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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Quoi ! nous t’avons en paix reçu dans ma patrie

... A combien de chefs d'Etats et de gouvernements peut-on dire cela en France ? Combien de fieffés sal..ards a-t-on dû ménager pour ne pas en venir à la guerre ? Trop, beaucoup trop et ce ne sont  pas nos présidents de la République, grands avaleurs de couleuvres, qui diront le contraire . Et ce n'est pas demain la veille que ça changera . Au fait, bon voyage en Algérie !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

13è mars 1767 1

Mes anges et M. de Thibouville sauront donc que M. d’Hermenches vient de jouer Athamare à Lausanne avec un très grand succès . Et qui est M. d’Hermenches ? Un major suisse 2, qui a beaucoup d’esprit et qui a une femme très aimable, laquelle a joué très bien Obéide. Nous jouons sur le théâtre de Ferney dans quatre jours . On donne les Scythes à Genève, on les donne à Lyon  . Messieurs de Paris, faites comme il vous plaira.

Je me suis aperçu qu’il y avait deux fois dangereux en trois vers, page 13, dans le rôle d’Hermodan :

D’aucun soins dangereux sa paix n’est altérée.


Corrigez :

Jamais de tristes soins sa paix n’est altérée.
La franchise, qui règne en nos déserts heureux,
Fait mépriser ta cour et ses fers dangereux.3

Acte quatrième, scène de l’embaucheur 4 .

Il faut absolument ôter ce vers :

Nous te traitons en frère, et ta férocité, 5
etc.

On dit beaucoup, au cinquième acte, que les Scythes sont féroces ; il ne faut pas qu’on dise, au quatrième acte, que les Persans sont féroces aussi;voici comme nous avons corrigé :

Quoi ! nous t’avons en paix reçu dans ma patrie,
Ton accueil nous flattait, notre simplicité
N’écoutait que les droits de l’hospitalité,
Et tu veux me forcer dans la même journée,
etc. 6

M. de Thibouville est prié d’ajouter à toutes ses bontés celle de faire porter sur les rôles ces petites corrections.

J’ai envoyé à Lekain un résumé de tous les changements, afin qu’il les confronte.

N. B. Il se pourrait qu’on crût que ce vers, dans le premier acte :

Dans le secret du cœur ne puisse entretenir 7 »

1 La seconde feuille manque, d'où l'absence de la fin de lettre .

3 Ces vers seront encore modifiés dans l'acte I, scène 3 .

4 V* voit son héros Athamare sous les traits d'un sergent recruteur suisse ; on est à la scène 2 de l'acte IV.

5 Vers effectivement supprimé .

6 Acte IV, scène 2 des Scythes .

7 Le reste de cette lettre manque.

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22/08/2022 | Lien permanent

Il faut au moins parmi les variantes corriger cette balourderie ou, pour le mieux, mettre un carton

... rouge à Jean-Luc Mélenchon, ce va-t-en guerre abrutissant et complètement imbécile ; il devient vraiment puant d'orgueil et se prend pour un chef de guerre influant ; lui qui n'est pas même chef de sa basse-cour n'est qu'un harangueur de foire, un boni-menteur , un pousse-au-crime de la veine des meneurs de la Terreur de triste mémoire : https://www.ladepeche.fr/2022/09/03/a-la-braderie-de-lill...

 

 

 

« A Gabriel Cramer

Voici bien une autre sottise dans Les Scythes (page 12) . On s'est mépris d'environ cent cinquante lieues en faisant dire à Sozame ces deux vers-ci :

Nous partons dans la nuit, nous traversons le Phase

Elle affronte avec moi les glaces du Caucase.

Il faut au moins parmi les variantes corriger cette balourderie ou, pour le mieux, mettre un carton . Parce que si cette balourderie 1 ou balourdise tombe dans les mains de M. Abauzit 2, ou de M. Buache 3, ou de M. de Lisle 4, ou de M. de Vagondy 5, je suis perdu sans ressource . J'implore donc l’agrément d'une variante ou le secours d'un carton . Voici les deux vers substitués :

Nous partons, nous marchons de montagne en abîme,

Du Taurus escarpé nous franchissons la cime 6.

Mme Denis est toujours dans son lit, nous ne savons quand nous jouerons . On n'a jamais fait avec une tragédie .

Mercredi au soir [18 mars 1767]. »

1 Balourderie n'est pas attesté, le mot provient d’une contamination plaisante avec étourderie, que V* a aussi en tête .

3 Philippe Buache, géographe qui succéda à de Lisle à l'Académie des Sciences . Voir : https://data.bnf.fr/fr/12454137/philippe_buache/

et : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1971_num_3_1_963

5 Il s'agit sans doute de Gilles-Robert de Vaugondy qui est mort l'année précédente, ce que V* ignore sans doute . Mais ce pourrait être son fils Didier qui fut aussi un géographe connu .

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12380752/gilles_robert_de_vaugondy/

et : https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/706493

et voir : https://data.bnf.fr/fr/12380757/didier_robert_de_vaugondy/

et : https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/512569

6 Les Scythes, I, sc. 3 .

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04/09/2022 | Lien permanent

On gâte ses yeux, mon cher et ancien ami, en lisant, en buvant, et en faisant mieux

... En "faisant mieux", dites-vous mon cher Volti !

Je crains, ou plutôt non, je me réjouis que vous pensiez comme moi à ces ébats amoureux qui sont le miel de la vie et effectivement troublent la vue de la réalité, en l'embellissant heureusement .

Pour l'heure, je lis , je bois, et ...  je porte des lunettes .

Flou flou

 flou flou 1182.png

 

 

« A M. Claude-Etienne DARGET. 1

Aux Délices, 20 mai 1757.

On gâte ses yeux, mon cher et ancien ami, en lisant, en buvant, et en faisant mieux : voyez si vous n'êtes pas coupable de quelque excès dans ces trois belles opérations. Se frotter les yeux d'eau tiède en hiver, et d'eau fraîche en été est tout ce qu'il y a de mieux, frotter n'est pas le mot, c'est bassiner que je voulais dire, les remèdes les plus simples sont les meilleurs en tout genre.
Je vous assure que je suis bien fâché que ce ne soit pas vous qui achetiez la terre de M. de Boisy 2. Elle n'est qu'à une lieue de chez moi. Le château n'est pas si agréable que ma maison, il s'en faut beaucoup mais c'est une terre très-vivante, et mon petit domaine est très-ruinant; j'ai préféré dulce utili 3.
Eh bien, voilà donc comme on traite ce cher frère, à qui on dit des choses si tendres dans l'épître dédicatoire. Je ne sais plus où j'en suis sur tout cela. Il peut encore arriver malheur on peut avancer trop loin; des Cyrus peuvent trouver des Tomiris il ne faut qu'un coupe-gorge pour ruiner un grand joueur. J'enfile des proverbes comme Sancho Pança, mais c'est que je suis accoutumé aux Don Quichottes, voyez comme a fini Charles XII . Bienheureux qui vit fort loin de tous ces illustres et dangereux mortels . Figurez-vous que Patkul 4 a demeuré deux ans à quatre pas de chez moi donc il ne faut pas en sortir. Ce monde est un grand naufrage; sauve qui peut, c'est ce que je dis souvent.
Faites souvenir de moi Mme Dupin 5. Adieu, mon cher et ancien ami. 
Le Suisse VOLTAIRE. »

1  Ancien lecteur et secrétaire de Frédéric II de 1749 à 1756 ; voir : http://ub-dok.uni-trier.de/argens/pic/pers/Darget.php

2  La famille Budé possédait plusieurs propriétés près de Genève, dont Boisy et Fernex . C'est seulement la seconde qui n'est qu'à « une lieue » des Délices . Boisy est à Lausanne (Isaac de Budé est seigneur de Boisy, Fernex et Balayson ) .

3 Allusion à l'utile dulci d'Horace, Art poétique , vers 343 : http://tempsreel.nouvelobs.com/abc-lettres/proverbe-latin/omne-tulit-punctum-qui-miscuit-utile-dulci.html : la perfection c'est de réunir l'utile et l'agréable .

4  Johann Reinhold Patkul, en s'enfuyant de Suède s'était d'abord rendu en Suisse . Puis vers 1707, il fut roué par ordre de Charles XII pour haute trahison . Voir page 217 et suiv. : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113321/f220.image

Voir : http://en.wikipedia.org/wiki/Johann_Patkul ou : http://en.wikipedia.org/wiki/Johann_Patkul

 

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31/10/2012 | Lien permanent

Quelles que soient les vues du ministère de France ne parait-il pas à l'homme supérieur qui vous développe ses sentiment

... N'est-ce pas François Hollande ? Il m'a paru , comme trop rarement, ferme et sincère, expressif et précis, tant le Jérôme Cahuzac le gonfle .

Confier le budget de la France à un expert du placement juteux mais frauduleux, mais voilà qui était une bonne idée là dis-donc ! C'est comme donner la clé du poulailler au renard .  Lequel renard a eu des larmes de crocodile en cèdant sa place avec des allures de martyr , -je le comprends,- c'est comme passer à coté de l'euromillion à un numéro près, ça émeut (meuh ! je passe toute la ménagerie en revue, non ? ) . Que risque-t-il avec les avocats qu'il peut s'offrir ? Qu'est-ce que l'Etat va pouvoir récupèrer ?

Une bonne chose dans tout ça, c'est que certains journalistes font la démonstration de la qualité de leurs investigations, et mettent le nez dans leur kk à ceux qui pronent la présomption d'innocence, particulièrement et presque uniquement, quand il s'agit de personnalités politiques , sacro-saintes ô combien, du style DSK ou Sarko . A suivre ...

 Saisissons l'ouverture

 DSCF1344 saisir l ouverture.jpg

 

« A Jean-Robert Tronchin

A Lausanne 29 janvier [1758]

J'écris mon cher monsieur, à M. Bouret 1, fermier général et je lui donne votre adresse . S'il arrive une permission pour les flambeaux 2, à la bonne heure, sinon il faudra payer ces prétendus droits qu'on exige .

L'affaire que vous savez est un peu plus importante, et en qualité de bon Français je m'y intéresse davantage . Quelles que soient les vues du ministère de France ne parait-il pas à l'homme supérieur qui vous développe ses sentiments qu'il faut toujours saisir cette ouverture et entretenir une correspondance laquelle ne compromettrait point le maître , qui serait uniquement entre les mains de Son Excellence 3 et dont on pourrait tirer un très grand avantage dans une conjoncture favorable 4? Le cardinal de Richelieu disait qu'on devait toujours négocier avec ses ennemis . Je ne dis peut-être là que des sottises , mais aussi je parle d'un métier qui n'est pas le mien .

Je ne sais quel jour part M. le maréchal de Richelieu . On ne débite à présent que de fausses nouvelles du roi de Prusse, du roi de Pologne, des Suédois et des Russes . L'enlèvement d'un magasin de farine par M. de Voyer ne paraît pas une affaire décisive si ce n'est pour les boulangers 5.

Avez-vous toujours M. et Mme de Montferrat 6 à Lyon ? Si vous les voyez, je vous prie de vouloir bien leur présenter mes respects .

Je suppose que dans le compte que vous avez la bonté de faire vous employez les 30 000 livres d'annuités et les 30 000 livres de loterie afin que je voie de quoi je puis disposer .

Mme Denis et moi nous vous sommes toujours bien sincèrement attachés .

V. »

3 Le cardinal de Tencin .

4 Le 30 janvier , écrivant de Paris au comte de Choiseul ambassadeur à Vienne, Bernis lui parlait d'une « lettre que la margrave de Baireuth a écrite au cardinal de Tencin avec qui elle avait fait connaissance à son passage à Lyon . M. de Voltaire a été mis au fait sur-le-champ de cette ouverture . »

5 L'incident était survenu une quinzaine de jours auparavant, près d'Halberstadt .

 

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03/04/2013 | Lien permanent

j'ai un si violent mal de gorge que je ne peux dicter, et mes yeux sont si misérables que je ne vois pas ce que j'écris

... Canicule = climatisation à fond = recrudescence de maladies ORL . De "ça me fait suer !" on passe à "j'ai la crève !" , on se fait mettre en arrêt maladie et après ça on ose encore se moquer de ceux qui ralentissent leur activité sous les climats tropicaux !

Et on reporte les épreuves du Brevet pour protéger ces chers bambins, si fragiles qu'ils ne pourraient pas donner le meilleur de leur savoir dans un air au delà de 25°C , alors qu'ils veulent bien s'agglutiner sans limites dans des salles de jeux . Magnifique exemple de ce "bon sens" mis en avant par le  ministre de l'Education, M. Blanquer qui n'en est pas à une ânerie près . Voir le one man show du lèche-cul (avec prompteur, c'est flagrant ! ): https://www.education.gouv.fr/cid143227/canicule-les-epre...

Dans le même temps que le gouvernement ouvre la lutte contre la canicule, une majorité de Français -rois/empereurs de la logique- prépare ses valises pour aller se dorer/cramer sur les plages !   On veut bien se protéger de la chaleur quand il s'agit de travailler ( ou plutôt moins travailler ), mais pas question de faire de même pour les sacro-saintes vacances . Welches vous êtes, Welches vous restez !

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« A Etienne-Noël Damilaville

23è mai 1764 1

Mon cher frère, j'ai un si violent mal de gorge que je ne peux dicter, et mes yeux sont si misérables que je ne vois pas ce que j'écris . Il faut pourtant écrire à mon frère . Si vous avez encore un Corneille je vous demande en grâce d'en faire tenir un à M. de La Harpe chez M. de Chimène, rue des Bons-Enfants près du Palais-Royal . Ce La Harpe donne de grandes espérances . Il est plein d'esprit, de raison et de goût .

Je viens de recevoir le mot de l'énigme de la belle paix entre l'illustre Fréron et moi . Panckoucke m'écrit une longue lettre par laquelle il demande un armistice, et propose des conditions 2. Je vous enverrai la lettre et la réponse dès que j'aurai des yeux ou la parole . Interim écr l'inf.

Bonjour, mon frère , M. Cramer me dit que le dernier ballot doit être arrivé, et qu'il y a exemplaires pour M. le d[uc] de Villars .

Mon cher frère, vous êtes notre consolation . »

1 L'édition de Kehl publie le paragraphe central, mais incorporé dans la lettre du 21 mai 1764, d'après un remaniement provenant de la copie Beaumarchais-Kehl .

2 Voici le texte de cette lettre :

« A Paris le 16 mai 1764

«  Monsieur,

« J'ai trouvé dans le fond de M. Lambert une partie d'édition d'un recueil de vos romans etc... Je désirerais en donner une nouvelle au public en y joignant les Contes de Guillaume Vadé etc. J'ornerai cette édition d'estampes, de culs-de-lampes etc.

« Quoique j'aie acquis , monsieur, par la cession de M. Lambert le droit de réimprimer le recueil de ces romans, je crois devoir vous en demander la permission, et je recevrai comme une grâce celle que vous voudrez bien m'accorder .

«  Il y a bien de l'imprudence sans doute au libraire de L’Année littéraire de vous demander des grâces, mais je vous ai déjà prié de croire, monsieur, que je suis bien loin d'approuver tout ce que fait M. Fréron . Il vous a sans doute donné bien des raisons de le haïr ; et cependant, lui, il ne vous hait point . Personne n'a de vous une si haute estime, personne n'a plus lu vos ouvrages, et n'en sait davantage . Ces jours derniers encore dans la chaleur de la conversation, il trahissait son secret, et disait du fond de son cœur que vous étiez le plus grand homme de notre siècle . Quand il lit vos ouvrages immortels, il est ensuite obligé de se déchirer les flancs pour en dire le mal qu'il n'en pense pas . Mais vous l'avez martyrisé tout vivant par vos répliques ; et ce qui doit lui être le plus sensible, c'est que vous l'avez déshonoré dans la postérité . Tous vos écrits resteront . Pensez-vous, monsieur, que dans le secret il n'ait pas à gémir des rôles que vous lui faites jouer ? J'ai souvent désiré pour votre repos, pour ma satisfaction particulière , et pour la tranquillité de Fréron de voir la fin de ces querelles . Mais comment parler de paix dans une guerre continuelle ? Il faudrait au moins une trêve de deux mois ; et si vous daigniez prendre confiance en moi , vous verriez, monsieur, que celui que vous regardez comme votre plus cruel ennemi, que vous traitez ainsi, deviendrait de votre admirateur secret, votre admirateur public.

« Je suis etc. / Panckoucke »

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25/06/2019 | Lien permanent

Conservez vos bontés à ce pauvre malade qui ne respire que pour en sentir tout le prix

 http://www.youtube.com/watch?v=IEexx5BR5eY

 

neige-de-printemps.jpg

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

 

5è mai 1773, à Ferney

 

C'est toujours au premier Gentilhomme de la Chambre, au grand maître des Jeux et des Plaisirs que j'ai l'honneur de m'adresser . Je lui ai écrit en faveur de Patrat i que je crois très utile au théâtre que mon héros veut rétablir .

 

Je lui présente aujourd'hui requête pour La Borde dont on prétend que la Pandore est devenue un ouvrage très agréable . Je crois qu'il mourra de douleur si mon héros ne fait pas exécuter son spectacle aux fêtes de madame la comtesse d’Artois ii, et moi je reprendrais peut-être un peu de vie si cette aventure pouvait me fournir une occasion de vous faire ma cour pendant quelques jours .

 

Je crois que cette Pandore avec sa boite, a été en effet la source de bien des maux, puisqu'elle fit mourir de chagrin ce pauvre Royer iii, et qu'elle est capable de jouer un pareil tour à La Borde . Les musiciens me paraissent encore plus sensibles que les poètes . Il y a longtemps, Monseigneur, que je cherche le moyen de vous envoyer un recueil qui contient Les Lois de Minos et plusieurs petits ouvrages en prose et en vers assez curieux iv. Je vous demanderais une petite place pour ce livre dans votre bibliothèque ; il est assez rare jusqu'à présent . Ne puis-je pas vous l'envoyer sous l'enveloppe de M. le duc d'Aiguillon ? J'attends sur cela vos ordres .

 

On va jouer Les Lois de Minos à Lyon, le spectacle sera très beau, mais les acteurs sont bien médiocres . Je compte que la pièce sera mieux jouée dans votre capitale de la Guyenne . Je n'irai point voir le spectacle de Lyon . Les suites de ma maladie ne me le permettent pas . Mais quand il s'agira d'obéir à vos ordres, je trouverai des ailes, et je volerai . Je vois qu'un certain voyage est un peu différé v; tant mieux, car nous n'avons point encore de printemps, mais en récompense nous sommes entourés de neige .

 

Conservez vos bontés à ce pauvre malade qui ne respire que pour en sentir tout le prix .

 

V.

 

N.B.- On me mande que La Borde a beaucoup retravaillé sa Pandore vi, et qu'elle est très digne de votre protection . »

 

Le 26 avril, V* a écrit à Richelieu :  « Je vous demande en grâce de donner ordre au sieur Patrat de jouer Lusignan, et s'il n'arrache pas des larmes j'ai tort ... ; j'ai été infiniment content lorsqu'il a joué devant un auditoire qui lui était favorable »

ii  C'est-à-dire aux fêtes qui devaient être données en l'honneur du mariage du comte d'Artois avec Marie-Thérèse de Savoie, le 16 novembre 1773.

iii  Le 4 novembre 1765, V* écrit à La Borde que « Royer avait fait presque toute la musique de cette pièce bizarre lorsqu'il s'avisa de mourir » Voir page 290 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f295.image.r...

Le 23 janvier 1755 à Cideville : «La seule chose dont je puisse bénir dieu est la mort de Royer  », car V* a été très mécontent du remaniement du livret fait par Sireuil à la demande de Royer ; voir page 195 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f199.image.r...

et lettre du 6 octobre 1754 à Mme de Fontaine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/05/o...

et du 23 janvier 1755 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/inde...

iv  Sur le contenu du recueil, voir la lettre à d'Alembert du 27 mars 1773 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/03/27/m...

Peut-être la rencontre de V* et Richelieu prévue à Lyon et dont il avait été question .

vi  Voir ce qu'écrivait V* le même jour à La Borde .

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05/05/2011 | Lien permanent

Par quelle fatalité déplorable faut-il que des ennemis du genre humain,...soient unis entre eux pour faire le mal, tandi

... Triste constat d'actualité et persistant .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

[1] décembre 1767 1

J'attends demain une lettre de vous, mon cher ami ; ainsi je vous réponds avant que vous m'ayez écrit, car l'éloignement du bureau de la poste me force toujours de mettre un grand intervalle entre les lettres que je reçois et celles que je réponds.

Je n'ai encore rien reçu de Mme de Sauvigny, rien de M. le duc de Choiseul ; mais j'ai reçu un livre imprimé à Avignon, intitulé Dictionnaire antiphilosophique 2, qui est assurément très digne de son titre. Les malheureux y ont ressemblé toutes les ordures qu'on a vomies dans divers temps contre Helvétius et Diderot, et contre quelqu'un que vous connaissez. La fureur de ces misérables est toujours couverte du masque de la religion ; ils sont comme les coupeurs de bourses qui prient Dieu à haute voix en volant dans l'église.

L'ouvrage est sans nom d'auteur, le titre le fait débiter. Il y a des morceaux qui ne sont pas sans éloquence, c'est-à-dire l'éloquence des paroles car pour celle de la raison, il y a longtemps qu'elle est bannie de tous les livres de ce caractère. Trois jésuites, nommés Patouillet, Nonotte et Cérutti, ont contribué à ce chef-d’œuvre. On m'assure qu'un avocat a déjà daigné répondre à ces marauds, à la fin d'un livre qui roule sur des matières intéressantes 3.

Par quelle fatalité déplorable faut-il que des ennemis du genre humain, chassés de trois royaumes, et en horreur à la terre entière, soient unis entre eux pour faire le mal, tandis que les sages qui pourraient faire le bien sont séparés, divisés, et peut-être, hélas! ne connaissent pas l'amitié ? Je reviens toujours à l'ancien objet de mon chagrin : les sages ne sont pas assez sages, ils ne sont pas assez unis, ne sont ni assez adroits, ni assez zélés, ni assez amis. Quoi! trois jésuites se liguent pour répandre les calomnies les plus atroces, et trois honnêtes gens resteront tranquilles

Vous ne serez pas tranquille sur le compte des Sirven. Je compte toujours, mon cher ami, que M. Chardon rapportera l'affaire incessamment devant le roi. Il sera comblé de gloire et béni de la patrie.

Avez-vous lu L’Honnête Criminel ?4 Il y a de très beaux vers. L'auteur aurait pu faire de cette pièce un ouvrage excellent ; il aurait fait une très grande sensation, et aurait servi votre cause.

Je suis toujours très malade: je sens de fortes douleurs; mais l'amitié qui m'attache à vous est bien plus forte encore.

Bonsoir, mon digne et vertueux ami. »

 



1 Le manuscrit est daté du 11, date que Beuchot a judicieusement corrigée en 1(er). V* a écrit à Mme de Sauvigny le 18 novembre ou peu s'en faut, et le 2 décembre il annonce à Damilaville sa réponse : « Mme de Sauvigny, à qui j'avais écrit de la manière manière plus pressante, sans vous compromettre en rien, s'explique [,,,] »

2 Louis Mayeul Chaudon : Dictionnaire anti-philosophique, pour servir de commentaire et de correctif au Dictionnaire philosophique . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6545729z

et : https://data.bnf.fr/fr/11896366/louis-mayeul_chaudon/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Mayeul_Chaudon

3 Allusion probable au « Projet secret » imprimé à la fin des Lettres à son Altesse […] ; voir lettre du 4 octobre 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/12/ces-marauds-la-ne-valent-pas-la-plaisanterie-il-ne-faut-poin-6442855.html

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18/06/2023 | Lien permanent

nous sommes des gens excessivement médiocres

... en général ! et heureusement les Jeux Olympiques nous montrent qu'il y a quelques exceptions et qu'un travail , des efforts acharnés méritent d'être reconnus, même chez ceux qui n'ont pas remporté de médailles . Bravo à eux !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Aux Délices 9 mars 1763 1

Assurément vous êtes bien anges, et je suis bien payé pour le croire et pour le dire. Vous me traitez précisément comme Gabriel 2 traita Tobie, vous m’enseignez un remède pour mes yeux ; mais ce n’est pas du fiel de brochet. Je vous remercie bien tendrement, mes chers anges.

Je vois qu’il faut abandonner le tripot pour longtemps. Vous n’ignorez pas sans doute que mademoiselle Clairon est dans le cas de l'hémorroïsse 3, et que le sauveur Tronchin lui a mandé qu’il ne pouvait la guérir, si elle ne venait toucher le bas de sa robe. Il la déclare morte, si elle joue la comédie. Je me bornerai donc à commenter Corneille et à admirer Racine.

Mais admirez dans quel embarras me jette Pierre Corneille. Ce n’est pas assez pour lui d’avoir fait Pertharite, Théodore, Agésilas, Attila, Suréna, Pulchérie, Othon, Bérénice, il faut encore qu’un arrière-petit-fils de tous ces gens-là vienne du pays de la mère aux guines 4 me relancer aux Délices. C’est réellement l’arrière-petit-fils de Pierre. Il se nomme Claude-Etienne Corneille, fils de Pierre-Alexis Corneille, lequel Alexis était fils de Pierre Corneille, gentilhomme ordinaire du roi ; lequel Pierre était fils de Pierre, auteur de Cinna et de Pertharite.

Claude-Etienne, dont il s’agit ici, est né avec soixante livres de rente mal-venant 5. Il a été soldat, déserteur, manœuvre, et d’ailleurs fort honnête homme. En passant par Grenoble, il a représenté son nom et ses besoins à M. de Montferrat, 6 que vous connaissez. Ce président, qui est le plus généreux de tous les hommes, ne lui a pas donné un sou, mais lui a conseillé de poursuivre son voyage à pied, et de venir chez moi, l’assurant que ce conseil valait beaucoup mieux que de l’argent, et que sa fortune était faite.

Claude-Etienne lui a représenté qu’il n’avait que quatre livres dix sous pour venir de Grenoble aux Délices. Le président a fait son décompte, et lui a prouvé qu’en vivant sobrement, il en aurait encore de reste à son arrivée.

Le pauvre diable enfin arrive mourant de faim, et ressemblant au Lazare ou à moi. Il entre dans la maison, et demande d’abord à boire et à manger, ce qu’on ne trouve point chez le président de Montferrat. Quand il est un peu refait, il dit son nom et demande à embrasser sa cousine. Il montre les papiers qu’il a en poche ; ils sont en très bonne forme. Nous n’avons pas jugé à propos de le présenter à sa cousine ni à son cousin M. Dupuits, et je crois que nous nous en déferons avec quelque argent comptant. Il descend pourtant de Pierre Corneille en droite ligne, et mademoiselle Corneille, à la rigueur, n’est rien à Pierre Corneille 7. Nous aurions pu marier Marie à Claude-Etienne, sans être obligés de demander une dispense au pape.

Mais comme M. Dupuits est en possession, et qu’il s’appelle Claude, l’autre Claude videra la maison. Voilà, je crois, ce que nous avons de meilleur à faire.

On nous menace d’une douzaine d’autres petits Cornillons 8, cousins-germains de Pertharite, qui viendront l’un après l’autre demander la becquée. Mais Marie Corneille est comme Marie sœur de Marthe ; elle a pris la meilleure part 9.

Le bon de l’histoire, c’est que c’est un nommé Du Molard 10, pauvre diable de son métier, qui est le premier auteur de la fortune de Marie. Tout cela, combiné ensemble, me fait croire plus que jamais à la destinée.

Heureusement le roi s’est moqué des beaux arrangements de M. Bertin ; il nous envoie de l’argent comptant, autre destinée encore très singulière.

Celle de la veuve Calas ne l’est pas moins ; elle ne se doutait pas, il y a un an, que le conseil d’État s’assemblerait pour elle.

Olympie a encore sa destinée ; elle sera jouée à Moscou avant de l’être à Paris. Une très mauvaise copie a été imprimée en Allemagne et j’ai été obligé d’en envoyer une moins mauvaise. La pièce me paraît singulière, et assez rondement écrite. Je la trouve admirable quand je lis Attila ; mais je la trouve détestable quand je lis les pièces de Racine, et je voudrais avoir brûlé tout ce que j’ai fait. Mes divins anges, il n’y a que Racine dans le monde : s’il me vient quelqu’un de sa famille, je vous promets de le bien traiter : mais pour Campistron, La Grange Chancel, Crébillon, et moi, nous sommes des gens excessivement médiocres. Ce n’est pas qu’il n’y ait de très belles choses dans Corneille ; mais pour une pièce parfaite de lui, je n’en connais point. Mes chers anges, je baise le bout de vos ailes avec tendresse et respect.

V. »



1 L'édition de Kehl remplace Montferrat par M***, suivie par les autres éditions .

2 Raphaël et non Gabriel, cité dans Tobie, VI, 5 : https://bible.catholique.org/livre-de-tobie/4137-chapitre-5

3 Ce terme est appliqué à la femme guérie d'un saignement en touchant la robe du Christ ; https://fr.wiktionary.org/wiki/h%C3%A9morro%C3%AFsse

4 Ou plutôt gaines : « ce pays de la mère aux gaines » est Moulins ; voir : http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Gaine/fr-fr/

5 Bien que cité par Littré, d'après la présente lettre , comme un ancien terme juridique, il semble en fait n'être ici qu'une plaisanterie sur la formule habituelle bien-venant .

6 Charles-Gabriel-Justin de Barral, marquis de Montferrat, qui n'est que conseiller du parlement de Grenoble, ou alors son frère aîné Jean-baptiste-François, qui est président à mortier mais ordinairement nommé marquis d'Arvillard . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_de_Barral

7 V* a pour Marie-Françoise Corneille une affection sincère prouvée par les termes de son contrat de mariage, mais on ne peut manquer son peu d'empressement qu'il met à secourir le propre petit-fils de Corneille . Certains disent que l'aide apportée à celle-ci était une opération publicitaire alors que la même aide entreprise dans le cas du petit-fils aurait été négative sur ce plan .

8 Souriau fait de ce terme un néologisme, alors que V* l'a utilisé comme une formation plaisante, rappelant le corbillon d'Agnès .

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18/02/2018 | Lien permanent

quand on a fortement résolu de réussir, il est rare qu'on échoue. Il faut discrétion, protection, courage, patience

... Combien de candidats aux élections de toutes sortes n'ont pas l'ombre d'une des qualités précitées et pourtant sont élus, ce qui , à mes yeux, est un encouragement à la médiocrité au mieux, à la malfaisance au pire.

 Cope-Minable.jpg

 La race des lapins crétins a un superbe président (bling bling de pacotille, à la Ségéla/Sarko)

 

« A Cosimo Alessandro COLLINI.

gouverneur
de M. le comte de Sauer

à l'hôtel de Noailles

à Strasbourg
Si vous voulez entreprendre et suivre l'affaire de la restitution de vos effets, mon cher Colini, il faut courage et patience, et vous en viendrez à bout. Il est nécessaire que vous alliez à Francfort, dussiez-vous y aller en pèlerin. M. de Sauer doit vous aider; je vous ferai toucher quelque argent à Francfort ; vous aurez des lettres de recommandation pour Vienne, et Mme de Bentinck pourra vous y être utile. Il n'est point étonnant que vous ayez attendu le moment favorable qui se présente 1. Vos anciennes protestations subsistent. Votre petite cassette, où étaient vos effets, était dans une des malles dont on s'empara. Vous pouvez me citer, j'agirai en temps et lieu. Il est certain qu'un homme qui s'est emparé des malles et effets d'un voyageur, sans faire d'inventaire et sans forme juridique, est tenu de rendre tout ce qu'on lui redemande. Il n'est question que d'aller secrètement à Francfort avec des lettres de recommandation, et de bien songer que, quand on a fortement résolu de réussir, il est rare qu'on échoue. Il faut discrétion, protection, courage, patience, et vous avez tout cela.

[2 février 1759] »

 

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19/02/2014 | Lien permanent

Ma foi à force d'emprunter on sera enfin réduit à ne rien payer . Sauve qui peut

 ... Un peu de bon sens n'est pas de trop , ni pour les particuliers, ni pour les Etats .

 Avant

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 Grandeur et décadence

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« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

A Lausanne 23 février [1758]

Je reçois, mon cher monsieur , votre lettre du 19 . J'ai donné une lettre de change de 1700 livres sur vous à M. Francillon de Lausanne 1. Les 500 louis seront arrivés assez tôt au mois d'avril . Je ferai peut-être aussi de mon côté un petit voyage mais ce ne sera pas à Paris . Grand merci des cinquante bouteilles . C'était pour mêler avec le vin de Beaujolais mais puisque vous dites qu'il est si bon, il sera bu sans mélange . Pourrait-on en avoir cent bouteilles au lieu de 50 ?2 Je vous remercie des chiffons de théâtre . J'en fais usage car il faut s'amuser et la bonne philosophie n'est que cela . Vraiment je vous serai très obligé de me faire marcher sur des dépouilles anglaises . Je veux fouler aux pieds leurs tapis de Turquie . Ayez la bonté de m'en faire avoir quatre . Les dimensions n'y font rien . Ils seront bien reçus . Je ne veux pas que la maison des Délices soit de pire condition que la maison de Lausanne dans laquelle j'ai fait mettre des tapis partout . Si je suis philosophe je ne suis pas de la secte des cyniques qui gâtaient les meubles .

Il n'y a que Dieu qui sache ce que le diable nous promet cette année . On dit que le diable menace encore d'un nouvel emprunt dans six mois . Ma foi à force d'emprunter on sera enfin réduit à ne rien payer . Sauve qui peut . Je vous embrasse . Point de nouvelles des exacteurs généraux sur mes flambeaux .3

V.

Je tire encore sur vous, monsieur, une lettre de change pour la solde du sieur Aubousier 4, marchand de Lausanne . Elle sera environ 1650 livres . »

1 Sans doute un des fils du banquier Louis Francillon , Jean-François et Abraham-Isaac, tous deux marchands et banquiers .

2 Phrase ajoutée en marge de la lettre manuscrite .

3 Phrase ajoutée en marge de la lettre manuscrite .

4 Oboussier était le nom d'une famille dauphinoise réfugiée à Lausanne pour raison religieuse .

 

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19/06/2013 | Lien permanent

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