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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Il est juste, Monsieur, que je prenne les intérêts des pauvres habitants de ferney

... S'il est des hommes de bonne volonté, Voltaire en est un des plus remarquables et  ceux qui médisent de lui sont de tristes ânes .

 

Lettre autographe de la main de Jean-Louis Wagnière , cédée par le baron G. Girod de l'Ain (Paris) au Centre des Monuments Nationaux, se trouvant désormais au château de Voltaire à Ferney-Voltaire .

 

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« Ferney 3è janvier 1759

De la main de Wagnière Secrétaire de Voltaire .

Adressée à Mr Fabry.

 

Il est juste, Monsieur, que je prenne les intérêts des pauvres

habitants de ferney, quoique je ne sois pas encor leur seigneur n’ayant

pû signer jusqu’à présent le contract avec Monsieur Du Boisy .

 

Monsieur l’Intendant de Bourgogne 1, Monsieur le Président de

Brosses, et quelques autres magistrats, m’ont fait l’honneur de

me mander qu’ils feraient tout ce qui dépendrait d’eux pour

adoucir la vexation qu’éprouvent ces pauvres gens ; le sieur Nicot

procureur à gex mande aux communiers de fernex que le curé de Moëns leur persécuteur, est venu le trouver pour leur dire qu’il

les poursuivrait à toute outrance, ce sont ses propres mots, et j’ai la

lettre . je vous supplie, monsieur, d’en avertir monsieur l’Intendant qui

est le père des communautés ; vous partagez ses fonctions et ses

sentiments. Il est bon de lui représenter : 1° qu’il est bien

étrange qu’un curé ait fait à des pauvres pour 1500£ de frais

pour une rente de trente livres. 2° que les communiers de ferney

à ayant plaidé sous le nom de pauvres, tels qu’ils le sont, peuvent

être en droit d’agir, in forma pauperum 2 décembre , selon les lois romaines, reconnües en Bourgogne. 3° que le curé de Moëns ayant fait le voïage de Dijon et de Mâcon, pour d’autres procès dont il s’est

chargé encore ; il n’est pas juste qu’il ait compté dans les frais

aux pauvres de ferney, tous les voïages qu’il a entrepris pour faire

d’autres malheureux.

Si vous voulez bien, Monsieur, donner ces informations à

Monsieur l’Intendant, comme je vous en supplie, faites moi

la grâce de les accompagner de la protestation de ma reconnaissance 3 et de mon attachement pour lui.

Je profite de cette occasion pour vous parler d’une

autre affaire . un genevois, nommé Mons.r Mallet, vassal de ferney, a gaté tout le grand chemin dans la longueur d’environ quatre cent toises,

au moins, en faisant bâtir sa maison, et n’a point fait

rétablir ce chemin, il est devenu de jour en jour plus

impraticable. Ne jugez vous pas qu’il doit contribuer au moins

contribuer 4 une part considérable à cette réparation nécessaire ;

le reste de cette petite route étant continuellement sous les eaux

et la communication étant souvent interrompüe , n’est il pas de

l’intérêt de mes paÿsans qu’ils travaillent à leur propre

chemin . je suis d’autant plus en droit de le demander, que

je leur fais gagner à tous depuis deux mois plus d’argent

qu’ils n’en gagnaient auparavant dans une année ? ne dois-je pas

presenter requête à Monsieur l’Intendant pour cet objet de

police ? je me chargerai, si on ordonne des corvées de donner

aux travailleurs un petit salaire.

Je vous repête, Monsieur, que je me charge de tous ces soins,

quoi que la terre de ferney ne m’appartienne pas encore ; je n’ai

qu’une promesse de vente, et une autorisation de toute la famille

de monsieur de Budé, pour faire dans cette terre tout ce que

je jugerai à propos ;

Ce que le conseil de Monseigneur le Comte de la Marche exige

de moi est cause de long retardement de la signature du

contract ; il faut que je spécifie les domaines relevant

de gex et d’autres seigneurs ; je n’ai point d’aveu et

dénombrement, fernex aïant été longtemps dans la maison de

Budé, sans qu’on ait été obligé d’en faire.

Je crois avoir déjà eu l’honneur de vous mander que plusieurs

seigneurs voisins prétendent des droits de mouvance qui ne sont

pas éclaircis ; Genève, l’abbé de Prévesin, la Dame de la Batie,5 le

seigneur de feuillasse 6, les Jésuites même, à ce qu’on dit,

prétendent des lods et ventes ; et probablement leurs

prétentions sont préjudiciables aux droits de Monseig.r le Comte

de la Marche qui sont les vôtres . j’ai lieu de croire que vous

pouvez m’aider, Monsieur, dans les recherches pénibles que je

suis obligé de faire ; vos lumières et vos bontés accelereront

la fin d’une affaire que j’ai d’autant plus à cœur qu’elle vous

regarde.

Si vos occupations vous dérobent le temps de rendre compte de

ma lettre à Monsieur l’Intendant, vous pouvez la lui

envoïer.

J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous

dois

 Monsieur

 Votre très humble et très obéis.t

 Serviteur Voltaire »

1Jean-François Joly de Fleury : l'intendant du Pays de l’État de Bourgogne, incluant Gex . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Joly_de_Fleury

3« de ma reconnaissance » : ajout de la main de Voltaire au dessus de la ligne .

4 V* perpétue l'usage du XVIIè siècle en utilisant contribuer à la forme active .

5 Françoise Turrettini, dame de la Batie-Beauregard, veuve du baron David de Vasserot ; voir page 482 :

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22/01/2014 | Lien permanent

Consolons-nous, mon cher frère, dans l’amour de la raison et de la vertu . Comptez que l’une et l’autre font de grands p

... Honneur à vous Desmond Tutu .

https://fr.wikipedia.org/wiki/Desmond_Tutu

Desmond Tutu hospitalisé

A l'écoute des opprimés

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

19 septembre 1766

Tout ce qui est à Ferney, mon cher frère, doit vous être très-obligé de la lettre pathétique et convaincante que vous nous avez envoyée 1 Nous pensons tous qu’il n’y a d’autre parti à prendre, après une pareille lettre, que de demander pardon à celui qui l’a écrite. Mais j’avais proposé aux juges de Calas de s’immortaliser en demandant pardon aux Calas, la bourse à la main , ils ne l’ont pas fait.

Je vous ai déjà parlé de la bonté de M. le duc de Choiseul, et de la noblesse de son âme : je vous ai dit avec quel zèle il daigne demander M. Chardon pour rapporteur des Sirven ; il sera notre juge comme il l’a été des Calas . Soyez très sûr qu’il met sa gloire à être juste et bienfaisant.

Votre attestation, mon cher frère, celle de M. Marin, celle de M. Deodati, me sont d’une nécessité absolue. M. le prince de Soubise a un bibliothécaire qui ramasse toutes les pièces curieuses imprimées en Hollande . Ce malheureux recueil de mes prétendues lettres sera sans doute dans sa bibliothèque, s’il n’y est déjà. M. le prince de Soubise le verra, et l’a peut-être vu : un homme de cet état n’a pas le temps d’examiner, de confronter ; il verra les justes éloges que je lui ai donnés tournés en infâmes satires ; il se sentira 2 outragé, et le contre-coup en retombera infailliblement sur moi. Ce n’est point Blin de Sainmore qui est l’éditeur de ce libelle ; c’est certainement celui qui a fait imprimer mes lettres secrètes . Les trois lettres sur le gouvernement en général, imprimées au devant du recueil, sont d’un style dur, cynique, et plus insolent que vigoureux, affecté depuis peu par de petits imitateurs. Ce n’est point là le style de Blin de Sainmore. On a accusé Robinet 3 ; je ne l’accuse ni ne l’accuserai : je me contenterai de réprimer la calomnie dans les journaux étrangers. Cette démarche est d’autant plus nécessaire que le livre est répandu partout, hors à Paris. Il est heureux du moins de pouvoir détruire si aisément la calomnie.

Les protestants se plaignent beaucoup de notre ami M. de Beaumont 4, qui réclame en sa faveur les lois rigoureuses sur les protestants, contre lesquelles il semble s’être élevé dans l’affaire des Calas. J’aurais voulu qu’il eût insisté davantage sur la lésion dont il se plaint justement, et qu’il eût fait sentir adroitement combien il en coûtait à son cœur d’invoquer des lois si cruelles. J’ai peur que son factum pour lui-même ne nuise à son factum pour les Sirven, et ne refroidisse beaucoup ; mais enfin tout mon désir est qu’il réussisse dans les deux affaires auxquelles je prends un égal intérêt.

Je ne sais comment vous êtes avec Thieriot ; je ne sais où il demeure ; je crois qu’il passe sa vie, comme moi, à être malade et à faire des remèdes ; cela le rend un peu inégal dans les devoirs de l’amitié ; mais il faut user d’indulgence envers les faibles. Je vous prie de lui faire passer ce petit billet 5.

Vous aurez incessamment quelque chose ; mais vous savez combien il est dangereux d’envoyer par les postes étrangères des brochures de Hollande. Nous recevons des livres de France, mais nous n’en envoyons pas. Tous les paquets qui contiennent des imprimés étrangers sont saisis, et vous savez qu’on fait très bien, attendu l’extrême impertinence des presses bataves.

J’ai chez moi M. de La Borde, qui met Pandore en musique . Je suis étonné de son talent. Nous nous attendions, Mme Denis et moi, à de la musique de cour 6, et nous avons trouvé des morceaux dignes de Rameau. Tout cela n’empêche pas que je n’aie Belleval et Broutet 7 extrêmement sur le cœur. Consolons-nous, mon cher frère, dans l’amour de la raison et de la vertu . Comptez que l’une et l’autre font de grands progrès. Saluez, de ma part, nos frères Barnabé, Thaddée, et Timothée. »

2 La copie Beaumarchais et toutes les éditions mettent trouvera .

6 J.-B. de La Borde était valet de chambre du roi.

7 L’un dénonciateur, l’autre juge du chevalier de La Barre ; voir https://fr.wikisource.org/wiki/Relation_de_la_mort_du_chevalier_de_La_Barre

et la lettre du 9 septembre 1766 de d'Alembert : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6494

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26/12/2021 | Lien permanent

Vous étiez autrefois des singes qui gambadiez . Vous voulez être à présent des bœufs qui ruminent ; cela ne vous va pas

... Vous étiez jeunes et beaux, idéalistes et enthousiastes et voilà-t-il pas que vous rêvez d'être chargés d'un joug et menés à l'aiguillon .

Tout simplement, -autrement dit,- vous vous engagiez dans un parti quel qu'il fût, et vous vous vous retrouvez homo politicus avide de pouvoir et sans couilles (même vous mesdames ) suivant un dirigeant aussi boeuf (beauf') que vous ; le meneur n'étant que celui qui beugle le plus fort et le plus souvent . Votre destin est bien de finir à la casserole , en pâtée pour chiens, le temps des grimaces ne peut s'éterniser avec les mêmes guignols . D'autres attendent leur tour avec impatience, ils apprendront assez vite à ne plus tourner la tête, décervelés qu'ils sont !...

...  "Ein Reich! Ein Volk ! Ein Führer !" zum beispiel .

 

Boeuf + Singe = Compatible et stable

 Selon l'astrologie chinoise, ces deux bestiaux faits pour s'entendre, et plus si affinité .

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

Aux Délices le 10 mars 1759

J'ai reçu par le Savoyard voyageur, mon ancien ami, votre lettre, vos brochures très crottées et la lettre de Mme Belot . Je vais lire ces œuvres et je vous prie de me mander son adresse, car selon l'usage des personnes de génie , elle n'a daté en aucune façon ; et je ne sais ni quelle année elle m'a écrit ni où elle demeure 1. Pour vous, je soupçonne que vous êtes encore dans la rue Saint-Honoré . Vous changez d'hospice aussi souvent que les ministres de place . Mme de Fontaine vous reviendra incessamment ; elle est chargée de vous rembourser les petites avances que vous avez bien voulu faire pour m'orner l'esprit .

J'ai lu Candide ; cela m'amuse plus que l'Histoire des Huns 2, et que toutes vos pesantes dissertations sur le commerce et sur la finance . Deux jeunes gens de Paris m'ont mandé qu'ils ressemblent à Candide comme deux gouttes d'eau . Moi, j'ai assez l'air de ressembler ici au seigneur Pococurante 3; mais Dieu me garde d'avoir la moindre part à cet ouvrage . Je ne doute pas que M. Joly de Fleury ne prouve éloquemment à toutes les chambres assemblées que c'est un livre contre les mœurs , les lois et la religion . Franchement, il vaut mieux être dans le pays des Oreillons 4 que dans votre bonne ville de Paris . Vous étiez autrefois des singes qui gambadiez . Vous voulez être à présent des bœufs qui ruminent ; cela ne vous va pas .

Croyez-moi, mon ancien ami, venez me voir : je n'ai de bœufs qu'à mes charrues .

Si quid novi, scribe, et cum otiosus eris, veni, et vale 5.

V. »

1 Dans sa lettre du 23 février 1759, Thieriot annonçait ce paquet : « Un laquais de Mme la comtesse de Montmorency s'en retourne chez lui et passe par tous vos territoires qu'il connait et qu'il a habités . Il a voulu se charger d'un paquet qui m'a été remis avec une lettre par Mme Belot dont les ouvrages me semblent dignes de votre approbation […] Il y a plusieurs années qu'elle vit avec M . le chevalier d'Arcques qui l'a mis dans le goût d'étudier et d'écrire , et il me paraît que l'écolière a surpassé son maître. »

Les livres contenus dans le paquet étaient Réflexions d'une provinciale sur le discours de M. Rousseau, citoyen de Genève, touchant l'origine de l'inégalité des conditions parmi les hommes, 1756 [http://books.google.fr/books?id=7cgGAAAAcAAJ&pg=PA1&lpg=PA1&dq=R%C3%A9flexions+d%27une+provinciale+sur+le+discours+de+M.+Rousseau,+citoyen+de+Gen%C3%A8ve,+touchant+l%27origine+de+l%27in%C3%A9galit%C3%A9+des+conditions+parmi+les+hommes&source=bl&ots=1gRXZTTJ9Q&sig=HsvmXommd0DHDKqpeg3LERyJzg4&hl=fr&sa=X&ei=d9dLU4LXO4mV0QXSuYGwBg&ved=0CDAQ6AEwAA#v=onepage&q=R%C3%A9flexions%20d%27une%20provinciale%20sur%20le%20discours%20de%20M.%20Rousseau%2C%20citoyen%20de%20Gen%C3%A8ve%2C%20touchant%20l%27origine%20de%20l%27in%C3%A9galit%C3%A9%20des%20conditions%20parmi%20les%20hommes&f=false] ; et Mélanges de littérature anglaise traduits par Mme B**** [Belot], 1759.

Mme Belot, voir page 87 : http://books.google.fr/books?id=OIgPFMf_LMsC&pg=PA87&lpg=PA87&dq=madame+belot&source=bl&ots=PtGxvDWHys&sig=sRIfFG6fSzNCopVnrd5lxneWbdw&hl=fr&sa=X&ei=L9hLU5PSHeyX0QXS-ICoCQ&ved=0CF8Q6AEwBw#v=onepage&q=madame%20belot&f=false

et : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journalis...

5 S'il y a du nouveau, écris-le moi, et quand tu auras des loisirs, viens et porte-toi bien .

 

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14/04/2014 | Lien permanent

Il y a des choses qu'on ne peut pas dire à présent . Le public juge de tout à tort et à travers ; laissez faire, tout vi

 

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 Alors, nous irons les voir !

 

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Voyez ce qu'un président, de droite,- il me semble,- agité et agitateur, peut dire 39 ans après un candidat  maître de ses nerfs et menteur habile .

 

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 Attention ! comme le dit Volti, nous nous ameuterons, car j'ose l'espérer, "les honnêtes gens l'emportent à la longue " . Mais en attendant, combien de nantis velléitaires et fourbes vont encore profiter de la manne que le peuple, à chaque vote, leur octroie en pensant bien faire ?

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

19 juin 1769

 

Mes divins anges sauront que j'ai envoyé quatre exemplaires des Guèbres à M. Marin, l'un pour vous, le second pour lui, le troisième pour l'impression, le quatrième pour Mme Denis.

 

Je ne suis pas à présent en état d'en juger parce que je suis assez malade ; mais autant qu'il peut m'en souvenir cet ouvrage me paraissait fort honnête et fort utile il y a quelques jours, dans le temps que je souffrais un peu moins . Il en sera tout ce qu'il plaira à Dieu et à la barbarie dans laquelle nous sommes actuellement plongés .

 

Et bien ! mon cher ange, nous n'avons donc vécu que pour voir anéantir la scène française qui faisait vos délices et ma passion . Je ne m'attendais pas que le théâtre de Paris mourrait avant moi . Il faut se soumettre à sa destinée . Je suis né quand Racine vivait encore, et je finis mes jours dans le temps du Siège de Calais 1, et dans le triomphe de l'opéra-comique . Un peu de philosophie consolait notre malheureux siècle de sa décadence ; mais comme on traite la philosophie, et comme elle est écrasée par la superstition tyrannique ! Les Guèbres me paraissent faits pour soutenir un peu la philosophie et le bon goût ; mais voila qu'un pédant du Châtelet 2 s'oppose à l'un et à l'autre, et on ne sait à qui s'adresser contre ce barbare . Je m'en remets à vous . Nous n'avons contre les Goths et les Vandales que la voix des honnêtes gens . Vous les ameuterez ; les honnêtes gens l'emportent à la longue .

 

Celui qui a imprimé Les Guèbres dans mon pays sauvage ne sachant pas de qui était cette tragédie, me l'a dédiée. Il a cru cette dédicace nécessaire pour recommander la pièce et la faire vendre dans les pays étrangers où l'on ne juge que sur parole . J'ai soigneusement retranché cette dédicace qui serait aussi mal reçue à Paris qu'elle est bien accueillie ailleurs 3.

 

On a supprimé aussi le titre de La Tolérance dont le nom effarouche plus d'une oreille dans votre pays . Cette tragédie est imprimée chez l'étranger sous ce titre de Tolérance . C'est un nom devenu respectable et sacré dans les trois quarts de l'Europe ; mais il est encore en horreur chez les misérables dévots de la contrée des Welches . Trémoussez-vous, mes chers anges, pour écraser habilement le monstre du fanatisme . Comptez que vous donnerez un rude coup en donnant aux Guèbres quelque accès dans le monde . Vous me direz peut-être que ce fanatisme triomphe d'une certaine cérémonie, qu'un certain ennemi des coquins a faite il y a quelques mois 4, mais cette cérémonie servira un jour à mieux manifester la turpitude de ce monstre infernal . Il y a des choses qu'on ne peut pas dire à présent . Le public juge de tout à tort et à travers ; laissez faire, tout viendra en son temps.

 

Je me mets à l'ombre de vos ailes . »

 

 

2 François Moreau, procureur du roi au Châtelet .

3 La première édition des Guèbres est dédiée à V* par « Gabriel Grasset et associés » .

http://www.voltaire-integral.com/Html/06/07GUEBRE.htm...

Le 23 mai, V* écrit : « Ce qu'on me dit dans la dédicace était d'une nécessité abasolue dans la situation où je me trouve . Cette édition sera pour les pays étrangers et pour quelques provinces méridionales de France . L'édition de Paris sera pour Paris . » Voir page 291 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80039n/f296.image.r...

4 Allusion à la communion de V* pour Pâques, accompagnée d'une profession de foi qui a aussi sucité une querelle nouvelle avec l'évêque Biord ; voir lettre du 24 mai à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/05/24/o...

 

 

 

 

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18/06/2011 | Lien permanent

il est à croire encore que s'il réfléchit sur son procédé il en aura quelque regret

 

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Et ma préférée :  Regrets d'une punaise (de sacristie, bien évidemment ! )   :  http://www.deezer.com/listen-229860

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http://www.france24.com/fr/20090320-internet-site-web-inf...

Qui va prier pour Dirty Silly Keutard ?

 

 

 

 

« A Charles-Georges Leroy 1

 

20 mai 1772

 

Dans les Questions sur l'Encyclopédie dont il y a quatre éditions on trouve ces mots à l'article Homme, tome 7, page 91 :

Pour connaître l'homme qu'on appelle moral il faut lire l'article de M. Leroy .

 

On trouve page 95, même tome, même article 2:

Il est un peu extraordinaire qu'on ait harcelé, honni, levraudé un philosophe de nos jours très estimable pour avoir dit que si les hommes n'avaient pas de mains ils n'auraient pu bâtir des maisons et travailler en tapisserie 3.

 

Dans quatre ou cinq endroits l'auteur a pris très vivement le parti de M. Helvétius 4, et il a été le seul qui ait eu le courage de condamner la persécution qu'il essuya 5. Le même auteur a fait plus d'une fois l'éloge de M. Leroy .

 

Pour récompense M. Leroy fait un libelle contre lui 6 et l'accuse d'être flatteur des gens en place et ingrat envers son bienfaiteur 7. Cependant celui que M. Leroy outrage si cruellement est le seul qui ait donné des marques publiques de sa reconnaissance inviolable pour le seigneur généreux 8 dont M. Leroy entend parler . Il est à croire que si M. Leroy avait été mieux informé il n'aurait point fait cet outrage à un homme dont il n'avait qu'à se louer ; et il est à croire encore que s'il réfléchit sur son procédé il en aura quelque regret . »


2 V* supprimera ces références à Leroy dans les éditions suivantes des Questions . Voir page 373 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113355/f376.tableDesMatieres

3 Citation exacte .

4 Dans l'article « Homme » 1771, et les articles « pourquoi » et « Quisquis » de 1772 des Questions sur l'encyclopédie, V* condamne les persécutions dont a été victime Helvétius et dit son estime pour lui , bien que formulant certaines critiques sur son ouvrage De l'esprit, comme le lui reprochait Leroy, dans l'article « homme » et plus encore dans l'article « quisquis ».

Voir page 181 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800160/f187.tableDesMatieres

et page 226 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800160/f232.tableDesMatieres

7 Le duc de Choiseul .

8 V* fait sans doute allusion à son Épître à la duchesse de Choiseul: Benalkadi à Caramouflée et à certains passages de la brochure Les Peuples aux Parlements , voir lettre à Richelieu du 3 juin 1771 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/06/03/s...

Sur l'attitude de V* envers Choiseul disgracié, voir lettres aux d'Argental, Mme du Deffand, de La Ponce, etc. depuis janvier 1771.

 

 

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22/05/2011 | Lien permanent

festival Pan Africain ou l'Afrique (Noire et Blanche ) transparente, invisible ...

C'est aujourd'hui, ce matin, qu'il est fait état d'une broutille, une vétille, une poussière d'évenement, "une chiure de mouche" comme disait mon papa : LE FESTIVAL PAN AFRICAIN, deuxième du nom ; heureux d'apprendre son existence alors qu'il est terminé depuis plus de huit jours .

C'est vrai que le Tour de France est un "spectacle culturel " de renommée mondiale et que le nombril du monde est parisien. Que pèse de son côté le continent africain, patrie des premiers hommes ? Le poids d'une cacahuète salée d'apéritif avec le pastis !

Honte à moi et aux journaleux !

Je n'ose pas croire que c'est parce qu'il avait lieu à Alger qu'il n'a été , en tout cas à mes yeux, connu que d'un monde cultivé réduit ; le grand public est resté sur la touche encore une fois .

Voyez-vous même :

http://images.google.fr/images?hl=fr&q=festival+panaf...

Et comme ce sont des gens qui ont de l'humour, n'en déplaise à certains :

festival pan africain blague.jpg

La théorie de la relativité , -plus on va vite, plus le temps est court-, est encore valable en ce temps de "far niente". Vite distrayons-nous, vite oublions les autres et contemplons ce nombril généreusement offert sur toutes les plages.

Nombrils.jpg

  Lettre du 29 juillet 1775 suit ....

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

           Vous ferez assurément une très  bonne action, mon cher philosophe, d’écrire au roi de P[russe] et de lui donner cent coups d’encensoir,[pour ce qu’il fait pour d’Etallonde et la manière dont il le fait] qui seront cent coups d’étrivières pour les assassins de nos deux jeunes gens. Soyez sûr que l’homme en question sera encouragé par vos éloges ; il les regardera comme des récompenses de la vertu, et il s’efforcera d’être vertueux, surtout quand il ne lui en coûtera rien, ou que du moins il n’en coûtera que très peu de chose ; il mettra sa gloire à réparer les crimes des fanatiques et à faire voir qu’on est plus humain dans le pays des Vandales que dans celui des Welches.

 

 

           Le mémoire de d’Etallonde [d’Etallonde n’envoyait sa requête qu’à Turgot et ne savait pas s’il devait la faire présenter à Maurepas et à Miromesnil] est trop extrajudiciaire pour envoyer à tout le Conseil. D’ailleurs on ne fera jamais rien pour lui en France ; et il peut faire une fortune honnête en Prusse ; il la fera si vous fortifiez le roi son maître dans ses bons desseins ; il est comme Alexandre qui faisait tout pour être loué dans Athènes. Soyez persuadé que ce sera à vous que mon pauvre jeune homme devra son bien être. Je le  ferai partir pour Potsdam dès que vous aurez écrit.

 

 

           Je viens de lire Le Bon sens [du baron d’Holbach : Le Bon Sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles, 1772 ; attribué à V* qui réagira]: il y a plus que du bon sens dans ce livre ; il est terrible. S’il sort de la boutique du Système de la Nature,[la page de titre porte « par l’auteur du Système de la nature »] l’auteur s’est bien perfectionné.[voir réaction de V* au Système de la nature et sa réponse, « respectueuse remontrance à cet éloquent athée » dans le billet à Cramer vers le 5 juin 1770]. Je ne sais si de tels ouvrages conviennent dans le moment présent et s’ils ne donneront pas lieu à nos ennemis de dire : voilà les fruits du nouveau ministère. Je voudrais bien savoir si les assassins du ch[evalie]r de La Barre ont donné quelque arrêt contre le Bon  Sens.

 

 

           Votre bon sens, mon cher ami, tire très habilement son épingle du jeu. Vous avez raison de ne jamais vous compromettre. Il faut aussi que les deux Bertrands prennent toujours pitié des pattes de Raton ; il faut qu’on laisse mourir le vieux Raton en paix. Il y a une chose qu’il préfèrerait à cette paix, ce serait de vous embrasser avant de quitter ce monde.

 

 

           V.

           A Ferney ce 29è juillet 1775. »

 

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29/07/2009 | Lien permanent

Laissez aux parisiens l'opéra-comique et les réquisitoires. La France est au comble de la gloire, il faut lui laisser se

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

premier commis des bureaux du vingtième

Quai Saint-Bernard à Paris

 

 

4 novembre 1763

 

Mon cher frère, et mes chers frères ; vous avez bien raison de dire que les peuples du Nord l'emportent aujourd'hui sur ceux du Midi ; ils nous battent, et ils nous instruisent. M. d'Alembert se trouve dans une position qui me parait embarrassante. Le voilà entre l'impératrice de Russie et le roi de Prusse i, et je le défie de me dire qui a le plus d'esprit des deux. Jean-Jacques dans je ne sais quel de ses ouvrages ii, avait dit que la Russie redeviendrait bientôt esclave, malheureuse, et barbare. L'impératrice l'a su, elle me fait l'honneur de me mander que tant qu'elle vivra elle donnera très impoliment un démenti à Jean-Jacques iii. Ne trouvez-vous pas comme moi cet impoliment fort joli ? Sa lettre est charmante, je ne doute pas qu'ellle n'en écrive à M. d'Alembert de plus spirituelles encore, attendu qu'elle sait très bien se proportionner.

 

Gardez-vous bien, je vous en supplie, de solliciter Mlle Clairon pour faire jouer Olympie iv. C'est assez qu' on la joue dans toute l'Europe, et qu'on la traduise dans plusieurs langues. On vient de la représenter à Amsterdam et à La Haye avec un succès semblable à celui de Mérope. On va la jouer à Pétersbourg. Laissez aux parisiens l'opéra-comique et les réquisitoires. La France est au comble de la gloire, il faut lui laisser ses lauriers : le mandement du digne frère de Pompignan m'a paru un ouvrage digne du siècle v. On m'a montré pourtant une petite réponse d'un évêque son confrère vi, il me parait que ce confrère n'entre pas assez dans les détails, apparemment qu'il les a respectés, et que l'évêque du Puy s'étant retiré dans le sanctuaire, on n'a pas voulu l'y souffleter.

 

Mes chers frères

écr[asez] l'Inf[âme]. »

 

i D'Alembert s'est vu offrir le poste de président de l'Académie de Berlin et vient de revenir récemment ; Catherine II lui avait offert de devenir précepteur de son fils et avait proposé de faire imprimer l'Encyclopédie en Russie.

 

ii Dans Le Contrat social.

Chapître II, 8 : Du peuple. « L’empire de Russie voudra subjuguer l’Europe, et sera subjugué lui-même. Les Tartares, ses sujets ou ses voisins, deviendront ses maîtres et les nôtres, cette révolution me paraît infaillible. Tous les rois de l’Europe travaillent de concert à l’accélérer. »

 

iii Ce qu'elle écrit exactement dans sa lettre de septembre 1763.

Lettre 1 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-34382830.html

 

 

iv Mme Denis s'en chargera . Dans le Registre de Répertoire et de Lecture de la Comédie française, le 12 décembre : « Une lettre de Mlle Clairon à Monsr Lekain nous apprend que Mme Denis lui fait part ... du désir intérieur qu'elle a pénétré en monsieur de Voltaire que la Comédie française se disposât à jouer Olympie » ; ce après quoi les Comédiens écrivirent à V* pour lui demander l'honneur d'avoir à jouer la tragédie.

 

v Le 8 octobre, D'Alembert parle de cette « grosse instruction pastorale contre (eux)tous » et qu'il sent insultante particulièrement pour lui ; cf. lettre du 15 décembre.Il s'agit de l'Instruction pastorale sur la prétendue philosophie des incrédules modernes, 1763 , de Georges Lefranc de Pompignan.

http://books.google.be/books?id=FtNPR0mHu8AC&printsec...

 

vi L'instruction pastorale de l'humble évêque d'Alétopolis à l'occasion de l'instruction pastorale de Jean-Georges, humble évêque du Puy, écrite par V*.

http://www.voltaire-integral.com/Html/25/02_Instruction.h...

 

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04/11/2010 | Lien permanent

ayant enfin distillé le peu qui me reste de cerveau pour apaiser les Velches, et pour plaire aux bons Français, j’espère

... A citer , immanquablement, dans les Mémoires d'Emmanuel Macron, textuellement ou peu s'en faut , pour décrire le bordel actuel.

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

22è Avril 1767 1

Je réponds à la lettre du 14, dont mon cher ange m’honore, dans le cabinet d’Elochivis 2, à deux grandes parasanges 3 de Babylone 4. Comme je suis à trois cent mille pas géométriques de votre superbe ville, et que vos Persans m’écrivent toujours des choses contradictoires, je suis très souvent le plus embarrassé de tous les Scythes ; mais je crois mon ange de préférence à tout. Je pense ne pouvoir mieux faire que de lui envoyer la pièce scythe, bien nettement ajustée. Si cet exemplaire ne suffit pas pour sa comédie, il sera aisé d’en faire encore un autre sur ce modèle. Je suis convaincu que tous les prétextes des ennemis leur étant ôtés, ayant sacrifié Il est mort en brave homme 5, qui est pourtant fort naturel ; ayant épargné aux gens malins l’idée de viol, qui pourtant est piquante ; ayant donné la raison la plus valable du mariage d’Obéide, raison prise dans l’amour même d’Obéide pour Athamare, raison touchante, raison tragique, raison même que mes anges ont toujours voulu que j’employasse ; ayant enfin distillé le peu qui me reste de cerveau pour apaiser les Velches, et pour plaire aux bons Français, j’espère que tant de peines ne seront pas perdues.

Ceux qui demandent que le mariage d’Obéide avec Indatire soit nécessaire n’entendent point les intérêts de leurs plaisirs. Cela est bon dans Alzire, cela serait détestable dans les Scythes. Les deux vieillards doivent faire un très grand effet au quatrième acte, s’ils peuvent jouer d’une manière attendrissante, et surtout si les Velches sont capables de faire réflexion que deux bonnes gens de quatre-vingts-ans, sans armes, et consignés à la porte par les gardes d’Athamare, ne peuvent commander une armée, surtout quand l’un des deux vieillards est évanoui. Le malheur de tous vos comédiens, c’est de jouer froidement ; ils n’ont point d’âme, ils n’arrivent jamais qu’à moitié. Je le dirai toujours, jusqu’à ce que je meure, les Scythes bien joués doivent faire un grand effet. Mme de La Harpe fait pleurer quand elle dit : 

Ah, fatal Athamare !

Quel démon t'a conduit dans ce séjour barbare ?

Que t’a fait Obéide ? etc.6 

et Mme Dupuits, qui a une voix touchante, augmente l’attendrissement. Il y a l’infini entre jouer avec art, et jouer avec âme.

Je vous ai soumis, mon cher ange, ma réponse à Mlle Saint-Val ; je n’ai écrit que des politesses vagues à Mlle Dubois ; je ne me suis engagé à rien . Vous savez que je ne ferai que ce que vous voudrez ; mais je vous répète encore qu’il faut reprendre les Scythes après Pâques, malgré la cabale, ou plutôt malgré les cabales, car il y en a quatre contre nous. Il faut que Mlle Durancy fasse pleurer afin que M. le maréchal de Richelieu ne la fasse pas enrager .

On fait une nouvelle édition des Scythes à Genève ; on en fait une en Hollande ; on en va faire une encore à Lyon : cela peut servir de prétexte à Lacombe pour diminuer un peu l’honoraire de Lekain ; mais il n’y perdra rien, il aura toujours ses six cents francs. Puisse-t-il être beau comme le jour, et être un amant charmant quand il viendra, au troisième acte, se jeter aux genoux d’Obéide ! puisse-t-il avoir une voix sonore et touchante ! puissent les confidents n’être pas des buffles ! puisse le seul véritable théâtre de l’Europe n’être pas entièrement sacrifié à l’opéra-comique !

Grâce au ridicule retranchement fait par la police à la première scène du cinquième acte, Sozame ne dit mot, et joue un rôle pitoyable ; je le fais parler de manière que la police n’aura rien à dire.

Je vous remercie tendrement vous et Elochivis . Je suis terriblement vexé si on ne réprime pas l’insolence des commis, je serai obligé d’aller mourir ailleurs.

Couple céleste, couple aimable, vous savez si vous m’êtes chers ! Mais ce que vous ne saurez jamais bien, c’est le bonheur et la félicité suprême que goûte mon cœur, des hommages purs qu’il vous rend chaque jour dans le temple d’hyperdulie. »

1 L'édition Vie privée enchaine à l’avant-dernier paragraphe un passage appartenant à la lettre du 24 janvier 1765 à d'Argental sauf en ce qui concerne les mots que nous plaçons en dernier alinéa, sans pouvoir en garantir l’authenticité : en effet l'original s'arrête en fin de quatrième page sur les mots mourir ailleurs .

Voir version http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/05/correspondance-annee-1767-partie-29.html

2 Anagramme de Choiseul ; voir lettre du 3 janvier 1767 à d'Argental . La fin de la même phrase semble renvoyer à l’atmosphère de La Princesse de Babylone .Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/04/08/j-emporte-aux-enfers-ma-juste-indignation-6375571.html

3 Le mot parasange , d'origine persane, désigne une mesure de longueur équivalant à 5km.

4 Paris .

5 Supprimé dans Act. IV, sc. V. (G.A.)

6 Act. III, sc. IV.

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26/10/2022 | Lien permanent

Il est difficile de guérir de loin, quand on estropie de près

... C'est pourtant ce qu'on fait chaque fois qu'on tente de résoudre des conflits diplomatiquement et qu'on envoie dans le même temps les Casques bleus .

 

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On n'est pas loin de la réalité .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

28 novembre [1762]1

Je vous remercie, mon cher frère, de l’ouvrage odieux que je vous avais demandé 2, et dont j’ai reçu le premier volume. Je ne l’avais parcouru autrefois qu’avec mépris, je ne le lis aujourd’hui qu’avec horreur. Ce scélérat hypocrite 3 appelle, dans sa préface, la tolérance système monstrueux. Je ne connais de monstrueux que le livre de ce misérable, et sa conduite digne de son livre. Notre frère Thieriot l’a vu autrefois maquereau chez Laugeois ; je l’ai vu depuis secrétaire d’un athée, et il a fini par être l’avocat bavard de la superstition. On m’a dit que son détestable livre avait du crédit en Sorbonne ; c’est de quoi je ne suis pas surpris. Je me flatte au moins que ceux de mes frères qui travaillent à éclairer le genre humain, dans l’Encyclopédie, nous donneront des antidotes contre tous les poisons assoupissants que tant de charlatans ne cessent de nous présenter. J’achèverai ma vie dans la douce espérance qu’un jour un de nos dignes frères écrasera l’hydre : c’est le plus grand service qu’il puisse rendre au genre humain ; tous les êtres pensants le béniront.

Continuez, mon cher frère, à égayer la tristesse de votre emploi, et à vous soutenir par la solidité de la philosophie.

Felix qui potuit rerum cognoscere causas !4

Quoique je ne m’intéresse guère aux choses de ce monde, je serais pourtant curieux de savoir ce qu’est devenu le procès criminel du sieur Bigot 5. On disait que le peuple aurait la consolation de voir pendre un intendant ; mais je n’en crois rien. Je demande aussi des nouvelles de l'Irlandais Lalli 6 qui s'avisa, il y a environ dix-huit mois, de faire pendre le fils du premier conseiller de Pondicheri, mon ancien camarade de collège, parce que ce jeune homme ne s’était pas rangé assez tôt devant son éléphant, ou devant son palanquin .

Il me paraît que frère Thieriot a renoncé à la philosophie active. Il a raison de faire grand cas du dîner et du dormir : ce sont deux fort bonnes choses ; mais il faut trouver à son réveil quelques quarts-d’heure pour ses amis.

J’envoie à Esculape-Tronchin le mémoire à consulter ; mais songez que j’ai chez moi un parent de vingt et un ans 7 auquel Esculape fit ouvrir la cuisse il y a deux ans, et qui suppure depuis ce temps-là sans pouvoir se remuer. Il est difficile de guérir de loin, quand on estropie de près. Tronchin est assurément un grand médecin, mais la médecine est souvent bien dangereuse.

Voulez-vous bien faire parvenir ces deux saintes épîtres 8 à nos frères d’Alembert et Saurin ? J’embrasse en Platon, en Diagoras, notre grand frère Diderot. »



1 La copie Beaumarchais-Kehl , suivie des autres éditions, joint au début de cette lettre celle du 10 décembre 1762 : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/05/correspondance-annee-1762-partie-31.html

2 La Vérité de la religion chrétienne prouvée par les faits, de l'abbé d'Houtteville ; voir lettre du 25 octobre 1762 à Damilaville ; http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/09/21/mais-enfin-la-grace-tire-parti-de-tout-5981785.html

4 Heureux qui a pu pénétrer les causes des choses ; Virgile, Georgiques, II, 490 .

5 François Bigot, intendant délégué du Canada, fut, quoique soupçonné de prévarication, nommé intendant en 1748 . En 1760 il fut rappelé , emprisonné en 1761, et condamné à mort en 1763 . sa peine fut commuée en bannissement . Voir Guy Frégault, François Bigot, 1948 .Et voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Bigot

et : http://www.biographi.ca/fr/bio/bigot_francois_1778_4F.html

6 Lally s'était constitué prisonnier le 5 novembre 1761 et commençait à ressentir l'animosité de Choiseul . Il finira décapité, et V* entreprendra sa réhabilitation . Il est curieux de voir que V* se fait ici son accusateur ; on comprend pourquoi l'édition de Kehl a jugé prudent de supprimer toute cette phrase qui manque aussi dans toutes les éditions . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Arthur_de_Lally-Tollendal

et : http://www.romans-patrimoine.com/Pages/Actualites/bibliotheque/lally_tollendal.htm

7 Voir lettre du 7 septembre 1760 à T. Tronchin :

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08/10/2017 | Lien permanent

Plût à Dieu que cette raison pût parvenir jusqu'à faire épargner le sang dont on inonde l'Allemagne ma voisine

... Ce que l'on peut encore souhaiter de nos jours en actualisant et remplaçant Allemagne par Syrie, Congo, Mali et cinquante autres pays où le sang coule pour le profit de quelques sordides meneurs , voleurs, fanatiques religieux, en un mot comme en cent de minables abrutis armés . Je leur souhaite de vivre éternellement dans la peur, celle-là même qu'ils ont fait règner pour arriver au pouvoir . 

 

sang épargné.jpg

 Et pour ne pas rester pessimiste, pourquoi ne pas aller donner un peu de votre sang, aujourd'hui ou un jour proche ? En voilà une idée qu'elle est bonne !!

http://www.dondusang.net/rewrite/nocache/heading/1000/ou-donner-son-sang/rechercher-une-collecte.htm?idRubrique=1000

NB - Ce jour, collecte de sang à Cessy 01170 , venez nombreux

 

 

 

« A M. Nicolas-Claude THIERIOT.

A Monrion, 2 juin [1757].

Je reçois, mon ancien ami, votre très-agréable lettre du 25 de mai dans mon petit ermitage de Monrion, auquel je suis venu dire adieu 1. On joue si bien la comédie à Lausanne, il y a si bonne compagnie, que j'ai fait enfin l'acquisition d'une belle maison 2 au bout de la ville elle a quinze croisées de face, et je verrai de mon lit le beau lac Léman et toute la Savoie, sans compter les Alpes. Me voilà habitant du pays roman jusqu'à ma mort 3. Je retourne demain à mes Délices, qui sont aussi gaies en été que ma maison de Lausanne le sera en hiver. Mme Denis a le talent de meubler des maisons et d'y faire bonne chère, ce qui, joint à ses talents de la musique et de la déclamation, compose une nièce qui fait le bonheur de ma vie. Je ne vous dirai pas
Omitte mirari beatæ
Fumum et opes strepitumque Romae,
( Horace., lib. iii, od. xxii, v. 11-12. ) 4


car vous êtes trop admirator Romae et praestantissimae Montmorenciae. 5
Ne manquez pas, je vous prie, à présenter mes très-sensibles remerciements à Mme la comtesse de Sandwich. Il faut qu'elle sache que j'avais connu ce pauvre amiral Byng à Londres 6, dans sa jeunesse j'imaginais que le témoignage de M. le maréchal de Richelieu en sa faveur pourrait être de quelque poids. Ce témoignage lui a fait honneur, et n'a pu lui sauver la vie. Il a chargé son exécuteur testamentaire de me remercier, et de me dire qu'il mourait mon obligé, et qu'il me priait de présenter à M. de Richelieu, qu'il appelle a generous soldier, ses respects et sa reconnaissance. J'ai reçu aussi un Mémoire justificatif très-ample, qu'il a donné ordre en mourant de me faire parvenir. Il est mort
avec un courage qui achève de couvrir ses ennemis de honte. Si j'osais m'adresser à Mme la duchesse d'Aiguillon 7, je la prierais de venger la mémoire du cardinal de Richelieu du tort qu'on lui fait en lui attribuant le Testament politique 8. Si elle voulait faire taire sa belle imagination, et écouter sa raison, qui est encore plus belle, elle verrait combien ce livre est indigne d'un grand ministre. Qu'elle daigne seulement faire attention à l'état où est aujourd'hui l'Europe qu'elle juge si un homme d'État, qui laisserait un testament politique à son roi, oublierait de lui parler du roi de Prusse, de Marie-Thérèse, et du duc de Hanovre. Voilà pourtant ce qu'on ose imputer au cardinal de Richelieu.
On avait alors la guerre contre l'empereur, et l'armée du duc de Weimar était l'objet le plus important. L'auteur du Testament politique n'en dit pas un mot, et il parle du revenu de la Sainte-Chapelle, et il propose de faire payer la taille au parlement. Tous les calculs, tous les faits, sont faux dans ce livre. Qu'on voie avec quel mépris en parle Aubery 9, dans son Histoire du cardinal Mazarin. Je sais qu'Aubery est un écrivain médiocre et un lâche flatteur; mais il était fort instruit, et il savait bien que le Testament politique n'était pas du grand et méchant homme à qui on l'attribue.
Présentez, je vous prie, mes applaudissements et mes remerciements à Gamache le riche10, qui fait de si belles noces. Il donne de grands exemples, qui seront peu imités peut-être par ses cinquante-neuf confrères 11. Je suis très-flatté que mon fatras historique ne lui ait pas déplu. Il est bon juge en prose comme en vers, par la raison qu'il est bon faiseur. Son suffrage m'encouragera beaucoup à fortifier cet Essai de bien des choses qui lui manquent. Les Cramer se sont trop pressés de l'imprimer. On ne sait pas à quel point le genre humain est sot, méchant, et fou on le verra, s'il plaît à Dieu, dans une seconde édition.

Vous me dites que cet Essai 12 a trouvé grâce devant Mmes d'Aiguillon et de Sandwich. La dernière est sans aucun préjugé, la première n'en a que sur le grand-oncle de son oncle 13; elle devrait bien m'en croire sur ce maudit Testament. J'ai examiné tous les testaments, j'y ai passé ma vie, je sais ce qu'il en faut penser. Ce qu'on m'avait dit de l'atroce 14 est une mauvaise plaisanterie qu'on a voulu faire à deux bonnes gens à qui on prétendait faire accroire qu'ils devaient pleurer sur leur patriarche mais ils l'ont abandonné comme les autres. Nos calvinistes ne sont point du tout attachés à Calvin. Il y a ici plus de philosophes qu'ailleurs. La raison fait, depuis quelque temps, des progrès qui doivent faire trembler les ennemis du genre humain. Plût à Dieu que cette raison pût parvenir jusqu'à faire épargner le sang dont on inonde l'Allemagne ma voisine !
P. S. J'arrive aux Délices. Il faut que je vous dise un mot de Jeanne. Je vous répète que cette bonne créature n'est connue de personne; elle nous amusera sur nos vieux jours. Je n'y pense guère à présent. Il faut songer à son jardin et au temporel. Malheureusement, cela prend un temps bien précieux. Je vous embrasse de tout mon cœur. »

 1  V* ne retournera en effet plus à Monrion . Quand il revint à Lausanne, il habita sa nouvelle maison « au Grand Chêne ».

2 Cette maison est située, à Lausanne, rue du Grand-Chêne, n° 6, en montant à gauche, du côté de la promenade de Montbenon. (Clogenson.) .Cette maison a été remplacée par un hôtel au début du XXè siècle .

3 Cette phrase est omise dans toutes les éditions depuis celle de Kehl .

4 Cesse d'admirer la fumée, les richesses et les tumultes de l'heureuse Rome .

5 Admirateur de Rome et de la célèbre Montmorency .

6 De 1726 à 1728. Il était le fils de George Byng, vicomte Torrington qui était premier lord de l'Amirauté .

7 Anne-Charlotte de Crussol, duchesse d'Aiguillon : http://fr.wikipedia.org/wiki/Anne-Charlotte_de_Crussol_de_Florensac_d'Aiguillon

10 La Popelinière se faisait gloire de doter et marier des jeunes filles pauvres chaque année .

11 Le nombre des fermiers généraux a varié à plusieurs reprises au XVIIIè siècle;Il fut porté à 60 en 1755 . A ce propos, voir Babouc ou Le Monde comme il va : chapitre IV : « quarante rois plébéiens »

12 Histoire générale ou Essai sur les Mœurs .

13 La duchesse d'Aiguillon était la veuve de Armand-Louis Duplessis Vignerod-Richelieu, petit neveu du cardinal .

14 Voir lettre du 26 mars 1757 à Thieriot : voir page 435 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f439.image.r=.langFR

 

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05/11/2012 | Lien permanent

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