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03/08/2010

Je ne puis me consoler qu'en pensant que le même homme a imprimé plus d'impostures contre nos princes et nos ministres que contre moi

 http://www.youtube.com/watch?v=81Nirx3ypQQ

 

 

« A François-Alexandre Gaubert-Lavaysse


 

3 auguste 1767


 

Il est très certain que j'ai reçu plusieurs lettres anonymes remplies d'injures et toutes au nom du sieur La Beaumelle, ou concernant sa conduite envers moi. J'ai envoyé la dernière au ministère [« … la quatre-vingt-quinzième ...» ; cf. lettre du 11 juillet]. Je n'ai su que très tard que le sieur La Beaumelle avait eu l'honneur d'épouser la sœur de M. Lavaysse de Vidon [= soeur du destinataire de cette lettre]. Cette alliance n'a pas empêché le sieur La Beaumelle de me joindre au nombre prodigieux de personnes qu'il a outragées de gaieté de cœur dans ses écrits [V* dans sa défense des Calas a aussi défendu leur ami Lavaysse, présent le soir de la mort de Marc-Antoine]. Il a fait faire depuis peu une nouvelle édition, où toutes ces insultes sont renouvelées [*]. Il a outragé la maison de Saxe-Gotha [**], ainsi que toute la maison royale de France [lettre du 11 juillet]. J'ai écrit à un de mes amis [Lettre de M. de Voltaire, 1767, sur La Beaumelle , datée du 24 avril : « … il s'enfuit avec une servante après un vol fait à la maîtresse de cette servante. »] que cet auteur avait étudié en théologie, qu'il avait été chassé de Copenhague et qu'il était parti il y a quelques années de Gotha avec une servante qui avait volé sa maîtresse ; mais je n'ai point dit qu''il ait été complice du vol.


 

Il a écrit depuis peu à Gotha pour avoir une attestation, et voici le certificat qu'il a obtenu d'un conseiller de la cour, du 24 juillet 1767 : « On se rappelle très bien que vous étiez parti d'ici avec la gouvernante des enfants d'une dame de Gotha qui, après s'être rendue coupable de plusieurs vols, s'éclipsa furtivement de la maison de sa maitresse, ce dont tout le public est pleinement instruit ici ; mais on n'a point dit que vous eussiez la moindre part à ces vols. »[ce qu'a écrit en substance Jacob-Auguste Rousseau de la part de la duchesse qui pria le même jour V* de se tenir hors de cette affaire.]


 

Je ne l'ai point dit non plus ; mais j'ai représenté à beaucoup de personnes en place l'atrocité des calomnies répandues par le sieur La Beaumelle dans Le Siècle de Louis XIV , falsifié par lui et chargé des notes les plus infâmes [cf. lettre à Walther du 18 novembre 1752 concernant la « nouvelle édition (du Siècle) augmentée d'un très grand nombre de remarques par M. de B*** »].


 

Quelques puissances étrangères [l'Autriche cf. lettre du 21 juillet à Thiriot] intéressées dans ces impostures en ont marqué leur mécontentement au ministère de France, plusieurs personnes de la cour sachant que leur maison a été insultée par le même auteur [dans les Honnêtetés littéraires, V* accuse La Beaumelle d'avoir attaqué la mémoire des maréchaux de Villeroy, de Villars, les marquis de torcy, de La Vrillière, Chamillard]. M. le marquis de Gudanes, commandant au pays de Foix, a été chargé de parler fortement au sieur La Beaumelle, sur cette licence dangereuse [***]. Le seul parti qu'il avait à prendre était de se rétracter, de demander pardon et de se corriger . J'ai été attaché et je le suis encore à la famille de M. de Lavaysse. Elle doit sentir combien il a été douloureux pour moi d'avoir essuyé pendant douze années de suite les calomnies d'un homme qui est entré dans une famille considérée. Je ne puis me consoler qu'en pensant que le même homme a imprimé plus d'impostures contre nos princes et nos ministres que contre moi. Si M. de Lavaysse de Vidon avait pu trouver quelque manière de réparer ces horreurs dans la lettre qu'il m'a écrite, j'aurais embrassé de grand cœur le parti qu'il m'aurait proposé.


 

Je le supplie d'être persuadé que les outrages réitérés du sieur La Beaumelle n'ont point altéré les sentiments que je conserverai toujours pour M. de Lavaysse et pour toute sa famille.


 

J'ai l'honneur d'être son très humble et très obéissant serviteur.


 

V. »

 

*Cf. lettre du 11 juillet ; en fait de réédition « récente » il ne parût que Mes pensées avec le supplément, 1761 .

Mais La Beaumelle en 1767, commence à préparer une édition critique des oeuvres de V*, qui ne parut pas .cependant il termina en août 1767 une critique de La Henriade, parue en 1769 et saisie à la demande de V*.


 

** A La Condamine, le 3 mai 1771, il signale qu'à la page 108 de Mes pensées, que V* a dans sa bibliothèque (1752) : « Je voudrais bien savoir de quel droit les petits princes, un duc de Gotha par exemple, vendent aux grands le sang de leur sujets pour des querelles où ils n'ont rien à voir. On s'est donné à eux pour être défendu, et non pour étre acheté. » 


 

*** Le marquis de Gudanes reçut cette lettre de Saint -Florentin : « Le sieur de La Beaumelle … a écrit une infinité de lettres anonymes à M. de Voltaire …; vous voudrez bien l'avertir de se tenir tranquille et de laisser en repos M. de Voltaire . Tous ces écrits anonymes ne pourraient que lui attirer des désagréments s'il les continuait. »

 

Quelques repères sur les Lavaysse:

http://books.google.be/books?id=xaEGAAAAQAAJ&pg=PA500...

http://tolosana.univ-toulouse.fr/notice/083062211

http://www.biu-toulouse.fr/num150/PPN083062211.pdf

 Sotto vocce : http://www.youtube.com/watch?v=s0WbgTOUQlY&feature=re...

 

02/08/2010

on dit que dans votre pays on fait le mal assez vite et qu'on l'oublie de même.

 

 

 

 

« A Étienne-Noël Damilaville


 

4 auguste 1766


 

J'ai communiqué à votre ami [V* lui-même] votre lettre du 28. Je vous ai écrit par nos correspondants de Lyon. Nous attendons, Monsieur, des lettres d'Allemagne pour l'établissement en question [« colonie » ou « manufacture » philosophique de Clèves ; cf. lettres du 23 juillet à Diderot et d'Alembert]. Je suis toujours très persuadé que votre ami de Paris [« Tonpla » = « Platon » = Diderot] y trouverait un grand avantage. Il n'y a peut-être que la mauvaise santé de mon correspondant de Suisse qui pût déranger ce projet ; mais si la chose était une fois en train, ni les maladies ni sa mort ne pourraient empêcher l'établissement de subsister . Il ne s'agit que de se rassembler sept ou huit bons ouvriers dans des genres différents, ce qui ne serait point du tout malaisé.


 

Le seigneur allemand [Frédéric] à qui on s'était adressé a eu la petite indiscrétion d'en dire quelque chose à un jeune homme qui peut l'avoir mandé à Paris [±]. On n'était point encore entré avec lui dans les détails [±±]. On ne lui avait point recommandé le secret ; on a tout lieu d'espérer qu'étant actuellement mieux instruit cette petite affaire pourra se conclure avec la plus grande discrétion.


 

On soutient toujours à Hornoy que tout ce qu'on a dit du sieur Belleval est la pure vérité [cf. lettre du 28 juillet]. Ces anecdotes peuvent très bien s'accorder avec les autres, elles servent à redoubler l'horreur et l'atrocité de cette affaire qui est peut-être entièrement oubliée dans Paris ; car on dit que dans votre pays on fait le mal assez vite et qu'on l'oublie de même.


 

Nous doutons fort que le Dictionnaire des sciences et des arts [ = Encyclopédie] soit donné de longtemps aux souscripteurs de Paris. Mais, quoi qu'il en soit, le projet de réduire cet ouvrage [±±±] et de l'imprimer en pays étranger est extrêmement approuvé . Plût à Dieu que je visse le commencement de cette entreprise ! Je mourrais content dans l'espérance que le public en verrait la fin.


 

On dit qu'on fait des recherches chez tous les libraires dans les provinces de France. On a déjà mis en prison à Besançon un libraire nommé Fantet [V* écrira Lettre d'un membre du conseil de Zurich à M. D*** avocat à Besançon, au sujet du commerce de livres philosophiques du libraire Fantet, 1767]. Nous ne savons pas encore de quoi il est question.


 

Toute notre famille vous fait les plus tendres compliments. Nous espérons de vous incessamment le mémoire en faveur du Breton [ = La Chalotais ; cf. lettre du 1er avril 1766 à Damilaville] et ensuite du Languedochien [ = Sirven].


 

Adieu, Monsieur, on vous aime bien tendrement.

Boursier et compagnie.



 

On me recommanda, ces jours passés, une lettre pour un notaire ; en voici une autre qu'on m'adresse pour un procureur ; l'amitié ne rougit point de ces petits détails. »



±Frédéric se défendra le 1er septembre d'avoir parlé du projet ; il « n'a ni vu ni parlé au fils de l'Hippocrate moderne », c'est-à-dire à Louis-François Tronchin (en Prusse), fils de Théodore Tronchin, médecin alors à Paris.

L'indiscrétion pouvait venir de duc de Brunswick qui avait séjourné à Ferney et à qui V* avait parlé du projet, ou de La Correspondance littéraire.

Aux d'Argental, le 15 août, il dément la rumeur qu'il s'installe en Prusse : « Ce qui a fait courir le bruit … c'est que le roi de Prusse m'ayant mandé qu'il donnerait aux Sirven un asile dans ses États, je lui ai fait un petit compliment, je lui ai dit que je voudrais les y conduire moi-même... » ; cf. lettre à Mme du Deffand du 24 septembre.


 

±± Quelques réserves de Frédéric le 7 août : « Vous me parlez d'une colonie de philosophes qui se proposent de s'établir à Clèves. Je ne m'y oppose point ; je puis leur accorder tout ce qu'ils demandent, au bois près,que le séjour de leurs compatriotes a presque entièrement détruit dans ces forêts (guerre de Sept ans) ; toutefois à condition qu'ils ménagent ceux qui doivent être ménagés, et qu'en imprimant ils observent de la décence dans leurs écrits. »


 

±±± Le 28 juillet : il faudrait « réduire à quatre lignes les ridicules déclamations des Cahusac et de tant d'autres … fortifier tant de bons articles … Il y a un volume de planches dont on pourrait très bien se passer... »

01/08/2010

Il est donc dans la bouteille

http://www.dailymotion.com/video/x7ax7_chat-dans-bouteille

Bien sûr, il faut un peu d'entrainement !

Il faut commencer jeune !

http://www.wat.tv/video/chaton-qui-pratique-stretching-28q7j_2ey61_.html

Mais ça vaut la peine ...

Maintenant à vous ...

 

 

PUZZLE EN BOIS POUR BOUTEILLE II.jpg

 A offrir à un ami, histoire de vérifier s'il est encore capable de raisonner sainement, sinon, il vient de boire son dernier verre de la journée !

 http://www.deezer.com/listen-2052664

A votre santé !

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental


1er auguste [1763]


Ô anges de lumière, voici ce que M. de Thibouville me mande sous votre cachet :


Mais , j'aurai bien autre chose encore . oui, oui, oui, j'en sais plus que je n'en dis, peut-être plus que vous même qui me tenez rigueur, entendez-vous ? Mon Dieu que cela sera beau !



Il en sait plus qu'il n'en dit ; donc il a lu mes roués [= Octave ou Le Triumvirat]. Il en sait plus que moi, donc il sait votre sentiment sur mes roués, que je ne sais pas encore. Il est donc dans la bouteille. Vous lui avez donc fait jurer de garder le secret. Ce secret est essentiel. C'est en cela que consiste tout l'agrément de la chose. Figurez vous quel plaisir de donner tout cela sous le nom d'un adolescent sortant du séminaire . Comme on favorisera ce jeune homme qui s'appelle, je crois, Marcel [+]! Voilà la vraie tragédie, dira Fréron . Les soldats de Corbulon [= les partisans de Crébillon, allusion aux vers de Rhadamiste et Zénobie de Crébillon : « De quel front osez-vous, soldats de Corbulon / M'apporter dans ma cour les ordres de Néron ? »] diront : ce jeune homme pourra un jour approcher du grand Crébillon ; et mes anges de rire. Si on siffle, mes anges ne feront semblant de rien quoi qu'il arrive. C'est un amusement sûr pour eux ; et c'est tout cela que je prétendais.



Mais me voici à présent bien loin de la poésie et de cette niche que vous ferez au public. Mon procès me tourmente [++]. Je prévois une perte de temps effroyable. Si je peux parvenir à raccrocher cette affaire au croc du Conseil dont on l'a décrochée, je suis trop heureux. Elle y pendra longtemps, et j'aurai toujours le plaisir de me moquer d'un homme d'Église, ingrat et chicaneur. Il y a un siècle que je n'ai reçu de nouvelles de mon frère Damilaville. Je ne sais comment le monde est fait.



Respect et tendresse. »





+Quelques jours avant, V* écrit à Choiseul-Praslin : « il faut mettre la conspiration sous le nom d'un jeune novice jésuite, qui, grâce à la bonté du parlement , est rentré dans le monde, et qui … attend son dîner du succès de son ouvrage. Je m'imagine que les girouettes françaises tournent actuellement du côté des jésuites ; on commence à les plaindre … on aimera passionnément un pauvre petit diable jésuite, qui donnera l'espérance d'être un jour un Lemierre, un Colardeau, un Dorat. Je persisterai toujours à croire qu'il faut donner un nom à ce jeune jésuite … Si on ne nomme personne on me nommera, et tout sera perdu. »

La « conspiration » est le code utilisé pour parler de la pièce et ce qui la concerne.


++ Le curé Pierre Gros de Ferney voulait faire payer la dîme à V*, propriétaire de la terre de Ferney, et avait porté l'affaire devant le tribunal de Dijon, à la suite de la condamnation du précédent propriétaire par défaut devant le Conseil du roi.

V* voulait « en vertu du traité d'Arau » la faire porter à nouveau devant le Conseil du roi, où le curé avait toutes les chances de perdre.

V* demandait à cet effet l'appui du duc de Choiseul-Praslin, ministre des Affaires étrangères, directement par lettre (6 juin) et indirectement par les d'Argental.

31/07/2010

Il s'agit de favoriser les blondes

 http://www.dailymotion.com/video/x3ncxa_sylvie-vartan-quest-ce-qui-fait-ple_music

vs/ 

http://www.youtube.com/watch?v=fsTln9RF-D0

 

 

« A Anne-Madeleine-Louise-Charlotte-Auguste de La Tour du Pin de Saint-Julien


 

31è juillet 1772


 

Je vous avais dit, Madame, que je n'aurais jamais l'honneur de vous écrire pour vous faire de vains compliments, et que je ne m'adresserais à vous que pour exercer votre humeur bienfaisante ; je vous tiens parole. Il s'agit de favoriser les blondes.[dentelle exécutée d'abord en soie écrue, d'où son nom] Je ne sais si vous n'aimeriez pas mieux protéger les blondins, mais il n'est question ici ni de belles dames ni de beaux garçons ; et je ne vous demande votre protection qu'auprès de la marchande qui soutient seule l'honneur de la France, ayant succédé à Mme Duchapt.[célèbre couturière]


 

Vous avez vu cette belle blonde façon de dentelle de Bruxelles qui a été faite dans notre village. L'ouvrière qui a fait ce chef-d'œuvre est prête d'en faire autant, et en aussi grand nombre qu'on voudra, et à très bon marché pour l'ancienne boutique Duchapt. Elle prendre une douzaine d'ouvrières avec elle s'il le faut, et nous vous aurions l'obligation d'une nouvelle manufacture. Vous nous avez porté bonheur, Madame, ; notre colonie augmente, nos manufactures se perfectionnent [surtout celle de montres]. Je suis encore obligé de bâtir de nouvelles maisons. Si le ministère voulait un peu nous encourager et me rendre du moins ce qu'il m'a pris, Ferney pourrait devenir un jour une ville opulente. Ce sera une assez plaisante époque dans l'histoire de ma vie qu'on m'ait saisi mon bien de patrimoine [l'argent des rescriptions « pris » par l'abbé Terray] entre les mains de M. de La Borde et de M. Magon, tandis que j'employais ce bien sans aucun intérêt, à défricher des champs incultes, à procurer l'eau aux habitants, à leur donner de quoi ensemencer leurs terres, à établir six manufactures, et à introduire l'abondance dans le séjour de la plus horrible misère. Mais je me consolerai si vous favorisez nos blondes, et si vous daignez faire connaître à l'héritière de Mme Duchapt qu'il y va de son intérêt et de sa gloire de s'allier avec nous.


 

Quand vous reviendrez, Madame, aux États de Bourgogne,[son frère fut commandant militaire de Bourgogne] si vous daignez vous souvenir encore de Ferney, nous vous baignerons dans une belle cuve de marbre, et nous aurons un petit cheval pour vous promener, afin que vous ne soyez plus sur un genevois. Tout ce que je crains, c'est d'être mort quand vous reviendrez en Bourgogne. Votre écuyer Racle a pensé mourir ces jours-ci, et je pense qu'il finira comme moi par mourir de faim, car M. l'abbé Terray qui m'a tout pris, ne lui donne rien [pour paiement des travaux entrepris à Versoix, où il est ingénieur architecte, sous le ministère de Choiseul], du moins jusqu'à présent. Il faut espérer que tout ira mieux dans ce meilleur des mondes possibles. Je me flatte que tout ira toujours bien pour vous ; que vous ne manquerez ni de perdrix [elle chassait beaucoup, et V* aura l'occasion de lui décerner un prix de tir à l'oiseau], ni de plaisirs. Vous ne manqueriez pas de vers ennuyeux si je savais comment vous faire tenir Systèmes, Cabales, etc., avec des notes très instructives.[cf. lettre du 13 juillet à d'Alembert et du 10 août à Mme du Deffand]


 

En attendant, recevez, Madame, mon très tendre respect.


 

Le vieux malade de Ferney. »

30/07/2010

un étranger qui demeurerait trois mois chez moi ne s'apercevrait pas qu'il y a deux religions différentes

kiosque_7288 express 28 juillet 2010.jpg

Jetez-vous sans retenue sur cette revue qui vous rappelle (vous fait découvrir ? ) Volti !

Si vous lisez un peu les lettres que j'ai déjà mises en ligne, si vous lisez le blog de LoveVoltaire, c'est-à-dire monsieurdevoltaire dont le lien est ici, à côté, vous vous rendrez compte que les titres de couverture sont fondés.

 

Aujourd'hui, une lettre qui expose la validité de la tolérance .

"...dans le siècle éclairé où nous vivons, cette tolérance ne peut avoir aucun effet dangereux."

Siècle éclairé ?

Oui! nous pouvons dire que nous avons des lumières pour nous gouverner ! Dommage que ce soient des feux follets, des clignotants, des feux d'artifice ( = discours, écrits brillants, mais qui n'ont pas de fond ! ), des quinquets de taverne (comme disait Aragon par la voix de Jean Ferrat), des lanternes-sourdes ... Eclat bling-bling ! De phares, point!

Quelques lueurs d'espoir, Gandhi, l'abbé Pierre, Théodore Monod, Voltaire, voici ceux que je mets au premier plan . Vous pourrez y ajouter tous ceux qui ont joint le geste à la parole pour améliorer la coexistence humaine .

A l'heure où les juristes ne savent plus où donner de la tête pour pondre de nouveaux textes répressifs (-je m'aperçois que ce n'est pas avec la tête qu'habituellement pond un oiseau, mais plutôt avec le c.. !-), à l'heure où des cervelles obtuses croient faire plaisir à Dieu en imposant leurs rites, lâches qui veulent acheter leur paradis et imposent leur religion, ennemis de la liberté et de la tolérance, à cette heure, vous êtes en retard sur la vie, la vraie vie . Vous êtes petits, minuscules, microscopiques dans cet univers et vous disparaitrez en laissant un goût de fiel .

 


Allez, je me console, il y a de belles choses encore :

http://www.youtube.com/watch?v=-CA2L_LQLmM

 


 


 

« A Pierre-Samuel Dupont de Nemours

Ferney ce 16 juillet 1770



M. Bérenger m'a fait le plaisir, Monsieur, de m'apporter votre ouvrage, qui est véritablement d'un citoyen [Éphémérides du citoyen , 1768-1772]. Bérenger l'est aussi, et c'est ce qui fait qu'il est hors de sa patrie. Je crois que c'est lui qui a rectifié un peu les première idées qu'on avait données d'abord sur Genève [@]. Pour moi qui suis citoyen du monde, j'ai reçu chez moi une vingtaine de familles genevoises, sans m'informer ni de quel parti, ni de quelle religion elles étaient. Je leur ai bâti des maisons, j'ai encouragé une manufacture assez considérable [manufacture de montres], et le ministère et le roi lui-même m'ont approuvé. C'est un essai de tolérance, et une preuve évidente que dans le siècle éclairé où nous vivons, cette tolérance ne peut avoir aucun effet dangereux ; car un étranger qui demeurerait trois mois chez moi ne s'apercevrait pas qu'il y a deux religions différentes. Liberté de commerce et liberté de conscience, Monsieur, voilà les deux pivots de l'opulence d'un État petit ou grand.



Je prouve par les faits dans mon hameau ce que vous et M. l'abbé Roubaud [Pierre-Joseph Roubaud auteur de Représentations aux magistrats, contenant l'exposition raisonnée des faits relatifs à la liberté du commerce des grains , 1769] vous prouvez éloquemment par vos ouvrages.



J'ai lu avec l'attention que mes maladies me permettent encore tout ce que vous dites de curieux sur la Compagnie des Indes et sur le système [Dupont a écrit Du commerce et de la Compagnie des Indes, 1769]. Tout cela n'est ni à l'honneur de la nation ni à celui du Régent. Vous m'avouerez au moins que cet extravagant système n'aurait pas été adopté du temps de Louis XIV, et que Jean-Baptiste Colbert avait plus de bon sens que Jean Law.



A l'égard de la Compagnie des Indes je doute fort que ce commerce puisse jamais être florissant entre les mains de particuliers. J'ai bien peur qu'il n'essuie autant d'avanies que de pertes, et que la Compagnie anglaise ne regarde nos négociants comme de petits interlopes qui viennent se glisser entre ses jambes. Les vraies richesses sont chez nous ; elles sont dans notre industrie. Je vois cela de mes yeux. Mon blé nourrit tous mes domestiques ; mon mauvais vin qui n'est point malfaisant les abreuve ; mes vers à soie me donnent des bas ; mes abeilles me fournissent d'excellent miel et de la cire ; mon chanvre et mon lin me fournissent du linge. On appelle cette vie patriarcale, mais jamais patriarche n'a eu de grange telle que la mienne ; et je doute que les poulets d'Abraham fussent meilleurs que les miens. Mon petit pays que vous n'avez vu qu'un moment est entièrement changé en très peu de temps.



Vous avez bien raison, Monsieur, la terre et le travail sont la source de tout, et il n'y a point de pays qu'on ne puisse bonifier. Continuez à inspirer le goût de la culture, et puisse le gouvernement seconder vos vues patriotiques.



Mettez-moi, je vous prie aux pieds de M. le duc de Saint-Mégrin [auteur du Portrait de Mgr le dauphin, 1766, fort admiré, qui vint voir V* à l'automne 1768,V* qui lui envoya ensuite le 4 novembre une lettre flatteuse] qui m'a paru fait pour rendre un jour de véritables services à sa patrie, et dont j'ai conçu les plus grandes espérances [effectivement il deviendra ministre des Affaires étrangères de Louis XVI].



J'ai l'honneur d'être avec la plus haute estime et tous les autres sentiments que je vous dois, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur



Voltaire.



P.-S. Voulez-vous bien, Monsieur, faire mes tendres compliments à M. l'abbé Morellet, quand vous le verrez ? »



@J.-P. Était un des Natifs de Genève bannis par l'édit du 22 février 1770. il avait écrit la Lettre circulaire des natifs de Genève sur la dernière révolution de cette république. Il devait encore publier un Mémoire justificatif pour les citoyens de Genève connus sous le nom de Natifs.

Pour les idées données sur les natifs : cf. lettre du 4 juin1770 à d'Argental ; et au sujet des violences qui ont provoqué cette émigration, cf. lettres depuis le 16 février.

 


Après lecture, que dites-vous des pensées et actions de Volti ?

Qu'attend- on pour y adhérer encore ?

 

PS . Petit rajout du 31 juillet : Voltaire menant à tout et l'actualité présidentielle sarkozienne menant à l'impasse (remplaçant le cul-de-sac que V* n'aimait pas ), un article de 2007 qui montre que ce n'est pas d'hier que couvaient le malaise et la violence qui l'accompagne :

Communautarismes
01/01/2007 - 105

Laïcité : un héritage en péril

Au pays de Voltaire, il est désormais interdit de ne pas croire. Tel est le credo des religieux fondamentalistes qui veulent imposer leurs propres règles à une République aux valeurs mises à mal.

http://www.historia.fr/content/recherche/article?id=16433

 


29/07/2010

il y a des gens capables de dire : qu'importe qu'on ait roué ou non, un calviniste ? C'est toujours un ennemi de moins dans l'État.

http://mathematique.hautetfort.com/fractal-zoom-mandelbro...

Oui, tout est dans tout, et le désordre ordonné .

 

Petit fait divers du pays de Gex au XXème siècle.

Dans le merveilleux petit village des irréductibles gaulois(es) de Cessy , réfrénant toujours leur envie d'adhérer à la CCPG (Communauté de Communes du Pays de Gex), dans ce fief disais-je de Jojo Emery, maire par droit divin (ou plutôt droit du vin, "honnête" marchand de vin et autres liquides ! ), des gens du voyage vinrent s'installer dans la plus parfaite illégalité .

Prise courant sauvage sur un poteau d'éclairage public, prise d'eau aux toilettes du stade de foot, dépot d'ordure à tout-va et bris de lavabos publics sont très vite constatés.

Les Bleus, si prompts à venir si vous laissez votre radio clamer trop bruyamment votre goût pour le reggae ou Mireille Matthieu, ces Bleus qui, vous le remarquez sont dotés d'une majuscule respectueuse, sont forts vigilants (si, si !! ), cette foi encore restent sur la touche ( au sens propre, nous sommes sur un stade de foot ).

Devinez qui seul fut capable de les renvoyer sans violence, sans contrainte : le service fiscal de la douane, ou plutôt exactement la crainte du contrôle dont , fort astucieusement les menaça un élu . L'annonce du contrôle fut faite le soir, et au matin il ne restait aucune caravane, seulement les traces de dégats imbéciles faits par des malotrus, geignards pour se faire assister et menaçants pour abuser du bien d'autrui, collectif ou privé .

Ce qui fait que je trouve l'idée de faire contrôler fiscalement ces gens là me semble opportune, même si elle vient bien tardivement . Dix contrôleurs pour trois cents camps ! Je sens quand même l'efficacité d'un coup d'épée dans l'eau . L'adversaire n'est pas un modeste salarié ou commerçant qui dit "amen" quand le fisc vient lui chercher noise . A suivre ...

 

 

 

 

 

« A Théodore Tronchin

 

[vers le 28 juillet 1762]

 

Voici, mon cher grand homme, le mémoire tel qu'il est fait pour les catholiques [Mémoire de Donat Calas pour son père, sa mère et son frère, du 22 juillet]. Nous nous faisons tout à tous, avec l'apôtre [cf. Corinthiens] ; il m'a paru qu'un protestant ne devait pas désavouer sa religion, mais qu'il devait en parler avec modestie et commencer par désarmer, s'il est possible, les préjugés qu'on a en France contre le calvinisme [%], et qui pourraient faire un très grand tort à l'affaire des Calas. Comptez qu'il y a des gens capables de dire : qu'importe qu'on ait roué ou non, un calviniste ? C'est toujours un ennemi de moins dans l'État 1.

 

Soyez très sûr que c'est ainsi que pensent plusieurs honnêtes ecclésiastiques. Il faut donc prévenir leurs cris par une exposition modeste de ce que la religion protestante peut avoir de plus raisonnable. Il faut que cette petite profession de foi honnête et serrée laisse aux convertisseurs une espérance de succès. La chose était délicate, mais je crois avoir observé les nuances.

 

Nous avons une viande plus crue pour les pays étrangers [Histoire d'Élisabeth Canning et des Calas, dont la margravine de Bade-Dourlac accuse réception le 24 août]. Ce mémoire-ci est pour la France, et il est au bain-marie. Je crois que je serai obligé de mettre en marge à la main la déposition qui fait parler Calas après être étranglé, comme dans Le Maure de Venise.[dans Othello, Desdémone prononce quelques mots après avoir été étranglée !]

 

Je vous prie de considérer que Pierre Calas , à la fin de sa déclaration, insiste sur la raison qui doit déterminer le conseil à se faire représenter les pièces. Cette raison n'est point l'intérêt de Pierre Calas, ni la mémoire de Jean Calas, dont le conseil se soucie fort peu, c'est le bien public, c'est le genre humain que le conseil doit avoir en vue, et c'est surtout la dernière idée qui doit rester dans l'âme du lecteur.[%%]

 

Je doute fort que je puisse venir chez vous de bonne heure ; faites moi savoir, je vous prie, par le porteur, jusqu'à quelle heure vous gardez la maison. »

1 Il ne faut pas oublier que la France est en guerre avec des pays protestants (Angleterre et Prusse), et que, comme dans les guerres de la fin du règne de LouisXIV, des accusations de trahison avaient été portées contre certains protestants français de l'intérieur ou de l'extérieur .

% Le mémoire débute par : « Je commence par avouer que toute notre famille est née dans le sein d'une religion qui n'est pas la dominante. On sait assez combien il en coûte à la probité de changer. Mon père et ma mère ont persévéré dans la religion de leurs pères. On nous a trompés peut-être ... »

 

%% Déclaration de Pierre Calas, du 23 juillet, se terminant ainsi : « … le conseil confirmera l'arrêt du public, s'il daigne seulement voir les pièces … je sens qu'il importe au genre humain qu'on soit instruit jusque dans les derniers détails de tout ce qu'a pu produire le fanatisme, cette peste éxécrable du genre humain. »

 

 

28/07/2010

Voilà donc de tous les côtés l'amour qui est la cause d'un si grand malheur

"Il est doux de cultiver son jardin, mais il me semble qu'on y jette de grosses pierres"

Et dans le rôle du jeteur de pierres, votre serviteur, qui ne craint pas les nains de jardin ...

http://www.youtube.com/watch?v=flmoa2dVOSU

Si vous ne vous êtes pas endormi , ou si les applaudissements vous ont réveillé,vous pourrez lire la suite !...

Après une autre grande preuve d'amour de ma part , pour le plus beau (je ne vous dirai pas quoi ! ) :

http://www.youtube.com/watch?v=aag4LLGXECs&feature=re...

 

Bon, plus plaisant :

http://www.deezer.com/listen-744280

Et parce qu'il me vient de bons souvenirs (très personnels ) :

http://www.deezer.com/listen-4304184

 

 

 

 

 

« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian

au château d'Hornoy par Abbeville.


Aux eaux de Rolle en Suisse, par Genève

28è juillet 1766


Je viens de lire le mémoire signé de huit avocats [sur l'affaire La Barre et que V* réclamait]. Il ne parle point d'une abbesse, mais d'une supérieure de couvent [cf. lettre à Damilaville du 14 juillet et récit dans la prétendue lettre d'Abbeville]. Il dit que le juge devait se récuser lui-même, parce que de cinq accusés il y en avait quatre dont les familles avaient avec lui de violents démêlés. Le mémoire porte que ce juge voulait marier son fils unique à une demoiselle qui voulait épouser le frère ainé d'un des accusés même. Cette demoiselle était dans le couvent, et la supérieure favorisait les prétentions du rival. Il y a bien plus, ce juge était curateur de cette jeune personne, et on avait tenu une assemblée des parents de la demoiselle pour ôter la curatelle à ce juge.


Voilà donc de tous les côtés l'amour qui est la cause d'un si grand malheur. Voilà un lieutenant de l'élection, âgé de soixante ans [Belleval], amoureux d'une religieuse, et voilà un jeune homme amoureux d'une pensionnaire, qui ont produit toute cette affaire épouvantable.


Ce qui nous étonne encore dans ce procès, c'est que la procédure, ni la sentence, ni l'arrêt n'ont fait aucune mention de l'audace sacrilège avec laquelle on avait mutilé un crucifix ; il n'y a eu aucune charge sur ce crime contre les accusés, et cette action est probablement d'un soldat ivre de la garnison, ou de quelque ouvrier huguenot de la manufacture d'Abbeville. Mais les enquêtes faites sur cette profanation ayant été jointes aux autres corps du délit, ont produit dans les esprits une fermentation qui n'a pas peu contribué à l'horreur de la catastrophe.


Un des principaux corps du délit est une vieille chanson grivoise qu'on chante dans tous les régiments ; l'une intitulée La Magdeleine, et l'autre La Saint-Cyr.


Il est peu parlé dans la Consultation des avocats de l'infortuné jeune homme qui a fini ses jours d'une manière si cruelle, et avec une fermeté si héroïque [le chevalier de La Barre].


Il est très constant que de vingt-cinq juges il n'y en a eu que quinze qui aient opiné à la mort. Si les seigneurs d'Hornoy ont appris quelque chose qui puisse éclaircir cette horrible affaire, nous leur serons bien obligés de nous en faire part.


Ils vont donc faire une tragédie avec le jeune La Harpe. Il vaut mieux faire des tragédies que d'être témoin de celle qui vient de se passer dans votre voisinage.


Nous vous embrassons très tendrement.


Il est doux de cultiver son jardin, mais il me semble qu'on y jette de grosses pierres. »