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19/05/2018

faire généralement tout ce que je jugerai convenable

...

 

« A Joseph-Marie Balleidier Procureur

à Gex

21 mai [1763] 1

On m’assure monsieur que la procuration sous seing privé donnée à M. Etienne de Crassy par messieurs ses frères et mesdames ses sœurs n'est pas suffisante pour mettre mes créances en sureté .

Je suis prêt de faire à M. de Crassy et à toute sa famille tous les plaisirs qui dépendront de moi . Il est nécessaire au préalable que M. de Crassy ait une procuration par devant notaire tant de madame sa mère que de ses frères et sœurs pour l'autoriser à emprunter et pour ratifier les emprunts ci-devant faits afin de parvenir à rentrer dans leur domaine, sauf ensuite à la famille de s'arranger avec M. Etienne de Crassy .

Il y a encor un parti plus court à prendre, c'est que toute la famille me passe une procuration pour agir en son nom à l'effet de recouvrer son domaine, autorise les emprunts faits à moi au nom de la famille pour la poursuite de cette affaire, promette le remboursement de mes avances et de mes frais, me donne pouvoir d'agir en son nom, de constituer et révoquer procureurs , de faire généralement tout ce que je jugerai convenable , ratifie les emprunts faits par M. Etienne de Crassy qui en comptera à la famille, en un mot je demande une procuration légale et ample qui mette tout en règle .

Quant aux trois mille livres et arrérages que me doit le seigneur Vuaillet j'en ai un besoin pressant 2. Votre devoir est d'agir . Il ne peut vous en savoir mauvais gré . Je vous déclare donc qu'il faut absolument et sans délai redemander mon argent en justice . J'en suis fâché, mais j'y suis forcé .

Je vous prie de demander à MM. de Crassy leur dernière résolution . Vous pouvez leur faire entendre que ce n'est qu'en vertu d'une procuration en bonne forme que je peux leur prêter de l'argent .

Faites assigner Vuaillet, sans remise .

Votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

1 L'édition Vézinet donne une version fragmentaire .

2 Les rapports avec Vuaillet s'éclairent par une mention de Balleidier sur le manuscrit original : « le 24è dud[it] je suis allé aux Délices . Led[it] jour le s[ieur] Vuaillet a fait une soumission de livrer 10 chars de foin et 3 de regain de 15 % 16q[uin]tasses. »

18/05/2018

Il respire l’esprit de parti ; et si ses confrères pensent de même, l’arrangement des finances, auquel je m’intéresse tout comme un autre, ne finira pas si tôt

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

21è mai 1763

Je reçois, ô anges de paix ! votre lettre du 17 de mai, et les deux cahiers refondus dans votre creuset . Je les trouve très bien, et je vous trouve infiniment plus raisonnables que l’auteur des remarques . Je n’ai point reconnu dans lui la modération que je lui supposais, il s’en faut beaucoup . Il respire l’esprit de parti ; et si ses confrères pensent de même, l’arrangement des finances, auquel je m’intéresse tout comme un autre, ne finira pas si tôt.

J’avais très bien compris la raison de la petite contradiction qui se trouvait dans votre lettre précédente et celle de Philibert Cramer ; il n’y avait nul mal à la chose, et tout se confond dans le mérite du bon office que vous me rendez, et dans la reconnaissance que je vous dois.

Je vous enverrai incessamment la Zulime dédiée à la nymphe Clairon. Vous aurez aussi une nouvelle édition d’Olympie . Celle d’Allemagne n’est bonne que pour les pays étrangers, et il eût été bon qu’elle n’eût point transpiré à Paris, attendu qu’il y a dans les remarques une faute impardonnable . On a mis Jeanne Gray pour Marie Stuart ; ramasse, Fréron !

Le cinquième acte d’Olympie n’est point du tout vide au théâtre, il s’en faut beaucoup . Comptez que les yeux sont très satisfaits, c’est tout ce qu’il m’est permis de dire. Si vous aviez vu une jeune Olympie venir en deuil sur le théâtre, au milieu des prêtresses vêtues de blanc avec de belles ceintures bleues, vous auriez crié, comme les autres, la rareté ! la curiosité 1 ! Vous auriez même été très attendris ; et quant au bûcher, on aurait volontiers payé un écu pour le voir. Au reste, messieurs de Paris, faites tout comme il vous plaira, et Dieu vous bénisse !

Pourvu que je ne sois pas maudit de mes anges, je suis content . Je me mets au bout de leurs pieds et de leurs ailes. »

1 Vers d'une chanson connue ; voir lettre du 16 décembre 1760 à Lekain : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1760-partie-48-121093171.html

. Le passage : Vous auriez crié … curiosité ! a été oublié par le copiste du manuscrit .

17/05/2018

Il me semble qu'il ne faudrait pas plus multiplier les extraits que les êtres sans nécessité

... Et si dans une mesure estimable on a réussi à contrôler les naissances, je serais heureux que les SMS, MMS, twitts et autres résidus de pensées ineptes soient eux aussi jugulés par un gigantesque préservatif ou une pilule de bon sens -s'il en reste !

 

 

 

« A Etienne-Jean de Guimard, baron de Montpéroux

Voyez, monsieur, si pour éviter les doubles emplois, vous voulez mander à M. le duc de Praslin que je me charge d'être votre secrétaire pour la Suisse . Je vous enverrai de petits extraits tels qu'on les demande, de tout ce que j'aurai découvert, je les signerai d'un V. Il me semble qu'il ne faudrait pas plus multiplier les extraits que les êtres sans nécessité . Je suis charmé de satisfaire M. le duc de Praslin, et en même temps de ne faire passer mon travail que par vos mains .

J'écris à Berne et à Lausanne en conséquence, vous pouvez prendre un autre aumônier que moi , mais je vous prie de ne pas prendre un autre secrétaire .

Ce 19 mai 1763.1 »

1 Comme le montre la correspondance de l'envoyé avec son ministre, le duc de Praslin, ces extraits étaient destinés à alimenter la Gazette littéraire de l'Europe ; Montpéroux se promettait surtout d'obtenir des extraits intéressants concernant l' « histoire naturelle, qui y [à Berne et Lausanne ] est très cultivée ( lettre du 20 mai 1763) .

envoyer incessamment Zulime et Olympie

... en envoyées spéciales au mariage -dit du siècle, en attendant un autre-, à Windsor . Harry et Meghan font faire leur show, et toucher un jackpot suffisant pour payer les frais du mariage : https://www.francetvinfo.fr/culture/people/familles-royal... .

 Image associée

Meghan et Harry , vus par le peuple des fans de la famille royale

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 20 mai 1763]

Je prie mon très cher Gabriel de tâcher que je puisse envoyer incessamment Zulime et Olympie à la nymphe Clairon . »

16/05/2018

je me ferai un plaisir extrême de contribuer à leur faire rendre la justice qui leur sera due

... "Un parlementaire peut-il être poursuivi pour détournement de fonds publics?" .

-- Selon moi : OUI !

L'impunité de ceux de la race des Fillon m'insupporte , il est grand temps que ça change .

https://www.20minutes.fr/justice/2271319-20180516-parleme...

 

 

« A Élie Bertrand, premier pasteur de

l’Église française, membre de plusieurs

académies

à Berne

19è mai 1763 , aux Délices

Je ne sais si vous êtes instruit 1, mon cher monsieur, que M. le duc de Praslin protège beaucoup une Gazette littéraire qu'on va faire à Paris, concernant les livres étrangers . S'il y a quelque chose de vous, monsieur, ou de quelqu'un de vos amis, je me ferai un plaisir extrême de contribuer à leur faire rendre la justice qui leur sera due ; ce serait surtout une occasion bien favorable pour moi d'être à portée de vous donner des témoignages d'une estime qui égale mon amitié ; tout ce qui viendra de vous me sera bien précieux, et devra l'être à ceux qui aiment les connaissances utiles . Vous connaissez, monsieur, l'inviolable attachement de votre très humble et très obéissant serviteur .

V. »

1 Sur le manuscrit, savez est remplacé par êtes instruit .

15/05/2018

En vérité la plupart des hommes ressemblent aux moines, qui pensent qu’il n’y a rien d’intéressant dans le monde que ce qui se passe dans leur couvent

...

 

«  A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

19è mai 1763 , aux Délices,

Je reçois la lettre et le paquet du 14 de mai, de mes anges. Non vraiment ils ne sont point exterminateurs ; et je les rétablis dans leur titre naturel, et dans leur dignité d’anges sauveurs. Ils ont daigné prendre le seul parti convenable ; je les remercie également de leurs bontés et de leur peine. Il est vrai que vous en aurez beaucoup, mes divins anges, à empêcher que l’Europe ne trouve les querelles pour les billets de confession, et pour une supérieure de l’hôpital 1, extrêmement ridicules. On n’avait parlé de ces misères que pour faire voir combien les plus petites choses produisent quelquefois des événements terribles. Il y a loin d’un billet de confession à l’assassinat d’un roi, et cependant ces deux objets tiennent l’un à l’autre, grâce à la démence humaine. C’était ce qu’il fallait faire sentir dans une histoire qui n’est que celle de l’esprit humain, et, sans cela, on aurait abandonné au mépris et à l’oubli toutes ces petites tracasseries passagères qui ne sont faites que pour le recueil D ou le recueil E 2.

Je vous avoue que je suis un peu étonné des remarques que vous m’avez envoyées . L’auteur de ces remarques semble marquer un peu d’aigreur. Est-il possible qu’il puisse me reprocher de n’avoir pas nommé, dans plusieurs endroits, un conseiller auquel je suis très attaché, et dont je rapporte une belle action 3, quoique étrangère à mon sujet ? Aurait-il fallu que je le nommasse dans ce vaste tableau des affaires de l’Europe, lorsque je ne nomme pas M. le duc de Praslin, à qui nous devons la paix, et que je me contente de dire : deux sages crurent la paix nécessaire, la proposèrent, et la firent 4 ? En vérité la plupart des hommes ressemblent aux moines, qui pensent qu’il n’y a rien d’intéressant dans le monde que ce qui se passe dans leur couvent.

J’ai peine à concilier ce que dit l’auteur des remarques sur les billets de confession, en deux endroits différents. Au premier, il prétend qu’il n’est pas dans l’exacte vérité  qu’il fallait que ces billets fussent signés par des prêtres adhérant à la bulle, sans quoi point d’extrême-onction, point de viatique. » Et, au second endroit, il dit que « dans les remontrances du parlement on prouvait jusqu’à la démonstration combien il était absurde d’attacher la réception ou l’exclusion des sacrements à un billet de confession. »

Il dit donc précisément ce que j’ai dit, et ce qu’il me reproche d’avoir dit.

Je vois en général, et vous le voyez bien mieux que moi, qu’il règne dans les esprits un peu de chaleur et de fermentation. J’ai été de sang-froid quand j’ai fait cette histoire ; on est un peu animé quand on la critique. Mes anges conciliants ont pris un messo termine 5 dont, encore une fois, je ne peux trop les remercier. Si le parlement brûle le livre, ce sera donc vous qu’il brûlera ; je serais enchanté d’être incendié en si bonne compagnie.

Je tâcherai de servir M. le duc de Praslin dans sa Gazette littéraire 6, qu’il protège. S’il le veut, je ferai moi-même les extraits de tout ce qui paraîtra en Suisse, où l’on fait quelquefois d’assez bonnes choses ; on me gardera le secret ; mais probablement M. l’ambassadeur en Suisse, et M. le résident à Genève, seront plus instruits que je ne pourrai l’être, et mon travail ne serait qu’un double emploi.

Je vous ai dépêché, mes anges, par la poste, sous l'enveloppe de M. de Courteilles, deux exemplaires d'Olympie , dont l'un est pour M. de Thibouville . Mais comme vous m'écrivez sous l'enveloppe de M. de Chauvelin, et que messieurs de la poste m'ont retenu plusieurs paquets sans respecter les adresse, je vous écris aujourd’hui à votre adresse même, M. de Courteilles étant à la campagne ; ayez donc la bonté de me faire savoir comment je dois adresser mes lettres dorénavant .7

Il me semble que les yeux chez un de mes anges et chez moi ne sont pas notre fort . J’en ai vu de fort beaux à l’un des deux anges, et je vois que ceux-là ne perdent rien de leur vivacité.

Toujours à l’ombre de vos ailes.

V. 

N.B. – Je viens de dicter quelques extraits d’ouvrages nouveaux qui ne sont pas indifférents ; je les enverrai à M. de Montpéroux, notre résident, afin qu’il en ait le mérite, si la chose comporte le mot de mérite ; et quand on sera content de cet essai, je continuerai, supposé qu’il me reste au moins un œil. »

2 Il s'agit d'un recueil périodique publié sous le titre Recueil A (B, C, etc.) de 1745 à 1762 , chaque volume portant une marque différente, et fausse ( la première Fontenoy, la seconde Luxembourg, etc.) . Les éditeurs étaient Gabriel-Louis Calabre, Pérau et d'autres personnages . Prault en avait entretenu Voltaire dans une lettre du 1er décembre 1759 ; voir lettre du 7 janvier 1760 à Prault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/17/s-il-se-presente-quelque-occasion-de-vous-marquer-l-envie-ex-5536020.html

3L'abbé de Chauvelin ; voir le Précis du siècle de Louis XV, XXXVII (https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_37 ) ; sur l'auteur des remarques, voir lettre du 23 mai 1763 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-18.html

4Sous une forme ultérieurement amendée, ce passage se trouve dans le même ouvrage, chap. XXXV : « … le duc de Praslin, ministre alors des Affaires étrangères, fut assez habile et assez heureux pour conclure la paix, dont le duc de Choiseul, ministre de la Guerre, avait entamé les négociations. »

5Moyen terme .

6 La Gazette littéraire de l'Europe, qui paraissait chaque semaine, était publiée sous les auspices de Praslin et rédigée par François Arnaud et Jean-Baptiste-Antoine Suard ; le prospectus en fut distribué en juillet 1763, mais le premier numéro ne parut que le 7 mars 1764 . la publication dura trois ans .

7 Ce paragraphe , biffé sur la copie du manuscrit, manque dans toutes les éditions .

14/05/2018

Ah je n'ai pas un secrétaire

... et c'est tant mieux, mes horaires ne conviendraient sans doute pas à qui que ce soit de salarié , et quant au meuble dit secrétaire, je l'ignore superbement , une chaise et mes genoux suffisent, n'en déplaise à Théodore Tronchin . Seul maître à bord, pilote et matelot, c'est OK .

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Avant le PC portable, et plus beau, jamais en panne .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Aux Délices, 18 mai 1763 1

Je mets ces deux copies corrigées 2 au bout des ailes de mes anges exterminateurs . Un de ces exemplaires est pour M. de Thibouville qui m'a ordonné de l'envoyer sous le couvert de mes anges .

Eh bien voilà-t-il pas encore mes yeux qui me refusent le service ? Ah je n'ai pas un secrétaire comme M. d'Argental 3. Mme Denis toujours souffrante et moi aussi . Dieu ait pitié de moi ! Amen . »

1 L'édition Cayrol date du 14 mai .

2 D'Olympie .

3 Mme d'Argental , secrétaire de son mari .