16/07/2014
Monsieur Dulcis est très instamment prié de prendre en main la cause du pauvre homme porteur de ce billet
... Voltaire est mondialement connu pour sa défense de la famille Calas et la réhabilitation de Jean Calas en 1765 . On ne peut ignorer non plus le patriarche défenseur des plus humbles de ses concitoyens contre les abus de toutes origines .
Il était foncièrement contre l'injustice, même si certains ne retiennent de ses actions que les quelques fois où il a été très dur, trop dur, pour défendre son droit ; cependant il n'a pas mis en péril la vie de quiconque . La balance de ses bonnes actions l'emporte sur les quelques moins bonnes . Qui peut en dire autant à cette heure-ci ?[non, non, pas besoin de regarder notre montre ! ]
http://legrandalgorithme.blogspot.fr/2013/04/le-grand-monopoly-des-terres-cultivables.html
« A Antoine Dulcis
procureur
Monsieur Dulcis 1 est très instamment prié de prendre en main la cause du pauvre homme porteur de ce billet . Le nommé Chouet lui a saisi une vache sans forme de procès il y a près d'un an et la retient . C'est une espèce de vol . Chouet , ancien fermier de Tournay, réduit ce pauvre homme à la mendicité . Je prie monsieur Dulcis de vouloir bien m'instruire de cette affaire .
Voltaire
comte de Tournay
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi .
30 mai [1759] 2»
1 Syndic de Gex .
2 Sur le manuscrit olographe , mention : « Du 30 mai 1759 reçue le lend[emain] et répondu le 1er juin par un petit mémoire signé . »
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15/07/2014
En déguisant une vérité publique on affaiblit toutes les autres, et la plus mauvaise de toutes les politiques est de mentir
... N'ayant pas écouté François Hollande hier, ni regardé les feux d'artifice parisiens, je ne peux dire si le premier a menti et si les seconds ont été brillants, l'inverse étant difficile à concevoir .
Ah ! vite fait sur le gaz, pour suivre les consignes de mister président : http://www.dailymotion.com/video/x21h1dm_hollande-souhaite-encore-aller-vite_news
Devoirs de vacances et vacance du pouvoir !
« A Ivan Ivanovitch Schouvalov
Au château de Tournay par Genève
29 mai 1759
Je suis toujours surpris , monsieur, de voir que sur les bords de la Neva et de la Mosca, on écrive et on parle français comme à Versailles; la lettre que M. de Soltikof vient de me rendre de la part de Votre Excellence et sa conversation redoublent ma surprise et mon plaisir . Je dois ajouter à ces sentiments ceux de la reconnaissance pour vos belles fourrures et pour le thé que boit Sa Majesté chinoise ; il n'y a point, grâce à vos bontés, de potentat en Europe qui prenne de meilleur thé que moi, et qui ait de plus belles fourrures d'habits . Votre dernier envoi d'instructions 1 met le comble à vos magnifiques présents ; elles vont jusqu'à l'année 1721, et je me flatte, monsieur, que vous m'honorerez bientôt de la suite de vos mémoires instructifs ; je ne négligerai rien pour tâcher de répondre à vos idées et à vos soins . J'espère avoir l'honneur de vous envoyer l'hiver prochain tout l'ouvrage . Je vous prie de trouver bon que je me livre à mon goût et à ma manière de penser . Chaque peintre doit suivre son génie et employer les couleurs qui lui réussissent le mieux . J'écris dans ma langue, la plupart des noms doivent être à la française . Nous ne disons point Alexandros, mais Alexandre, nous prononçons Auguste et non pas Augustus, Cicéron au lieu de Cicéro, Athènes au lieu d'Athenoi 2 etc... Les noms propres chargés de doubles w, et de consonnes seront au bas des pages .
Je suis bien sûr de me rencontrer avec un homme plein de goût, tel que vous êtes, en évitant toute affectation, et surtout l'affectation de faire un panégyrique ; il faut laisser aux gazetiers et aux sots le soin de dire notre auguste monarque , Sa Gracieuse Majesté, le roi de Prusse est en haute personne à son armée, Sa Sacrée Majesté impériale a pris médecine, et son auguste conseil est venu la complimenter sur le rétablissement de sa précieuse santé .
À parler sérieusement, tout ce qui tend à nous faire trop valoir nous met toujours au-dessous de ce que nous sommes . Vous ne voulez pas non plus qu'on démente des faits avérés connus de toute l'Europe . En déguisant une vérité publique on affaiblit toutes les autres, et la plus mauvaise de toutes les politiques est de mentir . Celui qui en écrivant l'histoire d'Alexandre nierait ou excuserai le meurtre de Clitus 3, s'attirerait le mépris et l'indignation . Si l’expérience m’a pu donner quelque connaissance dans l'art d'écrire, je l'emploierai à augmenter si je le puis le respect qu'on doit à Pierre le Grand et à votre empire, sans flatter personne .
Je pense qu'en m'attachant à ces principes je ne suivrai que les vôtres . Il ne me restera d'autre regret que celui de n'avoir pu voir l'empire dont j'écris l'histoire, et dont je ne serai que le copiste .
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois
Monsieur
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
comte de Tournay
Je n'ai point l'histoire de la découverte du Kamskatka, elle m'est absolument nécessaire . Je l'attends de vos bontés . Nous venons de boire chez moi à votre santé avec M. de Vestlov et M. de Soltikof 4. »
1 Voir lettre du 14 mars 1759 de Schouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/04/24/je-ne-perdrai-cette-ambition-qu-avec-la-vie-5354876.html
Parmi ceux qui étaient chargés de recueillir les matériaux figurait Jacob von Stählin à qui Schouvalof écrivait le 29 mai 1759 pour le presser de lui faire parvenir dès que possible « tous les matériaux nécessaires à M. de Voltaire. »
2 Ou plutôt Athenai .
3 Alexandre , lors d'un festin, probablement ivre, tua son général Clitus qui avait mis les hauts faits de son père Philippe au dessus des siens (328 av. J.-C.) Clitus lui avait pourtant sauvé la vie au passage du fleuve Granique. Voir : http://antique.mrugala.net/Grece/Alexandre/Alexandre.htm
4 Respectivement Avram Pavlovitch Veselovsky ( voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/10/08/je-dirais-que-tout-cela-est-d-une-creation-nouvelle-et-j-ent.html )
et le comte Boris Mikhailovitch Soltikof .
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14/07/2014
Figurez-vous une belle ânesse, telle que celle de Balaam et prenez là-dessus la mesure du cul du prophète
... Bien qu'ici Voltaire pense au prophète Balaam, je dois vous avouer que je ne crois guère à l'existence de ce personnage et que d'instinct, dès qu'on me parle de prophète je pense immédiatement à Mohammed, dont l'existence est vérifiée historiquement et dont les écrits sont du même sac et aussi vrais que les fables bibliques et ayurvédiques .
Cul d'ânesse, cul de prophète, même combat, mêmes productions malodorantes qui ne valent pas les feux d'artifice du 14 juillet !
Je l'ai dans le c..!
« A Jean-Robert Tronchin
à Lyon
Aux Délices 18 [28 ?] mai [1759]1
Dieu soit béni, mon cher correspondant . Vous m'aviez ordonné de renvoyer les bâtons de casse . Je vous ai obéi . Ils sont partis ,et puis vous dites ne les renvoyez pas ! Il n’y a que le pape qui puisse rendre ce qui est fait, non fait comme dit maître François Rabelais 2 . Vous ferez ce que vous voudrez de ce terrible envoi, qui pèse je crois une livre et demie . Il n'y a qu'a la faire manger à messieurs les commis .
Vous êtes donc ami de Jaco 3, et moi aussi . Il m'a vendu force juments . Il y a un autre fripon nommé l'Uar ou Huar, qui m'a attrapé . Je pensais que vous faisiez venir des chevaux normands, mais je vois que tout vous vient de Suisse, et je suis plus Suisse que personne . Voulez-vous savoir mon cher correspondant la taille de ma haquenée ? Figurez-vous une belle ânesse, telle que celle de Balaam et prenez là-dessus la mesure du cul du prophète .
Vous m'avez envoyé une lettre de Cadix . C'est du vent . L'académie italique 4 sera ma ressource .
Gauffecourt dine aujourd'hui chez moi . Il ne se hausse ni se baisse d'être dessalé . Il a le malheur d'être impassible .
Vous avez vraiment eu le nez fin de ne vous pas fourrer avec le trio de 18 cent mille livres . Me voici à peu près comme leurs créanciers . Je n'ai pas le sou . Que je vais être ladre ! J'attends le baron , il me fournit des espèces parfois . Adieu mon cher ami . Mme Denis vous embrasse .
V. »
1 Sur le manuscrit le 1 de 18 semble clair, mais cette lettre est postérieure à celle du 20 mai : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/07/04/l...
De plus, bien que Tronchin répète le 18 dans la date, il donne le 30 mai comme date de réponse .
2 E. Droz fait remarquer que cette phrase ne se trouve pas chez rabelais mais dans le premier chapitre de La Confession de Sancy d'Agrippa d'Aubigné : « J'ai lu le canon, où il est notamment dit […] que le pape peut facere infecta facta . » Voir Recueil de diverses pièces servant à l'histoire d'Henri II, roi de France et de Pologne .[Pierre Marteau ,1699, T. 2, P. 45, voir http://books.google.fr/books?id=qPhBK2-TiG4C&pg=PA73&lpg=PA73&dq=Recueil+de+diverses+pi%C3%A8ces+servant+%C3%A0++l%27histoire+d%27Henri+II,+roi+de+France+et+de+Pologne+tome+II&source=bl&ots=c-G0lqEx5F&sig=a14oU8pLHDqRYQzPj_AucbdR5Io&hl=fr&sa=X&ei=k2TEU__2JcWGywOpmIHwDQ&ved=0CDAQ6AEwAw#v=onepage&q=Recueil%20de%20diverses%20pi%C3%A8ces%20servant%20%C3%A0%20%20l%27histoire%20d%27Henri%20II%2C%20roi%20de%20France%20et%20de%20Pologne%20tome%20II&f=false ]
3 Jacob Tronchin, voir lettre du 31 octobre 1759 . Voir : http://www.gen-gen.ch/TRONCHIN/Jacob/28573?CheckCookie=1
4 L'académie de lésine ; voir lettre du lettre du 16 mai 1759 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/06/30/je-veux-peupler-mes-terres-d-hommes-et-de-perdrix-5402179.html
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13/07/2014
Je me ruine à rendre fertile une terre maudite . Mais c'est le devoir de l'homme
... Combien, sans aller jusqu'à se ruiner, remplissent ce devoir ?
Combien, en France, ont le couteau des banques sous la gorge pour avoir cru que faire des emprunts pour du matériel disproportionné ("big is beautiful" leur ont chanté les sirènes/représentants de matériel agricole) en attendant les primes européennes était la solution pour se développer et faire des bénéfices ?
Combien s'enrichissent en polluant une bonne terre aux pesticides et traitements de toute sortes ?
Le devoir de l'homme est bien souvent opposé à son pouvoir .
« A Jean-Robert Tronchin
à Lyon
28 mai [1759]
L'académie de lésine 1 vous représente mon cher ami que l'avoine coûte ici quatorze florins 2 la coupe 3, ce qui est le double du prix ordinaire . Il ne faut pas dire à l’académie que j'ai vingt chevaux . Mais si l'avoine est à bon marché, si elle ne vaut à Lyon que la moitié de ce qu'elle coûte à Genève, ne pourriez-vous pas faire un coup, m'envoyer deux cents coupes par le Rhône ? Mes chevaux iraient chercher leur dîner avec passeports .
On dit qu'à présent le prince Henri donne force passeports pour l'autre monde à l'armée d'exécution très exécutée . Luc est toujours à Landshut et sans se mouvoir fait tout mouvoir . Les Russes arrivent enfin en Poméranie . Pour moi j'ai deux semoirs admirables . Je me ruine à rendre fertile une terre maudite . Mais c'est le devoir de l'homme . Bonjour mon cher mai .
V. »
1 Voir lettre du 16 mai 1759 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/06/30/je-veux-peupler-mes-terres-d-hommes-et-de-perdrix-5402179.html
2 Voir par ex. page 311 : http://books.google.fr/books?id=NOzTcSATXH4C&pg=PA311&lpg=PA311&dq=valeur+du+florin+suisse+en+francs+ou+livres++en+1759&source=bl&ots=FDInFBvdMA&sig=Kv-TMx7gsN4Y2XqH3nUnmKgrj0w&hl=fr&sa=X&ei=EaPCU8onyqzRBZ7XgbAP&ved=0CEUQ6AEwBg#v=onepage&q=valeur%20du%20florin%20suisse%20en%20francs%20ou%20livres%20%20en%201759&f=false
3 Note de Tronchin sur le manuscrit : « 14 livres la coupe, c'est à 4 livres cour[an]t et 6 livres 13.14 arg[en]t de France . »
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12/07/2014
Mais s'il y a de l’intérêt, tout est sauvé
... Disent tous les petits épargnants en apprenant que le taux d'intérêt de leurs livrets de Caisse d'épargne tombe à ce taux jamais vu de 1% !
Motif génial de cette baisse stupide et méchante ?
Inciter le menu peuple à acheter, consommer, dilapider ses éconocroques pour relancer la sainte Croissance .
Qui est le génial énarque à la petite semaine qui a fait les calculs, dites-le moi vite que je baise ses pieds enveloppés de Burlington pour le remercier d'avoir trouvé le moyen légal de taper encore et toujours sur les plus modestes citoyens !
Je pense soudain que pour ça il a fallu toute une équipe de branquignols qui ont les moyens de faire des placements autrement plus juteux . Bonnes vacances messieurs et mesdames [NDLR : admirez ce respect de la parité ], je connais l'adresse d'une colonie de vacances qui saurait vous purger , vous en avez bien besoin .
Sachez que mon intérêt pour vous est donné à titre gracieux (bien que je fasse la grimace en vous évoquant).
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
conseiller d'honneur du
parlement,
rue de la Sourdière
à Paris
28 mai [1759]1
Je vous envoie mon cher ange mon dernier printemps, mon ouvrage du mois de mai . Il est adressé à M. de Courteilles 2 . Ce n'est point à moi d’en juger, c'est à vous . Mais comment prévoir le succès ou la chute d'une pièce qui n'est ni tragédie ni comédie, ni en rimes ordinaires et qui n'a aucun objet de comparaison ? Ne sera-t-il pas amusant de la faire donner par Lekain ou M. de Lauragais comme l'ouvrage d'un jeune inconnu ? J'ai changé la mesure afin que ce maudit public ne me reconnût pas à ce qu'on appelle mon style . N'allez pas vous attendre [à]3 de belles tirades, à de ces grands vers ronflants, à des sentences, à des attrape-parterre, à de l'esprit, et rien enfin de ce qui est en possession de plaire . Style médiocre, marche simple, voilà ce que vous trouverez . Mais s'il y a de l’intérêt, tout est sauvé . Divin ange je n'ai pas un moment, j'ai quitté la Russie pour vous . Je retourne à Petersbourg !4 Et je baise en partant les ailes des anges .
V. »
1 Date complétée par d'Argental sur le manuscrit .
2 Dominique-Jacques Barberie, marquis de Courteilles, ambassadeur de France auprès du Corps helvétique en 1738-1749, devenu l'un des intendants des finances, apparenté à Fyot de La Marche par son épouse Magdeleine .Voir : http://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr;p=dominique+jacques;n=barberie
et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ambassade_de_France_en_Suisse
3 V* a d'abord écrit entendre et a oublié d'ajouter à .
4 V* retourne à son histoire de Pierre le Grand de Russie .
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11/07/2014
Quand on a fait une faute, il y a de l'honneur à la réparer
... Cela vaut pour moi, sans aucun doute, vulgum pecus, et cela vaut pour tout dirigeant qui ne saurait s'y soustraire au prétexte de son rang .
Qui d'Israël et du Hamas saura jamais réparer les horreurs perpétrées en ce moment ? Peu importe le nombre de morts dans chaque camp, un seul est déjà de trop; je ressens une seule et irrésistible envie, celle de baffer tous hommes en armes, celle d'assommer tous ceux qui les commandent . Ils n'ont pas encore compris qu'ils s'entretuent pour une terre qu'ils transforment de plus en plus en cimetière .
Conflit
« A Claude-François Jore 1
L'état où vous êtes touche mon cœur, quoique j'aie eu beaucoup à me plaindre de vous . Vous pouvez tirer sur moi une lettre de change de deux cent cinquante livres argent de France . Je vous aiderai tant que vous serez à plaindre . Mais vous devez à Dieu, au public et à moi la réparation du factum calomnieux 2 et indécent que l'abbé Desfontaines vous fit signer .
Quand on a fait une faute, il y a de l'honneur à la réparer . Vous devez m'écrire avec les sentiments que vous me devez ; que vous ne vous pardonnerez jamais l'écrit calomnieux auquel l'abbé Desfontaines vous a obligé de mettre votre nom ; que je vous ai comblé de bienfaits, et que vous conserverez toujours pour moi le respect, le repentir et la reconnaissance dont vous ne pouvez vous dispenser ; je ne paierai la lettre de change qu'en recevant votre lettre signée de vous . Si vous avez en effet un véritable repentir de votre faute, j'y aurai toujours égard .
Voltaire
gentilhomme ordinaire
du roi, comte de Tournay
A Tournay par Genève, 26 mai 1759
J'exige de vous la lettre la plus forte et la plus convenable ; il faut que vous vous tiriez du nombre des ingrats, dont j'ai été le bienfaiteur, et que vous vous en fassiez gloire en me le disant d'une manière qui puisse me convenir . »
1 On a trouvé une copie par Jore de ce billet sur les pages blanches d'un Voltairiana ( http://books.google.fr/books?id=aAIUAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false ).
Jore avait écrit à V* le 15 mai 1759 . Il se plaignait de la situation dans laquelle il se trouvait réduit depuis trois ans à Amsterdam, à cause des injustes procédés du « sieur Le Lièvre, apothicaire du roi » pour le compte duquel un voyage effectué en Pologne avait rapporté 10000 livres converties en marchandises . Ce bénéfice qui devait être partagé de moitié avait été gardé par Le Lièvre pour « deux années de pension et frais faits dans une maladie » de Jore, résidant chez lui . Jore s'était alors installé en Hollande sous le nom de d'Alibourg et avait exploité à son compte le secret du baume de vie de son ancien maître, en en retirant juste de quoi vivre . Il espérait de V* un secours qui lui « fasse supporter avec patience" » l' « affreuse vieillesse » qu'il craignait, se trouvant dans sa « soixantième année » . Jore répondra à V* le 5 juin que l'offre de deux cent cinquante livres est faite « à des conditions trop basses pour y consentir ».
Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Fran%C3%A7ois_Jore
2La Voltairomanie ,de Desfontaines 1738, en réponse à Le Préservatif, ou critique des Observations sur les écrits modernes, de Voltaire . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Fran%C3%A7ois_Guyot_Desfontaines
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10/07/2014
... marchant de travers, Créant des charges, des offices, Billets d'État, écus factices ; Empruntant à tout l'univers; Replâtrant par des injustices Nos sottises et nos revers.
... J'ai bien peur que notre gouvernement, -ministres , députés et sénateurs-, ait tendance à suivre ce programme peu réjouissant .
Je mets à part mister Hollande François qui n'en est pas à une ânerie près, et a trouvé bon, sans doute trompé par l'appellation et en manque d'affection, de passer par le Chemin des Dames . Faute de dames, il a honoré la mémoire des poilus face, -si je puis dire-, aux mollets épilés des coureurs . Il fait bien rire mon défunt grand-père qui a été blessé vilainement dans ce chemin si peu fréquentable de 1914à 1918 .
Ah ! au fait, Fanfoué, avec tes nouvelles besicles tu ressembles diablement à Chichi le retraité , et on ne peut pas dire que tu ait un look enviable, ou je dirais même que tu me rappelles "cherche blonde à forte poitrine !!" ,... enfin, tu es maître de ta vie privée !
« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de FLORIAN.
Aux Délices, 26 mai [1759]
Je suis aussi fâché que vous pour le moins, mon cher grand écuyer d'Assyrie, qu'on n'ait pas osé adopter mes chars 1, crainte du ridicule. Le ridicule pourtant n'est pas si à craindre que les Prussiens ; et je suis toujours convaincu, quoique je ne sois pas du métier, que ce serait la seule manière de les vaincre en pleine campagne.
L'armée d'exécution, comme ils l'appellent, est exécutée; tout cela est dispersé. Messieurs des Cercles 2 mettent les armes bas quand on leur dit que messieurs de Prusse sont à une lieue.
On dit que les Anglais viennent de nous prendre douze gros vaisseaux marchands. Leur ministère a fait imprimer un ouvrage très-artificieux, très-bien écrit, pour justifier leur conduite envers les avides Hollandais. Le mémoire est fort beau, et sur la seule lecture je les condamnerais. Ces pirates-là sont aussi méchants sur mer que les Prussiens sur terre. Nous nous ruinons pour leur résister, et nous portons tout notre argent en Germanie. Jamais elle n'a été si dévastée, si sanglante et si riche.
J'avoue avec vous, mon cher Assyrien, que Dieu a envoyé M. de Silhouette à notre secours. S'il y a quelque bon remède, il le trouvera : car il n'est pas comme la plupart de ses prédécesseurs, gens estimables, mais sans génie, qui traçaient leur sillon comme ils pouvaient avec la vieille charrue. J'augure beaucoup d'un traducteur de Pope, qui a vu l'Angleterre et la Hollande.
Il n'est pas de ces vieux novices
Marchant dans des sentiers ouverts,
Et même y marchant de travers,
Créant des charges, des offices,
Billets d'État, écus factices ;
Empruntant à tout l'univers;
Replâtrant par des injustices
Nos sottises et nos revers.
Il ramène les temps propices
Et des Sullys et des Colberts,
Et rembourse de mauvais vers
Pour le prix de ses grands services.3
Je ne sais pourquoi vous me mandez que tant de poètes le persécutent avec des éloges en vers. Mes chers confrères n'entrent pour rien dans les obligations que l'État peut lui avoir; ils ne prendront point d'actions sur les fermes. En avez-vous pris? Il me semble que mes nièces en ont quelques-unes. L'opération est un peu à l'anglaise ; eh ! tant mieux ! il faut faire du public une compagnie qui prête au public : c'est la grande méthode de Londres. »
1 Voir lettre du 1er novembre 1756 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/29/je-voudrais-que-vous-commandassiez-l-armee-et-que-vous-tuass.html
2 Les Cercles de Franconie : voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cercle_de_Franconie
3 Dans la copie manuscrite, le texte de ces deux vers est différent :
Et, pour prix de ses services,
Il rembourse de méchants vers .
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