15/12/2012
Souvenez-vous combien cette lettre me donna d'ombrage et combien vous me rassurâtes
... Lorsque je reçus ce pli du ministère de l'Intérieur il y a peu . Mais que me veut-on ? Va-t-il falloir encore passer au tiroir-caisse ?
Nenni, vous me rendiez ce petit point imperceptible dont l'absence ne m'empêchait pas de dormir, ni de conduire , plutôt bien (n'est-ce pas Mam'zelle Wagnière ?), si bien même que trois années sans fausse note (pas même de mon teinturier qui, lui, est plus scrupuleux que mon ex-garagiste) me valent de retrouver un permis avec "le nombre maximal de points" ( dommage, il n'y a pas de point bonus ).

Pour effacer le gris du ciel et le cafard : Softly, as in a morning sunrise : http://www.deezer.com/track/5796947
et un petit Eté indien de derrière les fagots : http://www.deezer.com/track/7385474
« A François TRONCHIN
conseiller d’État à Genève
Au Chêne à Lausanne 4 septembre [1757]
Mon cher maître et confrère je vous envoie deux lettres, celle de M. Bertrand premier pasteur de Berne, et celle que j'écris à M. le doyen Le Fort 1. Si après avoir vu ces pancartes et en avoir conféré avec M. Tronchin Boissier 2 et avec M. Esculape 3 après son retour d'Etoy, vous jugez à propos de faire rendre celle que j'écris à M. le ministre Le Fort, je vous supplierai en ce cas de vouloir bien avoir la bonté de recevoir la réponse . A l'égard de la lettre de M. Bertrand voulez-vous bien me la garder jusqu'à mon retour ? Vous voyez, mon cher ami avec quelle liberté je m'adresse à vous, mais enfin c'est vous qui m'avez débauché ? Souvenez-vous de la plaisante lettre qu'un certain Tartuffe 4 m'écrivit lorsque j'étais prêt de signer à Prangins avec M. de Labat . Souvenez-vous combien cette lettre me donna d'ombrage et combien vous me rassurâtes . J'ai ici un des plus beaux logements du monde mais votre amitié me fera toujours donner la préférence à l'ermitage des Délices ; vous me l'avez rendu cher et je me flatte que dorénavant il me sera plus cher encore . Je compte sur vous et sur vos amis . Mme Denis se joint à moi . Vous connaissez ses sentiments pour vous et combien nous vous sommes dévoués l'un et l'autre .
Vous saurez que le roi de Prusse vient de m'écrire qu'il ne doute pas que je n'aie partagé ses succès et ses malheurs et qu'il lui reste à vendre cher sa vie, etc.5 Sa sœur Mme de Bareith m'écrit la lettre la plus lamentable . Me voilà occupé à consoler des têtes couronnées mais elles ne feront jamais mon bonheur et vous ferez le mien .
Adieu le plus aimable des hommes .
Votre très honoré et obéissant serviteur ,
V. »
1 Lettre du 2 septembre à Le Fort : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/06/quoique-je-ne-lise-jamais-les-journaux.html
2 Jean-Robert II Tronchin (1710-1793), meilleure tête politique du patriciat genevois , qui organisa un grand dîner l'été 1756 pour honorer d'Alembert, puis fera condamner le Dictionnaire Philosophique en 1765 .
4 Ce Tartuffe est Jean-Jacob Vernet ; voir la réponse de V* du 9 février 1755 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/24/je-deteste-l-intolerance-et-le-fanatisme-je-respecte-vos-loi.html
5 Voir lettre du 1er septembre à J-R Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/15/je-l-exhorte-a-vivre-en-cas-qu-il-soit-absolument-malheureux.html
17:26 | Lien permanent | Commentaires (0)
je l'exhorte à vivre en cas qu’il soit absolument malheureux
... Ce qui ne s'adresse pas au pape qui par définition est "heureux comme un pape" .
B(i)en Oi(n)t xvi s'adresse à ses ouailles via Tweeter, ô merveille . Je me suis laissé dire qu'il a une technique bien à lui, il tape avec un seul doigt, l'index recouvert d'un préservatif pour éviter les virus informatiques et les fuites .
Son choix -si tant est qu'il soit en capacité de le faire- de nom de tweetos me fait diablement rire car il évoque irrésistiblement une éponge bien connue, avec ou sans gratounet, Spontex, car pour effacer toutes taches, du sol au plafond, gommer les péchés véniels, rendre vivables les péchés mortels suivez et lisez @pontifex !
@pontifex : je crois bien que c'est le seul pontife classé x (bien que l'histoire de la sainte religion catholique apostolique et romaine soit riche en gougnafiers papaux débauchés )

« A Jean-Robert TRONCHIN
Nous voilà dans notre nouvelle maison à Lausanne, mon cher correspondant . Mais nous n'y pouvons rien faire sans les bontés de M. Camp 1 . Mme Denis le supplie d'avoir la bonté de presser les envois qu’il a bien voulu promettre .
Je ne sais rien de nouveau sinon que je suis occupé à consoler le roi de Prusse et Mme de Bareith sa sœur . Le roi de Prusse m'a écrit qu'il lui restait de vendre cher sa vie 2 et je l'exhorte à vivre en cas qu’il soit absolument malheureux. Pour les autres rois je ne m'en mêle pas . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur .
V.
A Lausanne 1er septembre [1757]
M. Camp voudrait-il ajouter à ses soins obligeants du drap couleur d'ardoise pour un justaucorps, la doublure de peluche de soie couleur de feu et des boutonnières brodées en brandebourg qu’on applique comme on veut ensuite sur l'habit ? S'il veut ordonner ces guenilles je lui serai bien obligé . Je lui demande pardon .
V. »
1 Voir par ex. note 3 de la lettre du 9 décembre 1754 à J-R Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/10/23/je-ne-sais-pas-si-on-plaindra-l-etat-ou-je-suis-ce-n-est-pas.html
2 Voir lettre du 29 août à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/13/il-y-a-des-sots-il-y-a-des-fanatiques-et-des-fripons-mais-je.html
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14/12/2012
vous m'avez débauché, et vous me laissez là
... Clament de trop nombreux ouvriers victimes de ce que l'on nomme pudiquement et hypocritement plans sociaux et qui n'ont certainement pas pour but de faire progresser le bien être social .
Mittal-Arcelor, Peugeot & Co.,..., Depardieu ( 2par2) mauvaise blague belge à lui tout seul, accrochés à la carotte du sacro-saint fric, débaucheurs directs ou indirects , méprisables .
http://nantesforum.forumactif.com/t17197p900-politique-et-presidentielles

« A M. Jacques-Abram-Elie-Daniel CLAVEL de BRENLES.
Mais, mon cher embaucheur, savez-vous qu'il est fort dur d'être à Lausanne quand vous n'y êtes point ? Vous faites des enfants, et vous ne m'en dites mot; vous m'avez débauché, et vous me laissez là. Notre bailli est bien plus honnête que vous; il est venu voir la comédie auprès de Genève. Il y a mené sa fille et sa nièce. Il a dîné aux Délices, et vous nous méprisez positivement. Mille tendres respects à Mme de Brenles, mille souhaits pour le petit.
Je vous embrasse en vous grondant.
V.
Un Anglais 1 vient de m'apporter Warburton 2. N'aviez-vous pas écrit pour des Warburton, Bolingbroke et Humes ?
Au Chêne, le 1er septembre 1757. »
2 William Warburton : He wrote a defence of revealed religion in his View of Lord Bolingbroke's Philosophy (1754), and Hume's Natural History of Religion called forth some Remarks ... "by a gentleman of Cambridge" from Warburton, in which his friend and biographer, Richard Hurd, had a share (1757) ; voir : http://en.wikipedia.org/wiki/William_Warburton
16:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il est bien à souhaiter pour elle, et pour l'Allemagne, et pour l'Europe, qu'une bonne paix fondée sur tous les anciens traités finisse tant de troubles et de malheurs
... Pour la paix des armes, c'est un point acquis, pour la fin de la guerre économique, il y a encore bien des choses à voir .
Publication des ban(c)s François-Angela : mariage en blanc, ambiance glaciale

« A Mme Sophie-Frédérique-Wilhelmine de PRUSSE, margravine de BAIREUTH
Aux Délices, 29 août 1757.
Madame, j'ai été touché jusqu'aux larmes de la lettre dont Votre Altesse royale m'a honoré 1. Je vous demanderais la permission de venir me mettre à vos pieds, si je pouvais quitter cette nièce infortunée, et j'ose dire respectable, qui m'a suivi dans ma retraite, et qui a tout abandonné pour moi; mais, dans mon obscurité, je n'ai pas perdu un moment de vue Votre Altesse royale et son auguste maison. Votre cœur généreux, madame, est à de rudes épreuves. Ce qui s'est passé en Suède, ce qui arrive en Allemagne, exerce votre sensibilité. Il est à présumer, madame, que l'orage ne s'étendra pas à vos États. Mais votre âme en ressent toutes les secousses, et c'est par le cœur seul que vous pouvez être malheureuse. Puissent de si justes alarmes ne pas altérer votre santé ! C'est sans doute ce que vous représentent mieux que moi ceux qui sont attachés à Votre Altesse royale. Il est bien à souhaiter pour elle, et pour l'Allemagne, et pour l'Europe, qu'une bonne paix fondée sur tous les anciens traités finisse tant de troubles et de malheurs; mais il ne paraît pas que cette paix soit si prochaine.
Dans ces circonstances, madame, me sera-t-il permis de mettre sous votre protection cette lettre que j'ose écrire à Sa Majesté le roi votre frère 2? Votre Altesse royale la lui fera tenir si elle le juge
convenable; elle y verra du moins mes sentiments, et je suis sûr qu'elle les approuvera. Au reste, je ne croirai jamais les choses désespérées tant que le roi aura une armée. Il a souvent vaincu, il peut vaincre encore mais, si le temps et le nombre de ses ennemis ne lui laissent que son courage, ce courage sera respecté de l'Europe. Le roi votre frère sera toujours grand, et, s'il éprouve des malheurs comme tant d'autres princes, il aura une nouvelle sorte de gloire. Je voudrais qu'il fût persuadé de son mérite personnel, il est au point que beaucoup de personnes de tout rang le respectent plus comme homme que comme roi. Qui doit sentir mieux que vous, madame, ce que c'est que d'être supérieure à sa naissance !
Je serais trop long si je disais tout ce que je pense, et tout ce que mon tendre respect m'inspire. Daignez lire dans le cœur de frère Voltaire. »
1 Lettre du 19 aout contenant la lettre/billet de Frédéric II citée dans le lettre du 29 août à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/13/il-y-a-des-sots-il-y-a-des-fanatiques-et-des-fripons-mais-je.html
« De Madame la margravine de BAIREUTH.
Le 19 août [1757].
On ne connaît ses amis que dans le malheur. La lettre que vous m'avez écrite fait bien honneur à votre façon de penser. Je ne saurais vous témoigner combien je suis sensible à votre procédé. Le roi l'est autant que moi.
Vous trouverez ci-joint un billet qu'il m'a ordonné de vous remettre. Ce grand homme est toujours le même. Il soutient ses infortunes avec un courage et une fermeté dignes de lui. Il n'a pu transcrire la lettre qu'il vous écrivait. Elle commençait par des vers. Au lieu d'y jeter du sable, il a pris l'encrier, ce qui est cause qu'elle est coupée. Je suis dans un état affreux, et ne survivrai pas à la destruction de ma maison et de ma famille. C'est l'unique consolation qui me reste. Vous aurez de beaux sujets de tragédies à travailler. Ô temps ô mœurs ! Vous ferez peut-être verser des larmes par une représentation illusoire, tandis qu'on contemple d'un œil sec les malheurs de toute une maison contre laquelle, dans le fond, on n'a aucune plainte réelle.
Je ne puis vous en dire davantage; mon âme est si troublée que je ne sais ce que je fais. Mais, quoi qu'il puisse arriver, soyez persuadé que je suis plus que jamais votre amie.
WILHELMINE. »
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13/12/2012
Il y a des sots, il y a des fanatiques et des fripons mais je n'ai aucun commerce avec ces animaux, et je laisse braire les ânes sans me mêler de leur musique
... Aussi n'ai-je jamais été tenté par une carrière politique où ces animaux trouvent leur pitance .
Entre les ânes à deux pattes et ceux à quatre, vous voyez où va ma préférence

« A M. Jean le ROND d'ALEMBERT.
Aux Chênes 1, 29 août [1757].
Me voici, mon cher et illustre philosophe, à Lausanne; j'y arrange une maison où le roi de Prusse pourra venir loger quand il viendra de Neufchâtel, s'il va dans ce beau pays, et s'il est toujours philosophe. Il m'a écrit, en dernier lieu, une lettre héroïque et douloureuse 2. J'aurais été attendri, si je n'avais songé à l'aventure de ma nièce, et à ses quatre baïonnettes.
Je recommande à mon prêtre moins d'hébraïsme et plus de philosophie; mais il est plus aisé de copier le Targum 3 que de penser. Je lui ai donné Messie 4 faire; nous verrons comme il s'en tirera. Je n'ai point vu notre théologal de l'Encyclopédie; ce prêtre est allé à Évian, en Savoie. Il déménage Dieu le conduise ! Il est impossible que dans la ville de Calvin, peuplée de vingt-quatre mille raisonneurs, il n'y ait pas encore quelques calvinistes; mais ils sont en très-petit nombre et assez bafoués. Tous les honnêtes gens sont des déistes par Christ. Il y a des sots, il y a des fanatiques et des fripons mais je n'ai aucun commerce avec ces animaux, et je laisse braire les ânes sans me mêler de leur musique 5.
On dit que vous viendrez leur donner une petite leçon. N'oubliez pas alors les Délices, et venez faire un petit tour au Chêne; c'est le nom de mon ermitage lausannais. Les uns ont leurs chèvres, les autres ont leurs ormes 6; mais il faut être dans les lieux qu'on a choisis, et non pas dans ceux où l'on vous envoie. J'aimerais mieux être à Tobolsk de mon gré, qu'au Vatican par le gré d'un autre. J'ai encore de la peine à concevoir qu'on ne prenne pas de l'aconit, quand on n'est pas libre. Si vous avez un moment de loisir, mandez-moi comment vont les organes pensants de Rousseau, et s'il a toujours mal à la glande pinéale. S'il y a une preuve contre l'immatérialité de l'âme, c'est cette maladie du cerveau ; on a une fluxion sur l'âme comme sur les dents. Nous sommes de pauvres machines. Adieu vous et M. Diderot, vous êtes de belles montres à répétition, et je ne suis plus qu'un vieux tournebroche mais ce tournebroche est monté pour vous estimer et vous aimer plus que personne au monde . Ainsi pense la machine de ma nièce.
Je rouvre ma lettre, je me suis à grand'peine souvenu de ma face, j'en ai si peu ! Si vous voulez me fourrer à côté de Campistron et de Crébillon, ma face est à vos ordres. Mme de Fontaine fera tout ce que vous ordonnerez. J'aimerais mieux avoir la vôtre aux Délices. »
1 Où V* loue une belle maison ; voir lettre du 3 avril à Mme de Fontaine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/04/03/je-vous-ai-deja-dit-que-tout-est-francais-a-lausanne.html
Le Chêne était la dernière rue de Lausanne, du côté de Genève, et celle qui
servait de communication entre la ville et la belle promenade publique nommée
Montbenon. (Note de M. Golowkin.)
2 Elle doit avoir été écrite vers le 12 août comme il le mentionne dans une lettre à sa soeur . Elle est suivie d'une « épigramme » que Wilhelmine jugea « trop forte » et garda, on ne la pas retrouvée .
« Je vous remercie de la part que vous prenez à mes succès et à mes malheurs . J'ai à peu près toute l'Europe contre moi, il ne me reste qu'à vendre cher ma vie et la liberté de ma patrie ; mes yeux seraient devenus des sources de larmes si ces temps d'horreurs ne faisaient que je trouve ma digne et respectable mère heureuse de ne pas voir ce qui arrive et ce qui peut arriver encore . » « Fr .»
3 Voir : http://fr.wiktionary.org/wiki/targum
4 Polier de Bottens, pasteur . Voir note page 62 et suiv. : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411336j/f65.image
5 D'Alembert avait reçu une lettre de « personnes respectables » de Genève et en avait fait part à V*, cette lettre ayant été publiée en une brochure . V* ne garda pas complètement le silencec ar dansz une pièce Les Torts : il met :
Le fanatisme est terrassé
Mais il reste l'hypocrisie .
Ce à quoi répondra l'horloger-poête David Rival par des vers pleins de malice envers V* :
Quant à vous célèbre Voltaire ,
Vous eûtes tort, c'est mon avis .
Vous vous plaisez dans ce pays
Fêtez le saint qu'on y révère …
Voir lettre du 24 décembre 1757 à Elie Bertrand : page 333 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f336.image
17:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
On ne parle point de la marine . Il faut espérer qu'on en parlera
... Le moins possible ! tant de la marine nationale au porte-avions fils unique, que de la Marine porte-à-faux heureusement unique (par sa grande gu..., que n'ouvrent pas son frère ni sa soeur ainés ) .
Ô mère -grand, comme vous avez de grandes dents !
« A Jean-Robert TRONCHIN
à Lyon
27 août [1757]
Mon cher monsieur, les Français boivent le vin du roi d'Angleterre dans Hanovre et je bois celui du chanoine de Soleure . Mais il n'a rien à me reprocher . Pourquoi M. Cathala m'envoie-t-il votre tonneau, pourquoi met-on vite en bouteilles, pourquoi s'empresse-t-on de le goûter ? J'ai perdu vingt bouteilles à ce mécompte car je comptais sur cent cinquante et je n'en ai que cent trente . Le chanoine avec le temps sera plus heureux que moi . Et le baron 1? N'est-ce pas lui qui a mes cent cinquante bouteilles ? C'est lui qui doit se moquer de moi et du chanoine .
On prétend à Neuchâtel que le prince de Conti veut faire valoir ses droits sur cette principauté . Il aurait raison mais il me semble qu'il n'est pas encore temps d'avoir raison 2.
Faites des annuités tout comme vous l'entendrez . Tant que les armées de France mangeront le pays ennemi je crois qu'on sera bien payé . On ne parle point de la marine . Il faut espérer qu'on en parlera . On fait aujourd'hui plus de besogne que de bruit . Adieu mon cher correspondant . L'oncle et la nièce vont à Lausanne pénétrés de vos bontés .nous reviendrons le plus tôt que nous pourrons .
Votre très honoré obéissant serviteur
V. »
1 Labat .Voir lettre du 29 juillet à J-R Tronchin à propos de ce tonneau de vin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/25/j-aime-mieux-elever-un-pichon-que-servir-un-roi.html
2 Frédéric II a essuyé plusieurs défaites et fait des offres de paix dont l'une consistait précisément à céder Neuchâtel à Mme de Pompadour .Voir : http://books.google.fr/books/about/La_Marquise_de_Pompadour_et_Neuch%C3%A2tel.html?id=d7zcHAAACAAJ&redir_esc=y
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12/12/2012
je m'accommode assez de ma médiocrité; on peut être heureux sans être roi ni fermier général
... Je confirme !
Médiocrité comprise car
in medio stat virtus (la vertu est éloignée des extrêmes ).

« A Marie-Elisabeth de DOMPIERRE de FONTAINE.
Aux Délices, 27 août [1757]
Ma chère enfant, je vous avoue que je suis fâché de faire venir des tableaux et des glaces pour Lausanne j'aimerais mieux les placer à Hornoi; mais me voilà Suisse pour le reste de ma vie. Mme Denis a voulu une belle maison à Lausanne; les Délices s'embellissent tous les jours. Nous jouons la comédie à Lausanne; on nous la donne aux portes de Genève. On représenta hier Alzire, et, quand j'arrivai, tous les Genevois me reçurent avec de très longs battements de mains. Il n'y a pas moyen de quitter ces hérétiques-là. Quand, avec une mauvaise santé, on est parvenu à la septième dizaine de son âge, il ne faut plus songer qu'à mourir tranquille, et tous les lieux doivent être égaux...
Je n'ai point de messe en musique comme La Popelinière je n'ai point un trio de complaisantes, mais je m'accommode assez de ma médiocrité; on peut être heureux sans être roi ni fermier général. Le bruit court, dans notre Suisse, que M. le prince de Conti veut faire revivre ses droits sur le comté de Neufchâtel 1. En effet, il était le légitime héritier, et c'est encore une province que le roi de Prusse pourrait perdre. Vos Français sont dans Hanovre; j'espère qu'ils souperont à Berlin en 1758, au plus tard. »
1 Marie de Nemours a été le dernier possesseur français de Neuchâtel, et avant elle, Jean-Louis-Charles d'Orléans avait fait un testament instituant le prince de Conti son légataire . C'est ainsi que la souveraineté de ce territoire fut réclamée sans succès par François-Louis de Bourbon, prince de Conti, grand-père de Louis François à qui V* fait ici allusion . A la mort de Marie de Nemours en 1707 les prétendants avaient été nombreux et le roi de Prusse l'avait emporté .
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