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05/05/2009

quatre jours à vivre : est-ce auprès des rois qu’il faut les passer ?

Ce soir, sauf erreur de ma part, un grand petit - petit grand lancera (jusqu'où ?) la conquête des places dorées au parlement européen . Fera-t-il miroiter sous  nos yeux le très vif intérêt que nous aurons à nous engager (-engagez-vous, rengagez-vous-) sous la houlette (qui est plus proche de la férule, ou même parfois de la schlague !) d'un parti qui lui est cher ?

Je dois avouer que je ne voterai pas, le coup de pied au cul (pas occulte, ni au culte !) qu'il soit de droite ou de gauche est toujours aussi vexant et je n'ai pas de préférence, sinon l'abstention...

 

Autre sujet terriblement sérieux : peut-on autoriser "l'Ignoble Dieudonné", l'anti-sioniste de service (ce que l'on traduit hativement par antisémite ; amis, prenez vite votre dico pour établir la différence !), à présenter un parti sous sa bannière ? Je vais faire comme Volti, une prière "mon Dieu, rendez mes ennemis bien ridicules", et souhaitons comme lui encore "et j'ai été exaucé". Dieudonné, je te mets dans le même sac que tes adversaires, vous êtes pétris d'intolérance ! Passez votre chemin, je vais du mien , je ne vous écoute pas . Brouhaha, bouillie pour les chats (les pauvres, ils n'ont rien fait pour mériter chat ça!).

Qu'ils apprennent cette leçon :"Je vous dis qu'il faut regarder tous les hommes comme nos frères . -Quoi ! Mon frère le Turc ? mon frère le Chinois ? le Juif ? le Siamois ? - Oui, sans doute ; ne sommes nous pas tous enfants du même père, et créatures du même Dieu ? "

Je vous l'accorde , nous ne croyons pas tous au grand et céleste barbu (poilu, vêtu de peaux de bêtes... ça y-est, je dérape et vous cite une chanson de Ricet-Barrier  http://fr.lyrics-copy.com/ricet-barrier/la-java-des-gaulo... ).

Nous n'avons pas tous le même père me dites-vous ?

D'abord qui est sur de connaitre le père, comme disait l'innocente Marie ?

Stop, vil blogger impie, tu vas choquer des pupilles naïves ! J'arrête, je sens que je m'enfonce  sans espoir de pardon (péché suprême) ! Eh bien tant pis ... Dieu y pourvoira !...

 

 

En cadeau, la trombine d'un septuagénaire de talent au grand coeur .ricet-chap02.gif 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Mon cher ange, le roi de Prusse, tout roi et tout grand homme qu’il est, ne diminue point le regret que j’ai de vous avoir perdu. Chaque jour augmente ces regrets. Ils sont bien justes, j’ai quitté la plus belle âme du monde et le chef de mon conseil, mon ami, ma consolation. On a quatre jours à vivre ; est-ce auprès des rois qu’il faut les passer ? J’ai fait un crime envers l’amitié. Jamais on n’a été plus coupable. Mais, mon cher ange, encore une fois daignez entrer dans les raisons de votre esclave fugitif. Était-il bien doux d’être écrasé par ceux qui se disent rivaux, d’être sans considération auprès de ceux qui se disent puissants, et d’avoir toujours des dévots à craindre ? ai-je fort à me louer de vos confrères du parlement ? ai-je de grandes obligations aux ministres ? et qu’est-ce qu’un public bizarre, qui approuve et qui condamne tout de travers ? et qu’est-ce qu’une cour qui préfère Bellecour à Lekain, Coypel à Van Loo, Royer à Rameau ? n’est-il pas permis de quitter tout cela pour un roi aimable qui se bat comme César, qui pense comme Julien, et qui me donne vingt mille livres de rente et des honneurs pour souper avec lui ? [V* s’est réconcilié avec Frederic le 5 ou 6 mars ; le 24 avril il écrit :  « Je soupe avec le premier des hommes quand j’ai un peu de santé, je reste chez moi quand je souffre »] .A Paris je dépendrais d’un lieutenant de police ; à Versailles je serais dans l’antichambre de M. Mesnard. Malgré tout cela, mon cœur me ramènera toujours vers vous, mais il faut que vous ayez la bonté de me préparer les voies. J’avoue que si je suis pour vous une maîtresse tendre et sensible, je suis une coquette pour le public, et je voudrais être un peu désiré. Je ne vous parlerai point d’une certaine tragédie d’Oreste plus faite pour les Grecs que pour les Français ; mais il me semble qu’on pourrait reprendre cette Sémiramis que vous aimiez, et dont l’abbé de Chauvelin était si content. Puisque j’ai tant fait que de courir la carrière épineuse du théâtre, n’est-il pas pardonnable que de chercher à y faire reparaître ce que vous avez approuvé ? Les spectacles contribuent plus que toute autre chose, et surtout plus que du mérite à ramener le public, du moins la sorte de public qui crie. J’espère que Le Siècle de Louis XIV ramènera les gens sérieux, et n’éloignera pas de moi ceux qui aiment les arts et leur patrie. Je suis si occupé de ce Siècle que j’ai renoncé aux vers, et à tout commerce excepté vous et Mme Denis. Quand je dis que j’ai renoncé aux vers, ce n’est qu’après avoir refait une oreille à Zulime et à Adélaïde ? Savez-vous bien que mon Siècle est presque fait, et que lorsque j’en aurai fait transcrire deux bonnes copies, je revolerai vers vous ? C’est, ne vous déplaise, un ouvrage immense. Je le reverrai avec des yeux sévères, je m’étudierai surtout à ne rendre jamais la vérité odieuse et dangereuse. Après mon Siècle il me faut mon ange. Il me reverra plus digne de lui. Mes tendres respects à la Porte-Maillot. Voyez-vous quelquefois M. de Mairan, voulez-vous bien le faire souvenir de moi ? Son ennemi est un homme un peu dur [Maupertuis], médiocrement sociable, et assez baissé. Mais point de vérité odieuse.

                            Valete o cari.

 

 

                            Voltaire

                            4 mai 1751. »

 

 

Une dédicace particulière, que certains sauront attibuer : http://www.musicspot.fr/artiste/ricet-barrier-10110796/vi...

 

fort reconnaissant de la permission que j’ai de passer en Angleterre,

affiche_welcome.gif

 

Oh ! joie !!

Oh, merveille de la bonté incommensurable de la république française !

Un ministre, plein de louables intentions ( ?), envisage la construction et mise à disposition de douches pour les exilés, expatriés, déracinés qui croupissent dans la zone de Calais. Où est-il aller chercher un tel projet ? Quelle audace, braver la loi qui interdit l’aide à ces tramps ! Quel engagement, me direz-vous !

Attendez la suite …

Le local des  douches est actuellement prévu à 10 kilomètres de Calais !

N’oublie pas ton savon, camarade, sinon tu es bon pour 20 bornes de plus !

Nous sommes en train de créer une équipe de marcheurs qui pourraient défendre les couleurs de la France, qui sait ?

Pauvre France! comme disait ma défunte belle-maman !

 

 

Ce sujet tombe à merveille pour moi, qui commémore ce jour, proche du départ de Volti, émigré « volontaire » en Angleterre, en 1726 (à 32 ans).

 

 

 

« A René Hérault

 

 

                            J’arrive à Calais, Monsieur, fort reconnaissant de la permission que j’ai de passer en Angleterre, [suite à la bastonnade reçue sur les ordres du chevalier de Rohan, un duel refusé par celui-ci, un passage à la Bastille le 17 avril, « la permission d’aller incessamment en Angleterre » demandée à  Maurepas] très respectueusement affligé d’être exilé à cinquante lieues de la cour. D’ailleurs pénétré de vos bontés et comptant toujours sur votre équité.

 

                            Je suis obligé, Monsieur, de vous dire que je n’irai à Londres que lorsque j’aurai rétabli ma santé assez altérée par les justes chagrins que j’ai eus. Quand même je serais en état de partir, je me donnerais bien garde de le faire en présence d’un exempt, [Hérault avait écrit au gouverneur de la Bastille de « faire sortir le sieur Voltaire » en précisant que « l’intention du roi et de S.A. Mgr le duc est qu’il soit conduis en Angleterre. Ainsi le sieur Condé l’accompagnera jusqu’à Calais et le verra embarquer et partir de ce port »] afin de ne pas donner lieu à mes ennemis de publier que je suis banni du royaume. J’ai la permission et non pas l’ordre, d’en sortir. Et j’ose vous dire qu’il ne serait point de l’équité du roi de bannir un homme de sa patrie, pour avoir été assassiné [la bastonnade de V* avait eu lieu au cours d’un guet-apens à la porte de l’hôtel de Sully ; les amis titrés de V* n’avaient pas osé le défendre ouvertement, la famille de Rohan étant très puissante, même s’il le défendaient en privé] . Si vous le voulez, Monsieur, je vous notifierai mon départ lorsque je pourrai aller en Angleterre. D’ailleurs les ordres du roi qui me sont toujours respectables me deviendront chers quand ils passeront par vos mains. Je vous supplie d’être persuadé du respectueux attachement, avec lequel je suis, indépendamment de tout cela, votre très humble et très obéissant serviteur.

 

                            Voltaire

                            Ce 5ème mai 1726 à Calais à neuf heures du matin chez monsieur Dunoquet, trésorier des troupes. »

 

 

Références René Hérault :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_H%C3%A9rault

 

 

hérault rené.jpg

02/05/2009

que Volt. s’aille faire f. et qu’on n’en parle plus

Petit coup de blues ...

J'ai déblogué quelques jours .

 

 

poirier espalier.jpg

Circontances atténuantes, il y a eu un vilain refroidissement dans le secteur, puis le beau revenant (timidement) -sans permettre le maillot de bain (ou alors seulement sous sa douche)- j'en ai profité pour jouer au débroussailleur fou .

Massacre à la tronçonneuse. Sus aux ronces qui ont l'audace de prolifèrer ! Paradoxe, j'adore la confiture de mûres et devrais donc aller chercher mon régal à des kilomètres plus loin . Mais j'ai une dent contre ce fil de fer barbelé naturel qui ose venir faire concurrence à quelques malheureux poiriers en espalier , mal traités, abandonnés depuis des années, ridés et qui offrent malgré tout une floraison prometteuse . Prometteuse certes, mais l'an passé ce furent des promesses d'homme politique en campagne (électorale ! car la mémoire courte se pratique aussi bien en ville qu'aux champs ): paroles fleuries, résultat nul . Peut mieux faire !!

 

ronces.jpg

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Il s’agit, mon aimable protecteur, d’assurer le bonheur de ma vie.

 

                            M. le bailly de Froulay qui vint me voir hier m’apprit que toute l’aigreur du garde des Sceaux contre moi venait de ce qu’il était persuadé que je l’avais trompé dans l’affaire des Lettres philosophiques et que j’en avais fais faire l’édition. Je n’appris que dans mon voyage à Paris de l’année passée comment cette impression s’était faite ? J’en donnai un mémoire. M. Rouillé, fatigué de toute cette affaire qu’il n’a jamais bien sue, demanda à M. le duc de Richelieu s’il lui conseillait de faire usage de ce mémoire. M. de Richelieu plus fatigué encore et las du déchainement et du trouble que tout cela avait causé,[à Montjeu, en mai 1734, juste après le mariage de Richelieu, V* avait fui, car poursuivi pour l’édition des Lettres philosophiques]  persuadé d’ailleurs (parce qu’il trouvait cela plaisant) qu’en effet je m’étais fait un plaisir d’imprimer  et débiter le livre, malgré le garde des Sceaux, M. de R., dis-je, me croyant trop heureux d’être libre dit à M. Rouillé : l’affaire est finie, qu’importe que ce soit Jore ou Josse, qui ait imprimé ce f. livre ? que Volt. s’aille faire f. et qu’on n’en parle plus. Qu’arriva-t-il de cette manière légère de traiter les affaires sérieuses de son ami ? que M. Rouillé crut que mes propres protecteurs étaient convaincus de mon tort, et même d’un tort très criminel. Le garde des Sceaux fut confirmé dans sa mauvaise opinion, et voilà ce qui en dernier lieu m’a attiré ces soupçons cruels de l’impression, de la P.[La Pucelle] C’est de là qu’est venu l’orage qui m’a fait quitter Cirey.

 

                            M. le bailly de Froulay qui connait le terrain, qui a un cœur et un esprit dignes du vôtre m’a conseillé de poursuivre vivement l’éclaircissement de mon innocence. L’affaire est simple. C’est Josse, François Josse, libraire rue Saint-Jacques A la fleur de lis, le seul qui n’ait point été mis en cause, le seul impuni, qui imprima le livre, qui le débita par la plus punissable de toutes les perfidies .Je lui avais confié l’original sous serment, uniquement, afin qu’il le relia pour vous le faire lire.

 

                            Le principal colporteur instruit de l’affaire est greffier de Lagny. Il se nomme Lyonnois. J’ai envoyé à Lagny avant-hier. Il a répondu que François Josse était en effet l’éditeur. On peut lui parler.

 

                            Il est démontré que pour imprimer le livre j’avais donné 1500 livres tournois à Jore de Rouen, c’est Pasquier, banquier, rue Quincampois, qui lui compta l’argent .Jore de Rouen fut fidèle et ne songea à débiter son édition supprimée que quand il vit celle de Josse de Paris. Voilà les faits vrais et inconnus. Échauffez M. Rouillé en faveur d’un honnête homme, de votre ami malheureux et calomnié.

 

 

                            Voltaire

                            Hôtel d’Orléans, vers le 1er mai 1736. »

 

 

 

 

 

 

 

PS: De défilé le 1er mai, point . De muguet, point. Loin de moi ces deux poisons, le premier pour l'esprit le second pour le corps. Belles intentions, bon parfum, mais méfiance.

 

 

voir : http://www.chru-lille.fr/cap/ca5-99avril1.htm

 

29/04/2009

pétris d’illusions, mais avec une fortune honnête et une femme plus honnête encore,

vache et cochon.jpg

 

 

Dans un demi-sommeil ou demi-réveil, ce matin, j'ai eu la vision de la conversation d'un cochon et d'une vache dite folle ! Ils évoquaient les morts de cette grippe mexicaine ( ou plus exactement nord américaine, selon un spécialiste ) et la vache disait, avec tout le sérieux d'un bovin de bonne souche, que "ma foi, s'il y a une bête malade dans le troupeau, par précaution il faut abattre tout le troupeau !". Réveil en sursaut ...Non , ça va, j'ai la truffe fraiche et point de courbature . Le perfide virus n'a pas trouvé le chemin de mes belles bronches et mes petits poumons.

 

Oh les beaux soucis de ceux qui peuvent s'offrir des voyages ! Oh les belles préoccupations de ceux qui craignent pour leur santé ; l'épidémie, la pandémie (le pan dans le mille) : quelles horreurs !

 

Oublions vite que nous avons sous la main des médecins , des hopitaux et des médicaments à volonté ! Oublions plus vite encore que des milliards d'humains n'ont pas celà à disposition !

 

Oublions que le temps qu'on écrive l'article relatant la mort de quelques grippés, des humains, dix, vingt, cent, je ne sais, sont morts de faim ou d'une de ces maladies si fréquentes dans les pays dits "émergents". Emergents de quoi, j'aimerais bien le savoir et croire que c'est vrai ; j'ai cru voir, il y a quelque temps dans le lointain, un tuba qui dépassait d'une mer de "gros soucis".

 

 

 

"Je prends la vie et la mort avec patience. Traitez de même, mon cher ami, les petites épines que vous avez trouvées dans le commencement de votre carrière." Volti dixit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 « A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d’Hornoy

 

 

                            Je vous crois à présent, mon cher neveu, à votre terre d’Hornoy. Vous ne faites que d’entrer dans le monde que je vais bientôt quitter. Votre avenir ne peut être qu’heureux, et il n’en est point pour moi. Vous n’avez essuyé que quelques petits malheurs honorables,[il est conseiller au parlement de Paris qui vient d’être dissout] et j’ai perdu la santé et la vue. Je prends la vie et la mort avec patience. Traitez de même, mon cher ami, les petites épines que vous avez trouvées dans le commencement de votre carrière.
                           

                            Convenez, entre nous, que votre corps avait été trop loin. Convenez que s’obstiner à vouloir entacher un pair du royaume dont le roi approuvait toute la conduite,[le duc d’Aiguillon, blanchi par le roi en juin 1770 et que le parlement déclare « coupable de faits qui entachent son honneur » en juillet ; le parlement après avoir fait remontrances sur remontrances s’était mis en grève] c’était vouloir entacher le roi lui-même.

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Convenez qu’on a pu dire de certaines compagnies, comme dans Les Plaideurs :

L’esprit de contumace est dans cette famille.

Voilà l’origine de cette grande fermentation qui dans Paris et dans les provinces [remplacements des parlements de province solidaires de celui de Paris ]. Mon cher ami, cette maladie passera, car tout passe.

 

                            Voulez-vous que je vous parle franchement ? Nous ne sommes pas dignes d’être libres. Lisez attentivement l’histoire de France, et vous verrez que les compagnies, à commencer par la Sorbonne, et à finir par les jésuites, n’ont jamais fait que des sottises. Nous sommes de jolis enfants qui avons besoin d’être menés. Je ne crois point que le roi puisse reculer après les démarches qu’il a faites. Une telle mollesse et une telle inconséquence lui oteraient pour jamais l’estime de l’Europe.

 

                            Donnez vous la peine de lire l’écrit de la main de Louis XIV qui est dans la bibliothèque du roi, et que j’ai rapporté dans l’Histoire du Siècle : On peut demeurer sans se déterminer, mais dès que l’on se fixe l’esprit à quelque chose, et qu’on croit voir le meilleur parti, il le faut prendre et s’y tenir ; c’est ce qui m’a fait réussir dans tout ce que j’ai entrepris.

 

                            Il est donc très vraisemblable, mon cher neveu, que le roi persistera dans ses mesures, car si le gouvernement molissait il serait perdu.

 

                            Je suis sur que l’amitié de mes deux neveux ne sera point altérée.[l’abbé Mignot rentre au parlement nouveau que d’Hornoy a quitté ; il y sera « doyen des conseillers clercs » le 14 avril 1771 et veillera aux opérations de la caisse d’amortissement dès le 20 mai]. Vous savez que l’abbé Mignot a toujours pensé d’une manière uniforme. On ne peut lui reprocher d’avoir persisté dans une opinion qu’il croit bonne. Vous êtes tous deux très vertueux chacun dans votre système ; ainsi vous serez toujours unis.

 

                            Quand l’envie vous prendra d’avoir ce qu’on appelle en France un office, qui ne procure au bout du compte qu’un dessus de lettre, cela ne sera pas difficile. C’est selon moi, et je crois selon vous, un médiocre  avantage de se faire annoncer dans une maison : Monsieur le grand audiencier, Monsieur le grand maître des Eaux et Forêts. Les Anglais sont plus sages que nous, on ne leur écrit pas même « à M. Jackson, membre du parlement ». Nous sommes pétris d’illusions, mais avec une fortune honnête et une femme plus honnête encore, qui vous aime de tout son cœur, on peut être aussi heureux que la chétive nature humaine le comporte.

 

                            Pardonnez au radotage d’un vieillard. Votre tante Mme Denis pense tout comme moi et ne radote point. Nous vous embrassons tous deux très tendrement, durate et vosmet rebus servate secundis.[restez fermes et gardez-vous pour les jours de bonheur]

 

                            Voltaire

                            29 avril à Ferney. »                        

28/04/2009

Ce sera une consolation pour moi que mon dernier travail soit pour la défense de la vérité

Je satisfais à la fois mon goût pour le chocolat et celui pour la vie de Volti. Preuve illustrée :

 

lally-tollendal1.jpg

Faute de vous régaler du chocolat, régalez-vous du texte ci-dessous ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Au chevalier Trophime-Gérard de Lally-Tollendal

[fils naturel de Lally-Tollendal condamné]

 

                            J’avais eu l’honneur, Monsieur, de connaitre particulièrement M. de Lally, et de travailler avec lui sous les yeux de M. le maréchal de Richelieu à une entreprise dans laquelle il déployait tout son zèle pour le Roi et pour la France [V* et Lally-Tollendal de 1744 à 1746 militaient pour Charles-Edouard Stuart et étaient favorables à un débarquement en Angleterre avec richelieu] .Je lus avec attention tous les mémoires qui parurent au temps de sa malheureuse catastrophe [Lally-Tollendal est exécuté le 9 mai 1766]. Son innocence me parut démontrée . On ne pouvait lui reprocher que son humeur aigrie par tous les contretemps qu’on lui fit essuyer. Il fut persécuté par plusieurs membres de la Compagnie des Indes, et sacrifié par le parlement.

 

                            Ces deux compagnies ne subsistent plus. Ainsi le temps parait favorable. Mais il me parait absolument nécessaire de ne faire aucune démarche sans l’aveu, et sans la protection de M. le Chancelier.

 

                            Peut-être ne vous sera-t-il pas difficile, Monsieur, de produire des pièces qui exigeront la révision du procès. Peut-être obtiendrez-vous d’ailleurs la communication de la procédure. Une permission secrète au greffier criminel pourrait suffire. Il me semble que M. de Saint-Priest, conseiller d’État, peut vous aider beaucoup dans cette affaire. Ce fut lui qui ayant examiné les papiers de M. de Lally, et étant convaincu non seulement de son innocence, mais de la réalité de ses services, lui conseilla de se remettre entre les mains de l’ancien parlement. Ainsi la cause de M. de Lally est la sienne, aussi bien que la vôtre. Il doit se joindre à vous dans cette affaire si juste et si délicate.

 

                            Pour moi, je m’offre à être votre secrétaire malgré mon âge de quatre-vingts ans et malgré les suites très douloureuses d’une maladie qui m’a mis au bord du tombeau. Ce sera une consolation pour moi que mon dernier travail soit pour la défense de la vérité.[sans doute la dernière lettre connue actuellement de V* est un billet au chevalier]

 

                            Je ne sais s’il est convenable de faire imprimer le manuscrit que vous m’avez envoyé ; je doute qu’il puisse servir, et je crains qu’il ne puisse nuire. Il ne faut dans une pareille affaire que des démonstrations fondées sur les procédures mêmes. Une réponse à un petit libelle inconnu ne ferait aucune sensation dans Paris. De plus, on serait en droit de vous demander des preuves des discours que vous faites tenir à un président du parlement, à un avocat général, au rapporteur, à des officiers ; et si ces discours n’étaient pas avoués par ceux à qui vous les attribuez, on vous ferai les mêmes reproches que vous faites à l’auteur du libelle . Cette observation me parait très essentielle.

 

                            D’ailleurs, ce libelle m’est absolument inconnu, et aucun de mes amis ne m’en a jamais parlé. Il serait bon, Monsieur, que vous eussiez la bonté de me l’envoyer par M. Marin qui voudrait bien s’en charger.

 

                            Souffrez que ma lettre soit pour Mme la comtesse de Laheuze [cousine du chevalier] comme pour vous. Ma faiblesse et mes souffrances présentes ne me permettent pas d’entrer dans de grands détails. Je lui écris simplement pour l’assurer de l’intérêt que je prends à la mémoire de M. de Lally. Je vous prie l’un et l’autre d’en être persuadés.

 

                            J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois, Monsieur, votre très …

 

 

                            Voltaire

                            A Ferney 28 avril 1773. »

27/04/2009

Quel chien de train que cette vie

Hier, belle journée pour un archer à Poncharra : de gris à menaçant, de menaçant à pluviotant, de pluviotant à petite brise, de petite brise à ensoleillé (malheureusement pour les gauchers!), de frais à tiède, de tiède à assez chaud, d'assez chaud à frais. Bilan : peut mieux faire, élève distrait, fort potentiel de progression ! Traduisez : encore trop de volées tirées à la va-comme-je-te-pousse ! Espoir, le même que pour tout sportif, d'abord effacer les défauts (heureusement) repèrés... et puis ce n'est que le début de la saison.

Pour des archers joueurs et un peu torturés des méninges : http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.ac-nice....

 

Rendez-vous sur les pas de tir pour la solution, prise de tête ! De toute façon un bon archer ne doit pas penser pendant son tir. Laisser parler l'inconscient et s'exprimer le corps, ça suffit largement et c'est ça le plus difficile à réaliser ... je suis bien placé pour le savoir...

 

 

 

 

 

 

 

Passons à une flèche de notre histoire avec Volti qui n'est pas sans me faire penser à mon copain Jacques qui lui aussi connait des terribles problèmes "d'entrailles" révoltées.

entrailles.jpg

Allez, Jacquot, reviens vite qu'on puisse manger ensemble (et péter, ne vous déplaise à vous les culs-pincés !).Oui, j'ose le dire et l'écrire, et je ne vois pas pourquoi je me génerais quand n(v)otre président national déblatère si aisément !

 

zapatero-sarkozy.jpg

E viva la "hypocrisia"  et embrassons nous Folleville... Ole !!!

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Mon cher ange, j’apprends que vous avez perdu Mlle Guichard. Vous ne m’en dites rien, vous ne me confiez jamais ni vos plaisirs ni vos peines, comme si je ne les partageais pas, comme si trois cent lieues étaient quelque chose pour le cœur et pouvaient affaiblir les sentiments. Voilà donc  cette pauvre petite fleur si souvent battue par la grêle, à la  fin coupée pour jamais ! Mon cher ange, conservez bien Mme d’Argental, c’est une fleur d’une plus belle espèce et plus forte, mais elle a été exposée bien des années à un mauvais vent. Mandez-moi donc comment elle se porte. Aurez-vous votre Porte -Maillot cette année ? Vous me direz que je devrais bien y venir vous y voir. Sans doute je le devrais et je le voudrais, mais ma Porte-Maillot est à Potsdam, et à Sans- Souci. J’ai toutes mes paperasses, il faut finir ce que l’on a commencé. J’ai regardé le caractère d’historiographe comme indélébile [bien que son départ en Prusse l’ait déchargé de ce titre]. Mon Siècle de Louis XIV avance. Je profite du peu de temps que ma mauvaise santé peut me laisser encore, pour achever ce grand bâtiment dont j’ai tous les matériaux. Ne suis-je pas un bon Français ? et n’est-il pas bien honnête à moi de faire ma charge quand je ne l’ai plus ? Potsdam est plus que jamais un mélange de Sparte et d’Athènes. On y fait tous les jours des revues et des vers. Les Algarotti et les Maupertuis y sont. On travaille, on soupe ensuite gaiement avec un roi qui est un grand homme de bonne compagnie. Tout cela serait charmant ; mais la santé ! Ah ! la santé et vous, mon cher ange, vous me manquez absolument. Quel chien de train que cette vie ! Les uns souffrent, les autres meurent à la fleur de leur âge ; et pour un Fontenelle [mort centenaire en 1757] cent Guichard. Allons toujours pourtant, on ne laisse pas d’avoir quelques roses à cueillir dans ce champ d’épines. Monsieur sort tous les jours, sans doute à quatre heures ; Monsieur va aux spectacles, et porte ensuite à souper sa joie douce et son humeur égale ; et moi, tel j’étais, tel je suis, tenant mon ventre à deux mains, et ensuite ma plume, souffrant, travaillant, soupant, espérant toujours un lendemain moins tourmenté de maux d’entrailles et trompé dans mon lendemain. Je vous le dis encore, sans ces maux d’entrailles, sans votre absence, le pays où je suis serait mon paradis. Être dans le palais d’un roi parfaitement libre du matin au soir, avoir abjuré les diners trop brillants, trop considérables, trop malsains, souper quand les entrailles le trouvent bon avec ce roi philosophe [V* s’est réconcilié avec Frédéric II lors d’un tête à tête le 5 ou 6 mars]; aller travailler à son Siècle dans une maison de campagne [au Marquisat] dont une belle rivière baigne les murs ; tout cela serait délicieux, mais vous me gâtez tout. On dit que je n’ai pas grand-chose à regretter à Paris en fait de littérature, de beaux-arts, de spectacles et de goût. Quand vous ne me croirez pas de trop à Paris, avertissez-moi et j’y ferai un petit tour, mais après la clôture de mon Siècle, s’il vous plait. C’est un préliminaire indispensable.

 

                            Adieu, je vous écris en souffrant comme un diable, et en vous aimant de tout mon cœur. Adieu, mille tendres respects et autant de regrets pour tout ce qui vos entoure.

 

                            Voltaire

                            A Potsdam, 27 avril 1751. »

25/04/2009

les sottises de Paris : elles me paraissent se multiplier tous les jours

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Volti aurait pu être un personnage d'Hergé à l'égal du disciple de Confucius :"il faut trouver la voie", "si vous ne trouvez pas la voie, je vous coupe la tête" ! Louis XVI et quelques milliers d'autres n'ont pas su trouver la voie, bains de sang offerts au peuple effrayé donc en colère. Très effrayé donc meurtrier.

Volti a l'art et la manière de proposer la destruction des entêtés religieux :"quand on étranglerait deux ou trois jésuites, avec les boyaux de deux ou trois jansénistes, le monde s’en trouverait-il plus mal ?" Présenté comme ça, on trouverait presque que c'est normal ; non? Mais il est vrai que forcer le trait est parfois nécessaire . Humour, toujours l'humour ! il va jusqu'à prêter des motifs de réjouissance aux calvinistes genevois. J'appelle ça du billard à trois bandes ! Beau coup (de queue, pour les praticants )!

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d’Esclavelles d’Épinay

 

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                            Je ne vous ai point encore remerciée, ma belle philosophe, de votre jolie lettre, et de votre pierre philosophale ; car c’est la vraie pierre philosophale que la multiplication du blé, dont vous m’avez envoyé le secret [à la demande de V*, par l’entremise de Mme d’Epinay, M. d’Epinay, fermier général est intervenu pour aider V* à récupérer un chargement de blé saisi par des commis de Saconnex et empêchaient la libre circulation de son blé]; j’irai présenter la première gerbe devant votre portrait, au temple d’Esculape [= Théodore Tronchin qui possède un portrait de Mme d’Epinay par Liotard] à Genève ; ce portrait sera mon tableau d’autel ; j’en fais bien plus de cas que de l’image de mon ami Confucius ; ce Confucius est, à la vérité, un très bon homme, ami de la raison, ennemi de l’enthousiasme, respirant la douceur et la paix, et ne mêlant point le mensonge avec la vérité ; mais vous avez tout cela comme lui, et vous possédez de plus deux grands yeux, très préférables à ses yeux de chat et à sa barbe en pointe .

 

 

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                            Confucius est un bavard qui dit toujours la même chose, et vous êtes pleine d’imagination et de grâce .Vous êtes probablement , Madame, aujourd’hui dans votre belle terre [La Chevrette], où vous faites les délices de ceux qui ont l’honneur de vivre avec vous, et où vous ne voyez point les sottises de Paris ; elles me paraissent se multiplier tous les jours ; on m’a parlé d’une comédie contre les philosophes [Les philosophes, de Palissot, 2 mai 1760] dans laquelle Préville doit représenter Jean-Jacques marchant à quatre pattes . Il est vrai que Jean-Jacques a un peu mérité ces coups d’étrivières par sa bizarrerie, par son affectation de s’emparer du tonneau et des haillons de Diogène, et encore plus par son ingratitude envers la plus aimable des bienfaitrices ; mais il ne faut pas accoutumer les singes d’Aristophane à rendre les singes de Socrate méprisables [allusion aux « Nuées » d’Aristophane qui raillaient Socrate], et à préparer de loin la ciguë que Me Joly de Fleury voudrait faire broyer pour eux, par les mains de Me Abraham Chaumeix [Joly de Fleury (réquisitoire) et Chaumeix (mémoire) ont fait condamner l’Encyclopédie par le parlement en janvier-février 1759].

 

                            On dit que Diderot, dont le caractère et la science méritent tant d’égards, est violemment attaqué dans cette farce. La petite coterie dévote de Versailles la trouve admirable [d’Alembert écrira :  « Les protecteurs femelles (déclarés) de cette pièce sont Mmes de Villeroy, de Robecq, et du deffand votre amie…. En hommes il n’y a …que … Fréron elle ne peut avoir été jouée sans protecteurs puissants… »] ; tous les honnêtes gens de Paris devraient se réunir au moins pour la siffler ; mais les honnêtes gens sont bien peu honnêtes ; ils voient tranquillement assassiner les gens qu’ils estiment ; et en disent seulement leur avis à souper ; les philosophes sont dispersés et désunis, tandis que les fanatiques forment des escadrons et des bataillons.

 

                            Les serpents appelés jésuites, et les tigres appelés convulsionnaires, se réunissent tous contre la raison, et ne se battent que pour partager entre eux ses dépouilles. Il n’y a pas jusqu’au sieur Lefranc de Pompignan, qui n’ait l’insolence de faire l’apôtre [dans son discours d’entrée à l’Académie française le 10 mars 1760], après avoir fait le Pradon [Pradon avec Racine sont identiques à V* avec Lefranc : V* a écrit « Alzire » et Lefranc « Zoraïde » en même temps, on se demande laquelle a inspiré l’autre ].

 

                            Vous m’avouerez, ma belle philosophe, que voilà bien des raisons pour aimer la retraite. Nos frères du bord du lac ont reçu une douce consolation, par les nouvelles qui sont venues de la bataille donnée au Paraguay entre les troupes du roi de Portugal, et celles des révérends pères jésuites [depuis mai 1758, les jésuites refusaient de cesser leurs commerces]. On parle de sept jésuites prisonniers de guerre, et de cinq tués dans le combat, cela fait douze martyrs, de compte fait. Je souhaite pour l’honneur de la sainte Église que la chose soit véritable. Je me crois né très humain, mais quand on étranglerait deux ou trois jésuites, avec les boyaux de deux ou trois jansénistes, le monde s’en trouverait-il plus mal ?

 

                            Je ne vous écris point de ma main, ma belle philosophe, parce que Dieu m’afflige de quelques indispositions dans ma machine corporelle. Je ne suis précisément pas mort comme on l’a dit, mais je ne me porte pas trop bien [le 14 avril, on parlait déjà de lui trouver un successeur à l’Académie]. Comment aurais-je le front d’avoir de la santé quand Esculape a la goutte ?

 

                            Adieu, ma belle philosophe, vous êtes adorée aux Délices, vous êtes adorée à Paris, vous êtes adorée présente et absente. Mes hommages à tout ce qui vous appartient, à tout ce qui vous entoure.

 

                            Voltaire

                            25 avril 1760. »