18/02/2010
Ne parlez point de ce que j’écris mais agissez, ameutez
Pas trop de café ! mais du pousse café à la place , ça surement !! Jean Carmet, cher Jean Carmet, je suis heureux de te revoir et t'entendre .
http://www.youtube.com/watch?v=7fwCXvPzuSs
On est encore loin des brèves de comptoir dans les premiers cafés des XVII et XVIIIème siecles.
Le Sicilien Procope a eu le nez creux pour se lancer dans ce nouveau "commerce" de luxe .
"Offrez lui des carrosses, le paiement de tous ses faux frais mais point d’argent." : certains se sont retrouvés devant les juges pour avoir accepté cela ! Je ne vous fais pas la liste ...
« A Bonaventure Moussinot
Ce 18 [février 1739]
Mon cher abbé, je vous adresse cette lettre pour mon neveu [abbé Alexandre Mignot], je vous prie de la lui faire rendre sur le champ et de vous joindre à lui et à Mme de Champbonin. Je vous fais à tous les mêmes prières . Ne parlez point de ce que j’écris (à mon neveu sur Mme de Champbonin, sur Thiriot, sur Mouhy) mais agissez, ameutez les Procope, les Andry rue de Seine, et même l’indolent Pitaval rue d’Anjou, les abbé de La Tour Seran [Seran de La Tour], les Castera du Perron . Qu’ils voient M. d’Eon, M. Hérault, qu’ils signent une nouvelle requête . Ne négligeons rien ; poussons le scélérat [Desfontaines, auteur de La Voltairomanie] par tous les bouts.
Je prie mon neveu d’ameuter quelques-uns de mes parents pour se joindre à lui, pour signer cette nouvelle requête à M. Hérault . Cela est important . Parlez-lui en . Offrez lui des carrosses, le paiement de tous ses faux frais avec votre adresse ordinaire . J’ai fait tenir 100 livres tournois à Mouhy . Trollez-le,[terme de vénerie : la trolle est « une manière de chasser au hasard du lancer quand on n’a pas détourné le cerf avec un limier »] mais point d’argent.
Quelle personne pourrait servir auprès du curé de Saint-Nicolas-des-Champs, qui est ami de M. Hérault ? Je lui ai écrit, je vous ai mandé . J’agis aussi vivement que si j’étais à Paris, et violenti rapiunt illud.[et les violents l’emportent.]
Vale.
Vision moderne de la philosophie et d'un "philosophe (?)" au nom de magasin, BHV, non, pardon, BHL :
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16/02/2010
Je conseille au Saint-Père d’attendre les grandes chaleurs pour faire cette procession
Dans le dernier bulletin municipal de Gex, il était question de l'éradication des chenilles processionnaires du pin qui envahissent progressivement la France, en passant par chez nous.
Ce qui évidemment a guidé mon choix pour la lettre du jour, puisque Volti, toujours aussi bon coeur, déconseille au pape de faire une procession nu-pieds en hiver ! Je suppose qu'il était loin d'imaginer le mode de procession imagé ci-dessous :
Pour de plus amples renseignements, voir :
http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://img.over-blo...
Et comme j'aime les choses qui sortent un peu-beaucoup de l'ordinaire , voyez et écoutez :
http://www.flickr.com/photos/zen/2410606492/
http://www.flickr.com/photos/zen/2409744353/in/photostream/
Relax ! Relax ! Mais pas endormis, j'espère !
« Au comte Alexandre Romanovitch Vorontsov
16 février, 1768, à Ferney
Monsieur, mon ami Bourdillon [Bourdillon = V*, dans son Essai historique et critique sur les dissensions des églises de Pologne avait parlé de l’évêque de Cracovie, Kajetan Soltyk comme d’un évêque tolérant. Le prélat fut emprisonné. D’où la « honte » de V* et la correction qu’il fer dans les éditions postérieurs de l’Essai …] est tout honteux de s’être trompé sur l’évêque de Cracovie. Il devait bien penser que cet homme se dédirait et jouerait quelque mauvais tour à la raison humaine, puisqu’il est prêtre. Ce vieux bonhomme de Bourdillon est même tout étonné que vous n’ayez pas eu la bonté de réparer sa faute en faisant mettre en marge quelque petite note honnête sur la perfidie épiscopale . Il dit que M. le prince Repnin [ambassadeur de Russie en Pologne et qui a signalé le fait] a très bien fait et qu’il l’en remercie de tout son cœur.
On dit que le pape veut faire une procession pieds nus pour implorer la vengeance divine contre une certaine impératrice qui remet la nature humaine dans ses droits en établissant la liberté de conscience [Elle avait imposé à la Diète polonaise, le 5 décembre 1767, l’égalité des droits des Dissidents, c’est-à-dire les non-catholiques] . Je conseille au Saint-Père d’attendre les grandes chaleurs pour faire cette procession. Rien n’est si malsain pour un vieux Vénitien que de marcher pieds nus pendant l’hiver.
Je vous envoie, Monsieur, un Sermon prêché à Bâle, [Sermon prêché à Bâle le premier jour de l’an 1768 par Josias Rossette, évidemment de V*] que peut-être vous ne connaissez pas encore. Il pourra bien être brûlé à Rome, mais je ne crois pas qu’il le soit à Moscou. Si on prêche encore quelques sermons dans ce goût-là, j’aurai l’honneur de vous en faire part, car je sais combien vous aimez la parole de Dieu.
J’ai l’honneur d’être, avec le plus tendre respect, Monsieur, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
V. »
Procession : http://animal.discovery.com/videos/weird-true-freaky-oak-...
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15/02/2010
Et cependant cela joue encore un rôle dans l’Europe !
http://www.youtube.com/watch?v=ulVDM0a49Lw
Pourquoi cette insatisfaction qui m'a rappelé ce titre des seventies ? Un amour contrarié ? Mal aux pieds ? Médaille de bronze ?
Allez! cette insatisfaction je la chasse avec mon antidote favori : Voltaire !
Et puis, si ça intéresse un psy, je passe à l'ange : Angie (au volant, je passe aussi à l'or-ange ! ) :
http://www.youtube.com/watch?v=JMkFjYRWM4M&feature=re...
« A Frédéric II , roi de Prusse
A Ferney, 15 février [1775]
Sire,
Je ne suis point étonné que le grand baron de Polnitz se porte bien à l’âge de quatre-vingt-huit ans ; il est grand, bien fait, bien constitué . Alexandre, qui était très bien constitué aussi, et très bien pris dans sa taille , mourut à trente ans, après avoir seulement remporté trois victoires ; mais c’est qu’il n’était pas sobre, et qu’il s’était mis à être ivrogne.
Quand je le loue d’avoir gagné des batailles en jouant de la flûte comme Achille, ce n’est pas que je n’aie toujours la guerre en horreur ; et certainement j’irais vivre chez les quakers en Pensilvanie[m1], si la guerre était partout ailleurs.
Je ne sais si Votre Majesté a vu un petit livre qu’on débite actuellement à Paris, intitulé Le Partage de la Pologne, en sept dialogues, entre le roi de Prusse, l’impératrice-reine et l’impératrice russe. On le dit traduit de l’ anglais ; il n’a pourtant point l’air d’une traduction [m2]. Le fond de cet ouvrage est surement composé par un de ces Polonais qui sont à Paris. Il y a beaucoup d’esprit, quelquefois de la finesse, et souvent des injures atroces . Ce serait bien le cas de faire paraître certain poème épique [m3]que vous eûtes la bonté de m’envoyer il y a deux ans . Si vous savez vaincre et vous arrondir[m4], vous savez aussi vous moquer des gens mieux que personne. Le neveu de Constantin[m5], qui a rit et qui a fait rire aux dépens des Césars, n’entendait pas la raillerie aussi bien que vous.
Je suis très maltraité [m6]dans les sept dialogues ; je n’ai pas soixante mille hommes pour répondre ; et Votre Majesté me dira que je veux me mettre à l’abri sous votre égide . Mais en vérité, je me tiens glorieux de souffrir pour votre cause.
Je fus attrapé comme un sot quand je crus bonnement, avant la guerre des Turcs, que l’impératrice de Russie s’entendait avec le roi de Pologne pour faire rendre justice aux dissidents, et pour établir seulement la liberté de conscience. Vous autres rois, vous nous en donnez bien à garder, vous êtes comme les dieux d’Homère, qui font servir les hommes à leurs desseins sans que ces pauvres gens s’en doutent.
Quoi qu’il en soit, il y a des choses horribles dans ces sept dialogues qui courent le monde.
A l’égard de d’Etallonde-Morival, qui ne s’occupe à présent que de contrescarpes et de tranchées, je remercie Votre Majesté de vouloir bien me le laisser encore quelque temps. Il n’en deviendra que meilleur meurtrier, meilleur canonnier, meilleur ingénieur ; et il vous servira avec un zèle inaltérable dans toutes les journées de Rosbac qui se présenteront.
J’espère envoyer à Votre Majesté, dans quelque mois, un petit précis de son aventure velche[m7], vous en serez bien étonné . Je souhaiterais qu’il ne plaidât que devant votre tribunal . C’est une chose bien extraordinaire que la nation velche ! Peut-on réunir tant de superstition et tant de philosophie, tant d’atrocité et tant de gaieté, tant de crimes et tant de vertus, tant d’esprit et tant de bêtises ? Il ne faudrait qu’un Louvois et qu’un Colbert pour rendre ce rôle passable ; mais Colbert, Louvois et Turenne ne valent pas celui dont le nom commence par une F, et qui n’aime pas qu’on lui donne de l’encens par le nez .
En toute humilité, et avec les mêmes sentiments que j’avais il y a environ quarante ans.
Le vieux malade de Ferney. »
[m1] Pour les idées que se fait V* sur la Pennsylvanie, voir les Lettres philosophiques, et l’Histoire de Jenni (1775)
[m2] Le Partage de la Pologne en septt dialogues en forme de drame (Londres 1774), traduction de Joseph Mathias Gérard de Rayneval du texte attribué à Théophilus Lindsey (alias Gottlieb Pansmouser) ou à John Lind. Le 26 mars, réponse de F II : « L’auteur de cet ouvrage est un anglais nommé Lindsey, théologien de profession, et précepteur du jeune prince Poniatowski », qu’il a « composé sa satire en anglais », qu’on a envoyé ces Dialogues à traduire « à un certain Gérard » consul de France à Dantzig, que ce Gérard qui le « hait cordialement » a retouché les Dialogues où « il y a par-ci par-là des grossièretés et des platitudes insipides » mais aussi « des traits de bonne plaisanterie ».
[m3] La Guerre des Confédérés, poème de Frédéric envoyé à V* en novembre , imité de La Guerre civile de Genève de V* ; F II répondra le 2 mars qu’il a fait ce poème « pour se désennuyer » quand il était « alité de la goutte », que « dans cet ouvrage il est question de bien des personnes qui vivent encore, et (qu’il) ne doi(t) ni ne veu(t) choquer personne ni plus ni moins » . Le 26 mars, après avoir lu les Dialogues, il dit qu’il « n’ira point ferrailler à coups de plume contre ce sycophante ».
[m5] L’empereur, dans ces Césars, sorte de tragi-comédie. Le 10 mars 1771, F II avait écrit à V* qu’il appréciait peu cette plaisanterie.
[m7] Le 4 février, V* écrivait au roi : « … d’Etallonde-Morival … compte écrire dans quelque temps, ou au chancelier de France, ou au roi de France lui-même … Il ne fera partir sa lettre qu’après que … vous l’aurez approuvée . Vous serez étonné de cette affaire qui est … cent fois pire que celle des Calas Vous y verrez un jeune gentilhomme innocent, condamné au supplice des parricides, par trois juges de province, dont l’un était un ennemi déclaré, et l’autre un cabaretier, marchand de cochons, autrefois procureur, et qui n’avait jamais fait le métier d’avocat… ». Le 28 mars, V* envoie « le mémoire de d’Etallonde … fondé sur les pièces originales qu’on (leur) cachait » et qu’ils ont « résolu d’envoyer à tous les jurisconsultes de l’Europe » pour avoir « l’Europe entière contre trois gredins d’Abbeville ». cf lettre du 16 avril à d’Argental ; Pour l’affaire de La Barre, cf lettres des 14 et 28 juillet 1766, des 13 et 31 décembre 1773, du 11 décembre 1774.
Une chanson que l'on aimerait vivre : http://www.dailymotion.com/video/x2ed4y_nicole-croisille-...
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14/02/2010
c’est une chose infâme de n’être pas tous unis comme des frères dans une occasion pareille.
http://www.dailymotion.com/video/x1d7dd_the-rasmus-in-the...
Voilà un générique d'émission dont je cherchais le titre depuis quelque temps, et le hasard m'a permis de le trouver et apprécier en entier ! GO !!!
« A Jean Le Rond d’Alembert
des Académies française et des sciences etc.
rue Michel-le-Comte
à Paris
Lausanne 13 février [1758]
Je vous demande en grâce, mon cher et grand philosophe, de me dire pourquoi Duclos en a mal usé avec vous [le 26 février d’Alembert écrira que leur « brouillerie vient de que (Duclos) a voulu faire mettre dans l’Encyclopédie des choses auxquelles (d’Alembert) (s’est) opposé. »]? Est-ce là le temps où les ennemis de la superstition devraient se brouiller ? Ne devraient-ils pas au contraire se réunir tous contre les fanatiques et les fripons ? Quoi ! on ose dans un sermon devant le roi traiter de dangereux et d’impie un livre approuvé, muni d’un privilège du roi, un livre utile au monde entier, et qui fait l’honneur de la nation ! Je ne parle que d’une bonne moitié du livre [V* critique certains articles de théologie et les « déclamations » qu’on trouve dans l’Encyclopédie]. Et tous ceux qui ont mis la main à cet ouvrage ne mettent pas la main à l’épée pour le défendre ! Ils ne composent pas un bataillon carré ! Ils ne demandent que justice ! M. de Malesherbes n’a-t-il pas été attaqué comme vous et vos confrères dans ce discours d’harengère appelé sermon prononcé par Garasse-Chapelain [sermon de Charles-Jean-Baptiste Chapelain, jésuite, publié en 1760 sous le titre de Sermon sur l’incrédulité des esprits forts de ce siècle, dans Discours sur quelques sujets de piété et de religion], qui prêche comme Chapelain faisait des vers ?
Je vous ai déjà mandé que j’avais écrit à Diderot [vers le 5 et le 8 janvier ; le 8, entre autres V* lui écrit : « On vous engage à demander une rétractation à M. d’Alembert. Il se déshonorerait à jamais, lui et le dictionnaire. »], il y a plus de six semaines, premièrement pour le prier de vous encourager sur l’article Genève en cas que l’on eut voulu vous intimider, secondement pour lui dire qu’il faut qu’il se joigne à vous, qu’il quitte avec vous , qu’il ne reprenne l’ouvrage qu’avec vous . Je vous le répète, c’est une chose infâme de n’être pas tous unis comme des frères dans une occasion pareille. J’ai encore écrit pour que Diderot me renvoie mes lettres, mon article Histoire, les articles Hauteur, Hautain, Hémistiche, Heureux, Habile, Imagination, Idolâtrie etc. Je ne veux pas dorénavant fournir une ligne à l’Encyclopédie. Ceux qui n’agiront pas somme moi sont des lâches, indignes du nom d’hommes de lettres, et je vous prie de le leur signifier. Mais je veux absolument que Diderot remette mes lettres et mes articles chez M. d’Argental en un paquet bien cacheté. Je ne sais pas ce qui peut autoriser son impertinence de ne me point répondre, mais rien ne peut justifier le refus de me restituer mes papiers [d’Alembert répondra que les articles sont restés entre ses mains et « n’en sortitront que sur ordre exprès » de V*. Le 25, à d’Argental, V* précise au sujet des papiers qu’ « il s’agit de papiers … au sujet de l’article « Genève » et des Kakouacs, de lettres … ». Le 19 février, Diderot finira par répondre à V*, mais en lui disant qu’il faut malgré tout continuer l’Encyclopédie pour ne pas « tromper l’espérance » des souscripteurs ]. Il faut avoir un style net, et un procédé net.
Les Russes sont à Koenigsberg [le 21 janvier]. L’année 1758 vaudra bien la dernière. D’ailleurs on ne fait que mentir. La fessade et le carcan de l’abbé de Prades sont des contes, mais qu’il est triste qu’on les fasse . Quiconque est là s’expose au moins à faire dire qu’il est fessé. Feliciter vivit qui libere vivit [vit heureux qui vit libre]. Que fait Jean-Jacques chez les Bataves ? [en fait JJ est à Montmorency] que va-t-il imprimer ? Sa rentrée dans le giron de l’Eglise de Genève ?
Ce n’est point Huber qui a dit que les prédicants étaient occupés à donner un état à Jésus-Christ, c’est la Cramer [Claire Cramer, femme de Gabriel cramer, imprimeur ; le 5 février, V* avait écrit à d’Alembert que c’était Huber]. Elle en dit parfois de bonnes. La lenteur et l’embarras de ces gens là vous justifient à jamais [Le Conseil s’est abstenu une deuxième fois de prendre position, après la rédaction de la Déclaration de le Compagnie des pasteurs].
V »
05:43 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/02/2010
Je m’en suis guéri avec de l’eau .C’est un cordial qui guérit tout
Café des Délices : http://www.youtube.com/watch?v=f22oesdlRjI : pourquoi pas ?
Volti était un grand buveur de café !
C'est un alibi pour placer cette chanson qui est moin d'être ma préférée, mais ma foi, encore, pourquoi pas ?
Délices voltairiennes !
Oui! amours, délices et orgues sont féminines au pluriel et masculines au singulier !!
Ou : amour, délice et orgue sont masculins au singulier et féminins au pluriel !!!
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
A Prangins 13 février [1755]
Mon héros,
J’apprends que monsieur le duc de Fronsac [fils de Richelieu qui a eu la variole ; le 1er mai V* vantera à Richelieu les mérites de l’inoculation, comme il le fait depuis longtemps et qui est pratiquée à Genève par Théodore Tronchin ; il dira : « Heureusement, la nature a servi M. le duc de Fronsac aussi bien que s’il avait été inoculé. »] est tiré d’affaire, et que vous êtes revenu, de Montpellier [Richelieu est gouverneur du Languedoc] avec le soleil de ce pays là sur le visage, enluminé d’un érésipèle. J’en ai eu un, moi indigne, et je m’en suis guéri avec de l’eau [à Potsdam en juin 1752 : « Je me baigne, je prends les eaux » disait –il à la comtesse Bentinck.] . C’est un cordial qui guérit tout. Il ne donne pas de force aux gens nés faibles comme moi. Mais vous êtes né fort, et votre corps est tout fait pour votre belle âme. Peut-être êtes-vous à présent quitte de vos boutons
J’eus l’honneur en partant de Lyon d’avoir une explication avec M. le cardinal de Tencin sur le concile d’Embrun. Je lui fournis des preuves que les écrivains ecclésiastiques appellent petits conciles les conciles provinciaux, et grands conciles les conciles œcuméniques. Il sait d’ailleurs mon respect pour lui et mon attachement pour sa famille [Tencin est l’oncle de d’Argental]. Etc.
Je n’ai qu’à me louer à présent des bontés du roi de Prusse, etc. ; mais cela ne m’a pas empêché d’acquérir sur les bords du lac de Genève une maison charmante et un jardin délicieux [le 29 janvier, il écrit à la duchesse de Saxe-Gotha qu’il ne se laisserait pas « ramener » et qu’il ne retournerait pas en Prusse malgré ce qu’on lui écrivait]. Je l’aimerais mieux dans la mouvance de Richelieu. J’ai choisi ce canton séduit par la beauté inexprimable de la situation, et par le voisinage d’un fameux médecin [Théodore Tronchin], et par l’espérance de venir vous faire ma cour quand vous irez dans votre royaume. Il est plaisant que je n’aie de terres que dans le seul pays où il ne m’est pas permis d’en acquérir . La belle loi fondamentale de Genève est qu’aucun catholique ne puisse respirer l’air de son territoire. La république a donné en ma faveur une petite entorse à la loi, avec tous les petits agréments possibles [à Saint-Jean, face à Genève, il a acheté une maison, (qu’il baptise les Délices), sous le nom de Tronchin en prenant des garanties : il « prête 87 200 livres de France à l’acquéreur réel ; lequel ne viole la loi en aucune manière » écrivait-il à François Tronchin le 7 février]. On ne peut ni avoir une retraite plus agréable ni être plus fâché d’être loin de vous. Vous avez vu des Suisses, vous n’en avez point vu qui aient pour vous un plus tendre respect que
V. et D. »
Volti connaissait-il cette station thermale ? Va savoir : http://www.auvergne-thermale.com/fr/der-dermatologie.php
A recommander à Richelieu ? A vous ? A moi ?
17:41 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : richemieu, fronsac, délices, genève, tronchin, montpellier, bentinck, prangins, tencin
12/02/2010
nous pourrons avoir incessamment le plaisir de nous ruiner à votre parlement
Il est des rencontres qui laissent au fond de soi un rappel de l'enfance, la joie de créer avec ce qui nous tombe sous la main. Le gaillard entre les mains de qui je vais vous laisser va vous étonner, et le mot est faible . Original ? oui, et je crois même unique au monde !
Et nous avons la chance de l'avoir tout près
« A Claude-Philippe Fyot de La Marche
ancien premier Président de Bourgogne
chez M. de Pont de Veyle
rue du Faubourg Saint-Antoine numéro quatorze [indication de numéro rare à cette époque]
à Paris
12è février [1763] à Ferney
Comme je deviens un tant soit peu aveugle, Monsieur, permettez que j’aie l’honneur de vous écrire par mon clerc. Nous marions demain Mlle Corneille à un Bourguignon fort joli, officier des dragons de son métier, et fils d’un maître des comptes [de Dôle]. Mes anges M. et Mme d’Argental ont si bien fait par toutes leurs bontés, ont tellement suppléé à notre ignorance d’une publication de ban qui devait se faire à Paris, que rien ne nous retarde plus. Un enfant, qu’on dit plus aveugle que moi, et qui est beaucoup plus puissant [Cupidon ! ], se mêle de la cérémonie. Nous avons signé le contrat de mariage ; j’ai usé de la permission que vous m’avez donnée, d’assigner à Mlle Corneille désormais Mme Dupuits, vingt mille livres sur la plus belle terre de Bourgogne. Comme il faut que je fasse apparoir, et que j’annexe au contrat que ces vingt mille livres m’appartiennent, j’ai recours à vos bontés [V* essayait depuis quelque temps mais en vain de faire faire par son vieil ami, une reconnaissance de dettes en bonne et due forme ; il saisit donc l’occasion du contrat].
On nous flatte dans nos déserts que nous pourrons avoir incessamment le plaisir de nous ruiner à votre parlement. Si Mme la comtesse de Pimbêche avait été bourguignonne, elle serait morte de chagrin ces deux années-ci [La comtesse de Pimbèche est la plaideuse invétérée dans les Plaideurs de Racine, ; or, le parlement de Bourgogne, en conflit avec le roi, refusait de juger les procès ].
Je crois qu’on débusquera à la fin les jésuites nos voisins [ceux d’Ornex, à qui V* veut faire rendre la terre qu’ils ont enlevée aux jeunes frères de Crassier] que vous connaissez ; il y en a un pourtant qui fait notre mariage demain à minuit [père Adam]. Je pense qu’il ne leur restera bientôt pour tout bien que les sacrements [La Compagnie a déjà été dissoute par le parlement de Paris et les parlements de province] ; on les lapide au bout de soixante et dix ans avec les pierres de Port-Royal [quelques jours plus tard, V* raconte à Damilaville, et le 25 février aux d’Argental, qu’il « y avait chez (lui), ces jours passés » deux ou trois jésuites « avec une nombreuse compagnie » et qu’on « joua une parade » : il s’était « établi premier président » et avait jugé les jésuites ; la sentence se terminait par : « La cour vous condamne à être lapidés sur le tombeau d’Arnaud avec les pierres de Port-Royal. »].
Conservez-moi vos bontés et agréez mon tendre respect.
V. »
05:58 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fyot, pont de veyle, dupuits, jésuite
11/02/2010
j’ai cédé au désir de vous dire ce qu’en pense une femme
Coupe America !!
Il y a loin de la coupe à la mer amère.
http://www.youtube.com/watch?v=b8XdcG9VRg0
Allusion à deux géants, bateaux de course, tellement bien conçus qu'ils ne peuvent pas naviguer : pas assez de vent ! trop de vagues ! trop de vent ! y'a du brouillard ! le skipper s'est cassé un ongle !
Des motifs à n'en plus finir ! J'en passe et des meilleurs .
Tellement sophistiqués, tellement "pointus" qu'ils sont plus doués pour faire des ronds dans le bassin des Tuileries que sur mer.
C'est vrai que si tout se passait bien, cette course en trois manches (plus une quatrième , celle d'un avocat, dans laquelle on trouve tout , tout ce qu'il faut pour faire gagner le perdant : c'est ça le sport nautique, oui, monsieur quand il ya autant de pognon en jeu !! ) pouvait être baclée en une semaine .
Je comprends que ceux qui sont bien payés à ne rien faire (si cracher dans l'eau pour faire des ronds !) ont intérêt à ce que leur engagement dure, dure ... Je viens négligemment de me mettre deux équipes de valeureux sportifs sur le dos ! Sans doute pas ! Je les vois mal tenir un winch d'une main et les écrits de Voltaire de l'autre , quoique ce ne soit pas incompatible , j'entends, une activité après l'autre ...
« A Pierre-Joseph Thoulier d’Olivet
A Cirey ce 12 février 1736
Si vous avez eu la goutte dans votre séjour du tumulte et de l’inquiétude [= Paris ! ], j’ai eu la fièvre, mon cher abbé, dans l’asile de la tranquillité.
Si bene calculum ponas, ubique naufragium invenies [si on calcule bien (les chances de la vie), partout on trouvera le naufrage ; Pétrone], mais il faut absolument que je vous apprenne que pendant mon indisposition Mme la marquise du Châtelet daignait me lire au chevet de mon lit. Vous allez croire peut-être qu’elle me lisait quelque chant de l’Arioste ou quelqu’un de nos romans. Non, elle me lisait les Tusculanes de Cicéron, et après avoir goûté tous les charmes de cette belle latinité elle examinait votre traduction, et s’étonnait d’avoir du plaisir en français. Il est vrai qu’en admirant l’éloquence de ce grand homme, cette beauté de génie au caractère vrai de vertu et d’élévation qui règne dans cet ouvrage, et qui échauffe le cœur sans briller d’un vain éclat, après, dis-je, avoir rendu justice à la belle âme de Cicéron et au mérite comme à la difficulté d’une traduction si noble, elle ne pouvait s’empêcher de plaindre le siècle des Cicéron, des Lucrèce, des Hortensius, des Varron, d’avoir une physique si fausse et si méprisable, et malheureusement ils raisonnaient en métaphysique tout aussi faussement qu’en physique. C’est une chose pitoyable que toutes ces prétendues preuves de l’immortalité de l’âme alléguées par Platon. Ce qu’il y a de plus pitoyable peut-être est la confiance avec laquelle Cicéron les rapporte. Vous avez-vous-même dans vos notes osé faire sentir le faible de quelques unes de ces preuves, et si vous n’en avez pas dit davantage, nous nous en prenons à votre discrétion. Enfin le résultat de cette lecture était d’estimer le traducteur autant que nous méprisions les raisonnements de la philosophie ancienne. Mon lecteur ne pouvait se lasser d’admirer la morale de Cicéron et de blâmer ses raisonnements. Il faut avouer, mon cher abbé, que quelqu’un qui a lu Loke, ou plutôt qui est son Loke à soi-même, doit trouver les Platon des discoureurs et rien de plus. J’avoue qu’en fait de philosophie un chapitre de Loke ou de Clark est, par rapport au bavardage de l’Antiquité, ce que l’optique de Neuton est par rapport à celle de Descartes. Enfin vous en penserez ce qu’il vous plaira, mais j’ai cédé au désir de vous dire ce qu’en pense une femme conduite par les lumières d’une raison que l’amour-propre n’égare point, qui connait les philosophes anciens et modernes et qui n’aime que la vérité. J’ai cru que c’était une chose flatteuse et rare pour vous d’être estimé d’une Française presque seule capable de connaitre votre original.
On doit vous avoir rendu votre malheureux livre de la vie de Vanini [ Vanini, exécuté en 1619 ; La Vie et les sentiments de Lucilio Vanini, 1717, de David Durand, livre demandé par V* le 30 novembre 1735 . cf lettres du 4 octobre 1735 et 6 janvier 1736 à d’Olivet]. L’autre exemplaire n’était pas encore arrivé à Paris. Ainsi je reprends le pardon que je vous demandais de ma méprise.
Avez-vous lu la traduction de l’Essai de Pope sur l’homme ? C’est un beau poème en anglais quoique mêlé d’idées bien fausses sur le bonheur. Adieu, augmentez mon bonheur en m’écrivant.
J’ai bien des anecdotes sur Corneille et sur Racine, et sur la littérature du beau siècle passé. Vous devriez augmenter mon magasin [pour le Siècle de Louis XIV ].
V. »