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18/07/2013

Je ne sais quel contretemps a pu retarder un présent si flatteur pour moi

 ... Serait-ce un passé déplorable ?

 Mes vingt premières années ? ou les suivantes ?

 http://www.dailymotion.com/video/xveyuw_jean-louis-aubert-vingt-ans-clip-officiel_music#.UehexW1cXpc

Alone ?

Think pink !

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« A Jean-Louis AUBERT

abbé

Aux Délices 22 mars 1758 1

Je n'ai reçu, monsieur, que depuis très peu de jours dans ma campagne où je suis de retour, la lettre 2 pleine d'esprit et de grâces dont vous m'avez honoré, accompagnée de votre livre qui me rend encore votre lettre plus précieuse . Je ne sais quel contretemps a pu retarder un présent si flatteur pour moi . J'ai lu vos fables avec tout le plaisir qu'on doit sentir quand on voit la raison ornée des charmes de l'esprit . Il y en a qui respirent la philosophie la plus digne de l'homme . Celles du merle, du patriarche, des fourmis sont de ce nombre . De telles fables sont du sublime écrit avec naïveté . Vous avez le mérite du style, celui de l'invention, dans un genre où tout paraissait avoir été dit . Je vous remercie et je vous félicite . Je donnerais ici plus d'étendue à tous les sentiments que vous m'inspirez si le mauvais état de ma santé me permettait les longues lettres . Je peux à peine dicter mais je ne suis pas moins sensible à votre mérite et à votre présent .

J'ai l'honneur d'être, avec toute l'estime que je vous dois . »

1 Jean-Louis Aubert ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Abb%C3%A9_Aubert

Aubert répondra  par les vers que voici :
Ma muse n'est pas assez vaine
Pour espérer, par ses essais,
Égaler les brillants succès
De l'ingénieux La Fontaine:
Elle connaît tout le danger
Du goût décidé qui l'entraîne
Mais tu daignas l'encourager,

2 Cette lettre est du 10 février 1758, (Besterman) : Voir page 357 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f360.image . L'abbé Aubert y demande à V* « que l'auteur de la Henriade sacrifie quelques moments à la lecture d'une cinquantaine de fables et qu'il daigne écrire ce qu'il en pense ». Ces Fables nouvelles, avec un discours sur la manière de lire les fables, ou de les réciter avaient été publiées à Amsterdam en 1756, sous le nom de M***. Voir ; http://books.google.fr/books?id=U7MWAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

 

17/07/2013

les laisser passer sans exiger des droits qui me paraissent très injustes

... Vient de me dire un descendant de Lao Tseu à propos de la foule de ses produits dont il inonde le monde , et donc la France . Je lui demande donc d'essayer de devenir un modèle de justice avant de se plaindre , et alors nous en reparlerons .

 

a-la-conquete-du-marche-chinois.jpg

No comment !

 

 

« A Ami Camp

négociant à Lyon

[vers le 20 mars 1758]

Il ne s'agit donc, mon cher monsieur, pour me faire venir mes quatre flambeaux d'argent, que de parler à M. Adine 1, directeur des fermes qui a l'ordre de les laisser passer sans exiger des droits qui me paraissent très injustes . Je vous serai très obligé de vouloir bien faire dépêcher ce petit ballot par la messagerie . Je me flatte que notre ami 2 est arrivé en bonne santé . Il a les yeux bons et il verra aisément ce qu'il conviendra de faire des annuités et des billets de loterie .

Permettez que je vous prie de donner cours à l'incluse .

Votre très humble et très obéissant serviteur .

V. »

1 Thomas-Charles-Jean Adine : voir : http://www.sglb.org/spip/spip.php?page=liste_BP&reche...

2 Jean-Robert Tronchin en déplacement à Paris .

 

16/07/2013

Loin d'épuiser une matière, Il n'en faut prendre que la fleur

 ... Ou garder une poire pour la soif , si on est gourmand .

 

poire pour la soif DSCF0027.png

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

Je crois mon ancien ami que je vous ai dit des injures dans ma dernière lettre 1. J'avais grand tort . Vous aviez envoyé le grand Sala heddin 2 chez le bienfaisant Bouret et le bienfaisant Bouret me l'avait dépêché . J'ai trouvé mon Kurde aux Délices . Je le lis avec plaisir quand j'ai arrangé mon potager et j'écrirai à l'auteur quand j'aurai achevé ma lecture . Qui est donc ce M. Marin ? Il me semble qu'on se remet un peu à l'érudition orientale , mais cela ne durera pas . Malheur à ceux qui voudront entrer dans les détails de ces Mille et une nuits historiques ! C'est là qu'il faut se souvenir du précepte de La Fontaine :

Loin d'épuiser une matière,

Il n'en faut prendre que la fleur .

Je vous embrasse .

18 mars [1758] aux Délices »

 

15/07/2013

je vous avertis pourtant qu'il y a de très jolies femmes à convertir dans Lausanne

 ... Chat alors !

Excuse me ! I must go !!

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« A Claude-Henri de Fuzée de Voisenon 1

[mars 1758]

Mon cher évêque 2, j'ai été enchanté de votre souvenir et de votre beau mandement israélite 3; on ne peut pas mieux demander à boire ; c'est dommage que Moïse n'ait donné à boire que de l'eau à ces pauvres gens ; mais je me flatte que vous ferez pour Pâques prochain au moins une noce de Cana ; ce miracle est bien au-dessus de l'autre , et rien ne vous manquera plus quand vous aurez apaisé la soif des buveurs de l'ancien et du nouveau testament . Franchement votre petit ouvrage est très bien fait et très lyrique . Mondonville 4 doit vous avoir beaucoup d'obligation, et j'ai plus de soif de vous revoir que vous n'en avez de venir à mes petites Délices . Mais ce n'est pas aux Délices qu'il fallait venir, c'est à Lausanne ; Mme Denis y a la même réputation que Mlle Clairon a dans votre pays . Vous seriez assez étonné de voir des pièces nouvelles en Suisse, et mieux jouées en général qu'elles ne le seraient à Paris ; c'est à quoi nous avons passé notre hiver pour nous dépiquer du malheur de nos armées . Nous vous aurions très bien logé; nous vous aurions fait manger force gélinottes et de grosses truites : nous vous aurions crevé, et M. Tronchin vous aurait guéri . Mais vous n'êtes pas un prêtre à faire une mission chez nous autres hérétiques ; jamais votre zèle ne sera assez grand pour venir sur notre beau lac de Genève ; je vous avertis pourtant qu'il y a de très jolies femmes à convertir dans Lausanne . Mme Denis se souvient toujours de vous avec bien de l'amitié et n'en compte pas sur vous davantage ; vous nous écrivez une fois en cinq ans ; nous reconnaissons là les mœurs de Paris ; encore est-ce beaucoup que dans vos dissipations vous vous soyez ressouvenu une fois de vos amis qui ne vous oublient jamais, et qui savent autant que vos Parisiennes combien vous êtes aimable . Nous ne regrettons pas beaucoup de choses, mais nous regrettons toujours le très aimable et très volage évêque de Montrouge . »

1Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Henri_de_Fus%C3%A9e_de_Voisenon

Cette lettre est faite en réponse à l'abbé de Voisenon qui lui avait envoyé son motet français Les Israélites sur la montagne d'Horeb . Voisenon écrit plusieurs livrets d’oratorios en français : Casanova aurait inspiré le thème du premier, Les Israelites à la montagne d’Horeb, joué pour la première fois en 1758 . Voir : http://books.google.fr/books?id=Pe4FAAAAQAAJ&pg=PA217&lpg=PA217&dq=Les+Isra%C3%A9lites+sur+la+montagne+d%27Horeb+voisenon&source=bl&ots=dEsqmAmCLX&sig=-mx8anmdz0CfLiq9cdDqhC24lus&hl=fr&sa=X&ei=UB_jUanbNomThQf51oHwBg&ved=0CDQQ6AEwAQ#v=onepage&q=Les%20Isra%C3%A9lites%20sur%20la%20montagne%20d%27Horeb%20voisenon&f=false

2 « L'abbé de Voisenon avait signé sa lettre L'évêque de Montrouge, maison charmante située aux environs de Paris, appartenant au duc de Lavallière, et qu'on peut appeler le diocèse des muses lorsqu'il y a un tel évêque. » : note de l'édition .

3 Le motet de Voisenon avait paru dans le Journal encyclopédique .

4 Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, compositeur et violoniste (1711-1772) devait composer sur le texte de Voisenon le « motet français » Les Israélites sur le mont Horeb créé cette même année .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Joseph_Cassan%C3%A9a_de_Mondonville

 

14/07/2013

Les hommes qui n'ont pas changé le destin des États n'ont aujourd'hui qu'une place bien médiocre dans les niches du temple de la gloire où l'on trouve une foule prodigieuse de guerriers

... Si au moins on pouvait avoir cette phrase en tête de tous les discours de ce jour  !

Mais je suis sans doute trop Bisounours pour croire qu'il reste un sou de raison dans le monde politique .

 Allez, chantez, dansez et faites sauter les bouchons !

 

 

« A Béat-Fidèle-Antoine-Jean-Dominique de La Tour-Chatillon, baron de ZURLAUBEN 1

capitaine aux gardes suisses

maréchal de camp

à Paris

A Lausanne 14 mars 1758

Monsieur, il y a longtemps que je respectais votre nom ; et votre Histoire militaire des Suisses en France 2 m'a inspiré pour votre personne l'estime qu'on ne peut lui refuser . Je conviens avec vous que Benjamin de Rohan 3 était un grand et digne chef de parti . Il prenait de l'argent des Espagnols superstitieux catholiques pour faire révolter les calvinistes fougueux de France . Il en prenait ensuite du roi de France pour faire la paix . Il faisait toujours étaler une grande bible sur une table dans tous les cabarets où il couchait ; d'ailleurs, entendant mieux que personne la manière dont on faisait la guerre en ces temps-là . J'ai fait mention de lui dans une Histoire générale au chapitre du ministère du cardinal de Richelieu . Mais je n'en ai parlé dans ce tableau des malheurs de l'univers qu'autant qu'on le peut d'un ambitieux subalterne qui n'a troublé qu'une petite province dans un coin du monde, et qui n'a pas réussi ; il aurait fait de plus grandes choses sur un plus grand théâtre, surtout s'il eût employé contre les ennemis de l’État le génie qu'il employa contre sa patrie . Les hommes qui n'ont pas changé le destin des États n'ont aujourd'hui qu'une place bien médiocre dans les niches du temple de la gloire où l'on trouve une foule prodigieuse de guerriers . On a tant célébré de grands hommes qu'il n'y a presque plus de grands hommes . Cependant, monsieur, si un homme de votre mérite gratifie le public d'une partie des mémoires du duc de Rohan sur la guerre de la Valteline 4 je me ferai un plaisir et un honneur d'obéir à vos ordres, supposé que je trouve par hasard quelque idée qui ne soit pas tout à fait indigne de vos peines et du service que vous rendez aux amateurs de l'histoire 5.

J'ai l'honneur d'être avec l'estime la plus respectueuse,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi . »

1 Zurlauben était né à Zug d'une famille alémanique mais il passa sa vie à servir en France et écrivit en Français, c’est pourquoi son nom est donné sous sa forme française . Voir :http://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9at_Fid%C3%A8le_Antoine_Jean_Dominique_de_la_Tour-Ch%C3%A2tillon_de_Zurlauben

2 Voir lettre du 4 avril 1754 à Mme Denis où il est fait mention de Zurlauben qui venait de terminer son livre sur l'Histoire des Suisses ; V* le nomme « Monsieur sur l'Aube ». http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/04/08/ce-n-est-pas-une-impiete-que-dire-la-verite.html

3 Essai sur les Mœurs , clxxvi .

5 Zurlauben avait sans doute demandé un frontispice à V* qui le lui enverra ; voir lettre au même de mars/avril 1758 ; parlant de Rohan « Sur un plus grand théâtre il aurait dû paraître ./Il agit en héros, en sage il écrivit ./Il fut même un grand homme en combattant son maître/ Et plus grand encore lorsqu'il le servit . »

 

13/07/2013

Les rois savent très peu de gré aux gens qui les louent et ne pardonnent jamais à ceux qui les blâment

 ... Les présidents de bas étage ont le même défaut, et un certain Nicolas Bruni-Sarkozy en est un affreux exemple, comme on peut le voir par sa réaction envers le Conseil constitutionnel, en général, et Jean-Louis Debré en particulier .

 qui les blament.jpg

NDLR - Toute ressemblance avec un ex candidat battu n'est pas fortuite, mais ma confiance va plutôt vers ce chien que vers l'humain aux dents qui rayent le parquet .

 

« A Jacob Vernes

ministre

chez monsieur son père

à Genève

12 mars [1758]

Mon cher confrère en Apollon et en unité de … 1 vous me dites bien qu'on avait imprimé votre ode il y a longtemps mais vous ne me dites point qu'on sait à Genève qu'elle est de vous, qu'on sait que vous l'avez envoyée au roi de Prusse, qu'on sait que vous attendez réponse . Êtes-vous instruit que cette ode ayant été imprimées à Ratisbonne sous mon nom en gros caractères, on a mis en prison l'imprimeur, et que le comte de Pergen 2, ministre de l'empereur en a fait saisir les exemplaires à Francfort ? Il y a dans cet ouvrage des hiatus et des manques de mesure qui sont probablement des fautes d'impression . Mais en fait de vers français l'oreille allemande n'est pas fine, et ces messieurs de Ratisbonne et de Francfort font quelquefois des querelles d'Allemand . Les rois savent très peu de gré aux gens qui les louent et ne pardonnent jamais à ceux qui les blâment .

J'ai vu monsieur votre frère, il a eu des billets que j'aurais voulu vous donner .

V. »

1 C'est-à-dire « antitrinitaire comme moi ».

2 Le comte Johann Baptist Anton von Pergen était intervenu dans l'affaire de Francfort en faveur de V* ; voir lettre du 20 juillet 1753 à Fichard, bourgmestre de Francfort ; voir : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome1.djvu/117

et voir : http://en.wikipedia.org/wiki/Johann_Anton_von_Pergen

 

12/07/2013

Je ressemble aux vieilles coquettes Qui n'osant plus avoir d'amants Baissent leurs yeux et leurs cornettes

 ... Soit ! Alea jacta est !

Tant pis ! Je fais mon coming out !

Et vous m'aimerez un peu, beaucoup, passionnément, ...

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« A Jean de Linant

A Lausanne le 12 mars 1758

 

Quand je lis vos vers séduisants

Je ressemble aux vieilles coquettes

Qui n'osant plus avoir d'amants

Baissent leurs yeux et leurs cornettes ;

Mais si quelque jeune galant

Parle d'amour en leur présence,

Adieu sagesse, adieu prudence,

La rage d'aimer leur reprend .

La rage des vers ne me reprend pas tout à fait, monsieur, je me contente de sentir le mérite des vôtres . Il est plus aisé que vous ne le dîtes de faire entendre raison à mes Suisses de Lausanne . Il y a Suisses et Suisses : ceux de Lausanne diffèrent plus des petits cantons que Paris des bas Bretons .

Je reviendrai aux Délices le plus tôt que je pourrai pour faire ma cour à Mme d'Epinay . Ne m'oubliez pas auprès du grand philosophe votre pupille 1.

V. »

1 Le fils de Mme d'Epinay ; voir lettre de novembre/décembre 1757 à Mme d'Epinay : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/06/vous-me-faites-bien-de-l-honneur-de-croire-que-je-suis-assez.html