06/02/2017
Nous sommes responsables au public . Mes chers frères un peu d'attention et d'assiduité je vous en conjure , Dieu et les hommes vous récompenseront
... On croirait entendre Fillon à sa réunion politique au QG des LR .
Bon catho, il s'est confessé et il attend l'absolution , avant , bien sûr, de fauter à nouveau tout en jouant les enfants de choeur .
Les LR n'ont guère le choix, s'ils ne veulent pas trop perdre l'argent de leur mise , que de poursuivre la route avec le même bourrin . Question à 2 roupies : Est-ce Fillon qui a payé les quatre millions de tracts distribués ce jour pour le blanchir ?
Le bourrin se dit lynché, et pire encore , alors qu'il ne serait même pas bon à faire des lasagnes .
Jamais sans mon assistante, mais on fait chambre à part, chacun son pépin .
« A Gabriel et Philibert Cramer
[février 1762] 1
Non, non, non . Vous êtes des Suisses vous dis-je ! Quelle barbare idée de mettre serré les noms des acteurs au bout d'une épître ! Prenez vos mesures de façon que ces noms des personnages soient en titre folio recto, et la pièce verso .
Pour y parvenir ôtez une ligne à chaque page . Marge sera plus grande, coup d’œil plus beau . C'est ainsi qu'on fait de belles éditions . Mais surtout jamais les noms des personnages au bas d'une lettre . Fi, gardez-vous bien encore de tirer avant que j'aie revu exactement et moi et d'autres . Pucelle frumille 2 de fautes, mes œuvres en sont hérissées . Je veux bien être imprimé au gros sas 3. Mais pour Corneille c'est autre chose . Nous sommes responsables au public .
Mes chers frères un peu d'attention et d'assiduité je vous en conjure , Dieu et les hommes vous récompenseront . »
1 La lettre se réfère aux premières épreuves de Corneille ; comme la composition avait commencé apparemment vers le 30 janvier, on en déduit la date approximative adoptée .
2 Cette forme de fourmille est attestée dans plusieurs dialectes ; voir entre autres le Nouveau glossaire genevois, de Jean Humbert, 1852 : page 218 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50673v/f249.item.r=frumille
3 Passer au gros sas se dit du grain ou de la farine, d'où l'emploi au figuré qui se comprend aisément .
17:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
Que n'êtes-vous à la place des sots dont Paris abonde !
... Et dont l'un des plus célèbres représentant se donnera en spectacle lors d'une conférence de presse cet après-midi . Grand Guignol, ou plutôt Gnafron, morpionnera* ensuite auprès des quelques uns qui voient encore en lui quelqu'un de méritant, lui donnant l'absolution pour recueillir quelques miettes distribuées par l'élu .
* Du verbe morpionner = s'attacher aux parti(e)s .
Fausse monnaie ou/et faux honnête homme à mettre dans le même tonneau
http://tetesdaffiches.blogspot.fr/2016/11/rebiffades.html
« A Sébastien Dupont
Aux Délices , 15 février 1762
Mon cher Dupont, je vous plains d'être où vous êtes , vous avez trop d'esprit pour être heureux à Colmar . Que n'êtes-vous à la place des sots dont Paris abonde ! Vous nous en déferiez .
Voici deux petits rogatons 1 pour vous amuser . C'est tout ce qu'on m'a envoyé de plus nouveau . Adieu ; croyez bien fermenent que je vous aimerai toute ma vie .
V. »
1 Ce sont Les Chevaux et les Ânes, et La Balance égale [ http://www.monsieurdevoltaire.com/article-faceties-balanc... ], comme il apparaît dans la réponse de Dupont du 17 mars 1762, et non pas le Sermon du rabbin Akib et le Testament de Jean Meslier comme l'indiquait le premier éditeur de la présente lettre .
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havete vedito dunque la bella duchessa ingleze / vous avez donc revu la belle duchesse anglaise
...
« Au comte Francesco Algarotti
Aux Délices , 15 février 1762
[...] Ho raro la facolta di scrivere col' proprio pugno carrissimo mio cigno, havete vedito dunque la bella duchessa ingleze 1 [...] L'ho riverita una sola volta quando la nostra Merope francesca fue rappresentata da noi à Ferney 2 [...] Mi dispiace molto che'l mio caro cigno non voglia volare di qua della Alpe la prossima prima vera [...] Adio caro vi amero till death 3.
V. »
1 Anne Liddell, fille de Henry, lord Rarensworth, femme d'Augustus Henry, troisième comte de Grafton .
2 En octobre 1761, voir dans une note de lettre du 20 octobre 1761 à d'Alembert, un extrait de lettre à Charlotte de Constant : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/07/mettons-le-hors-d-etat-de-nuire-en-faisant-voir-combien-il-v-5856235.html
3 J'ai rarement le privilège d'écrire de ma propre main, mon très cher cygne ; vous avez donc revu la belle comtesse anglaise […] Je ne lui ai présenté mes hommages qu'une seule fois quand notre Mérope française fut représentée par nous à Ferney […] Je suis très fâché que mon cher cygne ne veuille pas voler de ce côté des Alpes au printemps prochain […] Adieu, cher, je vous aimerai jusqu'à la mort .
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05/02/2017
Les gazettes sont souvent très mal informées
... Mais Le Canard et Mediapart le sont bien , -informés .
Les Fillon, vous venez de perdre un soutien : Renaud, qui comme bien d'autres s'était laissé avoir par vos tronches de séminaristes , désormais : "Fillon et sa Pénélope, dehors !" .
Et quand je pense qu'on vient d'imprimer et distribuer près de trois millions et demi de flyers pour tenter d'effacer le péché (non avoué) qu'on dit véniel, dans le même temps que le Secours Catholique doit encore faire une collecte alimentaire, trouvez l'erreur ! Et que fait le faux-cul ? il fanfaronne, mais il n'aura pas de session de rattrapage, et le plan B, -comme Balkany- est quasiment envisageable chez LR , qui ferait bien de fusionner avec Téfal .
« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg
Aux Délices, 14 février 1762
J’apprends, madame, par les nouvelles publiques, une nouvelle que je ne veux pas croire 1 . Les gazettes sont souvent très mal informées . Mais s’il y a quelque fondement à ce funeste bruit, souffrez, madame, que je mêle ma douleur avec la vôtre. Je suis encore très incertain. Je ne peux que me borner à vous dire combien je m’intéresse à vos peines, si vous en avez, et à la douceur de votre vie, si elle n’est point troublée. Votre expérience et votre bon esprit vous ont appris que la vie est bien peu de chose, et qu’il faut au moins en jouir, puisque ce peu est tout ce que nous avons. Quelque malheur qui nous arrive, et quelque perte qu’on fasse, la philosophie doit venir à notre secours, et la sensibilité de nos amis est de quelque consolation. Si la nouvelle est malheureusement vraie, je voudrais être près de vous dans le nombre de ceux dont l’amitié vous console. Vivez, madame, et continuez de devoir votre santé à votre régime. Nous avons dans notre voisinage de Genève une femme qui a cent quatre ans passés 2, et qui gouverne très bien toute sa famille. Ses règles lui sont revenues à cent deux ans. Mais elle n’a pas voulu se remarier. Voilà l’exemple que je vous propose. Adieu, madame. Daignez agréer le tendre intérêt que je prends à vous, mon attachement, et mon respect.
V. »
1 La nouvelle n'est que trop vraie ; le fils de Mme de Lutzelbourg, lieutenant-général, est mort à Fulda le 17 janvier 1762 .
2 Voir lettre du même jour à Mme du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/02/04/il-faut-que-je-vous-dise-une-chose-tres-consolante-pour-les-5906873.html . Le mot règles de la phrase suivante, remplacé par des points par l'éditeur des Lettres inédites, est restitué par Beuchot .
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04/02/2017
il faut que je vous dise une chose très consolante pour les femmes.... La partie par où l’on pense ne s’est point affaiblie en elle
... J'adore ce type de périphrase voltairienne . Elle nous laisse loisir à en prendre le contrepied , malignement sans doute, la partie qui pense chez l'homme pouvant singulièrement n'être ni unique, ni dispensée de faiblesse(s), vous le savez mesdames .
Mme Lullin , I presume !
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
Aux Délices, 14 février [1762]
Il y a longtemps, madame, que le pédant commentateur de Pierre Corneille n’a eu l’honneur de vous écrire ; il faut que je vous dise une chose très consolante pour les femmes. Il y a dans mon voisinage de Genève une petite femme 1 qui a toujours été d’un tempérament faible : elle a eu hier cent quatre ans. Ses règles lui sont revenues il y a deux ans très régulièrement, et vous jugez bien que les plaisants lui ont proposé de se remarier 2. Elle aime trop sa famille pour donner des frères à ses enfants. La partie par où l’on pense ne s’est point affaiblie en elle : elle marche, elle digère, elle écrit, gouverne très bien les affaires de sa maison. Je vous propose cet exemple à suivre un jour.
Pour des hommes de ce caractère, je n’en connais point : Bernard de Fontenelle 3 n’était qu’un petit garçon auprès de ma Genevoise. Je souhaite à M. le président Hénault la centaine au moins de Fontenelle, mais je crois que Moncrif 4 nous enterrera tous . On dit que sa perruque est mieux arrangée et mieux poudrée que jamais. Tout ce qui me fâche, c’est qu’il ne fasse plus de petits vers ; c’est grand dommage. A propos de Moncrif, j’ai fait une perte considérable dans l’impératrice russe ; mais sur-le-champ j’ai pris l’impératrice-reine 5, et elle a souscrit pour mademoiselle Corneille, tout comme le roi de France. Il faut toujours avoir quelque tête couronnée dans sa manche. Mademoiselle Corneille, d’ailleurs, joue très joliment les soubrettes.
Si j’avais de plus grandes nouvelles, madame, je vous en dirais pour vous amuser ; mais vous avez la meilleure compagnie de Paris chez vous, et vous n’avez pas besoin de ce qui se passe au pied des Alpes.
Vivez, madame ; digérez, pensez, et même riez de toutes les sottises de ce monde, depuis l’inquisition de Lisbonne jusqu’aux pauvretés de Paris, et agréez mon tendre respect.
V. »
1 Sur Mme Lullin, née Fatio, voir lettre du 9 février 1759 à Mme Gallatin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/03/03/i...
2 Depuis Ses règles … , la phrase manque dans la copie Wyart et conséquemment dans toutes les éditions suivantes .
3 Fontenelle était mort un mois avant son centième anniversaire .
4 Il mourra en 1770 à quatre-vingt-trois ans .
5 Marie-Thérèse d'Autriche .
00:31 | Lien permanent | Commentaires (0)
03/02/2017
Il ne nous reste qu'à prier Dieu de nous donner de beaux jours
... Disent les fillonistes ET les anti-fillonistes ; Dieu reconnaitra les siens, évidemment .
« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches , Major des
Gardes de M. le prince d'Orange, etc.
à Lausanne.
12 février [1762]
Dieu nous punit monsieur de vouloir jouer la comédie à la barbe de la sainte ville de Genève qui n'aime que le solide . Nous avons deux pieds de neige, et un pied de nez . Nous voilà en Laponie . Il ne nous reste qu'à prier Dieu de nous donner de beaux jours . Je les aurai quand je pourrai faire ma cour à madame d'Hermenches et à vous .
Je m'imagine que vous avez votre bonne part à Lausanne du châtiment céleste que nous éprouvons . »
15:12 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je m'en irais en Égypte comme le bonhomme Joseph si je n'avais pas ici famille et affaires
... Allez savoir pourquoi, en lisant ceci j'ai automatiquement pensé à ce cher François Mitterrand qui fuyait lui aussi, régulièrement le froid de sa mère patrie, pour séjourner avec Anne Pingeot sous l'oeil de Ra . Avec lui aussi l'obligation de revenir jouir de sa présidentielle fonction . Et , contrairement à Joseph, sans avoir eu la visite des généreux donateurs, les rois mages .
« A Cosimo Alessandro Collini secrétaire
intime de Son Altesse Électorale Mgr
l’Électeur palatin
à Manheim
Aux Délices 12 février [1762] 1
Mon cher Collini avez-vous autant de vent et de neige que nous en avons ici ? Plus je vis moins je m'accoutume à ces maudits climats septentrionaux . Je m'en irais en Égypte comme le bonhomme Joseph si je n'avais pas ici famille et affaires .
J'ai envoyé à Son Altesse Électorale une tragédie que j'ai faite en six jours pour la rareté du fait ; mais je la supplie de la jeter dans le feu . Je l'ai corrigée avec le plus grand soin, et je la crois à présent moins indigne de lui être présentée .
Algarotti et Goldoni me flattent qu'ils seront à Ferney au printemps . Je voudrais bien que vous pussiez y être aussi . Je vous embrasse de tout mon cœur .
V. »
1 Collini a porté sur le manuscrit la date et un bref résumé de la lettre .
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