27/01/2018
Nous n'avons, encore une fois, aucun besoin de l'ambassadeur d'Angleterre
... Et à propos à quoi sert Mr Edward Llewellyn en France ? J'ai encore en mémoire Richard Llewellyn dont j'ai lu , adolescent, le célèbre "Quelle était verte ma vallée" ; quel lien de parenté avec notre Edward susnommé ?
Brexit ou pas brexit , what's up doc ?
Voir : https://www.gov.uk/world/organisations/british-embassy-pa...
« A Philippe Debrus
Je renvoie à monsieur Debrus les lettres qu'il a eu la bonté de me confier . Les trois avocats de Mme Calas et de ses enfants demandent au Conseil qu'il soit ordonné que toutes les minutes du malheureux procès soient apportées à Paris, parce qu'on craint qu'à Toulouse les copies ne soient falsifiées . Il paraît qu'en effet ce serait la seule ressource des assassins en robe noire .
Nous n'avons, encore une fois, aucun besoin de l'ambassadeur d'Angleterre ; on doit s'être assemblé chez M. d'Argental, le rapporteur 3 est aussi bien disposé qu'il peut l'être, et le cri public est si violent, que les juges n'oseraient, je crois, refuser la révision . Espérons tout . J'embrasse de tout mon cœur monsieur Debrus . »
1 Cette forme mécredi est souvent attestée à l'époque ; elle correspond certainement à une prononciation largement répandue .
2 L'édition Lettres inédites place la lettre , à tort, entre le 16 et le 25 août 1762 .
3 Ce rapporteur est Louis Thiroux de Crosne, dont le rapport au grand conseil fit ordonner à celui-ci le 7 mars que le parlement de Toulouse lui transmette les documents concernant l'affaire .
00:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/01/2018
les forcer à travailler pour leur bien à un chemin qui leur est absolument nécessaire, et qu'ils ont la bêtise de rendre impraticable
... Ce qui est le cas des Zadistes de Notre-Dame-des-Landes et leurs sympathisants .
« A Joseph-Marie Balleidier, Procureur
à Gex
Je remercie monsieur Balleidier de ses soins . Je le prie de me mander ce que vaut la pièce de Pasteur qu'il s'agit de subhaster, et ce qu'il faudra donner outre les cinq louis, et au nom de qui on fait subhaster cette partie de pré .
Je lui recommande de la manière la plus pressante d'envoyer un sergent aux syndics de Prégny et Chambesy, et de les forcer à travailler pour leur bien à un chemin qui leur est absolument nécessaire, et qu'ils ont la bêtise de rendre impraticable .
Je le prie aussi de m'instruire si on avait payé l'expédition pour laquelle Vuaillet a rançonné si indignement la veuve Burdet . Je lui fais mes compliments .
Voltaire .
A Ferney, 23 février 1763.1 »
1 Balleidier a noté sur la lettre « faut faire écrire à M. Fabry p[ou]r les chemins » . Vézinet a imprimé quelques fragments de cette lettre .
14:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
le peuple ne se mêle de rien, que de brailler de mauvais latin qu'il n'entend pas
... Tout comme nos catholiques intégristes contemporains qui braillaient dans les "Manif' pour tous ! " .
« A Pierre Mariette, Avocat au
Conseil
Rue Simon-Lefranc
à Paris
Ne jugez point, monsieur, de notre petit pays par le vôtre, ni de notre âge d'or par votre siècle de fer . Nous n'avons ni marguillier, ni œuvre, ni communauté qui se mêle de notre paroisse . Le seigneur fait toutes les dépenses, le peuple ne se mêle de rien, que de brailler de mauvais latin qu'il n'entend pas . Nous avons fait notre accord avec le curé . Sans aucune discussion, tout est dans les plus grandes règles selon nos usages . Nous sommes de bons Suisses à qui il ne faut pas tant de cérémonies . Nous croyons que les lettres patentes du Conseil les plus courtes , sont les meilleures . Nous ne demandons même ces lettres patentes que par une précaution surabondante . Quand vous aurez fini l'affaire des Calas, rendez-moi, je vous prie, ce petit service . Je suis sûr que cette affaire des Calas vous fera infiniment d'honneur . Il est bien triste qu'on soit réduit à craindre la falsification des procédures . Cela est aussi humiliant pour les huit juges de Toulouse, que leur arrêt est abominable . On ne pourrait que plaindre la France, si on laissait subsister un pareil arrêt .
J'ai l’honneur d'être, monsieur, avec bien de l'estime et de l'attachement, votre très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire."
09:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
25/01/2018
Dans quel siècle abominable vivons-nous , si on a raison de soupçonner un parlement d'être faussaire
...
« A Philippe Debrus
à Genève
Vous pouvez, monsieur, communiquer la lettre de M. de Crosne aux personnes zélées et discrètes, dont vous êtes sûr . Je crois qu'enfin l'affaire se rapporte aujourd'hui solennellement . Savez-vous bien tout ce que craint M. Mariette ? c'est qu'on ne falsifie les pièces à Toulouse . Dans quel siècle abominable vivons-nous , si on a raison de soupçonner un parlement d'être faussaire, et de mériter ce qu'il a fait à Jean Calas ! Je vous embrasse en pleurant et en frémissant . Je crois que vous pourrez communiquer à M. de Moultou la lettre de M. de Crosne, et nos justes craintes ; car lorsque M. de Crosne viendra ici, il verra assurément M. de Moultou, et ne s'en retournera pas sans avoir conçu pour lui toute l'estime et l'amitié qu'il mérite . Mille tendres compliments à M. de Végobre et à M. Cathala .
Mardi 22 février [1763] »
18:01 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je suis confondu, je suis pétrifié, quoi ! ni lundi, ni mardi, aucune nouvelle
...
« A Gabriel Cramer
Je suis confondu, je suis pétrifié, quoi ! ni lundi, ni mardi, aucune nouvelle de la Tolérance ? aucune de ce misérable Pertharite ! Que diraient les souscripteurs s'ils savaient qu'on ne donne qu'une feuille par semaine ! cette horreur n'est pas concevable ; il y a quelque chose la-dessous . Si ce sont les parties nobles de M. Gabriel qui en sont la cause, je pardonne tout, car ses parties valent infiniment mieux que Pertharite, lequel, certainement était bien plat de toute façon . Comment vous portez-vous Caro ? comment se porte madame votre mère ? Mille tendres compliments à toute la famille ; mais dépêchons un peu, je vous en prie, la vie est courte .
Madame votre femme veut-elle venir coucher ce soir chez nous ? Nous lui donnerons un feu d'artifice, et nous tirerons le canon .
Quand pourrai-je avoir les seconds tomes du czar ? quand glisserez-vous la nouvelle Mariamne à la place de l'ancienne dans les œuvres ? vous me feriez un extrême plaisir .
Mardi 22 [février 1763] »
17:59 | Lien permanent | Commentaires (0)
Madame votre femme veut-elle venir coucher ce soir chez nous ? Nous lui donnerons un feu d'artifice, et nous tirerons le canon
... Ceci est peut-être un post-scriptum de l'invitation de Donald Trump adressée à notre président Macron . Pour le feu d'artifice, il en donne un permanent avec ses tweets , et pour faire tonner le canon ses concitoyens de tous âges , sur-armés, s'en chargent tous les jours .
« A Gabriel Cramer
Je suis confondu, je suis pétrifié, quoi ! ni lundi, ni mardi, aucune nouvelle de la Tolérance ? aucune de ce misérable Pertharite ! Que diraient les souscripteurs s'ils savaient qu'on ne donne qu'une feuille par semaine ! cette horreur n'est pas concevable ; il y a quelque chose la-dessous . Si ce sont les parties nobles de M. Gabriel qui en sont la cause, je pardonne tout, car ses parties valent infiniment mieux que Pertharite, lequel, certainement était bien plat de toute façon . Comment vous portez-vous Caro ? comment se porte madame votre mère ? Mille tendres compliments à toute la famille ; mais dépêchons un peu, je vous en prie, la vie est courte .
Madame votre femme veut-elle venir coucher ce soir chez nous ? Nous lui donnerons un feu d'artifice, et nous tirerons le canon .
Quand pourrai-je avoir les seconds tomes du czar ? quand glisserez-vous la nouvelle Mariamne à la place de l'ancienne dans les œuvres ? vous me feriez un extrême plaisir .
Mardi 22 [février 1763] »
09:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
24/01/2018
De moi je suis assez content ; allons, saute, marquis !
... Et je veux être le patron des patrons ! diantre ! fichtre !" clame Geoffroy Roux de Bezieux, auteur de "Salauds de patrons"
http://www.20minutes.fr/economie/2207655-20180123-medef-g...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
21è février 1763 1
Il est bon quelquefois que des anges s’égaient. L’accompagnement de l’hymne à M. de Pompignan est fort bon, et le refrain, quand on est dix ou douze, est très plaisant à chanter. Pour les éclaircissements historiques, ils sont du plus grand sérieux. Pour Adélaïde elle est détestable, vous dis-je ; cette blessure de l'amoureux qui n'est nécessaire ni à l'intrigue, ni au dénouement est pitoyable . Un Vendôme qui veut assassiner son frère, est une horreur dégoutante .
Pour Zulime, je crois qu’il ne la faut pas donner seule, mais attendre qu’on puisse imprimer deux ou trois pièces à la fois 2. Si je pouvais fortifier un peu le rôle de ce benêt de Ramire, je crois que je ne ferais point mal. Pour Mariamne, je la trouve assez bien ; je crois qu’elle fera effet ; je crois qu’on pourra l’imprimer avec le Droit du Seigneur. Pour Olympie, qu’on appelle Oh l’impie ! et qui cependant est très pie, je dirai comme M. de Pompignan :
De moi je suis assez content (2) 3; allons, saute, marquis !4
Corneille va son train. Ah ! le pauvre homme ! qu’il me fait trouver Racine divin !
Eh ! mes anges ne me parlent point de la pièce de Dupuis et Desronais, et pas un mot du discours de l’abbé de Voisenon ; et M. le Président de La Marche ne m’envoie point ma pancarte nécessaire ; et madame Denis est toujours malade ; et mes petits mariés s’aiment encore à la folie, quoique au bout de huit jours. Mes anges ! il y a bientôt soixante ans que j’ai commencé à aimer l’un de vous deux, et je suis toujours à tous deux avec respect et tendresse.
Mais dites donc comme vont vos yeux ? Je perds les miens, et je deviens sourd comme un pot.
V. »
1 L'édition de Kehl omet, à la suite de la copie Beaumarchais, la fin du premier paragraphe à partir de Pour Adélaïde ...
2 Voir lettre du 13 février 1763 aux mêmes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/01/10/les-libraires-sont-comme-les-pretres-ils-se-ressemblent-tous-6015883.html
3 Voir l'Hymne chanté à Pompignan : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/poesie-hymne-ch...
4 Le Joueur, IV, 10, vers 1385, de Regnard : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/REGNARD_JOUEUR.xml#A5.S510
01:29 | Lien permanent | Commentaires (0)