17/09/2016
il y a longtemps que je ne danse plus
... Ailleurs que devant le buffet !
http://www.ambafrance-nl.org/MeliMelo-no10-Danser-devant-le
« A Jean-Robert Tronchin
Ferney 1er octobre 1761
J'ai dîné aujourd’hui, mon cher correspondant, avec le conseiller d’État François, et avec le beau-père Labat 1. Mme Denis et Mlle Corneille ont été au bal, mais il y a longtemps que je ne danse plus .
Voici deux petits billets de change dont j'ai l'honneur de vous faire part . Je vous souhaite la continuation d'une santé meilleure que la mienne . Je suis assez malade depuis quelques jours, mais j'espère que je ne mourrai pas avant que mon église soit bénite .
Voilà donc M. Stanley parti après avoir souscrit pour dix exemplaires 2 en faveur de Mlle Corneille ; voilà tout ce qu'il a fait en France .
Voudriez-vous avoir la bonté de donner ordre qu'on nous envoyât un tonneau d'huile ? Attendu que Mlle Corneille mange beaucoup de salade ?
Votre très humble et très obéissant serviteur
V. »
1 Jean-Armand Tronchin devait épouser , en premières noces, Jeanne-Louise Labat de Grandcour le 4 octobre 1761 ; voir : http://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&p=jean%20armand&n=tronchin
2 En fait douze exemplaires ; voir lettre d'août 1761 à Hans Stanley : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/07/19/to-every-nation-and-especially-to-those-who-greatly-think-an-5827738.html
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16/09/2016
C’est un fardeau désagréable peut-être de relire deux fois la même chose
... Peut-être ? peut-être ! Mais le désagrément ne semble pas toucher l'homo politicus qui nous serine à qui mieux-mieux le même discours, non pas deux fois seulement , mais sans arrêt, jusqu'à la nausée de l'auditeur .
Plutôt que s'abrutir à écouter ces perroquets au beau plumage, je vous conseille de lire une fois, puis deux, et plus si affinité, Voltaire, et je vous défie de le trouver désagréable .
A relire deux fois, pas plus pour éviter l'overdose et faire comme si on avait compris !
« A Charles Pinot Duclos
Du 1er octobre 1761
Je vous réitère, monsieur, mes remerciements aussi bien qu’à l’Académie, et je la conjure de ne se point lasser de m’honorer de ses avis. C’est un fardeau désagréable peut-être de relire deux fois la même chose ; mais c’est, je crois, le seul moyen de rendre le commentaire sur Corneille digne de l’Académie, qui veut bien encourager cet ouvrage. Il ne s’agit d’ailleurs que de relire les endroits sur lesquels l’Académie a bien voulu faire des remarques, et de voir si je me suis conformé à ses idées.
J’ai donc l’honneur de vous renvoyer le commentaire sur Pompée, corrigé et augmenté, avec les observations de l’Académie en marge, et des nota bene à tous les endroits nouveaux . Ce sera l’affaire d’une séance.
Vous avez dû recevoir le commentaire sur Cinna, revu et corrigé, avec l’esquisse du commentaire sur Polyeucte. Il n’y en aura aucun que je ne corrige d’après les observations que l’Académie voudra bien faire. Dès que vous aurez eu la bonté de me renvoyer Cinna, Pompée et Polyeucte, vous aurez incontinent les pièces suivantes. Je suis bien malade ; mais je ne ménagerai ni mon temps ni mes peines.
Je vous prie de présenter mes respects à la compagnie. »
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15/09/2016
venir dîner avec ses amis
... A ce moment, je ne pense pas qu'on doive ajouter plus d'un couvert pour accueillir le candidat Sarkozy .
Belle brochette de faire-valoir .
« A Jacob Vernes
[septembre-octobre 1761]1
Monsieur Vernes devrait bien venir dîner avec ses amis ; il est prié de renvoyer le petit cahier de M. de La Persillière qui doit lui être très inutile, puisqu'il ne contient que des choses que monsieur Vernes sait mieux que M. de La Persillière . »
1 La date proposée s'appuie sur la mention de La Persillière dans la lettre de septembre à Vernes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/08/25/interim-vale-deum-adora-superstitionem-fuge-amicos-ama-et-vi-5839852.html
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Il est bien cruel que nous ne nous soyons pas entendus
... Dira Fanfoué, au soir de son éviction (prévisible) des primaires, à Emmanuel Macron . Bon , il faut que j'arrête mon délire avant eux, ne serait-ce que pour leur donner le bon exemple (NDLR : bel exemple de modestie blogger James ! ) .
« A Gabriel Cramer
[septembre-octobre 1761]
Le public se soucie bien de l'enlèvement de Clarice 1! On veut Le Cid, les Horaces, Cinna, Pompée, Rodogune .
J'ai toujours dit et toujours écrit que je commencerais par ces pièces . J'ai travaillé en conséquence . Il est bien cruel que nous ne nous soyons pas entendus avec M. Gravelot pour qui j'ai une estime singulière . Je ne peux prendre à présent . »
1 La Veuve, acte III, sc. 9 ; de Corneille ; voir : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/CORNEILLEP_VEUVE.xml#A3
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14/09/2016
Ceci, monsieur, n'est pas académique, c’est chicane, mais le tout pourra vous amuser
...
Le ton du thon de tonton tinte faux .
« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey
A Ferney par Genève 30 septembre [1761]
Ceci, monsieur, n'est pas académique, c’est chicane, mais le tout pourra vous amuser . Je prends pour arbitres monsieur le premier président, monsieur le procureur général et M. Le Bault . Le fétiche en veut-il faire autant .
Je consens à lui rendre Tournay et à lui donner Ferney si dans toute la province de Bourgogne il se trouve un seul homme qui approuve son procédé .
Je vous quitte pour Corneille . Quand vous voudrez venir nous voir avec madame de Ruffey nous vous donnerons la comédie .
Je vous embrasse très tendrement et sans compliment.
V.
FAIT
Quand M. le président De Brosses vendit la terre de Tournay à vie, à François de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, âgé alors de soixante et six ans 1, l'acquéreur qui ne connaissait point cette terre s'en remit entièrement à la probité et à la noblesse des sentiments de M. le président De Brosses . M. le président avait fait ci-devant un bail de trois mille livres par année de cette même terre avec le sieur Chouet, fils du premier syndic de Genève, qui était son fermier . Mais le sieur Chouet y avait perdu de notoriété publique vingt-deux mille francs, et la terre ne rapporte pas douze cents livres dans les meilleurs années . Monsieur le président exigea de l'acquéreur à vie âgé de 66 ans trente cinq mille six cents livres , argent comptant, et douze mille francs en réparations à faire au château et à la terre en trois années de temps ; l'acquéreur fit en trois mois pour dix-huit mille livres de réparations dont il a les quittances .
Il y a dans cette petite terre de Tournay un bois que monsieur le président lui donna pour un bois de cent arpents 2 dans l'estimation de la terre . Les ingénieurs qui sont venus mesurer, par ordre du roi, toutes les terres de France, ont trouvé que ce bois mesuré géométriquement, ne contient pas quarante arpents , et l’acquéreur a entre les mains le plan des ingénieurs du roi .
Non seulement l'acquéreur essuya ces pertes considérables, qui ruinent sa fortune, mais monsieur le président lui persuada, avant de lui faire signer le contrat, qu'il avait vendu en dernier lieu à un négociant de Genève, une partie de sa forêt qui était abattue, et qu'il ne pouvait rompre ce marché . Il fut stipulé dans la contrat passé au mois de novembre 1758, que M. de Voltaire aurait la jouissance entière de la terre de Tournay, et des bois qui sont sur pied, et non vendus . L’acquéreur ne pouvant pas douter sur la parole de monsieur le président qu'il y eût une vente véritable, signa le contrat de sa ruine .
Ayant bientôt vu à quel excès il était lésé dans son marché, il s'en plaignit modestement à monsieur le président, et lui demanda par ses lettres pourquoi il avait vendu ces bois qui devaient appartenir à l'acquéreur ; monsieur le président lui répondit par sa lettre du 12 janvier 1759 : Il est vrai qu'on a mis un certain nombre de chênes au niveau des herbes, pour certaines rasons à moi connues ; mais à quoi la faim de l'or ne contraint-elle pas les poitrines mortelles ?
L'acquéreur fut bien surpris quelque temps après, quand toute la province lui appris que monsieur le président n'avait point du tout vendu ces bois . Il les faisait vendre, exploiter en détail, pour son compte, par un paysan du village de Chambésy, nommé Charles Baudy, lequel Charles Baudy son commissionnaire, compta avec lui de clerc à maître . Il est triste d'être obligé de dire que l'acquéreur manquant de bois de chauffage, lorsqu'il acheta la terre de Tournay, eut en présence de toute sa famille, parole de monsieur le président qu'il lui serait loisible de prendre douze moules de ces bois prétendus vendus, pour se chauffer . Il en prit quatre, ou cinq, tout au plus .
Enfin au bout de trois années, monsieur le président lui intente un procès au bailliage de Gex sous le nom de Charles Baudy son commissionnaire, pour paiement de deux cent quatre-ving[t] et une livres de bois ; et voici comme il s'y prend .
Il assigne Charles Baudy son commissionnaire qu'il fait passer pour son marchand, et il dit dans cette assignation du 2 juin que Charles Baudy lui retient 281 livres de bois, parce qu'il a fourni à M. de Voltaire pour 281 livres de bois, et Charles Baudy au bas de cet exploit assigne François de Voltaire .
Le défendeur ne veut pour preuve de l'injustice qu'il essuie que l'exploit même de monsieur le président . Il est clair par l’assignation donnée par lui à Charles Baudy, que ce Charles Baudy compte avec lui de clerc à maître, comme toute la province le sait . Monsieur le président dit dans son exploit que Charles Baudy et lui firent un marché ensemble en l'année 1756. est-ce ainsi qu'on s'explique sur un marché véritable ? n'exprime-t-on pas la date et le prix du marché ?
Ladite assignation porte en général une certaine quantité d'arbres . Ne devait-on pas spécifier cette quantité ? ladite assignation porte que ces bois furent marqués . Mais s'ils avaient été marqués juridiquement , n'en saurait-on pas le nombre ? N'est-ce pas un garde-marteau qui devrait avoir marqué ces bois ? Peut-on les avoir marqués sans la permission du grand maître des Eaux et Forêts ? On ne produit ni permission, ni marque de bois, ni acte passé avec ledit Baudy .
Il est donc clair comme le jour que monsieur le président n'a point fait de vente réelle, que par conséquent tous lesdits bois injustement distraits du forestal 3, sous prétexte d'une vente simulée, appartiennent légitimement à l'acquéreur de la terre . Baudy en a vendu pour 4800 livres .
Partant, François de Voltaire est bien fondé à demander la restitution de la valeur de quatre mille huit cents livres de bois .
Plus l'indemnisation des dommages causés par l'enlèvement de ces bois , au mois de mai 1759, contre les ordonnances, comme il est même spécifié dans l’exploit de monsieur le président qui porte que Baudy exploita et tira ces bois de la forêt jusqu'au mois de mai 1759 .
le défendeur se réservant ses autres droits sur la lésion de plus de moitié qu’il a essuyée quand monsieur le président lui a vendu quarante arpents pour cent arpents . »
1 En fait soixante quatre ans en 1758 .
2 Voir lettre du 16 juillet 1760 à De Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/09/11/j-ai-fait-le-bien-pour-l-amour-du-bien-meme-et-le-ciel-m-en-5846552.html
3 Mot ancien , donné par Godefroy, variante de forestel, diminutif de forêt ; il existe encore comme nom propre .
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13/09/2016
Il ne faut se refuser aucune des petites consolations qui peuvent rendre la vie plus douce à notre âge
... Lu et approuvé !
« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg
Au château de Ferney par Genève 30è septembre 1761
Vous écrivez de votre main , madame, et je ne puis en faire autant . Comment n'avez-vous pas un petit secrétaire, pas plus gros que rien, qui vous amuserait, et qui me donnerait souvent de vos nouvelles ? Il ne faut se refuser aucune des petites consolations qui peuvent rendre la vie plus douce à notre âge .
Vous ne me mandez point si vous aviez votre amie 1 avec vous . Elle aura dû être bien effrayée du sacrement dont vous me parlez . Je vous crois de la pâte du cardinal de Fleury et de celle de Fontenelle . Nous avons à Genève une femme de cent trois ans 2, qui est de la meilleure compagnie du monde , et le conseil de toute sa famille . Voilà de jolis exemples à suivre . Je vous y exhorte avec le plus grand empressement .
Je vous remercie de tout mon cœur, madame, du portrait de Mme de Pompadour, que vous voulez bien m'envoyer . Je lui ai les plus grandes obligations depuis quelque temps ; elle a fait des choses charmantes pour Mlle Corneille .
Je ne suis point actuellement aux Délices . Figurez-vous que M. le duc de Villars occupe cette petite maison avec tout son train . Je la lui ai prêtée pour être plus à portée du docteur Tronchin, qui donne une santé vigoureuse à tout le monde, excepté à moi .
M. le duc de Bouillon ne vous écrit-il pas quelquefois ? Il a fait des vers pour moi, mais je le lui ai bien rendu 3.
Recevrez-vous des nouvelles de M. le prince de Bauffremont ? Je voudrais bien le rencontrer quelquefois chez vous . Il me paraît d'une singularité beaucoup plus aimable que celle de monsieur son père . Mais, madame, avec une détestable santé, et plus d'affaires qu'un commis de ministre , il faut que je renonce pour deux ans , au moins, à vous faire ma cour et si je ne vous vois pas dans trois ans, ce sera dans quatre ; je ne veux pour rien au monde renoncer à cette espérance .
J'ai actuellement chez moi le plus grand chimiste de France, qui sans doute me rajeunira , c'est M. le comte de Lauraguais 4; c'est un jeune homme qui a tous les talents et toutes les singularités possibles, avec plus d'esprit et de connaissances qu'aucun homme de sa sorte . Adieu, madame, plus je vois de gens aimables, plus je vous regrette . Mille tendres respects .
V. »
1 Mme de Brumath .
2 Mme Lullin .
3 Voir lettre du 31 juillet 1761 au duc de Bouillon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/07/01/on-cabale-a-la-cour-a-l-eglise-a-l-armee-au-parnasse-on-se-bat-pour-un-peu.html
4 Il faut se souvenir que Louis-Félicité, duc de Brancas, comte de Lauraguais avait débarrassé la scène des petits-maîtres qui l’encombraient .
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12/09/2016
pour vous amuser pendant les vendanges, souffrez que je vous prenne pour arbitrer conjointement avec monsieur le premier président et monsieur le procureur général
... Je ne veux que votre bien, évidemment, Nicolas Sarkozy, -vous qui affectez de ne pas boire de vin,- souffrez que vous ayez votre mot à dire au tribunal (la vérité pour une fois, ça nous changerait ) , péroreur lassant, cheval de retour même pas bon pour faire des raviolis . Présumé non coupable selon la formule consacrée, mais bon à mettre au rebut : soit vous saviez pour les dépenses excessives de votre campagne, et vous êtes un foutu salopard menteur, soit vous ne saviez rien, et vous êtes un profiteur de première grandeur , un gaspilleur irresponsable indigne des suffrages de ceux qui vous payent .
Hier soir, ayant choisi de regarder Les Incorruptibles (sans doute, inconsciemment, pour contrebalancer les informations qui précèdent) quelle ne fut pas ma surprise mêlée d'un rire salutaire, de voir Robert de Niro-Al Capone faire une déclaration grand-guignolesque dans le style de Nico le racoleur : le ton , les gestes, les tics tout y était , à se demander si ce n'était pas notre ex-président qui avait servi de modèle à l'acteur .
Autre petit exemple (je n'ai pas trouvé celui dont je parle ci-dessus ) : https://www.youtube.com/watch?v=dgoDvnebHRw
"Je suis à un doigt d'être le meilleur acteur " : Nicolas dixit .
« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault
A Ferney par Genève 30 septembre 1761 1
Monsieur, pour vous amuser pendant les vendanges, souffrez que je vous prenne pour arbitrer conjointement avec monsieur le premier président 2 et monsieur le procureur général 3. Le procédé de M. le président De Brosses vous surprendra peut-être, mais il ne surprend ici personne . J'en suis fâché pour lui plus que pour moi .
J'ai l'honneur d'être avec bien du respect
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Selon l'édition Correspondance inédite, 1836, la lettre était accompagnée d'un mémorandum qu'on trouvera après la lettre du même jour à de Ruffey .
2 Le jeune Fyot de La Marche Jean-Philippe .
3 Louis Quarré de Quintin ; voir lettre du 6 mai 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/13/je-n-etais-qu-un-bourguignon-de-frontieres-et-je-suis-a-pres-5788053.html
et page 353 : https://books.google.fr/books?id=5sdCAAAAcAAJ&pg=PA35...
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