30/01/2016
Un petit singe, ignorant indocile, Au sourcil noir, au long et noir habit, Plus noir encore et de cœur et d'esprit, Répand sur moi ses phrases et sa bile.
... Disent , -in petto-, Juppé, -à haute voix-, NKM, -mezzo voce- , Fillon.
L'identité du petit singe ne laissant aucun doute, j'en partage volontiers l'attribution avec vous . Comment est-ce Dieu possible d'avoir publié un auteur [à ce qu'il dit !] aussi nul et aussi approximatif dans la relation du passé qu'il est minable dans les projets d'avenir .
http://www.dailymotion.com/video/xcexcm_le-politique-desc...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
Au château de Ferney en Bourgogne
par Genève 30è janvier 1761 1
Adorables anges, je demande grâce pour ce beau mot : s'il y sert Dieu c'est qu'il est exilé 2, car vous savez que d'ordinaire disgrâce engendre dévotion . Oui mort-D[...] je sers Dieu, car j'ai en horreur les jésuites et les jansénistes , car j'aime ma patrie, car je vais à la messe tous les dimanches, car j'établis des écoles, car je bâtis des églises, car je vais établir un hôpital, car il n'y a plus de pauvres chez moi, en dépit des commis des gabelles . Oui, je sers Dieu, je crois en Dieu et je veux qu'on le sache .
Vous n'êtes pas content du portrait du petit singe ? Eh bien en voici un autre :
Un petit singe, ignorant indocile,
Au sourcil noir, au long et noir habit,
Plus noir encore et de cœur et d'esprit,
Répand sur moi ses phrases et sa bile.
En grimaçant le monstre s'applaudit
D'être à la fois et Tersite et Zoïle.
Mais grâce au ciel il est un roi puissant,
Sage , éclairé etc.3
Le singe se reconnaitra s'il veut, je ne peux faire mieux pour quant à présent ; je n'ai que trois gardes ; si j'en avais davantage, je vous réponds que tous ces drôles s'en trouveraient mal . Il faut verser son sang pour servir ses amis, et pour se venger de ses ennemis, sans quoi on n'est pas digne d'être homme . Je mourrai en bravant tous ces ennemis du sens commun . S'ils ont le pouvoir (ce que je ne crois pas ) de me persécuter dans l'enceinte de quatre-vingt lieues de montagnes qui touchent au ciel, j'ai , Dieu merci, quarante-cinq mille livres de rente dans les pays étrangers ; et j'abandonnerai volontiers ce qui me reste en France pour aller mépriser ailleurs à mon aise, d'un souverain mépris, des bourgeois insolents 4, dont le roi est aussi mécontent que moi .
Pardonnez, mes divins anges à cet enthousiasme ; il est d'un cœur né sensible, et qui ne sait point haïr ne sait point aimer .
Venons à présent au tripot, et changeons de style .
Vous vous plaignez de n'avoir point Fanime . Quoi ! vous voulez donner tout de suite deux vieillards radoteurs qui grondent leurs filles ? N'avez-vous pas de honte ? Ne sentez-vous pas quelle prodigieuse différence il y a entre la fin de Tancrède et la fin de Fanime ? Attendez, vous dis-je, attendez Pâques fleuries . Je vous remercie bien humblement, bien tendrement, de toutes vos bontés charmantes, et de votre tasse pour la muse limonadière 5, et de la feuille de ce coquin de Fréron 6. Savez-vous bien que c'est là un libelle diffamatoire, personnel, et punissable ? Quoi ! il dira impunément que Mlle Corneille est élevée par un danseur de corde dans un bordel ! Quoi ! il empêchera une jeune personne qui a deux cents ans de noblesse, et qui porte le nom de Corneille, de se marier ! Quoi ! il outragera ma nièce qui seule prend soin de l'éducation de cette demoiselle ! Quoi ! il insultera le sieur L’Écluse, bourgeois de Paris, chirurgien-dentiste très estimé, qui, à la vérité, a fait une faute il y a trente ans, mais qui a une conduite très estimable, qui connait à peine Mlle Corneille, et qui depuis plus de quatre mois n'a mis le pied chez nous ! Il est à Genève où il exerce sa profession avec honneur, en attendant qu'il retourne en France où il est seigneur de paroisse . Mme Denis en écrit à monsieur le chancelier 7. Je vous prie d'en parler à M. le duc de Choiseul, à qui nous écrirons aussi . Il faut que mon procureur le poursuive criminellement au nom du père de Mlle Corneille ; c'est ce que je mande à M. Le Brun ; je vous supplie d'envoyer chercher le bonhomme, il a de l'honneur, il n'a qu'à signer un ordre au procureur . Je paierai bien volontiers tous les frais . Ce n'est pas vengeance ceci, ce n'est pas mauvaise humeur, c'est justice . Je ne veux point finir ma lettre par des idées tristes . Je vois d'ici Mlle Clairon enchanter tous les cœurs, et si les sifflets sont pour moi, les battements de mains sont pour elle . Je m'appelle Pancrace 8 mais je ne veux de ma vie gratter la porte d'aucun cabinet ; j'aimerais mieux gratter la terre . Mon seul malheur dans ce monde c'est de n'être pas dans votre cabinet pour manger avec vous du parmesan, pour boire, car j'aime à boire (comme vous savez) . Puissent les yeux de monsieur d'Argental ne pleurer qu'aux tragédies . Les miens pleurent d'une absence qu'un parti si triste, mais sagement pris, rend éternelle .
Une autre fois je vous parlerai du Droit du Seigneur, je ne peux vous parler aujourd'hui que des justes droits que vous avez sur mon âme .
Je suis malingre, j'ai dicté et peut-être avec mauvaise humeur . Excusez un vieillard vert .
V. »
1 L'édition de Kehl déforme cette lettre en y mêlant des fragments de la lettre du 28 janvier aux mêmes et en supprimant le passage sur Fréron et Mlle Corneille .
2 C'était à l'origine le dernier vers de l’Épître à Daphné .
3 Le texte finalement adopté pour le portrait de Omer Joly de Fleury dans l’Épître à Daphné est sensiblement différent de celui-ci : « Un petit singe, à face de Thersite,/ Au sourcil noir, à l’œil noir, au teint gris, / Bel esprit faux qui hait les bons esprits, / Fou sérieux que le bon sens irrite, / Écho des sots, trompette des pervers, / En prose dure insulte les beaux vers, / Poursuit le sage, et noircit le mérite. » ; http://www.theatre-classique.fr/pages/theorie/VOLTAIRE_EPITREDAPHNE.htm
4 Voir lettre du 16 décembre 1760 aux d'Argental .
5 Voir lettre du 14 janvier 1761 aux mêmes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/13/vous-m-allez-dire-que-je-deviens-bien-hardi-et-un-peu-mechan-5744250.html
6 Voir encore lettre du 14 janvier 1761 .
7 Lettre à Lamoignon, qui a certainement été rédigée par V* : « Ferney , 30 janvier [1761] / Monseigneur, je me joins au cri de la nation contre un homme qui la déshonore . Un nommé Fréron insulte toutes les familles ; il m'outrage personnellement, moi, Mlle Corneille, alliée de tout ce qu'il y a de plus grand en France, et portant un nom plus respectable que ses alliances . Je suis la veuve d'un gentilhomme mort au service du roi ; je prends soin de la vieillesse de mon oncle, qui a l'honneur d'être connu de vous . J'ai recueilli chez moi la petite-nièce du grand Corneille, et je me suis fait un honneur de présider à son éducation . Ce n'est pas au nommé Fréron, dont on tolère les impertinentes feuilles , sur des points de littérature, à oser entrer dans le secret des familles, à insulter la noblesse, et à noircir publiquement , de couleurs abominables, une bonne action qu'il est fait pour ignorer . Sa page 164 est un libelle diffamatoire ; nous en demandons justice, moi, Mlle Corneille, mon oncle, et un autre citoyen, tous également outragés . Si cette insolence n'était pas réprimée, il n'y aurait plus de familles en sûreté . J'ai l'honneur » etc.
8 Ce mot est pris ici au sens de chicaneur, querelleur ; V* l'utilise encore plus péjorativement dans l’Épître à Daphné, 47 .
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29/01/2016
tout est perdu dans l’Église de Dieu si les curés ne sont pas maintenus dans le droit de donner des coups de bâton à qui leur plait
... Autre temps, autres moeurs ; ouf ! les curés n'ont plus la main aussi lourde .
Mais quelques autres -imams- tiennent à appliquer quelques sévices inconcevables au nom de la tradition . Je leur souhaite d'être un jour du mauvais côté du fouet . Islamophobe, moi ? et qui peut le dire ?
Rions avec Jeremy Ferrari et grâces soient rendues à son talent et aux religions : https://www.youtube.com/watch?v=PFl3mvD5MAw
à ne manquer sous aucun prétexte !
Hallelujah bordel !
« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault
Monsieur, M . de Ruffey a pris le département d'Apollon, et vous de Bacchus avec moi ; je ne m’étais adressé à M. de Ruffey pour substituer des tonneaux de vin à l'Hippocrène, que parce que vous paraissiez m'abandonner tout à fait 1. Si Tancrède et Pierre vous ont amusé, monsieur, reprenez donc vos nobles fonctions, je me livre à vous pour toute ma vie ; je fais de meilleur vin dans la terre de Tournay, que M. le président de Brosses ne l'imagine ; mais il ne vaut pas le vôtre . Daignez, donc, monsieur, m'envoyer tous les ans deux tonneaux , l'un de vin d'ordinaire, l'autre de nectar qui me fasse longtemps jouir de la terre de Tournay, sans trop déplaire au président . Je les aimerais assez en doubles futailles, le vin se conserve sur sa lie, et s'abonnit .
Le curé de Moens aurait dû mettre un peu d'eau dans son vin ; je ne sais quelle prérogative les pasteurs du pays de Gex croient avoir de donner des coups de bâtons à leurs ouailles .
J'interrogeai hier un paysan qui avait reçu il y a quelques années cent coups de bâton du même curé, à la porte de l'église . Il me dit que c'était l'usage . J'avoue, monsieur, que chaque pays a ses cérémonies . Mais railleries à part, la nouvelle aventure de ce prêtre est très grave 2 et très punissable ; c'est un assassinat prémédité dans toutes les formes . J'ai vu le fils de de Croze à la mort pendant quinze jours ; le curé lui-même alla à une demi-lieue de chez lui à dix heures du soir, armer les assassins . C'est un homme qui fait trembler tout le pays ; il est malheureusement l’intime ami du substitut de monsieur le procureur général, et c'est probablement à cette tendre amitié qu'il doit l'indulgence sont il abuse ; il n'a été assigné que pour être ouï, tandis que ses complices ont été décrétés de prise de corps . Il remue tout le clergé, il court à Annecy remontrer à l'évêque que tout est perdu dans l’Église de Dieu si les curés ne sont pas maintenus dans le droit de donner des coups de bâton à qui leur plait .
Mais voici quelque chose d'un peu plus grave, et de plus ecclésiastique . Une sœur du sieur de Croze, assassiné par le curé de Moens, voyant son frère en danger de mort, s'est avisée de faire une neuvaine, et c'est à cela sans doute qu'on doit la guérison de ce pauvre garçon (qu'il faudra pourtant faire trépaner peut-être dans quelque temps ) . Une neuvaine ne vaut rien si on ne se confesse, et si l'on ne communie ; elle se confessa donc, mais à qui ? à un jésuite nommé Jean Fessy 3, ami du curé de Moens ; Jean Fessy lui dit qu'elle était damnée si elle n'abandonnait pas la cause de son frère, et si elle ne forçait pas son père à se désister de toute poursuite contre le curé, et à trahir le sang de son fils . Il lui refusa l'absolution 4. La pauvre fille effrayée, et toute en larmes vint apprendre cette nouvelle au père ; elle fit serment devant moi que rien n’était plus véritable . Jugez quel effet cette scène fait dans Genève et dans toute la Suisse .
Je vous supplie de vouloir bien me mander, monsieur,si le père n'est pas en droit de faire jurer sa fille en justice, et si le jésuite Jean Fessy ne doit pas subir interrogatoire ; il me semble qu'on en usa ainsi dans l'affaire du bienheureux Girard et de La Cadière ; celle-ci est plus affreuse, parce que l'assassinat y est joint au sacrilège . Ce qu'on appelle la justice de Gex, mériterait bien que la véritable justice de Bourgogne daignât la diriger ; et en vérité, on aurait besoin que quelques conseillers du parlement , vinssent mettre fin au brigandage qui règne dans cette malheureuse petite province .
J'ai l'honneur d'être avec tout le respect possible
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
Au château de Ferney pays de Gex
29è janvier 1761 »
1 Voir lettre du 17 janvier 1761 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/17/tout-doit-etre-a-sa-place-5744301.html
3 Plus exactement Joseph Fessy, supérieur de la communauté des jésuites d'Ornex .
4 Cette phrase a été ajoutée entre les lignes sur le manuscrit .
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28/01/2016
voyez comme on trouve des jésuites partout, mais aussi ils me trouvent
... Et pas seulement des jésuites ! Voltaire aurait applaudi ce film , et aurait même été producteur à fonds perdus pour faire éclater la terrible vérité ; messieurs les US preachers vous ne pouvez vraiment pas vous dire des modèles, sinon des modèles de faux jetons :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19559464&a...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental 1
Mon divin ange et ma divine ange, amusez-vous de cet imprimé, et voyez comme on trouve des jésuites partout, mais aussi ils me trouvent . Je leur ai ôté la vigne de Naboth 2. Il leur en coûte 24 mille livres . Cela apprendra à Berthier qu'il y a des gens qu'on doit ménager . Il s'agit à présent de poursuivre un sacrilège . Je serai aussi terrible dans le spirituel que dans le temporel .
On doit vous envoyer un petit paquet contenant procès-verbal de prétraille . J'ai pris la liberté de mander à mon avocat au conseil nommé Mariette de vous adresser ces papiers qui me sont très nécessaires . Je vous supplie quand vous les aurez reçus de daigner me les faire parvenir par M. de Courteilles .
Eh bien joue-t-on Tancrède ou Le Père de Famille ?
Et Oreste, Oreste, l'abandonnerez-vous 3? Ah cela vaut mieux que Fanime .
V.
28 janvier [1761]»
1 L'édition de Kehl joint le début de cette lettre à celle du 30 janvier 1761 aux mêmes .
3 Oreste fut repris le 8 juillet 1761 .
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27/01/2016
ma mauvaise santé me force d'être court quand l'amitié voudrait me rendre long
... Et ça se soigne !
Sortie du contexte, que ne ferait-on pas dire à une phrase, qui prend un air canaille ; et ne me dites pas que vous n'y avez pas aussi pensé, bande de malotrous .
Revenons à plus de tendresse .
« A Jean-François Marmontel
Au château de Ferney 27 janvier 1761
Après avoir tant applaudi en vers à l'Académie 1, il faut que vous y soyez applaudi en prose , mon cher ami, dans un beau discours de réception . Vous fûtes d'abord mon disciple . Vous êtes devenu mon maître ; il faut que vous soyez mon confrère . Il me semble que cette place vous est due à plus d'un égard . Ce sera une récompense du mérite et une consolation de l'injustice que vous avez essuyée . Je ne regretterai Paris que le jour où je voudrais vous entendre et vous répondre . Je partagerai du moins tous vos succès du fond de mes retraites . Si ma plume pouvait suivre mon cœur, je vous en dirais davantage, mais ma mauvaise santé me force d'être court quand l'amitié voudrait me rendre long . Nous avons ici M. de Chimène votre confrère en poésie . Il me paraît n'avoir nulle envie d'être le Rodrigue de la Chimène que nous possédons . Sous le nom du père de Chimène mes respects à votre voisine 2 . »
1 Les Charmes de l'étude, de Marmontel, étaient le troisième de ses poèmes a être couronné par l'Académie Française ; https://books.google.fr/books?id=X_45AAAAcAAJ&pg=PP1&lpg=PP1&dq=Les+Charmes+de+l%27%C3%A9tude,+de+Marmontel&source=bl&ots=JYsGHsqK3o&sig=_VTcoGfeGMRvWelZjVuKzzgQa4A&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiQttOegMjKAhXBEHIKHbpoCFEQ6AEIOTAG#v=onepage&q=Les%20Charmes%20de%20l%27%C3%A9tude%2C%20de%20Marmontel&f=false
2 Mlle Clairon, qui avait été sa maîtresse et restait son amie . Voir les Mémoires d'un père, de Marmontel, 1827, I, 141-... : http://archive.org/stream/mmoiresdemarmont26531gut/pg26531.txt
P-S. Alors que les taxis se mobilisent -comme disent les journaleux- pour immobiliser leurs concitoyens qui n'ont pas le loisir de travailler selon leur goût et selon des horaires librement choisis, Mme Taubira quitte un gouvernement qui est assez couillon pour se passer d'elle ; à ce rythme, j'en connais un qui se fera démissionner d'office l'an prochain, avec réaction en chaîne .
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26/01/2016
Messieurs les comédiens ordinaires du roi me feront un sensible plaisir
...
« A la Comédie-Française
Au château de Ferney en Bourgogne
par Genève 26è janvier 1761
Messieurs les comédiens ordinaires du roi me feront un sensible plaisir de vouloir bien accorder l'entrée à M. Mathon 1, soit au parterre, soit à l'amphithéâtre, toutes les fois qu'ils me feront l'honneur de représenter quelqu'un de mes ouvrages . Je mettrai ce plaisir au rang des plus grandes obligations que je leur aie . J'ai l'honneur d'être, avec tous les sentiments que je leur dois, leur très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire. »
1 Personnage inconnu ; Mme Denis avait une femme de chambre de ce nom .
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le roman de Jean-Jacques ! À mon gré il est sot, bourgeois, impudent , ennuyeux, mais il y a un morceau admirable sur le suicide qui donne appétit de mourir
... Surtout, Parisiens pris dans les bouchons provoqués par les taxis, ne lisez pas JJ Rousseau, vous subiriez la double peine et vous vous endormiriez sans rémission .
Et prudemment , pour être sûrs d'arriver à bon port, nous fimes appel à un VTC , Véritable Tombereau à Cheval .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental,
conseiller d'honneur, envoyé
de Parme
rue de la Sourdière
à Paris
Au château de Ferney 26 janvier 1761
Et ces yeux que vous fermez quand vous êtes content, se portent-ils mieux mon cher ange ?
J'ai un besoin très grand d'être fortement recommandé à M. de Villeneuve 1. Est-il possible que je n'aie besoin de personne dans le pays étranger, et que j'aie besoin d'un intendant en France avec mes terres libres ? Je ferai une belle requête pour M. le duc de Choiseul mais je lui ai tant demandé de choses pour les autres que je n'ose plus rien demander pour moi .
J'ai de terribles affaires sur les bras . Je chasse les jésuites d'un domaine usurpé par eux . Je poursuis criminellement un curé . Je convertis une huguenote, et ma besogne la plus difficile est d'enseigner la grammaire à Mlle Corneille qui n'a aucune disposition pour cette sublime science .
Est-il vrai monsieur et madame anges tutélaires, est-il vrai qu'on joue Tancrède 2? Est-il vrai qu'on joue aux Italiens une parade intitulée Le Comte de Boursoufle 3 sous mon nom ? Justice, justice . Puissances célestes, empêchez cette profanation, ne souffrez pas qu'un nom que vous avez toujours daigné aimer soit prostitué dans une affiche de la Comédie-Italienne . J'imagine qu'il est aisé de leur défendre d'imputer dans les carrefours de Paris à un pauvre auteur une pièce dont il n'est pas coupable ?
J'estime mes anges qu'il faut retrancher Lefranc de ce panteodos à Mlle Clairon 4. Nous le retrouverons bien une autre fois . Il ne faut pas souiller par une satire les louanges de Melpomène . En ôtant Lefranc tout va, tout se lie .
Et le roman de Jean-Jacques ! À mon gré il est sot, bourgeois, impudent , ennuyeux, mais il y a un morceau admirable sur le suicide qui donne appétit de mourir 5.
Avez-vous vu celui de La Popelinière ou Pouplinière ?6 Est-ce vous qui avez envoyé à M. de La Marche notre Tancrède ?
Nous avons ici Chimène ! Oui le marquis Chimène 7. Hélas nous ne vous aurons pas . Nous baisons le bout de vos ailes .
V. »
1 Voir lettre du 3 janvier 1761 à Fabry : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/02/ils-avaient-eu-tant-de-coups-de-batons-sur-la-tete-que-leur-5738934.html
2 Voir lettre du 25 janvier 1761 à Damilaville et Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/24/point-de-roman-de-jean-jacques-s-il-vous-plait-je-l-ai-lu-po-5749540.html
3 C'est Le Petit Boursoufle, ou L’Échange, ou Quand est-ce qu'on me marie ? jouée sous ce dernier titre au Théâtre Italien le 26 janvier 1761 . Le comte de Boursoufle devait être représenté au public le 28 janvier 1761 ; https://books.google.fr/books?id=6fdDAAAAYAAJ&pg=PA307&lpg=PA307&dq=Le+Petit++Boursoufle,+ou+L%E2%80%99%C3%89change,+ou+Quand+est-ce+qu%27on+me+marie&source=bl&ots=a8RsnvJPHW&sig=xLOAeLtkQVZ6mU8fmMbLnSNBfjc&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwibzPuFmcfKAhVIoA4KHf-2CsEQ6AEIJDAA#v=onepage&q=Le%20Petit%20%20Boursoufle%2C%20ou%20L%E2%80%99%C3%89change%2C%20ou%20Quand%20est-ce%20qu%27on%20me%20marie&f=false
4 L’Épître A Daphné, ou Épître de M. de Voltaire à Mlle Clairon, dont le sous-titre est « Pantaodaï, étrennes à Mlle Clairon » ; voir lettre du 6 juillet 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/12/05/il-faut-qu-ils-sachent-que-je-suis-heureux-et-qu-ils-crevent-5732403.html
; et lettre du 11 janvier 1761 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/09/je-me-moque-de-tout-le-reste-et-meme-assez-violemment-j-ai-s-5742289.html
. La forme panteodos fait difficulté , voir aussi le début de la lettre du 2 février 1761 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/02/on-mourra-volontiers-apres-avoir-tire-sur-les-betes-puantes.html
5 La Nouvelle Héloïse, III, 26.
6 Voir lettre du 25 janvier 1761 à Damilaville et Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/24/point-de-roman-de-jean-jacques-s-il-vous-plait-je-l-ai-lu-po-5749540.html
7 Ces quatre mots sont ajoutés au-dessus de la ligne .
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25/01/2016
vous allez à la chasse aux prêtres . Dieu vous le rende
...
« A Gabriel Cramer
[vers le 25 janvier 1761]1
Vous êtes un Gabriel 2, un caro ; vous allez à la chasse aux prêtres . Dieu vous le rende . Le b. désertera la province, ou je ne suis pas V.
CORPUS POETARUM3
Memento de m'envoyer nouvelle épreuve du 5è 4 et de l’épître a[l] Senatore bolognese 5.
Memento du carton acte 2 .
Non meministi 4 du petit changement à l'addition . Mais peu importe, où diable trouver l'archevêque Turpin 5? Quoi pas un livre curieux à Genève ! N'avez-vous que le catéchisme de Vernet ?
Vale amice .
V.
Prenez garde 3è vers de l’acte 5 :
à lui seul la gloire
mettez
à lui seul est la gloire. »
1 Lettre datée d'après le cours de l'impression de Tancrède et la lettre à Albergati Capacelli .
2 Donc un ange ; le b. [NDLR :à mon sens le bordel ou le bandit] est Ancian, le curé de Moens .
3 Voir lettres de décembre 1760 et suivantes à Cramer .
4 Tu ne t'es pas souvenu : précédemment memento = souviens-toi .
5 A savoir l'Historia de vita Caroli magni et Rolandi, attribuée à l'archevêque Turpin (XVIIIè siècle), mais en réalité apocryphe, bien que déclarée authentique par le pape Calixte II ; https://books.google.fr/books?id=BGFiAAAAcAAJ&pg=PA1&lpg=PA1&dq=Historia+de+vita+Karoli+magni+et+Rolandi&source=bl&ots=5OCgmHH55e&sig=0QN3rdgOWDAc0JxFalaKW8gDm-A&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiBnOKXqcXKAhUDGA8KHSOSB10Q6AEIOjAD#v=onepage&q=Historia%20de%20vita%20Karoli%20magni%20et%20Rolandi&f=false
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