26/02/2016
j'ai cru m'apercevoir que le monde n'est que le théâtre d'une petite guerre continuelle ou cruelle ou ridicule, et un amas de vanités à faire mal au cœur
... L'amas de vanités ne connait pas de frontières , tous sexes et religions confondues , de Donald Trump (que ne ne peux m'empêcher de visualiser comme le Donald de Disney avec une trompe de Babar ) à Sarko et Fanfoué , en passant par Poutine, Mohammed VI, Cameron, Rajaonarimampianina, Mahamadou Issoufou, Omar el-Bechir, Erdogan, Bachar el-Assad, etc., etc.... Et avec chacun on trouvera à un moment donné une "petite guerre" .
Vaniteux en vrac mis en rangs d'Oignon
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand
Vous serez étonnée madame de recevoir lettre sur lettre d'un homme que vous avez traité de négligent . Vous me mandez que vous vous ennuyez ; pour peu que je continue je saurai bien d'où vous vient cette maladie , mais si mes lettres et La Pucelle entrent pour quelque chose dans cette léthargie, je crois que les six tomes de Jean-Jacques sont pour le moins aussi coupable que moi . Je pense que voilà le cas de souhaiter d'être sourde puisque la perte de vos yeux vous laisse encore des oreilles pour entendre toutes mes sottises .
Je sais qu'il y a des personnes assez déterminées pour soutenir ce malheureux fatras intitulé roman . Mais quelque courage ou quelque bonté qu'elles aient, elles n'en auront jamais assez pour le relire . Je voudrais que Mme de La Fayette revint au monde, et qu'on lui montrât un roman suisse . Franchement tout est de même parure depuis les remontrances et les réquisitions jusqu'à nos romans et à nos comédies . Je trouve que le siècle de Louis XIV s'embellit tous les jours . Il me semble que du temps de Molière et de Chapelle j'aurais été fâché d'être dans le pays de Gex, mais actuellement c'est un fort bon parti . Vous me demandez madame ce que c'est que Mlle Corneille . Ce n'est ni Pierre ni Thomas . Elle joue encore avec sa poupée, mais elle est très heureusement née, douce et gaie, bonne, vraie, reconnaissante, caressante sans dessein et par goût ; elle aura du bon sens ; mais pour le bon ton, comme nous y avons renoncé, elle le prendra où elle pourra . Ce ne sera pas chez Mme de Colmar . Nous n'avons aucune envie madame d'aller à Clarens 1 depuis que vous avez déclaré qu'on ne vous trouverait pas là . Nous sentons tous qu'il faudrait aller à Saint-Joseph 2, mais les transmissions sont trop difficiles . J'ai l'honneur d'être à moitié suisse, indépendant, heureux . Les mots de Paris et de couvent m’effrayent autant que votre société charmante m'attire . Je n'avais point d'idée du bonheur réservé à la vieillesse dans la retraite . Après avoir bien réfléchi à soixante ans de sottises que j'ai vues, et que j'ai faites, j'ai cru m'apercevoir que le monde n'est que le théâtre d'une petite guerre continuelle ou cruelle ou ridicule, et un amas de vanités à faire mal au cœur, 3 comme le dit très bien le bon déiste de Juif qui a pris le nom de Salomon dans l’Ecclésiaste que vous ne lisez pas .
Adieu, madame, consolez-vous de votre existence et poussez-la cependant le plus loin que vous pourrez . J'ai trouvé dans le roman Jacques une lettre sur le suicide 4 que j'ai trouvée excellente quoique ridiculement placée . Elle ne m'a pourtant donné aucune envie de me tuer, et je sens que je ne me serais jamais tiré un coup de pistolet par la tête pour un baiser âcre de Mme Volmar .
J'ai eu l'honneur de vous envoyer un petit chant de Pucelle par Versailles ; je ne sais plus comment faire .
Au château de Ferney pays de Gex 6 mars [1761] 5»
1 Clarens, proche de Vevey, lieu où se situe Julie ou La Nouvelle Héloïse ; l’orthographe de V* laisse à penser qu'on prononçait l's final alors que de nos jours on prononce Claran . https://fr.wikipedia.org/wiki/Clarens_%28Vaud%29
2 Où vivait Mme du Deffand . http://www.cosmovisions.com/Deffand.htm
3 Ecclésiaste, I, 2 : http://www.aelf.org/bible-liturgie/Qo/L'%C3%A9ccl%C3%A9siaste/chapitre/1
4 La Nouvelle Héloïse, III, 21 : lettre à milord Edouard : page 234 : http://www.ecole-alsacienne.org/CDI/pdf/1301/130128_ROU.pdf
5 V* ayant utilisé un papier déjà daté par Wagnière « Au château de Ferney pays de Gex 27 février 1761 », biffa les trois derniers mots et écrivit « 6 mars » ; la lettre à laquelle V* répond ne nous est pas parvenue .
17:18 | Lien permanent | Commentaires (0)
Luc est donc à Leipsik !
... Et François de retour sur le sol natal, prêt à caresser le cul des vaches, admirer des truies monumentales, siffler du pinard, grignocher du saussifflard, en un mot comme en cent, faire le guignol à l'égal de tous ses concurrents à l'élection présidentielle en espérant couillonner des paysans qui en savent infiniment plus que lui sur ce qu'est la vraie vie .
François et consorts vous êtes les plus bêtes des animaux du Salon de l'Agriculture, je vous l'assure .

A l'image du quinquennat , tu es dans la m.... , et ne crois pas que ça porte bonheur parce que c'est la droite qui est dedans !
« A Gabriel Cramer
[vers le 5 mars 1761]
Quoi caro Gabriele, vous vous immolez pour le bien public, vous daignez jouer Erox 1!
J'ai retrouvé Bareith – mais retrouverez-vous vos gulden 2?
Bonsoir . Luc est donc à Leipsik 3!
V. »
1 Personnage de Mérope : https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rope_%28Voltaire%29
2 Les gulden sont les florins de Hollande .https://fr.wikipedia.org/wiki/Florin_n%C3%A9erlandais
3 Frédéric II était à Leipzig à la fin de février 1761 ; voir lettre du 5 février 1761 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/02/05/qu-on-s-est-trompe-dans-tous-ses-projets-et-que-la-grandeur-5755521.html
09:34 | Lien permanent | Commentaires (0)
25/02/2016
malheur à qui a mis son argent en annuités et en tontine au lieu de le mettre en pré
... Bon sens terrien face aux intellectuels de la finance .
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« A Jean-Robert Tronchin, Banquier
à Lyon
Au château de Ferney 3è mars 1761
Avez-vous, monsieur, d'aussi mauvaises nouvelles que nous ? La prise de Fritzlar 1, et l'interception de toutes nos communications est-elle bien confirmée ? Nous sommes bien à plaindre de toutes les façons, et malheur à qui a mis son argent en annuités et en tontine au lieu de le mettre en pré 2 .
Je fais toujours bien des affaires avec vos Genevois . Je prête à M. Micheli cent louis d'or, en une lettre de change, que je prends la liberté de tirer sur vous à vue .
Je donne aussi trois mille sept cents et tant de livres, à Mme de Donop, pour retirer de ses mains un domaine qu'elle avait fait saisir sur un de mes vassaux : c'est encore une lettre de change pour la Quasimodo . Il se trouve insensiblement qu'une partie de mon bien est à Genève, ou dans les environs .
Le pâté d'Angoulême était fort bon ; nous attendons des meubles de Paris pour le château de Ferney . Vous permettez qu’ils vous soient adressés . Je me flatte que M. Tourton a enfin payé la partie de ma rente échue au premier janvier . J'attendais encore un petit revenant-bon de Cadix, mais il ne vient point .
M. Le Bault, conseiller au parlement de Dijon, tirera sur vous une lettre de change de cinq cents et tant de livres pour le vin qu'il me fournit, car quoique celui de Tournay soit bon, il faut bien encore en avoir de Bourgogne . Je vous fais des brèches, mais je les réparerai sur la fin d'avril .
Briasson doit aussi tirer sur vous une bagatelle dont il se presse de se faire payer pour des livres, quoiqu'il ne me les ait pas fait tenir encore . Je vous demande pardon de tous ces petits détails ; on passe sa vie en grimelinage 3. Je me console à Ferney par des travaux dont j'espère que vous serez content quand nous aurons le plaisir et le bonheur de vous posséder ; Mme Denis vous fait mille tendres compliments .
Votre très humble et très obéissant serviteur
V. »
1 Fritzlar a été prise aux Français le 14 février 1761 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fritzlar
2 V* s'est bien gardé de tomber dans ces placements patriotiques mais imprudents .
3 Littré ne cite pas d'exemple de ce mot qui signifie proprement « petit jeu mesquin » et par extension, petit gain, ou comme ici, petit tracas concernant une affaire sans importance .
15:28 | Lien permanent | Commentaires (0)
Voici, monsieur, mon ultimatum
... On croirait entendre Martine Aubry s'adressant à Manuel Vals !

Ici qui est Judas ?
« A Etienne-Noël Damilaville
A Ferney, le 3 mars [1761]
Voici, monsieur, mon ultimatum à M. Deodati 1. Monsieur le censeur hebdomadaire, à qui je fais mes compliments, peut insérer ce traité de paix dans son journal .
Je regarde le jour du succès du Père de famille comme une victoire que la vertu a remportée, et comme une amende honorable que le public a faite d'avoir souffert l’infâme satire intitulée : La Comédie des philosophes .
Je remercie tendrement M. Diderot de m'avoir instruit d'un succès auquel tous les honnêtes gens doivent s'intéresser 2. Je lui en suis d'autant plus obligé que je sais qu'il n'aime pas à écrire . Ce n'est que par excès d'humanité qu'il a oublié sa paresse avec moi . Il a senti le plaisir qu'il me faisait . Je doute qu'il sache à quel point cette réussite était nécessaire . Les affaires de la philosophie ne vont point mal ; les monstres qui la persécutaient seront du moins humiliés .
J'avais demandé à M. Thieriot L'Interprétation de la nature 3, il m'a oublié .
Mille tendresses à tous les frères . »
1 Les Stances à M. Deodati de Tovazzi, ultimatum par plaisanterie, parurent dans le Mercure de France d'avril 1761, II, 12-13 .Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-stance-a-m-deodati-de-tovazzi-121557152.html
2 Dans la lettre du 26 février 1761 , Diderot écrit : « Ce n'est pas moi qui l'ai voulu, mon cher maître, ce sont eux qui ont imaginé que l'ouvrage pourrait réussir au théâtre ; et puis les voilà qui se saisissent de ce triste Père de famille et qui le coupent, le taillent, le châtrent, le rognent à leur fantaisie . Ils se sont distribués les rôles entre eux et ils ont joué sans que je m'en sois mêlé . Je n'ai vu que les deux dernières répétitions et je n'ai encore assisté à aucune représentation . J'ai réussi à la première autant qu'il est possible quand presque aucun des acteurs n'est et ne convient à son rôle . Je vous dirais là-dessus des choses assez plaisantes si l'honnêteté toute particulière dont les comédiens ont usé avec moi ne m'en empêchait . Il n'y a que Brizard , qui faisait le père de famille, et Mme Préville, qui faisait Cécile, qui s'en soient bien tirés . Ce genre d'ouvrage leur était si étranger que la plupart m'ont avoué qu'ils tremblaient en entrant sur la scène comme s'ils avaient été à la première fois . […] On m'a dit, car je n'y étais pas, que le pièce s’était soutenue de ses propres ailes et que le poète avait enlevé les suffrages en dépit de l'acteur . A la seconde représentation, ils y étaient un peu plus ; aussi le succès a-t-il été plus soutenu et plus général, quoiqu’il y eût une cabale formidable […] tandis qu'on me joue pour la troisième fois, je suis à la table de mon ami Damilaville et je vous écris sous sa dictée que si le jeu des acteurs eût un peu plus répondu au caractère de la pièce, j'aurais été ce qu'ils appellent aux nues, et que, malgré cela, j'aurai le succès qu'il faut pour contrister mes ennemis . Il s'est élevé du milieu du parterre des voix qui ont dit : Quelle réplique à la satire des Philosophes ! Voilà ce que je voulais entendre . Je ne sais quelle opinion le public prendra de mon talent dramatique et je ne m'en soucie guère, mais je voulais qu'on vit un homme qui porte au fond de son cœur l'image de la vertu et le sentiment de l'humanité profondément gravés, et on l'aura vu […] On a osé faire à la reine l'éloge de mon ouvrage . C'est Brizard qui m'a apporté cette nouvelle de Versailles . » Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_P%C3%A8re_de_famille_%28...
et : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition....
3 V* avait fait cette demande de l'ouvrage de Diderot dès le mois de juin 1760 : voir lettre du 9 juin 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/09/m... . Voir l'ouvrage : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pens%C3%A9es_sur_l'interpr%...
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24/02/2016
Si on vous imite, vous serez fondateur ; si on ne vous imite pas, vous serez unique
...

« A Jean Le Rond d'Alembert
3 de mars [1761]
A quelque chose près, je suis de votre avis en tout, mon cher et vrai philosophe . J'ai lu avec transport votre petite drôlerie sur l'histoire, et j'en conclus que vous êtes seul digne d'être historien : mais daignez dire ce que vous entendez par la défense que vous faites d'écrire l'histoire de son siècle . Me condamnez-vous à ne point dire, en 1761, ce que Louis XIV faisait de bien et de mal en 1662 ? ayez la bonté de me donner le commentaire de votre loi .1
Je ne sais pas encore s'il est bon de prendre les choses à rebours 2. Je conçois bien qu'on ne court pas grand risque de se tromper , quand on prends à rebours les louanges que des fripons lâches donnent à des fripons puissants ; mais si vous voulez qu'on commence par le dix-septième siècle, avant de connaître le seizième et le quinzième, je vous renverrai au conte du Bélier 3, qui disait à son camarade : Commencez par le commencement .
J'aime à savoir comment les jésuites se sont établis, avant d'apprendre comment ils ont fait assassiner le roi du Portugal 4. J'aime à connaître l'empire romain, avant de le voir détruit par des Albouin 5 et des Odoacre ; ce n'est pas que je désapprouve votre idée, mais j’aime la mienne quoiqu'elle soit commune .
J'ai bien de la peine à vous dire qui l'emporte chez moi du plaisir que m'a fait votre dissertation, ou de la reconnaissance que je vous dois d'avoir si noblement combattu en ma faveur ; cela est d'une âme supérieure . Je connais bien des académiciens qui n'auraient pas osé en faire autant . Il y a des gens qui ont leurs raisons pour être lâches et jaloux ; il fallait un homme de votre trempe pour oser dire tout ce que vous dites . Quelques personnes vous regardent comme un novateur ; vous l'êtes sans doute : vous enseignez aux gens de lettres à penser noblement . Si on vous imite, vous serez fondateur ; si on ne vous imite pas, vous serez unique .
Voulez-vous me permettre d'envoyer votre discours au Journal encyclopédique ?6 Il faut que vous permettiez qu'on publie ce qui doit instruire et plaire ; je vous le demande en grâce pour mon pauvre siècle, qui en a besoin .
Adieu, être raisonnable et libre ; je vous aime autant que je vous estime, et c'est beaucoup dire .
V. »
1 D'Alembert répondra le 9 mars 1761 : « […] mon intention a été de dire [dans les Réflexions] qu'il ne faut point écrire l'histoire de son temps ; c'est ainsi que j'ai lu à l'Académie, c'est ce que porte la copie que j'ai sous les yeux ; il faut que le copiste se soit mépris en écrivant son siècle au lieu de son temps […]. »
2 « […] je pense que chaque partie de l'histoire, prise en particulier, doit être écrite dans le sens naturel […] mais pour l'histoire générale, et surtout la partie de l'histoire qui nous touche le plus, je crois fermement qu'il faut , sinon l'écrire, au moins l'enseigner à rebours aux enfants [...] » Ibid .
3 D'Antoine Hamilton : voir page 1 : https://books.google.fr/books?id=33gbAQAAIAAJ&pg=PA41...
et page 41 .
4 Les jésuites n'avaient pas été mêlés directement au complot contre le roi de Portugal qui avait été le fait de quelques nobles ; mais Pombal les en rendit responsables et les fit expulser .
5 Albouin, roi des Lombards (561-571), conquis l'Italie et Rome sans coup férir (568-571) ; il fit de Pavie sa capitale : c'était la ville qui lui avait opposé le plus de résistance . Odoacre, fils d'Attila, chef des Hérules à la solde de l'Empire, se mit à leur tête et détrôna Augustule (476) et gouverna dès lors l'Italie avec le titre de patrice, que lui avait conféré l'empereur d'Orient . Attaqué par Théodoric, roi des Ostrogoths, il fut plusieurs fois défait et se rendit en 490 après avoir défendu Ravenne avec acharnement . Il fut assassiné par Théodoric dans un banquet . Son tombeau a été retrouvé près de Ravenne en 1854 .
6 D'Alembert devait répondre en post-scriptum : « Un de mes amis et des vôtres a fait un extrait de mon morceau pour le Journal encyclopédique . »
16:52 | Lien permanent | Commentaires (0)
la vie est un fond triste qu'il faut égayer par des couleurs claires
... Pourtant que la nature est belle ....
https://www.youtube.com/watch?v=OfJRX-8SXOs
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand
[février-mars 1761] 1
Tenez madame , faites-vous lire ce brimborion dans vos moments de loisir . Puisse-t-il vous amuser et vous convaincre que La Pucelle est un ouvrage très moral .
J'ai peur que vous n'ayez de tristes moments . Je voudrais contribuer à vous en faire passer un gaiement . On dit que la vie est un fond triste qu'il faut égayer par des couleurs claires .
Ne lisez un chant de La Pucelle que quand vous aurez achevé le roman suisse de Jean-Jacques et le roman turc de La Popelinière .
Portez-vous bien madame et que votre estomac vous console de vos yeux . »
1 Ni la destinataire de cette lettre, ni sa date n'avaient été fixées jusqu'à une époque récente, mais elles s'infèrent , par exemple de la lettre du 6 mars 1761 à la marquise : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-... ;
la destinataire est confirmée par une copie de la lettre par Wyatt .
01:07 | Lien permanent | Commentaires (0)
23/02/2016
La guerre est toute propre à joindre à tous ses fléaux celui des banqueroutes
... Est-il besoin de le préciser de nos jours ? La ruine d'un acheteur vaut la ruine d'un vendeur , exception faite du marché des armes pour lequel tous les pays semblent trouver l'argent nécessaire , intérêt à sang pour sang .

« A Gabriel Cramer
[février-mars 1761] 1
Mon cher ami, je crois que je suis plus fâché que vous de votre mésaventure . C'est bien là une véritable querelle d'Allemand . La guerre est toute propre à joindre à tous ses fléaux celui des banqueroutes : et la justice allemande est pire que les banqueroutiers .
Je suis honteux de vous parler de l'Ecclésiaste et de Salomon , quand vous avez à faire à des Juifs . Voilà probablement ce que vous demandez . C'est un grand hasard que je l'aie retrouvé car j'ai égaré ou brûlé un tas de papiers parmi lesquels se trouvait malheureusement l'Ode sur la mort de M. de Bareith 2 . J'avais passé une nuit entière à la refondre ; et j'étais si échauffé que je croyais en avoir fait un bon ouvrage .
Si je ne vous ai pas envoyé ce morceau avec les allégories il est absolument perdu .
Je n'ai d'autre ressource que de vous prier de m'envoyer un autre exemplaire . Sinon j'aurai recours à mon imagination au défaut de ma mémoire . Encore une fois je m'afflige très sérieusement de votre perte .
Mille tendres compliments à toute votre famille .
V. »
1 Les ouvrages mentionnés dans cette lettre forment la matière de la Seconde suite des mélanges de littérature, d’histoire et de philosophie. , d'où la date proposée . Voir page 57 : https://books.google.fr/books?id=bp0DOrSvtd8C&pg=PA49&lpg=PA49&dq=seconde+suite+voltaire+cramer&source=bl&ots=7TJc8Td_bi&sig=Rqwsa4QNZGrN6kOEl0efuhw-dlo&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjUzsCCiI7LAhWKECwKHaQTDjIQ6AEIIzAB#v=onepage&q=seconde%20suite%20voltaire%20cramer&f=false
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