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21/03/2017

De mon temps on n'apprenait que des sottises au collège dit de Louis le Grand

... Déclaration passée ou actuelle ? Est-ce "à cause de" cela, ou peut-on dire "grâce" à cela, que les candidats ci-dessous ont échappé au triste sort d'être sélectionnés  à cette course   présidentielle 2017 qui nous apprend beaucoup sur la manière d'être contre, et rien ou si peu sur celle d'être pour  quoi que ce soit .

Quelques exemples/citations instructives :

"Alain Juppé, le fort en thème

Enfant, Alain Juppé, accumule les prix d’excellence. « J’étais avide de connaissances, je dévorais tous les livres et je respectais mes professeurs. J’ai eu cette chance que beaucoup n’ont pas connue : j’étais heureux à l’école », raconte-t-il dans son autobiographie, publiée sur son site Internet. Après avoir décroché son bac en 1962, il est pris en classes prépas au lycée Louis-le-Grand à Paris...

Bruno Le Maire, un « esprit profond »

Bruno Le Maire est un pur produit de l’excellence française. En octobre 1974, ses parents l’inscrivent à l’institution jésuite Saint-Louis-de-Gonzague dans le XVIe arrondissement de Paris. S’il est bon élève, il rencontre quelques difficultés dans les matières scientifiques. En Terminale, il excelle en philosophie. Sur son bulletin de second trimestre (1), son professeur de philosophie salue un « esprit profond ».

En 1986, il décroche son bac avec mention bien. Après un détour par la classe préparatoire commerce du lycée parisien Janson-de-Sailly, il entre en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand...

 Nathalie Kosciusko-Morizet : une surdouée au « chromosome X »

Née en 1973 à Paris, NKM a eu « très tôt le goût des sciences », indique son site. Une question d’hérédité : sa mère était professeur de physique en IUT et son père ingénieur des ponts et chaussées. « Leader des cours de récré » aux allures de « garçon manqué », raconte la journaliste Marion Mourgue dans Nathalie Kosciusko-Morizet, l’affranchie (Pygmalion), elle fréquente l’école publique puis le collège Jean-Pierre Vernant, à Sèvres. Alors que « le niveau baisse », elle intègre le Centre Madeleine Daniélou, à Rueil-Malmaison.

Un établissement catholique de filles dont elle en sort avec un Bac scientifique, mention très bien. Héritière d’une lignée d’hommes politiques et de polytechniciens (père, oncle, grand-père et arrière-grand-père), NKM intègre une « prépa » à Louis-le-Grand, rate Normale, ne va pas jusqu’au bout de Centrale… et entre à Polytechnique dont elle sort dans le premier quart (X1992)..."

[http://www.la-croix.com/France/Politique/Primaire-quels-g...]

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Ne restent donc en lice que onze  sujets, dont très peu sont sujets de contentement . Sur ces onze, cinq ont eu l'honneur et l'avantage (n'est-ce pas M. Dupont-Aignan ? ) de se couper la parole à qui mieux mieux sur TF1 hier soir . Beaucoup de tchatche, c'est tout . Du boulot pour les commentateurs, encore de la tchatche . Mon commentaire : tchatche itou ; ça donne soif, un petit coup de blanc sec de Ferney et vive le libre Voltaire .

 

 

 

« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey

18 avril [1762]

Ce n'est pas fatigue de plaisir qui m'a rendu paresseux avec vous, mon cher président . C'est pour moi un très grand plaisir de vous écrire mais au milieu des fêtes, je ne dis pas des fêtes de Pâques je dis de celles que je donne à Ferney, au milieu des spectacles dont Lekain est venu faire l’ornement j'ai été très malade, et je le suis encore . Pour vous êtes-vous à Dijon ou dans vos terres ? Aidez-vous votre ami M. de La Marche à terminer les tracasseries parlementaires ? Voilà donc un conseiller 1 à la Bastille ! Vous m'avouerez que ma vie est un peu plus agréable . Votre académie me paraît plus tranquille que votre parlement ; je vous remercie de vos beaux discours . Je m'étonne que vous ayez fait étudier vos enfants à Paris plutôt qu'à Dijon . Y a-t-il une meilleure éducation que celle qu'ils pourraient recevoir auprès de vous ? De mon temps on n'apprenait que des sottises au collège dit de Louis le Grand . Les jésuites seront bientôt réduits à la Lorraine comme ils le furent après l'aventure de Jean Chatel 2. Ils applaudiront à la belle traduction de la Bible en vers polonais dont le roi Stanislas à fait présent à M. le premier président de La Marche . Entend-il le polonais assez pour sentir la beauté des vers ? En tout cas c'est comme vous savez un bon livre de bibliothèque, un magnifique présent . Je ne vous envoie point de livres, mais voici une gazette 3 qui m'a paru curieuse . Gardez le secret à ma lettre et à ma gazette et aimez le malade

V. »

2 A la suite de l'attentat de Jean Chatel sur Henri IV, les jésuites avaient été bannis de France entre 1594 et 1605 .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Ch%C3%A2tel

et : http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7192

3 Il s'agissait peut-être, d'après Besterman, du Petit avis à un jésuite ( http://www.monsieurdevoltaire.com/article-faceties-petit-avis-a-un-jesuite-122829502.html ) . Mais le mot de Gazette ne convient pas . Nous pensons plutôt qu'il s'agit de l'Extrait de la gazette de Londres ( Facétie voltairienne ; voir : https://books.google.fr/books?id=Dg8h44B60tUC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

) ; voir lettre du 15 mai 1762 ( à peu près ) à La Chalotais : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-13-122970428.html

(lettre datée du 17 mai 1762 )

 

20/03/2017

Les universités, jointes au parlement, vont établir un terrible pédantisme. Je n’aime pas les mœurs pédantes.

... http://www.lemonde.fr/education/article/2015/05/16/vraies...

 

Vision prédictive, garantie à 100% , pour un nombre de volontaires compris entre neuf et onze .

 

Pour la dizaine de déçus à venir, déculottés, point de regrets n'aurait, et plus certainement oubliés seront que Chuck Berry, qui ne prêche pas contre tout , mais donne la pêche .

 Petit encouragement [sic] : https://www.youtube.com/watch?v=6ROwVrF0Ceg

Mais le jour des élections , j'aurai : No particular place to go ! https://www.youtube.com/watch?v=cpitvLeNjuE

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

17 avril [1762]

Mes divins anges, je ne voulais vous écrire qu’après que Lekain aurait vu Statira ; mais je commence toujours par vous remercier de la bonté que vous avez eue pour mon capitaine d’artillerie 1 qui voudrait bien pointer quelques canons contre Pierre III, qui n’est pas Pierre-le-Grand.

Il est vrai que M. le comte de Saxe ne fit que monter dans le vaisseau à Dunkerque, et que, grâce au ciel, nous ne mîmes point en mer . Mais je ne prends aucun intérêt à cette misérable histoire 2, dont on a imprimé des fragments très incorrects, qu’on m’a volés 3.

A l’égard de Conculix 4, c’est autre chose. Il faut que j’aie été abandonné de Dieu pour laisser cet animal-là en si bonne compagnie.

Nous avons déjà joué Tancrède. Lekain m’a paru admirable . Je lui ai même trouvé une belle figure. J’étais le bon homme Argire . Je ne m’en suis pas mal tiré . Mais ni lui ni moi ne jouons dans Olympie ; nous serons tous deux spectateurs bénévoles. Je devais naturellement jouer le grand-prêtre . Ce sont mes triomphes, vu le goût que j’ai pour l’Église . Mais je suis honoré du même catarrhe qui a osé souffler sur mes anges . J’ai la fièvre. Je continuerai ma lettre quand on aura joué Olympie ou Cassandre, et je vous en rendrai compte, en oubliant la petite part que je peux y avoir.

 

18 Avril 1762

Mes anges sauront qu’hier Lekain nous joua Zamore 5 . Il était encore plus beau que je n’avais cru. Il joua le second acte de manière à me faire rougir d’avoir loué autrefois Baron et Dufresne. Je ne croyais pas qu’on pût pousser aussi loin l’art tragique. Il est vrai qu’il ne fut pas si brillant dans les autres actes. Il a quelquefois des silences trop longs . Il en faut comme en musique, mais il ne faut pas les prodiguer : ils gâtent tout quand ils n’embellissent pas. Il fut bien mal secondé, ma nièce ne jouait point. Cramer, qui avait joué Cassandre supérieurement, joua Alvarès précisément comme le bon homme Cassandre. Mais enfin nous voulions voir Lekain, et nous l’avons vu.

En attendant qu’on répète Cassandre ou Olympie, il faut que je vous dise un mot de la Jamaïque, qu’un de nos acteurs, armateur de son métier, prétend que vous avez prise à la suite des Espagnols 6, car vous êtes à présent à la suite sur mer et sur terre. Votre rôle n’est pas beau. Puisse mon armateur comique avoir raison ! Mais pourquoi dit-on que madame de Pompadour est borgne, et M. d’Argenson aveugle ? est-il vrai qu’en effet l’un ait perdu un œil, l’autre deux ? Vous voyez toutes les mauvaises plaisanteries que font sur cette aventure ceux qui ne savent pas que les railleries sur les malheureux sont odieuses. Il faut que cette nouvelle ait un fondement. Il y a longtemps qu’on m’a mandé que l’un et l’autre avaient une violente fluxion sur les yeux.

Parlons un peu de mon roué. Il s’en faut bien qu’on ait découvert l’auteur de l’assassinat attribué au père . Il s’en faut bien qu’on songe à réhabiliter la mémoire du supplicié. Tout le Languedoc est divisé en deux factions : l’une soutient que Calas père avait pendu lui-même un de ses fils, parce que ce fils devait abjurer le calvinisme ; l’autre crie que l’esprit de parti, et surtout celui des pénitents blancs, a fait expirer un homme innocent et vertueux sur la roue.

Je crois vous avoir dit que Calas père était âgé de soixante et neuf ans 7, et que le fils qu’on prétend qu’il a pendu, nommé Marc-Antoine, garçon de vingt-huit ans, était haut de cinq pieds cinq pouces, le plus robuste et le plus adroit de la province . J’ajoute que le père avait les jambes très affaiblies depuis deux ans, ce que je sais d’un de ses enfants. Il était possible à toute force que le fils pendît le père ; mais il n’était nullement possible que le père pendît le fils. Il faut qu’il ait été aidé par sa femme, par un de ses autres fils 8, par un jeune homme de dix-neuf ans qui soupait avec eux : encore auraient-ils eu bien de la peine à en venir à bout. Un jeune homme vigoureux ne se laisse pas pendre ainsi. Vous savez sans doute que la plupart des juges voulaient rouer toute la famille, supposant toujours que Marc-Antoine Calas n’avait été étranglé et pendu de leurs mains que pour prévenir l’abjuration du calvinisme qu’il devait faire le lendemain . Or j’ai des preuves certaines que ce malheureux n’avait nulle envie de se faire catholique. Enfin les juges prévenus ayant ordonné l’enterrement de Marc-Antoine dans une église, les pénitents blancs lui ayant fait un service solennel, et l’ayant invoqué comme un martyr, n’ont point voulu se détacher de leur opinion. Ils ont condamné d’abord le père seul à mourir sur la roue, se flattant qu’en mourant il accusera sa famille. Le condamné est mort en appelant à Dieu, et les juges ont été confondus. Voilà en deux pages la substance de quatre factums. Ajoutez à cette aventure abominable la persuasion où ces juges (au moins quelques-uns) sont encore que l’on avait résolu, dans une assemblée de réformés de faire étrangler sans miséricorde celui de leurs frères qui voudrait abjurer, et que ce jeune homme de dix-neuf ans, nommé Lavaysse, qui avait soupé avec les accusés, était le bourreau nommé par les protestants. Vous remarquerez que ce Lavaysse était le fils d’un avocat soupçonné, il est vrai, d’être calviniste, mais de mœurs douces et irréprochables.

Lorsque nous avons joué Tancrède, il y a eu un terrible battement de mains, accompagné de cris et de hurlements, à ces vers :

O juges malheureux, qui dans vos faibles mains, etc.

mais voilà toute la réparation qu’on a faite à la mémoire du plus malheureux des pères. Je ne connais point, après la Saint-Barthélemy, et les autres excès du fanatisme commis par tout un peuple, une aventure particulière plus effrayante.

Voilà bien écrire pour un homme qui a la fièvre. Je continuerai après Cassandre.



20 Avril 1762.

Je n’ai rien écrit hier dix-neuf, parce que j’avais une fièvre violente. Nous sommes accablés de contre-temps dans notre tripot. Un oncle d’un acteur 9 s’est avisé de mourir ; nous voilà tout dérangés. Notre spectacle se démanche comme le vôtre : vous perdez Grandval 10; on dit que mademoiselle Dumesnil va se retirer 11 ; il faut que tout finisse. Le théâtre de France avait de la réputation dans l’Europe, et c’était presque le seul de nos beaux-arts qui fût estimé ; il va tomber. On dit que M. le maréchal de Richelieu 12 n’aura pas eu peu de part à cette révolution.

Je suis fâché que les autres comédiens, nommés jésuites, tombent aussi. C’est une grande perte pour mes menus plaisirs. Les universités, jointes au parlement, vont établir un terrible pédantisme. Je n’aime pas les mœurs pédantes.

Nous devions jouer aujourd’hui Cassandre-Olympie et le Français à Londres 13. Figurez-vous que milord Craff était joué par un Anglais qui s’appelle Craff 14; mais, comme je vous l’ai dit, un maudit oncle nous dérange. Tout ce que nous pourrons faire, ce sera de répéter devant Lekain en habits pontificaux, afin qu’il juge. En attendant qu’on joue, il faut que je vous dise que je sais un gré infini à Collé d’avoir mis Henri IV sur le théâtre 15. Son nom seul attirera tout Paris pendant six mois, et l’Opéra-Comique trouvera à qui parler.

Voici la nuit ; on va jouer Cassandre et le Français à Londres, malgré tous les contre-temps : je vais juger.

Parlons d’abord de milord Husai 16. Il est si plaisant de voir un Anglais du même nom jouer ce rôle, que j’en ris encore, quoique je sois bien malade. Pour Cassandre, le porteur vous pourra dire si cela fait un beau spectacle, s’il y a de l’intérêt, si la fin est terrible, et si tout n’est pas hors du train ordinaire, depuis le commencement jusqu’à la fin. Je voulais lui donner la pièce pour vous l’apporter ; mais j’ai senti à la représentation qu’il y avait plus d’une nuance à donner encore au tableau. Tout ce que je vous peux dire, c’est qu’il ne faut pas qu’il y ait dans cet ouvrage un seul trait qui ressemble aux tragédies auxquelles on est accoutumé. C’est assurément un spectacle d’un genre nouveau, aussi difficile peut-être à bien représenter qu’à bien traiter.

Je vous l’enverrai, mes divins anges, avant qu’il soit un mois. Laissez-moi me guérir ; la tête me fend et me tourne.

Finie, à deux heures après minuit. »



 

1 La Houlière .

2 Histoire de la guerre de 1741 (Georges Avenel ) .

3 Voir lettre du 28 février 1754 à La Gazette d'Utrecht dans laquelle il rejette la paternité de l’Histoire universelle : « … c'est uniquement la vérité qui m'oblige de déclarer , que loin d'avoir la plus légère part à l'édition fautive et répréhensible de l'abrégé d'une prétendue Histoire universelle, imprimée sous mon nom à La Haye chez Jean Néaulme, et à Paris chez Duchène, je l'ai réprouvée et condamnée hautement ; que mon véritable manuscrit, conforme à celui du roi de Prusse , [...] , est entièrement différent du livre imprimé par Néaulme sans ma participation [...] »

4 Ce nom de personnage de La Pucelle fut changé en Hermaphrodix ; Conculix avait été utilisé comme nom d'éditeur dans une édition pirate .

5 Personnage d'Alzire .

6 Les derniers soldats espagnols avaient été chassés de la Jamaïque en 1658 ; l'île resta ensuite anglaise jusqu'à la « décolonisation » par laquelle fut créée sous de fâcheux auspices la fédération des Indes occidentales ou Caraïbes .

7 Jean Calas était né en 1698, donc avait 64 ans .

8 V* a d'abord écrit un autre, remplacé par un de ses autres .

9 Cet oncle est Édouard- Michel Cramer, mort le 19 avril 1762 .

10 Grandval s'était effectivement retiré, mais il fit une rentrée au théâtre en 1764, avant de se retirer définitivement en 1768 .

11 Mlle Dumesnil ne se retira pas avant 1776 .

12 C'est lui qui avait organisé la fusion des troupes de l'Opéra-comique et du Théâtre italien pour en faire une troupe officielle ; voir lettre du 16 février 1762 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/02/07/1-5908314.html

13 Comédie de Boissy .

15 La Partie de chasse de Henri IV, de Collé , sera jouée sur le théâtre du duc d'Orléans à Bagnolet le 8 juillet 1762 ; elle ne sera jouée à Paris que le 16 novembre 1774 .

16 Milord Houzey est le fils de lord Craff .

 

19/03/2017

Je ne peux lui donner une meilleure éducation qu'en lui faisant connaître le monde comme vous l'avez peint

... Ceci est un appel à l'apprentissage pour un métier manuel, qui comme tant d'autres est dévalué au profit d'une horde de bacheliers, horde de futurs chômeurs sur-diplomés parfois, largués sans rien bien trop souvent . Jusqu'à quand, en France, aura-t-on le mépris de l'ouvrier, de celui qui oeuvre de ses mains ET de sa tête, et du même coup une admiration stupide pour les cols blancs ?

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Merci Ripolin, grâce à vous le monde est plus gai/(gay ?) et plus propre ! [NDLR - Pub gratuite]

 

 

« A Bernard-Joseph Saurin

17è avril 1762, à Ferney

J'ai cru , monsieur, que vous ne seriez pas fâché d'apprendre que Mlle Corneille vient de jouer votre rôle de Julie avec un applaudissement unanime 1. Vous n'aurez jamais d'actrice d'un si beau nom . Je ne peux lui donner une meilleure éducation qu'en lui faisant connaître le monde comme vous l'avez peint .

Votre pièce, d'ailleurs, a été très bien jouée, et Lekain qui était au nombre des spectateurs en a été extrêmement content .

Je vous prie de dire à M. Duclos que j’ai cessé l'envoi des commentaires sur Corneille parce que je me suis remis à l'espagnol . J'ai voulu donner une traduction de l'Héraclius de Calderon ; elle est d'un bizarre, d'un sauvage, d'un comique, et en certains endroits d'un sublime qui méritent d'être connus . C'est la nature pure, rien ne ressemble plus à Shakespear .

Si vous écrivez à frère Helvétius, je vous supplie de ne lui pas laisser ignorer ma tendre amitié pour lui . Je n'écris guère, parce que je n'en ai pas le temps, et si je ne vous écris pas de ma main, c'est que j'ai la fièvre .

Adieu, mon très cher confrère .

V. »

1 Dans Les Moeurs du temps , comédie de Saurin, voir lettre du 2 février 1761 à Saurin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/02/03/fais-toujours-reussir-les-sages-fais-siffler-les-impertinent-5754380.html

 

18/03/2017

voilà donc notre siècle ! Ajoutez-y l'opéra-comique, et vous aurez le tableau complet

... http://candidat-2017.fr/candidats.php

 http://www.lanouvellerepublique.fr/France-Monde/Act...

 

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Et chacun de tisser sa toile à ras les pâquerettes ...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

17 avril 1762

J'ai l'honneur de vous envoyer, monsieur, de la part de M. Frichebeaume 1, libraire, la brochure ci-jointe . Vous êtes assez affermi dans notre sainte religion pour lire sans danger ces impiétés , mais je ne voudrais pas que cet ouvrage tombât entre les mains de jeunes gens qu'il pourrait séduire .

On est toujours indigné ici de l’absurde et abominable jugement de Toulouse . On ne s'en soucie guère à Paris où l'on ne songe qu'à son plaisir, et où la Saint Barthélémy ferait à peine une sensation . Damiens, Calas, Malagrida, une guerre de sept années sans savoir pourquoi, des convulsions, des billets de confession, des jésuites, le discours et le réquisitoire de Joly de Fleury, la perte de nos colonies, de nos vaisseaux, de notre argent, voilà donc notre siècle ! Ajoutez-y l'opéra-comique, et vous aurez le tableau complet .

On m'a donné cette lettre pour M. Saurin 2; je vous supplie de vouloir bien la lui faire parvenir .

J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Ribienbote 3. »

1 Si Frichebeaume représentait Duchesne, on penserait que V* venait d'envoyer l’Éloge de M. de Crébillon (voir lettre du 4 avril 1762 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/11/criez-et-qu-on-crie-5920432.html ), mais ce qui est dit dans la lettre ne convient pas à cet ouvrage . Ce qu'il a envoyé doit être le Petit avis à un jésuite, 1762 . Frichebeaume représente une prononciation francisée de « Fritsch und Böhme », libraires à Francfort sur le Main .

3 Nom obtenu en ajoutant bien dans le nom Ribote, avec une allusion au fait que V* prétend toujours « bien rire » . Il y a aussi une réminiscence possible du nom de Ribote .

 

 

17/03/2017

je me flatte que sa trompette héroïque animera les courages

... Pensè-je ici à un quelconque candidat aux présidentielles ? Que nenni ! Qu'il me soit permis de mettre en avant le président d'Emmaüs-France, Thierry Kuhn, qui au nom des frères pauvres, questionne les dit-candidats sur leurs programmes pour remédier à cet état de fait . Qui va le recevoir, et quand ?

http://actu.orange.fr/societe/videos/pauvrete-emmaus-inte... ?  

 Les démunis sont -ils d'assez nombreux électeurs pour être pris en considération, par qui , et comment ?

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 Magnifique mot d'ordre !

 

 

« A Ponce-Denis Ecouchard Le Brun

Ferney , 16 avril 1762 1

Je fais mon compliment à Tyrtée , et je me flatte que sa trompette héroïque animera les courages .2

On vous a trompé, monsieur, si l'on vous a dit que la rente que j'ai mise sur la tête de Mlle Corneille est pour son père, ou bien vous avez mis monsieur Corneille pour mademoiselle dans votre lettre . Elle a beaucoup de talents et un très aimable caractère . J'en suis tous les jours plus content, et je ne fais que mon devoir en m'occupant de sa fortune et de la gloire de son oncle . J’aurais souhaité que le nom de M. le prince de Conti eût honoré la liste de ceux qui ont souscrit pour l'oncle et pour la nièce .

Agréez, monsieur, mes sincères remerciements de votre ode . Les suffrages du public et les aboiements de Fréron contribueront également à votre gloire .

Vous ne doutez pas des sentiments de votre obéissant serviteur .

Voltaire . »

1 L'original fut acheté par La Bussière à la vente Puttick, Londres,le 3 juin 1867 .

2 V* avait sans doute reçu de Le Brun son Ode aux Français composée en 1762 .

 

16/03/2017

On se met au-dessus des usages dans des cas aussi extraordinaires

... C'est sans doute ce que pensent Fillon , Marine, Macron, Mélenchon, Hamon, Cheminade, Poutou, and Co , qui tous estiment que leurs cas sortent du jugement ordinaire puisqu'ils sont, eux,  particulièrement remarquables, en tout cas aux yeux de leurs familles, concierges et séides, veaux, vaches , cochons, poneys .

Et si on en revenait plutôt  aux programmes ...

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Qui va finalement porter le chapeau ?

 

 

« [Destinataire inconnu]

Aux Délices, le 15 avril [1762]1

Il est vrai, mademoiselle, que dans une réponse que j'ai faite à M . de Chazel, je lui ai demandé des éclaircissements sur l’aventure horrible de Calas , dont le fils a excité ma douleur autant que ma curiosité . J'ai rendu compte à M. de Chazel 2 des sentiments et des clameurs de tous les étrangers dont je suis environné . Mais je ne peux lui avoir parlé de mon opinion sur cette affaire cruelle, puisque je n'en ai aucune . Je ne connais que les factums faits en faveur des Calas, et ce n’est pas assez pour oser prendre parti .

J'ai voulu m'instruire en qualité d'historien . Un événement aussi épouvantable que celui d'une famille entière, accusées d'un parricide commis par esprit de religion ; un père expirant sur la roue pour avoir étranglé de ses mains son propre fils sur le simple soupçon que ce fils voulait quitter les opinions de Jean Calvin ; un frère violemment chargé d'avoir aidé à étrangler son frère ; la mère accusée ; un jeune avocat 3 soupçonné d'avoir servi de bourreau dans cette exécution inouïe : cet événement , dis-je, appartient essentiellement à l'histoire de l'esprit humain et au vaste tableau de nos fureurs et de nos faiblesses, dont j'ai déjà donné une esquisse .

Je demandais donc à M. de Chazel des instructions, mais je n'attendais pas qu'il dût montrer ma lettre . Quoi qu'il en soit je persiste à souhaiter que le parlement de Toulouse daigne rendre public le procès de Calas, comme on a publié celui de Damiens . On se met au-dessus des usages dans des cas aussi extraordinaires . Ces deux procès intéressent le genre humain ; et si quelque chose peut arrêter chez les hommes la rage du fanatisme, c'est la publicité et la preuve du parricide et du sacrilège qui ont conduit Calas sur la roue, et qui laissent la famille entière en proie aux plus violents soupçons . Tel est mon sentiment .

J'ai l'honneur d'être etc. »

1 Edition de Kehl . Cette lettre du début de la campagne en faveur des Calas, est d'une authenticité douteuse . La date semble un peu tardive .

3 François-Alexandre Gauvert Lavaysse de Vidou

 

15/03/2017

Les Anglais , au contraire, ont naturalisé plusieurs de nos vieux mots, comme dans le temps de la révocation de l'édit de Nantes ils ont naturalisé plusieurs de nos compatriotes . Ils ont ainsi augmenté à nos dépens, et leur langue et leur population

... L'Anglais, profiteur des siècles passés, n'a pas changé d'un iota , prêt à prendre, peu enclin à donner, accueillant sélectif toujours . Européen à la petite semaine . Qui peut lui jeter la pierre ? Nous Français ? Hélas surement pas à 100% . Et dire que miss Le Pen veut nous abaisser à ce niveau "diviser pour régner" qui a si bien réussi , commercialement parlant, à nos voisins, par le passé.

Photograph:Anti-immigrant sentiment and legislation were held up to ridicule in a 19th-century cartoon. Ethnic figures representing non-Asian groups are depicted building a wall to keep out Asians, as China itself becomes more open to foreign trade. The original caption reads, “The Anti-Chinese Wall: the American wall goes up as the Chinese original goes down.”

 http://kids.britannica.com/comptons/art-108700/Anti-immig...

 

 

« [Destinataire inconnu] 1

J'ai reçu, monsieur, avec autant de plaisir que de reconnaissance, vos essais de traduction de quelques poètes anglais 2 . L'ancienne dureté de leur langue semblait peu favorable à la poésie ; mais peu à peu elle s'est changée en force et en énergie  . Sa richesse et les différentes inversions qu'elle a adoptées, la rendait propre à tout exprimer .

D'ailleurs, les expressions vigoureuses de cette langue se sont considérablement accrues par la nature du gouvernement, qui permet aux Anglais de parler en public , et par la liberté de conscience, qui familiarise toutes les sectes avec le langage des écrivains sacrés, dont elles font une étude particulière . Aussi la poésie anglaise approche souvent de ce sublime oriental, qui paraît presque surnaturel aux autres peuples . Du temps de Cromwel toutes les harangues du parlement étaient pleines de termes tirés des écrivains hébreux .

La langue française n'ayant pas eu les mêmes secours, n’est pas aussi riche qu’elle pourrait l'être . De plus, nous avons abandonné une foule d'anciennes expressions fort énergiques ; et cette perte a un peu affaibli notre poésie . Les Anglais , au contraire, ont naturalisé plusieurs de nos vieux mots, comme dans le temps de la révocation de l'édit de Nantes ils ont naturalisé plusieurs de nos compatriotes . Ils ont ainsi augmenté à nos dépens, et leur langue et leur population .

Mais moins le français offre de ressources , plus je suis reconnaissant à vos imitations de différents morceaux de quelques poésies anglaises . Elles me paraissent fidèles et bien versifiées . Vous ne vous en tiendrez pas probablement à ce premier essai ; et le public, ainsi que moi, vous aura des obligations.

J'ai l'honneur d'être, etc., etc.

A Ferney, pays de Gex, 15 avril 1762 . »

1 D'après l'édition « Lettre inédite de M. de Voltaire à M. P..., qui lui avait envoyé différents fragments de poèmes anglais, traduits en vers français » (Bulletin polymathique du Museum d'instruction publique de Bordeaux, janvier 1816, XIV, 55-56 )

2 V* peut se référer ici au Recueil de poésies anglaises, mais celui-ci , anonyme parut à Paris en 1764 seulement . V* l'aurait-il reçu en manuscrit ? La date donnée est-elle la bonne ? L'initiale pose un autre problème . Si la lettre avait comporté le nom entier, l'éditeur l'aurait mis ; et pourquoi l'adresse n'aurait-elle porté qu'une initiale ?