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28/10/2014

Vous voyez que j'ajouterai au magot au lieu d'en ôter

...Parole de parlementaire/parle-menteur européen

http://www.franceinfo.fr/actu/europe/article/budget-europeen-bruxelles-satisfaite-de-la-france-et-de-l-italie-591959

Rendez-vous en fin 2015 happy tax payers !

 magot des dalton.jpeg

 

« A Jean-Robert Tronchin

Seconde lettre du 12 [octobre 1759]

C'est pour vous dire, mon cher correspondant, qu'ayant visité ma caisse et mes billets j'ai la hardiesse de vous envoyer 14 062 livres 10 sols au lieu de la faiblesse de vous demander 12 000 livres . Vous voyez que j'ajouterai au magot au lieu d'en ôter .

Quoique Luc ait frotté quelques Croates il ne peut se tirer d'affaire que par des miracles, par quelque Rosbac 1. Mais on ne rosbacque point les Russes . Ces gens-là se croiraient damnés s'ils reculaient . Ils se battent par dévotion .

Bonjour mon cher ami . »

1 Frédéric II à force d'habileté manœuvrière commençais déjà à forcer les Russes à la retraite ; Soltikof dut entamer celle-ci le 24 octobre et ne s'arrêta pas avant la frontière russe .

 

 

Je ne suis pas le chien du jardinier

... mais je vous ai à l'oeil !

 DSCF7629chien du jardinier.png

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

et

Ami Camp

à Lyon

Aux Délices 12 octobre [1759]

Nous sommes, oncle et nièce, aussi honteux que reconnaissants . Nous remercions nos deux amis de Lyon, les deux protecteurs de nos plaisirs . Trois aunes d'étoffe tout comme il leur plaira . Tout est bon hors ce qui serait trop jeune . Fond cramoisi sera très convenable, à cause de satin cramoisi . Ma face ne l'est pas, mais il est bon que l’étoffe le soit . Tout sera reçu vous dis-je, avec actions de grâces . Tout peut être confié par la poste grâce aux bontés de M. Tabareau 1 et de M. Gallatin 2 .

Je me suis fait moi-même un casque , une cuirasse, mais si monsieur Camp a déjà eu la bonté de commander l'un et l'autre, ils seront encore bien reçus et arriveront par le messager quand ils pourront . Nulle difficulté jamais ni en plaisirs ni en affaires .

Si la personne qui voulait faire remettre à Turin douze mille livres de France aime mieux les recevoir de moi, je les donnerai encore de ma poche, car j'ai de quoi aller fièrement jusqu'au mois de janvier malgré les frais du palais de Ferney et de la masure de Tournay et du théâtre de Polichinelle .

Je ne suis pas le chien du jardinier 3. Tout vin de liqueur me fait mal aux yeux . Je n'en bois plus ; mais je veux bien que les autres en boivent . Nous en donnons pourtant le moins que nous pouvons . Cinquante bouteilles nous suffiront avec ce qui nous reste . Adieu messieurs, l'oncle et la nièce ne peuvent vous dire à quel point ils sont pénétrés de tout ce que vous voulez bien faire pour eux .

V. »

1 Tabareau, directeur du bureau des postes de Lyon .

2 Pierre ou Abraham Gallatin, directeur de la poste à Genève .

3 Proverbe espagnol expliqué par la suite ; le chien du jardinier ne mange pas de choux mais il ne veut pas que les autres y touchent .

 

27/10/2014

J'ai eu la sottise de bâtir un piccolo palazzo nel gran gusto italiano

... Et ils sont toujours là plus de deux cent cinquante ans plus tard, Voltaire et le château . L'un et l'autre vieillissent bien, le château ayant, lui, plus besoin d'entretien et restauration que son premier propriétaire . Je recommande les pierres aux bons soins du CMN et de Fleur Pellerin et je recommande les écrits de Voltaire à tous ceux que j'aime, pour les réjouir, et paradoxalement à tous ceux que je déteste pour les ridiculiser .

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« A Cosimo Alessandro Collini

Mon cher Collini, j'ai été sur le point de perdre mes yeux noirs . Cependant j'ai fait un effort pour écrire à Son Altesse Électorale et à notre ami Pierron 1. Voilà les lettres . Si vous n'allez pas à Manheim je vous prie de mettre à la poste celle qui est pour Mgr l’Électeur 2.

J'ai eu la sottise de bâtir un piccolo palazzo nel gran gusto italiano 3. Mais je n'en jouirai guère .

Je vous embrasse .

12 octobre [1759] »

3 Petit palais dans le grand goût italien .

 

recommandation en faveur de Collini

... Ecce homo !

 

Cosimo_Allesandro_Collini.jpg

 

 Cosimo Alessandro Collini

 

« A Charles-Philippe-Théodore von Sulzbach, électeur palatin 1

[12 octobre 1759]

[lettre de recommandation en faveur de Collini]2

 

2 V* mentionne cette lettre dans celle adressée le même jour à Collini qui confirme son existence ( ) ; on a la réponse de l’Électeur : « J'ai été bien charmé de recevoir la lettre, monsieur, que Collini m'a apportée . J'ai été bien aise de faire sa connaissance . Il paraît avoir beaucoup d'esprit et de mérite ; j'espère bien d'avoir la satisfaction l'année prochaine de vous revoir . J'ai été bien mortifié d'en avoir été privé celle-ci ; faites toujours d'aussi beaux poèmes qu'Homère mais ne devenez pas aveugle comme lui [...] » V* a également écrit à Pierron .

 

j'aime bien mieux que le conseil mette le peu d'argent qu'il a à nous faire de beaux chemins

... C'est un voeu toujours d'actualité afin que nos impôts servent à quelque chose d'utile à tous ; dans la mesure du raisonnable, éviter la mise en route de projets ferroviaires comme une certaine ligne de TGV en direction d'une petite ville , symbole de légèreté, mais chère, trop chère,  à notre Fanfoué No Land .

 Conseil municipal, conseil général, un bon conseil sait saisir les bonnes occasions d'implanter des centres commerciaux de bon rapport

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« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

8 octobre 1759

Cette fois-ci, mon cher monsieur, je fais réponse le même jour que je reçois votre lettre ; j'en avais déjà envoyé une à la poste, intitulée à Messieurs Tronchin et Camp 1; cette lettre par laquelle vous verrez à quels excès j'abuse de vos bontés et combien l’académie de lésine est subjuguée par nos plaisirs . Je ne sache point que M. de Chauvelin doive aller à Genève, il ne fera probablement que passer par la ville pour se rendre à sa destination . Les cérémonies seraient trop onéreuses et trop gênantes s'il s’arrêtait dans la ville ; j'aime bien mieux que le conseil mette le peu d'argent qu'il a à nous faire de beaux chemins . J’ai mandé à cet ambassadeur qu'il devait vous voir en passant à Lyon parce que vous êtes un homme excellent à voir, qu'il sera probablement ministre de la guerre 2 un jour, et que je souhaite que vous soyez lié avec lui .

À l'égard des douze mille livres , payables à Turin, je saurai incessamment le nom de la personne à qui il faudrait les remettre directement ; et s'il y a des frais cette personne les supportera .

Grand merci de la saucière, il faut au bout du compte une saucière, pour faire manger des truites à un ambassadeur . Elle suffira ; il faut bien faire quelque chose pour l'académie .

Grand merci encore du chocolat, car nous n'en avons plus, et grand merci des chiffons dont il est question dans ma requête à M.M. Tronchin et Camp ; le tout sans oublier le meilleur vin de Beaujolais, le plus couvert, le plus savoureux, le plus ressemblant au bourgogne, le plus digne d'être bu avec vous .

Je suis le plus trompé du monde, ou les affaires du roi de Prusse vont bien mal ; l'esprit de sédition est dans nos troupes , les officiers de notre belle légion ont assassiné un de leurs camarades, en présence du maréchal de Contades, nous n'avons pas la discipline des légions romaines, nous ne sommes pas faits pour ressembler à ces gens-là . Ma nièce et moi nous vous réitérons les plus tendres remerciements .

V. »

1  Cette lettre ne nous est pas parvenue .

Chauvelin devait mourir subitement sous les yeux de Louis XV fin 1773, sans avoir jamais été ministre de la Guerre ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard-Louis_Chauvelin et : http://www.andriesvandenabeele.net/AndriesVandenAbeele/AV...

 

 

26/10/2014

N'auriez-vous point du nectar cette année en Beaujolais,...,rien de médiocre, en un mot, du beaujolais qu'on puisse donner hardiment pour du bourgogne ?

... Les vendanges, au dire des reportages, sont bonnes , reste une part importante, de ce raisin faire du bon vin . Du beaujolais qu'on puisse faire passer pour du bourgogne, cela ne m'est arrivé qu'une fois dans ma vie, récolte 1976, qui de beaujolais nouveau a donné cinq ans plus tard un vin plus que bon . Actuellement je laisse ma part de beaujolais nouveau aux nouveaux riches étrangers sans remord, le prix du bourgogne sans le goût du bourgogne, merci, sans moi !

 DSCF4198 beaujolais bourgogne.JPG

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

J'ai oublié, mon cher monsieur, dans mes importunités de vous supplier de nous faire parvenir deux jolis petits bords de chapeau d'or pour nos fêtes à Tournay . Il faut se réjouir en temps de calamité, cela fait voir qu'on n'est point découragé ; je m'imagine qu'on en use ainsi à Lyon et à Paris . Il n'est rien venu pour moi dans cette belle flotte arrivée à Cadix, je me flatte que vous êtes dans un cas plus heureux . Nous faisons aujourd'hui la vendange dans vos vignes . Vous savez que le vin de nos cantons n'est pas du nectar . N'auriez-vous point du nectar cette année en Beaujolais, de bon nectar, bien couvert, bien savoureux, bien fort en sève, de bonne garde, rien de médiocre, en un mot, du beaujolais qu'on puisse donner hardiment pour du bourgogne ? Vous vous y connaissez . Vous ne le haïssez pas . Trois tonneaux feraient mon affaire . J'ai déjà eu des fruits des arbres que j'ai plantés aux Délices , il y a moins de trois ans . Tout prospère chez nous . On commence la muraille de Chine, on fait de nouvelles chambres dans les dépendances . Tournay de son côté est devenu un château très agréable ; Ferney est bâti ; on dit même qu'il est fort beau, mais rien n'approchera du jardin des Délices quand notre terrasse sera finie, ne viendrez-vous pas voir notre petit royaume l'année qui vient ? Vous y verrez le plus heureux des hommes qui vous est le plus attaché .

V.

6 octobre [1759] »

 

25/10/2014

La vie est bien courte, et tout ouvrage est bien long

... Et un quinquennat plus que court, mais ce n'est pas une raison pour ne rien entreprendre .

 ouvrage-long-vie courte.jpeg

 

 

« A Ivan Ivanovitch SCHOUVALOW
Au château de Tournay par Genève 6 octobre 1759
Monsieur, je vous avais déjà fait compliment sur l'heureux succès de vos armes, lorsque j'ai reçu la lettre dont Votre Excellence m'a honoré 1, avec la relation de la bataille, que M. de Soltikof a bien voulu me communiquer. Vos bontés augmentent tous les jours l'intérêt que je prends à la gloire de l'impératrice et à l'empire de Russie. Le terme d'honneur doit être bien certainement à la mode chez vous, quoi qu'en dise un certain homme 2 qui a mis son honneur à faire bien du mal, et à en dire beaucoup de votre auguste impératrice. Ce n'est pas d'aujourd'hui que j'ai pris part à la gloire de votre nation ; tous les événements ont justifié ma manière de penser. Je vois, avec la plus sensible joie, que la digne fille de Pierre le Grand perfectionne tout ce que son père a commencé. Le bruit a couru dans nos Alpes que sa santé avait été dérangée ; j'en ai ressenti de bien vives alarmes. Nous faisons mille vœux, dans mes retraites, pour la durée et la prospérité de son règne.
Le premier tome de l'Histoire de Pierre le Grand 3 serait déjà parvenu à Votre Excellence si les personnes que j'emploie étaient aussi diligentes que je l'ai été. La vie est bien courte, et tout ouvrage est bien long. Je consacrerai ce qui me reste de vie à travailler au second volume, aussitôt que j'aurai les matériaux nécessaires 4. Il n'y a point d'occupation qui me soit plus précieuse, et, si je suis assez heureux pour seconder vos nobles intentions, je n'aurai jamais si bien employé mon temps. Mais je regretterai toujours de n'avoir pu voir la ville que Pierre le Grand a fondée, et vous, monsieur, qui faites fleurir les arts et les vertus dans le plus grand empire de la terre.
Je serai toute ma vie, avec l'attachement le plus respectueux
et le plus sincère,

monsieur

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1Du 27 août 1759 .

2Frédéric II . Voir ce que rapportait Schouvalov le 14 août 1759, lettre du 18 septembre 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/10/ce-qui-n-est-qu-un-eloge-ne-sert-souvent-qu-a-faire-valoir-l-5465527.html

3 Commencé à imprimer dès 1759, il ne sera publié qu'en 1760 .

4 V* se plaignait déjà dans ses précédentes lettres ( 11 septembre 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/07/en-disant-la-verite-on-peut-toujours-la-presenter-sous-un-jo-5463148.html

et 18 septembre 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/10/ce-qui-n-est-qu-un-eloge-ne-sert-souvent-qu-a-faire-valoir-l-5465527.html ) de ne rien recevoir de Schouvalov . Celui-ci répondra le 27 octobre 1759 : « Je vois avec bien du regret […] la confirmation de ce que l'on m'avait déjà mandé de Königsberg que l'estafette chargée d'un paquet pour vous a été perdue […] Je viens de tirer une copie de tous ces matériaux et des réponses aux questions que vous proposez . »