05/06/2015
il ne convenait guère à un insecte d'attaquer un lézard
...
« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul-Stainville
[vers le 5 juin 1760]
[Conseille à Choiseul de ne pas trop insister sur les termes de la paix, tels qu'il les a suggérés pour la réponse de V* à Frédéric II ; lui reproche d'autre part trop de complaisance pour Fréron]1
1 Les indications données sur cette lettre sont déduites de la réponse de Choiseul qui est importante pour comprendre la suite des relations entre V* et le ministre : « A Versailles ce 16 juin [1760]
Vous êtes plus sage que moi et vous avez raison ; car , si c'est bien fait de n'être pas sage, il ne sied pas mal quelquefois de l'être . Tout bien considéré, il vaut mieux ne pas répondre aux injures ; je crois que c'est la guerre des gens de lettres et des philosophes qui avait échauffé ma tête sur les grossièretés de Luc . Restons-en là et contentons-nous, chacun pour notre rade, de ne le point craindre quand il pourfendait tous les Autrichiens, et de le mépriser quand il se battra sans esprit et sans talent avec des injures .
J'ai vu un poème de vous qui s'appelle Le Pauvre Diable, que ni vous ni d'Argental ne m'avez envoyé ; vous en êtes sûrement l'auteur, comme vous l'êtes de L’Écossaise . Quoique vous disiez que je protège Fréron (qui m'intéresse autant que Palissot qui ne m'intéresse point du tout ) avec lequel j'ai été au collège sans nulle privauté ( il était cependant jésuite et moi écolier sans avoir eu la petite vérole ), je vous assure que ce que vous dites de lui me fait rire quand il est plaisant et m'est indifférent quand il ne me fait pas rire ; j'avais conseillé à Fréron de ne point parler de vous dans ses feuilles ; je lui avais même insinué qu'il ne convenait guère à un insecte d'attaquer un lézard ; il a depuis critiqué mal à propos La Femme qui a raison ; cette critique vous a fâché ; vous le maltraitez ; à la bonne heure, je vous le livre ; j'en fais de même de Palissot qui, quoi qu'on en dise , fait fort bien des vers, et sa pièce des Philosophes, que j'ai hautement désapprouvée et qui est certainement une mauvaise comédie, a des scènes très dialoguées et très bien écrites . Je ne me pique pas d'être un juge compétent, mais par exception je soutiendrai même à Diderot qu'il écrit aussi mal en prose que Palissot écrit fort bien des vers et a de la facilité et du talent . Après cela l'on dira que sa morale est indigne, qu'il est fripon, etc . Je l'abandonne à la malédiction de la philosophie et des philosophes et même aux coups de bâton qu'il pourra mériter . Si une pauvre femme qui se meurt et à qui un philosophe l'a appris galamment dans une préface était morte, je ne voudrais entendre parler de ma vie de ce Palissot, ni de tout ce train d'auteur qui ne m'est bon que pour faire diversion dans la tête des badauds de Paris à la guerre véritable . Je n'en ai jamais tant dit que je vous en écris sur cette matière ; c'est pour vous détromper sur un intérêt tendre que vous me supposez pour Fréron . Adieu, cher solitaire ; je vous embrasse de tout mon cœur et vous prie de m'envoyer ce chant de La Pucelle que vous m’avez promis . »
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Cela peut être vrai, mais cela n'est pas possible.
... Dur à concevoir ! non ?
Autre problème pour neurones survoltés
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.
Aux Délices, 4 juin [1760]
Mon divin ange, la paix sera aussi difficile à établir parmi les gens de lettres qu'entre la France et l'Angleterre.
Palissot m'envoie sa pièce, et m'écrit. Jugez de sa lettre par ma réponse 1. Je prends la liberté de vous l'adresser, et en même temps je vous conjure de me dire s'il est vrai que Diderot ait fait deux libelles contre Mmes de Robecq et de La Marck 2. Cela peut être vrai, mais cela n'est pas possible.
Vous pourriez bien, avant d'envoyer ma réponse à Palissot, la faire transcrire, ne varietur : car je dois craindre qu'on ne me reproche d'être complice de la comédie des Philosophes. Dieu soit loué qu'on ne joue point Médime! elle viendrait mal à propos; elle serait sifflée. Il est très-heureux, très-décent, qu'on ne me joue pas après les Philosophes.
D'ailleurs, mon cher ange, je suis à vos ordres. Décidez pour Socrate, pour l'Écossaise; je ferai tout ce qu'il faudra. Je suis en train d'aimer le tripot, et de rire.
N'abandonnons point le droit de cuissage; il me semble qu'on en peut faire quelque chose de très-intéressant. Le IVe et le Ve étaient à la glace 3; mais en quinze jours on ne peut avoir un feu égal dans son fourneau.
Cela ne ressemblera point à Nanine.
Pourquoi ne feriez-vous point jouer Rome sauvée? Mais avez-vous des acteurs? Si vous n'en avez point pour Catilina, vous n'en aurez pas pour la Mort de César; et vice versa.
Mon cher ange, comment se porte Mme Scaliger? Il me prend parfois des fureurs de venir vous voir ; mais il faut se contenir ; il faut marcher toujours sur la même ligne.
Paris, que veux-tu de moi ?
Mon cœur n'est pas fait pour toi. 4
Il est fait pour vous, mon cher ange.
V. »
1 Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/04/il-y-a-des-articles-pitoyables-sans-doute-et-les-miens-pourr-5634190.html
2 Palissot avait écrit à Voltaire, le 28 mai 1760, qu'il donnait le nom de faux philosophe « à celui qui, à la tète d'une traduction du Vero Amico et du Padre- di famiglia de Goldoni, a osé imprimer deux libelles scandaleux contre deux dames infiniment respectables ». Comme Diderot est auteur du drame du Père de famille, qu'on disait une copie de Goldoni, Voltaire crut qu'il s'agissait de Diderot; en 1758 avaient paru des traductions, par Deleyre, du Père de famille et du Véritable Ami, de Goldoni. Grimm, qui en fut éditeur (voyez la seconde édition du Dictionnaire des anonymes de Barbier, n° 14025), y mit deux épîtres dédicatoires satiriques adressées à la princesse de Robecq et à la comtesse de La Marck. Ces dames voulaient faire punir l'auteur des dédicaces. Diderot, pour calmer les offensées, se donna pour le coupable. Mmes de Robecq et de La Marck apprirent bientôt après que Diderot s'était chargé du délit de Grimm, et l'affaire n'eut pas de suite. (Beuchot.)
3 Le Droit du Seigneur, d'abord en cinq actes, a ensuite été réduit en trois; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-theatre-le-droit-du-seigneur-partie-1-121767950.html
Sur le prétendu droit , voir l'Essai sur les mœurs chapitre LII ainsi que l'article « cuissage » des Questions sur l'Encyclopédie : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-dictionnaire-philosophique-c-comme-cuissage-ou-culage-84651088.html
4 D'après Philippe Quinault , Amadis, ac. II, sc. 1, où l'apostrophe est adressée à l'Amour . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Quinault
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04/06/2015
Il y a des articles pitoyables sans doute, et les miens pourraient bien être du nombre; mais le bon l'emporte si prodigieusement sur le mauvais
... qu'en toute modestie je vais persévérer dans mes publications .
« A Charles Palissot de Montenoy
Aux Délices, 4 juin 1760.
Je vous remercie, monsieur, de votre lettre 1 et de votre ouvrage; ayez la bonté de vous préparer à une réponse longue : les vieillards aiment un peu à babiller.
Je commence par vous dire que je tiens votre pièce pour bien écrite ; je conçois même que Crispin philosophe, marchant à quatre pattes 2, a dû faire beaucoup rire, et je crois que mon ami Jean-Jacques en rira tout le premier. Cela est gai ; cela n'est point méchant ; et d'ailleurs le citoyen de Genève, étant coupable de lèse-comédie, il est tout naturel que la comédie le lui rende 3.
Il n'en est pas de même des citoyens de Paris que vous avez mis sur le théâtre ; il n'y a pas là certainement de quoi rire. Je conçois très-bien qu'on donne des ridicules à ceux qui veulent bien nous en donner ; je veux qu'on se défende, et je sens par moi-même que, si je n'étais pas si vieux, MM. Fréron et de Pompignan auraient affaire à moi : le premier, pour m'avoir vilipendé cinq ou six ans de suite, à ce que m'ont assuré des gens qui lisent les brochures; l'autre, pour m'avoir désigné en pleine Académie comme un radoteur qui a farci l'histoire de fausses anecdotes. J'ai été tenté de le mortifier par une bonne justification, et de faire voir que l'anecdote [de l'Homme]4 au masque de fer, celle du testament du roi d'Espagne Charles II, et autres semblables, sont très-vraies, et que, quand je me mêle d'être sérieux, je laisse là les fictions poétiques.
J'ai encore la vanité de croire avoir été désigné dans la foule de ces pauvres philosophes qui ne cessent de conjurer contre l'État, et qui certainement sont cause de tous les malheurs qui nous arrivent : car enfin j'ai été le premier qui aie écrit en forme en faveur de l'attraction, et contre les grands tourbillons de Descartes, et contre les petits tourbillons de Malebranche; et je défie les plus ignorants, et jusqu'à Fréron lui-même, de prouver que j'ai falsifié en rien la philosophie newtonienne. La Société de Londres a approuvé mon petit catéchisme d'attraction. Je me tiens donc comme très-coupable de philosophie.
Si j'avais de la vanité, je me croirais encore plus criminel, sur le rapport d'un gros livre intitulé l'Oracle des nouveaux philosophes 5, lequel est parvenu jusque dans ma retraite. Cet oracle, ne vous déplaise, c'est moi. Il y aurait là de quoi crever de vaine gloire ; mais malheureusement ma vanité a été bien rabattue quand j'ai vu que l'auteur de l'Oracle prétend avoir plusieurs fois dîné chez moi, près de Lausanne, dans un château que je n'ai jamais eu. Il dit que je l'ai très-bien reçu, et, pour récompense de cette bonne réception, il apprend au public tous les aveux secrets qu'il prétend que je lui ai faits. Je lui ai avoué, par exemple, que j'avais été chez le roi de Prusse pour y établir la religion chinoise ; ainsi me voilà pour le moins de la secte de Confucius. Je serais donc très en droit de prendre ma part aux injures qu'on dit aux philosophes.
J'ai avoué de plus à l'auteur de l'Oracle que le roi de Prusse m'a chassé de chez lui, chose très-possible, mais très-fausse, et sur laquelle cet honnête homme en a menti.
Je lui ai encore avoué que je ne suis point attaché à la France, dans le temps que le roi me comble de ses grâces, me conserve la place de gentilhomme ordinaire, et daigne favoriser mes terres des plus grands privilèges. Enfin j'ai fait tous ces aveux à ce digne homme, pour être compté parmi les philosophes.
J'ai trempé de plus dans la cabale infernale de l'Encyclopédie; il y a au moins une douzaine d'articles de moi imprimés dans les trois derniers volumes. J'en avais préparé pour les suivants une douzaine d'autres qui auraient corrompu la nation, et qui auraient bouleversé tous les ordres de l'État.
Je suis encore des premiers qui aient employé fréquemment ce vilain mot d'humanité, contre lequel vous avez fait une si brave sortie dans votre comédie 6. Si, après cela, on ne veut pas m'accorder le nom de philosophe, c'est l'injustice du monde la plus criante.
Voilà, monsieur, pour ce qui me regarde. Quant aux personnes que vous attaquez dans votre ouvrage, si elles vous ont offensé, vous faites très-bien de le leur rendre ; il a toujours été permis par les lois de la société de tourner en ridicule les gens qui nous ont rendu ce petit service. Autrefois, quand j'étais du monde, je n'ai guère vu de souper dans lequel un rieur n'exerçât sa raillerie sur quelque convive, qui, à son tour, faisait tous ses efforts pour égayer la compagnie aux dépens du rieur. Les avocats en usent souvent ainsi au barreau. Tous les écrivains de ma connaissance se sont donné mutuellement tous les ridicules possibles. Boileau en donna à Fontenelle, Fontenelle à Boileau.
L'autre Rousseau, qui n'est pas Jean-Jacques, se moqua beaucoup de Zaïre 7 et d'Alzire 8; et moi, qui vous parle, je crois que je me moquai aussi de ses dernières épîtres 9, en avouant pourtant que l'Ode 10 sur les conquérants est admirable, et que la plupart de ses épigrammes sont très-jolies : car il faut être juste, c'est le point principal.
C'est à vous à faire votre examen de conscience, et à voir si vous êtes juste en représentant MM. d'Alembert, Duclos, Diderot, Helvétius, le chevalier de Jaucourt, et tutti quanti, comme des marauds qui enseignent à voler dans la poche.
Encore une fois, s'ils ont voulu rire à vos dépens dans leurs livres, je trouve très-bon que vous riiez aux leurs ; mais, pardieu, la raillerie est trop forte. S'ils étaient tels que vous les représentez, il faudrait les envoyer aux galères, ce qui n'entre point du tout dans le genre comique. Je vous parle net ; ceux que vous voulez déshonorer passent pour les plus honnêtes gens du monde ; et je ne sais même si leur probité n'est pas encore supérieure à leur philosophie. Je vous dirai franchement que je ne sais rien de plus respectable que M. Helvétius, qui a sacrifié deux cent mille livres de rente pour cultiver les lettres en paix.
S'il a, dans un gros livre, avancé une demi-douzaine de propositions téméraires et malsonnantes, il s'en est assez repenti 11, sans que vous dussiez déchirer ses blessures sur le théâtre.
M. Duclos, secrétaire de la première Académie du royaume, me paraît mériter beaucoup plus d'égards que vous n'en avez pour lui ; son livre sur les mœurs n'est point du tout un mauvais livre, c'est surtout le livre d'un honnête homme 12. En un mot, ces messieurs vous ont-ils publiquement offensé? Il me semble que non. Pourquoi donc les offensez-vous si cruellement?
Je ne connais point du tout M. Diderot ; je ne l'ai jamais vu ; je sais seulement qu'il a été malheureux et persécuté: cette seule raison devait vous faire tomber la plume des mains. Je regarde d'ailleurs l'entreprise de l'Encyclopédie comme le plus beau monument qu'on pût élever à l'honneur des sciences ; il y a des articles admirables, non-seulement de M. d'Alembert, de M. Diderot, de M. le chevalier de Jaucourt, mais de plusieurs autres personnes, qui, sans aucun motif de gloire ou d'intérêt, se font un plaisir de travailler à cet ouvrage.
Il y a des articles pitoyables sans doute, et les miens pourraient bien être du nombre; mais le bon l'emporte si prodigieusement sur le mauvais que toute l'Europe désire la continuation de l'Encyclopédie. On a traduit déjà les premiers volumes en plusieurs langues; pourquoi donc jouer sur le théâtre un ouvrage devenu nécessaire à l'instruction des hommes et à la gloire de la nation ?
J'avoue que je ne reviens point d'étonnement de ce que vous me mandez sur M. Diderot. Il a, dites-vous, imprimé deux libelles contre deux dames du plus haut rang 13, qui sont vos bienfaitrices. Vous avez vu son aveu signé de sa main. Si cela est, je n'ai plus rien à dire; je tombe des nues, je renonce à la philosophie, aux philosophes, à tous les livres, et je ne veux plus penser qu'à ma charrue et à mon semoir.
Mais permettez-moi de vous demander très-instamment des preuves ; souffrez que j'écrive aux amis de ces dames. Je veux absolument savoir si je dois mettre ou non le feu à ma bibliothèque.
Mais si Diderot a été assez abandonné de Dieu pour outrager deux dames respectables, et, qui plus est, très-belles, vous ont- elles chargé de les venger? Les autres personnes que vous produisez sur le théâtre avaient-elles eu la grossièreté de manquer de respect à ces deux dames ?
Sans jamais avoir vu M. Diderot, sans trouver le Père de famille plaisant, j'ai toujours respecté ses profondes connaissances ; et, à la tête de ce Père de famille, il y a une épître à Mme la princesse de Nassau qui m'a paru le chef-d'œuvre de l'éloquence et le triomphe de l'humanité 14; passez-moi le mot. Vingt personnes m'ont assuré qu'il a une très-belle âme. Je serais affligé d'être trompé, mais je souhaite d'être éclairé.
La faiblesse humaine est d'apprendre
Ce qu'on ne voudrait pas savoir 15.
Je vous ai parlé, monsieur, avec franchise. Si vous trouvez dans le fond du cœur que j'aie raison, voyez ce que vous avez à faire. Si j'ai tort, dites-le-moi, faites-le-moi sentir, redressez-moi.
Je vous jure que je n'ai aucune liaison avec aucun encyclopédiste, excepté peut-être avec M. d'Alembert, qui m'écrit, une fois en trois mois, des lettres de Lacédémonien 16. Je fais de lui un cas infini; je me flatte que celui-là n'a pas manqué de respect à Mmes les princesses de Robecq et de La Marck. Je vous demande encore une fois la permission de m'adresser sur cette alfaire à M. d'Argental.
J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec une estime très-véritable de vos talents, et un extrême désir de la paix, que MM. Fréron, de Pompignan, et quelques autres, m'ont voulu ôter,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire du roi . »
1 Palissot avait écrit à Voltaire, le 28 mai 1760, qu'il donnait le nom de faux philosophe « à celui qui, à la tète d'une traduction du Vero Amico et du Padre- di famiglia de Goldoni, a osé imprimer deux libelles scandaleux contre deux dames infiniment respectables avec des épigraphes [sic] du style de l'Arétin ». Comme Diderot est auteur du drame du Père de famille, qu'on disait une copie de Goldoni, Voltaire crut qu'il s'agissait de Diderot; en 1758 avaient paru des traductions, par Deleyre, du Père de famille et du Véritable Ami, de Goldoni. Grimm, qui en fut éditeur (voyez la seconde édition du Dictionnaire des anonymes de Barbier, n° 14025), y mit deux épîtres dédicatoires satiriques adressées à la princesse de Robecq et à la comtesse de La Marck. Ces dames voulaient faire punir l'auteur des dédicaces. Diderot, pour calmer les offensées, se donna pour le coupable. Mmes de Robecq et de La Marck apprirent bientôt après que Diderot s'était chargé du délit de Grimm, et l'affaire n'eut pas de suite. (Beuchot.) . Palissot répondra longuement à la présente lettre le 17 juin 1760 .
2 Acte III, scène IX.
3 Dans une note sur ce passage, Palissot proteste contre l'imputation d'avoir désigné J.-J. Rousseau par le Crispin de la comédie des Philosophes.
4 Wagnière a oublié de l'homme .
-
5 Claude-Marie Guyon , L'Oracle des nouveaux philosophes . Pour servir de suite et d'éclaircissement aux oeuvres de M . de Voltaire, 1759 ; voir : https://books.google.fr/books?id=v_8FAAAAQAAJ&printse...
6 Les Philosophes , acte II, sc v : « Je ne sais, masi enfin dussè-je vous déplaire,
Ce mot d'humanité ne m'en impose guère,
Et par tant de fripons je l'entends répéter
Que je les crois d'accord pour le faire adopter,
Ils ont quelque intérêt à le mettre à la mode [...]
7 Sur les attaques de Rousseau contre Zaïre, voir la correspondance entre ce dernier et Launay de janvier et février 1733 . on rouverait des échos de ces critiques dans la presse du temps, notamment dans les Lettres sérieuses et badines et dasn Le Glaneur de J.-B. De la Varenne .
8 On ne connait pas d'attaques publiées de Rousseau à l'égard d'Alzire .
9 Dans L'Utile examen des trois dernières épîtres du sieur Rousseau ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-utile-examen-de...
10 L'Ode à la Fortune. Voir : http://www.paradis-des-albatros.fr/?poeme=rousseau-j-b/od...
11 La rétractation qu'avait faite Helvétius n'empêcha pas son livre d'être brûle ; voyez lettre du 2 février 1759 à Mme du Boccage : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/02/20/i...
12 Cet éloge mitigé fut attribué à d'autres qu'à V* . On attribue ce mot à Louis XV. (Beuchot.) .
13 Mmes de Robecq et de La Marck .
14 Sur cette publication, voir lettre du 16 novembre 1758 à Diderot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/09/v...
15 La faiblesse humaine est d'avoir
La curiosité d'apprendre
Ce qu'on ne voudrait pas savoir.
(MOLIÈRE, Amphitryon, acte II, scène III.
16 C'est-à-dire laconiques ; on retrouve cette expression dans la lettre du 8 février 1760 à De Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/08/o...
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03/06/2015
Soyez au rang des illustres bienfaiteurs ou des illustres ingrats, cela ne me fait rien
...
« A FRÉDÉRIC II, roi de Prusse
Aux Délices, 3 juin 1760. 1
Sire, le vieux Suisse bavard prend peut-être mal son temps ; mais il sait que Votre Majesté peut, en donnant bataille, lire des lettres et y répondre.
Je ne savais d'abord ce que voulait dire le petit article de votre main, touchant les gens qui lisent des lettres dans les rues et dans les marchés 2.
1° Je ne vais jamais dans les rues, je ne vais jamais à Genève.
2° Il n'y a dans Genève que des gens qui se feraient hacher pour Votre Majesté. Nous avons un cordonnier qui bat sa femme quand il vous arrive quelque échec ; et mon serrurier, qui est Allemand, dit qu'il tordrait le cou à sa femme et à ses trois enfants pour votre prospérité. Il faut, dit-il, avoir bien peu de rellichion pour penser autrement.
3° Il n'y a ni cordonnier, ni serrurier, ni prêtre, ni personne au monde, à qui j'aie jamais lu une ligne de Votre Majesté.
4° Il se peut que j'aie répété quelques-uns de vos bons mots à vos idolâtres, et que le faux zèle les ait répétés, et que quelque animal les ait rapportés tout de travers. Ce sont discours en l'air. Gagnez une bataille, et laissez vos bons mots courir le monde ; mais soyez très-sûr que Votre Majesté n'éprouvera jamais de ma part la moindre infidélité.
5° Je soutiendrai jusqu'à la mort que (mettons à part Akakia, lequel, après tout, n'était pas si plaisant que vos plaisanteries sur la ville latine gardée par les géants,3 et à moi envoyées par Votre Majesté, et à moi communiquées par M. de Marwitz 4), je ne vous ai jamais manqué en rien.
6° Soyez au rang des illustres bienfaiteurs ou des illustres ingrats, cela ne me fait rien; je penserai toujours de même; toujours même admiration, mêmes sentiments.
7° Malgré les cinq cent mille hommes à baïonnettes qui sont en Allemagne, je dis, moi Suisse, moi rat, que vous aurez la paix, et que vous ne perdrez rien, à moins qu'il ne vous arrive quelque malheur horrible qu'on ne peut prévoir.
8° Souffrez encore que je dise que Votre Majesté ne réussira jamais par le canal de l'homme 5 que vous avez fait parler à un ambassadeur de ***6 . Votre Majesté voit que je suis instruit.
9° Souffrez encore que je représente qu'on a mis beaucoup trop de personnel dans tout ceci. Je ne parle pas en l'air. On peut se moquer de ses confrères les poètes ; mais point d'injures de roi à roi. Je vous ai ouï dire un jour qu'il faut paroles douces et actions fermes. Vous avez rempli parfaitement la moitié de ce bel adage.
10° Soyez, je vous en conjure, très-persuadé que je ne veux point me faire de fête, mais que je suis entièrement au fait ( par une destinée bizarre ) , de la manière dont on pense. Je ne demande rien, ni ne peux rien demander à la cour de France, ni ne veux rien. Mais seulement, pour le bien de la chose, - si Votre Majesté veut jamais faire savoir ou des faits ou des pensées, insinuer des idées sans se compromettre, elle sera servie avec exactitude. Oui, je veux avoir l'honneur secret et la consolation secrète de vous servir, et je répète qu'il n'y a au monde ni moine, ni rat plus à portée que moi d'obéir à vos ordres sans vous commettre en rien. Je ris que la chose soit ainsi. Je trouve cela comique. Mais comptez que le zèle du rat est aussi réel que son profond respect et son admiration.
V.
67, et non pas 62.7 »
1 Der Freymüthige. , oder berlinische Zeitung für gebildete, unbefangene Leser, Berlin, 14 janvier 1803, pages 29 et 30.
2 Allusion à la fin de la lettre de Frédéric II du 12 mai 1760 répondant à celle où V* se plaignait de l'indiscrétion qu'il avait commise : « Il faut mettre un rémora dans les lettres qu'on écrit à des indiscrets, c'est le seul moyen de les empêcher de les lire aux coins des rues et en plein marché . » ; voir lettre du 12 mai page 385 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f399.image.r=4120
3 Koser-Droysen, III,107, note, citent le passage suivant d'une lettre anonyme écrite à la fin de mars 1753, et publiée dans Frédéric le Grand, 1785 : « Après que la fameuse Diatribe […] eut paru, on fit circuler dans le public à Berlin une autre brochure intitulée Voyage à la ville latine, par M. Koenig […] elle ne restera point secrète et elle éclatera avec le temps, car elle est entre les mains de l'ennemi du président, qui l'a emportée avec lui avant de partir de Potsdam . » La même lettre laisse entendre que cette brochure est l’œuvre du roi ( « si elle est l'ouvrage de la même main qui a fait brûler la première Diatribe par le bourreau. »)
4 Le major Georg Wilhelm von der Hurwitz
5 Le baron Georg Ludwig Edelsheim : http://de.wikipedia.org/wiki/Edelsheim_%28Adelsgeschlecht%29
6 V* pense à un passage de la lettre que Choiseul lui avait écrite le 25 mai 1760 : « Au reste, quelque chose qui m'arrive, à moins que Luc ne me fasse empoisonner, et n'envoie ici quelques petits émissaires pour cet objet, comme il en a adressé un au bailli de Froulay il y a deux mois pour me tromper, soyez certain qu'avant la paix je ne sortirai pas de place [...] » Le bailli de Froulay était Louis-Gabriel de Froulay, ambassadeur de l'ordre de Malte .
7« Vous n'avez que soixante-deux ans » avait écrit Frédéric dans sa lettre du 12 mai 1760 ; V* était dans sa soixante sixième année . »
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02/06/2015
Je ne me repentirai jamais de rien
... Si ce n'est d'être homo-automobilus soumis à la folie règlementariste de Ségolène qui plane à 4200 . Je te le dis : "Ségolène, ta pastille tu peux te la coller où je pense" et si tu es normalement constituée, toute Royal que tu sois, elle devrait être pour le moins grise . De plus
A qui profiterait ce nouveau règlement coercitif ? Aux garagistes, aux centres de contrôle technique, imprimeurs, à la police (qui à l'évidence n'a pas assez de travail comme ça ! ), le fisc qui ne sait plus quoi inventer pour regonfler ses prélèvements .
Qui est encore le cocu ? Celui qui n'a déjà pas les moyens de s'offrir la voiture super non polluante et doit se contenter pour aller au boulot de sa titine d'occasion troisième main .
Qui aura la belle pastille, tous les privilèges associés ? Comme d'habitude ceux qui n'ont pas l'angoisse des fins de mois . On glorifie sans cesse le luxe et ceux qui en profitent, on verra bientôt dans Gala et Closer des photos de pare-brise pastillés "vert" plutôt que des bijoux et robes comme signes de réussite .
Pour les autres, circulez (à pied), il n'y a rien à (a)voir !
Et comme ça, ça te vas Sé-gogol ?
« A Jean-Robert Tronchin
à l'Hôtel de Lyon, rue Grenelle-Saint-Honoré
à Paris
2 juin [1760]
Si vous êtes parti , mon cher correspondant, tant mieux, tous ceux qui vous aiment ici dont le nombre est grand en auront plus tôt le plaisir de vous revoir, et vous savez que Mme Denis et moi nous sommes de cette confrérie . Si vous n'êtes point parti, et si vous n’avez pas fait vendre mes guenilles je vous confie que j'ai reçu une lettre d'un homme un peu au fait 1 qui me dit de ne rien vendre .
Si vous avez vendu il n'y a point de mal . Je ne me repentirai jamais de rien, et je serai très content d'avoir perdu un tiers pour acheter un pré avec les deux tiers restants, car j’aime mieux du foin que des loteries .
Rien n'est plus beau à présent que votre pays . Comptez que les billets de confession, les convulsions, les remontrances, et Rousseau Jean-Jacques marchant à quatre pattes sur le théâtre de Paris, et les édits de Silhouette etc., etc. ne valent pas nos charmants paysages . Soyez sûr qu'il vaut mieux être sur les bords tranquilles du lac Léman que dans le fracas de Paris . Je vous embrasse et embrasserai .
V. »
1 Le duc de Choiseul : voir lettre du 20 mai 1760 à celui-ci : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/05/18/demande-au-ministre-son-avis-sur-la-stabilite-des-fonds-publ-5624317.html
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01/06/2015
avoir la bonté d'envoyer 33 livres rue des Rosiers
... Des livres de comptes bien évidemment, car il semblerait, d'après toutes les enquêtes, que les propriétaires de cette rue (et bien d'autres) sont curieusement amnésiques quand on demande le montant de leurs revenus ... :
... effet secondaire du régime falafel et shawarma ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rue_des_Rosiers
« A Jean-Robert Tronchin
[mai-juin 1760] 1
Si monsieur Tronchin pouvait avoir la bonté d'envoyer 33 livres rue des Rosiers chez Mme Des Ayvelles quand il ira dans ces quartiers-là, je lui serais très obligé . Je lui demande bien pardon de cette importunité . Je reste exprès tout le mois de juin aux Délices pour avoir l'honneur de l'embrasser .
V. »
1 Le paiement à Mme des Ayvelles avait déjà été sollicité par V* le 12 avril 1760 ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/04/09/s... ) d'où la date proposée .
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31/05/2015
le présent est médiocre
... Aurait pu dire notre BHL adoré s'il avait un grain d'humour, en goûtant à sa juste valeur la tarte à la crême qui , ô rage ô désespoir, l'a une fois de plus décoré justement . Qu'il se rassure, lui qui se permet d'avoir des garde du corps, il n'est pas près de tomber sous des balles comme ceux de Charlie Hebdo.
Sur un plan temporel, je peux ajouter que son présent est non seulement médiocre mais sans avenir .
Moment !... bon' fait' !
« A Henri-Louis Lekain
[mai-juin 1760] 1
Mon cher et grand acteur, quand vous pourrez venir introduire un peu de bon goût à Lyon et à Dijon, vous nous ferez un extrême plaisir de ne pas oublier les Délices et le château de Tournay où vous trouverez un théâtre grand comme la main, mais où l'on admirera vos talents tout aussi bien que sur un plus grand . Vous avez dit-on 2 envie de jouer La Mort de César et celle de Socrate , Socrate ne passera point, et César sans femmes ne peut être joué que chez les jésuites . Cependant si on le veut absolument, il faudra s'y prêter à condition que l'auteur de Socrate le rende plus susceptible du théâtre de Paris .
Il vaudrait beaucoup mieux jouer Rome sauvée . Cela formerait un beau spectacle sur un théâtre purgé de petits-maîtres . Il arriverait peut-être à Rome sauvée la même chose qu'à Sémiramis . Elle n'a réussi que quand la scène a été libre . Je fais bien peu de cas de Médime, le présent est médiocre, mais je fais un cas infini de vous .
Votre très humble obéissant serviteur .
V. »
1 Cette lettre répond à celle du comédien remerciant pour le don de Médime que V* lui avait accordé par sa lettre du 11 mai 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/05/08/enfin-je-suis-devenu-un-grand-seigneur-c-est-a-dire-que-j-ai-5618529.html
2 Dit-on est ajouté en interligne .
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