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27/04/2015

la démence la plus ridicule est de s'aller faire esclave quand on est libre, et d'aller essuyer tous les mépris attachés au plat métier d'homme de lettres, quand on est chez soi maître absolu

... Oh que voilà une démence bien commune, si commune qu'il me semble que la vraie cause en est le fait que ces hommes, loin d'être maîtres chez eux, tentent compenser en écrivant tant bien que mal ou en s'essayant au métier politique . Ah que la recherche des bravos est d'un puissant attrait  , double attrait si la richesse s'y adjoint .

La parité hommes-femmes non respectée montre que l'ego masculin supporte plus mal le confinement, ou alors que les femmes se contentent de régner au sein du foyer, "l'esclave" n'étant pas toujours celui/celle qu'on croit , qui porte les chaines du mariage ?

le loup et le chien.jpg

Re/lisez la fable de La Fontaine :  Le loup  et le chien

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Loup_et_le_Chien


 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.
27 avril 1760.
Le malade, qui n'est pas mort, n'est pas assez abandonné de Dieu pour contredire son ange gardien. Il ne peut pas trop écrire de sa main, pour le présent; tout ce qu'il peut faire est de se conformer à la volonté céleste, et de dicter sa réponse à l'écrit intitulé petites remarques, mais qu'on croit cependant essentielles 1.
On demande grâce pour le reste, et surtout on insiste pour que Mlle Clairon entre armée sur le théâtre 2 ; parce qu'elle est à la tête de ses soldats, parce qu'elle est forcenée, parce qu'elle ne sait ce qu'elle veut, parce que j'ai vu ce moment faire un très- grand effet, parce que Mlle Clairon aura fort bonne grâce avec une cuirasse et une lance à la main.
L'ange est très-ardemment supplié de ne pas s'opposer à ce mouvement théâtral, sans quoi il agirait plutôt en démon incarné qu'en ange gardien.
On proteste au divin ange que, si la pièce est sifflée, on mettra tout sur son compte, et qu'il en sera responsable devant Dieu.
Au reste, faudra-t-il que les comédiens, qui, en qualité de compagnie ou de troupe, sont des ingrats, jouissent seuls de la part qui appartient à l'auteur, et qu'il ne puisse en gratifier quelqu'un qui en aurait de la reconnaissance ? Faudra-t-il qu'un libraire, tel que Michel Lambert, qui a l'insolence d'imprimer toutes les pauvretés que Fréron débite contre moi, gagne cent louis d'or à imprimer malgré moi mon ouvrage? Cela est-il juste ?
Nous ne trouvons point ici que la pièce 3 du petit Hurtaud ressemble à Nanine. Acanthe est une personne de condition, et Nanine est une paysanne ; Nanine a une rivale, et Acanthe n'en a point; et Mathurin est bien un autre personnage que Lucas; mais nous réservons à d'autres temps nos remontrances et nos plaintes.
Nous nous contentons de protester ici que nous n'avons jamais lu le discours 4 de M. Lefranc de Pompignan ; que nous mettons monseigneur 5 son frère au-dessus de saint Ambroise; sa Didon, au- dessus de celle de Virgile; ses Cantiques sacrés, au-dessus de ceux de David, et d'autant plus sacrés que personne n'y touche 6. Nous prêtons serment que nous n'ayons jamais lu ni ne lirons jamais le Journal 7 du révérend frère Berthier; et nous certifions à maître Joly de Fleury que nous trouvons son Discours 8 contre l'Encyclopédie un ouvrage unique en son genre. Nous lui en avons même fait de très-sincères remerciements qui paraîtront un jour, soit avant notre mort, soit après notre mort, et qui le couvriront de la gloire immortelle qu'il mérite.
Nous déclarons plus sérieusement que nous ne serons jamais assez fou pour quitter notre charmante retraite; que, quand on est bien, il faut y rester; que la vie frelatée de Paris n'approche assurément pas de la vie pure, tranquille, et doucement occupée, qu'on mène à la campagne ; que nous faisons cent fois plus de cas de nos bœufs et de nos charrues que des persécuteurs de la philosophie et des belles-lettres; que, de toutes les démences, la démence la plus ridicule est de s'aller faire esclave quand on est libre, et d'aller essuyer tous les mépris attachés au plat métier d'homme de lettres, quand on est chez soi maître absolu ; enfin, d'aller ramper ailleurs, quand on n'a personne au-dessus de soi dans le coin du monde qu'on habite.
Plus j'approche de ma fin, mon cher ange, plus je chéris ma liberté; et, si je ne la trouvais pas au pied des Alpes, j'irais la chercher au pied du mont Caucase. J'ai sous ma fenêtre un aigle qui ne bouge depuis cinq ans, et qui n'a nulle envie d'aller dans le pays des aigles ; je suis comme lui. Mais vous savez, mon divin ange, combien mon bonheur est empoisonné par l'idée que je mourrai sans vous avoir revu. Comptez que cela seul répand une amertume continuelle sur le destin heureux que je me suis fait.
Je vous prie, pour ma consolation, de vouloir bien me mander ce que vous faites de Zulime, à qui vous faites donner les rôles, qui est premier gentilhomme 9 du tripot; s'il est vrai qu'on joue une pièce contre les philosophes dans laquelle on représente Jean- Jacques marchant à quatre pattes, et si le premier gentilhomme du tripot souffre une telle indécence ? Jean-Jacques Rousseau, s'étant mis tout nu dans le tonneau de Diogène, s'est exposé, à la vérité, à être mangé des mouches ; mais il me semble que c'est assez de persécuter les philosophes à la cour, dans la Sorbonne, et dans le parlement, et que c'en serait trop de les jouer sur le théâtre. Je n'aime pas d'ailleurs qu'on fasse un batelage de la foire du temple de Corneille.
Mon cher ange, j'arrache la plume à mon clerc pour vous dire avec la mienne combien je vous aime. Vous m'avez presque fait aimer Zulime, que je viens de relire. A propos, j'ai toujours peur d'avoir fait quelque sottise entre M. le duc de Choiseul et Luc. Je tâche cependant de ne me point brûler avec des charbons ardents. Je me flatte que M. le duc de Choiseul n'est pas mécontent de ma conduite, et qu'il n'a que des preuves de mon zèle et de ma tendre reconnaissance pour ses bontés. Seriez-vous assez aimable pour m'assurer qu'il me les continue ? On parle ici beaucoup de paix. J'ai eu chez moi le fils 10 de M. Fox, jadis premier ministre, qui n'en croit rien.
Je vous demande pardon de cette énorme lettre, et je me mets aux pieds de Mme Scaliger. »

1 Il y avait ici quatre pages de corrections pour la tragédie de Zulime.

2 Dans le rôle de Zulime. V* avait envoyé Tancrède et Médime/Zulime le 17 mars 1760 : voir lettre du 17 mars à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/16/pour-le-roi-je-ne-lui-ferai-point-de-grace-il-aura-affaire-a-5583802.html

Le 10 avril, d'Argental écrivait à ce sujet à Palissot, auteur des Philosophes, la lettre qui suit :  « J'ai appris hier au soir, monsieur, que vous regardiez l'annonce des deux pièces de monsieur de Voltaire comme un obstacle au temps où vous désirez qu'on joue la vôtre . Cette opinion est sûrement fondée sur un malentendu qu'il est bon d'éclaircir . Il est vrai, monsieur que M. de Voltaire m'a envoyé deux tragédies, l'une nouvelle, l'autre raccommodée pour mieux dire refaite presque en entier . La première est réservée pour l'hiver, l'autre doit être jouée plus tôt ; mais je peux vous assurer que je remplirais bien mal les intentions de l'auteur si je voulais la faire passer avant aucune pièce pièce reçus, et s'il savait que c'est d'un ouvrage de vous dont il est question il ne ferait que se confirmer davantage dans sa façon de penser, et il serait très éloigné de vouloir vous disputer le rang qui vous est acquis . Comme les principaux acteurs dont il a besoin ne jouent point dans votre comédie, il serait possible d’étudier les deux pièces en même temps (bien entendu cependant que la vôtre passerait la première) . Mais si cet arrangement peut vous retarder le moins du monde, on diffèrera de donner les rôles jusqu'à ce que votre comédie soit entièrement prête [...] »

Les Philosophes sera jouée le 2 mai 1760 .

4 Lu à l'Académie française le 10 mars précédent.

5 L'évêque du Puy-en-Velay.

6 Le Pauvre Diable, vers 173 : « Sacrés ils sont , car personne n'y touche. » ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/satire-le-pauvre-diable-partie-1.html

7 Le Journal de Trévoux.

8 Le réquisitoire du 23 février 1759. Voir lettre du 7 février 1759 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/02/26/ce-qui-est-neuf-n-est-pas-toujours-vrai-5308752.html

9 Le duc de Fleury, l'un des premiers gentilshommes de la chambre, chargé des spectacles, était d'année en 1760.

10 Stephen Fox, plus tard baron Holland, frère aîné du très-célèbre orateur Charles James Fox qui est mort en 1806. Voir : http://en.wikipedia.org/wiki/Stephen_Fox,_2nd_Baron_Holland

et : http://en.wikipedia.org/wiki/Charles_James_Fox

 

 

 

26/04/2015

Qui terre a, et qui plume a, guerre a

... Deux motifs de guerres, l'un n'excluant pas l'autre il est difficile de faire front, et il faut être un Voltaire pour en être capable .

Notre XXIè siècle , dans la suite de l'histoire éternelle, ne nous étonne pas en continuant à donner moult exemples de meurtres pour la conquête/vol de terres qui rapportent, mais est aussi en progrès pour accumuler le meurtre de ceux dont la plume déplait à des fanatiques/trouillards incultes .

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« A Nicolas-Claude THIERIOT.
26 avril 1760
Je ne vous ai point encore remercié, mon cher et ancien ami, du beau calendrier des crimes des jésuites 1 ; ce n'est pas que je sois mort, comme on l'a dit au roi, mais je suis toujours faible et languissant. Si vous voulez me procurer guérison entière, envoyez-moi aussi le calendrier des insolences janséniennes 2: car encore faut-il avoir son almanach complet. Je tiens les uns et les autres également méchants; mais les jésuites ont des troupes régulières, et les jansénistes ne sont encore que des housards sans discipline. On m'a mandé qu'on avait mis à Bicêtre deux troupes d'énergumènes qui faisaient des miracles 3; il faudrait faire travailler aux grands chemins tous ces animaux-là, jésuites, jansénistes, avec un collier de fer au cou, et qu'on donnât l'intendance de l'ouvrage à quelque brave et honnête déiste, bon serviteur de Dieu et du roi. Vous me demanderez pourquoi je veux faire travailler ainsi jésuites et jansénistes : c'est que je fais actuellement une belle terrasse sur le grand chemin de Lyon, et que je manque d'ouvriers.
M. de Paulmy est-il parti avec M. Hennin, pour aller faire la Saint-Hubert avec le roi de Pologne? Il verra là vraiment une cour bien gaie et bien opulente, et un roi qui a bravement défendu son État.
On parle beaucoup de paix, à ce que je vois ; mais les Anglais envoient dix-huit mille négociateurs en Allemagne pour rédiger les articles, et arment une forte escadre pour en aller porter la nouvelle à Pondichéry.
Le roi de Prusse mettra en vers l'histoire du congrès, et la dédiera à Gresset ou à Baculard; en attendant, il est un peu pressé par les Russes et les Autrichiens. On prépare cependant de beaux divertissements à Vienne, pour le mariage de l'archiduc 4. Il est bien digne de la majesté autrichienne de donner des fêtes, au lieu d'envoyer l'héritier des césars à l'armée du maréchal Daun s'abaisser à voir tirer du canon. Cela est bon pour un petit marquis de Brandebourg, mais non pour le petit-fils de Charles VI.
Il me vient quelquefois des Russes, des Anglais, des Allemands; ils se moquent tous prodigieusement de nous, de nos vaisseaux, de notre vaisselle 5, de nos sottises en tout genre. Cela me fait d'autant plus de peine, à moi qui suis bon Français, que l'on ne me paye point mes rentes. Plaignez-moi, car, depuis quelque temps, je suis en guerre pour des droits de terre : Qui terre a, et qui plume a, guerre a. Cela ne m'empêche ni de planter, ni de bâtir, ni de faire jouer la comédie, ni de faire bonne chère. Je suis seulement fâché que mon ami Falkener 6 soit mort; je perds tous mes anciens amis. Restez-moi, et, puisque vous n'êtes pas homme à venir aux Délices, consolez-moi de votre absence en me disant tout ce que vous pensez, tout ce que vous voyez, tout ce que vous croyez, tout ce que vous ne croyez pas ; et, sur ce, je vous embrasse de tout mon cœur. »

3 Une recrudescence de l'activité des convulsionnaires venait d'être enregistrée à l'époque et cinq personnes avaient été envoyées à la Bastille . On sait que V* a mis en œuvre ces incidents au chapitre XXII de Candide, tout au moins dans la version du manuscrit de la bibliothèque de l'Arsenal .

4 Joseph-Benoit-Auguste, futur empereur, en 1765, sous le nom de Joseph II. Le 6 octobre 1760, il épousa Élisabeth de Parme, petite-fille de Louis XV qui mourut le 17 novembre 1763 ..

6 Sir Everard Fawkener , mort le 16 novembre 1758 .Voir lettre à Keate du 20 juin 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/07/il-me-parait-que-la-derniere-comete-n-a-pas-fait-grand-bruit-5424461.html

 

Peu de paroles aux personnes occupées

... Aussi, je ne vous retarde pas plus dans votre lecture de la correspondance de Voltaire . Vale .

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« A François de Bussy

de Voltaire et Marie-Louise Denis

[vers le 25 avril 1760]1

Peu de paroles aux personnes occupées .

L'oncle et la nièce, monsieur, vous supplient , monsieur, de vouloir bien faire renvoyer le mémoire ci-joint 2 apostillé à M. de Montpéroux . Nous lui remettrons les pièces probantes . Mgr le duc de Choiseul ne souffrira pas que les Genevois jugent les causes qui n'appartiennent qu'aux juges du roi . Nous sommes avec la plus vive reconnaissance et tous les sentiments que vous méritez, mon cher monsieur

vos très humbles et obéissants serviteurs

l'oncle V.

la nièce Denis. »

1 Mentions portées sur le manuscrit : « A M. de Bussy » et « M. de Volt[air]e et Mme Denis . R[épon]du le 10 mai 1760 »

2 « La dame Denis a acheté d'un Genevois nommé Choudens un bien de campagne situé au pays de Gex territoire de France, contrat passé en France, dans mon château de Ferney . Le Genevois a fait un stellionat * à la dame Denis, et lui a vendu ce qui ne lui appartenait point .

Le Genevois ose assigner une sujette du roi, veuve d'un officier du roi, par-devant les juges de Genève, parce que si ce Genevois stellionnaire était traduit devant les juges de France il serait puni et qu'il se flatte d'être ménagé à Genève attendu qu'étant maître horloger et bourgeois il est au nombre des quinze cents souverains seigneurs égaux au roi .

Il prend prétexte sur ce que le notaire de Gex a eu la sottise en dressant le contrat, de mettre que la dame Denis demeure au territoire de Genève, mais la dame Denis a protesté contre cette inadvertance .

Les fonds ressortissent à la juridiction dans laquelle ils sont situés; le fonds vendu par le stellionnaire est en France . La dame Denis ne peut reconnaître que les juges royaux .

La chambre de Genève qui juge en première instance a jugé que la compétence lui appartient .

C'est manquer au roi, c’est violer le traité de 1579 par lequel il est dit qu'en cas pareil les sujets du roi doivent être jugés en France . La dame Denis qui n'est point du tout domiciliée à Genève, qui a transigé en France, qui ne reconnaît que les juges de France, implore la protection du ministère de France contre la violation des traités que nos rois ont daigné faire avec Genève . »

*Ce mot désigne une fraude consistant à présenter comme libres des biens hypothéqués pour les vendre ou les hypothéquer .

Je n'ai vu nulle part une telle situation

... Ce qui peut être envisagé favorablement ou au contraire détestation .

Ainsi en est-il du pays de Gex que je connais tout comme l'ami Voltaire et dont j'apprécie les paysages réellement remarquables . Youppie !

Le gros bémol, le défaut qui fait fuir : la cherté de l'immobilier due à ce cher, trop cher voisin suisse qui a fait briller des louis d'or dans les yeux des heureux propriétaires terriens gessiens. Si vous voulez acheter ou louer dans cette région au demeurant extraordinaire, PACSez-vous, mariez-vous, concubinez-vous, faites tout pour avoir deux salaires suisses, sinon vous ne serez pas dignes d'essuyer vos prolétaires semelles sur la moquette de votre banque . Si vous croyez que j'exagère, vérifiez, mes sources sont sures ça c'est certain ( à répéter dix fois ) ! Beurkh !

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 Pour la petite maison dans la prairie, regarde bien cet homme là, il n'est pas prêt à lâcher l'affaire . Paye ! paye encore ! paye beaucoup !

 

 

« A Claude-Henri Watelet

Aux Délices 25 avril 1760

Je ne sais, monsieur, si c'est par un amateur que vous m'avez fait parvenir le beau présent dont j'ai l'honneur de vous remercier . Mais cet amateur ne s'appelle pas il far presto 1. Je n'ai reçu que depuis trois jours ce poème instructif et agréable,2 ces leçons de maître données en prose avec modestie, ces belles estampes dessinées de votre main qui ajoutent un nouveau mérite à l'ouvrage, et qui font un des plus précieux monuments des beaux -arts .

Je ne sais pourquoi il y avait tant de grands peintres dans le seizième siècle, et que nous en avons aujourd'hui si peu . J'imagine que les manufactures de glace, les magots de la Chine et les tabatières de cent louis d'or ont nui à la peinture . Puisse votre ouvrage, monsieur, former autant de bons artistes qu'il vous attirera de louanges . Je voudrais trouver quelque Claude Lorrain qui peignit ce que je vois de mes fenêtres . C'est un vallon terminé en face par la ville de Genève qui s'élève en amphithéâtre . Le Rhône sort en cascade de la ville pour se joindre à la rivière d'Arve qui descend à gauche entre les Alpes . Au-delà de l'Arve est encore à gauche une autre rivière et au delà de cette rivière quatre lieues de paysage . A droite est le lac de Genève, au-delà du lac les plaines de Savoie ; tout l'horizon est terminé par des collines qui vont se joindre à des montagnes couvertes de glaces éternelles éloignées de vingt cinq lieues , et tout le territoire de Genève semé de maisons de plaisance et de jardins . Je n'ai vu nulle part une telle situation . Je doute que celle de Constantinople soit aussi agréable .

Si M. Hubert 3 voulait s'amuser à peindre ce beau site, j'en ferais encore plus de cas que de ma découpure en robe de chambre .

J'ai l'honneur d'être avec bien de la reconnaissance et l’estime la plus respectueuse

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Le faire vite .

2 L'Art de peindre , poeme avec des reflexions sur les differentes parties de la peinture, poème de C-H Watelet, 1760 ; http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109815c.pdf

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Henri_Watelet

et : http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/claude-henri-watelet

3 Jean Huber est l'auteur d'une série d'amusants tableaux ou esquisses représentant V* en toutes situations courantes de sa vie de seigneur rustique, en robe de chambre, aux prises avec un cheval rétif, … Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Huber

et : http://www.ville-ge.ch/bge/imv/voltaire_delices/visiteurs.html

 

25/04/2015

les honnêtes gens sont bien peu honnêtes: ils voient tranquillement assassiner les gens qu'ils estiment, et en disent seulement leur avis à souper

... Que ce soit à souper ou à déjeuner, nous avons eu une excellente démonstration, il y a quelques mois, des affirmations de Voltaire .

Sans effusion de sang, les chefs politiques de tous bords, -si, si, de tous bords-, candidats aux postes les plus élevés, se réjouissent en loucedé des peaux de bananes jetées sous les pas des rivaux dont ils se prétendent hypocritement alliés . Je ne pense pas qu'on puisse actuellement m'offrir un démenti à ce sujet, un exemple de franche coopération me comblerait . 

 

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« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'ÉPINAY 1
25 avril [1760].
Je ne vous ai point encore remerciée, ma belle philosophe, de votre jolie lettre et de votre pierre philosophale : car c'est la vraie pierre philosophale que la multiplication du blé dont vous m'avez envoyé le secret. J'irai présenter la première gerbe devant votre portrait, au temple d'Esculape 2, à Genève. Ce portrait sera mon tableau d'autel ; j'en fais bien plus de cas que de l'image de mon ami Confucius. Ce Confucius est, à la vérité, un très-bon homme, ami de la raison, ennemi de l'enthousiasme, respirant la douceur et la paix, et ne mêlant point le mensonge avec la vérité; mais vous avez tout cela comme lui, et vous possédez de plus deux grands yeux, très-préférables à ses yeux de chat et à sa barbe en pointe. Confucius est un bavard qui dit toujours la même chose, et vous êtes pleine d'imagination et de grâce. Vous êtes probablement, madame, aujourd'hui dans votre belle terre, où vous faites les délices de ceux qui ont l'honneur de vivre avec vous, et où vous ne voyez point les sottises de Paris ; elles me paraissent se multiplier tous les jours. On 3 m'a parlé d'une comédie contre les philosophes, dans laquelle Préville doit représenter Jean-Jacques marchant à quatre pattes. Il est vrai que Jean- Jacques a un peu mérité ces coups d'étrivières par sa bizarrerie, par son affectation de s'emparer du tonneau et des haillons de Diogène, et encore plus par son ingratitude envers la plus aimable des bienfaitrices 4 ; mais il ne faut pas accoutumer les singes d'Aristophane à rendre les singes de Socrate méprisables, et à préparer de loin la ciguë que maître Joly de Fleury voudrait faire broyer pour eux par les mains de maître Abraham Chaumeix.
On dit que Diderot, dont le caractère et la science méritent tant d'égards, est violemment attaqué dans cette farce. La petite coterie dévote de Versailles la trouve admirable ; tous les honnêtes gens de Paris devraient se réunir au moins pour la siffler; mais les honnêtes gens sont bien peu honnêtes: ils voient tranquillement assassiner les gens qu'ils estiment, et en disent seulement leur avis à souper. Les philosophes sont dispersés et désunis, tandis que les fanatiques forment des escadrons et des bataillons. Les serpents appelés jésuites, et les tigres appelés convulsionnaires, se réunissent tous contre la raison, et ne se battent que pour partager entre eux ses dépouilles. Il n'y a pas jusqu'au sieur Lefranc de Pompignan qui n'ait l'insolence de faire l'apôtre, après avoir fait le Pradon.5
Vous m'avouerez, ma belle philosophe, que voilà bien des raisons pour aimer la retraite. Nos frères du bord du lac ont reçu une douce consolation par les nouvelles qui nous sont venues de la bataille donnée au Paraguai, entre les troupes du roi de Portugal et celles des révérends pères jésuites 6. On parle de sept jésuites prisonniers de guerre, et de cinq tués dans le combat : cela fait douze martyrs, de compte fait. Je souhaite, pour l'honneur de la sainte Église, que la chose soit véritable. Je me crois né très humain , mais quand on étranglerait deux ou trois jésuites, avec les boyaux de deux ou trois jansénistes, le monde s'en trouverait-il plus mal ?7
Je ne vous écris point de ma main, ma belle philosophe, parce que Dieu m'afflige de quelques indispositions dans ma machine corporelle. Je ne suis pas précisément mort, comme on l'a dit, mais je ne me porte pas trop bien. Comment aurais-je le front d'avoir de la santé quand Esculape a la goutte ?
Adieu, ma belle philosophe ; vous êtes adorée aux Délices, vous êtes adorée à Paris, vous êtes adorée présente et absente. Nos hommages à tout ce qui vous appartient, à tout ce qui vous entoure. »

 

 

 

1 Manuscrit original avec date et dernier paragraphe autographes

 

 

 

4 Mme d'Epinay elle-même .

 

5 Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Pradon «  Ci-gît le Poëte Pradon,

Qui durant quarante ans, d’une ardeur sans pareille,
Fit à la barbe d’Apollon,
Le même métier que Corneille. »

 

6 Le 15 mai 1758, le cardinal Saldanha, visiteur et réformateur de la Société de Jésus ordonna aux jésuites du Paraguay de cesser leurs opérations commerciales ; mais ils refusèrent de s'incliner et résistèrent même aux troupes d'Espagne (et no du Portugal comme le dit V* ), et furent finalement chassés du pays en 1769 . on sait le parti que V* en a tiré dans Candide .

 

7 Cette phrase est omise dans toutes les éditions .

 

 

24/04/2015

Vous ne savez pas, madame, ce que c'est que d'être Français en pays étranger. On porte le fardeau de sa nation ; on l'entend continuellement maltraiter : cela est désagréable

... Dit François Hollande à Julie Gayet, qu'il a du mal à reconnaitre, au retour d'un de ses innombrables voyages présidentiels, en posant son casque .

A ce propos, je conçois parfaitement que notre Fanfoué ne puisse absolument pas sérieusement s'occuper des affaires intérieures nationales, il ne dispose , à mon avis , d'aucun temps de réflexion, en tournée à l'égal d'une pop star au sommet . Ses conseillers et ministres ont beau temps pour sortir toutes les idées possibles dont il devra se débrouiller , bien ou mal , souvent mal .

 

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« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du DEFFAND

25 avril [1760]

Je suis si touché de votre lettre 1, madame, que j'ai l'insolence de vous envoyer deux petits manuscrits très-indignes de vous 2 ; tant je compte sur vos bontés ! Lisez les vers quand vous serez dans un de ces moments de loisir où l'on s'amuserait d'un conte de Boccace ou de La Fontaine ; lisez la prose quand vous serez un peu de mauvaise humeur contre les misérables préjugés qui gouvernent le monde, et contre les fanatiques ; et, ensuite, jetez le paquet au feu. J'ai trouvé sous ma main ces deux sottises; il y a longtemps qu'elles sont faites, et elles n'en valent pas mieux.
Je n'ai jamais été moins mort que je le suis à présent. Je n'ai pas un moment de libre : les bœufs, les vaches, les moutons, les prairies, les bâtiments, les jardins, m'occupent le matin ; toute l'après-dînée est pour l'étude, et, après souper, on répète les pièces de théâtre qu'on joue dans ma petite salle de comédie.
Cette façon d'être donne envie de vivre ; mais j'en ai plus d'envie que jamais, depuis que vous daignez vous intéresser à moi avec tant de bonté. Vous avez raison, car, dans le fond, je suis un bon homme. Mes curés, mes vassaux, mes voisins, sont très contents de moi ; et il n'y a pas jusqu'aux fermiers généraux à qui je ne fasse entendre raison, quand j'ai quelques disputes avec eux sur les droits des frontières.
Je sais que la reine dit toujours que je suis un impie ; la reine a tort. Le roi de Prusse a bien plus grand tort de dire, dans son Épître au maréchal Keit 3 :
Allez, lâches chrétiens; que les feux éternels

Empêchent d'assouvir vos désirs criminels, etc.
Il ne faut dire d'injures à personne ; mais le plus grand tort est dans ceux qui ont trouvé le secret de ruiner la France en deux ans, dans une guerre auxiliaire.
J'ai reçu, ce matin, une lettre de change d'un banquier d'Allemagne sur M. de Montmartel. Les lettres de change sont numérotées, et vous remarquerez que mon numéro est le mille quarantième, à commencer du mois de janvier. Il est bien beau aux Français d'enrichir ainsi l'Allemagne.
Il me vient quelquefois des Anglais, des Russes ; tous s'accordent à se moquer de nous. Vous ne savez pas, madame, ce que c'est que d'être Français en pays étranger. On porte le fardeau de sa nation ; on l'entend continuellement maltraiter : cela est désagréable. On ressemble à celui qui voulait bien dire à sa femme qu'elle était une catin, mais qui ne voulait pas l'entendre dire aux autres.
Tâchez, madame, d'être payée de vos rentes, et de prendre en pitié toutes les misères dont vous êtes témoin. Accoutumez- vous à la disette des talents en tout genre, à l'esprit devenu commun, et au génie devenu rare : à une inondation de livres sur la guerre, pour être battus ; sur les finances, pour n'avoir pas un sou: sur la population, pour manquer de recrues et de cultivateurs, et sur tous les arts, pour ne réussir dans aucun.
Votre belle imagination, madame, et la bonne compagnie que vous avez chez vous, vous consoleront de tout cela : il ne s'agit, après tout, que de finir doucement sa carrière ; tout le reste est vanité des vanités, dit l'autre 4. Recevez mes tendres respects. »

2Ils ne parviennent apparemment pas à Mme du Deffand, si bien qu'on ne sait en quoi ils consistaient ; ce qu'en dit V* suggère des œuvres dans le genre de celles qu'on trouve dans les Contes de Guillaume Vadé . V* avait été touché de la réaction de Mme du Deffand à l'annonce de sa mort ; voir un passage de la lettre du 16 avril . Mais celle-ci ne reçut probablement pas la présente lettre , ce qui provoqua une rupture dans leur correspondance jusqu'au 5 juillet 1760 où elle en reprendra le fil : « Le président [Hénault] qui est aux Ormes chez M. d'Argenson, me mande qu'il vient de recevoir de vous une lettre charmante où […] vous vous plaignez de ce que je ne vous écris plus […] je vous boudais […] Vous ne répondez jamais [...] » ; voir page 445 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f461.image.r=5%20juillet

4 Salomon, auteur de l'Ecclésiaste, 1, 2.

 

 

23/04/2015

Les hommes sont nés partout à peu près les mêmes, du moins dans ce que nous connaissons de l'ancien monde. C'est le gouvernement qui change les mœurs, qui élève ou abaisse les nations.

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« A Maurice PILAVOINE,
à Pondichéry
Au château de Ferney,

le 23 avril [1760].
Mon cher et ancien camarade, vous ne sauriez croire le plaisir que m'a fait votre lettre 1. Il est doux de se voir aimé à quatre mille lieues de chez soi. Je saisis ardemment l'offre que vous me faites de cette histoire manuscrite de l'Inde. J'ai une vraie passion de connaître à fond le pays où Pythagore est venu s'instruire.
Je crois que les choses ont bien changé depuis lui, et que l'université de Jaganate 2 ne vaut point celles d'Oxford et de Cambridge. Les hommes sont nés partout à peu près les mêmes, du moins dans ce que nous connaissons de l'ancien monde. C'est le gouvernement qui change les mœurs, qui élève ou abaisse les nations.
Il y a aujourd'hui des récollets dans ce même Capitole où triompha Scipion, où Cicéron harangua.
Les Égyptiens, qui instruisirent autrefois les nations, sont aujourd'hui de vils esclaves des Turcs. Les Anglais, qui n'étaient, du temps de César, que des barbares allant tout nus, sont devenus les premiers philosophes de la terre, et, malheureusement pour nous, sont les maîtres du commerce et des mers. J'ai bien peur que dans quelque temps ils ne viennent vous faire une visite; mais M. Dupleix les a renvoyés, et j'espère que vous les renverrez de même. Je m'intéresse à la Compagnie, non-seulement à cause de vous, mais parce que je suis Français, et encore parce que j'ai une partie de mon bien sur elle. Voilà trois bonnes raisons qui m'affligent pour la perte de Masulipatan. 3
J'ai connu beaucoup MM. de Lally 4 et de Soupire 5; celui-ci est venu me voir à mon petit ermitage auprès de Genève avant de partir pour l'Inde ; c'est à lui que j'adressai ma lettre 6 pour vous à Surate. N'imputez cette méprise qu'au souvenir que j'ai toujours conservé de vous. Je pense toujours à Maurice Pilavoine, de Surate ; c'était ainsi qu'on vous appelait au collège, où nous avons appris ensemble à balbutier du latin, qui n'est pas, je crois, d'un fort grand secours dans l'Inde. Il vaut mieux savoir la langue du Malabar.
Je serais curieux de savoir s'il reste encore quelque trace de l'ancienne langue des brachmanes. Les bramines d'aujourd'hui se vantent de la savoir; mais entendent-ils leur Veidam?7 Est-il vrai que les naturels de ce pays sont naturellement doux et bienfaisants? Ils ont du moins sur nous un grand avantage, celui de , n'avoir aucun besoin de nous, tandis que nous allons leur demander du coton, des toiles peintes, des épiceries, des perles et des diamants, et que nous allons, par avarice, nous battre à coups de canon sur leurs côtes.
Pour moi, je n'ai point encore vu d'Indien qui soit venu livrer bataille à d'autres Indiens, en Bretagne et en Normandie, pour obtenir, le crisk 8 à la main, la préférence de nos draps d'Abbeville et de nos toiles de Laval.
Ce n'est pas assurément un grand malheur de manquer de pêches, de pain, et de vin, quand on a du riz, des ananas, des citrons, et des cocos 9. Un habitant de Siam et du Japon ne regrette point le vin de Bourgogne. J'imite tous ces gens-là ; je reste chez moi ; j'ai de belles terres, libres et indépendantes, sur la frontière de France. Le pays que j'habite est un bassin d'environ vingt lieues, entouré de tous côtés de montagnes ; cela ressemble en petit au royaume de Cachemire. Je ne suis seigneur que de deux paroisses, mais j'ai une étendue de terrain très-considérable. Les pêches, dont vous me paraissez faire tant de cas, sont excellentes chez moi ; mes vignes mêmes produisent d'assez bon vin. J'ai bâti dans une de mes terres un château qui n'est que trop magnifique pour ma fortune ; mais je n'ai pas eu la sottise de me ruiner pour avoir des colonnes et des architraves. J'ai auprès de moi une partie de ma famille, et des personnes aimables qui me sont attachées. Voilà ma situation, que je ne changerais pas contre les plus brillants emplois. Il est vrai que j'ai une santé très-faible, mais je la soutiens par le régime. Vous êtes né, autant qu'il m'en souvient, beaucoup plus robuste que moi, et je m'imagine que vous vivrez autant qu'Aurengzeb 10. Il me semble que la vie est assez longue dans l'Inde, quand on est accoutumé aux chaleurs du pays.
On m'a dit que plusieurs rajas et plusieurs omras 11 ont vécu près d'un siècle ; nos grands seigneurs et nos rois n'ont pas encore trouvé ce secret. Quoi qu'il en soit, je vous souhaite une vie longue et heureuse. Je présume que vos enfants vous procureront une vieillesse agréable. Vous devez sans doute vivre avec beaucoup d'aisance ; ce ne serait pas la peine d'être dans l'Inde pour n'y être pas riche. Il est vrai que la Compagnie ne l'est point : elle ne s'est pas enrichie par le commerce, et les guerres l'ont ruinée ; mais un membre du conseil 12 ne doit pas se sentir de ces infortunes.
Je vous prie de m'instruire de tout ce qui vous regarde, de la vie que vous menez, de vos occupations, de vos plaisirs, et de vos espérances. Je m'intéresse véritablement à vous, et je vous prie de croire que c'est du fond de mon cœur que je serai toute ma vie, monsieur, votre, etc. »


 

 



1 Elle ne nous est pas parvenue, mais voir la lettre du 25 septembre 1758 à Pilavoine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/04/tout-amoureux-que-je-suis-de-ma-liberte-cette-maitresse-ne-m.html

 

2 Jaganath ou Puti, dans la province d'Orissa est un sanctuaire fameux (Jaggernaur) ; V* mentionne son « université » dans la Lettre civile et honnête : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65298757

4 Thomas-Arthur, comte de Lally, né à Romans en 1702, décapité le 9 mai 1766; voir lettre du 15 février 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/02/13/ces-occupations-sont-satisfaisantes-combien-elles-consolent-5558459.html

5 Maréchal de camp de Lally depuis le mois de novembre 1756; cité dans les Fragments historiques sur l'Inde, tome XXIX, page 139.

6 Lettre du 25 septembre 1758 à Pilavoine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/04/t... . Pilavoine résidait à Pondichéry .

7 Écrit en sanscrit védique, l'une des variétés de sanscrit . Sur l'intérêt grandissant de V* pour ces problèmes, voir notamment, dans les Romans et contes, la Notice relative aux Lettres d'Amabed

8 Criss ou crid, poignard dont se servent les Malais, sorte de coutelas ou épée ..

9 Le thème suivant lequel les richesses naturelles des Indes rendent leurs habitants pacifiques, à la différence des Européens, reviendra souvent chez V*, notamment dans La Princesse de Babylone et dans les Lettres d'Amabed ; on y verra que la conception spécifiquement « orientale » de ces deux contes doit beaucoup à la période 1760-1761 .

10 L'empereur mongol Aurengzeb était mort en 1707 à quatre-vingt-neuf ans ; V* lui en donné généreusement cent trois dans l'Essai sur les mœurs et plus de cent cinq sur sa lettre du 15 août 1760 au roi Stanislas . : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f528.image.r=4230

11 Le mot omrah désignant les hauts dignitaires indiens est d'origine ourdou ; V* le reprendra dans ses contes .

12 Le Conseil de la Compagnie des Indes, siégeant à Pondichéry ; sur ses origines et attributions, voir Robert Challe dans Journal de Voyage aux Indes (Mercure de France, 1979)