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21/09/2012

de bons ridicules et de grands seaux d'eau, c'est la seule façon d'apaiser tout.

... Si au moins c'était possible !

Mais je crois qu'il faudra plus que ça pour apaiser les fanatiques islamistes . Ils sont pauvres doublement, pécunièrement et en esprit, donc doublement faciles à duper . "S'il y a un complot, je n'ai rien à dire" dit Voltaire, et moi au contraire j'affirme que s'il y a complot, et j'en suis sûr malheureusement, il ne reste qu'à trouver à qui profite le crime pour trouver les véritables coupables de ces tueries .

Inch Allah, mais attache bien ton chameau !

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« A M. de CIDEVILLE. 1

A Monrion, le 16 janvier [1757].

Nous vous sommes très-obligés, monsieur, de nous avoir rassurés sur l'état du roi, après nos justes alarmes. Toutes les nouvelles s'accordent à dire qu'il est très-bien, et que cette affreuse catastrophe ne peut avoir aucune suite fâcheuse. Il est fort à désirer qu'on puisse faire parler ce monstre.
C'est certainement un fou fanatique; mais, s'il a des complices, il est bien essentiel de les connaitre. Mandez-moi tout ce que vous saurez. Nous sommes fort étonnés que vous n'ayez pas encore l'édition de mon oncle et l'
Histoire générale. Il écrit positivement à M. Cramer pour qu'elle vous soit envoyée sur-le-champ. Nous sommes à Monrion depuis huit jours, et nous ne nous y portons pas trop bien l'un et l'autre. Ecrivez-nous toujours aux Délices, car peut-être y retournerons-nous bientôt.
J'espère qu'après tant d'alarmes tout sera tranquille dans Paris avant quinze jours. Si l'on avait fait des petites-maisons pour le clergé et le parlement, et qu'on eût jeté sur leurs querelles tout le ridicule qu'elles méritent, il y aurait eu moins de têtes échauffées, et par conséquent moins de fanatiques. Le public a mis trop d'importance à ces misères;
de bons ridicules et de grands seaux d'eau, c'est la seule façon d'apaiser tout.
Mon oncle a fait à notre siècle plus d'honneur qu'il ne mérite, quand il a dit que la philosophie avait assez gagné en France, et que nos mœurs étaient trop douces actuellement pour craindre que les Français pussent dorénavant assassiner leur roi. Il est désespéré de s'être trompé, car il aime véritablement et la France et son roi; mais
un fou ne fait pas la nation. Le roi est aimé, et mérite de l'être, à tous égards.
Adieu, monsieur; songez quelquefois à vos amis des Délices, et soyez persuadé qu'ils ont pour vous la plus tendre et la plus inviolable amitié. Il faut, mon cher et ancien ami, que la tête ait tourné à ce huguenot de Cramer, qui m'avait tant promis de vous apporter mes guenilles.
Les étrangers me reprochent d'avoir insinué, dans plus d'un endroit, que, vous autres Français, vous êtes doux et philosophes. Ils disent qu'on assassine trop de rois en France pour des querelles de prêtres. Mais un chien enragé d'Arras, un malheureux convulsionnaire de Saint-Médard, qui croit tuer un roi de France avec un canif à tailler des plumes, un forcené idiot, un si sot monstre a-t-il quelque chose de commun avec la nation? Ce qu'il y a de déplorable, c'est que l'esprit convulsionnaire a pénétré dans l'âme de cet exécrable coquin. Les miracles de ce fou de Paris, l'imbécile Montgeron, ont commencé, et Robert-François Damiens a fini. Si Louis XIV n'avait pas donné trop de poids à un plat livre de Quesnel, et trop de confiance aux fureurs du fripon Le Tellier, son confesseur, jamais Louis XV n'eût reçu de coup de canif. Il me parait impossible qu'il y ait eu un complot: en ce cas, je suis justifié des éloges de ma nation; s'il y a un complot, je n'ai rien à dire.

Je vous embrasse tendrement, vous et le grand abbé 2. N'oubliez jamais votre vieux et très-attaché camarade V. »

1 Les quatre premiers alinéas de cette lettre sont de la main de Mme Denis; les trois derniers sont de l'écriture de Voltaire.

2 L'abbé du Resnel : Jean-François du Resnel du Bellay : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Du_Resnel...

 

20/09/2012

Je prendrais la liberté de le supplier de m'envoyer des graines de ses melons

... Avant que je mange les pissenlits par la racine ! Certains disent "bâtir, passe encore mais planter à cet âge ", ce qui m'inquiète un peu connaissant la rapidité de la croissance de ces cucurbitacées ; oserait-on insinuer que je ne passerai pas l'été prochain ?

 Toujours est-il que les courges et citrouilles qui devaient orner le ventre du géant du château de Voltaire ont dû se métamorphoser en carrosses discrètement, car nous avons eu des fleurs, oui, mais des citrouilles point . Misère à poil, pas de gratin de courge, pas de soupe au potiron .

Cessons ces divagations, ô melon hallucinogène

Hiiipss !!

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« A madame Sophie-Frédérique-Wilhelmine de Prusse, margravine de BAIREUTH

A Monrion, janvier (1757).

Madame, souffrez que je vous réitère mes vœux pour la santé de Votre Altesse royale, et que je la remercie de ce qu'elle a bien voulu m'assurer, par M. le marquis d'Adhémar 1, de la continuation de ses bontés. Je prends la liberté de lui envoyer des nouvelles de Paris qui pourront lui paraître extraordinaires, et qui exerceront sa philosophie.
J'ignore si Votre Altesse royale a reçu les exemplaires de l'histoire 2 que je mets à ses pieds. Je me flatte que le roi son frère 3 continuera à fournir les plus beaux monuments de l'histoire moderne. Mais c'est à César qu'il appartient d'écrire ses Commentaires.
Je suis encore persuadé qu'il se souviendra qu'il m'a tiré de ma patrie; que je quittai pour lui mon roi, mon pays, mes charges, mes pensions, ma famille.
Je prendrais la liberté de le supplier de m'envoyer des graines de ses melons 4, et je demanderais la protection de Votre Altesse royale s'il était à Berlin. Mais il a autre chose à faire qu'à honorer de ses melons mes potagers.
Que Votre Altesse royale et monseigneur daignent toujours agréer le profond respect et les prières de
Frère VOLTAIRE » 

1 Antoine Honneste de Monteil de Brunier , marquis d'Adhémar, officier dans le régiment d'Heudicourt-cavalerie, dit le Saint et qui selon Mme de Graffigny, semblait tomber toujours des nues et « ne savait pas plus les usages que s'il venait du Monomotapa » . Il était « ami des philosophes ».

2 L'Histoire générale de Charlemagne ...etc.

3 Frédéric II de Prusse .

4 V* sollicité par Frédéric II de se rendre auprès de lui craignait de perdre dans sa cour sa liberté et son repos . Il refusa d'abord sous prétexte de la rigueur du climat de Berlin . D'Argens, La Mettrie et d'Algarotti furent chargés par le roi de lui écrire et le rassurer sur ce point . Darget , secrétaire du roi, joignit aux lettres un certificat en vers accompagné de deux melons cueillis au mois de juin à Potsdam . Voir lettre (236) du 10 juin 1749 de Frédéric à V* : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/22/text/

 

 

 

19/09/2012

Si on avait songé à rendre les jansénistes et les molinistes aussi ridicules qu'ils le sont en effet

... Sans compter les sunnites, chiites, salafistes, intégristes de tous bords et de tous rangs, toutes religions confondues dès lors qu'elles font naitre des fanatiques .

 

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Persiste et signe

 

 

« A M. le conseiller François TRONCHIN

Monrion, 15 janvier [1757].

Je suis bien sensible, mon très-cher ami, à votre intention et à celle de notre Esculape 1. Il n'y a qu'à lever les épaules de pitié quand un dévot croit assassiner un roi avec un canif à tailler des plumes mais il faut frémir d'horreur quand on voit cet exécrable fou animé de l'esprit des convulsionnaires de Saint-Médard, qui a passé dans sa machine atrabilaire. C'est un chien qui a pris la rage de quelques autres chiens, sans le savoir. Il faudra ajouter trois ou quatre lignes au chapitre du jansénisme. Si on avait songé à rendre les jansénistes et les molinistes aussi ridicules qu'ils le sont en effet, Pierre Damiens, petit bâtard de Ravaillac, ne se serait pas servi de son canif.
Le ministère a eu la bonté de m'envoyer les bulletins, et M. d'Argenson m'a écrit de sa main 2; mais je crains les bigots.

On me mande de Vienne que l'impératrice aura en Bohême cent soixante mille hommes, que les Russes viennent au nombre de cent mille. On attend les Francs. Jamais l'empire romain n'a mis tant de monde en campagne; et il s'agit d'une chétive province que l'empire romain ignorait, et un marquis de Brandebourg a une plus grande armée que Scipion, Pompée et César !
P. S. Vous ne me mandez rien du fanatisme des Pharisiens et des Parisiens il y a pourtant eu des placards on a arrêté beaucoup de monde. On a mené à la Conciergerie quatre chariots couverts, remplis d'assassins, de cuistres, de témoins vrais ou faux. »

1 Théodore Tronchin le médecin .

2 Voir lettre du 6 janvier du comte d'Argenson : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/09/18/o...

 

vous prétendez qu'on ne meurt que de chagrin? ajoutez-y, je vous prie, les indigestions

... Des deux, mon choix me porterait indiscutablement sur une orgie de chocolat et de bon vin en bonne compagnie !

J'ai mis ce titre  pour ne pas augmenter la morosité du temps, pour ne pas dire la monstruosité, ce qui est de tous les siècles  tant que "les temps éclairés n'influeront que sur un petit nompbre d'honnêtes gens, le vulgaire sera toujours fanatique !" . La flambée de violence de ces minus habens qui tuent et pillent au nom d'un prophète qui n'en peut mais, confirme s'il en était besoin que le fanatisme est le fruit d'obscurs petits esprits .

Allah est grand ! et ses fidèles sont souvent détestables, ils n'ont rien compris, ou alors à force d'interdits promulgués par Mohammed ils pètent les plombs pour se défouler, "saintement" bien sûr !

Mohammed , j'espère que tu as honte de tes fidèles assassins . Est-ce parce que tu étais moche que l'on a interdit de te représenter ? Vaut-il mieux brûler une église avec ses paroissiens ou rire de soi-même caricaturé ?

 

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http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/cabu-est...

"Nous sommes dans le temps de tous les crimes" , mektoub, Inch Allah ! Mais que ça ne dure pas, sinon ... !

 

 

« A M. THIERIOT.

A Monrion, 13 janvier [1757].

Eh bien vous courez donc de belle en belle, et vous prétendez qu'on ne meurt que de chagrin? ajoutez-y, je vous prie, les indigestions.
Il n'a pas tenu à Robert-François Damiens que le descendant de Henri IV ne mourût comme ce héros. J'apprends dans le moment 1, et assez tard, cette abominable nouvelle. Je ne pouvais la croire; on me la confirme: elle glace le sang; on ne sait où l'on en est. Quoi, dans ce siècle! quoi, dans ce temps éclairé ! quoi, au milieu d'une nation si polie, si douce, si légère, un Ravaillac nouveau . Voilà donc ce que produiront toujours des querelles de prêtres! Les temps éclairés n'influeront que sur un petit nombre d'honnêtes gens le vulgaire sera toujours fanatique. Ce sont donc là les abominables effets de la bulle Unigenitus,2 et des graves impertinences de Quesnel, et de l'insolence de Le Tellier 3!
Je n'avais cru les jansénistes et les molinistes que ridicules, et les voilà sanguinaires, les voilà parricides!
Je vous supplie, mon ancien ami, de me mander ce que vous saurez de cet incroyable attentat, si votre main ne tremble pas. Écrivez-moi par Pontarlier les lettres arrivent deux jours plus tôt par cette voie. A Monrion, par Pontarlier, s'il vous plaît. C'est là que je passe mon hiver dans des souffrances assez grandes, en attendant que votre conversation les adoucisse dans ma petite retraite des Délices, auprès de Genève.
J'ai cette indigne édition de la Pucelle. Je me flatte qu'on n'en parle plus. Nous sommes dans le temps de tous les crimes. Je vous embrasse de tout mon cœur. »

2 Bulle Unigenitus Dei Filius : http://fr.wikipedia.org/wiki/Unigenitus

3 Qui poussa Louis XIV à révoquer l’Édit de Nantes . http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Le_Tellier_(homme_d'%...)

 

Je me croirais très-heureux, monsieur, de vous pouvoir être de quelque utilité

 ... Phrase que l'on aimerait entendre plus souvent, ou plutôt - soyons réaliste- , au moins une fois , de la part de son banquier, son percepteur, son garagiste, un policier, un gendarme, un quidam ou une quidame* de bonne volonté . Il m'est permis d'être optimiste jusqu'à mon dernier soupir, n'est-ce pas . Je suis en effet un peu las des "il faut régulariser votre découvert au plus vite", "vous restez devoir ... à règler avant le ... sous peine de majoration de 10%", "je ne peux pas vous dépanner avant 15 jours","d'où venez vous ? vous ne pouvez pas vous garer ici !" , "vous n'avez pas apposé votre certificat d'assurance, avez-vous bu ?" . 

 NDLR : Je suis pour la parité des sexes et des genres, aussi je verrais très aisément un quimonsieur auprès d'une quidame . Messieurs de l'Académie, à vous de jouer !

 

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Ce graphique présente l'utilité d'Internet aux yeux du vulgum pecus, et non pas ma propre utilité en ce monde, -enfin je ne crois pas,- ma modestie légendaire en souffrirait !

 

 

« A M. Pierre ROUSSEAU 1

A Lausanne, 7 janvier [1757].

J'ai reçu, monsieur, la lettre non datée que vous avez bien voulu m'écrire je présume que vous êtes à Liège, puisque c'est à Liège que s'imprime le Journal encyclopédique 2 auquel vous m'apprenez que vous travaillez. M. Durant, qui m'a fait aussi l'honneur de m'écrire quelquefois, et qui est, je pense, votre associé, a toujours daté de cette ville. Je me croirais très-heureux, monsieur, de vous pouvoir être de quelque utilité, à l'un et à l'autre. Il m'a paru qu'il y avait dans ce journal beaucoup d'articles bien faits et intéressants. J'ai lieu de croire qu'ils sont de vous deux. C'est le seul journal qui me parvienne je suis très- peu au fait de la littérature moderne dans mes deux retraites de Lausanne et du voisinage de Genève, mais s'il se trouve quelque occasion de vous marquer, monsieur, combien je suis sensible à votre politesse, je la saisirai avec empressement. Les maladies dont je suis accablé ne me permettent pas les longues lettres, mais elles ne dérobent rien aux sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être, monsieur, etc. »

1 Bibliothèque royale de Bruxelles, manuscrit 11582.

2 Le premier numéro date du 1er janvier 1756 . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Journal_encyclop%C3%A9dique

et : http://www.gedhs.ulg.ac.be/ebibliotheque/articles/mouriau/je.html

V* écrira par la suite : « Le journal encyclopédique, que je regarde comme le premier des cent soixante-treize journaux qui paraissent tous les mois en Europe »

 

18/09/2012

On lui a brûlé les pieds par essai; il n'a rien avoué

... Moi non plus .

 

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Après ce hors d'oeuvre, Damiens ajoutera avant son éxécution "la journée sera rude !"

http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Fran%C3%A7ois_Damiens

Les dictateurs et tyrans étant mieux protégés que les dirigeants débonnaires, nous ne sommes pas encore près de voir disparaitre Bachar al Assad et les meneurs d'Al Qaïda.

Et sans transition : Petit reportage sur un régicide ordinaire, par notre envoyé spécial le comte Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson .

 

 

 

« De M. le comte d'ARGENSON 1

6 janvier, à Versailles [1757]. 2

Hier au soir, sur les six heures un quart, le roi quitte monsieur le dauphin et madame la dauphine pour monter en carrosse et se rendre à Trianon. Au moment qu'il met un pied sur le marchepied et qu'il se retourne un peu de côté, en disant « Un tel est-il là? » un homme de cinq pieds six pouces pousse un des cent-suisses, s'avance, et par derrière donne un grand coup d'un instrument pointu au roi. Le roi se retourne « Voilà un homme qui vient de me donner un furieux coup de poing. » Il porte alors la main sur la partie, et la voit tout humide de sang. « Je suis blessé, dit-il. Voilà le coquin qui a fait le coup: qu'on l'arrête; mais qu'on ne lui fasse cependant point de mal. » En disant ces mots, il se rend dans sa chambre sans être soutenu, avec sang-froid et tranquillité, pour savoir ce que c'était que cette blessure.
Sur les discours du roi, M. de Verzeil, exempt des gardes du corps, l'arrête et lui dit « C'est toi, misérable, qui viens de blesser le roi? Oui, répond-il, c'est moi-même. » On le fouille, on lui trouve dans la poche un méchant morceau de bois, armé d'une pointe de fer, en forme de canif, de la longueur d'un pouce et demi, large de deux lignes, trente louis dans la poche, une Bible, pas un seul papier. Il était vêtu d'un méchant habit gris, veste rouge, culotte de panne, et avait le chapeau sur la tête. On a mis l'homme nu comme la main sans trouver sur lui d'autre renseignement. On a songé à lui attacher les mains; dès qu'il a aperçu ce dessein « Il ne faut pas de force, dit-il; tenez, les voilà, » en les croisant derrière son dos. On l'a mené en prison, les fers aux pieds et aux mains.
Monsieur le garde des sceaux et monsieur le chancelier sont venus l'interroger. Ils lui ont demandé les raisons de son assassinat. Il a répondu que c'était son affaire, mais qu'il n'y aurait pas songé si on eût pendu quatre ou cinq évêques qui le méritaient. On lui a demandé si son arme était empoisonnée il a répondu qu'il n'y avait pas pensé seulement, et cela sur son âme. Il avait dans sa poche un Nouveau Testament in-4°, d'une jolie édition; on lui a demandé ce qu'il en faisait; il a répondu qu'il y était fort attaché. On lui a demandé s'il était seul; il a répondu que non, qu'il avait plusieurs complices, et que monsieur le dauphin aurait son tour. On l'a menacé; il a répondu qu'on pouvait le tenailler, qu'il ne nommerait personne, et qu'il rapporterait tout à la gloire de Dieu et mourrait martyr. On lui a dit pourquoi il n'avait pas pris une arme plus forte; il a répondu qu'il n'était pas encore préparé, et qu'il avait compté de faire son coup le jour des Rois; qu'il le préméditait depuis huit jours, sans avoir eu une occasion favorable; qu'il était resté dans la cour et dans le froid terrible qui a gelé la Seine, depuis quatre heures jusqu'à six, à attendre le roi. La main ne lui a point trernblé cependant le roi n'a été blessé que légèrement, entre la troisième et quatrième côte; l'instrument s'est arrêté sur la côte, et n'a pu aller plus loin. Le roi avait d'ailleurs une camisole de flanelle sur la peau, une chemise, une autre camisole, veste juste-au-corps, et un volant de velours noir. Le fer a encore porté sur les coutures, qui ont émoussé la pointe du canif, et la graisse du roi lui a été utile. Somme totale, la plaie sondée et examinée est sans le moindre danger actuel point de fièvre, beaucoup de courage et de discours admirables. Je l'ai vu ce matin dans son lit. Toute la France est à Versailles. Le roi s'est confessé avec beaucoup de zèle. On lui a demandé ce qu'il voulait qu'on fît du scélérat. « Demandez-le, dit-il, à mon lieutenant, en montrant monsieur le dauphin; car pour moi je lui pardonne de tout mon cœur. » Le roi n'a jamais été plus digne d'amour que dans cette circonstance. Il sera guéri après-demain; il dort et est au mieux.
Le scélérat régicide n'est point encore connu. Il se dit d'Artois; il se nomme Damiens, et aujourd'hui il a dit qu'il se nomme Lefeure. Il a annoncé d'avance que les tortures ne lui feraient rien avouer. Il a pris monsieur le garde des sceaux pour monsieur le chancelier, et lui a demandé pourquoi il avait quitté sa compagnie. Il a déclaré être de la religion catholique, apostolique et romaine. On lui a brûlé les pieds par essai; il n'a rien avoué. On a changé de méthode; on s'y prend avec douceur. On espère savoir bientôt qui il est. Il a dit avoir trente-cinq ans. Personne ne le voit; il est dans la geôle de Versailles, ayant vingt gardes du corps dedans, et cinquante fusiliers des gardes françaises et suisses dehors.
Le parlement a demandé au roi la permission de s'assembler aux conditions qu'il lui plairait, pour venger cet assassinat. On rapporte là-dessus des choses admirables. Il parait que cet assassin est un fanatique furieux, qui se persuade mériter le ciel par cette action. »

 

 

 

L'ambition a toujours bouleversé la terre, et deux ou trois personnes ont toujours fait le malheur de deux ou trois cent mille

 ... Aujourd'hui , comme toujours, mon cher Voltaire, la place manque pour en indiquer tous les exemples (à ne pas suivre !) . Bien heureux quand ça se limite à deux ou trois cent mille victimes .

Pognon et gros canons !

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Petite dédicace à Voltaire et Mam'zelle Wagnière conjointement : http://www.deezer.com/music/track/46251511  en opposition à ce monde de brutes .

 

 

 

« A madame la duchesse de SAXE-GOTHA

Aux Délices, près de Genève, 4 janvier [1757].

Madame, Votre Altesse sérénissime a peut-être reçu, ou du moins recevra bientôt, un Essai sur l'Histoire générale, depuis Charlemagne jusqu'à nos jours 1. Je mets à ses pieds le premier exemplaire. Il n'a pas une belle couverture, mais j'aurais attendu trop longtemps à vous rendre mon hommage. Il se passe actuellement, madame, des choses qui nous paraissent bien étonnantes, bien funestes mais si on lit les événements des autres siècles, on y voit encore de plus grandes calamités. Tous les temps ont été marqués par des malheurs publics. L'ambition a toujours bouleversé la terre, et deux ou trois personnes ont toujours fait le malheur de deux ou trois cent mille.
La relation dont Votre Altesse sérénissime daigne me parler dans sa dernière lettre n'était point dans son paquet; mais je présume que c'est la même qui se vend publiquement dans notre Suisse. Toutes les pièces de ce grand procès 2 s'impriment ici mais qui jugera ce procès? La fortune probablement. Cette fortune dépend beaucoup des baïonnettes et de la discipline militaire. On disait que les Prussiens s'emparaient d'Erfurt ce bruit se trouve faux mais ce qui est vrai, c'est que Erfurt devait appartenir à votre auguste maison.
Je ne fais point de réflexions, je fais des vœux, et tous mes vœux sont pour le bonheur d'une princesse dont je regrette la présence tous les jours de ma vie, dont les éloges sont sans cesse dans la bouche de tous ceux qui ont approché d'elle, et dont mon cœur sera toujours le sujet. Ah! si je pouvais quitter une famille qui a tout quitté pour moi, je sais bien où j'irais porter mon profond respect. »

2 Les premiers évènements de la Guerre de Sept Ans : http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Sept_Ans