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25/01/2016

Point de roman de Jean-Jacques s'il-vous-plait ; je l'ai lu pour mon malheur

... Ou plus précisément j'ai failli aller au delà de la (et tralala ! ) trentième page de cette fichue Julie ou La Nouvelle Héloïse, mais n'ayant pas une vocation de psychanalyste ni de midinette j'ai préféré jeter ce bouquin dans un fond de carton d'où il ne ressortira sans doute que dans la main d'un de mes héritiers, dans longtemps j'espère . Je n'ose pas en faire don à quelque maison de retraite qui soit, je risque d'être accusé de maltraitance à personnes dépendantes .   

Ah ! chère Colette Renard, que vous êtes vivante cent fois plus que ce vieil empesé JJ Rousseau :

https://www.youtube.com/watch?v=gvqKCun3yVU

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« A Etienne-Noël Damilaville

et à

Nicolas-Claude Thieriot

Mille tendres remerciements à monsieur Damilaville et à monsieur Thieriot . Point de roman de Jean-Jacques s'il-vous-plait 1 ; je l'ai lu pour mon malheur ; et c'eût été pour le sien si j'avais le temps de dire ce que je pense de cet impertinent ouvrage . Mais un cultivateur, un maçon et le précepteur de Mlle Corneille et le vengeur d'une famille accablée par des prêtres n'a pas le temps de parler de romans .

Voici pourtant , mes amis, une petite réponse que j'ai eu le temps de faire à M. Deodati 2. Vous me rendrez un important service en la faisant imprimer, en la donnant à tous les journaux 3. Ni M. de Richelieu, ni le prince de Soubise, ni le maréchal de Broglie, ni M. Diderot n'en seront fâchés . J'estime qu'il conviendrait assez que M. d'Aquin imprimât dans son hebdomadaire 4 cette petite réponse et qu'il en envoyât des exemplaires à tous les intéressés . En voici deux exemplaires, l'un pour M. Deodati, l'autre pour M. d'Aquin .

Mille remerciements encore une fois . Joue-t-on Tancrède 5? Joue-t-on Le Père de famille 6? O mon cher frère Diderot je vous cède la place de tout mon cœur et je voudrais vous couronner de lauriers . Mon ancien ami Thiriot saura que Daumart mon parent n'a point la vérole . J'ai de l'admiration pour M. Bagieu, il a deviné tout ce que Tronchin a vu et tout ce qu'il a dit . N'aurai-je point la feuille 7 contre M. Le Brun, contre Mlle Corneille, et contre moi ?

J’ai envoyé à M. Jannel le Pallade 8 du roi pour M. Capperonnier, bibliothécaire 9. J'ai écrit à l'un et à l'autre .

Ainsi M. Thieriot peut m'envoyer le roman Popelinière 10 qui me fera sans doute plus de plaisir que celui de Jean-Jacques .

Au château de Tournay 25 janvier [1761] »

1 La Nouvelle Héloïse ; voir lettre du 22 janvier 1761 à d'Olivet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/23/manu-carole-frere-et-soeur-de-coeur.html

3 Elle fut en effet réimprimée dans le Journal encyclopédique, Bouillon, 1er février 1761, I, 3, 89-98 .

5 La pièce fut représentée le 26 janvier 1761, puis il y eut une série de représentations du 7 mars au 25 avril .

6 Pièce jouée le 18 février 1761, elle n'eut que sept représentations .

9 Capperonnier était conservateur de la Bibliothèque du roi .

10 Roman de Alexandre-Joseph Le Riche de La Popelinière : Daïra, 1760 : http://books.google.be/books?id=kloGAAAAQAAJ&printsec...

http://www.memo.fr/Dossier.asp?ID=431

24/01/2016

Si le peuple a formé les langues, les grands hommes les perfectionnent par de bons livres ; et la première de toutes les langues, est celle qui a le plus d'excellents ouvrages

... Hélas, trois fois hélas, notre langue française n'aura sans doute pas la première place si l'on doit se contenter d'éditer -je ne pousserai pas la cruauté à vous en souhaiter la lecture- le lamento de Nicolas Sarkozy qui joue au pov' pti' Calimero pour tenter d'amadouer le public . Pouahhh !!

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« A G. L. Deodati de Tovazzi 1

Je suis très sensible, monsieur , à l'honneur que vous me faites de m'envoyer votre livre De l’excellence de la langue italienne 2: c'est envoyer à un amant l'éloge de sa maîtresse . Permettez-moi cependant quelques réflexions en faveur de la langue française, que vous paraissez dépriser un peu trop . On prend souvent le parti de sa femme, quand la maîtresse ne la ménage pas assez .

Je crois, monsieur, qu'il n'y a aucune langue parfaite : il en est des langues comme de bien d'autres choses, dans lesquelles les savants ont reçu la loi des ignorants . C'est le peuple qui a formé tous les langages ; les ouvriers ont nommé tous leurs instruments . Les peuples, à peine rassemblés, ont donné des noms à tous leurs besoins ; et après un très grand nombre de siècles, les hommes de génie se sont servis comme ils ont pu, des termes établis au hasard par le peuple .
Il me paraît qu'il n'y a dans le monde que deux langues véritablement harmonieuses, la grecque et la latine . Ce sont en effet les seules, dont les vers aient une vraie mesure, un rythme certain, un vrai mélange de dactyles et de spondées, une valeur réelle dans les syllabes . Les ignorants qui formèrent ces deux langues, avaient sans doute la tête plus sonnante, l'oreille plus juste, les sens plus délicats que les autres nations .

Vous avez, comme vous le dites, monsieur, des syllabes longues et brèves dans votre belle langue italienne . Nous en avons aussi ; mais ni vous , ni nous, ni aucun peuple, n'avons de véritables dactyles et de véritables spondées . Nos vers sont caractérisés par le nombre, et non par les syllabes . La bella lingua toscane è la figlia primogenita del latino 3. Mais jouissez de votre droit d’aînesse, et laissez à vos cadettes partager quelque chose de la succession .

J'ai toujours regardé les Italiens comme nos maîtres ; mais avouez que vous avez fait de fort bons disciples . Presque toutes les langues de l'Europe ont aujourd’hui des beautés et des défauts qui se compensent . Vous n'avez point ces mélodieuses et nobles terminaisons des mots espagnols, qu'un heureux concours de voyelles et de consonnes rend 4 si sonores . Los ombres 5, las historias, los costumbres . Il vous manque aussi ces diphtongues qui dans notre langue font un effet si harmonieux . Les rois,6 les exploits, les histoires . Vous nous reprochez nos e muets , comme un son triste et sourd, qui expire dans notre bouche . Mais c'est précisément dans ces e muets, que consiste la grande harmonie de notre prose et de nos vers . Empire, couronne, diadème, flamme, tendresse, victoire . Toutes ces désinences heureuses laissent dans l'oreille un son qui subsiste encore, quand les doigts ne frappent plus les touches .

Avouez, monsieur, que la prodigieuse variété de toutes ces désinences, peut avoir quelque avantage sur les cinq terminaisons de tous les mots de votre langue . Encore, de ces cinq terminaisons, faut-il retrancher la dernière ; car vous n'avez que sept ou huit mots qui se terminent en u ; reste donc quatre sons a, e, i, o qui finissent tous les mots italiens.

Pensez-vous de bonne foi, que l'oreille d'un étranger soit bien flattée, quand il lit pour la première fois, Il capitano che'l gran sepolcro libero di Cristo, et che molto opro col' senno e colla mano ?7 Croyez-vous que tous ces o soient bien agréables à une oreille qui n'y est pas accoutumée ? Comparez à cette uniformité si fatigante pour tout étranger, comparez cette sécheresse, ces deux vers simples de Corneille :

Le destin se déclare, et nous venons d'entendre

Ce qu'il a résolu du beau-père et du gendre 8.

Voyez que chaque mot se termine différemment . Prononcez ces vers d’Homère :

Ex o dai ta prota diasteten erisanté

Atreides anax andron , kai dios Akilleus 9.

 

Qu'on prononce ces vers devant une jeune personne, soit anglaise soit allemande, qui aura l'oreille un peu délicate, elle donnera la préférence au grec : elle souffrira le français ; elle sera un peu choquée de la répétition continue des désinences italiennes . C’est une expérience que j'ai faite plusieurs fois .10
Vous vantez, monsieur,l’extrême abondance de votre langue ; mais permettez-nous de n'être pas dans la disette . Il n'est à la vérité aucun idiome au monde qui exprime toutes les nuances des choses . Toutes sont pauvres à cet égard : aucune ne peut exprimer, par exemple, en un seul mot, l'amour fondé sur la seule estime ou sur la beauté seule, ou sur la convenance des caractères, ou sur le seul besoin d'aimer . Il en est ainsi de toutes les passions, de toutes les qualités de notre âme . Ce que l'on sent le mieux, est souvent ce qui manque de terme .

Mais monsieur, ne croyez-vous pas que nous soyons réduits à l'extrême indigence que vous nous reprochez en tout . Vous faites un catalogue à deux colonnes de votre superflu et de notre pauvreté . Vous mettez d'un côté, imbroglio, alterigia, superbia ; et de l'autre , orgueil tout seul . Cependant, monsieur, nous avons orgueil, superbe, hauteur, fierté,11 élévation, dédain, arrogance, insolence, gloire (dans le sens de reproche) , gloriole, présomption, outrecuidance 12( mot très énergique et trop abandonné)13 . Tous ces mots expriment des nuances différentes, de même que chez vous, orgoglio, superbia, alterigia, ne sont pas toujours synonymes .

Vous nous reprochez dans votre alphabet de nos misères, de n'avoir qu'un mot pour signifier vaillant . Je sais monsieur, que votre nation est très vaillante 14 : l'Allemagne et la France ont eu le bonheur d'avoir à leur service de très braves et très grands officiers italiens .

L'italico valor non è ancor morto 15.

Mais si vous avez valente, prode, animoso ; nous avons vaillant, valeureux, preux, courageux, intrépide, hardi, animé, audacieux, brave, etc. Ce courage, cette bravoure, ont plusieurs caractères différents qui ont chacun leurs termes propres . Nous dirons bien que nos généraux sont vaillants, courageux, braves, etc. ; mais nous distinguerons le courage vif et audacieux du général 16 qui emporta, l'épée à la main, tous les ouvrages de Port-Mahon taillés dans le roc vif ; la fermeté constante , réfléchie, adroite, avec laquelle un de nos chefs sauva une garnison entière d'une ruine certaine, et fit une marche de trente lieues à la vue d'une armée ennemie de cinquante 17 mille combattants 18.

Nous exprimerons encore différemment l’intrépidité tranquille, que les connaisseurs admirèrent dans le petit-neveu 19 du héros de la Valteline 20, lorsque ayant vu son armée en déroute par la terreur panique de nos alliés, qui causa la nôtre 21, ayant aperçu le régiment de Diesbach et un autre qui faisaient ferme contre une armée victorieuse, quoiqu'ils fussent entamés par la cavalerie, et foudroyés par le canon, marcha seul à ces régiments, loua leur valeur, leur courage,leur fermeté, leur intrépidité, leur vaillance, leur patience, leur audace, leur animosité, leur bravoure 22, etc. Voyez, monsieur, que de termes pour un . Ensuite il eut le courage de ramener ces deux régiments à petits pas, et de les sauver du péril où leur valeur les jetait ; les conduisit en bravant les ennemis victorieux et eut encore le courage de soutenir les reproches d'une multitude mal instruite .

Verrez-vous encore, monsieur, que le courage, la valeur, la fermeté de celui qui a gardé Cassel et Gottingen 23 malgré les efforts de soixante mille ennemis très valeureux, est un courage composé d'activité, de prévoyance et d'audace . C'est aussi ce qu'on a reconnu dans celui qui a sauvé Vesel . Croyez , monsieur, que nous avons, dans notre langue, l'esprit de faire sentir ce que les défenseurs de notre patrie 24 ont le mérite de faire .

Vous nous insultez, monsieur, sur le mot de ragoût . Vous vous imaginez que nous n'avons que ce terme pour exprimer nos entrées de table 25. Plût à Dieu que vous eussiez raison ! Je m'en porterais mieux ; mais malheureusement, nous avons un dictionnaire entier de cuisine .

Vous vous vantez de deux expressions pour signifier gourmand . Mais daignez plaindre , monsieur, nos gourmands, nos goulus, nos friands, nos mangeurs, nos gloutons .

Vous ne connaissez que le mot de savant : ajoutez-y s'il-vous-plait, docte, érudit, instruit, éclairé 26; vous trouverez parmi nous le nom et la chose . Croyez qu'il en est ainsi de tous les reproches que vous nous faites . Nous n'avons point, dites-vous, de diminutifs : nous en avions autant que vous du temps de Marot et de Rabelais 27; mais cette puérilité nous a paru indigne de la majesté d'une langue ennoblie par les Pascal, les Bossuet, les Fénelon, les Pélisson, les Corneille, les Despréaux, les Racine, les Massillon 28. Nous avons laissé à Ronsard, à Marot, à Dubartas, ces diminutifs badins en otte et en ette ; et nous n'avons guère conservé que fleurette, amourette, fillette, grandelette : encore ne les employons-nous que dans le style familier . N'imitez pas le Buon-Mattei 29 qui, dans sa harangue à l'Académie de la Crusca ( que je respecte, et dont j'ai l'honneur d'être ) , fait tant valoir l'avantage 30 d'exprimer corbello et corbellino, en oubliant que nous avons des corbeilles et des corbillons .
Vous possédez, monsieur, des avantages bien plus réels ; celui des inversions, celui de faire plus facilement cent bons vers en italien, que nous n'en pouvons faire dix en français . La raison de cette facilité, c'est que vous vous permettez ces hiatus, ces bâillements de syllabes, que nous proscrivons . C'est que, tous vos mots finissant en a, e, i, o , que vous avez au moins , vingt fois plus de rimes que nous, et que par dessus cela vous pouvez encore vous passer de rimes 31.

Mais croyez-moi, monsieur, ne reprochez à notre langue , ni la rudesse, ni le défaut de la prosodie, ni l’obscurité, ni la sécheresse . Vos traductions 32 prouveraient le contraire : lisez d'ailleurs tout ce que M. l'abbé d'Olivet a 33 composé sur la manière de bien parler notre langue : lisez M. Duclos . Voyez avec combien de force, de clarté, d'énergie 34, s'expriment M. d'Alembert et M. Diderot . Quelles expressions pittoresques emploient souvent M. de Buffon et M. Helvétius dans des ouvrages qui n'en paraissaient pas susceptibles !

Je finis cette lettre trop longue , par une réflexion . Si le peuple a formé les langues, les grands hommes les perfectionnent par de bons livres ; et la première de toutes les langues, est celle qui a le plus d'excellents ouvrages .

J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec beaucoup d'estime pour vous et pour la langue italienne, etc.

Voltaire.

Au château de Ferney en Bourgogne,

ce 24 janvier 1761 . »

1 Cette lettre fut d'abord imprimée sous la forme suivante : LETTRE DE M. DE VOLTAIRE À M. DEODATI DE TOVAZZI, AU SUJET DE SA DISSERTATION sur l'excellence de la langue italienne, 1761 , quoique Deodati affirme dans une lettre du 21 septembre 1766 avoir publié cette édition, qu'il certifie « conforme à l'original », il est certain que V* n'y est pas étranger, ainsi qu'on peut le voir par exemple dans le second paragraphe de la lettre du 25 janvier 1761 à Damilaville . La lettre a été aussi imprimée séparément sous le titre Réponse de M. de Voltaire à M. Deodati de Tovazzi, 1761 . elle fut réimprimée avec une grande négligence dans les Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse, 1766 ; voir l' « Appel au public contre un recueil de prétendues lettres de M. de Voltaire » envoyé par V* au Journal encyclopédique du 15 novembre 1766  [https://fr.wikisource.org/wiki/Appel_au_public/%C3%89dition_Garnier]; d'autre part, V* republia la lettre dans le Commentaire historique, 1776 . quoiqu'il présente cette version comme une « copie fidèle » de l'original, il y a apporté nombre d''ajouts et de changements, la plupart insignifiants, mais parfois d'une certaine importance . Les principaux d'entre eux ont été enregistrés ici, tandis que le texte retenu est celui de l'édition originale .

2 G. L. Deodati de'Tovazzi, Dissertation sur l'excellence de la langue italienne, 1761 .

3 Le Tasse, La Jérusalem délivrée, I, 1,1-3 ; La belle langue toscane est la fille ainée du latin .

4 La première édition porte rende, qui est faux ; la seconde (Commentaire historique) corrige en rendent, qui n'est pas plus satisfaisant .

5 Précédé par Los rios dans la seconde édition .

6 Suivi par les empereurs dasn la seconde édition .

7 Le capitaine qui libéra le grand sépulcre du Christ et accomplit une œuvre immense à force de sens et de valeur .

9 Depuis le moment où se prirent de querelle l'Atride, chef des peuples, et le divin Achille ; Homère, Iliade, I, 67 . La transcription de V* du grec aux caractères romains est encore fautive (o pour ou, etc.)

10 La seconde édition insère ici le passage suivant : «  Vos poètes, qui ont servi à former votre langue, ont si bien senti ce vice radical de la terminaison des mots italiens qu'ils ont retranché les lettres e et o qui finissaient tous les mots à l'infinitif, au passif, et au nominatif ; ils disent amar pour amaré ; noqueron' pour noquerono ; la stagion pour la stagione ; buon pour buono ; malevol pour malevole . Vous avez voulu éviter la cacophonie ; et c'est pour cela que vous finissez très souvent vos vers par la lettre canine r, ce que les Grecs ne firent jamais . J'avoue que la langue latine dut longtemps paraître rude et barbare aux Grecs par la fréquence de ces ur, de ces um qu'on prononçait our et oum, et par la multitude de ces noms propres terminés tous en us ou plutôt en ous . Nous avons brisé plus que vous cette uniformité . Si Rome était pleine autrefois de sénateurs et de chevaliers en us, on n'y voit à présent que des cardinaux et des abbés en i .

11 Suivi dans la seconde édition par morgue .

13 Les deux parenthèses sont absentes dans l'édition 2 .

14 Suivi dans l'édition 2 par : quand elle veut et quand on le veut .

15 La valeur italienne n'est pas encore morte ; Pétrarque, Canzone all' Italia .

16 Richelieu .

17 Ed. 2 : trente .

18 Référence à la délivrance de Prague par Belle-Isle à la fin de 1742 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Prague_%281742%29

19 Le prince de Soubise qui commandait l'armée à Rossbach ; voir lettre du 15 novembre 1757 à JR Tronchin ; http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/30/il-parait-que-la-tete-tourne-a-plus-d-un-heros-ou-soi-disant.html

21 Qui causa la nôtre est remplacé par ce général dans l'ed. 2 .

22 Suivi par leur héroïsme dans ed. 2 .

23 Charles-François, comte de Broglie , avait permis par une énergique défense un succès mineur le 22 mars et obligé le prince Ferdinand à lever le siège de la ville de Cassel le 28 mars .

24 Suivi par ou de notre pays dans l'ed. 2 .

25 Ed. 2 : nos mets, nos plats, nos entrées de table, nos menus .

26 Suivi de habile, lettré dans Ed.2

27 Suivi de et de Montaigne dans Ed. 2 .

28 Ed. 2 a ajouté : les La Fontaine, les La Bruyère etc.

30 Ed .2 ajoute exclusif .

31 Ed. 2 continue : Vous êtes moins asservis que nous à l'hémistiche et à la césure . Vous dansez en liberté, e tnous dansons avec nos chaines .

32 Dans Ed. 2 suivi par : de quelques ouvrages français .

33 Remplacé dans Ed. 2 par : MM. d'Olivet et du Marsais ont .

34 Suivi dans Ed.2 par : et de grâce .

23/01/2016

Si nous avons la paix il faudra qu'elle descende du ciel .

... Et ce Dieu pacificateur pourrait-il se nommer Rafale ?...

...-Silence gêné du rédacteur- 

 

« A Jean-Robert Tronchin

Nous allons avoir deux Chimène ! Voici deux lettres de change pour les mieux recevoir . Mon cher correspondant que vous êtes aimable ! M. de Chimène se loue bien de votre réception . Avez-vous reçu de MM. Laleu et Tourton ? Si nous avons la paix il faudra qu'elle descende du ciel .

22 [janvier 1761] aux Délices 1.

1 Date complétée par Tronchin sur le manuscrit .

22/01/2016

D'Aubant fut amoureux d'elle et de sa principauté ; ils se marièrent

... Et eurent quelques enfants, sans trop savoir comment , ni pourquoi .

 

« A la comtesse Sabina von Bassevitz

Ferney, le 22 janvier 1761 1

[…] Une Polonaise, en 1722, vint à Paris et se logea à quelques pas de la maison que j'occupais ; elle avait quelques traits de ressemblance avec l’épouse du czarowitz . Un officier français, nommé D'Aubant, qui avait servi en Russie, fut étonné de la ressemblance ; cette méprise donna envie à la dame d'être princesse ; elle avoua ingénument à l'officier, qu'elle était la veuve de l'héritier de la Russie , qu'elle avait fait enterrer une bûche à sa place, pour se sauver de son mari . D'Aubant fut amoureux d'elle et de sa principauté ; ils se marièrent . D'Aubant , nommé gouverneur dans une partie de la Louisiane, mena sa princesse en Amérique . Le bonhomme est mort croyant fermement avoir épousé une belle-sœur d'un empereur d'Allemagne et la bru d'un empereur de Russie ; ses enfants le croient aussi et ses petits-enfants n'en douteront pas […]. »

1D'après une copie ancienne dérivant de l'édition qui a été suivie ; l'édition « Lettre de M. C.C. Gjoerwelle bibliothécaire du roi de Suède et directeur de la Société royale de Stockholm, aux auteurs de ce journal », Journal de Paris, 19 juillet 1782, présente ce t extrait par ces mots : «  Mais d'où vient donc ce bruit, et même cette persuasion, que la dame susdite, morte à Vitry, était la princesse en question ? C'est une chose qu'il faut absolument éclaircir à paris ; mais pour en indiquer au moins une occasion, je veux transcrire ici un morceau d'une lettre que feu M. de Voltaire a écrite à une dame allemande, distinguée autant par ses talents que par ses titres, Mme la comtesse de B*** , et qui vit encore à D. en Mecklembourg [...] » Voir aussi la lettre du 27 septembre 1760 à Schouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/22/comment-a-t-on-le-front-d-inventer-tant-de-circonstances-et-5748654.html

 

Ce n'est qu'avec les ennuyeux qu'on est ingrat

... Et tous nos candidats aux élections devraient bien le retenir faute de retenir leurs partisans désabusés et abusés .

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« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Au château de Ferney pays de Gex en Bourgogne

par Genève 22è janvier 1761

Madame, moi, n'avoir point écrit à Votre Altesse Sérénissime ? Moi coupable d'ingratitude ? Non, madame, il est impossible d'être ingrat avec vous . Il y a trop de plaisir à sentir et à exprimer les sentiments qu'on vous doit . Ce n'est qu'avec les ennuyeux qu'on est ingrat ; on ne l'est jamais envers les vertus aimables .

J'ai eu l'honneur d'écrire à Votre Altesse Sérénissime tant que j'ai eu un souffle de vie . Et l'état de faiblesse où je suis me force aujourd’hui de vous remercier de vos bienfaits par une main étrangère . Je reçois le paquet de Mme de Bassevitz ; je vais la remercier ; mais elle permettra que je commence par madame la duchesse de Gotha .

Je m’étais bien donné de garde, madame, d'adresser par la poste, les volumes du Czar Pierre . Le port immense qu'ils auraient coûté eût été une indiscrétion , et le paquet ne valait pas cette dépense . J’envoyai le petit ballot par le commissionnaire Oboussier, de Lausanne ; il m’a plusieurs fois assuré que le paquet était arrivé à Francfort . Je lui écris encore aujourd'hui pour savoir le nom de son correspondant . Le peu de sureté des voitures publiques, est, à la vérité, le plus petit malheur de la guerre, mais il ne laisse pas d'en être un . Quand finira-t-elle donc madame cette guerre funeste ? Mme de Bassevitz n'en souffre-t-elle pas beaucoup ? Son pays n'est-il pas dévasté et rançonné ? Oserais-je madame, prendre la liberté de vous demander où est à présent M. le landgrave de Hesse ? Serait-il vrai qu'il fût gardé à vue ; et qu'on ne pût lui écrire les choses les plus simples , qu'en courant quelque risque ? N'est-ce encore là un des effets de cette guerre maudite ?

Un de mes étonnements est que le roi de Prusse ait pu envoyer un détachement de son armée, à celle de ses alliés . Depuis Mithridate on n'a jamais résisté si longtemps ; il fut vaincu par les Romains, mais le Mithridate d'aujourd'hui est le seul Romain que je connaisse . Son poème sur l'art de la guerre est très bien traduit en italien . Il est plus aisé de traduire ses vers , que d'imiter ses exemples . Je me mets aux pieds de Votre Altesse Sérénissime, et à ceux de toute votre auguste famille, avec le plus profond et le plus tendre respect .

Le vieux Suisse V.

La grande maîtresse des cœurs, m'a-t-elle entièrement oublié ?

Je ne doute pas que Votre Altesse Sérénissime n'ait un ministre à Paris, mais si elle n'en avait pas, elle me permettra de lui recommander un Genevois nommé Cromelin dont je réponds comme de moi-même . Elle en serait quitte je crois pour 1 200 livres de France par an ou à peu près et elle serait fidèlement servie .

Son Altesse Sérénissime permet-elle qu'on insère ici cette lettre pour Mme de Bassevits ? »

 

Rien n'est si bon que la messe, mais les assassins ne doivent pas la dire

... Pas plus que ceux qui vivent du meurtre , toutes religions confondues, ne doivent se prosterner devant un Dieu ou un prophète de quelque sorte qu'il soit et s'en glorifier .

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« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

Aux Délices 22janvier 1761 1

Je vois, monsieur, que vous vous intéressez au sieur de Croze . Son fils a été en effet en danger de mort pendant quinze jours . Il mérite votre compassion . Je savais que les curés du pays de Gex étaient fort insolents, mais je ne croyais pas qu'ils fussent assassins . On trouve fort étrange que les complices aient été décrétés de prise de corps, et que le chef n'ait été assigné que pour être ouï ; on trouve encore plus étrange qu'il dise la messe . Rien n'est si bon que la messe, mais les assassins ne doivent pas la dire . Vous entendez d'ici les cris de Genève . Ce n'est pas à ses portes qu'un prêtre doit être impuni . On espère que le parlement éclairera ou rectifiera la conduite des juges subalternes, et surtout on espère beaucoup de votre protection et de votre justice .

Je me flatte monsieur que je n'entendrai jamais parler de Charles Baudy 2, et que vous conserverez votre amitié à l'homme du monde qui la désire le plus et qui en est infiniment honoré .

V. »

1 L'édition Desnoireterres est limitée à de brefs extraits ; Émile Desserre dans La Vie littéraire à Dijon au XVIIIè siècle, 1902,[https://archive.org/stream/lavielittraire00debe/lavielitt...] suit pour la date une mention portée sur le manuscrit : «  Volt. jer 1760. De Croze et l'infamie du bois de Charlot. »

2 Dans une lettre non datée mais à peu près contemporaine de Charles De Brosses à V*, on apprend que ce « Charlot Baudy » avait, à la demande de De Brosses livré pour 42 écus de bois à V* . Celui-ci les considérant comme un don du président avait refusé de payer Baudy ; sur quoi celui-ci s'était retourné vers De Brosses à qui il demandait le paiement, ce à quoi ce dernier se refusait ; voir la lettre du 30 janvier 1761 à de Brosses  en réponse à celle du 22 janvier 1761 de ce dernier qui dit «  Agréez , monsieur, que je vous demande l'explication d'une chose tout à fait singulière que je trouve dans le compte de mes affaires que l'on vient de m'envoyer du pays de Gex, pour les années 1759 et 1760 . C'est à l'article des paiements qu'a faits le nommé Charlot Baudy, d'une coupe de bois que je lui avait vendue avant notre traité . Il me porte en compte et en paiement « quatorze moules de bois vendus à M. de Voltaire à trois patagons le moule [patagons = coins d'Espagne, au sens d'écus] » . Et comme il pourrait paraître fort extraordinaire que je payasse le bois de la fourniture de votre maison, il ajoute pour explication , qu'ayant été vous demander le paiement de sa livraison , vous l'aviez refusé en affirmant que je vous avais fait don de ce bois . » . Après quelques explications circonstanciées, De Brosses conclut : « J'espère que vous voudrez faire incontinent payer cette bagatelle à Charlot, parce que, comme je me ferai certainement payer de lui, il aurait infailliblement aussi son recours contre vous, ce qui ferait une affaire du genre de celles qu'un homme tel que vous ne veut point avoir . »

21/01/2016

cet évêque prouve que Moïse était inspiré de Dieu, parce qu'il n'enseignait pas l'immortalité de l'âme

... Ce qui n'est guère plus curieux que de rapporter la qualité remarquable de Mohammed, autre inspiré de Dieu, au fait qu'il a voyagé dans les airs avec son copain Gabriel l'emplumé . Nos premiers cosmonautes , Jésus-Christ et Mohammed , prédécesseurs de Youri Gagarine, voila de quoi nous rendre modestes, non ?

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

A Ferney le 21 janvier [1761] 1

Reçu le petit livre royal de moribus Brachmanorum 2. Me voilà plus confirmé que jamais dans mon opinion que les livres rares, ne sont rares que parce qu'ils sont mauvais ; j'en excepte seulement certains livres de philosophie qui sont lus des seuls sages, que les sots n'entendraient pas et que les sots persécutent .

Je reçois aussi La Divine Légation de Moïse 3, de l'évêque Warburton, dans laquelle cet évêque prouve que Moïse était inspiré de Dieu, parce qu'il n'enseignait pas l'immortalité de l'âme . »

1 Il ne s'agit sans doute que d'un extrait de lettre, fondu, sur la copie de Kehl, avec des extraits de la lettre du 25 janvier 1761 à Damilaville et Thieriot .

2 De saint Ambroise .

3 Sur The Divine Legation of Moïse..., voir lettre de janvier-février 1756 à Gabriel et Philibert Cramer où V demande cet ouvrage ; The Divine Legation of Moïse demonstrated on the principles of a religion deist, 1755, que V* après deux ans de requêtes finira par obtenir d'un voyageur anglais ; voir lettre à George Keate du 26 octobre 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/15/ni-moise-ni-les-prophetes-ne-connurent-jamais-rien-de-l-immo.html