30/05/2017
Cependant, à force d’élever la voix, on se fait entendre des oreilles les plus dures ; et quelquefois même les cris des infortunés parviennent jusqu’à la cour
... Pourvu que nos gouvernants et légistes ne fassent pas partie de cette catégorie ...
https://blog.michel-loiseau.fr/?tag/dessin/page/2
« A Dominique Audibert et Cie chez MM. Tourton et Baur, banquiers à Paris
Aux Délices , 9 juillet 1762 1
Vous avez pu voir, monsieur, les lettres de la veuve Calas et de son fils. J’ai examiné cette affaire pendant trois mois ; je peux me tromper, mais il me paraît clair comme le jour que la fureur de la faction et la singularité de la destinée ont concouru à faire assassiner juridiquement sur la roue le plus innocent et le plus malheureux des hommes, à disperser sa famille, et à la réduire à la mendicité. J’ai bien peur qu’à Paris on songe peu à cette affaire. On aurait beau rouer cent innocents, on ne parlera à Paris que d’une pièce nouvelle, et on ne songera qu’à un bon souper. Cependant, à force d’élever la voix, on se fait entendre des oreilles les plus dures ; et quelquefois même les cris des infortunés parviennent jusqu’à la cour. La veuve Calas est à Paris chez MM. Dufour et Mallet, rue Montmartre ; le jeune Lavaysse y est aussi ; je crois qu’il a changé de nom ; mais la pauvre veuve pourra vous faire parler à lui. Je vous demande en grâce d’avoir la curiosité de les voir l’un et l’autre . C’est une tragédie dont le dénouement est horrible et absurde, mais dont le nœud n’est pas encore bien débrouillé.
Je vous demande en grâce de faire parler ces deux acteurs, de tirer d’eux tous les éclaircissements possible, et de vouloir bien m’instruire des particularités principales que vous aurez apprises.
Mandez-moi aussi, monsieur, je vous en conjure, si la veuve Calas est dans le besoin ; je ne doute pas qu’en ce cas MM. Tourton et Baur ne se joignent à vous pour la soulager. Je me suis chargé de payer les frais du procès qu’elle doit intenter au conseil du roi. Je l’ai adressée à M. Mariette, avocat au conseil, qui demande pour agir l’extrait de la procédure de Toulouse. Le parlement, qui paraît honteux de son jugement, a défendu qu’on donnât communication des pièces, et même de l’arrêt. Il n’y a qu’une extrême protection auprès du roi qui puisse forcer ce parlement à mettre au jour la vérité. Nous faisons l’impossible pour avoir cette protection, et nous croyons que le cri public est le meilleur moyen pour y parvenir.
Il me paraît qu’il est de l’intérêt de tous les hommes d’approfondir cette affaire, qui, d’une part ou d’une autre, est le comble du plus horrible fanatisme. C’est renoncer à l’humanité que de traiter une telle aventure avec indifférence. Je suis sûr de votre zèle : il échauffera celui des autres, sans vous compromettre.
Je vous embrasse tendrement, mon cher camarade, et suis avec tous les sentiments que vous méritez,
votre très humble et très obéissant serviteur
V.»
1 Suivant l 'éditeur des Lettres inédites, 1863, l'original autographe après le mot camarade , était passé à la nièce d'Audibert, la vicomtesse de Besse, puis à G. Roux, qui l'avait communiqué à Coquerel . C'est la version des Lettres inédites, apparemment littérale, qui a été suivie .
08:41 | Lien permanent | Commentaires (0)
29/05/2017
Il est de l'intérêt de l’État qu'on découvre de quel côté est le plus horrible fanatisme
... Ce qui ne semble pas être trop difficile actuellement , et en attendant de l'éradiquer, supportons ( au sens de "soutenons" ) les mesures un peu contraignantes de l'état d'urgence .
« A Pierre Mariette
avocat au conseil, rue
Simon Lefranc
8è juillet 17462, aux Délices
Je reçois, monsieur, votre lettre du 2è juillet . L'affaire à laquelle je m'intéresse est si extraordinaire , qu'il faut aussi des moyens extraordinaires . Le parlement de Toulouse ne donnera point des armes contre lui . Il a défendu que l'on communiquât les pièces à personne, et même l'extrait de l'arrêt . Il n'y a qu'une grande protection qui puisse obtenir 1 de monsieur le chancelier ou du roi, un ordre d'envoyer copie des registres ; nous cherchons cette protection. Les cris du public ému et attendri devraient l'obtenir . Il est de l'intérêt de l’État qu'on découvre de quel côté est le plus horrible fanatisme .
Je ne doute pas que cette affaire ne vous paraisse très importante . Je vous supplie d'en parler aux magistrats et aux jurisconsultes de votre connaissance, et faire qu'on en parle à monsieur le chancelier ; tâchons d'exciter sa compassion et sa justice, après quoi, vous aurez la gloire d'avoir défendu l'innocence .
J'attends votre réponse, et j'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire .
Les pièces ci-jointes vous mettront au fait si vous ne les avez pas encore vues .
M. Héron doit avoir la bonté de vous en remettre d'autres, mais je ne crois pas que vous en puissiez faire d'usage . »
1 qui puisse obtenir est ajouté au-dessus de la ligne par V*.
14:56 | Lien permanent | Commentaires (0)
la pieuse meurtrière que fut la reine Mary
... De pieux meurtriers, l'histoire en regorge . Même les reines et les rois ne sont pas toujours justes et abusent de leur pouvoir, et il est des chefs- d'Etats contemporains qui se conduisent comme eux, la liste en est longue comme un jour sans pain .
Gros problème : comment avoir des relations diplomatiques avec ces ennemis de la démocratie , pour le moins, et fléaux du genre humain quelquefois .
Bloody Mary , seule Mary que j'ai fréquentée
« A George Keate
Aux Délices 8 juillet 1762
Dear sir,
Had lady Grey writ in her days in the manner she writes after her death, all England would have rais'd in her favour against that pious murderess queen Mary . I hope you will be secretary to all the english queens . They shall become with the help of your pen, the darling of the nation . I thank you heartily for that charming copy of verse 1. I had the honour to see thirty years ago the lady your epistle inscrib'd too . She has pass'd from the throne of beauty, to that of wit . If she remembers me, I pray you to present her with my humble respect. Rank me good sir amongst your admirers and faithfull friends.2
Voltaire.
On imprime Pierre Corneille avec les commentaires . Cet auteur a de grands défauts et de grandes beautés, mais il est moins fou que votre Shakespear parce qu'il vivait dans un siècle plus sage . »
1 Ce poème, An epistle from lady Jane Grey to lord Guilford Dudley, 1762, est dédié à Mary Leppel, baronne douairière Hervey of Ickworth .Voir : https://archive.org/details/epistlefromladyj00keat
2 Cher monsieur, / Si lady Grey avait écrit de son vivant comme elle écrit après sa mort, toute l'Angleterre se serait levée en sa faveur contre la pieuse meurtrière que fut la reine Mary . J'espère que vous serez le secrétaire de toutes les reines d'Angleterre . Elles deviendront avec le secours de votre plume, le charme de la nation . Je vous remercie de tout cœur pour le charmant exemplaire de votre poème . J’eus l'honneur de voir il y a trente ans la dame qui donne le titre à votre épître . Elle est passée du trône de la beauté à celui de l'esprit . Si elle se souvient de moi, je vous prie de lui présenter mes très humbles respects . Comptez- moi parmi vos admirateurs et fidèles amis .
08:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
Tantum relligio potuit suadere malorum / Tant la religion a pu suggérer de maux
... Un énième attentat récent par un fou de Dieu donne encore raison à Voltaire, et je m'aperçois que je dois malheureusement mettre tout ceci au pluriel ; religions je vous déteste .
Pour me réconcilier avec le monde sans frontières, plus que la lyre évoquée ci-dessous, je préfère mille fois la kora de Ballaké Sissoko accompagnée ici du violoncelle de Vincent Ségal : https://www.youtube.com/watch?v=TAIwGw1paIc , je vous souhaite une belle heure de vie d'union .
La vie est plus belle en couleur(s)
« A Claude-Philippe Fyot de La Marche
Aux Délices 8 juillet [1762] 1
Plus d'un amant sur sa lyre a formé
Ces tendres sons qui charment les amantes .
Un père a fait des chansons plus touchantes.
Pourquoi cela ? C'est qu'il a mieux aimé .
Je suis bien loin de blasphémer l'amour ;
C'est un grand dieu , je le sais , et je jure
De le servir jusqu'à mon dernier jour,
Mais il faut bien qu'il cède à la nature .2
Je conçois votre bonheur mon grand magistrat qui êtes le plus aimable des hommes, et je tiens Mme de Paulmy 3 aussi heureuse que vous . J'aurais voulu voir monsieur votre fils faire aussi des chansons pour sa sœur . Mais peut-être qu'avec ses bonnes qualités il n'a pas le cœur aussi tendre que vous . J'attends avec impatience votre mémoire, et j'espère toujours que ce mémoire terminera tout . Monsieur votre fils le lira, et se rendra .
Je prends la liberté de vous envoyer deux pièces singulières d'un procès affreux dont je vous ai déjà parlé . Vous verrez avec quelle naïveté la nature que vous aimez tant, s'exprime . Cette aventure est ce que je connais de plus horrible depuis que je suis au monde . Il faut s'écrier :
Tantum relligio potuit suadere malorum 4.
J'ai pris cette affaire à cœur du fond de la retraite . J'ai vu une famille que je crois innocente abandonnée de tout le monde et livrée à l'infortune la plus affreuse . Tout ce que je vois de loin, tout ce que j'entends redouble mon goût pour la retraite . Que ne puis-je goûter les charmes de la vôtre ? pourquoi faut-il que Pierre Corneille en faisant mes plaisirs fasse mon esclavage? Nous avons imprimé presque toutes ses bonnes pièces . Je serai bientôt réduit à commenter ce qui m'ennuiera, c'est un triste métier .
Je crains d'avoir perdu un dessin de M. de Vosges . Il réparera ma sottise par un dessin meilleur . Je vous présente mon sincère respect . Permettez que j'en fasse autant à Mme la marquise de Paulmy .
V.
J'adresse le paquet à M. de Villeneuve que je crois franc de port . »
1 Le post scriptum est écrit dans la marge du bas du manuscrit olographe .
2 Fyot de La Marche, premier président au parlement de Bourgogne avait fait des vers pour sa fille .
3 Marguerite , fille de Fyot de La Marche, deuxième femme de Antoine-René de Voyer de Paulmy d'Argenson épousé en 1748, , voir : http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Antoine-Ren%C...
4 Tant la religion a pu suggérer de maux ; Lucrèce, De natura rerum, I, 101 .
01:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
28/05/2017
demander si dans une affaire aussi extraordinaire, on ne peut pas avec de la protection, agir d'une manière extraordinaire
...On a un élément de réponse à l'attitude politique de M. Trump par la poignée de mains d'Emmanuel Macron , peu banale dans sa forme, qui montre à tous qu'il ne lâche rien, --ni personne--, que quand il le veut bien . Mister Trump ça vous change un peu d'avoir face à vous un président qui sort de l'ordinaire .
http://www.laprovence.com/article/france-monde/4469297/ma...
And the winner is ... Emmmaaaaa nueeeellll !
« A Philippe Debrus
J'envoie le mémoire ci-joint à monsieur Debrus, et je le prie de n'écrire qu'en conformité . L'avocat Élie Beaumont est ardent . Il nous faut de tels amis . D'ailleurs il s'est acquis depuis peu de la considération ; ne troublons point une pauvre infortunée , incapable d'affaire . Ménageons sa douleur, sa faiblesse et son embarras .
Laissons agir les amis à Paris, écrivons de tous côtés en sa faveur, soulevons le ciel et la terre .
Voilà ce que j'écrivais à 4 heures après midi 8 juillet . Je reçois la lettre de M. Mariette avec la lettre de Mme Calas que je renvoie à monsieur Debrus . Je vais écrire à M. Mariette de demander si dans une affaire aussi extraordinaire, on ne peut pas avec de la protection, agir d'une manière extraordinaire , et demander que le chancelier se fasse représenter les pièces du procès ; nous agissons fortement auprès de monsieur le chancelier .
J'insiste toujours sur la protection de M. de Chaban .
J'écris et je vais écrire à M. Tronchin .
Dès que Mme Calas aura besoin d'argent, je lui en ferai tenir .
Il importe peu à Paris de quelle religion sera le jeune Lavaysse . Il peut être mahométan ou juif, sans que personne s'en soucie, ce n'est pas comme à Toulouse, il faut absolument qu'il aille avec Mme Calas chez ses protecteurs . Je vais écrire à M. le duc de La Vallière et lui demander s'il peut présenter la veuve à Mme la marquise de Pompadour .
Soulevons toujours le ciel et la terre, c'est là mon refrain .
A 5 heures du soir, 8 juillet [1762].
On peut envoyer ces deux papiers à Mme Calas . »
08:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/05/2017
criez, je vous en prie, et faites crier . Il n'y a que le cri public qui puisse nous obtenir justice . Les formes ont été inventées pour perdre les innocents
... et permettre aux coupables de retarder ou éviter la condamnation, n'est-ce pas Nanar Tapie, Sarko, Balkany, Guaino, Guéant, Fillon, Marine Le Pen, etc.
On tombe souvent sur un os ... Qui l'emportera ?
Petit rappel ...
« A Etienne-Noël Damilaville
8 juillet [1762]
Toutes les raisons de justice et de convenance sont pour vous, mais elles doivent céder à l'autorité de monsieur le contrôleur général et à son amitié pour M. de Morival . S'il vous avait connu, ce serait vous qu'il aimerait sans doute . Faites vous un mérite auprès de lui de votre sacrifice , afin qu'il vous aime à votre tour . Tâchez de lui parler ; donnez-lui des éloges sur ce que l'amitié lui fait faire ; remettez votre sort entre ses mains . Cette conduite, la seule que vous deviez tenir, peut contribuer à votre fortune . Mon cher frère, je vous prierai toujours de prendre votre parti en philosophe sur l'affaire de cette direction . Il est bien à souhaiter qu'on puisse imprimer à son profit ces pièces qui me paraissent convaincantes et qu'elles puissent être portées au pied du trône par le public soulevé en faveur de l'innocence . Faites-les imprimer, criez, je vous en prie, et faites crier . Il n'y a que le cri public qui puisse nous obtenir justice . Les formes ont été inventées pour perdre les innocents .
Mon frère Thieriot vous embrasse; mon frère d'Alembert me néglige positivement . »
15:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je pense qu’il faut frapper à toutes les portes, et tenter tous les moyens qui pourraient s’entr’aider, sans pouvoir s’entre-nuire.
... Ce qui vaut pour les particuliers vaut pour les pays, ce serait beau que cette pensée voltairienne prenne vie , s'entraider plutôt que s'entre-nuire ; ça vaut bien toutes les homélies du monde et diktats religieux qui ne tiennent pas plus que le temps d'un jeûne rituel .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet , comtesse d'Argental
8 juillet 1762
Nous ne pouvons, dans notre éloignement de Paris, que procurer des protections à cette famille infortunée . C’est à messieurs les avocats, soit du conseil, soit du parlement, à régler la forme. Les pièces originales imprimées intéressent quiconque les a lues ; tout le monde plaint la veuve Calas ; le cri public s’élève, ce cri peut frapper les oreilles du roi. J’ignore si cette affaire sera portée au conseil privé ou au conseil des parties : tout ce que je sais, c’est qu’elle est juste.
On m’assure que le parlement de Toulouse ne veut pas seulement communiquer l’énoncé de l’arrêt.
Il me paraît qu’on peut commencer par présenter requête pour obtenir la communication de cet arrêt et des motifs : il y a cent exemples que le roi s’est fait rendre compte d’affaires bien moins intéressantes. N’avons-nous pas des raisons assez fortes pour demander et pour obtenir que les pièces soient communiquées par ordre de la cour ? La contradiction évidente des deux jugements, dont l’un condamne à la roue un accusé et dont l’autre met hors de cour des complices qui n’ont point quitté cet accusé ; le bannissement du fils, et sa détention dans un couvent de Toulouse après ce bannissement ; l’impossibilité physique qu’un vieillard de soixante-huit ans ait étranglé seul un jeune homme de vingt huit ans ; enfin l’esprit de parti qui domine dans Toulouse ; tout cela ne forme t-il pas des présomptions assez fortes pour forcer le conseil du roi à se faire représenter l’arrêt ?
Je demande encore si un fils de l’infortuné Jean Calas, qui est en France, retiré dans un village de Bourgogne, ne peut pas se joindre à sa mère, et envoyer une procuration quand il s’agira de présenter requête ? Ce jeune homme, il est vrai, n’était point à Toulouse dans le temps de cette horrible catastrophe ; mais il a le même intérêt que sa mère et leurs noms réunis ne peuvent-il pas faire un grand effet ?
Plus je réfléchis sur le jugement de Toulouse, moins je le comprends . Je ne vois aucun temps dans lequel le crime prétendu puisse avoir été commis ; je ne crois pas qu’il y ait jamais eu de condamnation plus horrible et plus absurde, et je pense qu’il suffit d’être homme pour prendre le parti de l’innocence cruellement opprimée. J’attends tout de la bonté et des lumières de ceux qui protègent la veuve Calas.
Il est certain qu’elle ne quitta pas son mari d’un moment dans le temps qu’on suppose que son mari commettait un parricide. Si son mari eût été coupable, elle aurait donc été complice . Or, comment ayant été complice ferait-elle deux cents lieues pour venir demander qu’on revît le procès, et qu’on la condamnât à la mort ? Tout cela fait saigner le cœur et lever les épaules. Toute cette aventure est une complication d’évènements incroyables, de démence, et de cruauté. Je suis témoin qu’elle nous rend odieux dans les pays étrangers, et je suis sûr qu’on bénira la justice du roi, s’il daigne ordonner que la vérité paraisse.
On a écrit à M. le premier président de Nicolaï, à M. le premier président d’Auriac 1, qui tous deux ont un grand crédit sur l’esprit de M. le chancelier . Madame la duchesse d’Anville, M. le maréchal de Richelieu, M. le duc de Villars, doivent avoir écrit à M. de Saint-Florentin. On a écrit à M. de Chaban, en qui M. de Saint-Florentin a beaucoup de confiance ; et M. Tronchin, le fermier-général, peut tout auprès de M. de Chaban.
Donat Calas, retiré en Bourgogne a, de son côté, pris la liberté d’écrire à M. le chancelier, et a envoyé une requête au conseil ; le tout a été adressé à M. Héron, premier commis du conseil, qui fera rendre ces pièces,2 selon qu’il trouvera la chose convenable. Je vous en envoie une copie, parce qu’il me paraît nécessaire que vous soyez informés de tout.
J’ai écrit aussi à M. Ménard, premier commis de M. de Saint-Florentin . Je pense qu’il faut frapper à toutes les portes, et tenter tous les moyens qui pourraient s’entr’aider, sans pouvoir s’entre-nuire.
Depuis ce mémoire écrit, j’ai reçu une lettre de M. Mariette, avocat au conseil, qui a vu la pauvre Calas, et qui dit ne pouvoir rien sans un extrait des pièces. Mais quoi donc ! ne pourra-t-on demander justice sans avoir les armes que nos ennemis nous refusent ? on pourra donc verser le sang innocent impunément, et en être quitte pour dire , je ne veux pas dire pourquoi on l’a versé ? Ah ! quelle horreur ! y aurait-il dans un monde une tyrannie pareille ? et les organes des lois sont-ils faits pour être des Busiris ?3
Voici une lettre 4 que j’écris à M. Mariette ; j’y joins un exemplaire des pièces originales, ne sachant point s’il les a vues. Je supplie monsieur et madame d’Argental, nos protecteurs, de vouloir bien ajouter à toutes leurs bontés celle de vouloir bien faire rendre cette lettre et ces pièces à M. Mariette. Ils peuvent, je crois, se servir de l’enveloppe de M. de Courteilles.
Je leur présente mes respects.
V.»
1 Guillaume Castanier d'Auriac . Voir : http://louisxivaujourlejour.blogs.midilibre.com/archive/2...
et : http://fenouilledes.fr/tag/guillaume-castanier-dauriac/
et : http://www.worldcat.org/search?q=au%3ACASTANIER+D%27AURIA...
2 Le manuscrit olographe s'arrête ici ; la suite du texte est prise d'une copie ancienne qui a servi pour l'édition.
3 Busiris est un roi légendaire d’Égypte qui sacrifiait les étrangers qui abondaient dans ses terres, surtout s'ils étaient roux ; sur le point d'être à son tour égorgé, Hercule se libéra de ses liens et libéra la terre de ce roi .
4 Voir lettre du même jour à Pierre Mariette , avocat au conseil et page 29 : https://books.google.fr/books?id=xiq1TZbvhW4C&pg=PA29...
08:44 | Lien permanent | Commentaires (0)