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02/12/2008

a la fin on pensera

" A Jean François Marmontel, de l'Académie française, etc

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....Mais pour la Sorbonne, je suis toujours de l'avis de Des Landes qui assure à la page 299 de son troisième volume que c'est le corps le plus méprisable du royaume.

...

Mon cher ami, vive le ministère de France, vive surtout M. le duc de Choiseul qui ne veut pas que les sorboniqueurs prêchent l'intolérance dans un siècle ausi éclairé. On lime les dents à ces monstres, on rogne leurs griffes, c'est déja beaucoup. Ils rugiront et on les entendra seulement pas. Votre victoire est entière, mon cher ami, ces drôles- là auraient été plus dangereux que les jésuites si on les avait laissés faire.

Je suis bien affligé que l'édit en faveur des protestants n'ait point passé. Ce n'est pas que les huguenots ne soient aussi fous que les sorboniqueurs, mais pour être fou à lier on n'en est pas moins citoyen, et rien ne serait assurément plus sage que de permettre à tout le monde d'être fou à sa manière.

.... Le théatre est désert comme les prêches de Genève. La décadence s'annonce de toutes parts. Nous allions nous sauver par la philosophie, mais on veut nous empêcher de penser. Je me flatte pourtant qu'à la fin on pensera, et que le ministère ne sera pas plus méchant envers les pauvre philosophes qu'envers les pauvres huguenots.

Je vous supplie d'embrasser pour moi le petit nombre de sages qui voudra bien se souvenir du vieux solitaire, votre tendre ami.

Voltaire

le 2 décembre 1767"

Comment encore penser , que penser, à quoi penser ? Je suis bien niais de poser ces questions ! La réponse est dans la boite à images qui nous offre des sujets de réflexion sans fin; je n'ose pas dire sans limite, vous me taxeriez de critique primaire ( ou primate si vous voulez) !

 "A la fin on pensera", trop tard ? Encore assez tôt ? Rêvons que notre temps de cerveau libre ne soit pas éternellement dédié à des biens de consommation qui portent bonheur quand on marche dessus du pied droit ( ou gauche , je ne sais plus, toujours est-il que ça ne sent pas bon ).

01/12/2008

courageux mais pas téméraire

damilaville dessin profil.jpg"A Etienne-Noël Damilaville

Mon cher frère, voici encore quelques Quakre [Lettre d'un quaker à Jean-Georges Lefranc de Pompignan], qui me sont parvenus, je ne sais comment.

Comme il faut un peu s'amuser en faisant la guerre, je joins à ce paquet un conte à dormir debout [ Ce qui plait aux femmes], que vous n'aurez peut-être pas le temps de lire, mais frère Thiriot en aura le temps après avoir fait sa méridienne, ou pour faire sa méridienne.

...

Avez-vous reçu une Tolérance [Traité sur la tolérance] ? C'est un ouvrage pour les frères, et on croit qu'une petite semence de moutarde produira beaucoup de fruit un jour, car vous savez que la moutarde et le royaume des cieux c'est tout un.

...

Mais ce ne sont pas là nos affaires ; notre grande affaire est d'écr[aser] l'Inf[âme].

NB- Ne pourriez-vous pas faire tenir adroitement un Quakre à Merlin ou à Cailleau ? Il pourrait imprimer icelui. Il est sûr qu'il faut écr l'Inf mais sans nous compromettre.

Voltaire

1er décembre 1763"

Voltaire aurait bien fait la joie des Guignols de l'info, lui qui manie si facilement le "à l'insu de mon plein gré" : faisons imprimer une lettre critique, et oh surprise, comment en recevons nous à notre domicile ? Courageux, lâche, prudent, engagé , il sait tout être . Horripilant et satisfaisant, changeant comme le temps, j'allais dire "comme une femme", ne me pardonnez pas mesdames, c'est un fait avéré !

"Ecraser l'Infâme mais sans nous compromettre", celà m'évoque un délit de fuite, écrasons le cycliste mais sans dire qu'elle est la marque de la voiture qui lui est passée dessus , ni celle des freins ou de l'éclairage, des intérets matériels sont en jeu ! Il faut aussi avouer que l'on est habitué maintenant à connaitre des affaires de compromissions pour lesquelles l'écrasé n'est plus l'Infâme, mais l'ouvrier de base sacrifié souvent sur l'autel des bénéfices "toujours plus". Alors en attendant "le royaume des cieux", faisons , comme disait mon brave homme de père, des économies en achetant des pots de moutarde !

 PS: Samedi 29 novembre 2008, j'ai eu le plaisir de connaitre le talent d'historien d'Olivier Guichard à Ferney-Voltaire, et lui le médiévaliste a sauté les siècles pour apporter quelques images de la vie du Voltaire ferneysien après recherches dans le fonds Gerlier qui malheureusement est resté longtemps inexploité . Bravo à lui.

29/11/2008

Ach, Deutschland

Gravure représentant le comte d'Argental180px-Vinant_Denon_-_Charles-Augustin_de_Ferriol_d%27Argental.jpg

 

"A Charles Augustin Ferriol, comte d'Argental

.......Dites moi si l'allemand a gâté mon français, et si je me suis rouillé comme Rousseau [Jean-Baptiste, exilé]. N'allez pas croire que j'apprenne sérieusement la langue tudesque, je me borne prudemment à savoir ce qu'il en faut pour parler à mes gens et à mes chevaux. Je ne suis pas d'un âge à entrer dans toutes les délicatesses de cette langue si douce et si harmonieuse, mais il faut savoir se faire entendre d'un postillon.

....

Voltaire

A Potsdam, le 28 novembre 1750."

Notre Voltaire, qui excusez du peu, ne connaissait que le français, le latin, l'italien, l'anglais, s'est borné au côté utilitaire de la langue allemande et on sent bien que les "délicatesses de cette langue si douce" n'ont pas l'heur de lui plaire . Comme je le comprends, moi qui ai étudié l'allemand en seconde langue vivante au lycée, et qui ai eu cette petite (et mesquine, me direz vous) revanche d'annoncer ma réussite au Bac à mon professeur (plus doué pour le foot que pour la pédagogie) avec une note médiocre dans cette langue alors qu'un camarade échouait avec une bonne note la-dessus.

PS : pour Babeth, the best guide I've ever seen, un petit lien pour consulter le catalogue de la Revue de Deux mondes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32858360p/date

22/11/2008

attention, gel dans 74000 ans

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"A Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, rue Louis le Grand à Paris.

Raton {Voltaire}, mon respectable philosophe, est depuis vingt ans l'ami de Mme l'Enveloppe {M. l'Enveloppe des pensées= Necker}, et lui a eu, en divers temps quelques obligations. Il ne faut point être ingrat envers ses amis parcequ'il leur arrive quelque bonne fortune.

.....

Toutes ces disputes sont des balivernes. L'essentiel pour moi est que la petite ville que je batissais tout doucement est détruite avant d'être achevée, et que ses ruines m'écrasent. Je ne pourrai pas dire en mourant,

Urbem ridiculum statui, mea moenia vidi,

Et nunc parva mei sub terras ibit imago.

= J'ai fondé une ville ridicule, j'ai vu des murailles qui étaient à moi, et maintenant une petite image de moi va descendre sous terre.

Mes pauvres horlogers qui avaient fondé la ville sont persécutés. Je ne suis pas assez sot pour les soutenir. J'abandonne tout, je meurs ruiné. Jean s'en alla comme il était venu.

Cependant Gilles Shakespear [William Shakespeare] et maître Guénée triomphent. Peut-être tout cela changera dans soixante et quatorze mille ans, quand tout sera gelé.

Je vous embrasse très tendrement du fond de ma caverne.

Voltaire.

Ferney, le 22 novembre 1776."

Notre latiniste distingué avait un peu le blues en voyant que des tracasseries gouvernementales et fiscales faisaient fuir des travailleurs émigrés qui avaient le plus contribué à transformer le "hameau misérable peuplé de quarante sauvages" de 1758 en petite ville prospère de près de mille habitants. Nous étions déjà dans un état où les normes pouvaient entraver certaines pratiques, en l'occurrence, "la liberté de travailler l'or et l'argent à des titres inférieurs à ceux prescrits par les ordonnances", autorisation pourtant accordée par "le feu roi" (=Louis XV). Voltaire en arrivera à conclure que le meilleur moyen d'améliorer la situation est "qu'on nous oublie", particulièrement les fermiers généraux, le fisc de l'époque .

Je crois qu'en cette période riche en demande pécunière de l'Etat, taxes diverses et variées dont celle d'habitation, nous aussi formulons cette prière :"oubliez nous", nous saurons bien utiliser au mieux ce que vous prélevez !

Quand aux prédictions de gel de toute la terre, c'était une théorie du grand Buffon. Alors réchauffement ou pas ? A suivre...

 

 

21/11/2008

Un Gessien faché de plus !?

 

 

 

"A Élie Bertrand                                                       

Mon cher ami, je suis bien fâché d'avoir perdu un temps précieux à répondre au misérable qui devait oublier les morts et respecter les vivants. Mais un homme d'un très grand mérite et d'un très bon conseil, qui m'apporta ces jours passés le Mercure suisse 1 me dit qu'il fallait absolument faire rougir et faire repentir l'ennemi de ma société. J'ai rempli les devoirs d'un homme et d'un ami ; et c'est à ces deux titres que je vous demande votre suffrage.

Voltaire " Au château de Ferney, pays de Gex, par Genève, 20 novembre 1758.

1 Le Journal helvétique ( appelé le Mercure suisse) d'octobre 1758 avait publié une lettre d'un nommé Jean-Pierre Le Resche dans lequel celui-ci avait attaqué V* au sujet de l'article « Saurin » du Catalogue [… ] des écrivains joint au Siècle de Louis XIV, et spécialement à propos des passages où V* fait l'apologie de la libre pensée de Saurin et de la façon dont il avait hypocritement dupé Bossuet qui s'était imaginé l'avoir converti . V* répondit par une longue lettre au même journal, intitulée Réfutation, qui occupe les pages 617-625 du numéro de décembre du Journal helvétique : http://books.google.fr/books?id=V6EGAAAAQAAJ&pg=PA617&lpg=PA617&dq=journal+helv%C3%A9tique+octobre+1758&source=bl&ots=ut12KAspkV&sig=Wsx1CfVvlVXlNghQwtNmCf_2RB4&hl=fr&sa=X&ei=GueqUtiaBfD50gX0-oDwAg&ved=0CDEQ6AEwAA#v=onepage&q=journal%20helv%C3%A9tique%20octobre%201758&f=false

. Seigneux de Correvon fait allusion à toute l'affaire dans une lettre à Haller du 30 décembre 1758 : « Vous avez vu, monsieur, le carillon que commençaient à faire les pièces concernant feu Joseph Saurin . M. de Voltaire m'écrit que les seigneurs avoyers [de Berne] ont blâmé l'anonyme [Le Resche] qui a écrit contre lui dans le Journal helvétique et lui en ont témoigné leur indignation ; et j'apprends qu'après la Réfutation on n'écrira plus rien là-dessus . » On ne sait rien de plus de la lettre de V* à laquelle Seigneux de Correvon fait allusion .

On trouvera l'article de Le Resche dans Besterman, D 7980 et la réponse de V* dans Moland , t. XXIV, p. 79-84.

Voir : http://data.bnf.fr/ark:/12148/cb31602533c

et lettre du 7 février 1759 à de Brenles : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/02/07/tout-est-decouvert-et-constate.html

 

Il était bon d'être des amis de ce patriarche qui ne laissait pas passer les attaques contre ses protégés, qu'ils soient défunts ou bien vivants. Pointilleux, chercheur de poux dans la tonsure, chicanier et bien autres choses encore, ce nouvel habitant du pays de Gex va laisser une trace indélébile dans le paysage et dans les esprits . Raleur, oui, mais quel talent ; on en redemande !

 Note : Elie Bertrand a publié en 1757 "Mémoires historiques et physiques sur les tremblements de terre"

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PS : Voltaire né le 21 novembre 1694 selon les uns, de François Arouet ou né le 20 février 1694 du chevalier de Rochebrune selon l'auteur génial, toujours est-il que je lui souhaite un bon anniversaire ! 314 bougies ça va chauffer !

19/11/2008

sus aux fanatiques et aux fripons !

Lettre à Etienne -Noël Damilaville , le 19 novembre 1765 , à Ferney

.....

Détruisez les plates déclamations, les misérables sophismes, les faussetés historiques, les contradictions, les absurdités sans nombre ; empêchez que des gens de bon sens ne soient les esclaves de ceux qui n'en ont point. La génération naissante vous devra sa raison et sa liberté.

...

Je peux mourir cet hiver, et je ne veux point mourir sans avoir entre mes mains tout le dictionnaire philosophique. Je commencerai par lire l'article "Vingtième".

Voltaire

Il ne pensait pas que cette "génération naissante " allait faire une révolution pour enfin acquérir "sa raison et sa liberté", mais quel excellent esprit d'anticipation sur ce point là . Il était un maître dans l'art de désorganiser la désinformation, sans doute aussi parce qu'il était un artiste dans l'art de tromper son monde quand ça "sentait le roussi" pour lui-même . Qu'il en soit remercié d'un côté , et absout de l'autre.

06/11/2008

vie éternelle ?

"La résurrection est une chose naturelle : il n'est pas plus étonnant de naître deux fois qu'une ."

Voltaire dixit

 http://membres.lycos.fr/tsukastock/BLOG/2006/2006.08.02.lazare.jpgVoici un Lazare encore ébahi d'être encore sur terre grace au talent de  Da Gate publié dans : Galerie d'trognes et autres portraits