09/03/2017
Je ne crois pas que nos philosophes veuillent empêcher nos vignerons et nos laboureurs d'aller à la messe, mais je crois qu'ils voudraient empêcher les honnêtes gens d'être les victimes d'une superstition aussi absurde qu'abominable qui ne sert qu'à enric
...hir des fripons oisifs et à pervertir des âmes faibles .
« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault
Au château de Ferney 2 avril 1762
Puisque vous avez la bonté, monsieur, d'abreuver notre troupe du Roman comique, je vous supplie de vouloir bien m'envoyer tout ce que pourra contenir la plus énorme charrette . Le vin d'ordinaire des vignes de Mme Le Bault sera pour les assistants et le meilleur s'il vous plait sera pour moi . Une petite futaille de ce meilleur, contenant environ deux cent quarante pintes sera mon affaire .
Imbecilla volet tractari mollius aetas 1.
Je ne crois pas que le curé de Moens tâte de votre bon vin . Ce n'est pas qu'il ne l'aime infiniment, mais il ne mérite que de l'eau du Styx, et il devrait bien aller boire avec votre fripon de curé qui m'a vendu un tonneau de mauvais vinaigre .
L'affaire du roué de Toulouse devient très problématique . On prétend que le fanatisme est du côté de huit juges qui étaient de la confrérie des pénitents blancs . Cinq conseillers qui n'étaient pas pénitents ont absous entièrement l'accusé , les autres ont voulu sacrifier un hérétique . Voilà ce que l'on écrit . Il est après tout fort étrange, qu'un père accusé d'avoir pendu son propre fils soit condamné sur des preuves si légères, que de treize juges il y en ait cinq qui le déclarent innocent . Le testament de mort de l'accusé vaut encore pour le moins trois juges . Enfin cette affaire est épouvantable de part ou d'autre . Je souhaite que votre petite tracasserie avec le roi 2 finisse bientôt et que vous réprimandiez au moins le curé de Moens, car il n'y a pas moyen de le rouer .
Si Calas et les huit pénitents blancs avaient été philosophes, notre siècle ne serait pas déshonoré par ces horreurs . Je ne crois pas que nos philosophes veuillent empêcher nos vignerons et nos laboureurs d'aller à la messe, mais je crois qu'ils voudraient empêcher les honnêtes gens d'être les victimes d'une superstition aussi absurde qu'abominable qui ne sert qu'à enrichir des fripons oisifs et à pervertir des âmes faibles . Ceux qui veulent que leurs amis pensent comme Cicéron, Platon, Lucrèce, Marc Antonin, etc.3 n'ont pas tant de tort . Pour la canaille il n'y faut pas penser .
J'ai l'honneur d'être avec bien du respect
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Son âge tendre réclame un traitement plus doux ; Horace, Satires, II, 2, 85-86 .
2 Le différend du parlement de Dijon avec le roi . V* est depuis longtemps assez peu favorable aux parlements .
3 Etc. est ajouté au-dessus de la ligne .
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08/03/2017
Je ne crois pas que nos philosophes veuillent empêcher nos vignerons et nos laboureurs d'aller à la messe, mais je crois qu'ils voudraient empêcher les honnêtes gens d'être les victimes d'une superstition aussi absurde qu'abominable qui ne sert qu'à enric
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« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault
Au château de Ferney 2 avril 1762
Puisque vous avez la bonté, monsieur, d'abreuver notre troupe du Roman comique, je vous supplie de vouloir bien m'envoyer tout ce que pourra contenir la plus énorme charrette . Le vin d'ordinaire des vignes de Mme Le Bault sera pour les assistants et le meilleur s'il vous plait sera pour moi . Une petite futaille de ce meilleur, contenant environ deux cent quarante pintes sera mon affaire .
Imbecilla volet tractari mollius aetas 1.
Je ne crois pas que le curé de Moens tâte de votre bon vin . Ce n'est pas qu'il ne l'aime infiniment, mais il ne mérite que de l'eau du Styx, et il devrait bien aller boire avec votre fripon de curé qui m'a vendu un tonneau de mauvais vinaigre .
L'affaire du roué de Toulouse devient très problématique . On prétend que le fanatisme est du côté de huit juges qui étaient de la confrérie des pénitents blancs . Cinq conseillers qui n'étaient pas pénitents ont absous entièrement l'accusé , les autres ont voulu sacrifier un hérétique . Voilà ce que l'on écrit . Il est après tout fort étrange, qu'un père accusé d'avoir pendu son propre fils soit condamné sur des preuves si légères, que de treize juges il y en ait cinq qui le déclarent innocent . Le testament de mort de l'accusé vaut encore pour le moins trois juges . Enfin cette affaire est épouvantable de part ou d'autre . Je souhaite que votre petite tracasserie avec le roi 2 finisse bientôt et que vous réprimandiez au moins le curé de Moens, car il n'y a pas moyen de le rouer .
Si Calas et les huit pénitents blancs avaient été philosophes, notre siècle ne serait pas déshonoré par ces horreurs . Je ne crois pas que nos philosophes veuillent empêcher nos vignerons et nos laboureurs d'aller à la messe, mais je crois qu'ils voudraient empêcher les honnêtes gens d'être les victimes d'une superstition aussi absurde qu'abominable qui ne sert qu'à enrichir des fripons oisifs et à pervertir des âmes faibles . Ceux qui veulent que leurs amis pensent comme Cicéron, Platon, Lucrèce, Marc Antonin, etc.3 n'ont pas tant de tort . Pour la canaille il n'y faut pas penser .
J'ai l'honneur d'être avec bien du respect
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Son âge tendre réclame un traitement plus doux ; Horace, Satires, II, 2, 85-86 .
2 Le différend du parlement de Dijon avec le roi . V* est depuis longtemps assez peu favorable aux parlements .
3 Etc. est ajouté au-dessus de la ligne .
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qui a recherché le nom d'imitateur ? Est-ce celui qui a toujours écrit avec son propre génie, ou celui qui a souvent écrit avec le génie d'autrui ?
...
Combien de geais sur la ligne de départ électorale ?
« A Gregorio Mayáns y Siscar 1
Par Genève 1er avril 1762 2
Voltaire hombre libero besa las manos del senor el quale merece de ser libero assi .
Tibi gracias ago vir ornatissime et bonarum artium arbiter . Magna lis est inter me et meos sodales academicos parisienses . Contendunt Cornelium nostrum invenisse Heraclii fabulam, et Calderonem fuisse ejus imitatorem . Opinor Cornelium sumpsisse ex authore hispano id quod tollere posset, ut hujus erat mos .
Cum legi barbaram Calderonis tragediam credidi me videre fodinam e qua Cornelius paululum auri extraxit quod deinde miscuit cum aliis suis metallis non sine fango . Sic tragediam Le Cid nuncupatam, suum mandacem ex hispania transtulit in galliam ; nullum hispanum autorem video qui de aliis gentibus aliquid imitari dignatus sit . Heraclii fabula a Calderone scriptavidetur e fonte genuino autoris prosiluisse nihil quod nostris dramatibus, simile sit ; inventio, dispositio, colloquia, mores plane differunt ; in quattuor solummodo versibus, totum litis judicum ponitur . De quatuor versibus agitur intra duas potentes nationes .
Sed quis nomen imitatoris consecuturus est ? An qui semper cum suo genio scripsit, an qui saepius cum ingenio alieno ?3
Corneille, monsieur, prit bien quatre vers de Godeau dans les stances de Polyeucte . S'il avait volé un évêque, il n'aura pas fait scrupule de prendre chez un seglar 4. Si vous pouviez, monsieur, pousser la bonté jusqu'à me dire en quelle année la pièce de Calderon fut représentée, vous décideriez le procès et il n'y aurait point d'appel . Je remercie au reste Calderón et Corneille de m'avoir procuré la correspondance d'un homme de votre mérite . Nous aimons tous deux la vérité et la liberté, et je me suis attaché à vous comme si j'avais eu longtemps l'honneur de vous connaître .
J'ai l'honneur d'être avec les plus respectueux sentiments
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire de la
chambre du roi . »
1 Voir : https://es.wikipedia.org/wiki/Gregorio_Mayans
et : http://www.persee.fr/doc/hispa_0007-4640_1915_num_17_3_1900
2 En 1890, le manuscrit original était entre les mains de José Enrique Serrano y Morales, de Valence . Edition M. Cervino « Voltaire y Mayáns » en août octobre 1899 . Mayans avait longuement écrit à V* en latin le 14 février 1762 ; sur le manuscrit de sa lettre, V* a noté « lettre qui prouve que l'Héraclius de Calderon fut fait vingt ans avant celui de Corneille ».
3 Voltaire, homme libre, baise les mains de monsieur Mayans qui mérite d'être libre aussi . Je te rends grâce homme très cultivé et l'arbitre des beaux-arts . Il existe un grand différend entre mes confrères de l'académie de Paris et moi . Ils prétendent que notre Corneille a inventé la pièce d'Héraclius , et que Calderón a été son imitateur . Je pense que Corneille a emprunté de l'auteur espagnol tout ce qu'il pouvait lui enlever, comme il était accoutumé à le faire . Quand j'ai lu la barbare tragédie de Calderon j'ai cru voir une mine d'où Corneille a extrait un peu d'or qu'il a mêlé ensuite avec ses propres métaux, non sans y laisser de la fange . C'est ainsi qu'il a traduit de l'espagnol la tragédie appelée Le Cid et son Menteur . Je ne vois aucun auteur espagnol qui ait daigné imiter quelque chose d'une autre nation . La pièce d'Héraclius écrite par Calderon semble être sortie de la propre source de l'auteur ; rien qui y soit semblable à nos tragédies ; l'invention, la disposition, les dialogues, les mœurs diffèrent totalement ; tout le fond du litige tient en quatre vers . C'est de quatre vers qu'il s'agit entre deux puissantes nations . Mais qui a recherché le nom d'imitateur ? Est-ce celui qui a toujours écrit avec son propre génie, ou celui qui a souvent écrit avec le génie d'autrui ?
4 A savoir un laïc ; en espagnol .
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il avoue qu'il a mal au bout du doigt quand il a la pierre, la goutte et la vérole
... Ce genre d'homme/femme n'existe pas dans le monde politique ; tous/toutes sont victimes : d'attaques injustes, de complots, d'assassinat politique, etc. ; et tous/toutes vivent de leurs baratins , et cancerisent tout .
« A Gabriel Cramer
Voici trois pancartes pour mon cher Gabriel : 1° une lettre de l'intendant de Grenoble, 2° un mémoire des frais en déduction des 25 louis que les enfers rendent à mon cher Gabriel, 3° une lettre que j'ai crue à moi adressée, et qui se trouve vous appartenir . Je ne sais de qui elle est . Elle était dans un gros paquet .
Je prie mon cher Cramer de me renvoyer la lettre de M. l'intendant de Grenoble afin que je lui réponde au plus vite et que je le remercie, lui, et Mme de Montferrat . J’ai été prodigieusement affligé de ne point recevoir de feuille de Médée ce samedi . C'est une bien détestable pièce que cette Médée . Voilà ce que le fade Fontenelle appelle prendre l'essor 1. C'est l'essor des sorcières sur un manche à balai . On enverra incessamment Le Cid mais il faut au préalable mettre après la Médée le jugement de Pierre sur icelle . C'est un bon homme que Pierre, il avoue qu'il a mal au bout du doigt quand il a la pierre, la goutte et la vérole . Bonsoir .
Samedi [mars-avril 1762] »
1 Dans la Vie de Pierre Corneille, Fontenelle dit que le poète « prit tout à coup l'essor dans Médée » . Ce jugement est moins insignifiant que ne le dit V* un peu sèchement .
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07/03/2017
Vous oubliez notre nouveau tome tragique
... et vous votez pour moi " dit le Fanfoué II avec le soutien des finances du LR, ne l'oublions pas . Nous sommes une belle république démocratique censée donner sa chance également à tout citoyen : ô ! la belle égalité quand il faut environ 10 millions d'euros ( au bas mot ) pour mener campagne présidentielle avec quelque chance de succès ! Tout ça pour entendre et voir sur le devant de la scène toujours les mêmes bobines ! La pièce parait interminable autant qu'incompréhensible .
C'est beau la méthode Coué, c'est beau un sénateur qui se dégonfle publiquement (contrairement à ce que l'image peut laisser penser, il trouve in petto que Fillon le gonfle grave ! )
« A Gabriel Cramer
[mars-avril 1762]
Je vous prie Caro de me faire savoir si vous avez reçu par M. Olinshlager, banquier de Francfort, vingt-quatre louis d'or pour la souscription de Mme la duchesse de Gotha .
Vous oubliez notre nouveau tome tragique, mais je ne suis point jaloux de Pierre .
V. »
17:28 | Lien permanent | Commentaires (0)
les conversations sont à la glace, et les conversations amoureuses sont à l'eau de rose
... Ce qui résume tout à fait les relations fillonistes-sarkozystes du LR .
Pour les conversations amoureuses aussi me demanderez-vous ? Oui, même celles-ci, et ce n'est pas l'inénarrable et superflu Larcher qui peut dire le contraire, amoureux contrarié au moins, faux cul à coup sûr . Et il n'est pas le seul rallié , cocu, et content .
Ah qu'il est bon de vivre de la politique, il faut juste avoir un bon estomac pour avaler les couleuvres, et l'échine assez souple pour baisser la tête en évitant les baffes .
Ce qui reste du LR avec Fillon .
« A Etienne-Noël Damilaville
[vers le 30 mars 1762] 1
J'ai envoyé à mes frères cette petite relation , adressée à M. le duc de Villars 2, qui me vit esquisser Cassandre si vite, lorsqu’il était chez moi . Je prie mon cher frère, de dire au frère Platon, que ce qu'il appelle pantomime 3, je l'ai toujours appelé action . Je n'aime point le terme de pantomime pour la tragédie . J'ai toujours songé autant que j'ai pu à rendre les scènes tragiques pittoresques . Elles le sont dans Mahomet, dans Mérope, dans L'Orphelin de la Chine, surtout dans Tancrède . Mais ici toute la pièce est un tableau continuel . Aussi a-t-elle fait le plus prodigieux effet . Mérope n'en approche pas, quant à l'appareil et à l'action ; et cette action est toujours nécessaire, elle est toujours annoncée par les acteurs mêmes . Je voudrais qu'on perfectionnât ce genre qui est le seul tragique, car les conversations sont à la glace, et les conversations amoureuses sont à l'eau de rose […]»
1 L'édition de Kehl fond cette lettre incomplète dans celle du 4 avril 1762 , elle sera suivie par les éditions .Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-11-122935273.html
2 Voir lettre du 25 mars à de Villars : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/02/rendez-vous-a-la-loi-respectez-sa-justice-elle-est-commune-a-5916803.html
3 Voir l'essai De la poésie dramatique, XXI, de Diderot, composé pour servir de préface au Père de Famille . Voir : http://www.wikipoemes.com/poemes/denis-diderot/le-pre-de-famille-et-le-discours-de-la-posie-drama521771816.php
00:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/03/2017
Mandez-moi je vous prie, quel est le corps que vous méprisez le plus, je suis empêché à résoudre ce problème
... Si Voltaire hésitait , faute de preuves encore, de même j'hésite à savoir quel camp politique nous expose les plus méprisables candidats ou quels candidats s'imposent et prennent en otage leurs partis .
S'il est une seule chose à retenir de cette campagne présidentielle calamiteuse, c'est un moment de vraie volonté de bien faire donnée par Alain Juppé ce jour . Il est regrettable que des élections primaires vaseuses en aient décidé autrement . E la nave va ! comme dit Fellini , en attendant le naufrage .
Alain Juppé ne laisse aucun doute sur son choix et respecte sa parole , lui .
« A Jean Le Rond d'Alembert
A Ferney 29 mars 1762 1
Mon cher et grand philosophe, vous avez donc lu cet impertinent petit libelle 2 d'un impertinent petit prêtre 3 qui était venu souvent aux Délices et à qui nous avions daigné faire trop bonne chère . Le sot libelle de ce misérable était si méprisé, si inconnu à Genève que je ne vous en avais point parlé . Je viens de lire dans le Journal encyclopédique 4 un article où l'on fait l'honneur à ce croquant de relever son infamie . Vous voyez que les presbytériens ne valent pas mieux que les jésuites, et que ceux-ci ne sont pas plus dignes du carcan que les jansénistes .
Vous aviez fait à la ville de Genève un honneur qu’elle ne méritait pas . Je ne me suis vengé qu'en amusant ses citoyens . On joua Cassandre ces jours passés sur mon théâtre de Ferney, non le Cassandre que vous avez vu croquis 5, mais celui dont j'ai fait un tableau suivant votre goût . Les ministres n'ont pas osé y aller, mais ils y ont envoyé leurs filles . J'ai vu pleurer Genevois et Genevoises pendant cinq actes , et je n’ai jamais vu pièce si bien jouée, et puis un souper pour deux cents spectateurs, et puis le bal . C'est ainsi que je me suis vengé .
On venait de pendre un de leurs prédicants à Toulouse, cela les rendait plus doux, mais on vient de rouer un de leurs frères accusé d'avoir pendu son fils en haine de notre sainte religion pour laquelle ce bon père soupçonnait dans son fils un secret penchant . La ville de Toulouse, beaucoup plus sotte et plus fanatique que Genève, prit ce jeune pendu pour un martyr . On ne s'avisa pas d'examiner s'il s’était pendu lui-même, comme la chose est très vraisemblable . On l'enterra pompeusement dans la cathédrale, une partie du parlement assista pieds nus à la cérémonie, on invoqua le nouveau saint, après quoi la Chambre criminelle fit rouer le père à la pluralité de huit voix contre cinq . Ce jugement était d'autant plus chrétien qu'il n'y avait aucune preuve contre le roué . Ce roué était un bon bourgeois, bon père de famille, ayant cinq enfants en comptant le pendu . Il a pleuré son fils en mourant, il a protesté de son innocence sous les coups de barre . Il a cité le parlement au jugement de Dieu . Tous nos cantons hérétiques jettent les hauts cris, tous disent que nous somme une nation aussi barbare que frivole, qui sait rouer et qui ne sait pas combattre et qui passe de la Saint-Barthélémy à l’opéra-comique . Nous devenons l'horreur et le mépris de l'Europe . J'en suis fâché car nous étions faits pour être aimables .
Je vous promets de n'aller ni à Genève ni à Toulouse . On n'est bien que chez soi .
Pour l'amour de Dieu, rendez-moi aussi exécrable que vous le pourrez le fanatisme qui a fait pendre un fils par son père, ou qui a fait rouer un innocent par huit conseillers du roi .
Mandez-moi je vous prie, quel est le corps que vous méprisez le plus, je suis empêché à résoudre ce problème .
Interim vous savez combien je vous aime, estime et révère . »
1Edition « Lettre de M. de Voltaire à M. d'Alembert à l'occasion d'une brochure intitulée Lettre critique d'un voyageur anglais sur l'article « Genève » du Dictionnaire encyclopédique et sur la lettre de M. d'Alembert à M. Rousseau » , publiées avec une préface par R. Brown, ministre anglais à Utrecht » , Bibliothèque des sciences et des beaux-arts, La Haye, 1762, qui date à tort du 24 mars .Voir : https://books.google.fr/books?id=0rVaTV3TwyEC&pg=PA210&lpg=PA210&dq=Lettre+de+M.+de+Voltaire+%C3%A0+M.+d%27Alembert+%C3%A0+l%27occasion+d%27une+brochure+intitul%C3%A9e+Lettre+critique+d%27un+voyageur+anglais+sur+l%27article+%C2%AB%C2%A0Gen%C3%A8ve%C2%A0%C2%BB+du+Dictionnaire+encyclop%C3%A9dique+et+sur+la+lettre+de+M.+d%27Alembert+%C3%A0+M.+Rousseau&source=bl&ots=A2EwNHFJk4&sig=db02NY3XoZ9VrUQC7_hkwhUREX0&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwifsOGkxsHSAhUJ1RQKHfnYCF0Q6AEIHDAA#v=onepage&q=Lettre%20de%20M.%20de%20Voltaire%20%C3%A0%20M.%20d%27Alembert%20%C3%A0%20l%27occasion%20d%27une%20brochure%20intitul%C3%A9e%20Lettre%20critique%20d%27un%20voyageur%20anglais%20sur%20l%27article%20%C2%AB%C2%A0Gen%C3%A8ve%C2%A0%C2%BB%20du%20Dictionnaire%20encyclop%C3%A9dique%20et%20sur%20la%20lettre%20de%20M.%20d%27Alembert%20%C3%A0%20M.%20Rousseau&f=false
2 Cet « impertinent petit libelle » était les Lettres critiques décrites dans la note ci-dessus . Il était en réalité l’œuvre de J.-J. Vernet, 1761 .
3 Pour V*, le « petit prêtre » était Robert Brown qui avait signé la préface ; c'est à lui qu'il continua d'attribuer l'ouvrage jusqu'à la troisième édition de 1766 ; voir Eugène Ritter : « Voltaire et le pasteur Brown », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, mars-avril 1904 : https://www.jstor.org/stable/i24286668
4 Un compte rendu de l'ouvrage de Vernet avait paru dans le Journal encyclopédique, Bouillon, 15mars 1762 . Voir page 73 : https://books.google.fr/books?id=fctgAAAAcAAJ&pg=PA1&lpg=PA1&dq=Journal+encyclop%C3%A9dique,+Bouillon,+15mars+1762&source=bl&ots=tV8YHWhFBL&sig=2AJb3KLgzQswyzVa8fjHKG2CL8g&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwibz56L-MHSAhXGvRoKHQZeDLQQ6AEIHzAB#v=onepage&q=lettres%20critiques&f=false
5 L'emploi de ce mot est récent en ce sens : il date seulement de 1752, d'après le Französisches etymologisches Wörterbuch de W. von Wartburg, 1946 .
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