24/03/2011
Je voudrais vous engraisser dans ce tombeau, et que vous y fussiez mon vampire
http://www.deezer.com/listen-9983334 : Vampire, par Plateau repas !
Reconnaissez que je suis parfaitement raccord avec le titre de la note .
http://www.deezer.com/listen-7406457 : From the grave
http://www.deezer.com/listen-7406454 : Drink me
En tout cas, vampire ou pas, Volti, même pas peur !
« A Nicolas-Claude Thieriot
Aux Délices près de Genève
24 mars 1755
Je ne vous ai point écrit, mon ancien ami, depuis longtemps : je me suis fait maçon, charpentier, jardinier ; toute ma maison est renversée, et malgré tous mes efforts, je n'aurai pas de quoi loger mes amis comme je voudrais . Rien ne sera prêt pour le mois de mai ; il faudra absolument que nous passions deux mois à Prangins avec Mme de Fontaine avant qu'on puisse habiter mes Délices . Ces Délices sont à présent mon tourment . Nous sommes occupés, Mme Denis et moi, à faire bâtir des loges pour nos amis et pour nos poules . Nous faisons faire des carrosses et des brouettes, nous plantons des orangers et des oignons, des tulipes et des carottes, nous manquons de tout, il faut fonder Carthage . Mon territoire n'est guère plus grand que celui de ce cuir de bœuf qu'on donna à la fugitive Didon ; mais je ne l'agrandirai pas de même . Ma maison est dans le territoire de Genève, et mon pré dans celui de France . Il est vrai que j'ai à l'autre bout du lac une maison qui est tout à fait en Suisse 1: elle est aussi un peu bâtie à la suisse . Je l'arrange 2 en même temps que mes Délices ; ce sera mon palais d'hiver, et la cabane où je suis à présent sera mon palais d'été . Prangins est un véritable palais, mais l'architecte de Prangins a oublié d'y faire un jardin, et l'architecte des Délices a oublié d'y faire une maison . Ce n'est point un Anglais qui a habité mes Délices, c'est le prince de Saxe-Gotha . Vous me demanderez comment un prince a pu s'accommoder de ce bouge ; c'est que ce prince était alors un écolier, et que d'ailleurs les princes n'ont guère à donner de chambres d'amis . Je n'ai trouvé ici que de petits salons, des galeries, des greniers, pas une garde-robe ; il est aussi difficile de faire quelque chose de cette maison que des livres et des pièces de théâtre qu'on nous donne aujourd'hui . J'espère cependant qu'à force de soins je me ferai un tombeau assez joli . Je voudrais vous engraisser dans ce tombeau, et que vous y fussiez mon vampire . Je conçois que la rage de bâtir ruine les princes aussi bien que les particuliers . Il est triste que le prince des Deux-Ponts ôte à son agent littéraire 3 ce qu'il donne à ses maçons . Je vous conseillerais pour vous remplumer de passer un an sur notre lac ; vous y seriez alimenté, désaltéré, rasé, porté 4 de Prangins aux Délices, des Délices à Genève, à Morges qui ressemble à la situation de Constantinople, à Montriond qui est ma maison près de Lausanne : vous y trouveriez partout bon vin, et bon usage d'hôte ; et si je meurs dans l'année, vous ferez mon épitaphe 5. Je tiens toujours qu'il faudrait que M. de Prangins vous amenât avec Mme de Fontaine à la fin de mai . Je viendrais vous joindre à Prangins dès que vous y seriez, et je me chargerai de votre personne pour tout le temps que vous voudriez philosopher avec nous . Ne repoussez donc pas l'inspiration qui vous est venue de revoir votre ancien ami .
On m'a envoyé quelques fragments de La Pucelle qui courent Paris ; ils sont aussi défigurés que mon Histoire universelle 6. On estropie tous mes enfants ; cela fait saigner le cœur . J'attends Lekain ces jours-ci ; nous le coucherons dans une galerie, et il déclamera des vers aux enfants de Calvin : leurs mœurs se sont fort adoucies ; ils ne brûleraient pas aujourd'hui Servet, et ils n'exigent point de billets de confession . Je vous embrasse de tout mon cœur, et je prends beaucoup plus d'intérêt à vous qu'à toutes les sottises de Paris qui occupent si sérieusement la moitié du monde .
Je vous embrasse .
Le malade V. »
1 Montriond, près de Lausanne.
2 « la range » dans le manuscrit .
3 Thieriot était le correspondant de Christian IV, duc de Zweibrücken ( en allemand : Deux Ponts ).
4 Allusion au Joueur de Regnard : « alimenté, rasé, désaltéré, porté. »
5 Allusion à l'épitaphe de Montesquieu qu'on vient de demander à V* ;
voir lettre du 27 février : lettre MMCLXVII page 208 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f212.image.r=.langFR
6 Édition pirate de Néaulme ; voir lettres de décembre 1753 à août 1754 .
Je ne sais pas vous, mais moi , cette tête me dit quelque chose ! Si vous trouvez, rassurez-moi ... je crois l'avoir vu récemment à la télé, mais je fais des prières et je mange des osties à l'ail pour éloigner cet esprit malin . On dit qu'il serait candidat à sa succession ... en 2012 . Achtung !!
05:12 | Lien permanent | Commentaires (0)
23/03/2011
les ridicules et les crimes ne sont que dans les villes
http://www.deezer.com/listen-1581654 : Honte à qui peut chanter ... quand « le fanatisme arme les bourreaux », Brassens rejoint Volti .
Mais il arrive aussi que le grand Georges ne soit pas tout à fait d'accord avec Volti :"Nous au village aussi l'on a de beaux assassinats !..." : http://www.deezer.com/listen-1152878
« A Etienne-Noël Damilaville
23è mars 1765
Mon cher frère, voici les ordres que le dieu d'Epidaure 1 signifie à vos amygdales . Portez-vous bien, et jouissez de la force d'Hercule pour écraser l'hydre . Je suis affligé de n'avoir point encore appris que le Roi ait honoré d'une pension l'innocence des Calas .
Vous devez avoir reçu le mémoire des Sirven . Rien n'est plus clair ; leur innocence est plus palpable que celle des Calas . Il y avait du moins contre les Calas des sujets de soupçon, puisque le cadavre du fils avait été trouvé dans la maison paternelle, et que le père et la mère avaient nié d'abord que ce malheureux se fût pendu . Mais ici, on ne trouve pas le plus léger indice . Que d'horreurs, juste ciel ! On enlève une fille à son père et à sa mère, on la fouette, on la met en sang pour la faire catholique, elle se jette dans un puits, et son père, sa mère et ses sœurs sont condamnés au dernier supplice ! On est honteux, et on gémit d'être homme quand on voit que d'un côté on joue l'opéra-comique, et que de l'autre le fanatisme arme les bourreaux. Je suis à l'extrémité de la France, mais je suis encore trop près de tant d'abominations .
Est-il vrai qu'Helvétius est parti pour la Prusse 2? Du moins ne brûlera-t-on pas ses livres dans ce pays-là .
La Destruction 3 est-elle enfin entre les mains du public ? A bon entendeur salut doit être la devise de ce petit livre . Je doute que Le Pyrrhonien raisonnable 4 fasse une grande fortune, quoique l'auteur ait beaucoup d'esprit .
Il y a une petite brochure contre Racine et Boileau, qui ne peut être faite que par un sot, ou du moins par un homme sans goût ; et cependant je voudrais bien l'avoir 5.
Je ne sais ce que c'est que L'Homme de la campagne . Il y a dans Genève des Lettres de la campagne 6, auxquelles Jean-Jacques a répondu par des Lettres de la montagne . C'est un procès qui n'est intéressant que pour les Genevois . Pour l'Homme de la campagne si c'est une satire contre ceux qui se sont retirés du monde la satire a tort ; les ridicules et les crimes ne sont que dans les villes .
Adieu, mon cher frère, écr l'Inf . »
1 Le médecin Théodore Tronchin .
2 C'est effectif .
3 Ouvrage de d'Alembert Sur la destruction des jésuites en France par un auteur désintéressé .
4 Du comte d'Autrey ;
voir lettre du 15 mars : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/03/14/q...
5 Peut-être la Lettre sur Corneille et Racine, de L.-B. Simon, 1758.
6 Lettres écrites de la campagne, de Jean-Robert Tronchin-Boissier, procureur général de Genève ;
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k68205d/f2.image...
voir lettre du 26 décembre 1764 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/26/i...
Sur les Lettres écrites de la montagne de J.-J. Rousseau, http://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_%C3%A9crites_de_la_...
et voir lettre du 26 décembre 1764 à Cramer,ci-dessus,
et lettre du 31 décembre 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/01/02/l...
05:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
22/03/2011
Vous avez entendu parler peut-être d'un bon huguenot que le parlement de Toulouse a fait rouer pour avoir étranglé son fils
Je suis un affeux iconoclaste .
Dans la famille Calas, après le fils et le père, je veux la mère .
Et oui ! que dit La Cal(l)as dans tout ça ?
Taisons-nous et écoutons : http://www.deezer.com/listen-3347360
C'est quand même plus prenant que les "Mille colombes" de Mimi Coupe -au-Bol !
« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault
Conseiller du Parlement à Dijon 1
22è mars 1762, à Ferney
Je crois, Monsieur, que les voyageurs que vous avez eu la bonté de m'adresser 2 auront été un peu étonnés de la cohue qu'ils trouvèrent dans un ermitage qui devrait être consacré au repos . Nous leur donnâmes la comédie et le bal 3, mais monsieur votre parent eut bien de la peine à trouver un lit . Ils furent si effarouchés de notre désordre que je n'ai plus entendu parler d'eux . J'en suis très fâché . Votre parent, Monsieur, me parut infiniment aimable, dans la presse ; et j'entrevis que dans la société il doit être de la meilleure compagnie du monde .
Vous ne voulez donc pas que je boive du vin de Mme Le Bault . Vous m'avez abandonné, vous ne me jugez ni ne m'abreuvez . Je n'ai plus, je crois, de procès avec M. le président De Brosses 4, mais aussi je n'ai plus de son vin de Tournay . J'ai abandonné le tout à un fermier pour éviter toute noise .
Vous avez entendu parler peut-être d'un bon huguenot que le parlement de Toulouse a fait rouer pour avoir étranglé son fils 5. Cependant ce saint réformé croyait avoir fait une bonne action, attendu que son fils voulait se faire catholique, et que c'était prévenir une apostasie . Il avait immolé son fils à Dieu, et pensait être fort supérieur à Abraham, car Abraham n'avait fait qu'obéir, mais notre calviniste avait pendu son fils de son propre mouvement, et pour l'acquit de sa conscience . Nous ne valons pas grand chose, mais les huguenots sont pires que nous, et de plus ils déclament contre la comédie .
J'ai l'honneur d'être avec bien du respect,
Monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire »
1 Antoine-Jean-Gabriel Lebault, reçu conseiller au Parlement de Dijon, le 28 avril 1728, mort en 1778.
2 Le même jour , il demande au président Ruffey si le visiteur n'était pas un M. de Vivey,conseiller, peut-être au parlement de Dijon .
3 Sur cette fête donnée le 7 mars, voir lettre du 8 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/08/1.html
4 Sur ce procès pour « douze moules de bois » voir lettre à Fyot de La Marche du 4 novembre 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/04/je-voudrais-vous-entendre-dans-ce-beau-jour-ou-vous-prononce.html
5C'est la toute première mention de Calas dans sa correspondance .
19:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
le génie poétique est libre et commande . Il faut attendre l'inspiration .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
Conseiller d'honneur du Parlement
rue de la Sourdière à Paris.
Aux Délices 22 mars [1756]
Mon cher ange, vous avez raison ; il vaudrait mieux faire des tragédies que des poèmes sur les malheurs de Lisbonne et sur la loi naturelle . Ces deux ouvrages sont donc imprimés à Paris pleins de lacunes et de fautes ridicules ! et on est exposé à la criaillerie ! Madame de Fontaine a dû vous donner il y a longtemps le Poème sur la Loi naturelle i. On lui a donné le titre de Religion naturelle ii. A la bonne heure . Mais il fallait l'imprimer plus correct . C'est une faible esquisse que je crayonnai pour le roi de Prusse il y a près de trois ans iii, précisément avant la brouillerie . La margrave de Bareuth en a donné des copies ; et j'en suis fâché pour plus d'une raison . Que faire ? Il faudra le publier après y avoir mis sagement la dernière main iv.
J'en fais autant de la jérémiade sur Lisbonne . C'est actuellement un poème de 250 vers . Il est raisonné et je le crois très raisonnable . Je suis fâché d'attaquer mon ami Pope mais c'est en l'admirant . Je n'ai peur que d'être trop orthodoxe, parce que cela ne me sied pas . Mais la résignation à l'Être suprême sied toujours bien v.
Encore une fois, une tragédie vaudrait mieux, mais le génie poétique est libre et commande . Il faut attendre l'inspiration .
Je vous avais supplié, mon cher ange, de parler à M. de Meynières, mais l'affaire dont il était question vi est en bon train et ce n'est pas la peine de l'importuner . Adieu, je vous embrasse, je travaille . Comment vous portez vous ? Pourquoi me négligez-vous ? Comment va le pied de Mme d'Argental ?
J'apprends qu'on a imprimé la Religion naturelle à Mme la duchesse de Saxe-Gotha vii aussi bien que celle au roi de Prusse . Je me vois comme l'âne de Buridan . »
i Il l'annonce à Mme de Fontaine le 15 janvier .
ii Ce titre porté par les éditions pirates était, selon Collini, le seul qu'eût jamais le poème « de l'aveu de Voltaire » ; cependant les quatre éditions qu'il a contrôlées sont nommées Poème sur la loi naturelle.
iii Voir lettre du 29 janvier à Gauffecourt : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/29/a...
et 22 mars à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/22/s...
iv Ce qu'il écrit le même jour à Lambert sur qui sont tombés ses soupçons . Les poèmes sur La Loi naturelle et sur le Désastre de Lisbonne sont en cours d'impression à Genève chez Cramer .
v Voir lettre du 18 février au pasteur Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/18/l...
vi Le 26 février, V* parlait de cette affaire : le président de Meynières lui « avait rendu un petit service autrefois dans une affaire où un procureur nommé Pinon Ducoudrai (l')avait embarqué ... Ce Pinon Ducoudrai retient depuis longtemps un argent qui était en séquestre et ...promet de rendre tous les jours », aussi demande-t-il à Meynières de lui dire « deux mots ».
vii Une édition pirate donne à la suite l'une de l'autre la version en quatre parties dédiée au roi de Prusse et la version en trois chants composée à Gotha et dédiée à « une souveraine sans faste, et femme sans faiblesse » ; une autre édition joint à la première version « les variantes » de la seconde . Voir dans les lettres à la duchesse le problème diplomatique qui se pose à V* . Leur contenu laisse à penser que le dernier paragraphe de cette lettre a été ajouté le 24 .
Je suis fan de Miss Tic : http://fr.wikipedia.org/wiki/Miss.Tic , idéale et insolente alliance de texte et dessin .
05:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
21/03/2011
siècle des ridicules et des impertinences
http://www.deezer.com/listen-4611621 : Universal mind ... I'm a fredom man .
http://www.deezer.com/listen-4611622 : Light my fire .
http://www.flickr.com/photos/nhadda/5380825369/
Les "ridicules" et les "impertinences" sont de tous les siècles, le nôtre ne fait pas exception, hélas . Reste à savoir si nous serons auteurs ou victimes de celà . Tâchons de n'être que le moins possible l'un ou l'autre !
Marin, traitre à Volti, s'est peut-être rendu compte, quand même, que celui-ci connaissait ses mauvais coups, en lisant : "siècle des ridicules et des impertinences" et "aux scélératesses dont on est inondé" . Je souhaite qu'il se soit senti dans ses petits souliers . Volti fera passer le bien commun des philosophes amis, avant l'esprit de vengeance , encore une fois .
Gloire à Volti ! Gloria :http://www.deezer.com/listen-4611626
« A François-Louis-Claude Marin
21è mars 1774 à Ferney
Nous vivons donc, mon cher ami, dans le siècle des ridicules et des impertinences . Sauve qui peut. Votre lettre m'apprend des chose que je ne savais pas . Il ne manquait aux absurdités, et aux scélératesses dont on est inondé que l'insolence d'une requête des Véron en cassation d'arrêt 1. J'ai une lettre de change sur un Véron à Paris, mais je me flatte qu'il n'est pas parent de la vieille aux cent mille écus .
On me mande qu'il y a un Taureau blanc échappé dans Paris qui frappe de ses cornes pour un écu . Ne pourriez-vous point engager M. de Sartines à ordonner discrètement qu'on ne laissât point sortir ce taureau de son écurie ? Il y a plus d'un an que je l'avais entièrement perdu de vue . Je suis très affligé qu'on le laisse courir ainsi . Il y a trop de gens qui voudraient manger mon taureau et moi .
Ma strangurie m'a repris . Je serai très fâché de quitter le pays des taureaux, des singes, des chats et des rats sans avoir eu la consolation de vivre quelques jours avec vous 2.
Voulez-vous bien avoir la bonté de donner cours aux incluses ?
V. »
1 Arrêt rendu le 3 septembre 1773 ; les Véron sont les adversaires de Morangiès, à qui « la Véron » disait avoir prêté « cent mille écus ».
Sur cette affaire, vous pouvez voir : http://www.labetedugevaudan.com/pages/morang_colin.html
2 V* sait pourtant que Marin est responsable de l'édition pirate des Lois de Minos ; voir lettre du 25 février à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/24/b...
D'Argental lui écrit le 11 mars : Marin « peut servir dans bien des occasions et il peut beaucoup nuire dans mille autres . Il a l'oreille du ministre le plus accrédité ..., il est admis avec une certaine distinction chez le premier président, M. de Sartines le soutient ... par politique », « Je pense donc que vous devez dissimuler les sujets de plainte qu'il vous a donnés, agir avec lui comme par le passé ... avec la défiance que vos découvertes doivent vous inspirer . »
17:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
L'éditeur doit par probité et par intérêt ne me point charger de l'iniquité d'autrui
http://www.deezer.com/listen-3774159 : On my shoulders
"... par probité et par intérêt ..."
Volti sait parler aux éditeurs et imprimeurs !
Appel au noble sentiment de probité et appel non moins fort à la fibre sensible qui passe par le porte-monnaie .
En lisant ces dénégations de paternité d'ouvrages remarquables, je suis toujours effondré qu'un homme aussi valeureux soit obligé de jouer , encore et toujours, avec une censure imbécile . J'ose espérer que jouer est bien le mot adéquat, sinon c'est un crêve-coeur que d'avoir à se cacher sans cesse .
Je crains que la bien-disance et la bien-pensance ne soient aujourd'hui dictées que par des esprits étroits qui n'osent plus appeler un chat un chat, un crétin un crétin, etc. Il est vrai que les avocats se régalent d'avoir de plus en plus d'affaires juteuses !
Ah ! que je déteste tous les intégristes de toutes opinions coercitives qui ne pronent que la loi du bâton au lieu d'instruire sensément .
Ah ! que je trouve stupides les législateurs , pondeurs de lois qui sont à leur image ; quels progrès offrent-ils aux citoyens ? Leur courte vue m'effare .
Rive droite, vous trouverez "probité", entre "grand coeur" en amont et "générosité" en aval .
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Carte_du_tendre.jpg
« A Louis-François Prault
Au château de Ferney 21 mars [1761]
J'espérais que Monsieur Prault me ferait tenir un exemplaire de la tragédie de Tancrède . On lui a remis un manuscrit qui a , je crois, pour titre Appel à toutes les nations de l'Europe du jugement des Anglais 1.
Monsieur Prault a mandé que cet ouvrage est de moi, il n'en est point ; et si Monsieur Prault me l'attribue je me plaindrai .
Il imprime un volume contenant plusieurs pièces fugitives ; comme La Mort de Socrate, Candide, etc.2 Je serais extrêmement affligé si je voyais mon nom à la tête de cette collection . Il y a plusieurs pièces qui ne m'appartiennent point, et que je désavouerai en justice . L'éditeur doit par probité et par intérêt ne me point charger de l'iniquité d'autrui . Cet avertissement sera produit si j'ai le malheur de voir mon nom exposé par l'éditeur . D'ailleurs je ferai à Monsieur Prault les plaisirs qui dépendront de moi .
Voltaire. »
1 Exactement : Appel à toutes les nations de l'Europe des jugements d'un écrivain anglais ou Manifeste ..., 1761 ;
http://www.voltaire-integral.com/Html/24/33_Appel_a_toute...
encore ouvrage de V*, qui y défend les auteurs dramatiques français contre les anglais . Il avait été ecrit en réponse à deux atricles publiés dans le Journal encyclopédique des 15 octobre et 1er novembre 1760, intitulés : « Parallèle entre Shakespeare et Corneille » et « Parallèle entre Otway et Racine ».
2 Ce sont les Mélanges de littérature, d'histoire, de philosophie, ... Il demandait deux jours auparavant aux d'Argental que Prault ne mette ni son nom, ni un V. à la tête de l'ouvrage ;
lettre MMMCCLXXIII page 206 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800358/f212.image.r...
« Ce volume contient L'Ecossaise, Socrate, mais Socrate hardi ; Candide, mais Candide renforcé, un chapitre sur la tolérance, un sur les bacheliers et sur les sauvages, un sur les allégories, un sur la pluralité des dieux ... »
05:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
20/03/2011
sept mille exemplaires pour une première édition que je ne regarde que comme un essai, et comme une occasion de recueillir les avis des hommes éclairés
http://www.deezer.com/listen-1591181
« A Jean Levesque de Burigny
A Montriond, le 20 mars [1757]
On ne se douterait pas, Monsieur, qu'un théâtre établi à Lausanne i, des acteurs peut-être supérieurs aux comédiens de Paris, enfin une pièce nouvelle ii, des spectateurs pleins d'esprit, de connaissances et de lumières, en un mot tous les soins qu'entrainent de tels plaisirs, m'ont empêché de vous écrire plus tôt. Je fais trêve un moment aux charmes de la poésie et aux embellissements singuliers qui embellissent notre petit pays romand et qui font naître des fleurs au milieu des neiges des monts Jura et des Alpes, pour vous réitérer mes sincères et tendres compliments . Je vous en dois beaucoup pour la bonté que vous avez eu de remarquer quelques-une des inadvertances de cette Histoire générale . Je vous en dois davantage pour la Vie d'Érasme et pour celle de Grotius iii que vous voulez bien me promettre . Par qui pouvaient-ils être mieux célébrés que par un homme qui a toute leur science et tous leurs sentiments ? J'ai vu un petit manuscrit de M. de Pouilly iv, que je regretterai toujours, sur Grotius . Mais c'était un ouvrage très court, et qui entrait dans fort peu de détails .
J'attends avec impatience le présent dont vous avez la bonté de m'honorer . Je ne vous enverrai l'Histoire générale qu'avec les corrections dont je vous ai obligation . On en fait usage dans une seconde édition ; mais il faut laisser écouler la première . Les libraires à qui j'en ai fait présent se sont avisés d'en tirer sept mille exemplaires pour une première édition que je ne regarde que comme un essai, et comme une occasion de recueillir les avis des hommes éclairés . La Vie d'Érasme et celle de Grotius serviront beaucoup à me remettre dans la bonne voie ... »
i A Mon-Repos .
ii Zulime devenue Fanime , jouée la veille à Mon-Repos ; voir lettre du même jour à Thibouville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/20/j...
iii Vie d'Érasme, 1757 : http://my.qoop.com/google/preview.php?id=HPk5AAAAcAAJ
et Vie de Grotius, 1752 :http://my.qoop.com/google/preview.php?id=C_DhkrQToEIC
de Jean Levesque de Burigny.
05:21 | Lien permanent | Commentaires (0)