulrich_de_Saxe-Meiningen
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14/02/2018
en vérité, nous sommes tous de la même religion
... Tout comme les athées, les musulmans, les juifs, les je-ne-sais quoi-d'autre qui fêtent aujourd'hui St Valentin, saint patron des fleuristes, bijoutiers et restaurateurs .
« A Philippe Debrus
[7 mars 1763]
Bénissons Dieu tous ensemble mon cher monsieur, car en vérité, nous sommes tous de la même religion . Les huit juges de Toulouse n'ont plus d'autre chose à faire qu'à demander pardon à Dieu et aux hommes, et à venir arroser de leurs larmes les pieds de Mme Calas, si elle daigne le permettre .
Je ne serais point étonné que le roi lui-même ne fût aujourd'hui au Conseil d’État, il y a déjà été pour une affaire moins importante . »
14:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/02/2018
mon cher éditeur, envoyez-moi je vous prie sur-le-champ par les voitures publiques trois douzaines
... de "Les Leçons du pouvoir" afin que je les donne aux quelques Tullistes qui ne me jettent pas des pierres " va bientôt pouvoir dire Fanfoué Hollande qui, ne manquant ni de temps ni d'argent , et toujours en mal de confidences, va publier un énième livre, sans plus d'intérêt que les précédents et ceux de Sarkozy . Encore un écrit vain en trop !
http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/02/13/25001...
C'est tout dire !
« A Cosimo Alessandro Collini
Mon cher historien palatin, mon cher éditeur, envoyez-moi je vous prie sur-le-champ par les voitures publiques trois douzaines d’Olympie en feuilles . Je vous serai obligé . Je ne peux écrire une longue lettre attendu que mes yeux me refusent le service . Je vous embrasse de tout mon cœur .
V.
7 mars [1763] aux Délices.1 »
1 Date complétée par Collini sur le manuscrit .
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vous rirez, et il est bon de rire
... Alexis Pinturault et Victor Muffat-Jeandet viennent de donner le sourire au ski alpin français et à tous ceux qui savent ce que c'est que s'entrainer des années pour jouer son sort en quelques minutes .
*Petite note : je ne félicite pas le journaliste TV ( un peu bas de plafond ) qui , après la victoire de Martin Fourcade et les médailles de Anaïs Bescond et Perrine Laffont, a osé dire hier "demain nous allons enfin voir du ski " [sic]. Martin et Anaïs et Perrine et tous les autres biathlètes et fondeurs étaient-ils donc là tous avec tuba et palmes ?
« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis
Aux Délices 7è mars 1763 1
Votre Éminence, monseigneur, doit avoir reçu une lettre du pauvre Tyresie, adressée à Vic-sur-Aisne, pendant qu'elle daignait me faire des reproches de mon silence . Vous êtes englobé dans l'Académie française, qui a daigné signer en corps au mariage de notre Marie Corneille .
Il faut, pour vous amuser, que M. Duclos vous envoie l'Héraclius espagnol, dont on dit que Corneille a tiré le sien ; vous rirez, et il est bon de rire .
Votre Éminence a la bonté de me parler d'Olympie . J'aurai l'honneur de la lui envoyer dans quelque temps ; elle en aura perdu la mémoire, et ne jugera que mieux de l'effet qu'elle peut faire .
L'affaire des Calas, ma fluxion sur les yeux, le mariage de Mme Dupuits, une grosse maladie de ma nièce, m'ont un peu dérouté des amusements tragiques, mais rien ne me détachera de Votre Éminence à qui j’ai voué le plus profond et le plus tendre respect .
V. »
1V* répond au billet suivant de Bernis : « Au château du Plessis par Senlis 17 février 1763 ./ A quel jeu vous ai-je perdu, mon cher confrère ? Depuis la lettre où vous me parliez de la visite de M. de Richelieu et de la refonte de Cassandre [lettre du 7 octobre 1762, V* parle effectivement d'un remaniement de Cassandre, mais pas d'une visite du duc de Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/09/02/vous-avez-pu-croire-que-toutes-ces-brochures-etaient-des-pie-5976022.html ], je n'ai plus entendu parler de vous que par le bruit des histoires générales et particulières que vous préparez et des jolies lettres que vous écrivez à M. d'Alembert . Pourquoi suis-je tombé dans votre disgrâce ? Vos lettres ne me sont-elles pas parvenues, ou n'avez-vous pas reçu mes réponses ? J'ai été fort exact . Je ne saurais penser que vous m'avez totalement quitté ; si ce n'est qu'une infidélité passagère, je sens que je vous aime assez pour vous la pardonner . Dites-moi donc vite ce que c'est et ne me laissez pas croire que je suis un sot de vous aimer et vous un ingrat de ne pas répondre à tous les sentiments qui m'attachent à vous pour la vie . »
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