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09/01/2009

blocus d'hier, chaos-K.O. d'aujourd'hui !

"A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

Mon héros, mon protecteur,

C'est pour le coup que vous êtes mon colonel . Le satrape Elochivis [=Choiseul ] environne mes poulaillers de ses innombrables armées, et le bonhomme qui cultive son jardin au pied du mont Caucase est terriblement embarassé par votre funeste ambition [ blocus de Genève suite aux dissensions dans cette république ].

Permettez-moi la liberté grande de vous dire que vous avez le diable au corps . Maman Denis et moi nous nous jetons à vos pieds . ce n'est pas les Genevois que vous punissez, c'est nous , grâces à Dieu . Nous sommes cent personnes à Ferney qui manquons de tout, et les Genevois ne manquent de rien . Nous n'avons pas aujourd'hui de quoi donner à dîner aux généraux de votre armée .

A peine l'ambassadeur de votre Sublime Porte eut-il assuré que le roi de Perse prenait les honnêtes Scythes sous sa protection et sauvegarde spéciale, que tous les bons Scythes s'enfuirent  [ Scythes = Genevois, Persans = Français ; fuite et émigration de patriciens après le refus du Règlement de Médiation ]. Les habitants de Scythopolis peuvent aller où ils veulent, et revenir, et passer et repasser avec un passeport du chiaoux Hennin ; et nous pauvres Persans, parce que nous sommes votre peuple, nous ne pouvons ni avoir à manger, ni recevoir nos lettres de Babylone, ni envoyer nos esclaves chercher une médecine chez les apothicaires de Scythopolis .

Si votre tête repose sur les deux oreillers de la justice et de la compassion, daignez répandre la rosée de vos faveurs sur notre disette .

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Dès qu'on eut publié votre rescrit impérial dans la superbe ville de Gex où il n'y a ni pain, ni pâte, et qu'on eut reçu la défense d'envoyer du foin chez les ennemis, on leur en fit passer cent fois plus qu'ils n'en mangeront en une année . Je souhaite qu'il en reste assez pour nourrir les troupes invincibles qui bordent actuellement les frontières de la Perse .

Que Votre Sublimité permette donc que nous lui adressions une requête qui ne sera point écrite en lettres d'or sur parchemin couleur de pourpre selon l'usage, attendu qu'il nous reste à peine une feuille de papier que nous résevons pour votre éloge .

Nous demandons un passeport signé de votre main prodigue en bienfaits pour aller, nous et nos gens, à Genève ou en Suisse selon nos besoins et nous prierons Zoroastre qu'il intercède auprès du grand Orosmade pour que tous les pêchés de la chair que vous avez pu commettre vous soient remis .

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Voltaire

9 janvier 1767"

Quand Voltaire passer autant de pommade, Voltaire fâché tout rouge ! Il met en évidence l'imbécilité d'une situation de conflit qui lèse plus ceux qui veulent la faire cesser que ceux qui la causent . Notre président ( enfin, celui de ceux qui l'ont élu ! ) sert-il du "Votre Sublimité " à ses interlocuteurs interloqués laquais d'un lacis inextricable de laconiques lacunes de pensée ( ça fait du bien de dire un peu n'importe quoi sans faire de mal à ses sacrés nom.... de concitoyens ! ). Je prierai moi aussi le grand Zoroastre et Nanabozo le Grand Lapin pour l'absolution de "tous les pêchés de la chair " , passés, présents et à venir ... pourvu qu'ils soient nombreux !!

 

08/01/2009

Malcomprenants je vous aimeeuh !!

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Je ne connais pas Jérôme Garcin, lui n'a pas l'honneur et l'avantage de me connaitre. Il a le droit , sur invitation de France Inter à 20h10 le 7 janvier 2009,  de dire ce que mon prère lqualifiait de "boeufferies" . Jugez plutôt celui qui, dans le monde de ceux qui parlent sans se comprendre eux-mêmes  pour le plaisir d'épater la galerie par la profondeur de leur analyse et de leur connaissance de plus célèbres qu'eux (on ne sait jamais, dans ce monde bling-bling, ça peut servir !!) ; celui qui , parlant de Françoise Sagan qui coupait la viande de Sartre lorsqu'ils déjeunaient (ensemble, bien sûr !), Sagan bafouillante à son habitude et Sartre quasi aveugle, se pose la question tout à fait surréaliste de savoir comment avec de tels handicaps de tels êtres réussissaient à se comprendre ! Sagan que je sache n'était ni sourde ni aveugle, Sartre n'était ni sourd ni muet, comment diable me direz-vous étaient -ils capables de communiquer ? That is the question ! And the answer is :"Garcin tu as du fromage blanc entre les oreilles, arrête de péter plus haut que .... Réfléchis deux secondes (une seconde par neurone ) et va épater la galerie ailleurs . Tu me gonfles."sartre.jpg

 

 

 

Pour revenir aux bonnes habitudes, voici la lettre du jour de qui vous savez .

"A René-Louis de Voyer de Paulmy, marquis d'Argenson

J'ai été un mois en route, Monsieur, de Berlin à Bruxelles . J'ai appris en arrivant votre nouvel établissement et vos peines [ succédant à son frère comme chancelier du duc d'Orléans et soupçonné d'avoir contribué à sa disgrâce ]. Voilà comme tout est dans le monde. Les deux tonneaux de Jupiter ont toujours leur robinet ouvert . Mais enfin , Monsieur, ces peines passent parce qu'elles sont injustes, et l'établissement reste . J'en ai quitté d'assez brillant et assez avantageux . On  [ Frédéric II ] m'offrait tout ce qui peut flatter . On s'est faché de ce que je n'ai point accepté . Mais quels rois, quelles cours, et quels bienfaits valent une amitié de dix années ? [ avec Emilie du Châtelet ]. A peine m'auraient-ils servi de consolation si cette amitié m'avait manqué .

J'ai eu tout lieu dans cette occasion de me louer des bontés de M. le Cardinal de Fleury . Mais il n'y a rien pour moi dans le monde que le devoir sacré qui m'arrête à Bruxelles [ procès où Emilie veut être reconnue héritière de marquis de Trichâteau ]. Plus je vis, plus tout ce qui n'est pas liberté et amitié me parait un supplice . Que peut prétendre de plus le plus grand roi de la terre ? Voilà pourtant ce qui est inconnu des rois et de leurs esclaves dorés .

 Vos affaires vous auront-elles permis , Monsieur , de lire un peu à tête reposée l'ouvrage du Salomon du Nord [ l'Anti-Machiavel ] et celui de la reine de Saba [ traité de physique d'Emilie ] ? Je ne doute pas du jugement que vous aurez porté sur les Institutions physiques . C'est assurément ce qu'on a écrit de meilleur sur la philosophie de Leibnits, et c'est une chose unique en son genre . Le livre du roi de Prusse est aussi singulier que le sien. Mais je voudrais que vos occupations et vos bontés pour moi pussent vous permettre de m'en dire votre avis . J'oserais souhaiter encore que vous me marquassiez si on ne désire pas qu'après avoir écrit comme Antonin l'auteur vive comme lui . Je voudrais enfin quelque chose que je pusse lui montrer . Il m'a parlé souvent de ceux qui font le plus honneur à la France, il a voulu connaître leur caractère et leur façon de penser . Je vous ai mis à la tête de ceux dont on doit rechercher le suffrage . Il est passionné pour la gloire . Je l'ai quitté, il est vrai, je l'ai sacrifié, mais je l'aime ; et pour l'honneur de l'humanité je voudrais qu'il fût à peu près parfait comme un roi peu l'être.

Le sentiment des hommes de mérite peut lui faire beaucoup d'impression . Je lui enverrais une page de votre lettre, si vous le permettiez . Son expédition de la Silésie [ F II envahit la Silésie le 16 décembre 1740 ] redouble l'attention du public sur lui . Il peut faire de grandes choses et de grandes fautes . S'il se conduit mal je briserai la trompette que j'ai entonnée .

M. de Valori n'a pas à se plaindre de la façon dont le roi de Prusse pense pour lui . Il le regarde comme un homme sage et plein de droiture . C'est sur quoi M. de Valori peut compter . Puisse-t-il rester longtemps dans cette cour, et puissent les couteaux qu'on aiguise de tous côtés se remettre dans le  fourreau ! Mais qu'il y ait guerre ou paix je ne songe qu'à l'amitié et à l'étude . rien ne m'ôtera ces deux biens . Celui de vous être attaché sera pour moi le plus précieux . il y a à Bruxelles deux coeurs qui sont à vous pour jamais . Mon respectueux dévouement ne finira qu'avec ma vie .

Volt.

Bruxelles, 8 janvier 1741."

 

 

Je n'ai pu m'empécher de penser à Obama en lisant ceci :"Son expédition ...  redouble l'attention du public sur lui . Il peut faire de grandes choses et de grandes fautes . S'il se conduit mal je briserai la trompette que j'ai entonnée ." J'ai traduit : "Son élection redouble l'attention... Il peut faire de grandes choses et de grandes fautes ( proportionnellement à la taille des USA, c'est vite fait !) . S'il se conduit mal : il se fera descendre par tous ceux qui l'on encensé, le retournement de veste est banal dans notre monde régit par la mode ."

 " Plus je vis, plus tout ce qui n'est pas liberté et amitié me parait un supplice . Que peut prétendre de plus le plus grand roi de la terre ? Voilà pourtant ce qui est inconnu des rois et de leurs esclaves dorés ." : il me semble entendre en écho Brassens, Brel et quelques autres . Tant pis pour les hommes de pouvoir et leurs cours de happy people , ils n'ont que ce qu'ils méritent, du pognon et des ulcères ! Serais-je anar ??

"puissent les couteaux qu'on aiguise de tous côtés se remettre dans le  fourreau !" : écoutez bandes d'affreux , un homme vous parle !!!

 

 

 

 

 

 

07/01/2009

Se promener dans les rues de Paris avec la robe de Platon

« A Charles Porée

Je vous envoie, mon cher Père, la nouvelle édition qu’on vient de faire de la tragédie d’Œdipe [1730]. J’ai eu soin d’effacer autant que j’ai pu les couleurs fades d’un amour déplacé, que j’avais mêlées malgré moi aux traits mâles et terribles que ce sujet exige .
Je veux d’abord que vous sachiez pour ma justification, que tout jeune que j’étais quand je fis l’Œdipe, je le composais à peu près tel que vous le voyez aujourd’hui. J’étais plein de la lecture des anciens et de vos leçons, et je connaissais fort peu le théatre de Paris ; je travaillai à peu près comme si j’avais été à Athènes .Je consultai M. Dacier qui était du pays [1714 ]. Il me conseilla de mettre un chœur dans toutes les scènes à la manière des Grecs. C’était me conseiller de me promener dans les rues de Paris avec la robe de Platon . J’eus bien de la peine seulement à obtenir que les comédiens de Paris voulussent exécuter les chœurs qui paraissent trois ou quatre fois dans la pièce ; j’en eu bien davantage à faire recevoir une tragédie presque sans amour . Les comédiennes se moquèrent de moi quand elles virent qu’il n’y avait point de rôle pour l’amoureuse . On trouva la scène de la double confidence entre Œdipe et Jocaste, tirée en partie de Sophocle, tout à fait insipide . En un mot, les acteurs, qui étaient dans ce temps là petits-maîtres et grands seigneurs, refusèrent de représenter l’ouvrage . J’étais extrêment jeune, je crus qu’ils avaient raison .Je gâtai ma pièce pour leur plaire, en affadissant par des sentiments de tendresse un sujet qui le comporte si peu . Quant on vit un peu d’amour, [ à la satisfaction de Mlle Desmares , nièce de la Champmeslé ] on fut moins mécontent de moi ; mais on ne voulut point du tout de cette grande scène entre Jocaste et Œdipe, on se moqua de Sophocle et de son imitateur . Je tins bon, je dis mes raisons, j’employai des amis . Enfin ce ne fut qu’à force de protections que j’obtins qu’on jouerait Œdipe [ novembre 1718 ]. Il y avait un acteur nommé Quinault, qui dit tout haut que pour me punir de mon opiniâtreté il fallait jouer la pièce telle qu’elle était avec ce mauvais quatrième acte tiré de grec . On me regardait d’ailleurs comme un téméraire d’oser traiter un sujet où Pierre Corneille avait si bien réussi . On trouvait alors l’Œdipe de Corneille excellent, je le trouvais un fort mauvais ouvrage, et je n’osais le dire . Je ne le dis enfin qu’au bout de douze ans, quand tout le monde est de mon avis . Il faut souvent bien du temps pour que justice soit exactement rendue . On l’a fait un peu plus tôt aux deux Oedipe de M. de La Motte [ 1726 ]. Le révérend père de Tournemine a dû vous communiquer la petite préface dans laquelle je lui livre bataille . M. de La Motte a bien de l’esprit, il est un peu comme cet athlète grec, qui quand il était terrassé, prouvait qu’il avait le dessus.
Je ne suis de son avis sur rien . Mais vous m’avez appris à faire une guerre d’honnête homme . J’écris avec tant de civilité contre lui que je l’ai demandé lui-même pour examinateur de cette préface où je tâche de lui prouver son tort à chaque ligne, et il a lui-même approuvé ma petite dissertation polémique  [ signée le 17 janvier 1730 ]. Voilà comme les gens de lettres devraient se combattre, voilà comme ils en useraient s’ils avaient été à votre école ; mais ils sont plus mordants d’ordinaire que des avocats, et plus emportés que des jansénistes . Les lettres humaines sont devenues très inhumaines . On injurie, on cabale, on se calomnie, on fait des couplets . Il est plaisant qu’il soit permis de dire aux gens par écrit ce qu’on n’oserait pas leur dire en face . Vous m’avez appris, mon cher père, à fuir ces bassesses, et à savoir vivre, comme à savoir écrire .

Les muses filles du ciel
Sont des sœurs sans jalousie,
Elles vivent d’ambroisie
Et non d’absinthe et de fiel,
Et quand Jupiter appelle
Leur assemblée immortelle,
Aux fêtes qu’il donne aux dieux,
Il défend que la satire
Trouble les sons de leur lyre
Par ses sons audacieux .

Adieu, mon cher et Révérend Père, je suis pour jamais à vous et aux vôtres avec la tendre reconnaissance que je vous dois et que ceux qui sont élevés par vous ne conservent pas toujours .

Voltaire
A Paris, ce 7 janvier 1729 [ou 1731 ?] »

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Por%C3%A9e

Marchez toujours en ricanant, mes frères

« A Jean Le Rond D’Alembert

 

         Mon cher et aimable philosophe, je vous salue, vous et les frères . La patience soit avec vous . Marchez toujours en ricanant, mes frères,  dans le chemin de la vérité . Frère Thimothée Thiriot saura que la Capilotade est achevée , et qu’elle forme un chant de Jeanne [ chant XVIII ] par voie de prophétie, ou à peu près . Dieu m’a fait la grâce de comprendre que, quand on veut rendre les gens ridicules et méprisables à la postérité, il faut les nicher dans quelque ouvrage qui aille à la postérité . Or le sujet de Jeanne étant cher à la nation, et l’auteur inspiré de Dieu ayant retouché et achevé ce saint ouvrage avec un zèle pur, il se flatte que nos derniers neveux siffleront les Fréron , les Hayer , les Caveirac [ l’abbé Novi de Caveirac en 1758 a publié l’Apologie de Louis XIV… sur la révocation de l’Edit de Nantes ], les Chaumé, les Gauchat, et tous les énergumènes et tous les fripons ennemis des frères .

         Vous savez d’ailleurs que je tâche de rendre service au genre humain, non en paroles, mais en œuvres, ayant forcé les frères jésuites mes voisins à rendre à six gebntilshommes, tous frères, tous officiers, tous en guenilles un domaine considérable que st Ignace avait usurpé sur eux .  Sachez encore pour votre édification que je m’occupe à faire aller un prêtre aux galères [ Ancian, curé de Moëns ]. J’espère, Dieu aidant, en venir à bout . Vous verrez paraître incessamment une petite lettre al signor Albergati Capacelli, senatore di Bologna la grassa . Je rends compte dans cette épître de l’état des lettres en France ; et surtout de l’insolence de ceux qui prétendent être meilleurs chrétiens que nous . Je leur prouve que nous sommes incomparables meilleurs chrétiens qu’eux . Je prie M. Albergati Capacelli d’instruire le pape que je ne suis ni janséniste, ni moliniste, ni d’aucune classe du parlement, mais catholique romain, sujet du Roi, attaché au Roi, et détestant tous ceux qui cabalent contre le Roi . Je me fais encenser tous les dimanches à ma paroisse . J’édifie tout le clergé ; et dans peu l’on verra bien autre chose . Levez les mains au ciel, mes frères .

         Voilà pour les faquins de persécuteurs de l’Eglise de Paris . Venons aux faquins de Genève . Les successeurs du Picard qui fit brûler Servet, les prédicants qui sont aujourd’hui servetiens, se sont avisés de faire une cabale très forte dans le couvent de Genève appelé ville, contre leurs concitoyens qui déshonoraient la religion de Calvin et les mœurs des usuriers et des contrebandiers de Genève au point de venir quelquefois jouer Alzire et Mérope dans le château de Tournay en France . Jean-Jacques Rousseau, homme fort sage et fort conséquent, avait écrit plusieurs lettres contre ce scandale à des diacres de l’Eglise de Genève, à mon marchand de clous, à mon cordonnier . Enfin on a fait promettre à quelques acteurs qu’ils renonceraient à Satan et à ses pompes . Je vous propose pour problème, de me dire si on est plus fou et plus sot à Genève qu’à Paris . Je vous ai déjà mandé que votre ami Nekre [ Necker ]a demandé pardon au consistoire, et a été privé de sa professorerie pour avoir couché avec une femme qui a le croupion pourri [Mme Vernes, épouse de marchand, belle-sœur du  prédicant  Jacob Vernes] et que le cocu qui lui a tiré un coup de pistolet a été condamné à garder sa chambre un mois . Nota bene qu’un assassin cocu est impuni, et que Servet a été brûlé à petit feu pour l’hypostase . Nota bene que le curé que je poursuis pour avoir assassiné un de mes amis chez une fille pendant la nuit, dit hardiment la messe ; voyez comme va le monde .

         Je vous prie, mon frère, de m’écrire quelque mot d’édification, de me mander de vos nouvelles et de celles des frères . Je vous embrasse .

         Urbis amatorem Fuscum salvere jubemus ruris amatores . [ à Fuscus amant de la ville nous envoyons notre salut, nous autres amants de la campagne . Horace ]

 

V.

Au chateau de Ferney, pays de Gex

6 janvier 1761"

 

 

Pour l'épiphanie, hier le 6, j'avais trouvé et transcrit cette lettre qui malheureusement n' a pas été enregistrée suite à une coupure avec le serveur de ces sacrés nom d'une pipe de tonnerre de bonsoir de Neuf-SFR . Ce n'est pas la première fois et ils commencent à me courir sur les haricots ; je ne pense pas être le seul dans ce cas , hélas .

Décidément, en ce début 1761 le Patriarche est en forme et tire sur tout ce qui bouge dans le mauvais sens . Savoir si on est plus fou et plus sot à Genève qu'à Paris, en temps que frontalier permanent et parisien occasionnel, je leur accorde un match nul, je les maudits ou les félicite selon les circonstances . Coté sot et fou, je dirais plutot bas de plafond et forts en gueule .

"une femme qui a le croupion pourri " : alors là, mesdames, je vous laisse juges de la force de l'image ; nous venons de passer les fêtes et quelques dindes et autres volailles ont péri sur l'autel de notre gourmandise, aucun croupion pourri, je l'espère, n'a été sous vos yeux et votre fourchette . M. Nekre qu'allâtes-vous faire en cette galère ? Levons les mains au ciel, mes frères bloggers !!

06/01/2009

critiques, vous serez embeurrés !

"A Jacques Lacombe, libraire, rue Christine à Paris

Vous serez bien étonné , Monsieur, que j'aie besoin du recueil de L"Année Littéraire [ de son ennemi Fréron ]; mais je vous donne ma parole d'honneur de le brûler en présence de témoins dès que j'en aurai fait usage. Il s'agit du mot critique  dans le nouveau dictionnaire encyclopédique qu'on prépare [ Fréron figurera dans les Questions sur l'Encyclopédie ]; et comme on rend dans cet ouvrage une justrice très impartiale aux bons et aux méchants esprits, aux savants et aux ignorants, aux honnêtes gens et aux coquins, on ne peut s'empêcher d'y mettre Fréron, quoique son nom n'ait jamais été enregistré qu'au Châtelet et au Fort -l'Evêque.

Vous avez sans doute dans votre grenier les vieux paquets que  je vous demande . Donnez-moi, je vous en prie, la préférence sur les beurrières . Ayez la bonté de me faire tenir le ballot par les rouliers de Bourgogne, il me parviendre sûrement.

Je vous souhaite la bonne année, et j'ai l'honneur d'être avec le plus vif intérêt qu'on puisse prendre à vous, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

5 janvier 1770"

voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Lacombe_%281724-1811...

Voltaire est moins agressif que nous le sommes aujourd'hui, les mauvais écrits étaient destinés aux beurrières (j'ai aussi connu la belle époque où l'on emballait le poisson et les frites dans du papier journal ), de nos jours on aurait tendance à évoquer les torchons, via le verbe du premier groupe qui s'y rapporte . Fréron doit beaucoup à l'illustre Voltaire, n'est-ce pas ?

04/01/2009

cage à lapin - Gaza : la peine

Ah ! qu'il est réjouissant de commencer une journée en écoutant les nouvelles du monde - en guerre bien sûr - en me disant que décidément  je serai redevenu poussière d'étoile (oui, je sais un peu de folie des grandeurs cosmiques avec du Banania et du miel, ça remonte le moral !) avant qu'on cesse de faire parler la poudre ( poussière, poudre : mais où vais-je chercher des images aussi poétiques ?). Je suis donc passé allègrement de la baston israelienne-hamassienne à une question existentielle : peut-on laisser passer l'hiver dehors à un lapin mâle de neuf mois logeant sur un balcon suisse ? Réponse des surdoués de la vie des bêtes ( journaleux -vétérinaires de salon ) : est-il dans une cage homologuée ? Surtout pas de cage destinée à un chat précise-t-on. Le préserver des courants d'air et si possible lui fournir un ou une compagne . Alors là tout se complique : avec un mâle, on se retrouve comme avec mon israelien tétu et le palestinien faché (ou inversement, c'est vous qui voyez !), baston et fricassée d'oreilles ! ; avec une femelle, je ne vous fait pas de dessin ( classé XXX ). Résultat : dans les deux cas de figure Jeannot Lapin pourra chanter à la chapelle sixtine car avec un bel ensemble nos oracles radiophoniques prescrivent une opération radicale qui supprime les "choses de la vie". Dur, dur d'être un mâle en Helvétie !

 

 

 

 

 

« A Jean le Rond d’Alembert

 

         J’ai découvert, mon cher ami, que l’auteur du discours pour les prix de l’université s’appelle Belleguier, ancien avocat dans je ne sais quelle classe du Parlement [ Voltaire lui-même !!] . Son style m’a paru un peu médiocre, mais tous les faits qu’il rapporte sont si vrais et si incontestables, que je tremble pour lui.

 

         Souvenez-vous dans l’occasion de l’avocat Belleguier, et ne vous moquez pas trop de l’université, de peur qu’elle ne se rétracte.

 

         La belle Catau m’a envoyé copie de la lettre qu’elle vous a répondue [ en réponse à une lettre de d’Alembert qui s’inquiétait du sort des prisonniers de guerre français en Russie ]. J’aurai voulu qu’elle y eût joint la vôtre. Vous voyez qu’elle est bonne philosophe, et qu’elle est bien loin d’envoyer en Sibérie des étourdis de Velches qui sont venus faire le coup de pistolet pour l’honneur des dames, dans un pays dont ils n’avaient nulle idée. Vous verrez qu’elle finira par les faire venir à sa cour, et par leur donner des fêtes, à moins qu’on n’envoie encore de nouveaux Don Quichotte pour conquérir l’aimable royaume de Pologne. Pour moi, j’imagine que tout se traitera paisiblement d’un bout de l’Europe à l’autre, même qu’on payera nos rentes .

 

         Je suppose que je dois une réponse à M. de Condorcet. Il ne signe point, et je prends quelquefois son écriture pour une autre . Cette méprise même m’est arrivée avec vous, mon cher philosophe . Je crois qu’il faudrait avoir l’attention de mettre au bas de ce qu’on écrit la première lettre de son nom, ou quelque autre monogramme pour le soulagement de ceux qui ont mal aux yeux comme moi . Par exemple, je signe Raton, et Raton aime Bertrand de tout son cœur  [voir fable de La Fontaine ].

 

         Raton

         4 de janvier 1773 »

 

 

 

Raton
N'était pas content, ce dit-on.

Aussi ne le sont pas la plupart de ces princes
Qui, flattés d'un pareil emploi,
Vont s'échauder en des provinces
Pour le profit de quelque roi.

JEAN DE LA FONTAINE

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03/01/2009

un gras ingrat, un maigre bon mec !

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

         Ma foi, Madame, vous venez trop tard .[ on lui recommandait de ne pas continuer à écrire à Choiseul qui a été disgracié le 24 décembre 1770 ]. J’aurai cru devoir au moins un petit mot de respect et d’attachement ; je l’ai donné, et je crois qu’on le trouvera fort bon. On n’a jamais commandé l’ingratitude [ il est reconnaissant de l’établissement de Mlle Corneille, des franchises de ses terres, de l’aide apportée à ses protégés  ]; je suis hors de ligne, et la voix d’un pauvre mourant ne peut faire ombre à personne.

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 http://www.ambafrance-at.org/spip.php?article2334&id_...

         Je supplie instamment monsieur d’Argental de vouloir bien me renvoyer les cinq anti-Crébillon [ 5 actes de sa pièce Les Pélopides en opposition à l’Atrée et Thyeste de Crébillon ].

Je parle de votre montre tous les jours, et j’espère bientôt vous l’envoyer. Il n’y aura rien à y refaire ; ce n’est pas comme l’œuvre des onze jours [ sa tragédie ], aussi y en a-ton mis davantage. Ma pauvre colonie ne se trouvera pas bien de cette affaire-ci [ disgrâce de Choiseul]. Tous les malheurs m’arrivent à la fois. J’avais recommandé mes fabriques à M. le cardinal de Bernis, il n’en a tenu compte ; je me suis mis en colère contre lui ; il s’est moqué de ma colère . Vous ne me parlez point de lui, Madame, c’est peut-être parce qu’on en parle beaucoup [ pour lui accorder un ministère ].

 

         Renvoyez-moi toujours mes cinq actes si vous voulez en avoir cinq autres.

 

         Mille tendres respects mes anges.

 

         V.

         3 janvier 1771 »

 

    On pourra dire ce qu’on veut de Voltaire, mais pas qu’il était ingrat . Qu’on se le dise haut et fort (sic) !