09/02/2024
J'ai appris il y a très peu de temps la mort d'un homme qui m’honorait depuis plus de soixante ans de sa bienveillance
... dit Marianne en deuil , Robert Badinter est décédé, lui qui pourtant était contre la peine de mort : https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Badinter
Un vrai homme de bien
« A Jean-Philippe Fyot de La Marche
Au château de Ferney 27 juin 1768
Monsieur,
J'ai appris il y a très peu de temps la mort d'un homme qui m’honorait depuis plus de soixante ans de sa bienveillance . J'ignore dans ma solitude si vous êtes actuellement à Dijon ou à Paris . En quelque lieu que vous soyez, souffrez que je vous demande la continuation des bontés de monsieur votre père . Moins j'ai de temps à en jouir , plus elles me sont précieuses . J'irai bientôt le retrouver (si on se retrouve) . Je voudrais être en état de faire le voyage de Dijon pour vous faire ma cour , mais les maladies qui accablent ma vieillesse ne me permettent guère d'espérer cette consolation . La seule qui me reste à présent est de vous présenter du fond de mon cœur le respect et l'attachement avec lesquels j'aurai l'honneur d'être toute ma vie,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
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Je ne vous conçois pas vous autres, de vouloir faire un plan de gouvernement en vingt-quatre heures . Souvenez-vous qu'il fallut à Dieu six jours au moins pour créer le monde, et encore la femme n’était pas formée
... Telle est la réponse du premier ministre Attal , qu'on harcèle, et qui vient d'achever --jusqu'à preuve du contraire-- le nouveau gouvernement français . Bien entendu, il se fait démolir en règle, tradition politicarde nationale imbécile : https://www.francebleu.fr/infos/politique/gouvernement-at...
« A Gabriel Cramer
Soyez très sûr, mon cher ami, que j'agirai pour l'affaire qu'on me recommande comme pour la mienne propre . Je ne me flatte pas de délivrer l'homme en question avant le mois de juillet ou d'août, mais selon toutes les apparences j'obtiendrai cette grâce .
Je vous prie de vouloir bien dire à M l'auditeur Lefort 1 que je sais respecter sa recommandation quoique ma mauvaise santé et le temps qui me pressent me privent de l'honneur de lui faire réponse .
Je fais mon sincère compliment à M. Jacob Tronchin, il est plus heureux en loterie qu'en politique 2.
Je ne vous conçois pas vous autres, de vouloir faire un plan de gouvernement en vingt-quatre heures 3. Souvenez-vous qu'il fallut à Dieu six jours au moins pour créer le monde, et encore la femme n’était pas formée .
Je vous avertis que je suis au désespoir que votre gros Suisse laisse languir si indignement Le Siècle de Louis XIV . Je vous en dirai des raisons qui vous toucheront .
Je suis encore au désespoir que vous n'ayez point envoyé les quatre volumes des nouveaux mémoires chez Jacoby 4; c'est une affaire pour moi de la plus grande importance .
Voilà bien des désespoirs, mais l'espoir de vous voir samedi m'empêche de me désespérer absolument.
27è [juin 1768] »
1 Marc Lefort, qui fut auditeur – charge genevoise – en 1768 .Voir : http://huguenots.free.fr/france/sites/galiffe/pag7.htm#16
2 Sa démission des charges municipales, offerte depuis quelque temps, fut acceptée en juin 1768 .
3 Sur les avatars de la carrière politique de Jacob Tronchin à cette époque, voir les Archives de Genève, CCLXIX, 378-379 .
Voir : https://archives.bge-geneve.ch/archives/archives/fonds/tronchin_141_397/n:89/view:all/page:22
4 Est-ce Miklós Jacoby ? Voir : http://www.architectureanecdotes.com/2013/07/03/le-versailles-hongrois/
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Je lui ai promis ce paiement et je serais affligé qu'il me trouvât en retard
... Changement climatique oblige : https://www.20minutes.fr/societe/4075117-20240208-changement-climatique-etat-va-debloquer-deux-milliards-euros-prets-verts-entreprises
D'où sortent les euros ? Où iront-ils réellement ?
« A Guillaume-Claude de Laleu Secrétaire
du roi, Notaire rue
Sainte-Croix de la Bretonnerie
à Paris
Je vous supplie instamment, monsieur, de vouloir bien faire payer à M. de Laborde vers le 1er juillet les mois de juin et juillet qui font six mille livres . Je vous aurai une extrême obligation . Je lui ai promis ce paiement et je serais affligé qu'il me trouvât en retard . On n'attend M. le maréchal de Richelieu qu'en juillet . Je suis avec bien de la reconnaissance, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
26 juin [1768] »
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08/02/2024
si elle peut jamais être utile ou à vous ou à votre famille, je me flatte qu'elle vous marquera sa reconnaissance
... La famille MODEM menée par l'inénarrable Bayrou s'estime trop pour se contenter de portefeuilles qu'il estime mineurs, indignes de sa haute valeur (lui qui ne s'est sorti d'une sale affaire qu'au bénéfice du doute ) : grenouille qui veut se faire plus grosse que le boeuf !
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin fils, Avocat
en Parlement
à Saint-Claude
Je ne vous ai pas remercié, mon cher ami, aussitôt que j’aurais dû de votre patience à lire trois gros mémoires, et de l’avis que vous avez donné avec tant de sagacité . J’ai envoyé votre consultation à la famille La Borde qui vous aura une extrême obligation, et si elle peut jamais être utile ou à vous ou à votre famille, je me flatte qu'elle vous marquera sa reconnaissance .
J'ai écrit à M. Leriche, et j’ai adressé ma lettre à Orgelet 1 . Je ne sais s'il l'a reçue . Je me suis cru obligé de faire mes efforts pour lui concilier la bienveillance de M . le cardinal de Choiseul ; j'ai même obtenu une lettre de recommandation de M. le duc et de Mme la duchesse tant pour M. Leriche que pour moi-même .
Lorsque je serai assez heureux pour que vous veniez me voir je vous dirai des choses assez importantes . Bonsoir mon cher philosophe .
V.
25è juin 1768.2 »
1 Leriche habitait Orgelet ; voir l'adresse sur lettre du 26 mai 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/17/en-secret-ils-se-servent-eux-memes-de-notre-sel-et-n-en-dise-6480696.html
11:06 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/02/2024
On soupçonne, dis-je, ce petit maraud avoir été l'auteur de la tracasserie
... Qui ? Encore le détestable et minable Eric Zemmour : non seulement on le soupçonne mais on le condamne à juste titre pour diffamation : https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/07/eric-ze...
https://ladecroissance.xyz/2021/10/27/de-quoi-zemmour-est...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
25 juin 1768 1
Le révérend père Voltaire donne sa très sainte bénédiction à ses anges , et leur envoie le paquet ci-joint qui pourrait les faire pouffer de rire si les calomnies qui vont aux oreilles du roi n'étaient pas toujours sérieuses . On soupçonne fort un certain abbé d'Estrées 2 , ci-devant barbouilleur de papier, devenu espion, prieur auprès de Ferney et n'étant pas encore cardinal , quoiqu'il se soit dit ici neveu du cardinal d'Estrées . On soupçonne, dis-je, ce petit maraud avoir été l'auteur de la tracasserie .
Le prédicateur demande à ses anges [s']il est convenable que Mme Denis aille gronder M. le comte de Saint-Florentin respectueusement et tendrement, et lui dire qu'avant d'écrire des pouilles au nom du roi, il n'est pas mal auparavant de s'informer si le fait est vrai . En cas que mes anges jugent la démarche convenable, je me mets à l'ombre de leurs ailes, et je les supplie d'en parler à Mme Denis le plus tôt qu'ils pourront . Je leur demande pardon d'une lettre si courte . »
1 Original qui se trouvait dans les papiers des Denis dans le château d'Hornoy.
2 Sur cet abbé d'Estrées , prieur d'Ornex, voir lettre du 19 octobre 1764 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/12/04/a-la-cour-on-n-est-pas-si-bien-informe-la-calomnie-y-arrive-en-poste-et-la.html
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Destr%C3%A9es
et : https://www.jstor.org/stable/40520094?read-now=1&seq=3#page_scan_tab_contents
18:12 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il s'imagine que c'est moi qui ai soulevé tous les esprits
... C'est bien là ce que peut dire chacun des ex-soutiens du président du Nigéria Macky Sall : https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/senegal/reporta...
Il n'est pas mauvais de jeter un regard attentif sur ce qui se passe dans cet extraordinaire continent qu'on semble oublier en Europe mais que ne négligent pas les Russes ni les Asiatiques, nouveaux colonialistes dans l'âme , profiteurs hypocrites et rapaces déguisés .
« A Marie-Louise Denis
[De Ferney] 24 juin 1768 1
Le Nekre 2, non pas le mari de la belle Nekre 3, mais l'ancien amant d'un cul pourri, mais l'assassiné, le banni , qui est actuellement un bon négociant de Marseille et qui a passé par son ancienne patrie, vous rendra cette;lettre ma chère nièce . Il faut que vous sachiez que tout le clergé est déchaîné . Il s'imagine que c'est moi qui ai soulevé tous les esprits, et si on s'est saisi d'Avignon, s'il y a une guerre entre les catholiques et les dissidents en Pologne, j'en suis la cause . Damilaville vous aura peut-être dit que le cardinal de Choiseul, archevêque de Besançon, a oublié son nom pour se souvenir seulement qu'il est cardinal et que c'est lui qui a persécuté Fantet, l’avocat général de la chambre des comptes, et Leriche . Il a même, le croiriez-vous ? écrit aux fermiers généraux pour faire révoquer Leriche qui est inspecteur des domaines en Franche-Comté . Il leur a mandé qu'il remplissait la Franche-Comté de mes livres prétendus . Comme, Dieu merci, je n'ai jamais fait aucun ouvrage que le clergé puisse me reprocher, je n'ai pas voulu être la victime de la calomnie . J'ai demandé 4 en général une lettre de recommandation à M. le duc et à Mme la duchesse de Choiseul auprès du cardinal 5 sans leur dire de quoi il s'agissait . Je l'ai obtenue . J'ai écrit au cardinal une lettre flatteuse et mesurée dans laquelle je me suis bien gardé d'entrer dans aucun détail, et dont il ne pourra jamais abuser, quand même il aurait la malhonnêteté de ne me point répondre .
Le maçon qui fut repris de justice à Paris dans le temps qu’il était porte-Dieu, et qui est à présent à ce qu'il dit évêque et prince de Genève, a voulu remuer aussi . Je lui ai fermé la bouche par une conduite sage et nécessaire très approuvée par les Italiens adroits et blâmée à Paris par les gens de lettres qui riraient si j'étais sacrifié pour eux .
Si je ne peux échapper à la calomnie, j'échappe du moins à la persécution . Si Damilaville s'en tire avec six mille livres de pension, c'est un sort très heureux . Mme de Sauvigny qui avait mis dans sa tête de frustrer Damilaville de la place à lui promise, m'avait assuré qu'elle lui ferait donner une forte pension. Je suppose qu'elle a tenu parole. Il est heureux, le voilà récompensé, et peu soupçonné . Je suis dans un cas tout différent . Mais je laisse gronder les orages uniquement occupé du Siècle de Louis XIV et de Louis XV . J'aurai bientôt achevé ce monument que j'érige à l'honneur de ma patrie sans flatterie et sans médisance . J'ose espérer qu'on ne me lapidera pas avec de petits cailloux tandis que je bâtis ce grand édifice .
J'ai lu par un grand hasard les Conseils raisonnables 6, la Profession de foi des théistes 7, l’Épître aux Romains 8, et quelques autres drogues 9 . Je me flatte qu'on ne m'imputera pas ces bagatelles tandis que je me consume jour et nuit sur une histoire qui contient cent trente années .
Pour l'histoire de notre petit pays de Gex, elle sera bien courte . On n'a encore tracé ni le port ni la ville de Versoix . On n'a rien fait mais on va commencer . Si M. le duc de Virtemberg ne m'avais pas remis à deux ans pour me payer les soixante -dix mille livres qu'il me doit, je bâtirais à Versoix une maison pour faire ma cour à M. le duc de Choiseul et je crois que ce serait un assez bon effet pour vous . On y établira la poste dans huit jours 10 . C'est Fabry qui l'a , car il a tout englouti . On donne à Racle l'entreprise du port . On bâtira la ville quand on pourra . Racle au moins pourra se dédommager de la perte qu'il a faite en construisant sa ridicule maison, mais j'aurai toujours perdu ce que je lui ai prêté . Vous vous en tirerez un jour , à ce que j'espère .
Je fus bien surpris il y a six jours quand je vis arriver chez moi M. et Mme de Vaux, et une grande bâtarde de M. de Vaux et le petit Vau qui est très joli et la mie du petit Vau . Les voilà établis ici 11. Je m'enferme dans ma chambre avec mes deux siècles . Je parais seulement à la fin du dîner et du souper, et cependant ils restent . Leur amusement est d'aller chez Mallet et chez Racle . On ne peut quitter un pays qui fournit des plaisirs si séduisants . Il est vrai que la moisson paraît belle, c'est-à-dire qu'on pourra bien avoir quatre pour un avec la paille . Voilà notre terre de promission . Elle est admirable pour quiconque a des yeux et des jambes . Mais ceux à qui ces deux organes manquent doivent y périr . Nous avons manqué un marché de deux cent mille livres . Vous n'en aurez jamais cinquante mille écus . Pour moi, je la quitterais demain si je n’étais retenu par mes siècles .
On prend, comme vous savez, le train de m'envoyer garnison . Il faut soulager le paysan, fournir des lins, des draps et des meubles à quatorze officiers et à deux cents soldats . Cela ruine et personne n'en sait le moindre gré . Il a fallu que j'achetasse du linge pour eux . Il est vrai qu’heureusement ma porte est toujours fermée, et que je suis en prison chez moi .
Voilà ma chère nièce un compte exact de la manière dont j'achève une vie que je vous ai consacrée . Je vous embrasse tendrement ;
V. »
1 La mention Ferney en tête est de la main de Mme Denis .
2 Le professeur Louis Necker, amant de la femme de Vernes, frère du prédicant ; voir lettre du 30 octobre 1760 à d'Alembert et 26 décembre 1760 à Mme d'Epinay . Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/10/30/ceux-qui-font-courir-les-lettres-devraient-au-moins-les-impr-6484124.html
3 Jacques Necker mari de Suzanne Curchod .
4 Par la lettre du 27 mai 1768 à la duchesse de Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/17/celle-qui-juge-si-bien-de-tout-sera-toujours-mal-servie-6480712.html
5 Cette lettre au cardinal de Choiseul ne nous est pas parvenue .
6 Il semble qu'il y ait ici la seule référence , dans la correspondance, aux Conseils raisonnables à M. Bergier pour la défense du christianisme, 1768 . Cet écrit est mentionné par la Correspondance littéraire, VIII, 94 ., à la date du 1er juin 1768 et il est entre les mains de Mme Du Deffand vers le 26 .Voir : https://books.google.fr/books?id=PIiUNQAACAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
7 La Profession de foi des théistes, de V*, mentionnée par d'Alembert dans une lettre à V* du 15 juin 1768 .Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Profession_de_foi_des_th%C3%A9istes/%C3%89dition_Garnier
8 L’Épître aux Romains que V* publia sous le nom du « comte de Passeran ».Voir : https://books.google.fr/books?id=WjIHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
9 Ces « autres drogues »sont peut-être Les Droits des hommes et les Usurpations des autres, 1768, et Les Colimaçons du révérend père l'Escarbotier, 1768, connus de la Correspondance littéraire, VIII, 99 et 105 vers le 15 juin 1768 . Voir : https://books.google.fr/books?id=_zAHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
10 Ce détail peut être retenu pour l'histoire des postes françaises .
11 L'arrivée de M. et Mme Pajot de Vaux à Ferney que V* annonce à Mme Denis le 24 juin est déjà connue d'elle le 22 de juin . La lettre suivante adressée par Mme Denis à Wagnière à cette date jette un jour cru sur les rapports entre les différents acteurs dans cette phase de leurs relations ; les « Francs-Comtois » sont Pajot de Vaux et « pâté » :
« Ce 22 juin de Paris, 1768
Mon cher Wagnière, je suis fort aise que tu sois moins malade . Je conseille très fort à Mlle Wagnière de t(engager à te ménager. Vous avez une femme et des enfants . Toute réflexion faite, nous n'avons qu’une vie, il faut la passer doucement et ne se chagriner de rien . C'est un effort que je fais sur moi-même dont je commence à me bien trouver, et je vous conseille d'en faire autant . Le chagrin n'est bon à rien , il faut le mettre à ses pieds . Voilà la vraie philosophie , prendre le temps comme il vient, et jouer avec la vie .
L'arrivée des provinciaux franc-comtois me paraît fort originale . S'ils sont venus sans être mandés avec armes et bagages, je suis sûr qu'ils auront bientôt leur congé . Mais si on les a priés d'y venir, peut-être les joues potelées de Mme pâté et autres choses itout , auront trotté dans la cervelle du patron et qu'il ne serait pas fâché de se les appliquer . Pour lors, le voyage serait plus long . Je te prie , mon cher ami, de me donner des nouvelles de cela toutes les semaines au moins une fois et je l'aimerais mieux deux lorsque tu auras quelque chose à me mander . Tu peux être sûr que je brûle tes lettres dès que je les ai reçues , mais ne les mets point dans le sac le soir . Il peut le demander pendant la nuit , ou de grand matin avant que le commissionnaire parte . Voyez partir le commissionnaire quand vous lui donnez une lettre pour moi . Je ne vous écrirai plus . Cela est trop dangereux à moins que j'aie des occasions sûres . Mais écrivez-moi toujours . m. Malet vous rendra encore cette lettre . Remboursez-lui le port et dites-lui que ce sera la dernière .
Les lettres de M. de V... sont d'une froideur extrême et peu fréquentes . Je lui ai demandé dans ma dernière s'il avait quelque chose contre moi . Il faut que cette boutade passe , j'avoue qu'elle est violente et peu méritée, mais je lui pardonne tout à cause de sa tête bouillante et de son grand âge . Tâchez de savoir ce qui se passe dans son âme car malgré ma philosophie, je l'aime toujours ., et surtout donnez-moi des nouvelles des Francs-Comtois .
Damilaville compte aller bientôt à Ferney . J'ai écrit au patron une grande lettre par Calas . Je ne sais s'il en sera content . Adieu, mon cher Wagnière, j'embrasse votre femme, et je l'aime bien. N'ayez point d'inquiétude de Bigex, c'est un imbécile, et quand même il aurait du crédit sur le patron, cela ne pourrait pas être long . Portez-vous bien et soyez sûr de mon amitié pour vous . Elle est inviolable et durera jusqu'à la mort . J'oubliais de te dire que je t'envoie le reçu. »
A monsieur Wagnière Secrétaire de M. de Voltaire à Ferney. »
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un homme assez lâche pour ajouter à tous ses infâmes procédés un insigne mensonge
... C'est ce genre d'homme qui bat, viole, tue les femmes , les accusant du pire pour se justifier . Quand pourra-t-on les châtier suffisamment pour qu'ils ne récidivent pas ?
Triste bilan : https://www.feminicides.fr/feminicides-janvier-2024
« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy
24è juin 1768
Le vieux malade, le triste oncle, ayant écrit de sa languissante main une grande lettre à la nièce, dit à son cher gros petit neveu ce qui va suivre .
Premièrement je lui renouvelle mes remerciements de ses visites à cet abbé Blet qui n'ont pas été infructueuses puisqu'elles ont produit une bonne somme de la part de M. le maréchal de Richelieu . Les paiements de M. de Lézeau sont sûrs, et j'ai tout lieu de croire que l'affaire de la succession de Mme la princesse de Guise sera bientôt terminée .
Je ne sais pas s'il faut un arrêté de compte pour le moment présent avec M. de Laleu . Je crains toujours de ne pas lui marquer assez de confiance . J'ignore s'il faut absolument que j'envoie une procuration par-devant notaire . Peut-être qu'une simple lettre signée de moi serait suffisante, et plus convenable dans une affaire qui se traite à l'amiable, et dans laquelle je ne dois montrer à M. de Laleu qu’une extrême reconnaissance pour tous ses soins. En tout cas, rien ne presse, et je ferai tout ce que mon magistrat me conseillera .
Il avait très deviné que le président De Brosses était un homme assez lâche pour ajouter à tous ses infâmes procédés un insigne mensonge . Il m'avait écrit deux lettres dans lesquelles il prétendait avoir envoyé à Mme Denis par M. Fargès , intendant de Bordeaux, une explication de son contrat frauduleux . J'ai écrit à M. Fargès qui est son parent, il m'a mandé que cela est faux et qu'il n'a jamais entendu parler de cette prétendue explication . Je me suis fait donner une explication plus formelle par plusieurs avocats de Paris et de province qui ont été consultés sous des noms empruntés 1 . Ils ont tous répondu que l'homme à qui j'ai à faire est coupable du vol le plus avéré, et qu'il faut prendre des lettres de rescision 2 ; mais je me garderai bien d'en venir à cette extrémité dans les circonstances présentes . Ce misérable a cru m'arrêter en me faisant entendre qu'il pourrait me faire dénoncer au parlement de Dijon comme auteur de quelques petites brochures que la calomnie m'impute . Voilà une singulière manière de jouir en paix de ses fraudes, elle est digne de lui, mais il n'y réussirait pas, sa honte serait publique dans l'Europe, et il serait bientôt forcé de se défaire de sa charge . Je tâcherai de ne point mettre d'humeur dans cette affaire, mais je crois nécessaire d'en prévenir ma famille, qui d'ailleurs n'a rien à craindre de la rapacité de ce coquin tant que je n’habiterai pas le château de Tournay .
J'embrasse mon cher petit neveu , et mon neveu le Turc ; est-il toujours enfoncé dans les archives des Affaires étrangères ou est-il occupé à soutenir le Grand Conseil contre les parlements ?
Voici une petite lettre pour M. de Laleu que je prie monsieur d'Hornoy de vouloir bien lui envoyer . »
1 Voir lettre du 26 mai 1768 à Élie de Beaumont : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/17/si-vous-etes-a-paris-si-vous-avez-un-moment-de-loisir-voulez-6480637.html
2 Les lettres de rescision peuvent annuler un acte entaché d'un vice essentiel .Voir : https://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?p.67:64./var/....
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