13/09/2018
On exprime avec vérité Ce qu’on voit et ce qu’on partage
... dit en substance le président de la République au président du Sénat, en le "recadrant" : https://www.20minutes.fr/politique/2335931-20180913-affai...
Les Larcher se suivent mais ne sont pas tous "bouche-d'or", notre contemporain sénateur obèse ayant plutôt la lippe baveuse , il faut le dire .

Take five !
https://www.youtube.com/watch?v=vmDDOFXSgAs
« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille
Au château de Ferney
15 septembre [1763]
Vous êtes, monsieur, dans le cas de Waller, qui proposait une question de philosophie à Saint-Evremond qui se mourait. Saint-Evremond lui répondit : « Vous me prenez trop à votre avantage. »1
C’est à vous qu’il appartient de parler du héros 2 aimable que vous avez le bonheur de voir.
Témoin de ses vertus, témoin de son courage,
C’est à vous de les peindre à la postérité :
On exprime avec vérité
Ce qu’on voit et ce qu’on partage.
Moi, je ne suis qu’un pauvre sage,
Vivant dans mes foyers, et mourant dans mon lit.
En vain j’aurais tout votre esprit,
Ma voix ne peut chanter, l’audace extravagante
De tous ces grands Condés dont la France se vante :
Chacun d’eux à vingt ans, capitaine et soldat,
Va prodiguer un sang nécessaire à l’État,
Cherchant tous à mourir aux champs de Vestphalie ;
J’admire, en gémissant, cette illustre folie ;
Et tout ce que je puis, c’est de former des vœux
Pour que le ciel, en dépit d’eux,
Par charité pour nous leur conserve la vie.
Pardonnez à ces mauvais vers qu’un malade a dictés, et faites-en de meilleurs ; cela ne vous sera pas difficile.
Voltaire. »
1 Ce n'est pas à Waller que répondit Saint-Evremond si toutefois la citation est juste ; voir page 254 : https://books.google.fr/books?id=QZajDgAAQBAJ&pg=PA254&lpg=PA254&dq=Saint-Evremond+:+%C2%AB%C2%A0Vous+me+prenez+trop+%C3%A0+votre+avantage.&source=bl&ots=xCoCyKp0_0&sig=N0382E34nEWi5H2K_nACkOec5EI&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj05uDr87jdAhVCBywKHQaIAGUQ6AEwAHoECAEQAQ#v=onepage&q=Saint-Evremond%20%3A%20%C2%AB%C2%A0Vous%20me%20prenez%20trop%20%C3%A0%20votre%20avantage.&f=false
2 Le prince de Condé ; voir lettre du 10 septembre 1762 à Camp : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/08/07/on-fait-des-rejouissances-a-paris-pour-la-victoire-de-m-le-p-5969350.html
23:58 | Lien permanent | Commentaires (0)
On n’a cause gagnée avec notre nation qu’à l’aide du plaisant et du ridicule
...
« A Claude-Adrien Helvétius etc.
En son château de Vauré dans le Perche
à Vauré 1
15 septembre [1763]
Mon cher philosophe, vous avez raison d’être ferme dans vos principes, parce qu’en général vos principes sont bons. Quelques expressions hasardées ont servi de prétexte aux ennemis de la raison. On n’a cause gagnée avec notre nation qu’à l’aide du plaisant et du ridicule. Votre héros Fontenelle fut en grand danger pour les Oracles, et pour la reine Mero et sa sœur Enegu 2 ; et quand il disait que s’il avait la main pleine de vérités il n’en lâcherait aucune, c’était parce qu’il en avait lâché, et qu’on lui avait donné sur les doigts. Cependant cette raison tant persécutée gagne tous les jours du terrain. On a beau faire, il arrivera en France, chez les honnêtes gens, ce qui est arrivé en Angleterre. Nous avons pris des Anglais les annuités, les rentes tournantes, les fonds d’amortissement, la construction et la manœuvre des vaisseaux, l’attraction, le calcul différentiel, les sept couleurs primitives, l’inoculation ; nous prenons insensiblement leur noble liberté de penser, et leur profond mépris pour les fadaises de l’école. Les jeunes gens se forment ; ceux qui sont destinés aux plus grandes places se sont défaits des infâmes préjugés qui avilissent une nation ; il y aura toujours un grand peuple de sots, et une foule de fripons ; mais le petit nombre de penseurs se fera respecter. Voyez comme la pièce de Palissot 3 est déjà tombée dans l’oubli ; on sait par cœur les traits qui ont percé Pompignan, et l’on a oublié pour jamais son Discours et son Mémoire 4. Si on n’avait pas confondu ce malheureux, l’usage d’insulter les philosophes dans les discours de réception à l’Académie aurait passé en loi. Si on n’avait pas rendu nos persécuteurs ridicules, ils n’auraient pas mis de bornes à leur insolence. Soyez sûr que tant que les gens de bien seront unis, on ne les entamera pas. Vous allez à Paris, vous y serez le lien de la concorde des êtres pensants. Qu’importe, encore une fois, que notre tailleur et notre sellier soient gouvernés par frère Kroust 5 et par frère Berthier ? Le grand point est que ceux avec 6 qui vous vivez soient éclairés et que le janséniste et le moliniste 7 soient forcés de baisser les yeux devant le philosophe. C’est l’intérêt du roi, c’est celui de l’État, que les philosophes gouvernent la société. Ils inspirent l’amour de la patrie, et les fanatiques y portent le trouble. Mais plus ces misérables sentiront votre supériorité, plus vous aurez d’attention à ne leur point donner prise par des paroles dont ils puissent abuser. Notre morale est meilleure que la leur, notre conduite plus respectable ; ils parlent de vertu, et nous la pratiquons : enfin notre parti l’emporte sur le leur dans la bonne compagnie. Conservons nos avantages ; que les coups qui les écraseront partent de mains invisibles, et qu’ils tombent sous le mépris public. Cependant vous aurez une bonne maison, vous y rassemblerez vos amis, vous répandrez la lumière de proche en proche, vous serez respecté même de ces indignes ennemis de la raison et de la vertu . Voilà votre situation, mon cher ami. Dans ce loisir heureux, vous vous amuserez à faire de bons ouvrages, sans exposer votre nom aux censures des fripons. Je vois qu’il faut que vous restiez en France, et vous y serez très utile. Personne n’est plus fait que vous pour réunir les gens de lettres . Vous pouvez élever chez vous un tribunal qui sera fort supérieur, chez les honnêtes gens, à celui d’Omer Joly. Vivez gaiement, travaillez utilement, soyez l’honneur de notre patrie. Le temps est venu où les hommes comme vous doivent triompher. Si vous n’aviez pas été mari et père, je vous aurais dit vende omnia quae habes, et sequere me 8; mais votre situation, je le vois bien, ne vous permet pas un autre établissement qui peut-être même serait regardé comme un aveu de votre crainte par ceux qui empoisonnent tout. Restez donc parmi vos amis ; rendez vos ennemis odieux et ridicules ; aimez-moi, et comptez que je vous serai toujours attaché avec toute l’estime et l’amitié que je vous ai vouées depuis votre enfance. »
1Rayé sur le manuscrit par une autre main et remplacé par « à Paris », « Bonne pour Paris rue Sainte-Anne butte Saint-Roch ».
2 Anagrammes de Rome et Genève . Fontenelle a publié une allégorie sous ce titre Mero et Enégu , voir : https://books.google.fr/books?id=hk0TAAAAQAAJ&pg=PA133&lpg=PA133&dq=fontenelle+mero+et+enegu&source=bl&ots=5taRFgxeeO&sig=8OD4te_jun7zwedxBlDEttJTvDY&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiO5ZOkq7fdAhVKxhoKHePRA04Q6AEwBHoECAYQAQ#v=onepage&q=fontenelle%20mero%20et%20enegu&f=false
; les oracles sont l'Histoire des oracles : https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_oracles
3 Les Philosophes : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/PALISSOT_PHILOSOPHES.xml
4 Le discours prononcé par Pompignan lors de sa réception à l'Académie française le 10 mars 1760, dans lequel il attaquait les « philosophes » : http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-du-marquis-de-pompignan
5 Voir lettre du 7 janvier 1755 à Dupont : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/05/j-ai-peur-que-les-places-d-alsace-ne-dependent-des-dames-de.html
6 Mot ajouté par V* au dessus de la ligne .
7 soient éclairés et que le janséniste et le moliniste ont disparu dans toutes les éditions par « saut du même au même », rendant ainsi le passage absurde .
8Vends tout ce que tu possèdes et suis moi ; Évangile de Matthieu, XIX, 21 , de Luc, XVIII, 22 et de Marc : X, 21.
09:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
12/09/2018
il est triste que mes pauvres enfants perdent cette somme
... Alors agissons sans tarder ( on n'a que trop tardé , il faut le reconnaitre ), le plan "pauvreté" va enfin être mis en action : https://www.la-croix.com/France/Exclusion/Pauvrete-finir-...
Dans le même temps, que "affaire de gros sous", on se demande "Droit d'auteur : Comment faire payer les GAFA ?" : http://www.liberation.fr/france/2018/09/11/droit-d-auteur...
De ces deux actualités, laquelle sera le plus heureusement résolue ? La pauvreté, me dites-vous ? Puissiez-vous dire vrai !

« A Etienne-Noël Damilaville
15è septembre [1763]
Autre mémoire, mon très cher frère, je ne finis point ; mais enfin, une dîme étant un double vingtième, a quelque rapport à votre ministère .
Je commence à croire que ce caloyer dont on a tant parlé, et que je cherche, n'est point imprimé, mais s'il l'est je vous prie de me le dire .
J'avais bien prévu, quand je vis le Dictionnaire de l'Académie 1, que le libraire ferait banqueroute . La veuve Brunet a très bien justifié ma prédiction ; mais ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'elle violerait un dépôt d'environ huit mille livres, provenant des souscriptions du Corneille ; il est triste que mes pauvres enfants perdent cette somme, mais je me consolerai si vous écr l'inf. »
1Sans doute la quatrième édition, 1762, que V* a dans sa bibliothèque ; cette édition est publiée par la « V[eu]ve de B. Brunet. »
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11/09/2018
j'ai envie d’être utile, et je crains d'être importun
... Très souvent !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet
15è septembre 1763
Mes anges, je me crois un petit prophète. Je me souviens que lorsqu’on m’envoya la nouvelle édition du Dictionnaire de l’Académie, je prédis que le libraire ferait banqueroute. Je ne me suis pas trompé, et malheureusement cette banqueroute retombe sur la famille Corneille. M. Duclos, qui avait beaucoup d’estime pour la veuve Brunet, décorée du malheureux titre de libraire de l’Académie, voulut que le principal bureau des souscriptions fût chez elle. Elle a reçu pour sept ou huit mille francs d’argent comptant, après quoi elle a fait la gambarouta 1. Voilà le sort de la plupart des entreprises de ce monde.
Je vous réitère que je n'ai aucune nouvelle de la Gazette littéraire, à laquelle vous vous intéressez . J'ai reçu un petit paquet de livres anglais, que probablement M. le duc de Praslin a eu la bonté de m'envoyer ; et j'ignore s'ils viennent de Hollande ou d’Angleterre . Ce sont des ouvrages dont on a déjà parlé dans tous les journaux depuis plus d'un mois . Encore une fois, j'attends que M. Arnaud me donne des instructions bien précises ; j'ai envie d’être utile, et je crains d'être importun .2
Si vous me permettez, mes anges, de vous parler de mon procès sacerdotal, je vous dirai que messieurs de Berne et de Genève sont intéressés comme nous dans cette affaire, qu’ils y interviennent, et que ce fut même sur la requête de messieurs de Berne que le conseil des dépêches se réserva à lui seul la connaissance de cette affaire, par un arrêt du 25 Juin 1756 . Que c’est contre cet arrêt authentique et contradictoire que le curé de Ferney a obtenu un arrêt par défaut qui nous renvoie au parlement de Dijon. Nous revenons aujourd’hui contre cet arrêt, et nous soutenons que c’est principalement à M. le duc de Praslin à juger cette cause, qui est plutôt une affaire d’État qu’un procès. Il s’agit uniquement de l’exécution du traité d’Arau, et de toutes les garanties renouvelées par tous nos rois depuis Charles IX. Le parlement de Dijon n’admet ni ces traités ni ces garanties ; mais le roi les maintient, et il a promis que ces sortes d’affaires ne seraient jamais jugées qu’en son Conseil.
Au reste, le procès n’est pas directement intenté à madame Denis et à moi ; il l’est à Berne, à Genève, au colonel de Budé, au colonel Pictet ; s’ils perdent, nous perdons ; s’ils gagnent, nous gagnons ; nous ne venons qu’après eux, comme ayant acheté d’eux la terre aux mêmes conditions que Berne l’avait vendue au seizième siècle, et que les ducs de Savoie l’avaient inféodée au quatorzième.
Nous supplions Octave, Pompée, et Fulvie , d’intercéder pour nous auprès de M. le duc de Praslin. Il est bien vrai qu’ils ne sont pas aussi honnêtes gens que lui : aussi je compte beaucoup plus sur la protection de mes anges que sur celles de ces personnages.
Vous devez avoir reçu mes roués ; j’y ai mis tout mon savoir-faire, qui est bien peu de choses ; mais enfin, puisque j’ai fait tout ce que j’ai pu et tout ce que vous avez voulu, qu’avez-vous à me dire ?
Respect et tendresse. »
1 Plaisanterie pour banqueroute .
2Tout ce paragraphe, biffé sur le copie Beaumarchais, manque dans les éditions .
09:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il n'y a que les sots qui prétendent que les lettres et les affaires sont incompatibles
...
« A Etienne-Noël Damilaville
13è septembre [1763]
J'abuse des bontés de mon cher frère, mais je sais qu'elles sont inépuisables . Il trouvera dans ce paquet un arrêt du Conseil qui a déjà jugé notre procès en notre faveur . Je l'accompagne d'une lettre que j'écris à M. Mariette ; je supplie mon cher frère de la lire , ce n'est pas un ouvrage bien philosophique, mais il est accoutumé à mêler les affaires aux belles-lettres . Il n'y a que les sots qui prétendent que les lettres et les affaires sont incompatibles . J’embrasse cordialement et philosophiquement mon frère .
Ecr l'inf . »
08:42 | Lien permanent | Commentaires (0)
10/09/2018
Que faut-il de mieux ?
... Vous ne direz pas le contraire, ô femmes de France ! votre ministre de la Santé a une géniale idée pour vous sauver et protéger le fruit de vos entrailles , à condition que vous soyez attentives avant d'acheter tout flacon tant soit peu alcoolisé .
https://www.francetvinfo.fr/sante/grossesse/video-zero-al...

Ce profil n'est pas sans me rappeler quelques piliers de comptoir masculins hors d'état de lire une quelconque étiquette
« A Charles Manoël de Végobre, avocat
à Genève
12è septembre 1763
Eh bien, monsieur, douterons-nous à présent que messieurs de Toulouse admettent des quarts de vérité ? Plût à Dieu qu'ils n'eussent fait qu'un quart d'injustice !
J'ai écrit à M. le maréchal de Richelieu, le plus fortement que j'ai pu, en faveur de M. Carbon 1. Je puis vous répondre de la protection de monsieur le maréchal . Que faut-il de mieux ? Je lui fais bien des compliments .
Comptez que je vous suis attaché pour ma vie avec les plus respectueux sentiments .
Voltaire. »
1 Deux Carbon, père et fils étaient tous deux membres du parlement de Toulouse .
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09/09/2018
Les bouviers d'Ornex viennent d'assassiner le berger de la commune de Ferney
...
« A Joseph-Marie Balleidier
A Ferney 12è septembre 1763 1
Monsieur Balleidier est prié de descendre sur-le-champ avec M. Bosson et la maréchaussée . Les bouviers d'Ornex viennent d'assassiner le berger de la commune de Ferney, qui est très blessé dans la cour du château .
Voltaire.»
1 Sur le manuscrit, Balleidier a noté « … R[épondu] le 13 dud[it] concernant Louis /Chatenoux » ; dans l'édition Vézinet, cette lettre est limitée à quelques mots .
08:16 | Lien permanent | Commentaires (0)

