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13/08/2014

Ce n'est pas assez de faire des tragédies il faut payer ses dettes

... Une seule remarque : qui paye les armes fournies aux Kurdes en Irak ?

A suivre ...

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« A monsieur le ministre Jacob Vernes

chez Monsieur son père

[vers le 29 juin 1759]

Mon cher confrère en poésie, la tragédie n'est pas finie . Pierre le Grand, mes foins et mes charrues retardent un peu cette besogne .

Il y a longtemps que messieurs les joaillers qui m'ont fait parvenir du vin muscat 1 doivent être remboursés . Ce n'est pas assez de faire des tragédies il faut payer ses dettes .

On me mande qu'on a enfin brûlé trois jésuites à Lisbonne . Ce sont là des nouvelles bien consolantes . Mais c'est un janséniste qui les mande . »

 

12/08/2014

Je soupçonne que vous êtes dans vos belles terres et que vous y avez un temps plus favorable que celui qui nous persécute dans nos montagnes

... Happy birthday, mister François Hollande, futur ex-président de la république françoise ! Ne forcez pas trop sur les sucreries et le champagne, vous allez nous revenir cher en nouveaux costumes .

 

 

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« A monsieur le président Germain-Gilles-Richard de Ruffey

à Dijon

Aux Délices 29 juin [1759]

Il y a longtemps mon cher confrère en Apollon et mon président en foi et hommage, que je n'ai eu de vos nouvelles . Je vous ai envoyé plus d'un paquet, et une belle procuration légalisée, et tout ce que vos bontés prescrivent, à l'adresse du secrétaire des États de Bourgogne 1. Je soupçonne que vous êtes dans vos belles terres et que vous y avez un temps plus favorable que celui qui nous persécute dans nos montagnes . Vous savez sans doute que Grasset a menacé le public dans une lettre de ne jamais écrire pour le théâtre, et vous connaissez la jolie épigramme par laquelle Piron l'a remercié au nom du public 2. On dit qu'on a brûlé trois jésuites à Lisbonne, mais jusqu'à présent on ne tient cette nouvelle que des jansénistes .

Permettez-moi pour toute nouvelle sûre de vous dire que le roi m'a accordé tous les privilèges attachés à Ferney autrefois et qui étaient perdus pour moi . Me voilà entièrement libre .

Vous aviez eu la bonté de vouloir bien me faire inscrire au nombre de ceux qui reçoivent le petit bulletin de Dijon . Je n'en ai pas entendu parler .

Mille respects à madame de Ruffey .

Mme Denis et moi nous sommes pénétrés pour vous de la plus vive reconnaissance . »

1 Jacques Varenne de Beost qui mènera plus tard la lutte, au nom du roi, contre le parlement de Dijon . Voir : http://orlabs.oclc.org/identities/viaf-14913936/

 

11/08/2014

si les dépenses immenses d'une guerre juste, mais ruineuse, absorbent les revenus de l'État, ni M. de Silhouette, ni Pope, n'y pourront suffire

...  The End : https://www.youtube.com/watch?v=ayo75QnDnss

Michel Sapin n'est pas un Silhouette, et Jim Morrison n'est pas Pope (pas pope du tout, même ! ), et de nos jours les mêmes causes -les guerres-, donnent les mêmes effets qu'au XVIIIè siècle, des ruines .

Cette guerre qui pourrait être juste, contre les djihadistes , pour tenter de sauver leurs victimes, est au fond aussi bâtarde que tous les autres conflits, on va en être réduit à fournir des armes, -US et autres-, à des Kurdes pour lutter contre ceux qui possèdent déjà cet arsenal sophistiqué fourni involontairement par les mêmes marchands . Je tiens le pari (triste pari) que ces "braves Kurdes", une fois éliminés les djihadistes, retourneront les armes contre le pouvoir irakien pour faire valoir leurs droits , avoir leur part (la plus grosse possible) du gâteau territorial . On n'est pas près de quitter le regard sur cette poudrière .

 "En cas de guerre, voici ce qui vous resterait ! "

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« A Pierre-Robert Le Cornier de CIDEVILLE.
Aux Délices, 29 juin [1759].
Eh bien ! mon cher ami, vous êtes donc revenu à vos moutons 1; mais vous les quittez tous les ans, et je n'abandonne jamais les miens, quoiqu'ils ne soient pas si gras que les vôtres.
Vous êtes enthousiasmé, avec raison, de notre ministre des finances, et de Mlle Dubois 2; on dit grand bien de l'un et de l'autre.
Je suis bien aise de voir un homme de lettres contrôleur général. Il a traduit un Warburton 3 qui vous démontre net que jamais les lois de Moïse n'ont laissé seulement soupçonner l'immortalité de l'âme. Il a traduit le Tout est bien 4, mais quand dirons-nous : Tout n'est pas mal ? Le génie de M. de Silhouette est anglais, calculateur, et courageux; mais, si on nous prend des Guadeloupe 5, si ces maudits Anglais ont plus de vaisseaux que nous, et meilleurs; si les frais de la visite qu'on veut leur rendre sont perdus : si les dépenses immenses d'une guerre juste, mais ruineuse, absorbent les revenus de l'État, ni M. de Silhouette, ni Pope, n'y pourront suffire.
J'ai pris le parti de mettre une partie de ma fortune en terres; le roi de Prusse ne les saccagera pas, et elles porteront toujours quelques grains. Les biens en papier dépendent de la fortune, ceux de la terre ne dépendent que de Dieu. Si vous gouvernez votre Launai, vous savez que cette occupation emporte un peu de temps ; mais avouez qu'on en perd à Paris bien davantage. Je conduis tout le détail de trois terres presque contiguës à mon ermitage des Délices ; j'ai l'insolence de bâtir un château dans le goût italien, nel gran gusto 6; cela n'empêchera pas, mon ancien ami, que vous n'ayez votre Pierre le Grand, et une tragédie d'un goût un peu nouveau.
Puisque Gresset a renoncé à embellir la scène, il faut bien que je la gâte. Je me damne, il est vrai ; cela est honteux à mon âge; mais j'aime passionnément à me damner. Vous connaissez sans doute l'épigramme de Piron sur ce fanatique orgueilleux de Gresset.7 Qu'elle est jolie ! qu'elle est bien faite ! que l'insolent ex-jésuite est bien puni! Et que dites-vous du révérend père Poignardini-Malagrida 8, qu'on prétend avoir été loyalement brûlé à Lisbonne? Malheureusement ces nouvelles viennent des jansénistes. Qu'on les brûle ou qu'on les canonise, peu m'importe, à moi patriarche, qui ne connais plus que mes troupeaux, et qui ne suis point de leurs ouailles.
Savez-vous que le roi m'a donné de belles lettres patentes, par lesquelles mes terres sont conservées dans leurs anciens privilèges ? Et ces privilèges sont de ne rien payer du tout, d'être parfaitement libre. Y a-t-il un état plus heureux ? Je me trouve entre la France et la Suisse, sans dépendre ni de l'une ni de l'autre. La grâce du roi est pour Mme Denis et pour moi. Tout cela serait bon si on digérait. Vous digérez, mon cher ami ; mon estomac est déplorable ; spiritus quidem promptus est, caro autem infirma 9. Mon cœur est toujours à vous.

V. »

1 Cette lettre répond à celle de juin 1759 où Cideville dit : « Je pars mardi pour ma province … J'écrirai de mon village à Mme Denis ... »

2. Mlle Dubois, née vers 1741, débuta le 30 mai 1759, fut reçue en 1760, se retira en 1773, et mourut de la petite vérole en 1779, laissant, dit-on, vingt ou vingt-cinq mille livres de rente.

« J'aurais dû vous dire que Mlle Dubois, fille de l'acteur, grande, bien faite, avec la plus belle voix du monde, et dix-sept ans, est une copie de Mlle Clairon, et fait espérer à son début qu'elle égalera bientôt sa maîtresse . »(ibid)

Une partie de la lettre de Cideville développe des points d'actualité, auxquels répond ici V* , en J'aurai dû […] et J'aurai pu […] , pour expliquer enfin : « Je ne vous ai point fait part de toutes ces belles choses, 1° parce que je sais que d'Argental et Thieriot vous en instruisent toutes les semaines, 2° parce que j'hésite toujours à faire perdre en lisant et en répondant à mes lettres un temps que vous employez bien mieux pour votre gloire, la nôtre et nos plaisirs ; il est contre l'intérêt du bien public […] d'interrompre l'auteur admirable de la vie du czar, du Siècle de Louis XIV, de la Mort de Socrate [...] » Cette lettre répond manifestement à la suggestion de Mme Denis, dans sa lettre du 8 juin 1759, dont on a donné le texte à propos de la lettre du 3 juin 1759 à de Bussy :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/07/24/sa-parole-d-honneur-ce-qui-est-comme-vous-savez-en-fait-de-traite-un-pacte.html

4 Essai sur l'Homme, par Pope, traduit de l'anglais en français, 1736, in-12. Voir lettre du 11 mars 1759 citée ci dessus .

5 Les Anglais venaient de s'emparer de la Guadeloupe qu'ils garderont jusqu'en 1763 .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion_de_la_Guadeloupe_%281759%29

6 Dans le grand genre .

7Voir : http://www.cubra.nl/PM/Gresset/Gresset_Lenel_Voltaire/1889_Lenel_Voltaire-et-Gresset_HPM.pdf

En France, on fait , par un plaisant moyen,

Taire un auteur qui d'écrits nous assomme;

Dans un fauteuil d'académicien,

Lui quarantième, on fait asseoir mon homme:

Lors il s'endort et ne fait plus qu'un somme;

Plus n'en avez prose ni madrigal;

Au bel esprit ce fauteuil est , en somme,

Ce qu'à l'amour est le lit conjugal.

8 Voir tome XV, page 397 : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome15.djvu/407

Jeu de mot sur le nom de Malagrida que V* semble enfin connaître exactement ; voir lettre de février 1759 à François Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/03/20/tachez-de-nous-honorer-dimanche-de-votre-presence-reelle-5327905.html

9 L'esprit est prompt, mais la chair est faible ; Matthieu, XXVI, 41 .

 

 

10/08/2014

Je m'occupe à ensemencer mes terres, à les rendre fécondes; et les filles aussi

... "Ah ! ce Voltaire, quel tempérament , quel blagueur aussi !", allez-vous dire .

Pardonnez-moi, mais je résiste rarement à une occasion de donner un extrait de lettre qui attire l'oeil égrillard de mes contemporains, et ces occasions ne manquent pas avec un vif argent comme lui .

http://www.derouletontapis.com/blogue/charrue/

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Plus sérieusement, je m'attache davantage à ceci : "mes terres, terres libres comme moi, terres dont je veux conserver l'indépendance comme celle de ma façon de penser.", moi qui suis sur terre sans terres , indépendant pour autant que possible, y compris dans ma liberté de penser/pensées .

 Combien de terres libres restera-t-il après la main-mise de territoires convoités par ces salopards d'islamistes qui tuent au nom du prophète pour cacher leur lâcheté, qui se foutent d'Allah comme de leurs premières babouches, qui veulent vivre en esclavagistes, en prédateurs tout simplement . Trop fainéants pour travailler, parasites , vermine à éradiquer . Inch'Allah !

 

 

« A Louis-César de La Baume Le Blanc, duc de LA VALLIÈRE.1
Aux Délices [vers le 25 juin 1759].
N'ai-je pas tout l'air d'un ingrat, monsieur le duc? Il me semble que je devrais passer une partie de ma vie à vous remercier de vos bontés, et l'autre à tâcher de vous plaire; cependant je ne fais rien de tout cela. Je cultive la terre; je fais quelquefois de mauvais vers; mais je me garde de les envoyer aux ducs et aux pairs qui ont de l'esprit et du goût. Vous n'allez plus à la Comédie, et par conséquent je ne veux plus en faire ; mais comment peut-on avoir une bibliothèque complète de théâtre 2 et ne point entendre Mlle Clairon ? Comment peut-on acheter fort cher des pièces de Hardi,3 et ne pas aller à celles de Corneille?
Avez-vous la tragédie de Mirame 4, dont les trois quarts sont du cardinal de Richelieu? La pièce est bien rare; c'était un détestable rimailleur que ce grand homme. Le cardinal de Bernis faisait mieux des vers que lui, et cependant il n'a pas réussi dans son ministère; cela est inconcevable. C'est apparemment parce qu'il avait renoncé à la poésie. Le roi de Prusse n'en use pas ainsi; il fait plus de vers que l'abbé Pellegrin 5; aussi a-t-il gagné des batailles.

Je ne veux point mourir sans vous avoir envoyé une ode pour Mme de Pompadour 6. Je veux la chanter fièrement, hardiment, sans fadeur: car je lui ai obligation. Elle est belle, elle est bienfaisante , sujet d'ode excellent. Elle a eu la bonté de recommander à M. le duc de Choiseul un mémoire pour mes terres, terres libres comme moi, terres dont je veux conserver l'indépendance comme celle de ma façon de penser.
Je me suis fait un drôle de petit royaume dans mon vallon des Alpes; je suis le Vieux de la Montagne 7, à cela près que je n'assassine personne. Mme de Pompadour a favorisé ma petite souveraineté écornée. Savez-vous bien, monsieur le duc, que j'ai deux lieues de pays qui ne rapportent pas grand'chose, mais qui ne doivent rien à personne?

Que les dieux ne m'ôtent rien,
C'est tout ce que je leur demande.


On m'a écrit que M. de Silhouette faisait de très-bonne besogne. Il est vrai que celui-là n'a point fait de vers; mais il a traduit Pope, et voilà pourquoi il est bon ministre. Monsieur le duc, vous avez fait de très-jolis vers de ma connaissance; fourrez-vous dans le ministère, vous réussirez infailliblement. Je me jette du mont Jura au pied de Mont-Rouge 8. Je m'occupe à ensemencer mes terres, à les rendre fécondes; et les filles aussi, non pas en les semant 9, mais en les mariant . Je suis bon citoyen. Oh ! le roi le saura, monsieur le duc, et je vois d'ici qui lui en fera ma cour. Jouissez de votre vie charmante, et continuez vos bontés au Suisse V.

2 Le duc de La Vallière avait une immense bibliothèque; et la partie du théâtre français était une de celles à laquelle il apportait le plus de soin. (Beuchot.) Collectionneur et bibliographe passionné des questions théâtrales, le duc est l'auteur d'une compilation intitulée Ballets, opéras et autres ouvrages lyriques, 1760 ; et la Bibliothèque du Théâtre français, ouvrage collectif fut composée à l'aide des secours fournis par sa bibliothèque . La bibliothèque de l'Arsenal conserve une partie importante de ses livres .

Voir : http://books.google.fr/books?id=54UPAAAAQAAJ&pg=PA135&lpg=PA135&dq=Ballets,+op%C3%A9ras+et+autres+ouvrages+lyriques&source=bl&ots=YFezuZnKXc&sig=YKR9qTDRaG7XqgoSpOx0qAD1_8o&hl=fr&sa=X&ei=Xd_nU7CdBqeP0AW2_4HACw&ved=0CD0Q6AEwBA#v=onepage&q=Ballets%2C%20op%C3%A9ras%20et%20autres%20ouvrages%20lyriques&f=false

et : http://www.bnf.fr/fr/collections_et_services/anx_fds_col/a.collection_la_valliere.html

4 Mirame a été imprimée en 1641, in-folio avec figures; Voltaire parle de cette pièce, tome XIV, page 64.Cette tragédie fut représentée pour la première fois lors de l'inauguration de la grande salle du Palais-Cardinal ; on l'attribue généralement à Desmarets de Saint-Sorlin, et V* dit lui-même dans le Siècle de Louis XIV, à l'article de cet écrivain , qu'il « travailla beaucoup à la tragédie de Mirame du cardinal de Richelieu »

Voir aussi : http://biblioweb.hypotheses.org/11857

6 Ce projet n'a pas eu de suite. (Beuchot.) . Sur les écrits de V* dédiés à Mme de Pompadour, voir Jean Malcolm , Table de la bibliographie de Voltaire par Bengesco, 1953, qui ne mentionne pas l'ode : pages 141 et suiv. : http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-23351

7 Voir l'article Assassin des Questions sur l'Encyclopédie dans lequel V* traite du « Vieux de la montagne » en relation avec le problème de l'origine du mot assassin .Voir page 266 : http://books.google.fr/books?hl=fr&id=qzsHAAAAQAAJ&q=assassin#v=snippet&q=assassin&f=false

9 Decroix, l'un des éditeurs de Kehl, proposait de mettre ensemençant. Beuchot a laissé semant, qu'on lit dans les éditions de Kehl.

 

je ne m'étais point imaginé que ce fût un homme qui se mêla de toiles

... Et oui, mon cher Volti, les hommes aussi savent tisser (demandez à Jacquard et aux araignées de Fort Boyard) et coudre parfois . Il en est même qui gagnent leur vie par la couture, haute couture, l'un des fleurons de la balance commerciale française .

Sur ce , il serait temps que j'aille me payer une toile !

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« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

25 juin [1759]

La méprise des lettres de change 1, mon cher correspondant, n'est que de Mme du Coudray à M. du Coudray ; je ne m'étais point imaginé que ce fût un homme qui se mêla de toiles . J'ose vous supplier, monsieur, de réparer ma faute et de vouloir bien faire écrire à ce M. du Coudray qu'on l'a pris jusqu'à présent pour une femme, et que c'est ce qui fait qu'il n'a pas reçu ses lettres de change . Voilà pour le présent tout ce que peut vous mander votre serviteur qui ne se porte pas trop bien et qui se ruine à acheter des prés et à mettre des pierres les unes sur les autres .

Votre très humble et obéissant serviteur

V. »

 

09/08/2014

et au bout de sept ou huit ans de guerre on sera de sept ou huit cent millions plus pauvre qu'auparavant

... Et si on parlait plutôt de milliards de dollars, il ne serait même pas besoin d'attendre six ou sept ans pour voir dégringoler la trésorerie d'un  pays qui entretient une armée, et qui la fait opérer comme le font les USA  . Voir : http://www.i24news.tv/fr/actu/economie/finance/130827-etats-unis-le-plafond-de-la-dette-sera-atteint-mi-octobre

D'un autre côté ce sont de formidables marchands d'armes, ce qui permet de couvrir une partie des frais, vous diront les parfaits économistes au grand coeur .

Alors, notre France surendettée peut-elle s'offrir le même luxe ? Oui ? Non ? Peut-être ? Niet !!

 

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« A Jean-Robert Tronchin

23 juin [1759]

Je suis un peu malingre aujourd'hui, mon cher correspondant, mais je peux encore dicter que la dame du Coudray est insupportable 1. Elle date de Rouen, elle demande une lettre de change pour Rouen, la lettre de change arrive ; point de Mme du Coudray . Ce n'est pas votre faute , ni la mienne ; il faut attendre que cette dame donne de ses nouvelles, ou que la dame Eustache, la marchande de toile, écrive ; nous n’avons rien à nous reprocher et son argent est tout prêt .

Voilà je crois l'ancien mémoire que vous redemandez . Hier, me portant moins mal, j'écrivis au ministre de Son Altesse électorale palatine et lui dis que pour n'avoir jamais de difficultés il fallait que vous eussiez la bonté de me payer dorénavant, et qu’il y consentit ; nous verrons ce que le Silhouette de Manheim répondra .

Est-il vrai que l'on va payer 4 livres par marc de sa vaisselle ?2 Cette taxe ne fera pas fleurir la profession d'orfèvre . Voilà une sorte de guerre dans laquelle il n'y a rien absolument à gagner, quelque chose qui arrive, et beaucoup à perdre . Je ne connais que les Tartares qui aient jamais eu raison de faire la guerre, c'était pour avoir de bon vin et de belles filles . Nous pourrons prendre Madras, nous perdrons le Canada, et au bout de sept ou huit ans de guerre on sera de sept ou huit cent millions plus pauvre qu'auparavant . Je suis aussi plus pauvre , mais j'ai du foin, du blé, du vin, des chevaux, des moutons, et quand je me porterai bien je monterai ma grasse ânesse avec la jolie selle que j'attends de vos bontés .

Je vous embrasse mon cher ami .

V. »

2 Une taxe de ce genre fut en effet instituée ultérieurement .

 

08/08/2014

je veux que les prêtres sachent que je suis bien en cour

... Et encore mieux au jardin ! Celui-ci il est vrai rend l'échine souple .

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL. 1
Aux Délices, 23 juin [1759].
Mon divin ange parmesan, si je n'obéis pas bien -- j'obéis vite.
Il y a quelques coups de lime à donner, nous l'avouons; mais prenez toujours, et, avec le temps, toutes les lois de madame d'Argental seront exécutées. On sait bien qu'en parlant du courrier qui va porter le billet doux, la confidente peut dire :

Il vous fut attaché dès vos plus jeunes ans,

Vos intérêts lui sont aussi chers que la vie 2,

et en faire ainsi un excellent domestique, qui fait pendre sa maîtresse en ne disant pas son secret. Il y a encore quelque chose à fortifier au cinquième acte; mais il s'agit à présent d'une importante négociation. Votre Suisse vous donnera bientôt autant d'affaires que votre Parme.
Madame la marquise 3 a su que je faisais un drame, et moi, je lui ai écrit galamment que je le lui enverrais, que je le soumettrais à ses lumières, que je me souvenais toujours des belles décorations qu'elle eut la bonté de faire donner à Sémiramis, etc. Elle m'a répondu qu'elle attendait la pièce.4 Que faut-il donc faire, mon cher ange? La donner à M. le duc de Choiseul, et que M. le duc de Choiseul la donne à madame la marquise comme un secret d'État. Elle fera ses observations, elle protégera notre Sicile. Je suis Suisse, il est vrai ; mais je sais mon monde, et je veux que les prêtres sachent que je suis bien en cour.
Vous voyez, mon divin ange, que je donne toujours la préférence au spirituel sur le temporel; vous serez bientôt outrecuidé 5 d'un mémoire sur Tournay.
Mais M. le comte de Choiseul 6 part-il bientôt? Je voudrais lui envoyer quelque chose pour l'amuser sur la route. Qu'il n'oublie point la comtesse de Bentinck à Vienne, s'il veut être amusé.

Dieu merci nos affaires vont bien en Hesse, et le roi de Prusse a eu sur les oreilles dans une rencontre assez rude . Les Russes avancent , Luc sera maté . Je me meurs d'envie de le voir humilié . Adieu mon cher ange, vivez sain, gai, heureux . L'oncle et le nièce vous disent tout ce que vous méritez de tendre .

V. »

1 Date complétée par d'Argental sur le manuscrit olographe . L'édition de Kehl omet le dernier paragraphe .

2 Tancrède, ac. II, sc. 1 : les vers en question n'ont pas été utilisés, ils furent remplacés dans la tirade d'Aménaïde par des propos qui font plus d'effet . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-tancrede-acte-deuxieme-partie-4-120995426.html

3 La marquise de Pompadour, à qui Voltaire dédia Tancrède.

4 Voir la lettre de la marquise de Pompadour citée dans la lettre à d'Argental du 15 juin 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/01/j-augure-bien-de-nos-affaires-entre-les-mains-d-un-homme-qui-5421232.html

5 Cet emploi d'un mot archaïque, purement plaisant se rattache à l'ambiance médiévale suggérée par l'évocation de Tancrède .

6Voir les lettres du 5 septembre 1752 , page 479 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113533/f482.image.r=astrua.langFR

et , du 17 septembre 1755 , page 468 et du 29 octobre 1755 au comte de Choiseul , page 493 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f496.texte.r=Oeuvres%20compl%C3%A8tes%20de%20Voltaire%2038,6%20%20nouvelle%20%C3%A9dition%20pr%C3%A9c%C3%A9d%C3%A9e%20de%20la%20Vie%20de%20Voltaire,%20par%20Condorcet%20et%20d%27autres%20%C3%A9tudes%20biographiques.langFR — Il remplaçait le duc de Choiseul, son cousin, dans l'ambassade de France à Vienne, et fut nommé, en avril 1766, ambassadeur extraordinaire à Naples.