25/08/2017
à présent que les deux cents ne sont plus occupés pour des filles fouettées
...
« A Gabriel Cramer
[vers le 25 septembre 1762]
Mon cher Gabriel, à présent que les deux cents ne sont plus occupés pour des filles fouettées 1, vous souviendrez-vous que vous me devez le complément de deux exemplaires du volume 18è 2?
Encore une fois n'attendez pas sitôt le 19è . Débitez celui-ci . L'autre viendra quand il pourra . »
1 Les Archives de Genève en date du 20-24 septembre 1762, conservent trace d'une accusation d' « entreprises insolentes et obscènes » contre quatre femmes, mais les cas de ce genre n'étaient jamais déférés au Grand Conseil .
2 Ceci se rapporte au VIIIè volume de l'Essai sur l'histoire générale, vol. XVIII , daté de 1763, de la Collection complète , etc.
08:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
24/08/2017
Il n’y a jamais eu que les grands hommes qui aient fait fleurir les arts. L’impératrice sera regardée comme un grand homme
... En sera-t-il de même de notre épouse présidentielle ?
En tout cas, Voltaire a vu juste en prévoyant la qualité de Catherine II.
Ne pourrait-on pas, un jour prochain, dire d'un homme de qualité : "il est/fut une grande femme "?
En attendant cet heureux et juste jour ... les hommes sont encore bien bêtes http://buzzly.fr/portraits-de-femme-qui-ont-fait-change-l...
« A Ivan Ivanovitch Schouvalov
A Ferney 25 septembre [1762]
Monsieur, j’ai reçu votre lettre 1 à table, et nous avons tous pris la liberté de boire à la santé de Sa Majesté Impériale, et de lui souhaiter une vie aussi longue et aussi heureuse qu’elle le mérite. M. le duc de Villars, fils de l’illustre maréchal dont le nom a pénétré sans doute dans votre cour, était à la tête de nos buveurs. Nous avions quelques philosophes qui s’intéressent à l’Encyclopédie. Nous avons tous senti les transports que la magnanimité de votre auguste souveraine doit inspirer. Nous vous avons béni, monsieur ; et, sans manquer au respect que nous avons pour Sa Majesté, nous avons joint votre nom au sien, comme on joignait autrefois celui de Mécène à celui d’Auguste.
Je doute que les savants qui ont entrepris l’Encyclopédie puissent profiter des bontés de Sa Majesté Impériale , attendu les engagements qu’ils ont pris en France . Mais sûrement l’offre que Votre Excellence leur fait sera regardée par eux comme la plus digne récompense de leurs travaux, et votre nom sera célébré par eux comme il doit l’être.
Il faut avouer qu’il y a beaucoup d’articles, dans ce dictionnaire utile, qui ne sont pas dignes de MM. d’Alembert et Diderot, parce qu’ils ne sont pas de leur main. Il faudra absolument les refondre dans une seconde édition, et mon avis serait que cette seconde édition se fît dans votre empire. Rien ne serait plus honorable aux lettres , et j’ose dire que la gloire de votre illustre souveraine n’en serait pas diminuée. Il n’y a jamais eu que les grands hommes qui aient fait fleurir les arts. L’impératrice sera regardée comme un grand homme. J’écris fortement à M. Diderot 2 pour lui persuader, s’il est possible, d’achever la première édition sous vos auspices. Votre Excellence a dû recevoir, par la poste de Strasbourg, ma réponse 3 aux nouvelles heureuses dont vous m’avez honoré. Je vous réitère mes hommages, ma reconnaissance, et tous les sentiments que je vous dois. On commencera l’Histoire de Pierre-le-Grand dans peu de mois , on fait fondre de nouveaux caractères.
Il y a déjà six volumes imprimés du Corneille, et il n’est pas possible d’imprimer à la fois deux ouvrages, dont chacun demande la plus grande attention.
Puisse bientôt la paix, rendue à l’Europe, laisser aux esprits la liberté de cultiver les arts, et de vous imiter .
J’ai écrit à M. Boris de Soltikof 4. Je serais bien fâché qu’un homme de son mérite, et d’un mérite formé par vous, ne conservât pas pour moi un peu d’amitié.
Agréez le tendre respect avec lequel je serai toute ma vie, monsieur, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Lettre du 20 août 1762 : « Sa Majesté Impériale […] a pensé depuis longtemps aux moyens propres à encourager l'Encyclopédie […] . Elle vient de m’ordonner […] de vous écrire pour savoir de vous, monsieur, si l'on ne pourrait pas en levant tout obstacle le faire imprimer en Russie, soit à Riga, soit dans quelque autre ville de cet empire . Nous ferons venir un libraire de Hollande ou de tel autre endroit que vous jugerez à propos [...] . J'attends votre réponse avec impatience […] . Je viens d’écrire à MM. d'Alembert et Diderot, comme étant chargés principalement de l’exécution de cet ouvrage ; mais je prends toujours recours à vous monsieur en toutes choses […]. »
2 Lettre du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/08/22/quelque-parti-que-vous-preniez-je-vous-recommande-l-infame-i-5972943.html
3 Si V* songe ici à une réponse à la lettre précédente de Schouvalov, du 20 juillet 1762, annonçant la montée de Catherine II sur le trône, cette lettre ne nous est pas parvenue .
4 Cette lettre n'atteignit pas Saltnikov, et par conséquent ne nous est pas parvenue ; Saltnikov annonce à V* le 30 novembre 1762 qu'il n'a reçu « pas une de [ses] lettres jusqu'à présent ».
09:21 | Lien permanent | Commentaires (0)
23/08/2017
J'espère que votre nom suffira pour que ma lettre vous soit rendue
... Ce qui était, et est encore, possible par la voie postale du centre de tri et les humains qui y travaillent, ne l'est certainement plus par courriel où toute erreur d'un seul signe dans l'adresse condamne notre courrier à un "undelivered mail" cinglant, sans délai, style "game over, try again" . Reste alors la bonne solution de contacter en direct, -tête à tête, téléphoniquement, par courrier papier,- le destinataire pour lui demander son adresse courriel, la recherche par nom sur Fesse de bouc étant tout ce qu'on veut, -y compris une chasse au n'importe quoi,- sauf un gain de temps pour trouver le sésame voulu . Vive les PTT ! oups! pardon : les P & T ! non : LA Poste .
Saluts à mon père et à l'un de mes enfants porteurs de nouvelles
« A Carlo Goldoni
25è septembre 1762 au château de Ferney
par Genève 1
J'ai hasardé, monsieur, une lettre que j'ai adressée à Paris 2, sans savoir si vous y étiez arrivé . Je hasarde encore celle-ci , sans savoir où vous demeurez . J'espère que votre nom suffira pour que ma lettre vous soit rendue . C'est seulement pour vous dire que j'ai reçu le paquet dont vous m'avez honoré, et que je manque de termes, soit en français, soit en italien pour vous dire à quel point je vous estime et je vous honore . Vous devez être excédé de compliments et d'empressement. Je ne veux pas joindre à la fatigue des plaisirs de Paris, celle d'une plus longue lettre .
Agréez les tendres sentiments du plus grand admirateur que vous avez dans le voisinage des Alpes .
Il povero ammalato non puote scrivere 3.
V. »
1Manuscrit autographe à partir de la phrase en italien .
2 Voir lettre du 28 août 1762 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/07/24/avete-una-moglie-a-lato-vol-vir-che-siete-un-contade-perfett-5965700.html
3 Le pauvre malade ne peut écrire .
09:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
22/08/2017
Quelque parti que vous preniez je vous recommande l'infâme . Il faut la détruire chez les honnêtes gens, et la laisser à la canaille, grande ou petite, pour laquelle elle est faite
...
« A Denis Diderot
25 septembre [1762] 1
Eh bien illustre philosophe, que dites-vous de l'impératrice de Russie ? Ne trouvez-vous pas que sa proposition est le plus énorme soufflet qu’on pût appliquer sur la joue d'un Omer ? En quel temps sommes-nous ! c'est la France qui persécute la philosophie ! et ce sont les Scythes qui la favorisent ! M. de Shouvalow me charge d'obtenir de vous que la Russie soit honorée de l'impression de votre Encyclopédie . M. de Shouvalow est fort au dessus d'Anacharsis 2, et il a toute la ferveur de ce zèle que donnent les arts naissants et que nous avions sous François Ier . Je doute que vos engagements pris à Paris vous permettent de faire à Riga la faveur qu'on demande, mais goûtez la consolation et l'honneur d'être recherché par une héroïne tandis que des Chaumeix, des Berthier et des Omer osent vous persécuter . Quelque parti que vous preniez je vous recommande l'infâme . Il faut la détruire chez les honnêtes gens, et la laisser à la canaille, grande ou petite, pour laquelle elle est faite . Je vous révère autant que je la hais .
Voulez-vous m'envoyer votre réponse à M. de Shouvalow ? Il n'y a qu'à la donner à notre frère 3. »
1 Le manuscrit est daté 176. de la main de l'éditeur (Kehl), changé en 1759 qui apparaît dans tous les catalogues de vente ; mais Kehl mentionne sur la copie Beaumarchais : « renvoyée en 1762 ».
2 Anacharsis est le philosophe scythe qui visita Athènes au VIè siècle avant J.-C. Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anacharsis
3 Damilaville .
09:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
21/08/2017
Ce ne sera pas la peine dorénavant que je vous fatigue de billets pour les paiements du mois
... Voilà ce qui serait agréable à lire venant de son propriétaire et de son percepteur !
« A Ami Camp, Banquier
à Lyon
Ferney 25è septembre 1762
Je suis un peu malade, monsieur, je ne peux avoir l'honneur de vous écrire de ma main . Je vous prie de ne point payer le sieur Defranc dont je n'ai pas reçu le dernier envoi, quoiqu'il y ait près d'un mois qu'il dise me l'avoir expédié .
Je me flatte que vous avez reçu les deux mille deux cents livres de M. de Laleu . Ce ne sera pas la peine dorénavant que je vous fatigue de billets pour les paiements du mois . Il sera mieux que M. de Laleu paie tous les premiers du mois à votre ordre, sans avoir besoin de nouveaux mandats .
Je vous suis bien obligé des nouvelles que vous m'avez données de M. de Richelieu ; il se réjouit sans doute à Lyon, car il ne m'a point encore fait avertir du jour qu'il doit venir à Ferney . Portez-vous mieux que moi, vous n'aurez pas de peine à y parvenir . J'ai l'honneur d'être de tout mon cœur, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
01:29 | Lien permanent | Commentaires (0)
20/08/2017
Vous voilà entre Frédéric et Catherine . Voyez de laquelle de ces deux planètes vous voudrez grêler sur le persil d'Omer
... Message codé ?
Plan de table pour le mariage de cousine Berthe ?
Machination pour ruiner les plantations d'HOmer Simpson ?
Allez savoir !
« A Jean Le Rond d'Alembert
25 septembre [1762]
Avez-vous répondu, mon cher philosophe à M. de Shouvalow ?1 Vous voilà entre Frédéric et Catherine . Voyez de laquelle de ces deux planètes vous voudrez grêler sur le persil d'Omer . Vous resterez en France , mais il est bon de faire connaître que si la superstition et la sottise contristent la face de votre beau pays, les Vandales et les Scythes se disputent l'honneur de venger les Socrate des Anitus . Ce misérable Omer et ses impertinents consorts doivent être bien humiliés et moi bien joyeux . Voulez-vous m’adresser votre réponse à M. de Shouvalow , et la donner à notre frère Damila ? »
1Voir lettre du 25 septembre 1762 à Diderot : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/05/correspondance-annee-1762-partie-27.html
09:23 | Lien permanent | Commentaires (0)
19/08/2017
Pour peu que j’aie de tête et de loisir
... je poursuivrai la rédaction de ce blogounet voltairien, même parfois en étant un peu à la bourre ( bien que non bourré, évidemment ).
«A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
Au château de Ferney par Genève
23è septembre 1762
Quand j’ai un moment de santé, mes divins anges, j’écris de ma main. Voici par exemple une longue lettre ci-jointe 1, sur laquelle je m’en remets à votre sagesse, et sur laquelle je vous supplie de me faire réponse le plus tôt que vous pourrez.
Je rabote encore un peu Olympie : on n’a jamais fait 2 avec une tragédie. Point de nouvelles encore du factum de Mariette.
Je vous assure qu’Olympie forme un beau spectacle. Tenez, voilà le plan des décorations et du bûcher de Manheim ; amusez-vous de cela, et conservez-moi vos bontés. Pour peu que j’aie de tête et de loisir, je reprendrai Œdipe en sous-œuvre. »
1 Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/08/18/vous-n-ignorez-pas-combien-cette-famille-est-attachee-a-la-france.html
2 Au sens de « fini » .
21:43 | Lien permanent | Commentaires (0)