29/07/2024
Il faudra bien qu’il vienne enfin un temps où la religion ne puisse faire que du bien...Le sang coulera tant que les hommes auront la folie atroce de penser que nous devons détester ceux qui ne croient pas ce que nous croyons
... "Il faudra ...", mais pourquoi donc ne peut-on enfin dire "le temps est venu" que la religion , au moins elle, ne fait que du bien, les meurtriers ayant déjà suffisamment de prétextes à invoquer pour continuer leurs massacres .
Ami Voltaire qui t'entend, qui t'écoute ? 
« A Jean Gal-Pomaret 1
15 janvier 1769
Je vois, monsieur, que vous pensez en homme de bien et en sage . Vous servez Dieu sans superstition, et les hommes sans les tromper. Il n’en est pas ainsi de l’adversaire que vous daignez combattre. S’il y avait dans vos cantons plusieurs têtes aussi chaudes que la sienne, et des cœurs aussi injustes, ils seraient bien capables de détruire tout le bien que l’on cherche à faire depuis plus de quinze ans. On a obtenu enfin qu’on bâtirait sur les frontières une ville dans laquelle seule tous les protestants pourront se marier légitimement 2.
Il y aura certainement en France autant de tolérance que la politique et la circonspection pourront le permettre. Je ne jouirai pas de ces beaux jours, mais vous aurez la consolation de les voir naître. Il faudra bien qu’il vienne enfin un temps où la religion ne puisse faire que du bien. La raison, qui doit toujours paraître sans éclat, fait sourdement des progrès immenses. Je vous prie de lire avec attention ce que m’écrit de Toulouse un homme constitué en dignité, et très-instruit :
« Vous ne sauriez croire combien augmente dans cette ville le zèle des gens de bien, et leur amour et leur respect pour 3… Quant au parlement et à l’ordre des avocats, presque tous ceux qui sont au-dessous de trente-cinq ans sont pleins de zèle et de lumières, et il ne manque pas de gens instruits parmi les personnes de condition. Il est vrai qu’il s’y trouve plus qu’ailleurs des hommes durs et opiniâtres, incapables de se prêter un seul moment à la raison ; mais leur nombre diminue chaque jour, et non-seulement toute la jeunesse du parlement, mais une grande partie du centre, et plusieurs hommes de la tête, vous sont entièrement dévoués. Vous ne sauriez croire combien tout a changé depuis la malheureuse aventure de l’innocent Calas. On va jusqu’à se reprocher l’arrêt contre M. Rochette et les trois gentilshommes : on regarde le premier comme injuste, et le second comme trop sévère », etc.
Vous voyez, monsieur, qu’il n’était pas possible d’introduire la raison autrement que sur les ruines du fanatisme. Le sang coulera tant que les hommes auront la folie atroce de penser que nous devons détester ceux qui ne croient pas ce que nous croyons. Plût à Dieu que l’évêque de Soissons, Fitz-James, vécût encore, lui qui a dit dans son mandement 4 que nous devons regarder les Turcs mêmes comme nos frères ! Quiconque dit : « Tu n’as pas ma foi, donc je dois te haïr », dira bientôt : « Donc je dois t’égorger. » Proscrivons, monsieur, ces maximes infernales ; si le diable faisait une religion, voilà celle qu’il ferait.
Je vous dois de tendres remerciements des sentiments que vous avez bien voulu me témoigner ; comptez qu’ils sont dans le fond de mon cœur.J'ai l'honneur, etc. »
2 Versoix : ce projet ne fut point exécuté. (Beuchot.)
3 M. de Voltaire supprime ici le mot vous, qui se trouve dans la lettre de M. l’abbé Audra, baron de Saint-Just, chanoine de la métropole, et professeur royal d’histoire, à Toulouse. Il a été depuis si violemment persécuté par les dévots qu’il en est mort de chagrin. (Kehl.) — L’abbé Audra, né à Lyon en 1714, mourut à Toulouse le 17 septembre 1770 ; voir page 497 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome11.djvu/517
Voir lettre du 5 janvier 1769 à Faubert Lavaysse : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/17/il-est-vrai-qu-il-s-y-trouve-plus-qu-ailleurs-des-hommes-dur-6507350.html
4 Du 21 mars 1757 ; l'évêque de Soissons François de Fitz-James a écrit un mandement prêchant la tolérance en des termes d'une grande élévation . La nouvelle en a été donnée à V* par d’Alembert le 26 avril 1757 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_(d%E2%80%99Alembert)/Correspondance_avec_Voltaire/005
Voir la note page 104 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/114
et page 524 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome20.djvu/534
et page 524 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome20.djvu/534
et page 280 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/290
et page 395 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/405
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28/07/2024
Jouissez, couple aimable
... Et comme Marie-José Pérec et Teddy Riner, allumez le feu de la concorde transmis par le centenaire Charles Costes

https://www.lepoint.fr/sport/qui-est-charles-coste-l-athl...
« A Jean-Baptiste-Jacques-Elie de Beaumont et à
Anne-Louise Blanc-Mesnil Élie de Beaumont
14è janvier 1769
Jouissez, couple aimable ; je suis fâché seulement que votre terre soit près de Rouen, et non pas près de Lyon.
Mon ami Damilaville n'était pas né, à ce qu'on m'a dit, loin de votre terre ; je voudrais être votre vassal avec lui . Les gens qui pensent ont fait en lui une grande perte, il était le plus intrépide ennemi des persécuteurs .
Vous apprendrez sans doute avec satisfaction que tout commence à changer dans le parlement de Toulouse . Un homme assez considérable de ce pays-là 1 me mande que la moitié du parlement est déjà éclairée ; que toute la jeunesse pense comme vous et moi , qu'elle dit hautement qu'il faut faire amende honorable de l'arrêt contre les Calas . Je sonde ces bonne dispositions pour savoir si les Sirven peuvent en sûreté aller purger leur décret à Toulouse . Vous avez tellement éclairci cette abominable affaire 2 , qu'il me paraît impossible qu'ils n'obtiennent pas une entière justice, pourvu que le fanatisme ne s'en mêle pas .
Ce que vous m'écrivez sur la chute originale a été traité fort au long dans plusieurs livres nouveaux, et entre autres dans L'A.B.C. traduit de l’anglais de Huy . Vous savez qu'un Africain nommé Augustin est le premier qui ait levé cet étrange livre . Il n'en est pas dit un seul mot dans les Évangiles . Saint Paul n'en a parlé que fort obscurément . Il se passa près de quatre cents ans avant qu'on agitât cette question . Vous savez que Paris n'a pas été bâti en en un jour ; l'édifice dont vous parlez a été bâti en quinze siècles, aussi passe-t-il pour être fort irrégulier . Je crois que ni vous ni Mme de Canon n'habitez guère cette maison ridicule . J'irai bientôt trouver Damilaville dans la sienne, mais malheureusement, on ne peut ni s'écrire ni se parler dans le pays qu'il habite . En attendant , soyez sûrs que je vous serai attaché jusqu'au dernier moment de ma vie avec autant d'amitié que d'estime .
V. »
1L'abbé Audra ; ainsi qu'on l'a vu dans les lettres du 3 janvier 1769 à Audra : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/10/le-pere-reste-avec-ses-filles-condamnees-comme-lui-il-a-touj-6506447.html
et du 5 janvier 1769 à Bélestat : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/15/que-le-parlement-commence-a-ouvrir-les-yeux-que-plusieurs-jeunes-conseiller.html
2 Voir lettre du 4 mars 1767 à Elie de Beaumont : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/12/personne-assurement-ne-vous-enviera6396056.html
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27/07/2024
J'aime assez les choses qui ne ressemblent à rien ... la sagesse est l'ennemie mortelle de la passion et des traits hardis
... C'est ainsi qu'il faut voir et aimer cette fabuleuse cérémonie d'ouverture des XXXIIIè Jeux Olympiques modernes à Paris , que j'ai trouvée parfois un peu trop savante et intellectuelle ( par ses références historiques ) mais majoritairement extraordinaire et qui grave la mémoire d'images inoubliables, ça fait du bien .
Il a plu ( sans François Hollande ), ça a plu . On a vu  les athlètes  entre deux eaux rester enthousiastes et les spectateurs aussi : pari réussi .

Beau spectacle, belle union
« A Marie-Louise Denis
13 janvier [1769] à Ferney
Ma chère nièce, toute votre maison a donc été malade et vous aussi . Pour moi, je n'ai que mes misères ordinaires auxquelles la nature m'a livré depuis 75 ans . Le mieux qu'on puisse faire dans une vieillesse aussi infirme, c'est de se cacher . Il n'y a point de marmotte dans les Alpes qui entende cela mieux que moi .
Quand vous vous porterez bien, mandez-moi des nouvelles du pauvre feu La Touche 1. J'aime assez les choses qui ne ressemblent à rien . Je suis possesseur d'un cinquième acte un peu changé . Je vois qu'il a fallu le rendre sage ; et la sagesse est l'ennemie mortelle de la passion et des traits hardis . C'est un grand malheur de marcher entre les épines, les pas sont mal assurés et on se pique les jambes . Vous pourriez fort bien me mander des nouvelles sans vous piquer , elles m’intéressent beaucoup. Vous savez combien je suis attaché au patron. On me fit craindre pour lui .
On dit que le maréchal de Richelieu a la mémoire affaiblie comme les oreilles . Je me flatte cependant qu'il n’oubliera pas tout à fait qu'il vous doit de l'argent ; et vous êtes sûre d'en toucher de M. de Lézeau.
Je suis bien faible pour entreprendre le voyage de la rue Bergère, mais j'en ai grande envie . Cela dépendra un peu de feu La Touche, mais Mme la comtesse de Vergy a retenu toutes les places au coche 2.
Je vous embrasse de toute mon âme et de toutes mes forces .
N. B. – Voici un cinquième acte.
Il y a une grosse faute au troisième . Ce ne sont que deux vers à changer mais ils sont essentiels.
Acte I, scène 1
Cézène
Et pourquoi vous charger de l'affreux ministère
Que partage avec vous un sénat sanguinaire ?
Iradan
On prétend qu'à ce peuple il faut un joug de fer,
Une loi de terreur et des juges d'enfer,
Je sais 3 qu'au Capitole on a plus d'indulgence ;
Mais le cœur en ces lieux se ferme à la clémence.
Dans ce sénat sanglant les tribuns ont leur voix.
J'ai souvent amolli la dureté des lois ;
Mais ces juges altiers contestent à ma place
Le droit de pardonner, le droit de faire grâce.
Cézène
Ah ! Laissons cette place et ces hommes pervers 4
etc.
A la scène des prêtres et de la petite fille, le pontife doit dire :
Et la loi la condamne, au lieu de dire
Et moi je la condamne.
Nous ne souffrirons pas qu'un soldat , un profane
En corrompe à nos yeux la sévère équité 5
etc. »
1 C'est-à-dire Les Guèbres, attribués par V* à La Touche.
2V* craint que Gabrielle de Vergy ne soit jouée avant Les Guèbres ; voir lettre du 1er janvier 1769 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/09/vous-ferez-l-usage-que-vous-croirez-le-plus-convenable-tout-6506351.html
3 Et non fais comme le donne l'édition Besterman .
4Les Guèbres, Ac. I, sc. 1 ; c'est ce texte qui fut retenu .
5Ibid Ac.. I, sc. 4 ; ce texte fut ultérieurement modifié .
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26/07/2024
pour la canaille, le plus sot ciel et la plus sotte terre est ce qu’il lui faut ...Ce sont les assassins que je ne ménage pas
... Une fois de plus l'actualité du détestable est personnifiée par Poutine et Bachar al-Assad, réunion de deux assassins notoires en vue de normaliser des relations avec un faux jeton de leur acabit Erdogan sur le dos  d'un quatrième
https://www.sudouest.fr/international/russie/russie-vladi...
On est bien loin de l'esprit de trêve olympique .
« A Jean Le Rond d'Alembert
13è janvier 1769
Je vous renvoie, mon cher philosophe, votre chien danois 1 ; il est beau, bien fait, hardi, vigoureux, et vaut mieux que tous les petits chiens de manchon qui lèchent et qui jappent à Paris.
Votre discours est excellent ; vous êtes presque le seul qui n’alliez jamais ni en deçà ni en delà de votre pensée. Je vous avertis que j’en ai tiré copie.
Le Mercure devient bon. Il y a des extraits de livres fort bien faits. Pourquoi n’y pas insérer ce discours, dont le public a besoin 2? La Bletterie a juré à son protecteur et à sa protectrice qu’il ne m’avait point eu en vue, et qu’il me permettait de ne pas me faire enterrer. Il dit aussi qu’il n’a point songé à Marmontel quand il a parlé de Bélisaire, ni au président Hénault quand il a dit que la précision des dates est le sublime des historiens sans talents . J’ai tourné le tout en plaisanterie.
À propos du président Hénault, le marquis de Bélestat m’a écrit 3 enfin qu’il était très fâché que j’eusse douté un moment que le portrait de Sha-Abas et du président fussent de lui ; qu’ils sont très ressemblants ; que tout le monde est de son avis, et qu’il n’en démordra pas. J’ai envoyé sa lettre à notre ami Marin. On a fait trois éditions de ce petit ouvrage en province, car la province pense depuis quelques années. Il s’est fait un prodigieux changement, par exemple, dans le parlement de Toulouse ; la moitié est devenue philosophe, et les vieilles têtes rongées de la teigne de la barbarie mourront bientôt.
Oui, sans doute, je regrette Damilaville . Il avait l’enthousiasme de saint Paul, et n’en avait ni l’extravagance ni la fourberie : c’était un homme nécessaire . Oui, oui, l’A, B, C est d’un membre du parlement d’Angleterre, nommé Huet 4, parent de l’évêque d’Avranches, et connu par de pareils ouvrages. Le traducteur est un avocat nommé La Bastide ; ils sont trois de ce nom-là : il est difficile qu’ils soient égorgés tous les trois par les assassins du chevalier de La Barre.
Vous n’avez point les bons livres à Paris : le Militaire philosophe 5, les Doutes 6, l’Imposture sacerdotale 7, le Polissonisme dévoilé 8. Il paraît tous les huit jours un livre dans ce goût en Hollande. La Riforma d’Italia 9 qui n’est pourtant qu’une déclamation, a fait un prodigieux effet en Italie. Nous aurons bientôt de nouveaux cieux et une nouvelle terre, j’entends pour les honnêtes gens ; car, pour la canaille, le plus sot ciel et la plus sotte terre est ce qu’il lui faut.
Je prends le ciel et la terre à témoin que je vous aime de tout mon cœur.
Pardieu, vous êtes bien injuste de me reprocher des ménagements pour gens puissants, que je n’ai connus jadis que pour gens aimables à qui j’ai les dernières obligations, et qui même m’ont défendu contre les monstres. En quoi puis-je me plaindre d’eux ? est-ce parce qu’ils m’écrivent pour me jurer que La Bletterie jure qu’il n’a pas pensé à moi ? Faudrait-il que je me brûlasse toujours les pattes pour tirer les marrons du feu ? Ce sont les assassins que je ne ménage pas. Voyez comme ils sont fêtés tome Ier et tome IV du Siècle. »
1 Un discours tenu par d'Alembert à l'Académie, au roi de Danemark, reproduit intégralement dans la Correspondance littéraire , VIII, 212 et suiv.
Voir lettre du 12 décembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/18/empechez-que-ce-siecle-ne-soit-la-chiasse-du-genre-humain-6503374.html
« Le roi de Danemark ne m’a presque parlé que de vous dans la conversation de deux minutes que j’ai eu l’honneur d’avoir avec lui : je vous assure qu’il aurait mieux aimé vous voir à Paris que toutes les fêtes dont on l’a accablé . » Lettre de d'Alembert du 17 décembre 1768 .
2 Le Mercure de France de janvier 1769 ne publia qu'un bref résumé de ce discours , voir I, 147-148.
3 Sur cette lettre, voir la lettre du 4 janvier 1769 à Mme Du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/13/voila-comme-sont-faits-tous-ces-animaux-la-ils-croient-regen-6506799.html
4 Voltaire pourrait avoir eu l'idée de ce personnage à partir de celui d'un anglais nommé William Hewet, dont on conserve une lettre à V*, écrite de Genève le 3 décembre 1758 annonçant sa venue au philosophe .
5 Voir la note page 117 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/125
Voir lettre du 18 novembre 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/06/14/il-fait-une-tres-grande-impression-dans-tous-les-pays-ou-l-o-6447589.html
6 Les Doutes sur la religion, suivis de l’analyse du Traité théologi-polilique de Spinosa, 1767. in-12. L’Analyse est du comte de Boulainvilliers ; les Doutes, de Guéroult de Pival, mort en 1772.
Voir : https://data.bnf.fr/fr/12171113/gueroult_de_pival/fr.pdf
et : https://data.bnf.fr/de/14474771/examen_de_la_religion/de.pdf
7 Voir note page 526 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome45.djvu/536
Voir lettre du 8 février 1768 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/09/16/m-6461722s-il-y-a-des-cas-ou-le-fond-doit-faire-taire-la-forme-c-est-assure.html
8 C’est-à-dire Le Christianisme dévoilé. (Beuchot.). — Voir lettre du 20 décembre 1768 à Villevieille : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/26/je-mourrai-console-en-voyant-la-veritable-religion-c-est-a-d-6504508.html
Voir lettre du 15 décembre 1766 à Mme de saint-Julien : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/16/il-est-entierement-oppose-a-mes-principes.html
9 Voir lettre du 3 octobre 1768 à Hennin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/21/qu-on-laisse-faire-les-italiens-ils-iront-a-bride-abattue-6495118.html
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25/07/2024
votre dernier billet tenant lieu de tout
... je me permets, monsieur le Président, de vous rappeler que vous n'avez pas d'autre choix que moi-même pour première ministre, car je suis, sans conteste, l'élue de la plus forte représentation politique ; hâtez-vous ; sans trêve, olympique ou pas,  je ne vous lâcherai pas un instant "  : signé Lucie Castets .
Pour info sur cette mordante femme, propulsée par le NFP : https://www.francetvinfo.fr/politique/nouveau-front-popul...

https://www.blagues-et-dessins.com/tag/blague-lucie-castets/
« A Gaspard-Henri Schérer
Au château de Ferney 12 janvier 1769
J'ai l'honneur, monsieur, de vous envoyer les deux billets que vous demandez, votre dernier billet tenant lieu de tout, et je n'ai pour le présent qu'à vous remercier de vos bontés et de votre exactitude.
J'ai l'honneur d'être,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
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24/07/2024
Nec tibi regnandi veniat tam dira cupide / Qu'il ne te prenne pas une si cruelle envie de régner
... Souhait à chacun des prétendants à la place de premier ministre .
En première ligne, actuellement, comme aux USA, une femme, Lucie Castets : https://www.lavoixdunord.fr/1486384/article/2024-07-24/premiere-ministre-le-moment-est-grave-lucie-castets-demande-macron-de-prendre
« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy
Au château de Ferney ce 12 janvier 1769 1
Mon cher conseiller, vous voilà entre un oncle et une tante qui vous ont également de l'obligation . Je savais bien que le maréchal était un peu sourd ; mais vous m'apprenez qu'il a perdu la mémoire . Je me flatte que Mme Denis la lui rafraîchira, et qu'il ne fera pas longtemps la sourde oreille avec elle .
À l'égard de M. de Lézeau, comme il n'est que marquis, il ne peut honnêtement usurper les droits d'un maréchal de France, et son paiement est sûr, grâce aux soins du procureur boiteux 2 qui n'est pas manchot .
Les affaires des grands se traitent aussi mal que celles des rois . C'est une chose pitoyable que cette longue discussion de la succession de la duchesse de Guise . MM. Magon 3 et de Laborde font une affaire nette de cinq à six millions en une matinée, et trois ou quatre pauvres diables de grands seigneurs en savent pas s'arranger depuis dix ans pour cinquante à soixante mille livres tournois de rente . Je ne crois pas que les créanciers en doivent souffrir, et je pense que si le procureur boiteux présentait requête pour être payé, il faudrait bien qu'il le fût . C'est la terre de Recourt qui doit, sans examiner à qui cette terre appartient, c'est sur elle qu'on pourrait saisir, sauf aux prétendants à s'arranger entre eux . Du moins cela me paraît juste ; mais la justice chicaneuse pense peut être autrement . Si cette voie était courte et facile, je prierais le boiteux de s'en charger ; mais un autre boiteux nommé le temps pourrait bien rendre la besogne longue . Ce vieillard-là n'est pas si prompt que moi, je le connais bien, il y a soixante et quinze ans que je vis avec lui . Au reste, Mme Denis a reçu depuis le 1er mars dernier vingt mille livres . Je suis un mauvais fermier mais un bon payeur . Je puis vous assurer que la terre de Ferney, ne m'a valu que beaucoup de peine dans une année qui était pourtant fort bonne . Cette terre est très belle à cela près qu'elle ne rapporte rien. Maman aurait très bien fait de la vendre, elle aurait eu de l'argent comptant et je me serais retiré à Tournay, Harpagon De Brosses s’étant mis enfin à la raison .
Je n'entends rien à vos édits de finance . L'objet me paraît également mince et prématuré . Les Anglais me paraissent meilleurs calculateurs que vous autres . Leur Compagnie des Indes a trouvé le secret de se faire un revenu de trois millions de livres sterling indépendamment de son commerce . Vous avez coupé la tête du brutal Lally ; mais vous n'avez pas trouvé d'or dedans . Vous n'en trouverez pas davantage en Corse . Cette île sera comme Ferney qui coûte beaucoup et rapporte peu . Un officier général mandait de ce pays-là qu'il fallait, pour soumettre la Corse, vingt millions, vingt mille hommes et vingt bourreaux.
Nec tibi regnandi veniat tam dira cupide 4.
Il me paraît pourtant bien nécessaire que M. le duc de Choiseul, à qui je suis véritablement dévoué, réussisse dans son entreprise .
Adieu, mon très cher et très aimable conseiller, embrassez pour moi toute la famille .
On vous dépêche par la diligence de Lyon le seul Siècle qui reste . Dieu sait quand il vous parviendra .
V. »
1 Original, de la main de Bigex sauf les deux derniers paragraphes à partir de « Adieu [...] » de celle de Wagnière.
2 D'Hornoy lui-même .
3 Jean-Baptiste Magon de La Balue, banquier et fermier égénéral, comme Laborde . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Magon_de_La_Balue
4 Virgile, Georgiques, I, 37 : Qu'il ne te prenne pas une si cruelle envie de régner .
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23/07/2024
madame, on dit toute sorte de bien de vous dans notre boutique
... Petit message d'Emmanuel Macron , du fin fond de l'Elysée, à Kamala Harris , regrettant certainement, in petto, de n'avoir pas le choix d'une telle femme pour le nouveau gouvernement .

https://www.sacbee.com/news/politics-government/election/presidential-election/article290222034.html
« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul
A Lyon 12 janvier 1769 1
Madame,
Je vous fais ces lignes pour vous dire qu'en conséquence à vos ordres précis à moi intimés par madame votre petite-fille 2, j'ai l'honneur de vous dépêcher deux petits volumes traduits de l'anglais 3, du contenu desquels je ne réponds pas plus que les États de Hollande quand ils donnent un privilège pour imprimer la Bible . C'est toujours sans garantir ce qu'elle contient .
Ayez la bonté , madame, de noter que ne sachant pas si messieurs des postes sont assez polis pour vous donner vos ports francs, j'adresse le paquet sous l'enveloppe de monseigneur votre mari, pour la prospérité duquel nous faisons mille vœux dans notre rue . Nous en faisons autant pour vous , madame ; car tous ceux qui viennent acheter des livres chez nous, disent que vous êtes une brave dame qui vous connaissez mieux qu'eux en bons livres, qui avez considérablement de l'esprit et qui ne courez jamais après. Vous avez le renom d'être fort bienfaisante, vous ne condamnez pas même les vieux barbouilleurs de papier à mourir parce qu'ils n'en peuvent plus, et cela est d'une bien belle âme .
Enfin, madame, on dit toute sorte de bien de vous dans notre boutique ; mais j'ai peur que cela ne vous fâche parce qu'on ajoute que vous n'aimez point cela . Je vous demande donc pardon, madame, et suis avec un grand respect,
madame
votre très humble et très obéissant serviteur
Guillemet
typographe en la ville de Lyon. »
1 Original ; édition Kehl . Le manuscrit semble être de la main déguisée de Bigex.
2 Mme Du Deffand a en effet demandé L'A.B.C. ; voir lettre du 6 janvier 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/18/m-6507463si-elle-repond-qu-il-n-y-a-nul-danger.html
3 Sans doute deux exemplaires de L'A.B.C. car Mme Du Deffand en demandait un pour elle et un pour la duchesse de Choiseul.
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