03/12/2024
Il me semble qu’en diminuant le prix ils auraient eu un plus grand avantage
... Avis à la gauche qui vient de lancer la mention de censure . Que va-t-elle y gagner en fricotant avec le RN ? Rien , elle restera dans les mémoires comme une association de démolisseurs, y compris François Hollande qui n'est qu'un dégonflé, et Marine Le Pen profitera des marrons tirés du feu par son extrême opposé .
https://www.lemonde.fr/politique/live/2024/12/03/en-direc...
« A Joseph Vasselier
Votre bibliothécaire, monsieur, présume que ce paquet contient un A, B, C, et qu’il n’y a nul risque avec ces trois premières lettres de l’alphabet. Il est à croire qu’on a trouvé le paquet trop cher. J’ai toujours été étonné que les intendants des postes n’aient pas mis un taux modéré aux paquets considérables . Il me semble qu’en diminuant le prix ils auraient eu un plus grand avantage.
Je prie le premier courrier qui ira à Rome de demander pour moi la bénédiction à Ganganelli. Ce nom me paraît tiré de la comédie italienne.
N’avez-vous pas reçu d’Amsterdam le Cri des Nations 1? M. Tabareau est-il à sa jolie maison de campagne ? Je m’intéresse plus à vous et à lui qu’à Ganganelli. Je vous embrasse de tout mon cœur.
29è mai 1769. 2»
1 Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/573
2 L'édition Cayrol date à tort du 28 .
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tout le reste paraît accessoire
... C'est fait, deux motions de censure sont déposées, les démolisseurs sont heureux, les ambitions personnelles s'expriment, la carpe-Le Pen et le lapin-Mélenchon publient leurs bans, le bien public est remis à plus tard par les professionnels de la politique qui sont surs, eux, de leurs revenus . Les extrêmes apportent une fois de plus la preuve qu'ils sont nuisibles en actes sous un vernis de promesses de lendemains qui chanteraient grâce à eux .
https://www.lemonde.fr/politique/live/2024/12/03/en-direc...
« A Nicolas-Claude Thieriot Correspondant du roi
de Prusse rue Jacinthe la dernière grande porte
cochère à droite
de l'hôtel d'Ormesson
à Paris
Vous saurez, mon ancien ami, que le jeune magistrat attendait le livre de l’abbé de Châteauneuf 1 pour faire une préface dans laquelle il voulait faire connaître le caractère de la célèbre Ninon, que Préville ne connaît point du tout. Je l’avais flatté que ce petit livre pourrait venir par la poste ; mais comme vous l’avez envoyé par les voitures publiques, il n’arrivera que dans trois semaines. Je n’en suis point fâché ; l’auteur aura tout le temps de limer son ouvrage, qu’il veut intituler Le Dépositaire, et non pas Ninon, parce qu’en effet le dépôt fait par Gourville à un dévot est le principal sujet de sa pièce, et tout le reste paraît accessoire.
Il est vrai que l’ouvrage n’est pas dans le goût moderne, et je craindrais même que la passion de boire, qui était autrefois un goût du bel air, et qui est aujourd’hui hors de mode, ne parût insipide. J’ai pris la liberté de dire à l’auteur qu’un tel rôle ne peut réussir que quand il est supérieurement joué, et je l’ai engagé à livrer sa pièce à l’impression plutôt qu’au théâtre. Il vous l’enverra donc dès qu’il y aura mis la dernière main, et vous en ferez tout ce qu’il vous plaira.
Quoique l’on soit aujourd’hui très sévère, et qu’on s’effarouche de tout ce qui aurait passé sans difficulté du temps de Molière, je crois que vous obtiendrez aisément une permission. Il est plus aisé à présent d’être imprimé que d’être joué.
S’il y a quelques nouvelles dans la littérature, je me flatte que vous m’en donnerez. Je ne crois pas que vous soyez au fait de ce qu’on imprime en Hollande. Marc-Michel Rey a donné une Histoire du Parlement de Paris 2, que les connaisseurs jugent fidèle et impartiale. Connaissez-vous le Cri des Nations 3? Avez-vous entendu parler des aventures d’un Indien et d’une Indienne 4 mis à l’Inquisition à Goa du temps de Léon X, et conduits à Rome pour être jugés ? Il y a dans cet ouvrage une comparaison continuelle de la religion et des mœurs des Brames avec celles de Rome. L’ouvrage m’a paru un peu libre, mais curieux, naïf et intéressant. Il est écrit en forme de lettres, dans le goût de Paméla. Le titre est Lettres d’Amabed et d'Adaté. Mais dans les six tomes de Paméla il n’y a rien : ce n’est qu’une petite fille qui ne veut pas coucher avec son maître à moins qu’il ne l’épouse ; et les Lettres d’Amabed sont le tableau du monde entier, depuis les rives du Gange jusqu’au Vatican 5.
Adieu, mon ancien ami, qui êtes mon cadet de plusieurs années ; votre vieil ami vous embrasse.
29è mai 1769. »
1 Dialogue sur la musique des anciens, 1725, in-12 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96932419/f7.item
Voir lettre du 5 mai 1769 à Thiriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/11/10/la-cause-est-interessante-pour-un-certain-nombre-d-honnetes-gens.html
2 Qui se trouve aux tomes XV et XVI de la présente édition : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome15.djvu/449
et : https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome16.djvu
Sur l'Histoire du Parlement de Paris, voir lettre de mars à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/20/on-commence-a-etre-tres-las-de-toutes-les-disputes-sur-l-ori-6515425.html
3 Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/573
Voir lettre du 10 mai 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/11/19/voici-ce-que-le-bibliothecaire-recoit-de-hollande-6523575.html
4 Lettres d’Amabed : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome21.djvu/461
5 Sur la façon dont on peut appliquer cette formule aux Lettres d'Amabed, voir la Notice des Romans et contes, Bibl. De la Pleiade .
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02/12/2024
tenir prêt vingt mille francs que je dois
... Paroles du CA de Stellantis . Goutte d'eau pour le riche démissionnaire Carlos Tavares qui va toucher quelques millions . Ecoeurant ! Le prix des voitures n'est pas prêt de baisser , et les salaires des ouvriers augmenté quand on gave de tels individus . Quel impôt va-t-on pouvoir prendre à ce lascar ?
« A Jacob Bouthillier de Beaumont
etc.,
Banquier
à Genève
Je vous prie, monsieur, de vouloir bien tenir prêt vingt mille francs que je dois payer à M. de Laborde le 20 juin préfix. Je lui envoie une lettre de change de cette somme sur vous . Je compte en remettre une plus considérable entre vos mains au mois d'août .
J'ai l’honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
A Ferney 29è mai 1769. »
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Je ne suis point du métier des meurtriers
... Ne pas me compter parmi les engagés en Syrie contre Bachar al Assad, trop de nos jeunes s'y sont laissé attirer , encore un sale coin de la planète où Poutine sait larguer des bombes et Erdogan canonner :
« A Catherine II, impératrice de Russie
À Ferney, 27è mai 1769 1
La lettre dont Votre Majesté impériale m’honore, en date du 15 avril 2, m’a fait plus de bien que le mois de mai. Le beau temps ranime un peu les vieillards, mais vos succès me donnent des forces. Vous daignez me dire que vous sentez que je vous suis attaché ; oui, madame, je le suis et je dois l’être indépendamment de toutes vos bontés ; il faudrait être bien insensible pour n’être pas touché de tout ce que vous faites de grand et d’utile. Je ne crois pas qu’il y ait dans vos États un seul homme qui s’intéresse plus que moi à l’accomplissement de tous vos desseins.
Permettez-moi de vous dire, sans trop d’audace, qu’ayant pensé comme vous sur toutes les choses qui ont signalé votre règne, je les ai regardées comme des événements qui me devenaient en quelque façon personnels. Les colonies, les arts de toute espèce, les bonnes lois, la tolérance, sont mes passions ; et cela est si vrai qu’ayant, dans mon obscurité et dans mon hameau, quadruplé le petit nombre des habitants, bâti leurs maisons, civilisé des sauvages, et prêché la tolérance, j’ai été sur le point d’être très violemment persécuté par des prêtres. Le supplice abominable du chevalier de La Barre, dont Votre Majesté impériale a sans doute entendu parler, et dont elle a frémi, me fit tant d’horreur que je fus alors sur le point de quitter la France et de retourner auprès du roi de Prusse. Mais aujourd’hui, c’est dans un plus grand empire que je voudrais finir mes jours.
Que Votre Majesté juge donc combien je suis affligé, quand je vois les Turcs vous forcer à suspendre vos grandes entreprises pacifiques pour une guerre qui, après tout, ne peut être que très dispendieuse, et qui prendra une partie de votre génie et de votre temps.
Quelques jours avant de recevoir la lettre dont je remercie bien sensiblement Votre Majesté, j’écrivis à M. le comte de Shouvalof[2]3, votre chambellan, pour lui demander s’il était vrai qu’Azoph fût entre vos mains. Je me flatte qu’à présent vous êtes aussi maîtresse de Taganrok 4.
Plût à Dieu que Votre Majesté eût une flotte formidable sur la mer Noire ! Vous ne vous bornerez pas sans doute à une guerre défensive ; j’espère bien que Moustapha sera battu par terre et par mer. Je sais bien que les janissaires passent pour de bons soldats ; mais je crois les vôtres supérieurs. Vous avez de bons généraux, de bons officiers, et les Turcs n’en ont point encore : il leur faut du temps pour en former. Ainsi toutes les apparences font croire que vous serez victorieuse. Vos premiers succès décident déjà de la réputation des armes, et cette réputation fait beaucoup. Votre présence ferait encore davantage. Je ne serais point surpris que Votre Majesté fît la revue de son armée sur le chemin d’Andrinople . Cela est digne de vous. La législatrice du Nord n’est pas faite pour les choses ordinaires. Vous avez dans l’esprit un courage qui me fait tout espérer.
J’ai revu l’ancien officier 5 qui proposa des chariots de guerre dans la guerre de 1756. Le comte d’Argenson, ministre de la guerre, en fit faire un essai. Mais comme cette invention ne pouvait réussir que dans de vastes plaines, telles que celles de Lutzen, on ne s’en servit pas. Il prétend toujours qu’une demi-douzaine seulement de ces chars, précédant un corps de cavalerie ou d’infanterie, pourrait déconcerter les janissaires de Moustapha, à moins qu’ils n’eussent des chevaux de frise devant eux. C’est ce que j’ignore. Je ne suis point du métier des meurtriers ; je ne suis point homme à projets ; je prie seulement Votre Majesté de me pardonner mon zèle. D’ailleurs il est dit, dans un livre 6 qui ne ment jamais, que Salomon avait douze mille chars de guerre dans un pays où il n’y eut avant lui que des ânes 7.
Et il est dit encore, dans le beau livre des Juges 8, qu’Adonaï était victorieux dans les montagnes ; mais qu’il fut vaincu dans les vallées, parce que les habitants avaient des chars de guerre.
Je suis bien loin de désirer une ligue contre les Turcs ; les croisades ont été si ridicules qu’il n’y a pas moyen d’y revenir ; mais j’avoue que si j’étais Vénitien, j’opinerais pour envoyer une armée en Candie pendant que Votre Majesté battrait les Turcs vers Yassi ou ailleurs ; si j’étais un jeune empereur des Romains, la Bosnie et la Servie me verraient bientôt, et je viendrais ensuite vous demander à souper à Sophie ou à Philippopolis de Romanie, après quoi nous partagerions à l’amiable.
Je vous supplierais de permettre que le nonce du pape en Pologne, qui a déchaîné si saintement les Turcs contre la tolérance, fût du souper : car je suppose qu’il serait votre prisonnier. Je crois, madame, que Votre Majesté lui en dirait tout doucement de bonnes sur l’horreur et l’infamie d’avoir excité une guerre civile pour ravir aux dissidents les droits de la patrie, et pour les priver d’une liberté que la nature leur donnait, et que vos bienfaits leur avaient rendue ; je ne sais rien de si honteux et de si lâche dans ce siècle. On dit que les jésuites polonais ont eu une grande part aux Saint-Barthélémy continuelles qui désolent ce malheureux pays. Ma seule consolation est d’espérer que ces turpitudes horribles tourneront à votre gloire : ou je me trompe fort, ou vos ennemis ne seront parvenus qu’a faire graver sur vos médailles : Triomphatrice de l’empire ottoman, et pacificatrice de la Pologne.
Je viens à mon jeune Gallatin pour lequel je me jette aux pieds de Votre Majesté, en vous faisant les remerciements les plus sincères . Je veux qu'il apprenne le russe et l’allemand dans vos États, et non pas en Saxe . Je voudrais pouvoir multiplier le nombre de vos sujets . Il a trop d'esprit pour vouloir rien apprendre du fatras des universités allemandes, qui sont encore plus ridicules que les nôtres : des écoles dont le première est la théologie, sont les petites-maisons de Paris, ou le Bedlam de Londres . Je ne sais pas comment on appelle les petites-maisons de Moscou , mais je sais bien qu'il aurait fallu y renfermer tous vos théologiens, si vos lois et votre puissance n'avaient fait pénétrer la raison dans les repaires de la démence .
La mère du jeune Gallatin m'écrit dans ce moment que son fils qui s'est fait inoculer a eu deux grains de petite vérole dans les yeux . Je ne voudrais pas présenter à Votre Majesté un borgne . J'attendrai qu'il soit guéri de cet accident qui est assez considérable . Que votre Majesté Impériale daigne agréer les sincères remerciements, l'attachement et le profond respect du solitaire de Ferney.»
1 Minute partiellement autographe ; copie contemporaine, seule à comporter les deux derniers paragraphes ; éd. Kehl ; Liublinski .
2 C'est-à-dire 26 avril nouveau style ; lettre donnée à l'occasion de celle du 1er avril 1769 à Catherine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/02/sa-memoire-est-prodigieuse-son-esprit-est-digne-de-sa-memoir-6517180.html
et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/27/j...
3 Cette lettre manque.
4 C’est dans cette ville que l’empereur Alexandre, petit-fils de Catherine, est mort le 1er décembre 1825. (Beuchot.)
5V* lui-même ; voir une note de la lettre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/26/je-ne-sais-pas-ce-qui-est-arrive-a-notre-nation-qui-donnait.html
6 La Bible ; III, Rois ; et II, Paralip. .
7 Sur les mille quatre-cents chars de guerre de Salomon, voir le Premier Livre des Rois, X, 26
8 Adonaï est dans la Bible un des noms du Seigneur ; V* commet-il ici une inadvertance ? Voir en tout cas un autre emploi du nom Adonaï dans la lettre du 11 septembre 1769 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie-31.html
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01/12/2024
Je suis persuadé qu'en y consacrant à votre loisir quelques matinées, vous en ferez un ouvrage qui restera
... La loi sur le budget , bien sûr . Et non pas la mention de censure désespérante et ruineuse réclamée par des bas de plafond .
« A Michel-Paul-Guy de Chabanon
26è mai 1769
Vraiment , mon cher ami, cette scène était nécessaire, elle doit faire un grand effet, elle justifie l'impératrice . Peut-être quand il s’agira de la faire jouer ajouterez-vous encore quelque nuances dans les caractères d'Eudoxie, de Maxime, et de l'ambassadeur. Ce sont ces nuances délicates qui assurent le succès . Vous joindrez de nouveaux détails à ceux qui font déjà le mérite de la pièce . Je suis persuadé qu'en y consacrant à votre loisir quelques matinées, vous en ferez un ouvrage qui restera au théâtre .
Votre divertissement pour les écoles gratuites 1 est non seulement d'un bon citoyen, mais d'un très aimable poète .
La petite et honnête correction 2 est très justement adressée à l'abbé Foucher . Plût à Dieu que je n'eusse à combattre que des antiquaires ! Les dévots sont plus à craindre . Il y a des Troyens qui forcent quelquefois les Grecs à jouer le rôle de Sinon 3 . Vive memor mei 4.
V. »
1 Ce divertissement destiner à collecter des fonds pour les écoles de dessin gratuites fut représenté le 22 novembre 1769 ; voir les Mémoires secrets en date du 19 et 24 novembre 1769 ; voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6531621s/f25.item....
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6531621s/f29.item.r=24%20novembre%201769
2 Lettre du 30 avril 1769 à Foucher : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/30/j-espere-que-vous-serez-content-de-ma-politesse-6520988.html
3 Sinon est le traître qui fit introduire le fameux cheval de bois à l'intérieur de Troie .
4 Vis en te souvenant de moi .
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