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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

il serait trop ridicule que l’éternel architecte changeât et rechangeât continuellement les petits évènements de notre p

 

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« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

 

Aux Délices 19è mai 1762

 

J'ai été sur le point, Monsieur, d'aller voir le Pierre que je commente i; car pour le Pierre aux filets et aux deux clefs, il n'y a pas d'apparence que je lui fasse jamais ma cour . J'aime bien mieux celui qui a si bien peint les Romains que celui au nom duquel un prêtre est le maitre de Rome .

 

Je suis encore très faible ; M. Tronchin prétend qu'il me tirera d'affaire ; je le veux croire, car je serais très embarrassé si je mourais avant d'avoir fini mon ouvrage .

 

J'ai reçu vos nouvelles bontés ; je n'ai que des remerciements à vous faire, à vous, Monsieur, et à vos artistes . Les Cramer ii ajoutent à mes remerciements une petite prière ; c'est que votre dessinateur iii et votre graveur aient la bonté de se conformer aux dimensions qu'on a dû leur faire parvenir par la voie d'un libraire de Dijon . Je trouve les dessins fort beaux,et surtout celui de Sophonisbe m'a beaucoup plu . Mais encore une fois, ne vous privez pas de vos plaisirs pour les miens . Je me contenterai bien d'être honoré de six estampes iv, que je devrai à votre complaisance et à votre amitié .

 

Je doute fort que Dieu se mêle des jésuites v, attendu qu'ils ne se sont jamais mêlés de lui, et que s'il se mêlait de pareilles affaires, il nous délivrerai de tous les moines vi; d'ailleurs, la providence bien particulière est, entre nous, une chimère absurde ; la chaîne des événements est immense , éternelle . Les acceptions de personnes, les faveurs , les disgrâces particulières ne sont pas faites de globes qui roulent les uns autour des autres par des lois générales , il serait trop ridicule que l’éternel architecte changeât et rechangeât continuellement les petits évènements de notre petit globule ; il ne s'occupe ni de nos souris, ni de nos chats, ni de nos jésuites, ni de nos flottes, ni même des tracasseries de votre parlement . Vous me feriez grand plaisir de me mander si vous espérez qu'elles finiront vii.

 

Je me flatte que M. Tronchin aura fini de rapetasser ma détestable machine quand il faudra venir vous faire ma cour au mois de juillet ; mais si les lois éternelles de ce monde dérangent toujours ma poitrine et mes entrailles, si je ne peux me transplanter, vous ne feriez pas mal de passer par Ferney en allant à Lyon . J'ai un des plus jolis théâtres, d'assez bons acteurs, et une mauvaise pièce nouvelle, qui forme, toute mauvaise qu'elle est, le spectacle le plus pittoresque, et le plus beau que vous ayez jamais vu viii. Bouchez-vous les oreilles, si vous voulez, mais ouvrez les yeux, et vous aurez beaucoup de plaisir ix. Il y a même par-ci, par-là des morceaux qui ne vous déplairont pas ; j'espère encore venir à La Marche, et de là vous conduire à Ferney ; laissez-moi me bercer de mes chimères ; qu'avons-nous autre chose de bon dans cette vie ?

 

Mon cher et illustre magistrat, je vous respecte et je vous aime bien tendrement.

 

V. »

 

i Pierre Corneille.

ii Éditeurs à Genève de ses Commentaires sur Pierre Corneille.

iii François de Vosges .

iv Il arrive à V* de dire qu'il ne tient pas particulièrement à ce que ses livres soient ornés d’estampes ; cf. lettre à Panckoucke du 12 janvier 1778 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/07/quand-il-s-agira-de-travailler-pour-vous-faire-plaisir-rien1.html

v Lettres du 31 mai 1761 à Damilaville et Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/05/30/il-faut-defendre-les-vivants-et-les-morts-contre-les-gens-d.html

et 2 novembre 1761 à Bianchi : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/01/j-ai-commence-par-admirer-avant-de-travailler.html

Il y est fait rappel de la banqueroute du père La Valette, du procès perdu par la Compagnie de Jésus, la condamnation de certains livres des jésuites et l'arrêt du 6 août 1761 leur interdisant d'enseigner . On examina leurs Constitutions . On prononça la fermeture de leurs collèges, à Rouen, à Rennes, à Paris en février-mars 1762 ; le 6 août 1762, le parlement de Paris prononcera la dissolution de la Compagnie à Paris comme l'avait fait celui de Rouen dans son secteur . Un édit prononcera en novembre 1764 la dissolution de la Compagnie dans toute la France .

vi Il écrit à d'Argence : « quatre-vingt mille autres moines » « qui sont perdus pour l’État et qui en dévorent la substance » , et à La Chalotais qu'il félicite pour le réquisitoire contre les jésuites prononcé à Rennes.

vii Le parlement refuse de juger « pour faire dépit au roi » ; voir lettre du 25 mars : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/03/25/il-est-bon-d-egayer-les-affliges.html

viii Il a « fait venir Lekain à Ferney » pour « connaitre (s)on ouvrage, écrit-il à Collini le 23 avril ; il a « vu l'effet de la pièce . C'est un très beau coup d’œil ... Mais (il a) senti à la représentation qu'il manquait beaucoup de nuances à ce tableau ». Voir page 36 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80036m/f41.image.r=.langFR

Voir la lettre aux d'Argental du 8 mars 1762 sur le théâtre de Ferney et sur la mise en scène : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/08/1.html

et la signification de Cassandre-Olympie, dans la lettre du 22 février 1762 aux mêmes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/02/22/voila-bien-du-bruit.html

ix A Thibouville, le 25 février 1762, il écrit que c'est une pièce « qui est toute d'appareil et de spectacle » «  et qui d'ailleurs n'est guère du ton ordinaire » ; voir page 8 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80036m/f13.image.r=.langFR

 

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10/05/2011 | Lien permanent

je me contente de me défendre. Il est triste d’avoir à combattre des rats, quand on est près d’être dévoré par des vauto

... Volodymyr Zelensky dixit ?

Les vautours sont bien évidemment les Russes de Poutinie .

Les rats ? Sans doute les mercenaires de Wagner déployés au  Donbass : https://www.20minutes.fr/monde/3261331-20220329-guerre-uk...

Ira-t-on aussi jusqu'à faire appel aux ghost busters ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

29 décembre 1766

Mon cher ami, j’ai reçu le 27 votre lettre du 23. L’abbé Mignot doit vous avoir montré une lettre de sa sœur. Nous vous demandons, elle et moi, le secret le plus profond 1.

Voyez, je vous prie, la lettre que j’écris, aujourd’hui 29, au conseiller du Grand-Conseil, et que ce secret reste entre vous et lui, et M. d’Argental. Nous nous sommes sacrifiés pour lui comme nous le devions, et nous espérons qu’il fera quelque chose pour nous. Vous lui en parlerez, si cela est nécessaire.

Je serais au désespoir, mon cher ami, de vous avoir chagriné en vous demandant un peu d’ordre. Ce n’est pas assurément pour moi, c’est uniquement pour les Sirven . Car il y a grande apparence que je ne pourrai plus me mêler de cette affaire, ni d’aucune. Je ne vous ai demandé que de vous rendre compte à vous-même des dépenses qu’on sera obligé de faire pour la procédure. Il ne s’agit que d’avoir un petit livret de deux sous, dont on fait un journal ; ce n’est pas là assurément une affaire de finance.

Vous n’avez pas apparemment reçu la scène de l’embaucheur 2. Vous ne m’accusez pas non plus la réception de ma lettre à l’impératrice de Russie 3. Nos lettres se seront croisées.

Je suis très malade ; je ne me soutiens que par un peu de philosophie. Je devais partir demain, ma faiblesse et le temps horrible de notre climat m’en empêchent ; mais je suis prêt à partir, s’il est nécessaire. Qu’importe où l’on meurt ? J’éprouve une grande consolation en voyant que mon petit de La Harpe vient de remporter le prix de l’Académie 4. Je mets ma gloire dans celle de mes élèves, et j’attends beaucoup de lui. Il n’y avait que deux hommes qui pussent avoir fait la Lettre à Pansophe, l’abbé Coyer et Bordes, qui étaient tous deux en Angleterre dans ce temps. Coyer nie fortement, et avec l’air de sincérité ; Bordes nie faiblement, et avec un air d’embarras.

Pour celui qui a fait les notes 5, c’est un intime ami du docteur Tronchin, et je ne suis pas assez heureux pour être sa confidence. Je sais certainement que les notes ont été faites à Paris par un homme très au fait, que vous connaissez ; mais je ne veux accuser personne, et je me contente de me défendre. Il est triste d’avoir à combattre des rats, quand on est près d’être dévoré par des vautours. J’ai besoin de courage, et je crois que j’en ai.

Je ne sais ce que c’est que ce livre des plagiats de Rousseau 6, imprimé chez Durand. Si je reste à Ferney, je vous prierai de me l’envoyer. Il est cité, page 12, dans la triste et dure brochure des notes sur ma lettre à M. Hume 7.

A l’égard des Sirven, mon cher ami, continuez, et vous serez béni Le temps n’est pas favorable, je le sais ; mais il faut toujours bien faire, laisser dire, et se résigner. Quel beau rôle auraient joué les philosophes, si Rousseau n’avait pas été un fou et un monstre ! mais ne nous décourageons point.

Vous sentez bien que je ne dois rien dire sur M. de La Chalotais. Je vous suis seulement très obligé de m’avoir fait voir combien le roi est sage et bon. Vous ne m’avez rien appris ; mais j’aime à voir que vous en êtes pénétré comme moi. Je vous prie de faire mettre, si vous pouvez, cette déclaration dans le Mercure 8.

Voudriez-vous avoir la bonté de faire tenir d’abord cette lettre à l’abbé Mignot 9? »

1 Sur l’aventure de madame Lejeune.

5 Voltaire lui-même.

9 Cette lettre n'est pas connue .On peut noter que le 26 décembre 1766, Wagnière a écrit à Damilaville le billet suivant : « Je n'ai pu retrouver, monsieur, dans le désordre où nous sommes, le billet de douze cents livres [voir lettre du 29 octobre 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/28/n... ] . Je vous prie de m'adresser toujours vos lettres à Genève. Voici un petit billet par lequel j'annule tous autres billets . Ainsi les choses sont en règle . Vos amis vous font les plus tendres compliments . Ayez la bonté de n’écrire qu'à moi . J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. / Wagnière. »

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01/04/2022 | Lien permanent

je ne dois rien faire à demi

... Pas même dormir . Good nignt folks !

 

 

 

« Au baron Albrecht von Haller

Aux Délices 13 mars [1759]

Il est juste de vous mettre au fait, monsieur, . Ce Grasset et son frère ont été longtemps domestiques chez les Cramer . Le Grasset dont il est question vola ses maîtres , son procès criminel fut commencé , la sentence de prise de corps existe . Grasset s'enfuit et revint au bout de quelques années se jeter aux pieds de ses maîtres . Le frère de Grasset qui est filleul d'un des Cramer obtint la grâce du coupable . Les Cramer donnèrent une quittance au criminel qui signa l'aveu de son crime , emporta sa quittance avec laquelle il sera toujours condamné quand on voudra, et alla se mettre à Lausanne, chez Bousquet; lequel Bousquet se plaint aujourd'hui d'avoir été friponné par Grasset, ipsi viderint 1. Lorsque j'arrivai dans ce pays-ci, attiré par les sollicitations pressantes de plusieurs personnes, déterminé par le soin de ma santé et par l'amour du repos, Grasset m'écrivit de Lausanne qu'il avait des manuscrits importants qu'il voulait me vendre . Je lui mandai qu'il pouvait venir à ma campagne . Il y vint . Ces manuscrits consistaient dans je ne sait pas quel poème de la Pucelle d'Orléans farci de vers tels que la servante de La Mettrie aurait rougi d'en faire dans un mauvais lieu . Il m'en montra un échantillon, qui faisait frémir d'horreur ; et me demanda cinquante louis de l'ouvrage, en m'assurant doucement que si je ne l'achetais pas , il l'allait vendre à d'autres sous mon nom . J'allai sur le champ avec ma famille chez le résident de France . On mit Grasset en prison, et il fut chassé de la ville . Tous ces faits sont de notoriété publique . On dit que cet homme a beaucoup de souplesse, qu'il est flatteur, qu'il sait séduire, et c'est souvent le malheur des belles âmes comme la vôtre d'être trompés par des méchants, mais elles ne le sont pas longtemps .

Je ne suis pas étonné qu'un tel homme ait imprimé le libelle que MM. les curateurs ont fait saisir, mais j'avoue monsieur que j'ai été surpris que des hommes qui doivent être sages aient eu part à cette manœuvre . Le fond de toute l'affaire était l'envie de gagner vingt écus, en intitulant leur libelle Supplément aux œuvres de M. de V. Ils ne songeaient pas que pour vingt écus ils flétrissaient une famille entière, qu'ils pouvaient perdre M. Saurin, ancien secrétaire de M. le prince de Conti, homme de lettres très estimable et d'une probité reconnue .

Si vous saviez, monsieur, qu'il est près d'obtenir un poste considérable, et que ses concurrents se seraient armés contre lui des traits dont on a voulu attaquer son père, que toute sa fortune allait être détruite par cet écrit scandaleux, qu'il était perdu sans ressource, votre équité et votre humanité auraient certainement condamné Grasset et ses consorts . Vous les condamnez sans doute à présent ; et vous êtes surtout indigné que dans ce libelle on se soit servi du masque de la religion pour outrager une famille . Je suis l'ami intime de M. Saurin, il m'a conjuré de prendre sa défense, j'ai fait mon devoir, j'ai été approuvé par tous les honnêtes gens, et je me flatte de l'être par vous .

On m'avait écrit que dans ce libelle infâme on avait osé imprimer une lettre de vous , j'avais eu l'honneur de vous le mander . Je sais aujourd'hui qu'on n'a point eu l'insolence d'abuser ainsi de votre main .

Vous voyez, monsieur, quelles fortes raisons j'ai eues de poursuivre la suppression de ce recueil de scandales dans lequel on m'impute des choses que je n'ai jamais écrites , et dans lequel on me traite simplement de déiste et d'athée parce que je n'ai pas voulu qu'on couvrit d'opprobre la famille de M. Saurin . Avouez, monsieur, avouez que j'ai eu autant de justes motifs de faire supprimer cette œuvre d'iniquité que vous en eûtes de confondre ce détestable fou de La Mettrie . Ce ne sont point ici des fous, mais des hommes qui sont sortis de leur devoir et qu'on y a fait rentrer . Les éditeurs du libelle (je ne parle pas de Grasset) sont des citoyens à qui j'ai épargné la honte de faire une faute publique et j'espère qu'ils n'y retomberont plus .

Encore un mot . Je vous ai parlé , monsieur (non pas d'un libelle qu'on vous attribuât dans ce recueil) , Dieu m'en garde, mais d'une lettre sur des points historiques et supposant qu'elle eût été de vous, j'aurais été seulement affligé qu'on vous eût mis en si méchante compagnie . Songez, monsieur, aux belles manœuvres dont on s'avisa dès que je fus à Lausanne . Un pasteur de campagne m'écrivit une lettre anonyme, et me la fit rendre sous votre nom . Je donnai quelque argent à un officier 2 pour aller joindre sa troupe en Hollande . Le même pasteur m'écrivit une autre lettre anonyme pour m'avertir que je devais donner davantage, et le même homme a trempé en dernier lieu dans l'affaire du libelle .

Vous voilà, monsieur, au fait de tout . Je sais distinguer les honnêtes gens de Lausanne du petit nombre des esprit mal faits qui peuvent y être, mais il vaut mieux faire des expériences de physique avec le semoir, et faire du bien à ses vassaux, que d'avoir de tels procès à conduire . Ils n'altèrent point le repos du philosophe, mais ils consument un temps précieux que je voudrais employer à vous lire, ou à vous voir . Pardon de la prolixité de votre très humble et très obéissant serviteur .

V....3

Après ma lettre écrite, monsieur, j'apprends que la première que je vous adressai, et votre réponse sont publiques en Suisse . J'en suis très étonné . Il faut que vous ayez des amis peu dignes de votre confiance parmi le grand nombre de ceux qui s'empressent à la mériter ; pour moi je vous jure que je n'ai fait voir vos lettres à personne .4

P.S.- Je sens tout le ridicule de tant d'additions, mais je ne dois rien faire à demi . J'apprends, monsieur, dans le moment que Grasset a imprimé deux libelles au lieu d'un . Le premier finit à la page 140, chiffre romain . Le second en numéros ordinaires jusqu'à 181 . Le tout était pour Lausanne mais il a envoyé à Paris le second seulement, et ce second en chiffres communs est poussé jusqu'à la page 360 . Il est rempli des pièces les plus scandaleuses ; Grasset a eu l'insolence de l’adresser à M. le premier président de Malesherbes qui l'a jeté au feu . Connaissez l'homme .5 »

1 Eux-mêmes l'auront vu . Depuis lequel Bousquet, passage ajouté entre les lignes .

2 Crousaz ; voir lettre d'avril 1757 à David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches où Crouzat est nommé Mohadar, personnage de la tragédie Fanime , dont il jouait le rôle au théâtre de Mon Repos à partir du 19 mars 1757 .

3 Le dernier paragraphe est écrit au bas de la marge de la quatrième page du manuscrit .

4 Sur le manuscrit cet ajout est fait au bas de la marge de la première page .

5 Le P.S. est écrit sur une feuille à part dans le manuscrit .

 

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Mme Denis et moi, monsieur, nous sommes des cœurs sensibles

... Oui madame ! Oups !...

 

« A Jacques Bagieu

Au château de Ferney pays de Gex

par Genève 11 janvier 1761

Mme Denis et moi, monsieur, nous sommes des cœurs sensibles . Vous savez combien votre souvenir nous touche . Nous avons encore avec nous un cœur de 17 ans qui se forme, c'est l'héritière du nom du grand Corneille . C'est avec les ouvrages de son aïeul que nous oublions l'Année littéraire et son digne auteur . Si M. Morand veut aimer les gens de lettres, il ne faut pas qu'il choisisse les pirates des lettres 1.

Permettrez-vous , monsieur, que je vous consulte sur une affaire plus importante ? J'ai auprès de moi un jeune homme de mes parents 2. Il fut attaqué il y a dix huit mois d'un rhumatisme qui ressemblait à une sciatique . Nous l'envoyâmes aux bains d'Aix . Les douleurs augmentèrent . M. Tronchin lui ordonna encore les eaux il y a six mois ; il en revint avec une tumeur sur le fascia lata 3, et toujours souffrant des douleurs d'élancement, se sentant comme déchiré . Il se ressouvint alors, ou crut se souvenir qu'il était tombé à la chasse il y avait deux ans . On lui appliqua les mouches cantharides 4 avant cet aveu, et après cet aveu on en fut fâché . Les douleurs devinrent plus vives, la tumeur plus forte . On jugea que le coup qu'il prétendait s'être donné à la cuisse en tombant de cheval avait pu causer une carie dans le fémur . On lui fit une ouverture de six grands doigts de long, et très profonde . On sonda, on ne put pénétrer plus avant, le pus coula, d’abord assez blanc, ensuite plus foncé, enfin d'une espèce fétide et purulente . Les douleurs furent toujours les mêmes depuis la tête du fémur jusqu'au genou . Ces élancements se sont fait sentir dans l'autre cuisse, celle à laquelle on avait fait l'opération s'est très enflée , l'autre s'est absolument desséchée . Le pus de la plaie est devenu de jour en jour plus fétide, tantôt en grande abondance, tantôt en petite quantité, très souvent la fièvre, des insomnies ; mais toujours un peu d'appétit . On a jugé la tête du fémur cariée et déplacée . Tronchin l'a jugé à mort, le chirurgien qui est assez habile a pensé de même . Il se fit une nouvelle tumeur au dessous de sa plaie il y a quelques jours . Il en coula une grande quantité de sanie purulente, et son appétit augmenta . Ce n'est point au fascia lata que cette tumeur nouvelle a percé , c'est près des muscles intérieurs . Le chirurgien alors s'est avisé de lui demander si quelque temps avant de tomber malade, il n'avait pas mérité la vérole . Il a répondu 5 qu'il avait eu affaire dans Genève à quelques créatures qui pouvaient la donner, mais nul symptôme avant-coureur de cette maladie . Tout se réduit à cette espèce de sciatique ; aucune dartre, aucun bubon, aucune tache, nulle enflure aux aines, sinon l'enflure présente qui va de l'os des iles 6 au pied . La chair de ces parties n'a plus de ressort ; le doigt y laisse un creux . Le pus coule par la nouvelle ouverture, et cependant l’appétit augmente . Il faut quatre personnes pour le porter d'un lit à l'autre . L'atrophie n'est point sur le visage . La parole est libre et quelquefois assez ferme . Voilà son état depuis quatre mois entiers que l'opération fut faite . J'ajoute encore que le coccyx est écorché mais que le peu de sanie qui en sort n'est point de la qualité du pus fétide de la cuisse . On ne sait si on hasardera le grand remède . Pardonnez monsieur ce long exposé . Daignez me communiquer vos lumières . Que pensez vous des dragées de Keizer ? et croyez-vous que Colomb nous ait rendu un grand service par la découverte de l'Amérique 7? Je suis avec toute l'estime qu'on vous doit et j'ose dire avec amitié,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

 

1 Morand était intime ami de Fréron .

2 Daumart, petit cousin maternel de V*, avait eu un accident de cheval qui devait le laisser infirme cloué au lit jusqu'à sa mort .

3 Le fascia lata est situé dans la cuisse ; fascia= faisceau, paquet et désigne en médecine un tissu fibreux recouvrant un muscle, un organe, etc.

4 Voir lettre du 22 octobre 1760 à Mme de Fontaine :

5 V* avait d'abord écrit répondit .

6 Os iliaque .

7 On pensait que la syphilis était originaire de l'Amérique, et V* reviendra souvent souvent sur ce point, par exemple dans L'Homme aux quarante écus ou Candide . Les dernières découvertes archéologiques (2015) montrent que des cas de cette maladie ont été identifiés sur des squelettes datés de 1320, à Sankt Pölten en Autriche . Le berceau de toutes les maladies dues à une bactérie tréponème semble être en Afrique [cf article de Johanna Gaul, Université de Vienne, Autriche, citée dans Sciences et Vie n° 827 de janvier 2016].

 

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11/01/2016 | Lien permanent

Je suis persuadé qu'il ne s'est jamais cru coupable ; s'il l'avait été serait-il revenu en France ?

La réponse est : oui !

Là, vous vous doutez bien que je ne parle pas de ce malheureux Lally Tollendal, mais d'un certain Français qui fait la honte de ses compatriotes . Oui, j'ai l'intime conviction que ce Dirty Silly Keutard est coupable , qu'il est assez faux-cul pour le nier, assez lâche et imbu de lui-même pour se croire au dessus des lois . J'ai détesté cet individu, avocat qui déshonore sa profession, dès son inqualifiable faux en écriture pour justifier une note d'honoraires de 500 000 Francs ; cet homme là est un récidiviste dans le mensonge, et fort capable de nier mordicus pris la main dans le sac .

En son temps , j'avais été outré que des "intellectuels" trouvent indigne que Roman Polanski soit arrêté et privé de liberté pour abus sexuel lointain , trop lointain selon eux pour justifier cette arrestation logique . De même j' ai, ce que certains vont appeler un préjugé défavorable  contre Dirty Silly Keutard .

Qui va pleurer pour lui ?

Au fait, avez-vous, comme ça, sans réfléchir, sans faire un casse chez votre banquier, un million de dollars ? Avez-vous le confort qu'apporte la fortune pour vous défendre en justice ?

Toujours justice/injustice à deux vitesses ! Qui saura me prouver le contraire ?

 

 

 

«  M. le maréchal duc de Richelieu

 

A Ferney , 17 mai [1766]

 

Je reçois la lettre du 1er mai, dont mon héros m'honore . M. le chevalier de Beauteville m'a dit qu'avant de partir pour votre royaume de Bordeaux vous lui aviez dit que vous le chargeriez de vos ordres pour moi ; mais la lettre dont vous me parlez ne m'est jamais parvenue, et il faut qu'on l'ai oubliée dans votre déménagement .

 

Que vous êtes heureux, Monseigneur, de pouvoir toujours courir ! et que je suis à plaindre de ne pouvoir au moins me trouver sur votre route !

 

Je suis bien fâché pour le public, et pour les beaux-arts que vous protégez, de voir le théâtre privé de Mlle Clairon, lorsqu'elle est dans la force de ses talents . J'y perds plus qu'un autre, puisqu'elle faisait valoir mes sottises ; mais elle m'a mandé que , puisqu'on ne voulait pas confirmer la déclaration de Louis XIII en faveur de vos spectacles, et encore moins la fortifier de quelques nouvelles grâces, elle ne pouvait plus cultiver un art trop avili . Elle a renoncé à l'excommunication, et moi aussi, j'ai pris mon congé . Il n'y a que vous qui restiez excommunié, puisque vous restez toujours le premier gentilhomme de la chambre, disposant souverainement de l’œuvre de Satan . Il est clair que celui qui les ordonne est bien plus maudit que le pauvres diables qui les exécutent . Il est plaisant qu'un comédien soit mis en prison s'il refuse de jouer, et soit damné s'il joue ; mais vous devez être accoutumé aux contradictions de ce monde .

 

Je n'ai encore vu aucun mémoire pour ou contre ce pauvre Lally . Je le connaissais pour un Irlandais un peu absurde, très violent, et assez intéressé ; mais je serais extrêmement étonné s'il avait été un traître comme on le lui reproche . Je suis persuadé qu'il ne s'est jamais cru coupable ; s'il l'avait été serait-il revenu en France ? il y a des destinées bien singulières . Ce globe est couvert de folies et de malheurs de toute espèce .

 

De toutes les folies, la plus ennuyeuse est celle des Genevois ; cette folie n'était certainement pas trop dangereuse ; ce n'est qu'une dispute de gens qui argumentent les uns contre les autres, et il faut que trois puissances envoyent des ambassadeurs pour interpréter trois ou quatre passages de leurs lois . On leur a fait bien de l'honneur, ils ressemblent à cet homme des fables d’Ésope qui priait Hercule de lui prêter sa massue pour écraser ses puces .

 

Continuez, mon héros à vous moquer du genre humain ; il le mérite bien . Moquez-vous aussi de moi quelquefois ; mais conservez-moi des bontés qui adoucissent la fin de ma carrière, et qui me rendent heureux dans ma retraite . Je finirai mes jours comme il y a plus de quarante ans que je les passe, pénétré pour vous de respect et du plus tendre attachement . »

 


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17/05/2011 | Lien permanent

il faut des années avant que les gens d'esprit aient repétri les sots

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Priez pauvres sots ! http://www.deezer.com/listen-5478497

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 http://fr.wikipedia.org/wiki/Caricatures_de_Mahomet_du_jo...

 Les sots, précurseurs des fanatiques traversent les âges et se multiplient sans cesse, hélas ! 

 

 

 « Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

 

A Bruxelles le 1er septembre 1742

 

Alla, illah alla Mohammed rezoul, alla.[i]

 

 Ce Mahomet, mon très aimable ami, m'a fait bien coupable envers vous ; il m'a rendu paresseux. Me voilà enfin tranquille à Bruxelles, et je profite de ce petit moment de loisir pour m'entretenir avec vous. Je pars demain pour aller trouver à Aix-la-Chapelle le roi qui a changé deux fois le système de l'Europe [ii], et qui pourtant n'est pas puni de Dieu, car il est aux eaux sans avoir besoin des les prendre, et les médecins sont au nombre des puissances dont il se moque. Si notre Mahomet, mon cher ami, eût été représenté devant lui, il n'en eût pas été effarouché comme l'ont été nos prétendus dévots [iii]. Il ne veut pas faire jouer Zaïre, parce qu'il y a trop de christianisme à ce qu'il dit dans la pièce. Vous jugez bien que le miracle de Polyeucte n'est pas de son goût et que celui de Mahomet lui plaît davantage [iv].

 

Nos jansénistes de Paris, et surtout nos jansénistes convulsionnaires ne pensent point ainsi ; les bonnes gens ont cru que l'on attaquait saint Médard et M. saint Pâris. Il y a eu même de vos graves confrères conseillers au parlement de Paris, qui ont représenté à leurs chambres que cette pièce était toute propre à faire des Jacques Clément et des Ravaillac. Ne trouvez-vous pas que ce sont là de bonnes têtes ? Ils croient sans doute qu'Harpagon fait des avares, et enseigne à prêter sur gages.

 

 Il y a une chose qui me fait de la peine , mon cher ami, et je vous la dirai, c'est que le gros de notre nation n'a point d'esprit. Le petit nombre d'illustres précepteurs que les Français ont eu dans le siècle passé n'a pu encore rendre la raison universelle. Corneille, Racine, Molière, La Bruyère, Bossuet, Fénelon etc. , ont eu beau faire, le faux, le petit, le léger, sont le caractère dominant. Cependant il y a toujours le petit nombre des élus à la tête desquels je vous place. Ceux-là conduisent à la longue le troupeau : dux regit examen, mais ce n'est qu'à la longue ; et il faut des années avant que les gens d'esprit aient repétri les sots. Le Tartuffe essuya autrefois de plus violentes contradictions ; il fut enfin vengé des hypocrites. J'espère l'être des fanatiques, car enfin Mahomet est Tartuffe le Grand ; nous en raisonnerons à Paris, c'est là ma plus chère espérance, car vous y viendrez à ce Paris, et moi j'y serai dans deux ou trois mois.

 

Tout ce griffonnage, mon cher ami, avait été écrit il y a huit jours. J'ai été voir le roi de Prusse avant de finir ma lettre [v]. J'ai courageusement résisté aux belles propositions qu'il m'a faites. Il m'offre une belle maison à Berlin et une jolie terre, mais je préfère mon second étage dans la maison de Mme du Châtelet. Il m'assure de sa faveur et de la conservation de ma liberté, et je cours à Paris à mon esclavage, et à la persécution. Je me crois un petit Athénien qui refuse les bontés du roi de Perse. Il y a pourtant une petite différence. On était libre à Athènes, et je suis sûr qu'il y avait beaucoup de Cideville. Sans celà comment aurait-on pu aimer sa patrie ? C'est beaucoup qu'il y en ait un en France, et que je puisse me flatter d'avoir bientôt la consolation de l'embrasser.

 

Mme du Châtelet fait toujours ici sa malheureuse guerre de chicane [vi], et on craint à tout moment d'en voir une véritable et universelle. Quel acharnement ! ne faudra-t-il pas faire la paix après la guerre ? Eh ! morbleu que ne fait-on la paix tout d'un coup !

 

Adieu, Mme du Châtelet vous fait mille compliments. Je vous regrette, je vous aime, je voudrais passer avec vous ma vie.

 

V.

 

A Bruxelles , 10 septembre 1742 »

 

 

 

i Il n'y a de dieu qu'Allah et Mahomet est son prophète.

ii Frédéric.

iii On avait exigé que V* retire sa pièce (jouée pour la première fois le 9 août à Paris) ; elle fût retirée après la troisième représentation ; « on a remarqué, écrit un journaliste, que toutes les religions paraissaient être attaquées dans cette tragédie, sous prétexte de blâmer celle de Mahomet. »

iv Le 16 août, la Comédie française joua Polyeucte à la place de Mahomet.

v Il est parti le même jour, 1er septembre ; il rendra compte au cardinal de Fleury , le 10 août, des entretiens qu'il a eu avec Frédéric pendant deux jours.

vi Procès intenté par Mme du Châtelet pour être reconnue héritière du marquis de Trichâteau, toujours pas terminé ; cf. lettre du 19 janvier 1742 à Cideville.

 

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01/09/2010 | Lien permanent

On n’imprime point un livre comme on vend de la morue au marché.

 

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« A Madame Nicolas-Bonaventure Duchesne

 

             Celui qui a dicté la lettre de Mme Duchesne ne l’a pas trop bien servie. Quand le sieur, Duchesne imprima le recueil de théâtre en question [celui de 1764, privilège de 1763], il devait consulter l’auteur, qui aurait eu la complaisance de  lui fournir de quoi faire une bonne édition. Il devait au moins prendre pour modèle l’édition des frères Cramer ; il devait surtout consulter quelque homme de lettres qui lui aurait épargné les fautes les plus grossières ; il ne devait pas imprimer sur des manuscrits informes d’un souffleur de la Comédie [on y trouve entre autres le texte de Zulime tel qu’il a été rapiécé et écourté pour les représentations]; il ne devait pas déshonorer la littérature et la librairie. On n’imprime point un livre comme on vend de la morue au marché. Un libraire doit être un homme instruit et attentif.

 

             Si Mme Duchesne veut, en se conformant à la dernière édition de MM. Cramer, faire des cartons et corriger tant de sottises, elle fera très bien ; mais il faut choisir un homme versé dans cet art qui puisse la conduire ; elle peut s’adresser à M. Thiriot.

 

             On lui envoya le tome de La Henriade in-4° il y a plus d’un an ; elle n’en a pas seulement accusé réception ; ce n’est pas avec cette négligence et cette ingratitude qu’on réussit. M. de Voltaire a les plus justes raisons de se plaindre. Ses ouvrages lui appartiennent. Le temps de tous les privilèges est expiré ; il en peut gratifier qui il voudra. Il favorisera Mme Duchesne s’il est content de sa conduite, sinon il fera présent de ses œuvres à d’autres qui le serviront mieux.

 

    A Ferney, 22 avril 1767. »

 

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21/04/2010 | Lien permanent

Criez et qu'on crie

... Oui, monsieur de Voltaire, aujourd'hui comme hier, il n'est que temps de s'élever contre le fanatisme, l'injustice, le mensonge et les faux-fuyants de ceux qui veulent nous gouverner .

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« A Etienne-Noël Damilaville

4 avril 1762

Mes chers frères, il est avéré que les juges toulousains ont roué le plus innocent des hommes . Presque tout le Languedoc en gémit avec horreur . Les nations étrangères qui nous haïssent et nous battent, sont saisies d'indignation . Jamais depuis le jour de la Saint Barthélemy rien n'a tant déshonoré la nature humaine . Criez et qu'on crie .

Voici un petit ouvrage 1 auquel je n'ai d'autre part que d'en avoir retranché une page de louanges injustes qu'on m'y donnait . Je serais très fâché qu'on crût que j'en aie eu la moindre connaissance ; mais je serais très aise qu'il parût, parce qu'il est d'un bout à l'autre de la vérité la plus exacte, et que j'aime la vérité . Il faut qu'on la connaisse jusque dans les petites choses . Il n'y a qu'à le donner à imprimer à Granger ou à Duchesne . Je ne vous parlerai point aujourd'hui de cet ouvrage de dévotion païenne , fait en six jours . Il y a trop de choses à dire sur Cassandre pour qu'on en dise une seule . On fait le chaos en six jours, et ensuite on arrange sa création . Il faut cultiver son petit talent jusqu'à la dernière heure .

Je suis affligé de la Martinique et de mon roué . Nous sommes bien sots et bien fanatiques, mais l'opéra-comique répare tout . Je bénis Dieu de m'avoir donné un frère tel que vous . »

1 L'ouvrage dont il est ici question ainsi que l'a suggéré Charrot, doit être l'Eloge de M. de Crébillon ; quoi qu'en ait pensé Bengesco en 1674 et Beuchot, l'édition de Genève de cette oeuvre était sans doute déjà à la composition .Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/jugement-eloge-de-crebillon-partie-9.html

 

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12/03/2017 | Lien permanent

être tympanisé par un faquin comme Fréron, c'est être condamné aux bêtes

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Voir un petit texte de Balzac : http://fr.wikisource.org/wiki/Sc%C3%A8nes_de_la_vie_priv%...

 On peu y lire , sans fatwah : " Mahomet a été bien grand quand il a vu quelqu’un pour soutenir à tort et à travers qu’il était prophète."

 

 

« A François de Chennevières

premier commis de la guerre

etc.

à Versailles

16 janvier [1760]

Puisque Marmontel 1 est à la Bastille , vous voyez mon cher monsieur que ce n'est plus à lui que s'adresse le petit avertissement qui doit être dans le Mercure 2. Je vous supplie de le faire parvenir au bureau de ce journal quelque soit l'auteur qui en soit chargé . Je vous avoue que je serais bien aise que cet avertissement fût un peu connu . Il est très désagréable à mon âge d'être tympanisé 3 par un faquin comme Fréron, c'est être condamné aux bêtes . Je vous serai obligé d'envoyer les lettres à leur destination . Nous vous faisons tous les plus tendres compliments .

V. »

1 Le 27 avril 1758, Mme de Pompadour le fit nommer auteur du Mercure de France avec pour auxiliaires Coste et Suard. Pour avoir mécontenté le duc d'Aumont, il fit un bref séjour à la Bastille, du 28 décembre 1759 au 7 janvier 1760 (lettre de M. à Diderot, Corr., t. I, n 50 ; Mercure de France, mars 1758, p. 480 et suiv.).

2 Le texte envoyé par V* est celui de la lettre du 5 janvier 1760 au Journal encyclopédique : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/12/il-est-des-circonstances-ou-un-homme-qui-a-eu-le-malheur-d-ecrire-doit-au-m.html

et qui parut dans Le Mercure peu après l'édition du Journal encyclopédique de Pierre Rousseau .

3 Tympaniser signifie « signaler bruyamment » ; http://fr.wiktionary.org/wiki/tympaniser

 

 

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22/01/2015 | Lien permanent

c'est le style d'un laquais, l'esprit d'un fou, et l'âme d'un coquin

... Donald Trump, Voltaire a trouvé justement les qualificatifs vous concernant . Comment ose-t-on dénigrer un si grand président, sauveur de "milliers et milliers" d'américains ? cet homme n'est-il pas  un saint, clairvoyant et tout puissant, digne du Nobel de la paix pour le moins ? n'hésitez pas à me dire si je me trompe .

https://www.youtube.com/watch?v=_4DJ3wc_nLc

 

 

« A Henri Rieu

à Genève

28è janvier 1765

Mon très cher corsaire, j'ai vu ce Vergy ; c'est le style d'un laquais, l'esprit d'un fou, et l'âme d'un coquin . Voilà de plaisants secrétaires d'ambassade .

Mes petits arrangements de finances m'obligent à me défaire des Délices . Si cette campagne avait été plus voisine de la vôtre, je n'y aurais jamais renoncé . M. Vieusseux 1 ne me reprochera plus d'avoir des possessions chez des hérétiques ; je me contenterai de Ferney et de Tournay pour le bien de mon âme et celui de ma bourse .

Je suis bien fâché, à propos d'âme , de ne pouvoir avoir ces Évangiles que vous connaissez . Tout Ferney vous embrasse tant qu'il peut . »

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16/04/2020 | Lien permanent

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