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02/10/2017

achever une Histoire générale qui finit par le bien que vous faites aux hommes

... Est-ce le rêve de tout homme d'Etat, marquer l'Histoire par un progrès du bien-être humain  ? J'en doute, même si les discours pourraient le laisser supposer, les faits sont têtus et contradictoires , dommage .

 

 

« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin

A Ferney 10 novembre 1762 1

Monseigneur le duc,

Tout le monde vous bénit ; et moi je vous remercie de m'avoir fait achever une Histoire générale qui finit par le bien que vous faites aux hommes .

Votre très humble , très obéissant et très obligé serviteur comme tout le monde ,

le rat des Alpes . »

1 Praslin répondra à V*, de Versailles, le 14 novembre 1762 : « J'ai reçu, monsieur, vos deux lettres [voir lettre du 6 septembre à Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/08/03/temp-si-je-ne-voulais-que-faire-entendre-ma-voix.html ] . Ma réponse à la première a été la signature des préliminaires ; je crois que je ne pouvais guère en faire une meilleure . Je répondrai à la seconde en vous assurant de mon amitié pour votre personne et de mon admiration pour vos ouvrages . »

01/10/2017

quoique les Genevois n’aiment pas la France passionnément, quoique notre petit pays de Gex soit séparé du reste du monde, cependant je ne vois que des gens enthousiasmés de la paix , et je n’entends que des cris de joie

... Ah qu'il serait bon que cela soit d'actualité à propos de la paix !

L'amour des Genevois pour la France n'a guère évolué depuis le siècle de Voltaire, nous sommes encore pour beaucoup les "Frouzes", et notre seule qualité est d'avoir des supermarchés bien moins chers que chez eux .

 https://www.swissinfo.ch/fre/economie/enqu%C3%AAte-au-pay...

 Fichier:Suisse map.jpg

De toute façon, il y a autant de bisbille entre cantons , et parfois davantage qu'avec les pays voisins .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental 1

Vive le roi et monsieur le duc de Praslin 2 !

A Ferney 10 novembre [1762] 

Mon divin ange, quoique nos Suisses vendent leur sang à qui veut le payer 3, quoique les Genevois n’aiment pas la France passionnément, quoique notre petit pays de Gex soit séparé du reste du monde, cependant je ne vois que des gens enthousiasmés de la paix 4, et je n’entends que des cris de joie.

Je vous prie de vouloir bien donner à M. le duc de Praslin ces trois mots 5, que je prends la liberté de lui écrire. Il y a soixante et quatre ans qu’un marquis de Praslin 6, que je peindrais, avait beaucoup de bonté pour moi . Cela m’a été d’un bon augure.

Voici le temps des plaisirs et des spectacles. Il y avait une plaisante dédicace 7, à deux seigneurs de Praslin qu’on devait mettre à la tête du Droit du Seigneur, comédie de Jondelle, du temps de Henri second, rajustée depuis peu au théâtre par un quidam.

Nous avons joué depuis peu le Droit du Seigneur, avec tout le succès possible, à Ferney. Mademoiselle Corneille a joué Colette supérieurement ; elle avait une cabale contre elle ; la cabale a été forcée de battre des mains.

Je soupçonne que M. de Chauvelin vous a envoyé, de Turin, une fin du troisième acte de Cassandre, et le quatre tout entier . Je ne voulais pas vous envoyer la pièce par morceaux . J’attendais vos ordres angéliques pour vous faire parvenir la pièce entière . Mais ce que M. de Chauvelin aura fait sera bien fait.

Il y a un conseiller au parlement de Toulouse 8 qui vient, je crois, à Paris, pour rendre justice à l’innocence des Calas, et gloire à la vérité. Il y a de belles âmes . Celle-là sera bien digne de connaître la vôtre.

Je vous embrasse avec les plus tendres respects, et je me mets aux pieds de madame d’Argental.

V.9 »

1 Date complétée par d'Argental .

2 En date du 2 novembre 1762, par lettre patente, le comte de Choiseul est fait duc .

3 V* cite ici une phrase extraite de sa Henriade, X, 267-268 ; Il appelle les Suisses « Barbares dont la guerre est l'unique métier, / Et qui vendent leur sang à qui veut le payer . » Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/La_Henriade/10

4 Les préliminaires de la paix avaient été signés à Fontainebleau le 3 novembre 1762 ; mais la paix elle-même ne fut conclue à Hubertusberg que le 15 février 1763 .

5 Lettre du même jour à César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin : « Monseigneur le duc, Tout le monde vous bénit ; et moi je vous remercie de m'avoir fait achever une Histoire générale qui finit par le bien que vous faites aux hommes . Votre etc. , le rat des Alpes . »

6 Nicolas-Martial de Choiseul, chevalier de Choiseul-Beaupré, qui avait reçu le titre de marquis de Praslin lorsqu’il était devenu le troisième mari de Marie-Françoise De Choiseul, marquise de Praslin , en 1711 .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_de_Choiseul

7 Voir lettre du 25 juin 1762 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/05/09/1-5942153.html

8 Lassalle, voir lettre du 15 novembre 1762 à Debrus : « Le voyage de M. de Lassalle à Paris me comble d'espérance et de joie . J'ai été cent fois tenté de lui écrire . »

9 V* a écrit son initiale après respects, puis ajouté tout ce qui suit et je me ...

30/09/2017

Ne soyez ni paresseux ni tiède . Écrasez l’infâme tant que vous pourrez, et que Dieu vous le rende

... Je suis bien d'accord sur cette injonction, au détail près ,  pour moi : que Dieu reste où il est supposé être selon certains .

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Paroles d'experts ! C'est fou le nombre de gens qui se sont sentis concernés quand les "fainéants " ont été évoqués récemment ; "qui se sent morveux se mouche" comme disait belle-maman ! (Beau-papa avait une version plus rude de ce dicton .)

http://www.lamontagne.fr/paris/loisirs/television-medias/...

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

pour mon frère Thieriot

mille compliments à mon frère Damilaville

8 novembre [1762] 1

Mon frère vous pouvez avoir eu des convulsions à Paris , mais sûrement vous n'êtes pas devenu convulsionnaire . Je me flatte qu'à présent votre corps se porte aussi bien que votre âme .

Les lettres de Henri IV que vous m'envoyez sont conformes à mon manuscrit . Elles sont très curieuses et figureront à merveille dans l'histoire de ce monde .

Le plat libelle contre cette histoire ne ressemble guère à un docteur de Sorbonne . Il a tout l'air d'un Patouillet 2 et d'un Caveirac 3. Comment ce Culture aurait-il imprimé sa guenille à Avignon ? Comment un sorbonniqueur 4 aurait-il pris le parti du jésuite Daniel ? En tout cas si on lit le libelle, tout ce qui concerne les faits mérite réponse et elle est faite . Si on ne le lit pas ma réponse est inutile .

Nous avons joué Le Droit du seigneur, et très bien, et en bonne compagnie . Vous devriez vous remuer, si vous pouvez, pour le faire jouer à Paris . Je voudrais que vous m'eussiez vu faire le bailli, et le prêtre car j'ai été hiérophante dans Olympie . Cette dernière pièce m'a plus coûté à faire qu'à jouer et l'ouvrage de six jours est devenu l'ouvrage d'une année entière . On la représentera à Paris quand M. d'Argental le décidera : je ne suis pas pressé .

Les Cramer impriment à présent le second volume de Pierre le Grand sans oublier Pierre Corneille . Je vous dis toutes les nouvelles de l'école . S'il y en a de Paris souvenez-vous de votre frère . Mme Denis et Cornélie Chiffon vous font mille compliments .

Je vous prie instamment de m'envoyer une note des petits déboursés que mon frère Damilaville a bien voulu faire pour moi . Je me flatte que Dieu vous a fait la grâce de placer en bonnes mains les choses édifiantes dont vous étiez chargé en partant du pays des infidèles . Ne soyez ni paresseux ni tiède . Écrasez l’infâme tant que vous pourrez, et que Dieu vous le rende .

V. »

1 L'édition Pièces inédites donne une version incomplète, peu soignée et datée en outre de 1763, suivie par toutes les éditions, alors que toutes les allusions convergent vers 1762 . Thieriot de retour à Paris écrit à V* le 1er novembre : « Enfin je sors non triomphant, mais fort abattu d'un paroxysme d'asthme convulsif le plus violent que j'ai éprouvé […] J'avais fait mes deux portions de voyage également bien heureusement et je suis arrivé, moyennant les six louis de viatique que M. Camp m'a remis, sans délier ma bourse, grâce à la vôtre . Enfin je respire pour vous remercier du songe enchanteur et délicieux dans lequel vous m'avez bercé depuis cinq mois […] J'ai retrouvé dans mes collections les lettres d'Henri IV à Catherine d'Andouin que j'avais copiées au haras du roi en basse Normandie en 1750 . Je ne m'en trouve que sept, et il me semble que vous en avez une ou deux de plus […] Il m'a été demandé avec instance à Lyon par une multitude d'honnêtes gens des mémoires d'Elie de Beaumont et de Mariette qu'on voudrait acheter […] L'auteur de cet infâme libelle [les Erreurs de Voltaire ? mais on a vu que c'était Nonnotte] est un docteur de Sorbonne fort ignoré et fort méprisé des siens, il s'appelle de La Culture […] . »

Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6309263x

2 Louis Patouillet est l'auteur de l'Apologie de Cartouche, parue aussi sous le titre Cartouche ou le Scélérat justifié par la grâce du père Quesnel, 1731 . Voir : https://books.google.fr/books?id=XEdaAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/624-louis-patouillet

et : http://data.bnf.fr/11997761/louis_patouillet/

4 Ce mot a déjà été employé par V* .

29/09/2017

Vous donnerez sans doute, monsieur, un plan d’éducation digne de vos excellents mémoires, qui ont servi à détruire ceux qui donnaient une assez méchante éducation à notre jeunesse

... Et le dégraissage du mammouth n'est pas au programme de M. Jean-Michel Blanquer .

Heureusement "Le siècle du gland est passé" ! Mais le chêne croitra-t-il ? Donnera-t-il des bandes de glands comme par le passé, qui eux-mêmes etc., etc.

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« A Louis-René Caradeuc de La Chalotais

Le 6 novembre [1762] 1

Vous donnerez sans doute, monsieur, un plan d’éducation 2 digne de vos excellents mémoires, qui ont servi à détruire ceux qui donnaient une assez méchante éducation à notre jeunesse. Plût à Dieu que vous voulussiez y mêler quelques leçons pour ceux qui se croient hommes faits ! Ce sont de terribles enfants que des gens qui, avec de la barbe au menton, paient à un prêtre italien la première année du revenu des terres que le roi leur donne en France, et qui avec cela disent qu’on leur fait tort quand on ne les laisse pas les maîtres absolus de tout. Vous êtes procureur-général d’une province où un Italien donne encore des bénéfices. Les Anglais ont été longtemps plus imbéciles que nous, il est vrai ; mais voyez comme ils se sont corrigés. Ils n’ont plus de moines ni de couvents, mais ils ont des flottes victorieuses ; leur clergé fait de bons livres et des enfants ; leurs paysans ont rendu fertiles des terres qui ne l’étaient pas ; leur commerce embrasse le monde, et leurs philosophes nous ont appris des vérités dont nous ne nous doutions pas. J’avoue que je suis jaloux quand je jette les yeux sur l’Angleterre.

Vous avez rendu, monsieur, à la nation un service essentiel, en l’éclairant sur les jésuites. Vous avez démontré que des émissaires du pape, étrangers dans leur patrie, n’étaient pas faits pour instruire notre jeunesse. Vous pensez qu’il vaut mieux qu’un jeune homme apprenne de bonne heure les quatre maximes fondamentales de l’année 1682 3, que de savoir par cœur des vers de Jean Despautère 4. En un mot, je suis persuadé que vous saurez mêler, avec votre habileté ordinaire, dans votre plan d’éducation, bien des choses qui serviront à l’instruction de l’âge mûr. Le siècle du gland 5 est passé ; vous donnerez du pain aux hommes. Quelques superstitieux regretteront encore le gland qui leur convient si bien ; et le reste de la nation sera nourri par vous.

C’est une belle époque que l’abolissement des jésuites ; j’oserais dire avec Horace :

Quid te exempta juvat spinis e pluribus una ?6

On me répondra que, de toutes les épines, c’était la plus pointue et la plus embarrassante, et qu’il faut commencer par l’arracher . Je répliquerai :

Perge quo cepisti pede.7

La raison fait de grands progrès parmi nous 8; mais gare qu’un jour le jansénisme ne fasse autant de mal que les jésuites en ont fait ! Que me servirait d’être délivré des renards, si on me livrait aux loups ? Dieu nous donne beaucoup de procureurs-généraux qui aient, s’il est possible, votre éloquence et votre philosophie ! Je remarque que la philosophie est presque toujours venue à Paris des contrées septentrionales ; en récompense, Paris leur a toujours envoyé des modes.

J’oubliais de vous parler, monsieur, du procès de mes huguenots. Fussent-ils mahométans, vous leur donneriez gain de cause, s’ils avaient raison.

Permettez, monsieur, que je vous renouvelle les sincères protestations de mon estime et de mon respect.

Voltaire . »

 

1 L'édition de Kehl date du 3, sans doute à cause de la lettre du 3 novembre à Damilaville (http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/09/28/je-ne-sais-point-encore-les-conditions-de-la-paix-mais-qu-im-5984055.html )

2 Louis-René de Caradeuc de La Chalotais : Essai d'éducation nationale ou Plan d'études pour la jeunesse, 1763 [ https://books.google.fr/books?id=5t3Yz7FnJ-MC&printse... ]

et voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Ren%C3%A9_Caradeuc_de_La_Chalotais

3 Ces quatre déclarations consacraient lé défaite de l'ultramontanisme en France ; voir Jules-Théodore Loyson : L'Assemblée du clergé de France de 1682, 1870 [ https://books.google.fr/books?id=rs8GAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false]

5 Le siècle où l'on se nourrissait de glands .

6 Que te réjouis-tu que , de plusieus épines, une seule ait été enlevée ? , Horace, Epîtres, II, ii, 212 .

7 Continue du même pied que tu as commencé , Cicéron, Catilinaires, I, 10 .

8 Thème d'une oeuvre postérieure : Eloge historique d ela raison composé peut-être en 1774 ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89loge_historique_de_la_raison

28/09/2017

Je ne sais point encore les conditions de la paix . Mais qu'importent les conditions ? On ne peut trop l’acheter .

... Il serait bon que tous les va-t-en-guerre écoutent ceux qui , comme Voltaire, ont une volonté de paix au prix de sacrifices qui, en tout état de cause, ne peuvent pas égaler ceux d'une quelconque guerre, si petite soit-elle .

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https://vn.ambafrance.org/Operations-de-Maintien-de-la-Pa...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

3 novembre [1762] 1

Mon cher frère, je suis toujours émerveillé que trois vingtièmes 2 ne vous dérobent ni à la philosophie ni à la littérature . Il me semble que cela fait honneur à l'esprit humain . Sera-t-il dit que je mourrai sans vous avoir vu dans ma retraite avec le cher frère Thieriot et l'illustre frère Diderot ?

Voici une lettre pour un digne frère 3; ce n'est pas un Omer . Je vous supplie de la faire tenir . Que Dieu nous donne des procureurs généraux qui ressemblent à celui-là ! Notre cher frère saura qu'on est honteux sur cette méprise de cette belle lettre anglaise . J'ai bien crié, et je le devais . Il n'est pas mal de mettre une bonne fois le ministère en garde contre les calomnies dont on affuble les gens de lettres .

Je ne sais point encore les conditions de la paix . Mais qu'importent les conditions ? On ne peut trop l’acheter .

L'affaire des Calas n'avance point ; elle est comme la paix . Puissions-nous avoir pour nos étrennes de 1763 un bon arrêt et un bon traité ! Mais tout cela est fort rare .

Poursuivez l'infâme . Je ne fais point de traité avec elle .

Et frère Thieriot où dort-il ? Valete, fratres . »

1 La copie Beaumarchais est sans les deux derniers mots . Cette lettre n'est certainement pas authentique sous cette forme . Comment V* pourrait-il se plaindre que Thieriot ne vienne pas le voir alors qu'il venait de passer cinq mois à Ferney ? Pourtant , le milieu de la lettre semble correctement daté .

2 L'impôt du vingtième (5%) était passé progressivement à 2 puis 3 vingtièmes (15%).Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vingti%C3%A8me

3 Sans doute celle du 6 novembre 1762 à La Chalotais , datée du 3 dans l'édition de Kehl : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/05/correspondance-annee-1762-partie-30.html

 

27/09/2017

puisque vous avez des ouvriez qui chôment

... Sans vouloir faire de mauvais esprit, il me semble que les cyclones et tremblements de terres ont fourni plus d'un motif de bâtir et d'emplois pour un bon moment . Qu'en sera-t-il effectivement ? Qui va se mettre à l'oeuvre sans tarder ?

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"Je vous ai à l'oeil ", dit cette saleté de cyclone !

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 1er novembre 1762]

Eh bien, caro, puisque vous avez des ouvriez qui chôment commençons le second tome de Pierre 1.

Il y aura une préface qui tiendra peut-être une ou deux feuilles en chiffres romains . »

1 Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand .

Je supputais hier avec des Anglais qu'ils doivent plus de livres tournois qu'il n'y a de minutes depuis la création du monde, et je crois que nous autres Français nous ne nous éloignons pas trop de ce compte .

... Brexit d'Outre-Manche avec dette britannique,   dette nationale française, histoires de gros sous qui échappent à mon entendement de vulgum pecus , complètement ignare au delà de premier million . Comment s'endetter de moult milliards sans se faire mettre en prison, se faire expulser, se faire mettre en tutelle, comme on en use pour citoyen de base ? Débiteurs et créanciers se tiennent par la barbichette d'une main, un couteau sur la gorge de l'autre ; rire n'est alors pas bien vu .

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« A Bernard-Louis Chauvelin

[aux Délices 1er novembre 1762] 1

Puisque Votre Excellence aime notre tripot à ce point, puisqu'elle se prête avec tant de bonté à nos tragiques bagatelles, voici la scène qui finit l’acte 3, et voici tout le 4è acte . Il n'y a plus à la vérité tant 2 de fracas à la fin de cet acte 4è . C'est un beau sujet de tableau, qu'une femme mourante, sa fille à ses pieds, un amant furieux venant enlever cette fille qui le repousse, l'amant saisi d'horreur et de pitié, tous les assistants empressés etc. C'est même pour parvenir à produire ce tableau sur la scène que j'avais arrangé toute la pièce, mais il est impossible que cette situation subsiste . Je me suis aperçu que Statira n'était là qu'un trouble-fête . Elle venait après une scène intéressante des deux amants, on souhaitait qu'elle pardonnât, mais au contraire , elle se réjouissait avec sa fille de ce qu'on allait tuer son amant . Elle s'évanouissait quand sa fille lui remontait qu’une religieuse ne doit pas être si vindicative . Alors Statira devenait presque odieuse, et sa mort était très froide . Ainsi tout ce spectacle préparé pour émouvoir ne faisait qu'un effet ridicule . De plus le retour de Cassandre auprès d'Olympie n’était pas vraisemblable . Pourquoi quitter le combat ? comment Antigone ne le suivait-il pas ? Mille raisons enfin concouraient pour faire supprimer une situation qui belle en elle-même était très mal placée .

Nous venons de jouer Le Droit du seigneur avec un prodigieux succès pour le pays de Gex ! mais quel pays au mois de novembre ! et que mes montagnes sont vilaines en hiver quand on ne joue pas la comédie !

Je n'enverrai à mes anges d'Argental notre Olympie (vos bontés la font vôtre) que quand vous et moi seront contents . Je trouve que cette pièce est comme la paix ; elle me paraissait faite et à mesure qu'on avance elle est difficile à faire . Je supputais hier avec des Anglais qu'ils doivent plus de livres tournois qu'il n'y a de minutes depuis la création du monde, et je crois que nous autres Français nous ne nous éloignons pas trop de ce compte .

Notre troupe se prosterne devant Vos Excellences, et moi je joins la plus tendre reconnaissance à mon respect . »

1 Le manuscrit olographe de quatre pages, non daté, est passé à la vente Libreria Banzi à Bologne en 1968 .

2 Quelques lignes en fac similé dans la vente ci dessus se terminent par ce mot .