06/04/2011
Est-ce l'infâme amour-propre dont on ne se défait jamais bien ?
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« A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental
A Ferney par Genève 6 avril {1759]
Mon divin ange, je ne sais par où commencer pour vous répondre sur tous les articles de votre lettre et sur toutes vos bontés . Je cède d'abord aux mouvements du plus noble zèle en apprenant que les blancs-poudrés et les talons rouges ne se mêleront plus avec les Auguste et les Cléopâtre 1. Si cela est, le théâtre de Paris va changer de face . Les tragédies ne seront plus des conversations au bout desquelles on apprendra pour la bienséance tragique qu'il y a eu un peu de sang répandu . On voudra de la pompe, du spectacle, du fracas . J'ai toujours insisté sur ce point trop négligé parmi nous, et puisque enfin on met la réforme dans nos troupes je sens que je pourrai encore servir, non pour aucun ministre, mais pour mes anges ; et si M. le duc de Choiseul est un des anges, il prendra part de ma dernière campagne . Les Fanime sont un peu à l'eau de rose : vous aurez quelque chose de plus fort 2. Mais il faut du secret et du temps 3. Je vous avoue qu'il ne serait pas mal de consoler et d'encourager ma languissante vieillesse en faisant jouer Rome sauvée et Oreste . Est-ce l'infâme amour-propre dont on ne se défait jamais bien ? Est-ce confiance en quelques pédants étrangers, amateurs passionnés de ces deux drames, qui me fait désirer de les voir reparaitre ? Vous savez que votre inconstante ville de Paris m'a tantôt honni tantôt flatté, qu'il y a des temps malheureux, des temps heureux, et peut-être voici le bon temps .
A vous seul ce qui suit
Il y a deux mois que ce fripon de roi de Prusse m'écrit tous les huit jours . Il veut absolument que j'imprime cette ode pour sa sœur que j'aimais véritablement et qu'il fait semblant de regretter . A la bonne heure . Je l'imprimerai et même avec un peu de prose et remarquez que ni dans les vers ni dans la prose ce fripon de héros n'est point loué du tout . Remarquez encore que le tout sera daté du 18 février 4. Ce dix-huit février est très important . Et pourquoi ? Me direz-vous . C'est à cause du 22 mars . Et que fait ce 22 mars ? C'est que le 22 mars le résident de France était chez moi 5. Motus . Chut . Il arrive un gros paquet de Frédéric . Chacun est empressé, chacun ouvre les yeux . Il était très visible que le paquet avait été ouvert sur la route et recacheté, il venait de Breslau . Il contenait une lettre tendre par laquelle il m'offrait toujours cette clef qui n'ouvre rien, ce cordon qui sied si mal à un homme de lettres 6, vingt mille francs de pension dont je n'ai que faire, et son amitié dont je suis désabusé . Il aurait mieux fait de réparer à l'image de la margrave les indignes outrages faits à ma nièce 7 plus déshonorants pour lui que sensibles pour elle . Après cette lettre venait l'oraison funèbre d'un maître cordonnier 8 dans laquelle il se moque assez plaisamment de quelques rois ses confrères, puis une grande épître en vers dignes d'un bel esprit de café, puis une ode au prince Henri, et enfin une autre ode au prince Ferdinand de Brunswik, intitulée La Fuite des Français . Jusque là tout va bien . Il a raison de se moquer de nous . Mais il y a deux strophes contre le roi, et contre les siens, mais deux strophes terribles, qui respirent la plus violente haine, le plus cruel mépris, les plus sensibles outrages 9. Nous restons confondus ma nièce, le résident et moi . Malheureusement ces deux strophes sont ce qu'il a fait de moins mauvais en sa vie ; on sait que mon métier a été de corriger ses œuvres ; on craint qu'on ne m'impute d'avoir mis une virgule à cet écrit . Le roi de Prusse donne toujours trois ou quatre copies de ce qu'il fait . Le résident qui est sûr que le paquet a été décacheté n'hésite pas, il conclut avec ma nièce et avec moi qu'il faut l'envoyer à M. le duc de Choiseul avec la lettre de Frédéric le grand et le fou, et avec la réponse que je lui fais, réponse par laquelle je lui déclare que je n’accepte aucune de ses faveurs ; le résident envoie le tout .
Voila, mon très cher ange, à quel point nous en sommes . J'ai écrit de mon côté à M. le duc de Choiseul 10, car je mourais de peur d'avoir reçu le paquet . Comment donner dans ces circonstances l'éloge de la sœur quand je suis sûr qu'on déteste le frère et qu'on a raison de le détester ? Souvenez-vous donc des dates du 18 février, et du 22 mars afin que je ne sois pas pendu comme Pangloss . Les vers contre le roi, contre ce qu'il aime, contre la nation sont si offensants, si humiliants que M. le duc de Choiseul ne les aura pas montrés . Mais il aura sans doute averti le roi des sentiments du marquis de Brandebourg, et peut-être même de mes refus . Ce dernier point me plairait beaucoup et me pourrait même servir un jour, si je vais faire un tour à Paris à quatre-vingts ans. 11»
1 Les petits-maîtres ne seront plus admis sur la scène de la Comédie Française, ceci à partir du 13 avril 1759, le comte de Lauraguais ayant offer tune grosse somme pour dédommager les Comédiens . Le Comte, incité par ses amis Lekain, sociétaire actif de la Comédie Française, et Voltaire, loue les sièges et banquettes placés sur le plateau. Ensuite, il les fait démonter, ce qui permet les grands décors en perspective des tragédies et l’ameublement des comédies de plus en plus réalistes .
2 Tancrède . V* a pensé à utiliser l'espace libéré sur scène : « ... que je fus aise quand j'appris que le théâtre était purgé de blsncs-poudrés, coiffés au rhinocéros et à l'oiseau royal ! Je riais aux anges en tapissant la scène de boucliers et de gonfanons » écrira-t-il à la comtesse d'Argental le 18 juin : page 260 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f265.image.r=tome+37.langFR
et lettre du 19 mai : page 248 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f253.image.r=tome+37.langFR
3 Il dira que sa pièce, malgré ses 66 ans, a été écrite en trois semaines comme autrefois Zaïre ; voir lettre du 19 mai .
4 V* a envoyé son Ode sur la perte que l'Allemagne a faite de Son Altesse Royale Mme la margrave de Bareith au margrave avec un billet daté du 17 février 1759 ; voir page 218, lettre à Frédéric-Guillaume : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f223.image.r=.langFR
Frédéric lui avait demandé de la composer le 23 janvier .
Voir page 208 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f213.image.r=tome+37.langFR
5 Dans ses Mémoires, V* dira qu'il a appelé le résident , M. de Montpéroux . Sur le manuscrit, 22 semble ajouté après coup .
6 La clef de chambellan et le cordon de l'Ordre du mérite prussien . On ne trouve pas ces offres précises dans les lettres de Frédéric ; on y verrait peut-être une réponse à une demande de V*.
7 Allusion renouvelée aux avanies de Francfort, où elle avait été « trainée dans le ruisseau » jusqu'à la prison ... en 1753 ; voir lettres du 20 juin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/21/nous-avons-douze-soldats-aux-portes-de-nos-chambres.html
et 8 juillet 1753 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/07/08/b69f85f3f4bb3d0eb001b2c5347a626a.html
8 Deux lettres du roi sont amalgamées ici, celle à laquelle répond V* le 22 mars (voir lettre ci-dessus) et celle du 2 mars (de Breslau) à laquelle il répond le 27 et qui contient les fameux vers : page 223 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f228.image.r=.langFR
9 Extrait de ces strophes , citées dans ses Mémoires par V* : « Je vois leur vil assemblage / Aussi vaillant au pillage / Que lâche dans les combats / ... Quoi votre faible monarque , / Jouet de La Pomadour , / Flétri par plus d'une marque / Des opprobres de l'amour ... / Au hasard remêt les rênes / De son empire aux abois / ... ».
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05/04/2011
J'ai toujours un petit malheur, c'est que les choses les plus innocentes que j'écris sont presque toujours défigurées, falsifiées, et deviennent de petits poignards dont on veut me percer
http://www.deezer.com/listen-9931164 Pas terrible, me direz-vous ! Je suis entièrement d'accord . N'est pas Chopin qui veut ....

Allons, encore un petit coup ... de poignard dans les oreilles : http://www.deezer.com/listen-7847026
Et pour vous achever, si vous fuyez, un Coup de poignard dans le dos (c'est lâche ! oui, mais il ne fallait pas fuir devant le danger ! ) : http://www.deezer.com/listen-8766629
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
5è avril 1776
Mon cher ange, ce vieux bonhomme vous fatigue de vers et de prose . J'ai toujours un petit malheur, c'est que les choses les plus innocentes que j'écris sont presque toujours défigurées, falsifiées, et deviennent de petits poignards dont on veut me percer . Je vous soumets la véritable lettre que j'ai écrite au roi de Prusse en dernier lieu 1, et dont malheureusement il a couru des copies très informes . S'il vous prend fantaisie de mettre cette copie véritable dans des mains sures qui puissent en faire un usage agréable, je vous serai très obligé . On connaitra deux choses, la manière dont je suis avec ce singulier monarque, et la manière dont je pense sur le temps présent . Qui sait si ces deux choses bien connues ne pourraient pas m'enhardir à faire quelque jour un petit tour à l'ombre des ailes de mon cher ange ? Il serait fort plaisant, à mon gré, que je vinsse dans ma quatre-vingt-troisième année vous embrasser en poste à la barbe des Pasquier et des Séguier 2. Il me semble que le maréchal de Richelieu n'a pas été traité bien favorablement dans la cour des pairs 3. J'ai bien peur que les neveux de Mme de Saint-Vincent, et le major, et les autres qui ont été emprisonnés à sa réquisition, et à ses risques, périls, et fortune , ne demandent de gros dommages, et de grandes réparations . Voilà une triste aventure . Le vainqueur de Mahon et de tant de belles femmes finit désagréablement sa carrière . Heureux qui sait rester en paix chez soi !
Serait-il bien vrai , mon cher ange, que l'auteur du Portier des Chartreux fût l'auteur du discours qu'a prononcé M. d'Aligre 4? Ce portier n'aurait-il pas mieux fait de s'en tenir à la règle de Saint Bruno qui ordonne le silence ? »
1 Lettre du 2 avril où V* fait l'éloge de Louis XVI et du gouvernement, et dont un passage est cité dans sa lettre du 23 mars à Vasselier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/03/29/il-etait-a-craindre-que-le-peuple-ne-se-revoltat-parce-qu-on.html
2 Dont les réquisitoires ont entrainé des condamnations par le parlement .
Pasquier : dans l'affaire du chevalier de La Barre, Voltaire est clairement visé durant le procès par le rapport du conseiller Pasquier qui appelle l’autodafé du « Dictionnaire philosophique » mais aussi l’éradication de son auteur « que Dieu demande en sacrifice ».
Antoine-louis Séguier : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Louis_S%C3%A9guier
3 La cour des pairs avait libéré Mme de Saint-Vincent, accusée d'avoir fait de faux billets au nom de Richelieu, et avait ordonné un nouvel examen du dossier ; voir lettres à d'Argental du 5 septembre 1774 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/05/2...
et 24 novembre 1774 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/23/vous-verrez-ce-que-peut-encore-un-jeune-homme-de-quatre-ving.html
4 Le 25 mars, V* a écrit dans les mêmes termes à De Lisle qui a noté sur le manuscrit : « M. d'Aligre (premier président) prononça, au lit de justice pour l'abolissement des corvées, un discours (contre les édits) composé, disait-on, par un avocat nommé Gervaise, auteur du livre infâme intitulé Le Portier des Chartreux. »
Marquis Etienne-François d'Aligre : voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Fran%C3%A7ois_d... et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_des_Vaux...
Jean-Charles Gervaise de La Touche : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Charles_Gervaise_de_Lat... et : http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Portier_des_Chartreux
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04/04/2011
Il me semble que c'est une chose assez aisée de faire retarder les affaires ; voilà de toutes les grâces la plus facile à obtenir
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Ce titre est choisi en pensant très fortement à Mme Lagarde, ministre d'Etat en mauvais état, au bronzage inoxydable, copie conforme de ceux de Nanard le bienheureux et Jacques Séguela, grands menteurs devant l'Eternel . Elle a écrit : La politique est-elle esclave de la finance ?, (avec Jean-Paul Fitoussi), et moi je reponds et écris : "oui", et vous n'êtes pas un exemple pour changer cet état de choses .
Ah ! qu'il est aisé de disposer de l'argent du citoyen pour le mettre au Tapie .
Madame, vous croyez vous à une table de poker ? Pour faire tapis, il faut être crédible . Et moi, je ne vous crois pas . Vos menaces sont du bluff .
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Vos menaces ne sont qu'une censure déguisée du voile de la légalité .
La censure : http://www.deezer.com/listen-2148317
PS . (oui, je sais, vu le contexte, que vient faire le PS ici ? ):Message aux résistants : " Le peuple, ici le peuple : Lallouette vole de ses propres ailes, je répète, Lallouette vole de ses propres ailes "

J'ai été bien malade, mon cher ami, j'ai fait parler à M. de La Houssaye 2 comme vous me l'avez ordonné . Il me semble que c'est une chose assez aisée de faire retarder les affaires ; voilà de toutes les grâces la plus facile à obtenir . Je n'ai point vu M. l'abbé Berth, qui devait m’expliquer tant de choses , je ne sais où le déterrer . Si vous me mandez sa demeure, j'irai chez lui . Vous savez si j'ai de l'empressement à vous obéir . Notre Mérope n'est pas encore imprimée . Je doute qu'elle réussisse à la lecture autant qu'à la représentation . Ce n'est point moi qui ai fait la pièce, c'est Mlle Dumesnil . Que dites-vous d'une actrice qui fait pleurer le parterre pendant deux actes de suite ? Le public a pris un peu le change, il a mis sur mon compte une partie du plaisir extrême que lui ont fait les acteurs et la séduction a été au point que je n’ai pu paraître à la comédie qu'on ne m’ait battu des mains 3. Cette faveur populaire m'a un peu consolé de la petite persécution que j'ai essuyée de M. l'évêque de Mirepoix 4. L’Académie, le roi et le public m'avaient désigné pour avoir l'honneur de succéder à M. le cardinal de Fleury, parmi les quarante . Mais M. de Mirepoix n'a pas voulu, et il a enfin trouvé après deux mois et demi un évêque 5 pour remplir la place qu'on me destinait . Je crois qu'il convient à un profane comme moi de renoncer pour jamais à l'Académie, et de m'en tenir au bontés du public, mais il y a encore quelque chose de plus précieux que cette bienveillance peut-être passagère, c'est l'amitié constante d'un cœur comme le vôtre .
Les lettres sont ici plus persécutées que favorisées . On vient de mettre à la Bastille l'abbé Lenglet pour avoir publié des Mémoires déjà connus qui servent de supplément à l'Histoire de M. de Thou 6; il a rendu un très grand service aux bons citoyens, et aux amateurs des recherches sur l'histoire, il méritait des récompenses, et on l'emprisonne à l'âge de soixante et huit ans .
Insere nunc Meliboee piros ! pone ordine vitis 7.
Mme du Châtelet vous fait mille compliments ; elle marie sa fille, comme je crois vous l'avoir mandé, à M. le duc de Montenero, Napolitain au grand nez, à la taille courte, à la face maigre et noire, à la poitrine enfoncée ; il est ici et va vous enlever une Française aux joues rebondies . Vale et me ama .
V.
A Paris ce 4 avril 1743. »
1 Jean du Mas d'AIGUEBERRE [1692 - 1755,Toulouse]. Cet auteur était conseiller au parlement de Toulouse, il a fait trois pièces de théâtre, qui sont les Trois spectacles ; le Prince de Noisy, et Colinette. Il donna la première en 1729, et est mort au mois de juillet 1755, à Toulouse.
4 Boyer qui a fait obstacle à son élection à l'Académie ; de même que Languet de Gergy, archevêque de Sens et aussi Maurepas .
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03/04/2011
quoique enfin j'eusse bien des choses à vous dire sur tout cela
Et bien, je ne dirai rien, n'en pensant pas moins, comme vous le savez !

« A Jean de Vaines
3è avril 1776
Je n'interromprai point aujourd'hui, Monsieur, vos occupations pour vous écrire deux pages, quoique je sois encore tout plein des édits 1, des remontrances, des pères de la patrie 2, et de la chanson qui court les rues :
ô les fichus pères, ô guai !
quoique je vienne de lire les Mémoires de Sully, et que je ne fasse nulle comparaison entre Sully second 4, et Sully premier ; quoique enfin j'eusse bien des choses à vous dire sur tout cela .
Permettez-moi, Monsieur, de mettre dans votre paquet cette lettre pour M. le marquis de Condorcet.
Conservez toujours vos bontés pour le vieux malade .
V. »
1 Voir lettre à Vasselier du 23 mars : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/03/29/il-etait-a-craindre-que-le-peuple-ne-se-revoltat-parce-qu-on.html
2 Il s'agit des membres du parlement qui avaient fait des remontrances en particulier sur l'abolition des corvées ; il avait fallu la tenue d'un lit de justice, le 12 mars, pour faire enregistrer les édits de Turgot .
3 Ecouter : http://www.youtube.com/watch?v=2j50oU6cy1w ,en corrigeant la date 1776 et non 1784 .
Voir la lettre à Dupont de Nemours du même jour : page 193 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80042j/f198.image.r=45.langFR
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02/04/2011
Il faut punir les insolents : mordieu .

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« A Gabriel Cramer
[vers le 1er avril 1760]
Lécluze est arrivé ; il est fort drôle 1. Il n'y a qu'une faute au Quand 2. Il faut punir les insolents : mordieu . Jeanne est prête 3. Il y a seulement trois ou quatre pompons qui manquent . Pierre 4 attendra, tant mieux . »
1 Louis Lécluze de Tilloy qui est ainsi présenté par V* le 5 avril : « Il était le meilleur acteur de l'Opéra-Comique ; on a assassiné son fils à Bâle . Cela n'empêche pas le père de donner tous les jours à table des espèces de parades à mourir de rire ... Il représente la nation, elle rit de ses pertes. »
2Sur les Quand, voir billet du 25 mars 1760 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/27/la-lettre-a-laquelle-je-reponds-est-d-un-cuistre-de-ministre.html
et : http://www.voltaire-integral.com/Html/24/19_Les_Quand.html
4 L'Histoire de l'empire de Russie . http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113321/f372.image.r=histoire+de+l%27empire+de+russie.langFR
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01/04/2011
le remercier, je ne sais pas trop bien de quoi, car j'avais demandé plusieurs choses, et on me disait qu'il me les avait toutes accordées
1er avril : ouverture du château de Voltaire à la visite à 10h ; voir :
http://voltaire.monuments-nationaux.fr/fr/bdd/page/visites
http://www.monuments-nationaux.fr/fr/actualites/a-la-une/...
et
http://voltaire-a-ferney.org/40.html
Résistances ! cette exposition est tout à fait à sa place chez Volti . Non seulement il a fait de la résistance aux pouvoirs injustes, non seulement il a résisté aux maux, mais il a fait des mots son arme pour contre-attaquer . J'ai hâte de voir ce que Michel Butor et Michel Launay, entre autres, ont choisi de montrer, et je peux vous assurer que ce matin je serai fernésien, avec au coeur une pensée plus qu'amicale pour Mam'zelle Wagnière .
Résiste : http://www.deezer.com/listen-8773797

« A Marie-Louise Denis
à l'hôtel d'Herbouville
rue Pavée à Paris
Ce jeudi [1er avril 1745]
Je comptais bien , ma chère enfant, vous revoir après le spectacle à Versailles 1. La lutinerie de la cour en ordonna tout autrement . On me dit qu'il fallait courir après le roi à bride abattue, et se trouver à un certain moment dans un certain coin, pour le remercier, je ne sais pas trop bien de quoi, car j'avais demandé plusieurs choses, et on me disait qu'il me les avait toutes accordées . On me présenta donc à Sa Très Gracieuse Majesté, qui me reçu très gracieusement et que je remerciai très humblement . Mais faire signer des brevets est une chose beaucoup plus difficile que de faire des remerciements . On dit à présent qu'il faut que je ne désempare pas jusqu'à ce que tout soit bien cimenté, scellé et consommé 2. J'aimerais mieux venir vous embrasser, et et finir votre affaire avec La Porte que la mienne avec le roi . Je serai honteux d'être heureux si vous ne l'êtes pas et quand vous voudrez, je parlerai à M. le contrôleur général qui doit avoir quelque crédit sur les La Porte . Si vous voyez Mme Dupin, dites-lui bien à quel point je lui suis dévoué . Si vous dites à votre sœur que je lui ai écrit, dites-lui qu'après vous c'est celle de mes nièces que j'aime le mieux . Vous méritez, ma chère enfant, des sentiments bien distingués et je les aurai assurément pour vous toute ma vie . Je vous embrasse avec la plus vive tendresse.
V. »
1Le dimanche précédent, il avait invité sa nièce à venir au château dans sa petite chambre n° 144 près du « piu puzzolente cacatoio di Versailles ».
Voir aussi lettre du 2 décembre 1745 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/02/trou-ou-je-demeure-petite-chambre-n-144-pres-du-piu-puzzolen.html#more
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31/03/2011
Je tâcherai de bien voir, de faire bien voir et de commencer dès demain à travailler sans discontinuer
http://www.youtube.com/watch?v=m8KO0bMntws&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=OAX2qh7xkZM&feature=related

A l'heure où l'on veut parler de laïcité, il me plait de présenter cette photo au cadrage retouché .
Croix de bois, croix de fer (il fut un temps où l'on pouvait dire "crois Deferre"), je n'affiche pas ici , d'une manière subliminale, tel un Jacques Ségéla en manque d'UV, une quelconque appartenance ou sympathie exacerbée pour la catholique religion, qui m'a tenu dans un illusoire espoir le temps d'avoir du poil au menton ( et ailleurs aussi ! ). Donc , faites une croix sur cette option (oh ! pardon, je fais encore du prosélytisme ! )
Je tâche "de voir, de faire bien voir" que si on veut d'une manière intégriste supprimer tout signe religieux , la tâche est immense .
Commençons par supprimer tout ce qui de près ou de loin est cruciforme, puis emportés par notre élan salvateur, redressons la gibbosité des croissants ( ce qui d'ailleurs se fait déjà, par simple flemme ), et très rapidement, de l'hallal passons à l'hallali pour la mise hors la loi du safran aux relents bouddhistes, sans oublier la croix de David qui orne bien des crêches de Noël et la poitrine des flics de l'oncle Sam .
A tous ceux qui prendraient ces propositions au sérieux, je dis "continuez à rester des esclaves de religions , de religieux, de superstitions" et aussi "vivez dans la sainte trouille" car le gouvernement laïc " is watching you !"
PS. - Religieux de tous bord, rassurez-vous ! Vous êtes en France ! Rien ne peux vous arriver d'autre que de perdre la foi ! J'espère que restera la Liberté, se maintiendra l'Egalité, se développera la Fraternité . Lisez et écoutez Voltaire, frère des Hommes ! AMEN !
Et puis, Love is my religion ! http://www.youtube.com/watch?v=r-eXYJnV3V4&feature=related ... oui, Mam'zelle Wagnière ...
http://www.youtube.com/watch?v=HFeB7zTGesk&feature=related
« A Jean Le Rond d'Alembert
[30 mars 1778]
J'aime à voir par vos vitres, mon cher maître, et surtout à voir par vos yeux . Vous êtes mon voyant ; tout mort que je suis je compte venir aujourd'hui à l'Académie 1. Je tâcherai de bien voir, de faire bien voir et de commencer dès demain à travailler sans discontinuer 2. Je veux mourir en m'éclairant avec vous et en vous servant . »
1 Le compte-rendu de la séance du 30 mars : « M. de Voltaire est venu à l'Académie sur les quatre heures . M. le directeur et tous les académiciens présents ont été au devant de lui dans la première salle ... M. le directeur l'a prié de prendre la première place, et de présider la séance ... M. le directeur a dit ..., qu'il proposait à la compagnie de déférer à M. de Voltaire le directorat du trimestre d'avril sans être tiré au sort ... La proposition de M. le directeur a été acceptée d'une voix unanime et par acclamation ... » ; à son départ, « il a été reconduit ... jusqu'à la porte de la première salle par tous les académiciens ... »
2 Au dictionnaire . Il fera un plan (dont on a retrouvé le manuscrit) pour un nouveau dictionnaire ; minute de la séance du 7 mai : « Il a été résolu sur le proposition de M. de Voltaire, qu'on travaillerait sans délai à un nouveau Dictionnaire qui contiendra : l'étymologie reconnue de chaque mot, et quelquefois l'étymologie probable ; la conjugaison des verbes irréguliers qui sont peu en usage ; les diverses acceptations de chaque terme avec des exemples tirés des auteurs les plus approuvés ; toutes les expressions pittoresques et énergiques de Montaigne, d'Amyot, de Charron, etc. qu’il est à souhaiter qu’on fasse revivre, et dont nos voisins se sont saisis ... Chaque académicien peut se charger d'une lettre de l'alphabet ; l'Académie examinera le travail de chacun de ses membres ... »
Le 8 mai, Mme Denis écrira à Wagnière : « il va à l'Académie et il y crie comme un diable . Il veut leur faire faire un nouveau Dictionnaire . Ces messieurs rechignent ; ils craignent que cela ne leur donne trop de peine. »
V* assista aux séances du 30 mars, 6 avril, 27 avril et 4 mai .
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