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20/02/2014

les grâces et le bon goût sont bannis de France, et ont cédé la place à la métaphysique embrouillée, à la politique des cerveaux creux, à des discussions énormes sur les finances, sur le commerce, sur la population

... L'histoire est un éternel recommencement, et les défauts français une constante ridicule . Comment peut-on être aussi bête au XXIè siècle qu'au XVIIIè ? Le progrès ne se serait-il donc limité qu'à nos moyens de locomotion , de télécommunication, de faire de l'esbrouffe ?

Pitoyable gouvernement aux mains de pitoyables fonctionnaires !

 http://www.contrepoints.org/2013/07/18/131119-pendant-que-la-maison-brule-letat-peint

pitoyable fonctionnaire.jpg

 Je vois aussi l'Etat feignant !

 

« A Marie-Anne Fiquet du BOCCAGE.

Aux Délices, 2 février 1759.



Qui les a faits, ces vers doux et coulants, 1
Qui comme vous ont le talent de plaire?
Pour moi, j'ai dit en voyant ces enfants :
A leurs attraits je reconnais leur mère.

Quoi! vous louez ma retraite, mes goûts,
Les agréments de mon séjour champêtre !
Vous prétendez que, même loin de vous,
Je suis heureux, et sage aussi peut-être.

Il est bien vrai que la félicité
Devrait loger sous l'humble toit du sage.
Je la cherchai dans mon doux ermitage;
Elle y passa; mais vous l'avez quitté.



Ou les vers en et en age que j'ai reçus de Paris sont de vous, madame, ou il y a quelqu'un qui vous ressemble et qui vous vaut bien. Pardonnez-moi si je vous ai soupçonnée sans hésiter. J'ai cru reconnaître votre écriture, et j'ai la vanité de croire que je ne me méprends pas à votre style; ce n'est point un jugement téméraire d'accuser les gens des actions qu'ils sont accoutumés de commettre.
Je ne trouve rien à dire contre ma retraite, sinon que vous habitez Paris. Je suis comme le renard 2 sans queue qui voulait ôter la queue à ses camarades.
Je voudrais que les personnes à grands talents me justifiassent, moi qui ai pris le parti de me retirer parce que je n'en ai que de petits. Je vois qu'en général petits et grands ne trouvent guère que des jaloux et de très-mauvais juges. Il me paraît que les grâces et le bon goût sont bannis de France, et ont cédé la place à la métaphysique embrouillée, à la politique des cerveaux creux, à des discussions énormes sur les finances, sur le commerce, sur la population, qui ne mettront jamais dans l'État ni un écu ni un homme de plus. Le génie français est perdu ; il veut devenir anglais, hollandais, et allemand. Nous sommes des singes qui avons renoncé à nos jolies gambades, pour imiter mal les bœufs et les ours. La Tocane et La Goutte 3 de Chaulieu, qui ne contiennent que deux pages, valaient cent fois mieux que tous les volumes dont on nous accable. On croit être solide, on n'est que lourd et lourdement chimérique.
Est-il vrai, madame, que le parlement 4 fait brûler le livre de l'Esprit ? Passe encore pour des mandements d'évêque; mais de gros in-quarto scientifiques ! Sont-ce là des procès à juger dans la cour des pairs ?
M. de Cideville est-il à Paris ? Je lui ai écrit dans sa rue de Saint-Pierre ; peut-être n'y est-il plus. Voyez-vous souvent le grand abbé du Resnel ? Ces deux messieurs me paraissent à moitié sages ; ils passent six mois au moins hors de Paris. Pardon, madame ; non, ils ne sont point sages du tout, ni moi non plus ; ils vous quittent six mois, et moi pour toujours !
Daignez m'écrire, si vous voulez que je ne sois pas à plaindre. Pardonnez, madame, à un malingre, s'il n'a pas l'honneur de vous écrire de sa main ; son corps est faible, mais son cœur est rempli pour vous des sentiments les plus vifs d'estime et d'attachement. Il en dit autant à M. du Boccage. »

1 Il n'y en a pas de trace dans le Recueil des œuvres de Mme du Boccage, 1770 .

3Sur la première attaque de goutte que j'eus : http://www.verse.fr/show.php?table=poems&id=1756

4 De l'esprit avait paru à la fin juillet 1758 ; le 10 août 1758 le privilège avait été retiré ; en septembre, Helvétius avait envoyé un exemplaire du livre à V* (voir lettre du 23 septembre 1758 à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/03/mon-grand-plaisir-serait-de-n-avoir-affaire-de-ma-vie-ni-a-u.html

L'ouvrage fut dénoncé à la Sorbonne mais la condamnation officielle n'intervint que le 9 avril 1759 ; la nouvelle dont fait état V* est donc prématurée . L'arrêt du parlement est du 6 février, mais le réquisitoire d'Omer Joly de Fleury est du 29 janvier 1759.

 

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 Bon  anniversaire Monsieur François-Marie de VOLTAIRE

PS- J'ai failli oublier le premier 320è  anniversaire (car il y en aura un deuxième  cette année,  qui pourtant n'est pas bissextile ) de naissance du grand homme afin de respecter sa décision d'avoir le 20 février 1694 pour date de mise au jour .

19/02/2014

quand on a fortement résolu de réussir, il est rare qu'on échoue. Il faut discrétion, protection, courage, patience

... Combien de candidats aux élections de toutes sortes n'ont pas l'ombre d'une des qualités précitées et pourtant sont élus, ce qui , à mes yeux, est un encouragement à la médiocrité au mieux, à la malfaisance au pire.

 Cope-Minable.jpg

 La race des lapins crétins a un superbe président (bling bling de pacotille, à la Ségéla/Sarko)

 

« A Cosimo Alessandro COLLINI.

gouverneur
de M. le comte de Sauer

à l'hôtel de Noailles

à Strasbourg
Si vous voulez entreprendre et suivre l'affaire de la restitution de vos effets, mon cher Colini, il faut courage et patience, et vous en viendrez à bout. Il est nécessaire que vous alliez à Francfort, dussiez-vous y aller en pèlerin. M. de Sauer doit vous aider; je vous ferai toucher quelque argent à Francfort ; vous aurez des lettres de recommandation pour Vienne, et Mme de Bentinck pourra vous y être utile. Il n'est point étonnant que vous ayez attendu le moment favorable qui se présente 1. Vos anciennes protestations subsistent. Votre petite cassette, où étaient vos effets, était dans une des malles dont on s'empara. Vous pouvez me citer, j'agirai en temps et lieu. Il est certain qu'un homme qui s'est emparé des malles et effets d'un voyageur, sans faire d'inventaire et sans forme juridique, est tenu de rendre tout ce qu'on lui redemande. Il n'est question que d'aller secrètement à Francfort avec des lettres de recommandation, et de bien songer que, quand on a fortement résolu de réussir, il est rare qu'on échoue. Il faut discrétion, protection, courage, patience, et vous avez tout cela.

[2 février 1759] »

 

18/02/2014

Je quitterai mes épinards et mon persil pour vos trois mille plantes de l'Asie et de l'Afrique

... S'écria Popeye dans un dernier éclair de lucidité, ou de folie devant une boutique d'herboriste chinois .

 

popeye.jpg

 

 http://www.viesaineetzen.com/recette/le-popeye-c%C3%A9leri-rave-%C3%A9pinard-persil-orange

 

 

« A Caroline-Louise de Hesse-Darmstadt, margravine de BADEN-DOURLACH.
Aux Délices, 2è février 1759.
Madame, la lettre 1 dont Votre Altesse sérénissime m'honore est un bienfait nouveau qui me remplit de reconnaissance, et un nouveau charme qui m'attache à elle. Vos pastels 2, madame, votre plume, vos bontés, vous font des sujets ou plutôt des esclaves dans un pays libre.

 


Tout me plaît en vous, tout me touche;
Parlez, belle princesse, écrivez ou peignez;
Les Grâces, par qui vous régnez,
Ou conduisent vos mains, ou sont sur votre bouche.


 


J'ai une bien forte tentation, madame, de quitter dans les beaux jours de l'été mes petits ermitages, mes petits châteaux ou chaumières, pour venir me mettre aux pieds de Vos Altesses sérénissimes, dans le palais du meilleur goût que j'aie jamais vu. Je quitterai mes épinards et mon persil pour vos trois mille plantes de l'Asie et de l'Afrique; mes petits bois pour votre immense forêt 3 de Dodone ; mes lièvres pour vos chevreuils ; enfin ma liberté pour les belles chaînes dont vous enchaînez tous ceux qui ont l'honneur de vous approcher.
J'ai perdu dans Mme la margrave de Baireuth une princesse qui m'honora toujours d'une bonté inaltérable ; je retrouve en vous, madame, son esprit, ses talents, et ses grâces, et tout cela très-embelli ; je voudrais mériter d'y retrouver la même bienveillance.
Fasse le ciel que le Saint-Empire romain, qui est sens dessus dessous depuis trois ans, puisse être aussi tranquille, l'été prochain, qu'on l'est dans le beau séjour du Repos de Charles 4 ! Le midi de l'Allemagne est bien heureux : il ne se ressent point des horreurs de la guerre, et il vous possède. On attend la mort du roi d'Espagne pour troubler le reste de l'Europe. Milord Maréchal, ou M. Keith, gouverneur de Neufchâtel, vient de passer par nos Alpes pour aller négocier en Italie; on dit que ce n'est pas pour la pacification générale. Mais, madame, pourquoi vous parler de nouvelles ? Il est plus doux de s'entretenir de monseigneur le margrave 5 et de vous.

Je suis avec le plus profond respect,

madame,

de Votre Altesse sérénissime,

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.
Elle pardonnera à un pauvre malade qui ne saurait écrire de sa main. »

1 « De madame la margrave de Baden-Dourlach.
A Carlsruhe, le 17 janvier [1759].
Monsieur, je commets peut-être une indiscrétion de vous dérober des moments dont vous savez faire un meilleur usage ; mais pouvez-vous penser que je puisse recevoir vos vers * charmants, que j'admire en rougissant, et en étouffer ma reconnaissance? Non, en vérité, je ne le puis. Je ne suis pas digne de votre lyre, monsieur, je le sais, mais réellement de votre amitié.
Ne la refusez donc point à l'estime la plus pure et la plus vraie. Je fais de bien sincères vœux pour votre santé. Tout m'y intéresse ; et la promesse que vous me donnez, monsieur, de vous revoir ** chez nous me les fait redoubler d'ardeur. J'y mets même une telle confiance que je sens déjà toute la joie de pouvoir vous assurer de vive voix de cette considération et de cette estime distinguée que l'on vous doit, et avec lesquelles j'ai l'honneur d'être plus que personne au monde, monsieur, votre, etc.
Caroline, margrave de Bade-Dourlach.
P. S. Lé margrave, transporté de joie d'oser espérer de vous revoir cet été, monsieur, et pénétré de vos mérites, m'ordonne de vous tenir compte de ses sentiments, et de vous dire combien il est sensible à ceux que vous voulez bien témoigner pour lui. »

*. Ces vers, et la lettre qui les accompagnait sans doute, nous sont inconnus. (Clogenson.)
**. Voltaire, lors de son voyage à Schwetzingen (juillet et août 1758), avait passé par Carlsruhe. (Clogenson.)

3 Celle de Hardtwald.

4 Ce qui est la traduction de Karls ruhe , ville fondée en 1715 par le margrave Charles-Guillaume.

5 Charles-Frédéric, né en 1728, fils et successeur de Charles-Guillaume.

 

17/02/2014

Je m'en remets à vos lumières, à votre crédit et à la bourse de la république

... Ont du se dire in petto les chefs d'entreprises à qui notre président le bien aimé (mais d'une seule personne, et encore je ne crois pas que ça dure autant que les impôts) a fait des mamours .

 Money ! money résonnait en écho sous le crâne de tous . Ou "comment faire gonfler la bourse !"

http://www.youtube.com/watch?v=wy04c-6DEgE

 bourse de la republique.png

 

« A Louise-Suzanne Gallatin

de Vaudenet

[janvier-février 1759]

Avec 500 livres que ferons-nous ma chère et respectable voisine ? puisqu'avec mille livres nous n'aurions pas notre compte . Je m'en remets à vos lumières, à votre crédit et à la bourse de la république, je suis à vos ordres avec le plus tendre respect .

V. »

 

16/02/2014

En tout cas, Berne a de bonnes lois

...  Bonnes ou non, c'est selon le point de vue du citoyen helvétique, lequel citoyen, par votation récente, se fait fort d'imposer des quotas d'immigration .

Je conçois assez mal comment ils vont calculer les chiffres à respecter, pourcentage ? nombre absolu ? L'ironie de l'histoire  est que ce sont les cantons recevant le moins d'étrangers qui ont jugé ceux-ci les plus indésirables . Ces Suisses qu'on dit de la Suisse profonde ne voient pas plus loin que le bout de leur jardinet propret sur lequel flotte le drapeau national, ils se contentent évidemment de faire fructifier les capitaux étrangers, seuls étrangers à se faire naturaliser d'un trait de plume ou clic de souris et qui ne risquent pas de reconduite à la frontière .

 A suivre ...

 

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« A Élie BERTRAND
Aux Délices, 30 février 1 [janvier] 1759 .

 Il faut vous mettre au fait, mon cher ami, d'une friponnerie typographique qu'on fait à Lausanne. Il y a déjà onze feuilles d'imprimées d'un libelle intitulé La Guerre de M. de V.... 2; il contient des lettres supposées sur quelques pairs anglais, sur le roi de Prusse, sur Calvin, sur plusieurs particuliers. On soupçonne un nommé Grasset d'être l'imprimeur. Ce Grasset est un fripon chassé de Genève. On dit qu'un M. Darnay 3, fils du professeur , ci-devant associé de Bousquet 4, a les feuilles chez lui. En tout cas, Berne a de bonnes lois. J'en écris à Leurs Excellences, et surtout à M. de Freudenreich. Je n'ai que le temps de vous en faire part, et de vous demander assistance in hoc genere pravitatis 5. Je vous embrasse de tout mon cœur.

V.
P. S. Le catéchiste Chavanes 6, de Vevay, n'est point, à ce qu'on m'assure avec serment, l'auteur du libelle. Allamand est homme à être informé de cette intrigue; mais je ne veux pas lui écrire.7 »

1 Lapsus calami, le 30 février n'a pas lieu d'exister même les années bissextiles !

2 La Guerre littéraire, ou Choix de quelques pièces, de M. de V***; voir lettre du 27 décembre 1758 à de Brenles : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/01/12/l...

4 Marc-Michel Bousquet, imprimeur à Lausanne : http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F44384.php

5 Dans ce cas de scélératesse .

6 Voir encore lettre du 27 décembre 1758 à de Brenles .

7 Du Pan écrit le 31 janvier 1759 à Freudenreich au même sujet : « On dit que ce M. Darnex aidé de Grasset fait imprimer actuellement à Lausanne un recueil de diverses pièces dont quelques unes sont de Voltaire, ou prétendues de lui […] et les autres pièces sont des réponses des critiques, ou des insultes à Voltaire, le tout accompagné de notes piquantes et injurieuses à Voltaire . Cet ouvrage dont l'impression est déjà avancée, aura pour titre Supplément aux œuvres de Voltaire . Ce livre a déjà été annoncé à Paris par l'éditeur . Voltaire le sait, mais il n'en connait que le titre, il ignore qu'on rassemble dans ce volume toutes les invectives qui ont été débitées contre lui [...]Si ce livre est publié, on aura raison de croire qu'il jouit de bien peu d'estime et de considération à Lausanne et à Berne [...]Je vous prie donc , mon cher ami, de voir et d'examiner par quels moyens, s'il y en a, l'on pourrait arrêter le cours de cette impression [...] »

 

15/02/2014

Souviens-toi de moi et qu'un homme libre visite un homme libre

... C'est ce qu'aurait pu dire notre François à Barak .

 DSCF7837 homme libre.png

 

 

« Au comte Francesco ALGAROTTI.
Aux Délices, 27 janvier [1759].

Tout le peuple commentateur
Va fixer ses regards avides
Sur le grave compilateur
De l'Histoire des Néréides 1.


Mais si notre excellent auteur
Voulait publier sur nos belles
Des mémoires un peu fidèles,
Il plairait plus à son lecteur.

Près d'elles il est en faveur,
Et magna pars 2 de leur histoire ;
Mais c'est un modeste vainqueur
Qui ne parle point de sa gloire.

 
Il Pascali 3 è un traditore 4; ho niente ricevuto da sua parte. Mi accorgo bene che un furbo catolico libraio non ha la minima corrispondenza coi furbi libraj calvinisti ; pero i fratelli Cramer di Ginevra sono uomini onesti e di gardo ; ma il vostro Pascali è un bricone, ed io sono arrabbiato contro di lui.5
Si jamais, dans vos goguettes, vous vous remettez à voyager, n'oubliez pas de passer par les confins de Genève, où j'ai acquis de belles terres que je ne dois pas à Argaleone 6.

Vive memor nostri, and let a free man visit a free man.7
A jamais votre très-humble, et obéissant serviteur

Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, comte de Tournay . »

2 Une grande partie ; c'est un écho de Virgile, Enéide , II,6.

3 Pascali ou Pasquali, éditeur vénitien .

4 Kehl ajoute ici : come tutti i libraji .

5 Pascali est un traitre . Je n'ai rien reçu de sa part . Je vois bien qu'un libraire catholique fourbe n'a pas le moindre rapport avec des libraires calvinistes fourbes . Pourtant les frères Cramer de Genève sont des hommes honnêtes et de parole . Mais votre Pascali est un brigand, et je suis furieux contre lui .

6 Le roi de Prusse ainsi qu'on l'a vu dans la lettre du 2 septembre 1758 à Algarotti : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/10/14/temp-067c4a2d4104530d19a456670bd9ad3a-5195701.html

7 Souviens-toi de moi et qu'un homme libre visite un homme libre .

 

14/02/2014

Elle dépense un argent infini à courir, et à plaider . Si elle s'était tenue tranquille elle serait à présent plus riche que lui

... Mais de qui s'agit-il ?  Quel divorce ?

Serait-ce celui de Anne Heche ? Illustre inconnue de moi-même et de mon chat, que je n'ai pas eu beaucoup de mal à trouver pour illustrer les propos de Voltaire : http://www.staragora.com/news/le-divorce-de-anne-heche-lui-coute-bonbon/91493

 ruinée par un divorce.jpg

 

 NDLR - Ceci est ma deux mille et unième note mise en ligne , et je compte bien aller au delà du troisième millier en ce troisième millénaire après Jules César (J. C.) . Mais quelle malice m'a poussé à parler de divorce le jour de la Saint Valentin  ?

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

major des gardes du prince d'Orange

à Lausanne

Aux Délices 26 janvier [1759]

J'allais, monsieur, vous faire mon triste compliment lorsque j'ai reçu votre lettre . La première idée que j'ai eue a été la crainte que votre régiment ne reçut quelque contrecoup de ce triste événement 1. Mais vous me rassurez en me disant que M. le prince de Brunswik est à la tête de tout . Je désire passionnément qu'il ait autant de crédit que de bonne volonté et qu'on ne sacrifie pas les plus belles troupes de terre , à la marine . Je conçois qu'il n'y a pas moyen de vous prêter cet hiver à vos amusements . Oserai-je vous supplier de vouloir bien dans vos moments de loisir, m'instruire de votre sort ? Vous ne pouvez avoir cette condescendance que pour quelqu'un qui prenne un intérêt plus vif que moi à tout ce qui vous regarde . Vos singuliers talents et les agréments de votre esprit ne sont pas le seul mérite qui m'attache à vous . Vous devez aller à grand pas aux places que M. le général Constant 2 a si dignement remplies . J'espère que la mort de son Altesse Royale ne nuira point à votre avancement . J'ai peur que ces circonstances ne vous rappellent en Hollande . En ce cas je quitterais bien vite mes petits châteaux et mes ouvriers pour venir prendre congé de vous .

M. de Bentinck est-il du conseil de tutelle ? Il paraît qu'il n'est pas de celui de sa femme . Elle dépense un argent infini à courir, et à plaider . Si elle s'était tenue tranquille elle serait à présent plus riche que lui . Toute ma famille vous présente ses obéissances . Je prie madame d'Hermenches et toutes vos dames de vouloir bien agréer mon profond respect . 

V.

Me voici velours à trois couleurs, français, genevois et suisse . On en est infiniment plus libre et c'est à quoi j'ai toujours visé .»

1 Peut-être la mort d'Anne d'Angleterre, princesse d'Orange, survenue le 12 janvier et dont il est question plus loin .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_de_Hanovre

2 Père de David-Louis : Samuel, baron de CONSTANT de REBECQUE, lieutenant-général, né le 26 novembre 1676 à Lausanne, mort le 6 janvier 1756 à Lausanne .