26/06/2024
Je mourrai consolé en voyant la véritable religion, c’est-à-dire celle du cœur, établie sur la ruine des simagrées ...Avec ces sentiments, je brave le diable, qui n’existe point, et les vrais diables fanatiques, qui n’existent que trop
... Le Pen, Bardella, Mélenchon, Ciotti and Co sont les fanatiques actuels à éradiquer impérativement, avant qu'il soit trop tard et que l'on vive sous leur régime en bramant le "si j'aurais su !" de p'tit Gibus .
« A Philippe-Charles-François-Joseph de Pavée, marquis de Villevielle
20 décembre 1768
Non, mon cher marquis, non, les Socrates modernes ne boiront point la ciguë. Le Socrate d’Athènes était, entre nous, un homme très imprudent, un ergoteur impitoyable, qui s’était fait mille ennemis, et qui brava ses juges très mal à propos.
Nos philosophes aujourd’hui sont plus adroits, ils n’ont point la sotte et dangereuse vanité de mettre leurs noms à leurs ouvrages ; ce sont des mains invisibles qui percent le fanatisme d’un bout de l’Europe à l’autre avec les flèches de la vérité. Damilaville vient de mourir ; il était l’auteur du Christianisme dévoilé 1, et de beaucoup d’autres écrits. On ne l’a jamais su ; ses amis lui ont gardé le secret tant qu’il a vécu, avec une fidélité digne de la philosophie. Personne ne sait encore qui est l’auteur du livre donné sous le nom de Fréret 2. On a imprimé en Hollande, depuis deux ans, plus de soixante volumes contre la superstition. Les auteurs en sont absolument inconnus, quoiqu’ils puissent hardiment se découvrir. L’Italien qui a fait la Riforma d’Ilalia 3 n’a eu garde d’aller présenter son ouvrage à Rezzonico 4; mais son livre a fait un effet prodigieux. Mille plumes écrivent, et cent mille voix s’élèvent contre les abus et en faveur de la tolérance. Soyez très sûr que la révolution qui s’est faite depuis environ douze ans dans les esprits n’a pas peu servi à chasser les jésuites de tant d’États, et a bien encouragé les princes à frapper l’idole de Rome, qui les faisait trembler tous autrefois. Le peuple est bien sot, et cependant la lumière pénètre jusqu’à lui. Soyez bien sûr, par exemple, qu’il n’y a pas vingt personnes dans Genève qui n’abjurent Calvin autant que le pape, et qu’il y a des philosophes jusque dans les boutiques de Paris.
Je mourrai consolé en voyant la véritable religion, c’est-à-dire celle du cœur, établie sur la ruine des simagrées. Je n’ai jamais prêché que l’adoration d’un Dieu, la bienfaisance, et l’indulgence. Avec ces sentiments, je brave le diable, qui n’existe point, et les vrais diables fanatiques, qui n’existent que trop. Quand vous irez à votre régiment, n’oubliez pas mon petit château, qui est votre étape.
Je ne veux point mourir sans vous avoir embrassé. »
1 Le Christianisme dévoilé, ou Examen des principes et des effets de la religion chrétienne, dont la première édition porte la date de 1756, quoiqu’elle ne soit, que de 1761. Barbier attribue l’ouvrage au baron d’Holbach ; voyez n° 2317 de la seconde édition du Dictionnaire des Anonymes.
Cette attribution est généralement acceptée ; pour la publication de cet ouvrage, voir lettre du 15 décembre 1766 à Mme de Saint-Julien : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/16/il-est-entierement-oppose-a-mes-principes.html
2 L’Examen critique des apologistes de la religion chrétienne ; voir lettre du 22 janvier 1768 à Morellet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/08/28/une-si-bonne-cause-defendue-par-de-si-mauvaises-raisons-6458471.html
3 Pilati di Tassulo ; voir lettre du 3 octobre 1768 à Hennin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/21/qu-on-laisse-faire-les-italiens-ils-iront-a-bride-abattue-6495118.html
Voir la note 2 , page 134 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome46.djvu/144
4 Le pape Clément XIII .
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25/06/2024
il n’y a plus rien à changer que le titre de la tragédie
... Au lieu de l'appeler "Elections législatives" nommons-la "Triomphe des bonimenteurs" ou "Désastre pour le bon sens" .

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
19 décembre 1768
Mon cher ange, les mânes de La Touche se recommandent à votre bonté habile et courageuse. Je me trompe fort, ou il ne reste plus aucun prétexte a l’allégorie. La fin du IIIè acte pouvait en fournir ; on l’a entièrement retranchée. Ces prêtres mêmes étaient trop odieux, et n’attiraient que de l’indignation lorsqu’il fallait inspirer de l’attendrissement. C’était à la jeune Guèbre à rester sur le théâtre, et non à ces vilains prêtres qu’on déteste. Elle tire des larmes ; elle est orthodoxe dans toutes les religions ; son monologue est un des moins mauvais qu’ait jamais faits La Touche. Les prêtres ne paraissent plus dans les trois derniers actes ; et leur rôle infâme étant fort adouci dans les deux premiers, il me paraît qu’un inquisiteur même ne pourrait s’élever contre la pièce.
Voici donc les trois premiers actes, dans lesquels vous trouverez beaucoup de changements. Les deux derniers étant sans prêtres, il n’y a plus rien à changer que le titre de la tragédie. La Touche l’avait intitulée Les Guèbres ; cela seul pourrait donner des soupçons. Ce titre des Guèbres rappellerait celui des Scythes, et présenterait d’ailleurs une idée de religion qu’il faut absolument écarter. Je l’appelle donc Les Deux Frères. On pourra l’annoncer sous ce nom, après quoi on lui en donnera un plus convenable.
Lekain peut donc la lire hardiment à la Comédie. Il ne s’agit plus que d’anéantir dans la tête de Marin le préjugé qui pourrait encore lui donner de la timidité : c’est un coup de partie, mon cher ange ; il faut ressusciter le théâtre, qui faisait presque seul la gloire des Welches. Je vous avouerai de plus que ce serait une occasion de faire certaines démarches que sans cela je n’aurais jamais faites 1. Je n’ai plus que deux passions, celle de faire jouer Les Deux Frères, et celle de revoir les deux anges.
J’ai encore une demi-passion, c’est que l’opéra 2 de M. de La Borde soit donné pour la fête du mariage du dauphin. La musique est certainement fort agréable. Je doute que M. le duc de Duras puisse trouver rien de mieux. Dites-moi si vous voulez lui en parler, et si vous voulez que je lui en écrive.
Mme la comtesse de B. aime-t-elle la musique 3?
sub umbra alarum tuarum 4. »
1 V* , comme dans la lettre du 17 décembre 1768 à Mme Denis, semble songer à un retour à Paris ; voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/22/les-personnages-odieux-sont-toujours-a-la-glace-6504070.html
2 Pandore ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Pandore_(Voltaire)/1740
3 Cette phrase où il est sans doute question de Mme Du Barry est omise dans l'édition de Kehl et toutes éditions postérieures .
4 Psaume xvi, 8. : à l'ombre de tes ailes : https://www.aelf.org/bible/Ps/16#:~:text=08%20Garde-moi%2....
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24/06/2024
Je ne vous ai vu qu'un moment
... et c'est déjà bien trop M. Bardella, vous partagez ma détestation avec l'inénarrable candidat au califat : Mélenchon . Allez tous deux au diable (pour cette fois je souhaite qu'il existe )!
« A Jacques Necker
A Ferney par Genève 18è décembre1768 1
Un heureux hasard, monsieur, veut que j'aie avec vous une petite affaire . Vous verrez de quoi il est question par le billet ci-joint de M. de Beaumont, votre correspondant . Je saisis cette occasion pour présenter mes respects à Mme Necker . Il ne s'agit que de billets de loterie dans la lettre de M. de Beaumont, le meilleur lot que l'on ait jamais eu est celui de Mme Necker et le vôtre . Je ne vous ai vu qu'un moment à Ferney sans vous connaître ; si j'avais su qui vous étiez, j’aurais fait tous mes efforts pour vous voir plus longtemps .
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments qui vous sont dus, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Original signé (château de Broglie ).
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23/06/2024
Les personnages odieux sont toujours à la glace
... Toujours vrai. Voir Poutine et Kim Jung-un, modèles de jovialité n'est-ce pas ?

Nous sommes joyeux ! Vive les pompes funèbres !
« A Marie-Louise Denis
17è décembre 1768
Je dois vous confier, ma chère nièce, que défunt La Touche m'apparut hier au soir, dans le temps qu'on cachetait ma lettre qui doit vous être parvenue par Lyon 1 . Il me dit qu'il avait fait jouer chez Pluton, comme de raison, sa rapsodie, et qu'il avait remarqué que la fin du IIIè acte qui n'est qu'une satire des prêtres plutoniques, avait glacé l’auditoire . « On a trouvé des vers assez bien faits, me dit-il, mais cela ne suffit pas, il faut attendrir les diables, et faire pleurer les furies . Les personnages odieux sont toujours à la glace. J'aurais dû faire parler la pauvre Arzame à laquelle on s'intéresse, au lieu de ces prêtres d'enfer qui révoltent . »
Alors il me montra ce qu'il avait substitué à la fin de ce IIIè acte . Cette nouvelle leçon m' a paru infiniment supérieure à l'autre ; elle est touchante ; elle est neuve, et en expliquant le système de la religion des Perses, elle est orthodoxe dans toutes les religions du monde .
Je vous avoue que nous avons pleuré, Wagnière et moi, quand La Touche nous récitait ce petit morceau . Le meilleur effet qu'il puisse faire c'est d’écarter toute idée de satire, et de repousser toutes les allusions indiscrètes . Par là M. Marin est bien plus à son aise . Sa bonne volonté ne peut plus être combattue par la crainte de donner prise à la malignité .
Il y a encore un parti à prendre pour prévenir toutes les chicanes, c'est de ne point intituler la pièce Les Guèbres, mais si l'on veut, Les Deux frères, ou Les Deux Officiers, tragédie, dont la plupart des acteurs sont de simples citoyens, dans le goût des tragédies bourgeoises . Voilà comment on pourrait l'annoncer à peu près au théâtre . L'intitulé des Guèbres ressemble trop à celui des Scythes, et pourrait être trop dangereux .
Je vous prie de communiquer aux anges le changement que La Touche a fait en enfer . Il y a encore quelques petits point d'aiguille . La Touche avoue qu'il n' a jamais pu s'empêcher de faire ses pièces en douze ou quinze jours, mais qu'il a mis ensuite beaucoup de temps à les corriger. Je crois que celle-ci peut avoir un grand succès, il ne s'agit que de jouer naturellement et avec onction . Non seulement ce succès serait une chose très plaisante et très amusante pour vous, mais il peut procurer des choses très agréables . Je ne vois plus nulle difficulté à la lire aux comédiens et à la jouer . Je pense qu'il faut que je renvoie les trois premiers actes bien copiés par Bigex dont on ne connaît point l'écriture . À l’égard des deux derniers, je pense qu'il n'y a plus rien à faire .
Voilà tout ce que je peux vous dire aujourd’hui sur cette facétie dont peut-être on peut tirer un grand parti .
Voici un petit billet pour les deux enfants 2. Mme de Florian est-elle arrivée ?
Je vous embrasse le plus tendrement du monde.
Changements pour le IIIè acte.
Scène 4è
après ces vers
Cesene
Va, dans ce jour de sang je juge que nous sommes
Les plus infortunés de la race des hommes,
( ôtez tout ce qui suit et mettez ainsi )
Cesene
Va, dans ce jour de sang je juge que nous sommes
Les plus infortunés de la race des hommes. –
Va fille trop fatale à ma triste maison,
Objet de tant d'horreurs, de tant de trahison ;
Je ne me repens point de t'avoir protégée.
Le traître expirera : mais mon âme affligée
N 'en est pas moins sensible à ton cruel destin.
Me pleurs coulent sur toi, mais ils coulent en vain ;
Tu mourras : aux tyrans rien en peut te soustraire ;
Mais je te pleure encore en punissant ton frère .
( aux soldats )
Allons auprès du mien : donnons-lui nos secours
Et sauvons s'il se peut ses déplorables jours .
Scène 5è
Arzame seule
Il va frapper Arzame ; il me plaint, il me pleure !
Mon frère va mourir, il faut bien que je meure
Ou par l'arrêt sanglant de mes persécuteurs
Ou par mes propres mains, ou par tant de douleurs . –
Ô mort ! Ô destinée ! Ô Dieu de la lumière,
Créateur incréé de la nature entière,
Être immense et parfait, seul être de bonté,
Pourquoi tant d’injustice et de calamité ?
Quel pouvoir exécrable infecta ton ouvrage ?
La nature est ta fille et l'homme est ton image.
Arimane a-t-il pu défigurer ses traits
Et créer le malheur ainsi que les forfaits ?
Est-il ton ennemi ? Que ta puissance affreuse
Arrache donc la vie à cette malheureuse.
J'espère encore en toi ; j'espère que la mort
Ne pourra malgré lui détruire tout mon sort .
Oui, je naquis pour toi puisque tu m'as fait naître ;
Mon cœur me l'a trop dit, je n'ai point d'autre maître .
Cet être malfaisant qui corrompt ta loi
Ne m'empêchera pas d'aspirer jusqu'à toi.
Par lui persécutée, avec toi réunie,
J'oublierai dans ton sein les horreurs de ma vie.
Il en est une heureuse et je veux y courir ;
C'est pour vivre avec toi que tu me fais mourir. »
1 Lettre du 16 décembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/20/je-ne-songe-a-present-qu-a-rebatir.html
2 Cette lettre aux Dupuits n'est pas connue .
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22/06/2024
on ne verra que des rats et des araignées dans le creux de sa tête
... Jean-Luc Mélenchon, on parle de toi ! Mais sans doute n'es-tu plus en capacité de comprendre quoi que ce soit depuis tes déculottées présidentiables , tu brailles, tu brailles, tu es définitivement dangereusement ridicule . Le malheur est que tu n'es pas le seul .

https://www.leplacide.com/dessin-de-presse/dessin-de-presse.php?dateplus=2024-06-11
« A Charles Bordes
Je ne vous ai point envoyé les Siècles, mon cher ami, parce qu'ils sont pleins de fautes typographiques, et qu'on y fait des cartons . Celle que vous avez remarquée est la bévue la plus énorme qu'on puisse jamais faire . J'avais envoyé une addition pour la paix d'Aix-la-Chapelle, et on l'a insérée dans le livre pour la paix dernière . Ce qu'il y a de triste c'est que Cramer a envoyé tous les ballots à Paris et dans les provinces, et que les libraires ne se donnent guère la peine de mettre les cartons . Pourvu qu'ils vendent, ils sont contents . Mon sort est d'être ridiculement imprimé .
J'ai été fort content du fils d'Hébert . Il est très aimable et paraît fort au-dessus de son âge et de sa profession .
Que dites-vous de Catau, qui se fait inoculer sans que personne en sache rien, et qui va se mettre à la tête de son armée ?1 Je souhaite passionnément qu’elle détrône Moustapha. Je voudrais avoir assez de force pour l’aller trouver à Constantinople ; mais je suis plus près d’aller trouver Pierre III, quoique je ne sois pas si ivrogne que lui.
Portez-vous bien, mon cher vrai philosophe, et cultivez tout doucement la vigne du Seigneur tant que vous pourrez .
Avez-vous lu la Riforma d’Italia 2 ? Il n’y a guère d’ouvrage plus fort et plus hardi ; il fait trembler tous les prêtres, et inspire du courage aux laïques. L’idole de Sérapis tombe en pièces : on ne verra que des rats et des araignées dans le creux de sa tête. Il se peut très bien faire que les Italiens nous devancent, car vous savez que les Welches arrivent toujours les derniers en tout, excepté en falbalas et en pompons.
Je vous embrasse philosophiquement et tendrement .
17è décembre 1768.3 »
1 Ces nouvelles ont été anoncées à V* par Schouvalov, dans une lettre du 6 octobre 1768.
2 Sur cet ouvrage de ¨Pilati di Tassulo, voir lettre du 3 octobre 1768 à Hennin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/21/qu-on-laisse-faire-les-italiens-ils-iront-a-bride-abattue-6495118.html
3 Original ; voir lettre du 16 septembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/03/on-ne-fait-pas-toujours-tout-ce-dont-on-serait-capable-6492490.html
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21/06/2024
Je ne songe à présent qu'à rebâtir
... Louable intention mister Président, encore faut-il avoir plans, matériaux et ouvriers . Les avez-vous ?
Il est vrai que deux lignes de votre programme sont infiniment plus raisonnables que les éructations de l'opposition, mais pour des Français forts en gueule, amateurs de Cyril Hanouna (c'est dire leur goût pour la barbarie ), tout ce qui est  raisonnable est banni . Le retour de bâton va leur faire drôle , surtout qu'il va frapper de gauche et de droite . Y aura-t-il un service d'urgence pour soigner les fracassés ?  Les futurs élus relativement majoritaires vont faire comme les punaises de lit , ponctionner leurs électeurs : parasites ! 
« A Marie-Louise Denis
16è décembre 1768
Vous trouverez dans ce petit papier, ma chère nièce, la réponse à la lettre apportée par Fabry 1.
Dieu soit béni de ce que vous êtes à Paris dans un temps où sans vous cette pièce 2 ne pourrait jamais être jouée . Il est important qu'elle le soit pour des raisons que vous pouvez aisément deviner . C'est une chose très sérieuse . Et Le Duc de Bénévent sera pour vos menus plaisirs .
L'abominable épreuve par laquelle a passé Damilaville serait bien plus capable de tuer un vivant que de faire revivre un mort .
La personne dont vous me parlez me paraît mieux sifflée que les actrices de la comédie, et doit mieux jouer son rôle .
La Borde compte donner son opéra de Pandore pour le mariage de monsieur le Dauphin 3.
Si le premier gentilhomme de la chambre ne demande pas un autre spectacle, ce sera ma destinée d'ennuyer tous les dauphins l'un après l'autre . Engagez vite les anges à demander à M. le duc de Duras sa parole pour Pandore.
Vous voilà chargée de trois plaisirs. Ma vie n'est pas si brillante ; je mène précisément celle d'un chartreux . J'ai barricadé la porte du vestibule . On n'entre plus que par les souterrains . Je me fais lire à table, je mange très peu et je travaille beaucoup . Je ne suis pas heureusement dans l'état du pauvre syndic Pictet, quoique j'aie son âge ; mais si j'étais à sa place je l'imiterais . Il a été approuvé de tout le monde . Le esprits s'éclairent de plus en plus dans toute l'Europe . J'en reçois tous les jours des témoignages incontestables .
Vous aurez Empereurs et Marseillais . J'achèterai A.B.C. pour vous l’envoyer . Vous sentez bien qu'A.B.C. ne peut être de moi . Comment d'ailleurs aurais-je pu faire tant de choses différentes à la fois ? Je ne songe à présent qu'à rebâtir votre Châtelard , c'est mon seul alphabet .
On dit que deux fermiers généraux 4 ont fait banqueroute et que Marchant est en place 5 . S'il fait banqueroute aussi, il ne sera plaint de personne . Votre neveu est dans un vilain tripot ; mais s'il cherchait à éclairer les jeunes gens, on pourrait à la fin le détripoter . Le corps des maîtres des requêtes est un peu mieux composé .
Le frère de Mme de Sauvigny 6 est venu chez moi . J'ai été obligé de lui prêter de l'argent . Je n'y conçois rien ; il était né pour avoir cinquante mille écus de rente . La voix publique est pour lui dans le pays où il est . Croiriez-vous bien qu'il a fait des vers très jolis qu'on a fait graver sur le frontispice d'un hôtel de ville ? Il y a d'étranges malheurs et d'étranges aventures dans ce monde .
Nous verrons comment ma Catau se tirera d'affaire avec Moustapha . J'ai très bonne opinion de la fortune de ma Catau, et la fortune fait tout .
Je vous embrasse avec la tendresse la plus vive et la plus inaltérable . »
1 Le 23 décembre 1768, Dupan écrit à Mme de Freudenreich : « Fabry de Gex, qui était allé à Paris recevoir le cordon de Saint-Michel et les ordres de M. de Choiseul, était de retour […]. »
2 Les Guèbres .
3 Le dauphin ne se mariera que le 16 mai 1770 .
4 Virli et Roussel .
5 Marchant de Varennes , un neveu de V* ( « à la mode de Bretagne » ), qui accède au corps des fermiers généraux .Voir : note 142 de la page 168 : https://books.openedition.org/igpde/4495?lang=fr#bodyftn142
6 Joseph-Marie Durey de Morsan ; voir lettre du 18 janvier 1768 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/08/23/il-n-a-assiste-aux-grandes-assemblees-de-la-nation-que-sous-6457840.html
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20/06/2024
L’ouvrage sera infailliblement décrié, je serai obligé de me justifier dans tous les journaux
...Comme vous dites, par exemple , monsieur Président, pour votre sortie abracabrantesque à propos des surcharges de travail des mairies recevant par wagons les demandeurs de changement de sexe ! Résultat probable : wagons d'électeurs votant contre vous et nous mettant sous la coupe d'opposants aux projets irréalistes . Bel ouvrage, non ? De quoi être fier ?
« A Gabriel Cramer
15è décembre [1768] 1
C'est une chose bien cruelle que Chirol ait négligé de mettre le carton du quatrième volume ; carton nécessaire pour réformer l'énorme bévue du compositeur qui a placé à la dernière paix une addition qu’on lui avait envoyée pour la paix de 1741 . On m'en fait des reproches de Lyon.
Voilà ce que c'est encore une fois que d'avoir toujours négligé de m'envoyer les dernières épreuves . L’ouvrage sera infailliblement décrié, je serai obligé de me justifier dans tous les journaux . Je ne saurais exprimer à monsieur Cramer combien ce contretemps et celui des Mélanges m'a affligé . Je n'embrasse pas monsieur Caro moins tendrement . »
1 Cette lettre est relative à l'édition octavo, 1768, du Siècle de Louis XIV.
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